Perdu dans les égouts [PV: Adhan Lester]

Dérangé ________________ ________________

La pluie tombait, le brouillard s’était levé. Les ruelles n’étaient plus éclairées que par les enseignes de quelques tavernes miteuses, où se réunissait la lie de Madorass. Seul un bruit de course perturbait le silence ambiant.

Nakor courait. Pour être plus précis, il fuyait. A sa décharge, il faut ajouter qu’il était poursuivi par une dizaine de gardes de Madorass, qu’il venait de dépouiller de trente-deux pièces d’or brillantes en sortant un cinquième as de sa manche. Discrètement, cela va de soi. Les gardes n’avaient rien remarqué, sauf qu’ils avaient perdu. Et les gardes n’admettent pas la défaite. Aussi, Nakor avait pris la sage décision de disparaitre dans un nuage de fumée, mais la manœuvre se révéla plus difficile que prévu, étant donné que sa poudre était trempée. Tout en maudissant le temps ambiant, il avait donc empoigné sa chope, et en avait lancé le contenu en direction des yeux des gardes. Après, il avait pris la fuite. Malheureusement, les gardes avaient séché leurs visages et s’étaient lancés à sa poursuite en poussant des cris qui rappelaient à Nakor les couinements du cochon qu’on égorge. Nakor avait alors eu l’idée de les égarer dans les ruelles de Madorass. Il s’était alors avéré que les gardes avaient un excellent sens de l’orientation quand leur argent était en jeu… Aussi Nakor se dirigea à travers le dédale de ruelles vers les égouts, que peu de gens connaissaient aussi bien que lui. En effet, il s’y rendait assez régulièrement pour ramasser du salpêtre, qui suintait littéralement de certains coins des égouts, et qui entrait dans la composition de multiples types d’explosifs. Nakor emprunta l’étroit tunnel qui menait, du moins il le pensait, au conduit principal, qui débouchait non loin de la cathédrale, où il aurait pu les semer dans la foule. Le destin, apparemment, ne voulait pas que l’affaire se termine aussi facilement… Nakor se retourna, et constata que les gardes rebroussaient chemin aussi vite qu’ils l’avaient emprunté. Lentement, il se retourna, et commença par constater son erreur : il n’était pas là où il aurait dû être. Puis, il constata que, sur le mur devant lequel il se trouvait, une longue fresque de sang séché, d’entrailles dégoulinantes et d’ossements rongés s’étalait sur plusieurs mètres. Il décida prudemment de revenir lui-aussi sur ses pas, mais trois tunnels débouchaient de la direction d’où il venait, et il ne savait pas lequel choisir, aussi, il lança un dé. Le dé tomba sur le deux. Nakor emprunta donc le chemin du milieu. Il se retrouva, après quelques pas, dans une obscurité complète. Il fit ce qu’il pensait être un demi-tour, puis avança à tâtons dans le sombre tunnel. Après plusieurs minutes de marche, il percuta une montagne de chair. La montagne de chair alluma une lanterne. Nakor l’observa. Il s’agissait d’un colosse, de plus de deux mètres, au ventre proéminent, dont les muscles étaient masqués par plusieurs épaisses couches de graisse, et qui portait une lourde hache à double tranchant. Son visage, pâle et joufflu, aurait pu faire penser à celui d’un enfant, sans les favoris qui couvraient ses joues, et sans les dents noires et jaunes dévoilées par le sourire qu’il esquissa.

- Alors, mon choupinet, on s’est perdu ?
-Oui, mais le gros lapin qui fait face au choupinet va lui montrer le chemin vers la surface », répliqua sèchement Nakor.

Les expressions de divers sentiments parcoururent le visage joufflu de l’obèse. D’abord, l’incrédulité: il n’avait sans doutes pas l’habitude de recevoir une réponse. Puis la surprise: on l’avait insulté! Enfin, la colère: il allait prendre sa hache, et fracasser le crâne du petit homme, pour montrer s’il était un lapin… Il leva donc sa hache, puis l’abattit de toute sa force de colosse vers le crâne de Nakor. Mais Nakor esquissa un pas de côté, dégaina son sabre et trancha la hache et la tête de l’obèse dans un seul mouvement. Ensuite, il prit la lanterne, et fouilla le corps du défunt. Il y trouva une douzaine de pièces d’or, une importante collection d’oreilles humaines coupées et séchées, et deux dents en or. Il récupéra les pièces et les dents, mais laissa les oreilles. Puis il se dirigea vers le bout du tunnel, d’où filtrait une lumière diffuse. Enfin, il arriva dans un large tunnel, généreusement éclairé par des torches. Un bruit de pas retentit, Nakor tourna la tête et vit une silhouette surgir à l’autre bout du tunnel…

