''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
Diogène le cynique
 
''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
Auteur inconnu
 
''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 Légendes orques III : Rhean

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Tridd Erogdish

L'orc élevé parmi les hommes

________________

Tridd Erogdish
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Race : Demi-Orc
Classe : Archer
Métier : Apprenti menuisier
Croyances : Aucunes
Groupe : Rebelle

Âge : Une vingtaine d'années

Messages : 69

Fiche de Personnage : Ma Fiche


Légendes orques III : Rhean _
MessageSujet: Légendes orques III : Rhean   Légendes orques III : Rhean EmptyDim 19 Fév 2012 - 0:57

Informations !:


Les orques … 

Quelle autre race du monde du milieu peut se vanter d'être aussi fière de son passé ?

Mais en même temps, quelle autre race peut se vanter d'avoir un tel passé ?

Il existe de nombreux grands héros orques, de grands guerriers ou de puissants mages qui ont aidé leurs clans respectifs à prospérer ou alors juste à survivre dans les grandes plaines de Feleth ou ailleurs. Ces gens ont tellement fait pour leur race que leurs histoires méritent d'être racontées. Mais toutes les raconter prendrait une infinité de temps, et les retranscrire serait également impossible, même en mobilisant tous les volontaires possibles. Mais certaines de ces légendes, plus importantes que d'autres, sont transmises de générations en générations, de manière orale, au cours de grandes veillées estivales autour d'un feu ou lors des longues soirées d'hivers, lorsque le vent glacial s'engouffre dans les refuges provisoires. En voici quelques unes … 




« La légende de la grande magicienne Rhean, sans clan »


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[Rhean, devenue totalement folle après avoir absorbée tant de pouvoir de sorciers différents ...]

Les orques maîtrisent l'art du combat au corps à corps et à distance, cela n'est plus à démontrer. Ils ont su le prouver au cours de grandes batailles et guerres. Mais la magie n'est pas inconnue de ceux-ci non plus. Même si peu pouvaient ou voulaient emprunter cette voie-là, ceux qui le faisaient s'en voyaient récompensé. Étant trop peu nombreux, on leur demandait beaucoup et ils se retrouvaient souvent à des places importantes de décision ou de conseiller personnels. Ils pouvaient alors exercer leur influence et parfois régner sur des clans et territoires entiers. Certains par contre fuyaient ces tâches et responsabilité. Ils vivaient en ermite, complètement reclus de toute société.

Rhean était née dans une grande ville remplie d'humains. Ses parents vivaient dans les bas-quartiers de celle-ci, comme tous les pauvres gens. Ils côtoyaient là-bas les plus miséreux des hommes, ceux qui avaient tout perdu ou qui n'avaient jamais rien eu, les rejetés, les infirmes, les orphelins, les veuves et tous ceux dont personne ne veut plus entendre parler. Mais ils fréquentaient aussi quelques autres orques, plusieurs elfes exilés et même un ancien démon humanoïde qui avait perdu ses pouvoirs au fil du temps. Les deux orques survivaient comme ils pouvaient, trouvant des petits travaux à faire par-ci par-là, et même si la nourriture n'était pas très chère ici et en cette période, ils avaient parfois du mal à manger à leur guise. Ils avaient néanmoins de quoi faire deux repas par jour la plupart du temps, ce qui était déjà bien pour des personnes de cette condition. Et puis un beau matin, un heureux événement eut lieu. Leur bébé naquit, au milieu du dispensaire improvisé tenu par un elfe médecin qui s'était installé ici. C'était une fille. Ils l'appelèrent Rhean.

Rhean avait grandi comme une humaine, à l'intérieur de la grande ville, à jouer dans les ruelles, dans les cours et les petites places qui parsemaient ce quartier misérable. Elle s'était faite des amis et des amies parmi les autres enfants de son âge. Ensemble, ils faisaient les quatre cents coups, jouaient des tours et montaient des blagues à l'encontre des habitants qui la plupart du temps, n'avait rien demandé à personne. Cela les faisait beaucoup rire, jusqu'au jour où les parents de Rhean le prirent la main dans le sac. Ses parents décidèrent qu'il était temps pour elle d'être initiée aux valeurs et aux traditions orques. Ils en avaient marre qu'elle traîne comme ça toute la journée à faire des farces parfois méchantes aux gens. Ils jugeaient que ses fréquentations étaient mauvaises et avaient une influence négative sur elle. Rhean avait à peine douze ans, mais ses parents avaient décidé de prendre en main son éducation.

