Ses cheveux noirs, courts, donnent l'impression d'être plus longs sous le couvre-chef du jeune homme. Ce ''chapeau'' est constitué de ses propres cheveux coupés mais arrangés de façon à lui donner une crinière. Bref.... c'est quelque peu extravagant. Ses yeux gris-mauves offrent un regard mystérieux mais rieur et, parfois, réfléchi. En terme de taille et de poids, il fait 1m75 pour une septantaine de kilos. Ses mains, agiles, manient aussi bien les cordes d'un instrument que celle d'un arc. Il n'est pas très musclé, mais plutôt bien fait, avec un corps mince mais qui donne parfois des allures de grand maigre à notre barde. Il est agile, rapide, vif, mais ce n'est pas le genre à avoir des yeux derrière la tête, qui puisse sentir un ennemi approcher à des kilomètres, et surtout pas le genre qui ne se blesse miraculeusement jamais. Non, le corps de Vaïno comporte des blessures, presque toutes dues à son inexpérience et à sa tête de mule. Pour finir, ses jambes sont solides et peu poilues, comme le reste du corps du jeune homme.

Au fil du temps, Vaïno s'est forgé une personnalité, un rôle de scène. Vaïno le barde est un personnage singulier : excentrique, volubile, flatteur, mielleux, il fera tout pour plaire aux gens. Il tentera de charmer les gens le plus possible, tout en ayant l'air d'un barde inoffensif. Au pire, il aura l'air niais quoique sympathique, mais sinon il sera un personage souriant et enjoué, parfois même sarcastique. D'un autre côté, il y a le ''vrai'' Vaïno. Plus renfermé, bien que toujours aussi volubile, il sera plus franc et plus direct dans sa façon d'agir, mais le plus honnête possible. Il croit que régner par la peur n'est pas sain, raison pourquoi il a rejoins les rebelles. Mais Vaïno se mêle peu aux autres, car il trouve certains d'entres eux plutôt... chancelants, dans leur foi en la rébellion. Malgré ce côté sérieux, Vaïno reste un jeune homme fougueux, dont le problème le plus apparent est son intérêt envers la gente féminine. Un intérêt un peu trop voyant d'ailleurs (il faut dire que reluquer la demoiselle quand elle ne regarde pas n'est pas si surprenant de la part d'un homme mais bon, on aurait pu s'attendre à mieux de lui). Vaïno est aussi un jeune homme qui cherchera à aider les autres si ça lui chante, aide qui consistera en quelques flèches bien placées.

L'histoire de Vaïno commence bien simplement à l'instar de bien d'autres : fils d'un mercenaire et d'une jeune citadine, le petit garçon qu'il était vécut sans trop voir son père sauf lorsque ce dernier s'accordait un moment de répit ou bien était blessé lors d'un contrat. Vaïno garde le souvenir d'un homme un peu rustre sur les bords, aimant boire sa bière en solitaire, mais qui avait toujours une histoire à raconter à son fils. Évidemment, l'histoire finissait par devenir un conte car Ulthor, son père, avait une légère tendance à enjoliver et à exagérer ce qu'il racontait. Lorsque Vaïno s'endormait, Ulthor se relevait doucement et se tournait vers la porte de sa petite chambre pour voir Mélia, la jeune femme dont il était tombé amoureux et avec qui il avait conçu le petit enfant qui dormait derrière lui. Mélia était une femme au cheveux noirs et aux yeux d'un vert presque ensorcelant. Fille d'un commerçant de la capitale du Royaume, le grand-père de Vaïno a toujours cru que son beau-fils était un membre de la garde. Eh oui, il n'avait jamais rencontré Ulthor ou Vaïno et ne les rencontrerait sans doute jamais.

L'enfance du garçon fut donc agrémentée d'un apprentissage du tir à l'arc, activité qu'il trouvait très amusante, ainsi que d'apprendre à jouer de la lyre avec sa mère. Même jeune, le petit chantait mal mais cela lui importait peu, sa mère chantant pour lui. Son père, quant à lui, brettait avec son fils de temps à autre, mais Vaïno avait du mal à manier l'épée. Seule la dague, quoique c'était relatif, était dans son champ de compétences. Vaïno avait presque dix ans que déjà, il savait chasser à l'arc, jouer de la lyre avec aisance et utiliser une dague proprement. Tout allait pour le mieux. Du moins, c'est ce que Mélia et Ulthor espérait...

Lorsque Vaïno eut douze ans (ou était-ce un peu avant?), des hommes vêtus de blanc étaient venus sur le pas de la porte de la petite famille. Ils voulaient voir Ulthor, mais il était parti depuis peu pour remplir un contrat. Les hommes se concertèrent et partirent. Du souvenir du garçon, sa mère était inquiète, trop inquiète. Les sbires du Roi ne partaient pas comme ça, pas si facilement.... Ce ne fut que quelques jours plus tard, lorsque son père revint à la maison, que tout devint clair : les Capes Blanches avaient attendus, probablement à contrecoeur pour avoir campé en retrait de la maisonnée, le retour de cet homme. Une lutte s'ensuivit, durant laquelle l'un des hommes en blanc fut blessé et qu'Ulthor fonça vers la maison. Ils devaient tous partir...