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Du vacarme, toujours un tumulte de sons jaillissait des bouches de toutes ses personnes. Le jeune elfe détestait ce genre d'endroit, les tavernes, oh oui, on pouvait penser bien des choses de cette douce atmosphère détendu, où régnait la joie et la convivialité. Cependant, pour Adhan, dont les oreilles étaient bien trop aiguisées, il ne supportait pas, ce brouhaha permanent. Il faisait avec tant pis.

L'elfe avait assisté, au coup de maitre porté par un jeune homme dépouillant quelques gardes de Madorass.
Il avait aussi remarqué comment cet homme avait sortit une carte de trop, si discrètement soit il.
En ce concentrant Adhan pouvait entendre le bruit du papier contre la manche du jeune homme. La fuite fût plutôt laborieuse, mais cependant l'homme l'intriguait, ses tours de passes passes pourraient peut être servir à son clan, qui sait...

Il avait donc poursuivit l'homme dans sa folle course poursuite, derrière les gardes de façon la plus discrète possible pour ne pas attirer les regards.
Sautant de toits en toits, et arrivant enfin jusqu'aux égouts la poursuite continuait et l'homme gagnait du terrain.
Il s'aventura dans les égouts de la ville à la poursuite de son inconnu.
Soudain alors qu'il n'était pas caché Adhan tomba nez à nez avec les gardes qui faisaient demi tour.
Il tenta de faire bonne figure en sifflotant comme si de rien était et laisser passer les gardes mais malheureusement pour lui les gardes n'étaient pas si idiots il s'arrêtèrent un instant, examinant le jeune elfe toujours caché sous sa capuche noire.

Un des gardes l'interpella, d'une voix forte en autorité et sur un ton impératif, se devait être le "chef".

-Hey... Vous! Qu'est ce que vous faites ici? Vous m'avez l'air bien louche, ôtez cette capuche et montrer votre visage lorsque l'on vous parle.

Poussant un soupire de découragement Adhan se contenta de dégainer ses stylets si bien aiguisé qu'ils auraient pus tailler du métal. Il les garda cachés sous ses manches prêts à servir.

-Calmez vous. Je pourrais vous poser la même question, avait il répondu un sourire en coin, je me souviens pourtant vous avoir vu pourchasser un homme seul, il n'y a pas deux minutes, non? Son regard sadique, emmitouflé, montrait l'excitation du jeune Adhan.

Les gardes hoquetèrent de surprise et ensemble dégainèrent leurs armes.

-Je vous ai donné un ordre jeune homme, vous ne manquez pas de toupet! Après tout nous sommes dans le égouts... Si vous ressortez un peu amoché, personne ne soupçonnera notre culpabilité... Pas vrai les gars?

La petite troupe gloussa, et certains rire moqueurs parvint aux oreilles de l'étoile silencieuse.
Celui ci ne se fit pas attendre et répliqua sur un ton doux et reposé.

-Bien, j'attendais se moment, je doute que l'on retrouve vos cadavres, ici avant un bon moments, je vais vous faire payer votre lâcheté.

Sans plus un mot Adhan sortis les stylets de ses manches et tel un danseur de ballet ondula vers les gardes. Ses mouvements fluides et rapide et déchainaient à chaque coups leurs flots de sang.
Quelques cris furent anéantis rapidement dans les sous sols de l'égout. Bientôt le sang se déversa à n'en plus finir à terre et l'elfe continua sa route vers l'endroit où était partit son inconnu, tandis que les cadavres d'une dizaine de garde gisaient derrière lui inanimé et vide de vie.
Adhan avait le sourire jusqu'aux oreilles, il adorait voir la peur s’animer dans les visages de ses victimes l'instant avant leurs descentes dans les abysses de la mort.

Mais trois couloirs débouchèrent au bout de son tunnel, il se fia à son instinct et sans hésité il prit le couloir de droite.
Longea le tunnel jusqu'à un autre embranchement où il tourna à gauche, plus loin un nouveau cette fois ci il alla de nouveau à gauche.
Au fur et à mesure qu'il avançait la lumière reprit sa place pour illuminer les parois des tunnels crasseux et putréfiant.