Ils commencèrent par voir avec elle les aspects les plus ennuyeux ; la lecture et l'écriture. Même s'ils habitaient les bas-quartiers, ils tenaient à ce que Rhean soit instruite. Son statut d'orque ne l'aiderait déjà pas dans sa vie de tous les jours, il fallait qu'elle ait un minimum de connaissances pour pouvoir espérer s'en sortir. Ses parents n'avaient pas de grands projets pour elle, ils voulaient simplement qu'elle réussisse là où eux avaient échoué ; sortir de la puanteur et la misère. Rhean était malheureusement trop jeune pour comprendre cela, elle mettait donc tout en œuvre pour y échapper. Elle se rebellait contre ses parents, comme tous les enfants normaux. Elle préférait passer ses journées dans les rues, malgré les interdictions formelles de ses parents. Elle ne voulait rien savoir. Ses parents essayaient de la garder à la maison, par la force la plupart du temps, mais elle était maligne, et redoublait d'inventivité pour s'enfuir de chez elle et retourner voir ses amis avec lesquels elle parcourait la ville.

Généralement, la bande restait dans les bas-fonds, car c'est là qu'était leur place. Un jour seulement, plus téméraires que d'habitude, tout le groupe s'aventura dans les quartiers plus nobles, plus riches. C'était un tout nouveau monde qu'ils découvraient. Les gens étaient bien habillés, riaient dans les rues, se baladaient sans aucun autre but que le plaisir. C'était tout le contraire des personnes du quartier duquel ils venaient. Là-bas, personne n'était heureux, tout le monde avait l'air grave et triste. Les amis décidèrent de rester dans ce quartier pour l'explorer à fond et profiter de toute cette beauté et cette joie omniprésentes. Ils visitèrent la plupart des commerces et auberges, même si les propriétaires, inquiets à chaque fois de voir une bande d'enfants à l'air pauvres débarquer chez eux, les chassaient aussitôt. La bande s'amusait bien, riait beaucoup jusqu'à ce qu'il arrive dans un boutique un peu à l'écart. Ce commerce avait l'air plus étrange, plus sombre, plus maléfique, plus mal famé que les autres. La peur se lut dans les yeux de certains membres du groupe. Rhean, de bonne humeur en cette si belle journée pour elle, exhorta ses amis à y aller, juste quelques instants. Ils la suivirent, bien qu'un peu réticents au début, et ils entrèrent. L'intérieur était sombre, tous les rideaux étaient tirés. On distinguait à peine le comptoir dans cette pénombre, et encore moins les articles vendus ici. À vrai dire, ils n'étaient même plus surs d'être chez un commerçant. Ils s'avancèrent encore un peu, même si le malaise s'insinuait en eux. Cette maison était terrifiante. Soudain, ils entendirent un toussotement derrière eux et le claquement de la porte qui se referma. Ils sursautèrent et se retournèrent tous, surpris et piégés à la fois. La pénombre avait laissé sa place à une obscurité totale maintenant. Rhean resta calme mais elle sentit les autres s'agiter et essayer de trouver la sortie. Ils se cognèrent partout et trébuchèrent pour se retrouver face contre terre. Aussi soudainement que la porte s'était fermée, une bougie s'alluma, projetant une lumière faiblarde dans la pièce. Une silhouette inconnue se dressait au milieu d'eux. Elle portait une longue robe à capuche, qui cachait son visage. La personne qui se cachait en dessous était assez grande, mais maigre, élancée. Sa voix caverneuse se fit entendre alors qu'elle retira lentement sa capuche. « Vous n'auriez jamais du venir ici, mes enfants. » C'était un homme qui se dévoila. Le visage grêlé, une longue et ancienne cicatrice qui lui barrait le visage, des traces de brûlures, des yeux très clairs, à la limite du blanc, un nez fin et des lèvres tout aussi fines, voilà ce qui décrivait le mieux ce qu'ils voyaient. Toute la bande resta pétrifiée de peur. L'homme agita un peu ses mains et incanta dans une langue inconnue. Ce qui suivit, personne ne le sut jamais réellement. Seule Rhean le savait … car ce fut la seule survivante de cette atroce aventure. Elle ressortit en courant, couverte de sang, complètement affolée, paniquée, en hurlant. Elle s'en était sortie par chance, par hasard, en trébuchant sur la porte qui s'était ouverte sur le coup. Le mage à l'intérieur avait refermé la porte immédiatement. Rhean s'en voulait d'avoir abandonné ses amis mais elle était trop choquée pour s'en préoccuper sur le coup. Elle retourna chez ses parents directement, se réfugier.

Rhean se remit peu à peu de ce choc mais ne put jamais vraiment oublier. Ses parents lui avaient bien évidemment demandé ce qu'il s'était passé, où est ce qu'elle s'était encore enfuie. Elle n'avait pas répondu, malgré les multiples punitions qu'ils avaient employé pour essayer de le lui délier la langue. Elle n'avait pas dit un mot. Une semaine durant, elle resta muette, prostrée dans sa chambre, se nourrissant à peine, juste de quoi survivre. Ce qu'elle avait vu là-bas … C'était trop horrible, elle ne voulait plus y repenser. Même pour les orques, un acte de telle barbarie était insoutenable. Tous ses amis avaient été tués, de sang-froid, sans raison. Un mois après, Rhean put enfin sortir de nouveau de sa chambre. Ses parents étaient toujours aussi inquiets mais Rhean ne pouvait toujours pas parler. Elle consentit à reprendre les leçons avec ses parents. Elle voyait encore l'horreur lorsqu'elle fermait les yeux, elle revoyait toujours ces scènes horribles dans ses cauchemars qui étaient trop fréquents, mais elle devait s'occuper la tête autrement. Peu à peu, la peur se transforma en haine puis en soif de vengeance. Rhean se renseigna sur ce mage et sur sa boutique. Tout le monde semblait avoir peur de lui. Seuls les autres sorciers osaient s'en approcher et commercer avec lui. Rhean savait ce qui lui restait à faire pour mener à bien son projet. Elle allait devoir apprendre la magie.

