Enora répondit par un signe de tête, puis passa entre les deux gardes de l'entrée. Elle tira sur les rennes de son cheval, puis mis pieds à terre. Elle attendit que son écuyer vienne à sa rencontre pour lui confier sa monture. Une fois que ce fut fait, elle put se diriger vers les escaliers du Palais. Elle avait rendez-vous avec un de ses supérieurs pour discuter d'une affaire importante. Les minutes s'écoulèrent et bientôt elle arriva devant une porte en bois décorée avec du fer forgé. La poussant d'une main, elle tomba nez à nez avec le gouverneur. S'inclinant rapidement, elle finit par croiser les bras dans son dos.

Enora ne prit pas la peine de demander d'autres informations. Elle tourna le dos au Gouverneur et sortit. Elle se posait toute fois bon nombres de questions. Ces dagues avaient beau être différentes, Adiryl était peuplé de nombreux magiciens capables d'en faire de même. Mais Enora n'était pas en mesure de refuser cette mission. Lorsqu'elle fut de nouveau à l'extérieur du Palais, elle s'approcha de son écuyer. Ce dernier lui tendit son arbalète et lui souhaita bonne route. Vérifiant que son épée était bien accrochée à sa taille, elle ferma les paupières. Très vite, une faille se créa devant elle, et elle n'eut qu'à la traverser pour disparaître.


Enora était arrivée dans le monde du milieu. Plus précisément à Madorass, étant donné que son homme devait se trouver en ces lieux. La jeune femme parcourue les ruelles de la citée et en profita pour s'acheter une cape, pour passer plus inaperçu. Mais bientôt elle dû s'atteler à la tâche et demander aux marchands s'ils ne connaissaient pas un certain Lapis Lazuli. Ce n'est que une heure, voire deux heures plus tard, qu'on lui donna une réponse positive. L'elfe se trouvait dans un quartier de brigand, à quelques mètres de là. Enora remercia le forgeron auquel elle avait demandé ses renseignements et suivit le chemin indiqué. Une fois dans le quartier, elle ne pu s'empêcher de tenir fermement le manche de son épée. Il y avait tellement de malfrat ici ! Encore, elle demanda conseil.

Enora tourna la tête et posa son regard sur l'elfe en question. Il était adossé à un mur, et semblait attendre quelque chose. Mais il ne tarda pas à remarquer l'attention qu'on lui portait. Le général s'avança vers lui, l'air très sérieuse. Comment lui prendre ses dagues sans créer une émeute ?

- Bonjour, gente dame. Je suis Lapis Lazuli. En, quoi puis-je vous aider ?

Enora s'était arrêtée face à lui, l'observant avec attention. Finalement, c'était lui qui avait engagé la conversation. Mais que répondre à cela... elle ne devait en aucun cas mentionner Adiryl, et elle devait éviter de blesser qui que ce soit. Le gros avantage de la jeune femme, c'est qu'elle avait la capacité de provoquer les failles, ainsi elle pourrait quitter le monde du milieu bien plus rapidement, sans se faire suivre! C'était toujours pratique! Lui adressant un sourire pour le mettre en confiance, elle vint poser sa main dans son dos, l'invitant à la suivre.

- Venez, j'ai à vous parler.

L'elfe la suivit dans une petite ruelle, non loin de l'endroit où ils se trouvaient avant. Ici, la foule ne les gênerait pas. Baissant son regard au niveau de la ceinture de Lapis, elle put paraître sans gêne, mais elle cherchait simplement ses dagues. Lorsqu'elle les aperçu, elle fit un signe de tête.

- Vos dagues m'intéressent. Nous pourrions peut-être faire affaire tous les deux ? Je m'appelle Enora Greenleaf. dit-elle calmement.

Maintenant que le sujet était mis en place, elle devait rester sur ses gardes, au cas ou ce chasseur de prime comptait s'enfuir... de toute manière, de gré ou de force, elle obtiendrait ce qu'elle convoite. Elle ne se permettrait pas de revenir à Adiryl, de se présenter au Gouverneur sans elles. Elle passerait pour un piètre général! Retirant sa capuche, elle dévoila ainsi son visage à son interlocuteur. Une longue chevelure blonde et deux grandes oreilles pointues! Mais avait-il vu qu'elle était armée ? Probablement pas grâce à sa cape. Toute fois, on ne pouvait pas ignorer le bruit de son armure à chacun de ses mouvements.