Au loin il entendit un bruit de pas, plus il s'avança et plus il reconnu son inconnu. Alors d'un pas certain il s'avança vers lui, la démarche toujours assuré il s'arrêta à cinq mètres devant lui.
Ses armes dégoulinants de sang toujours rangé ne demandaient qu'à sauter hors de leur fourreau.

-Et bien, cette promenade fut fort divertissante, dit Adhan à haute voie, alors que sa voix se répercutait le long des murs du tunnel créant un effet de résonance. Je me suis rarement autant amusé, heureusement pour toi les gardes qui te pourchassaient ne sont plus.
Tu aurais pu faire attention, fournissant un descriptif de toi ils auraient pu mettre ta tête à prix juste pour le plaisir de te mettre une correction.

Adhan s'étira et bailla l'air apaisé.

-Excuse moi, je ne me suis pas présenté on m'appelle l'étoile silencieuse, bien entendu sa n'est pas mon vrai nom mais tu n'a pas besoin d'en savoir plus...

L'odeur pestiféré de ce lieux n'était pas du tout plaisant ni agréable et Adhan commençait à s'impatienter.

-Je te propose de sortir de se trou à rat il n'y fais pas bon vivre. Tu devrais me suivre on fera plus ample connaissance en chemin, sache que je ne te veux pas de mal, mais permet moi d'être un peu précautionneux.

Sans un mot de plus il posa sa main gauche sur le fourreau de sa dague se retourna et avança en direction de la sortie

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-«Eh bien, cette promenade fut fort divertissante. Je me suis rarement autant amusé, heureusement pour toi les gardes qui te pourchassaient ne sont plus. Tu aurais pu faire attention, fournissant un descriptif de toi ils auraient pu mettre ta tête à prix juste pour le plaisir de te mettre une correction.»

Nakor tenta de percer l’obscurité du regard. C’était manifestement un homme, son timbre de voix l’indiquait. Nakor se rapprocha prudemment, la main sur la poignée de son sabre.

-Excuse-moi, je ne me suis pas présenté on m'appelle l'étoile silencieuse, bien entendu ça n'est pas mon vrai nom mais tu n'as pas besoin d'en savoir plus...

La voix de l’inconnu, pourtant assez faible, résonnait dans le tunnel. Elle suintait des murs, comme cette substance visqueuse et verte dont ils étaient recouverts, elle rebondissait contre la voute, parcourait en quelques instants l’interminable tunnel, et revenait.
Ce que Nakor aimait particulièrement chez les égouts, c’est que les gens ne les aimaient pas. Déjà, ils avaient mauvaise réputation, des histoires glauques de meurtres sadiques (très plausibles, selon l’expérience de Nakor dans les égouts, on pouvait vraiment y rencontrer n’importe quoi) et de criminels réfugiés (celles-là étaient vraies, Nakor comptait quelques amis parmi eux) ; ensuite, l’odeur repoussait ceux qui n’avaient pas fui en entendant les histoires. Nakor y était habitué, et puis, comme tous les habitués des lieux, il avait rabattu un foulard sur son nez. Son interlocuteur, par contre, semblait perdre patience. Il commençait à distinguer sa silhouette plus nettement. Cela ne l’avançait pas à grand-chose, une capuche était rabattue sur son visage…

-Je te propose de sortir de ce trou à rat il n'y fait pas bon vivre. Tu devrais me suivre on fera plus ample connaissance en chemin, sache que je ne te veux pas de mal, mais permet moi d'être un peu précautionneux.

Nakor ne comptait pas y vivre, effectivement dans ce trou à rats… Toute tolérance a ses limites. N’ayant rien de mieux à faire, il lui emboita le
pas. Ils sortirent dans une ruelle sombre. Trois malandrins leurs barraient la route. Nakor en avait marre.

*Quelle journée de merde !* songea-t-il.

Puis, le chef de bande alluma une lanterne. La lumière de la lanterne éclaira son visage. Nakor le connaissait.

-«Vragor! Que fais-tu ici ? »

Il s’avérait que Vragor, un honorable mercenaire, qu’il avait côtoyé pendant presque deux ans, s’était retrouvé au chômage, avait rejoint Madorass, et s’était établi dans cette ruelle, et exerçait la respectable profession de coupe jarrets… Nakor évoqua avec lui leur passé commun pendant une bonne dizaine de minutes, puis reparti. Pendant la conversation, son discret compagnon était resté dans l’ombre.

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