Une seule personne s'y connaissait assez dans son quartier pour lui apprendre cela ; l'ancien démon qui, bien qu'aux pouvoirs disparus, pouvait encore lui apprendre à se servir des siens. Personne évidemment ne savait que c'en était un, mais les rumeurs lui prêtaient un passé assez extraordinaire et tumultueux, ce qu'il ne cherchait jamais à démentir. Tout le monde le prenait pour un grand magicien, même si celui-ci n'avait jamais montré le moindre tour devant qui que ce soit. Rhean s'adressa à lui un soir, alors que ses parents étaient occupés ailleurs. Tout le monde savait où il habitait et sa porte n'était jamais fermée mais personne n'allait jamais le voir, par peur et par ignorance. L'intérieur de la maison était douillet, plutôt confortable et bien éclairé. L'ancien démon était installé dans un fauteuil et lisait un traité sur l'alchimie. Rhean n'osa pas le déranger. Elle observa alors en détail la maison. Rien n'indiquait que le propriétaire était un mage, encore moins qu'il était d'une grande puissance. Une petite cuisine dans un coin, avec un feu qui ronronnait et remplissait la pièce d'une chaleur et d'une lumière très agréables, une étagère sur laquelle s'entassaient toute une série de livres traitant de sujets plus ou moins intéressants, un grand lit sur lequel se trouvait une couette épaisse. Voilà ce qui composait le mobilier de la maison. Il leva enfin les yeux vers Rhean. « Que puis-je pour toi ? » Rhean avait préparé un beau discours, censé le convaincre, mais en arrivant devant lui, elle l'avait complètement oublié. « J'ai … besoin de votre aide. Je dois maîtriser la magie ! ». L'ex-démon soupira, posa ce qu'il était en train de lire et se leva. Il jaugea Rhean du regard. Il s'approcha d'elle, posa une main sur son épaule et ferma les yeux. « Il est vrai que tu as un certain potentiel magique. Mais l'apprentissage de cet art demande beaucoup d'efforts. Réfléchis-y et reviens demain si tu es encore décidée. » Rhean obéit, elle ne voulait pas le contrarier, elle devait rester dans ses bonnes grâces. Elle revint donc le lendemain matin. Lui était déjà prêt à la recevoir. Lorsqu'elle entra, différents livres étaient disposés sur la table. « Ton apprentissage commence par de la théorie. Si tu veux devenir une bonne magicienne, tu dois apprendre à contrôler les effets des sorts que tu veux maîtriser, et donc, à d'abord en connaître toutes les conséquences. Tu devras commencer par lire ces livres. » C'est ainsi que Rhean passa les premiers mois avec l'ancien démon. Elle lisait, il lui posait des questions sur ce qu'elle avait compris et il lui expliquait s'il estimait qu'elle n'avait pas assez assimilé la leçon émanant du passage lu.