-Dame Greenleaf, je vois que nous appartenons au même peuple. Pourquoi ne pas aller boire un verre afin de faire connaissance ?

Enora fronça légèrement les sourcils. Cet homme changeait de sujet, il utilisait la flatterie pour éviter d'avoir à lui donner ses armes, ou bien de se battre. En bref, il fuyait la confrontation. Le général ne savait pas exactement comment réagir. Devait-elle suivre son petit jeu ou bien foncer dans le tas comme un bourin ? Optant pour la premier choix, elle sourit à son interlocuteur. C'était un elfe après tout, elle pouvait faire une exception.

- J'accepte votre offre Monsieur Lazuli.

Le suivant en silence, ils finirent par entrer dans un pud au coin d'une ruelle. L'endroit n'était pas extraordinaire, mais il ferait bien l'affaire. Se dirigeant vers le fond de la salle, ils s'assirent tout deux à une table. Et ce n'est qu'une fois assise, qu'Enora se rendit compte qu'elle avait soif. Finalement, venir ici n'était pas désagréable. Mais contrairement à ce que pouvait penser Lapis, elle n'avait pas oublié le but de sa venu. Pour le moment, elle se contenterait de s'amuser, mais il était certain qu'elle se lasserait tôt ou tard. Remarquant quelques regards portés sur elle, la jeune femme se sentit un peu mal à l'aise. Elle n'aurait peut-être pas dû retirer sa capuche, sa chevelure blonde attirait bien trop d'attention. Lâchant un soupir, elle leva ses yeux vers Lapis.

- Quel serait le prix de ces dagues, pour un chasseur de prime tel que vous ? dit-elle avec malice.

-Ma chère Enora, mes dagues ne sont pas à vendre et non pas de prix. Tout comme votre beauté.

Plutôt familier cet homme... et têtu par dessus le marché. Comment allait-elle s'y prendre ? Posant son menton dans le creux de sa main, elle continua de le fixer, essayant sans doute de percevoir ce qu'il pensait. Une serveuse vint alors les rejoindre, et Lapis semblait connaître cette bonne femme. Une femme grasse mais qui donnait l'impression d'être très gentille. Enora ne manqua pas de lui adresser un sourire avant de demander la même chose que le chasseur de prime. Une bière, c'était exactement ce qu'il lui fallait. La remerciant, elle la suivit du regard lorsqu'elle s'en alla vers le comptoir.

- Cessons les flatteries voulez-vous. Je ne suis pas venu ici pour rien. Et vos dagues ne me seront d'aucune utilité, pas à moi en tout cas.

La jeune femme pouvait paraître dure, mais les années l'avaient formé ainsi. Et c'était mieux pour un général que d'être autoritaire et tenace ! La grosse dame revint rapidement, un plateau dans les bras. Elle déposa sur la table deux chopes de bière puis repartit vers les autres clients. Enora n'attendit pas plus, elle prit sa chope et bu quelques gorgées. Pendant ce temps, elle essaya de trouver un moyen de mener à bien sa mission. Cet homme ne se laisserait pas faire... au moins, elle avait un point en sa faveur : il la trouvait belle. Son sourire s'agrandit.

- Que diriez-vous d'un jeu ? Si je gagne, je prends vos dagues, si je perds, vous gagnez ma bourse. Celui qui ne tient pas l'alcool a perdu. Relevez-vous le défi ou est-ce trop compliqué pour quelqu'un de votre genre ? Dit-elle amusée.

En effet, Enora proposait un jeu à boire. Le but était simple, boire jusqu'à ce que l'autre s'écroule au sol, complètement ivre. Et l'elfe en avait fait des tavernes depuis tout ce temps... l'alcool, elle connaissait bien, et elle ne risquait pas de perdre. Mais derrière tout ceci, ce cachait bien d'autres choses. Car Enora avait un plan. Et si Lapis acceptait, tout ne se résumerait pas à ce jeu. Car après tout, c'était un jeu pour les pocherons, les illettrés. Bref, ça ne volait pas bien haut.