Jusqu'ici, on peut dire qu'il s'agit d'une histoire typique de gens du Royaume qui se faisaient poursuivre par les forces du Roi pour une raison fort quelconque. Toutefois, les Capes Blanches s'en prenaient à Ulthor et Mélia pour leur sympathie à l'égard des forces rebelles. Comment avaient-ils su cela? Mystère. La suite, confuse pour Vaïno, redevint limpide lorsque ses parents lui demandèrent de partir chercher le repas non loin, ce qu'il fit. L'animal à tuer fut coriace mais Vaïno en vint à bout. À son retour à la cachette, dans la forêt, la scène qui l'attendit le saisit d'horreur : ses parents, pendus, les mains liées et le campement sommaire sans dessus-dessous. Le garçon entendit du bruit et, craignant de subir le même sort, pris la fuite. Ils le rattrapèrent mais, à son plus grand soulagement, il s'agissait de rebelles. La fuite de ses parents avait pour but de les rejoindre pour être en lieu sûr, mais les Capes Blanches, coriaces, les avaient devancé de si peu... Dès lors, Vaïno Xildarak (du nom de son père) rejoignit les rebelles. Il avait à peu près douze ans et il passa donc les années qui suivirent à s'entraîner et à agir à titre de récolteur d'informations pour les forces rebelles. Il se créa donc son personnage de Vaïno le barde pour tromper les hommes du Roi. La magie lui fut inculqué entretemps et on peut ainsi dire que l'histoire de Vaïno, fils de Mélia Karsh et d'Ulthor de Xildarak, commence à l'âge de 19 ans. Où se trouve-t-il? Nous le découvrirons bien assez tôt.

La pluie. Fine, soutenue, glacée. Pourtant, la lueur qui s'échappait des fenêtres de l'auberge agissait tel un phare pour lui. Il marchait d'un pas rapide pour pénétrer à l'intérieur. Refermant la porte derrière lui, il marcha vers le comptoir où l'auberge s'affairait à nettoyer un peu. Prenant place sur l'un des quelques tabourets disponibles, Vaïno retira son capuchon, révélant son visage. Il n'était pas connu ici, sa réputation de musicien n'avait pas encore atteint l'endroit, à moins que personne ne l'avait remarqué jusqu'à maintenant. Mais bon, cela ne dérangeait pas le garçon outre-mesure. Le barman le regardait en coin depuis un moment avant de se décider à lui adresser la parole.

-Que puis-je pour toi petit?

-Le plat du jour, ou minimalement un truc chaud à manger. Ce sera tout.

L'homme hocha la tête et partit chercher la commande. Après un moment, un individu prit place à côté de lui. Vaïno ne lui adressa pas un regard, restant silencieux et attendant son repas. L'aubergiste revint avec le repas du garçon, qui le paya aussitôt, puis commença à manger. L'autre parla d'une voix rauque mais basse :

-Qu'est-ce qui t'amènes ici Marcheur des Vents?

Vaïno s'arrêta et tourna lentement la tête vers lui. Il connaissait son nom de code, un léger sourire se dessina alors sur ses lèvres. Il répondit avec amusement.

-Qu'est-ce que toi tu fais ici?

-Pas grand-chose. Juste voir si on peut recruter un peu...

-On dirait que ça ne marche pas fort.

L'autre hocha la tête puis renifla. Un silence s'établit, durant lequel Vaïno mangeait le gruau qu'on lui avait servi. Après un moment, l'homme le salua et partit à l'étage, sans doute pour dormir mais cela serait surprenant. L'aubergiste s'approcha de lui, l'air suspicieux.

-Mais je te connais!

Instinctivement, le jeune homme porta sa main à sa ceinture pour mettre la main sur sa dague. Il attendait néanmoins une réaction de la part de l'aubergiste. À son grand étonnement, ce dernier souriait.

-Tu es le barde qui joue de la lyre et qui raconte des histoires. Vaïtruc.

-Vaïno le barde pour vous servir, dit le garçon en se retenant de reprendre l'homme, je suis en vacances et je suis fatigué donc pas de chansons ce soir.

Sa réputation le précédait on dirait et il n'était pas pour s'en plaindre. Il passa sa soirée à tenter d'obtenir gratuitement une chambre mais bon, l'aubergiste ne l'aimait pas assez pour ça. Il y a de ses moments où on ne peut tout avoir.

La pluie frappait toujours contre les fenêtres, Vaïno n'aurait d'autres choix que de passer la nuit ici.