Au bout d'un moment, elle se lassa de ces lectures, elle s'ennuyait. Lire ne lui suffisait plus. Elle voulait utiliser son savoir. Une relation de confiance s'était établie entre les deux, si bien qu'il la laissait seule chez lui pour lire pendant qu'il vaquait à ses propres occupations. Rhean en avait profité un jour. Elle avait prit un des livres d'incantations sur l'étagère. Elle n'était pas censée le lire mais elle avait envie d'enfin faire quelque chose de concret. Elle prit un sort au hasard, dont elle pourrait voir les effets mais qui ne laisserait pas de traces visibles et qui ne la trahirait donc pas auprès de l'ex-démon. Elle tomba sur un sort d'attraction des objets, sort parfait pour commencer. Elle apprit la formule, se concentra et la récita en fixant un livre à l'autre bout de la table. Le livre en question, un des plus légers et des moins épais de la collection, fit à peine un bond d'un mètre, pas plus. Rhean enragea. Ses pouvoirs étaient ridiculement faibles. Elle avait toujours une vengeance à accomplir mais elle ne pourrait jamais avec si peu de possibilités. La haine la submergea. Elle devait trouver plus de puissance, et vite. Elle prit les livres les plus épais, ceux qui relevaient d'une magie bien supérieur. Un, dont le titre semblait indiquer qu'il traitait des pouvoirs des magiciens et des moyens de les contrôler et les améliorer, l'intéressa plus particulièrement. Elle le prit et commença à le parcourir des yeux, cherchant ce qui pourrait lui être utile. Elle tomba enfin sur quelque chose. Un rituel magique pour voler des pouvoirs. Voilà qui était bien. Elle aurait besoin de matériel mais elle était sure de pouvoir les trouver quelque part dans cette maison. Et effectivement, elle les trouva. Elle mit tout en place. Elle devrait être vive et intelligente pour le piéger. Elle s’attabla de nouveau et fit semblant de continuer à lire un des livres qu'il lui avait donné. Elle guettait son retour. Elle était tendue, stressée. Tout se jouerait en quelques secondes. Elle avait appris l'incantation par cœur. Elle ne nécessitait pas une grande puissance magique pour la lancer, c'était bien spécifié dans le livre, mais elle avait besoin d'une volonté sans faille. Rhean était décidée. Elle devait venger ses amis. Dans l'absolu, elle aimait bien ce maître qui tentait de lui enseigner son art mais ça n'allait pas assez vite pour elle. Enfin, il arriva. Il était de retour chez lui ... pour la dernière fois. Elle mit ses sentiments de côté et se retourna vers lui, une bougie allumée à la main. L'ex-démon regarda autour de lui et vit les deux autres bougies qui formaient, avec celle de Rhean, un triangle dont il était le centre. Il comprit aussitôt. « Tu as choisi ta voie. N'oublie pas ce que je t'ai appris durant ces courts mois, sache maîtriser tes pouvoirs, sinon, tu te perdras. » Rhean commença à réciter les paroles. L'effet fut immédiat. En apparence, il ne se passait rien, pas d'échange visible d'énergie ou de pouvoir ou autre. Mais en réalité, il se tordait de douleur et souffrait énormément. Voilà en quoi la formule demandait une grande volonté. Ce vol de pouvoir, il fallait vraiment le vouloir, ne pas avoir de doutes. Le processus devait durer une minute au minimum pour être complété. Une minute durant laquelle il fallait supporter le fait de faire souffrir, de donner une mort lente et de devoir regarder dans les yeux sa victime. Lancer ce sort signifiait laisser un peu de son humanité derrière soi. Cela ne posa pas de problème pour l'orque. Elle était déterminée. Quand elle eut terminé, l'ex-démon mourut. Rhean s'arrêta alors d'incanter. Elle ne se sentait pas différente, ni même épuisée. Elle s'approcha du corps de son ancien maître et souffla un « Désolée. » avant de quitter la maison. Rester à l'endroit d'un meurtre, ce n'était pas très malin. Une fois dehors, elle se retourna et voulut voir si le sort avait fonctionné. Elle se décida à retenter l'attraction des objets. Cette fois-ci, elle n'eut même pas besoin de réciter la formule. La seule pensée suffit. De plus, bien qu'elle ne voulait attirer que le livre, c'est la maison entière qui se mit à léviter et à s'approcher de Rhean, le tout, avec une facilité déconcertante. Elle fit se reposer la baraque avant que quelqu'un ne la remarque. Elle souriait. Elle avait enfin acquis assez de pouvoir. Elle se mit à rire seule, de manière assez inquiétante. Sa vengeance était en marche.

Rhean retourna chez ses parents. Ils ne lui posèrent pas de questions. Ils s'étaient habitués à son silence et à ses absences dans la journée. Ils se doutaient que quelque chose n'allaient pas mais étaient totalement impuissants. Rhean étaient obnubilée par sa vengeance et rien de l'en détournerait, rien ne la déconcentrerai de cette mission qu'elle s'était fixée. Ses parents n'étaient même pas au courant pour son apprentissage de la magie. Elle avait été assez discrète sur ce point. La magie n'était pas mal vue chez les orques mais les véritables héros des légendes maniaient la hache ou les armes plus que cet art qu'était la magie. Les parents de Rhean lui racontaient parfois ces légendes des grands orques. Rhean les portait en admiration. Elle disait souvent à ses parents qu'un jour, son histoire serait raconté à tous les jeunes orques. Malgré sa folie, sa vengeance, elle gardait une âme d'enfant, totalement innocente, totalement fascinée par ses origines. Le plus grand rêve de Rhean d'ailleurs était d'un jour retrouver un clan et de vivre avec eux, comme une vraie orque. Elle ne détestait pas sa vie en ville mais pour elle, la vraie vie, c'était en tant que nomade parcourant les plaines, en tant que chasseuse qui assurait la survie des gens de son clan, en tant que guerrière qui se vantait de ses exploits. Elle projetait de quitter un jour cette ville, avec ou sans l'accord de ses parents et avec ou sans leur présence. Mais pour l'instant, elle n'avait que cette vengeance en elle. Rhean avait alors quinze ans, et elle allait commettre un meurtre horrible et de sang-froid, pour la deuxième fois de sa courte existence.