-Très bien ! Cessons si vous voulez. Vous n’êtes pas venu ici pour rien, j’en suis sur. A l’évidence, vous n’êtes ni un soldat de Madorass, ni une Cape-Blanche. Ors, vous vous promenez en armure, ce que vous cachez sous votre cape. Donc je me permets de vous posez une question, enfin plusieurs. D’où venez-vous ? Pourquoi vous-intéressez vous à mes dagues si elles ne vous sont d’aucune utilité ? Et qui vous en a parlez ?

Lapis Lazulli semblait comprendre qu'elle ne lâcherait pas prise. Et le ton de sa voix s'était fait plus grave, plus énervé. Pourtant, le sourire de la jeune femme demeurait au coin de ses lèvres. Il avait vu juste, elle n'était ni un soldat, ni une cape-blanche. Buvant une nouvelle gorgée, elle reposa sa chope avec délicatesse.

- Effectivement, je ne suis pas de Madorass. Je viens d'un endroit reculé. Je ne m'intéresse à vos dagues seulement parce que mon supérieur m'a demandé de les lui ramener. Je suis Général, et je fais mon devoir, tout simplement.

Glissant sa main dans ses cheveux blonds, elle les rejeta dans son dos pour ne pas être gênée. Elle suivit le regard de Lapis jusqu'à tomber sur un homme qui venait de pénétrer dans le pub. Une cape blanche plus précisément. Enora soupira doucement. La mission était compromise, cet homme posait trop de questions. Mais avec toute cette foule, elle ne pouvait pas faire grand chose... il faudrait l'isoler. Effleurant le manche de son épée par habitude, elle secoua la tête pour éviter de se perdre dans ses pensées.

- Cela vous surprend t'il ?

- Cela ne me surprends guère. Les soldats ne sont bon qu'a exécuter les ordres de leur supérieur sans prendre le temps de réfléchir au pourquoi du comment. Mais mes dagues ne sont ni à vendre, ni a mettre en jeu. Cependant, vous avez attisé ma curiosité. D'où venait vous exactement? Peut-être que votre supérieur pourrait me faire changer d'avis qui sait.

La jeune femme serra doucement le poing sous la table. Elle n'aimait pas les propos de cet homme. Enora était un bon général, et même si elle devait obéir au gouverneur, elle ne restait pas moins une personne réfléchit et consciente de ses actes. Il comptait savoir d'où elle venait, mais elle ne lui donnerait pas satisfaction. S'apprêtant à répondre, elle fut interrompu par l'homme de toute à l'heure, la cape blanche. Il s'était installé juste derrière eux et leur avait adressé quelques mots de mise en garde. Enora resta de marbre. Elle le fixa de son regard dur et sourit discrètement.

- Mon seigneur, est-ce un réel marcher de proposer à une jeune elfe d'aller boire un verre et d'essayer de la mettre dans son lit le soir même? Mais permettait-moi de vous offrir une bière.

Son sourire disparu aussitôt. Que venait-il de dire au juste ? Elle espérait avoir mal comprit. Pour qui se prenait-il à la fin ! Une femme comme elle, n'était pas aussi facile à « mettre dans son lit ». Elle préféra boire sa bière afin d'éviter de se mettre en colère. Mais très vite, elle comprit ce qui se tramait. Lapis mentait à la cape blanche. Il ne voulait pas s'attirer plus d'ennuis, et ça pouvait se comprendre.. devait-elle l'aider, ou au contraire l'enfoncer... Enora prit son plus beau sourire, et se tourna lentement vers le second homme.

- Nous n'avions pas l'intention d'éveiller de tels soupçons Monsieur. Ce n'était là qu'une simple discussion autour d'un verre. Et je comptais bien m'arrêter là. Dit-elle en insistant sur la dernière phrase.

Elle ne manqua pas de tourner son regard vers Lapis, jouant le jeu. Ainsi, elle passait bien pour une femme qui refusait les attentes du chasseur de prime. Mais comment cela allait-il terminer ? Son plan tombait à l'eau, totalement.