Elle partit un matin, très tôt, pour ne croiser personne dans les rues et surtout pas ses parents. Elle devait rester concentrée. Elle retrouva le chemin immédiatement, sans aucune difficulté. Elle ne l'avait jamais oublié. Il était resté gravé dans sa mémoire, au même titre que tout ce qu'il s'était passé ce fameux après-midi. Ces ruelles … Ces rires … Ses amis … Elle pouvait presque encore les voir, les entendre, les sentir près d'elle. Une larme se forma au coin de son œil, larme que Rhean chassa aussitôt. Elle devait rester forte, aller au delà de ses émotions, résister à l'envie de s'effondrer au sol et pleurer la perte de tous ceux qui lui étaient chers. Elle luttait contre cette tristesse depuis si longtemps. Elle n'avait jamais craqué, n''avait jamais parlé à personne de cela. La plupart de ses amis étant des orphelins, ou des petits voyous, personne ne s'était aperçu de leurs disparitions, personne ne les regrettait, à part Rhean. Elle avait enfoui ses sentiments, les avait cachés sous un masque de vengeance et de haine absolue. Et c'est à présent ce qui la faisait tenir, ce qui la faisait avancer. Elle arriva dans le quartier commerçant, le quartier où ils s'étaient retrouvés, une année plus tôt, une année déjà. Presque rien n'avait changé, sauf que cette fois, elle était seule, elle ne s'amusait pas, ne riait pas, et n'allait pas visiter toutes les boutiques en s'y faisant chasser. Elle alla droit à la maison du magicien. Elle n'avait pas de temps à perdre. Avant d'entrer. Elle inspira un grand coup, et tenta de se calmer. Il ne fallait pas qu'elle perde le contrôle une fois à l'intérieur. Elle avait beaucoup plus de puissance que lui, c'était sûr, elle le vaincrait sans mal. Elle voulait néanmoins ne pas précipiter les choses, lui faire ressentir la vraie douleur, lui faire payer pour tout ça. Elle bouillait de l'intérieur mais s'intima au calme avant de passer le pas de la porte.

Les mêmes impressions. Les mêmes rideaux tirés, la même obscurité. Rhean s'avança lentement jusqu'au milieu de la pièce. Ses souvenirs essayaient de remonter en elle, mais elle les chassa. C'était elle qui avait insisté pour qu'ils rentrent ici, c'est sa curiosité qui les avait menés à la mort. Elle se sentait déjà assez responsable comme ça, elle n'avait pas besoin d'être submergée par des émotions envahissantes. Comme à sa première visite, la porte claqua derrière elle. Rhean n'en fut pas surprise. Elle s'y attendait même. Il avait toujours les mêmes habitudes. Elle resta calme au milieu de la pièce. Quoiqu'il tente, il n'aurait pas le dessus. Rhean avait grandement développé ses nouveaux pouvoirs avant de venir ici. Après les avoir volés, elle était revenu dans la maison de son ancien maître et avait lu et appris pas mal des livres de sa collection. Elle savait comment faire souffrir, et comment se défendre des autres sorciers, c'était ce qui comptait vraiment. Elle avait aussi eu accès, en volant ces pouvoirs à un vieux démon, à une affinité particulière, une sensibilité particulière. Elle pouvait ressentir la présence d'autres sorciers, ou d'autres utilisateurs de sorts, peu importe leur race ou origine. Cela était bien pratique, surtout dans ce cas, dans le noir total, sur un terrain inconnu. Enfin, elle le sentit arriver. Quand il ralluma les bougies, magiquement, elle était face à lui, son visage à quelques centimètres à peine du sien. « Bouh ! » Le sorcier sursauta. Rhean souriait. La partie de plaisir commençait pour elle.

Quelques heures plus tard, Rhean sortit de la maison. La folie se lisait dans ses yeux. Ce n'était plus la soif de vengeance qu'on pouvait y voir, mais un plaisir pervers, malsain. Toute cette énergie, tout ce pouvoir qui coulait en elle, elle s'en délectait. Tout le mal qu'elle avait infligé, toute la souffrance qu'elle avait donné, cela faisait apparaître un large sourire sur son visage. Elle l'avait torturé pendant de longues heures, elle avait retourné tous les sorts qu'il avait essayé de lancer contre lui, elle lui avait fait subir le même sort que celui de ses amis, elle lui avait laissé plusieurs fois l'espoir qu'il allait s'en sortir avant de recommencer à le détruire, mentalement et physiquement, elle lui avait souvent donné l'illusion qu'il était sur le point de mourir, avant de le soigner et de reprendre son amusement. Lorsqu'elle avait commencé à se lasser un peu de son nouveau jouet, elle l'avait amené aux portes de la mort, tout en le gardant conscient néanmoins. Elle s'était approché de lui et lui avait soufflé, de la voix la plus douce possible « Tout ce que je t'ai fait subir, tu l'as mérité. Et pour être sur que plus jamais tu ne recommenceras, non seulement je vais t'ôter la vie, mais aussi te retirer tes pouvoirs. ». Elle lui avait volé ses pouvoirs, tout comme elle les avait volés à l'ancien démon. Elle y avait pris goût. Acquérir de nouveaux pouvoirs était plus que jouissif pour elle. Elle sentait la puissance affluer en elle. Elle avait envie d'encore plus, toujours plus. Elle ne s'en rendait pas compte mais elle souriait bêtement en repensant à tout ça. Cela lui donnait un air effrayant, un air monstrueux. Elle était euphorique, heureuse. Elle avait mené à bien sa vengeance mais au lieu de se sentir soulagée, elle avait encore soif, soif de pouvoir et de destruction, soif de haine et de domination. Elle en voulait encore plus ! Il lui en fallait encore plus !

Elle retourna directement chez ses parents. Ils étaient à la maison lorsqu'elle arriva, en train de l'attendre. Ils ne supportaient plus de la voir partir ainsi, de ne pas savoir où elle était. L'absence de la matinée fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Ils étaient bien décidés à faire quelque chose, au moins essayer d'en parler avec elle, même si les précédentes tentatives n'avaient rien donné. Ils fermèrent donc la porte derrière elle, la bloquant donc à l'intérieur de la pièce, pour la forcer à se confier. Mais Rhean ne l'entendait pas de cette oreille. Elle écouta ses parents lui faire la morale, patiente au début, ne disant mot, ne justifiant aucunes de ses disparitions. Ses parents ne savaient pas qu'elle pratiquait la magie, à un très haut niveau et elle ne voulait pas que cela change. Elle était tellement sûre que ses parents trouveraient quelque chose à redire à ce sujet qu'elle préférait le leur cacher. Elle gardait le silence, mais au fur et à mesure de la conversation, tout cela commençait à l'énerver. Elle peinait à contenir son agacement, son envie de partir, son besoin de toute détruire. Elle perdait peu à peu le contrôle d'elle-même. Sa vue commença à se brouiller, tous ses sens s'affolaient. Elle ne tiendrait plus très longtemps. Il fallait que cela cesse, immédiatement. Rhean se prit la tête dans les mains et hurla le plus fort qu'elle pouvait. « Assez ! » Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se trouvait au milieu d'un cratère de plusieurs mètres de profondeur et d'une dizaine de mètres de rayon environ. Elle venait littéralement d'exploser, et avait totalement détruit toute une partie de son quartier. Elle ne réalisa pas tout de suite. Il était près de midi. Beaucoup de gens étaient dans les rues ou en train de manger. L'explosion avait beau avoir eu lieu silencieusement, la disparition soudaine de tout un pâté de maison, ça ne passait pas inaperçu, sans compter que certaines maisons n'avaient été que partiellement détruites, coupées en deux, interrompant parfois un déjeuner. Des familles venaient d'être séparées, des vies avaient été prises, des existences furent chamboulées, le tout, en une fraction de seconde. Rhean se leva, doucement. Elle fit un tour sur elle-même, cherchant un point de repère des yeux, sa maison, ses parents, quelque chose … Mais il n'y avait rien aux alentours. Elle s'extirpa avec difficulté du cratère, encore abasourdi et sous le choc. Toute une foule s'était réunie autour. Des gardes et des habitants regardaient le trou béant, sans savoir vraiment quoi faire. Certaines de ces personnes avaient vu Rhean remonter et se dirigeaient vers elle pour lui demander si elle savait ce qu'il s'était passé et si elle allait bien. Rhean se sentit agressée de toute part. Elle venait de passer de l'énervement total à un grand vide. Elle ne se sentait pas d'attaque pour leur tenir tête, ni pour répondre à leurs questions. Elle avait besoin de calme, de tranquillité. Elle pensa à un lieu paisible, un endroit où elle se réfugiait quand elle était petite, un peu à l'extérieur de la ville. Quand elle rouvrit les yeux à nouveau, elle s'y trouvait. Elle commençait à peine à prendre conscience de l'étendue de ses pouvoirs.

Rhean n'avait plus rien. Plus d'amis, plus de maison, plus de famille, plus de raison de rester ou revenir en ville. Elle était libre. Plus aucunes attaches, rien. En plus, elle avait ce pouvoir, immense, magnifique. Elle aimait ce pouvoir, elle l'adorait, elle ne pourrait plus s'en passer. Au final, elle n'avait plus qu'une seule idée en tête, un seul but. Trouver un clan orque, l'intégrer et enfin vivre comme une vraie orque, comme la vraie orque qu'elle était. Le seul problème, c'est qu'elle ne savait absolument pas où chercher. Ses parents lui avaient longuement parlé des coutumes orques, de leur mode de vie nomade, de la place des guerriers, des chasseurs et des magiciens dans leur société. Rhean savait tout ça, mais n'avait aucune idée de leur localisation géographique. Elle envisagea une petite seconde de parcourir les grandes plaines à dos de cheval, puis se ravisa aussitôt. Elle n'avait pas de cheval et sa vie toute entière ne lui suffirait sûrement pas pour tout explorer et trouver ce qu'elle cherchait. Rhean avait entendu dire que les plaines étaient immensément grandes, et qu'il fallait plusieurs centaines de jours pour en traverser certaines parties à dos de cheval. Rhean n'osait même pas imaginer combien de temps ça lui prendrait à pied. Elle soupira. Et puis, finalement … Elle pensa à ses pouvoirs. Elle n'avait pas de formule pour ce problème en particulier mais elle avait acquis tellement de puissance qu'elle n'avait qu'à penser pour que ça se réalise. Ses pensées furent momentanément obnubilées par tant de possibilités, puis elle se reprit. Des orques. Elle les matérialisa dans sa tête. Elle les vit. Elle se concentra et put les localiser. Elle savait la direction et la distance à laquelle ils étaient. Rhean jeta un dernier regard sur la ville qui l'avait vu grandir et se téléporta non loin du campement orque. Elle quittait son ancienne vie sans aucuns regrets et sans regarder derrière elle. Elle était trop obsédée par son rêve et ses nouveaux pouvoirs. Elle n'avait jamais imaginé, même dans ses rêves les plus fous, se retrouver dans cette situation.

Rhean avait décidé de garder ses distances pour l'instant avec le clan. Elle ne voulait pas s'imposer, ou même les surprendre. Ça pourrait être mauvais. Il fallait qu'elle les observe longuement, qu'elle détermine dans quelle mesure elle pourrait se rendre utile et ainsi intégrer efficacement et durablement ce groupe. Elle ne voulait pas brusquer les choses. La magie l'aidait à survivre et à observer discrètement leurs vies. Elle fut d'abord fascinée par la nouveauté que cela représentait. Après en avoir tellement entendu parler, elle voyait la réalité. La chasse, chose qu'elle n'avait jamais connue, elle put y assister directement, grâce à un sort d'invisibilité qui lui permit de les suivre de plus ou moins loin. Elle admira les techniques de repérage, de pistage, de traque et de mise à mort. Elle se promit de les apprendre, même si elle les trouvait un peu rudimentaires en comparaison avec ce qu'elle était capable de faire elle. Elle pourrait apparaître juste en face de ces bêtes, les déchiqueter rien que par la pensée, sans se fatiguer comme ils le faisaient. Mais eux, ils n'étaient pas mages, ils ne maîtrisaient pas cet art. Rhean s'estimait supérieure et chanceuse d'avoir de tels pouvoirs, mais ne dédaignait pas pour autant le travail des chasseurs, pour qui les techniques de chasse étaient un art à part entière, art que Rhean entendait bien apprendre aussi. Cachée, elle put voir l'autre spécialité des orques ; les combats, armés ou non. Rhean ne savait bien évidemment pas manier les armes, quelles qu'elles soient. Elle n'avait pas le physique pour, et n'avait pas suivi d'entraînement pour non plus. Elle voyait tous ces combats comme une danse dont elle ne connaissait pas les pas. Elle avait beau les observer, elle n'y comprenait rien. Toutes ces esquives, ces parades, ces contre-attaques, c'était joli à regarder, mais jamais elle ne se sentirait capable d'en faire autant. Cela demandait beaucoup trop de réflexes, de précision dans les gestes. Rhean avait essayé, en invoquant un double d'elle-même et des armes magiquement, elle avait tenté un combat contre elle-même. L'échec avait été cuisant. Son double ayant le même niveau qu'elle, le spectacle fut ridicule. Elle conjura tout ça après quelques minutes. Elle en avait marre. « Je ne sais pas me battre ? Et alors ? Je sais invoquer ce que je veux, je maîtrise tous les éléments. Je n'ai rien à leur envier ! »

Elle continua ainsi cette observation de nombreux jours. Plus elle en apprenait, plus elle voulait en apprendre. Tout ce que ses parents lui avaient appris, elle le constatait de ses propres yeux. Seule une chose la taraudait. Personne ne pratiquait la magie dans ce clan. Pas une seule trace de sorts ou d'enchantements. Pourtant, cela leur aurait drôlement facilité la vie … Rhean ne comprenait pas cela. Pourquoi personne n'apprenait la magie ? Elle décida de mener sa petite enquête. Elle devait savoir. Elle se concentra de nouveau sur les orques, elle les visualisa. Plusieurs milliers d'images apparurent dans sa tête. Elle essaya de repérer ceux qui avaient ne serait-ce qu'une infime partie de magie en eux. De plusieurs milliers, elle passa à plusieurs dizaines seulement d'images. Ils étaient vraiment peu nombreux. Elle évalua leurs potentiels. La plupart n'avait presque aucun pouvoir. Seuls quelques uns savaient lancer des sorts de haut-niveau et une partie encore plus infime d'entre eux maîtrisaient correctement un élément. Rhean se téléporta auprès de l'un d'eux, afin de voir à quoi ressemblait sa vie. Elle en fut bien déçue. Elle regretta presque d'être allée voir. Le mage en question n'utilisait que très peu son pouvoir et semblait en avoir honte tant il essayait de le cacher. Rhean en fut dégoûtée. Elle ne resta même pas une journée auprès de celui-ci, jugeant le soir tombé, qu'il n'était pas digne d'avoir ses pouvoirs. Elle l'en débarrassa, par le même procédé que d'habitude, en lui ôtant la vie en même temps. Elle retourna aussitôt ensuite près de l'autre clan. Elle décida de passer à l'action le lendemain, de servir ce clan et leur montrer à quel point la puissance magique pouvait être utile et bénéfique pour eux.

Elle se présenta à eux, au lever du soleil. Ils ne furent pas surpris de la voir arriver. De leurs propres aveux, des orques arrivaient parfois de nulle part, et demandaient à se rattacher au clan. Des orques comme elle, rêvant de vivre la vie nomade, sauvage et tribale. Ils étaient généralement facilement acceptés et étaient libres de partir quand ils voulaient, mais ne pouvaient pas obtenir de postes à responsabilité ni de place définitive au sein du clan. Seuls ceux qui restaient un certain temps et s'impliquaient avec assez d'importance dans la vie commune pouvaient prétendre à ce genre de place. Rhean ne voulait pas forcément prendre de l'importance, mais elle voulait plus que tout vivre avec eux, vivre comme une orque. Elle se présenta directement au chef du clan, histoire de faire connaissance et de montrer dès le départ ce qu'elle savait faire. Et effectivement, elle leur montra ses plus beaux tours, les plus spectaculaires, les plus utiles. Tout le monde fut très surpris, mais également très intéressés. Tout le monde lui demanda un petit sort, une petite bricole, un rafistolage, un coup de magie. Rhean promit de régler tous leurs problèmes, si tant est qu'il ne les expose pas tous à la fois. C'est ainsi qu'elle passa les jours qui suivirent, prenant à peine quelques heures de repos, pour manger, dormir et penser un peu à elle. Au bout du troisième jour ainsi, Rhean commença à en avoir légèrement marre. Les problèmes qu'elle résolvait étaient de plus en plus ridicules. Des choses qu'ils pourraient faire par eux-même, mais ils étaient devenus trop feignants, et s'attendaient à ce qu'elle fasse tout à leur place, plus rapidement, et sans que ça les fatigue eux. Et ça devenait de pire en pire chaque jour. Elle n'était plus si heureuse que ça de vivre parmi eux, mais sans ça, il ne lui restait aucun but dans la vie. Au bout d'une semaine elle craqua …

La magie en elle bouillonnait. Ras-le-bol de devoir faire des tours minables pour épater des gamins ou pour réparer une clôture. Elle se sentait rabaissée, utilisée comme une marionnette par ses pairs. Elle ne voulait plus de cette vie là. En fait, elle ne voulait plus de vie tout court. Tout ce qu'elle avait vécu jusqu'à ce jour n'était que déception. Elle voulait que ça finisse. Elle comprenait maintenant pourquoi le mage de la dernière fois cachait ses pouvoirs. Vivre ainsi était impossible. La colère montait en elle. Son regard s'assombrit d'un coup. Elle s'éleva dans les airs jusqu'à arriver à une dizaine de mètre de hauteur. Elle prit une voix caverneuse, froide, distante, sans sentiments, qui semblait résonner dans tout le campement. « Vous avez abusé de ma gentillesse … VOUS ALLEZ TOUS MOURIR ! » Des cris de frayeur se firent entendre un peu partout. Rhean les entendait mais cela ne l'affectait pas, ou plus en fait. Elle en avait assez de vivre avec ceux-ci. Les humains ne l'intéressaient pas, les orques l'avaient dégoûtée. Elle ne voulait plus vivre. Elle était fatiguée de vivre. Elle concentra toute la magie qu'il y avait en elle, tout le pouvoir qu'elle avait accumulé, toute la haine et la colère contenue en elle. Elle était prête à exploser. Elle jeta un dernier regard sur eux et partit dans un rire démoniaque. À cet instant, elle avait tout du démon, et plus rien de l'être vivant des terres des humains. Elle relâcha tout d'un coup … Elle laissa un cratère de plusieurs centaines de mètres de diamètre, vide de toute vie.


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Ce texte est la version la plus complète que l'on puisse trouver de cette légende. Elle est très souvent raccourcie, et certains passages sont cachés et pas racontés pour ne pas choquer le public qui peut s'avérer être très jeune. L'ambition et le pouvoir sont des bonnes choses, mais à l'excès, ce récit montre que cela peut transformer les gens en monstres. Il ne faut pas non plus se détacher de toute son humanité et de ses sentiments, au risque de s'enfoncer encore plus profondément dans une solitude extrême et à terme, mettre en danger sa vie et celle des autres. Le fait de n'avoir qu'un seul but dans le vie est également fortement déconseillé car il amène bien souvent à la déception, cela est montré au travers de cette légende. On raconte encore que c'est comme ça qu'un des quartiers de Madorass fut détruit il y a de nombreuses années et que le cratère serait encore visible et sujet à des visites de pèlerins et d'historiens spécialisés dans l'histoire orque, même s'il est à présent recouvert par une végétation assez dense.

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Légendes orques III : Rhean

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