Poudre - Lion Noir

Explosive ________________ ________________

- Tu as déjà pensé à ce que tu aimerais faire plus tard, Lussia?

- Et toi?

Il sourit avant de regarder tendrement sa fille. Lussia n'avait pas encore saigné, c'était quelques jours avant que le drame se produise. Il lui fit signe d'approcher et elle s’exécuta.

- Il n'y a pas de " plus tard " pour moi Lussia, je travaillerai à l'atelier jusqu'à la fin de mes jours. Et si je travaille c'est pour toi, pour que tu puisses faire quelques chose tu aimes faire, plus tard...

- Magicienne! J'aimerais faire des tours de magie!

Un sourire ému se dessina sur le visage du père qui se leva pour porter sa fille jusque devant la cheminée allumée. Ils regardèrent un moment les flammes vaciller, complices. Gardant le même sourire, il la poussa soudainement dans les flammes. Petite Alcide n'eut même pas le temps de comprendre qu'elle allait brûler vive. Suppliant son père de la sauver, elle sentait juste le feu qui rongeait son épiderme et commençait à crier d'horreur. Ce qui était terrible ce n'était pas tant les flammes qui la brûlaient, c'était le sourire béat du père. Quelle satisfaction ça devait être pour lui, de voir sa fille mourir entre les flammes ; dans le fond il avait du en rêver. Lui aussi.

-

Alcide eu si peur au moment de son réveil qu'elle se redressa violemment, le souffle coupé. Ses pupilles étaient contractées par la terreur. Puis sa respiration se débloqua pour devenir bruyante et saccadée ; ses joues roses quant à elles témoignaient de la sueur froide qu'avait provoqué l'anxiété. Elle cligna des yeux avant de se calmer, voyant qu'elle était dans son lit ; dans la chambre qui lui était dédiée à l'auberge des Orphelins. Bientôt elle sentit une main dans son dos qui descendit jusque ses clavicules proéminentes. Elle sursauta au contact et son corps se crispa à nouveau ;

- Toujours ces mauvais rêves, hm? Ca te ferait du bien de m'en parler, tu ne crois pas?

Alcide se tourna doucement vers l'être qui devait lui procurer le plus d'affection en une nuit qu'elle n'en avait jamais eu ces dix dernières années. Vassila, la prostituée. C'était une compagnie qu'elle aimait retrouver quand la solitude lui pesait. Une jeune femme blonde à la bouche aussi rouge qu'un fruit mûr et pas moins pulpeuse. Elle était belle et douce. Désirable. Et bien qu'elle fut une pute, Alcide croyait en l'authenticité de l'affection qu'elle simulait si bien. Vassila eu un geste de tendresse, qu'Alcide repoussa avant de se tourner complètement face à elle. Même dans la pénombre ses yeux étaient lumineux. Ni agressive ni provocante, elle prononça ces paroles sur un ton neutre qui lui était légendaire ;

- Tu as bien travaillé, l'argent est sur la table.

Un rire résonna dans la chambre sombre. Vassila regarda sa cliente avec un sourire avant de passer ses doigts sur sa bouche ;

- Tu ne vois donc vraiment rien Alcide... Si je viens chez toi ce n'est plus pour l'argent, sinon je partirai avant même que le jour se lève...

L'Auburn se demanda alors ce que cette prostituée venait faire dans son lit, si ce n'était pas pour l'argent. Elle se dit d'abord que Vassila disait ça pour vanter son orgueil, avant de finir par penser qu'elle aimait, elle aussi, passer la nuit à ses côtés. Quoi qu'il en soit l'Auburn n'avait pas le temps de se questionner plus longtemps ; elle se leva et enfila les vêtements qui tapissaient son sol avant de ramasser le crâne de bœuf qui avait roulé sous le lit. Sans oublier de saisir son sac rempli d'explosifs et de poudre noire, elle ouvrit la porte et, après avoir enfilé le crâne sur sa propre tête, lâcha un deuxième :

- L'argent est sur la table. Tu as bien travaillé...

Elle lança un sourire malin à la prostituée avant de fermer doucement la porte pour descendre les escaliers et quitter l'auberge. La nuit était tombée. L'Auburn devait retrouver un client qu'elle n'avait encore jamais vu. C'était le contact d'un contact qui les avaient mis en lien. Il n'y avait pas de limite quand on entrait dans le monde de la poudre noire ; chaque artisan connaissait l'autre et il n'était pas rare qu'ils s'envoient des clients quand la demande était trop grande. Elle arriva sur la place marchande de Madorass, et vit une grande silhouette près de l'armurerie où elle avait rendez-vous. Quelques passants se retournèrent sur elle quand ils virent passer ce fin corps sombre orné d'un crâne blanc. Une fois à proximité de l'homme, leur différence de taille était si importante qu'elle frôlait l'humour ; la pyromane ressemblait à une enfant frêle et minuscule. Ce n'est que sa voix grave qui affirma son âge et son caractère, quand à la vue du cache-œil elle osa un :

- Lion-Noir?

« - La gamine au crâne hé ? »

Ce n’étais pas la voix a laquelle on pouvait s’attendre, elle étais grasse, perverse, sale. Rauque comme les derniers mots d’un homme dont le sang se mêle a la salive après s’être fait tranché la gorge. Non, ce n’étais pas lui, impossible que ce soit lui.

« - Eul’ Noireaud t’attends a l’intérieur, beauté, j’vais t’y am’ner. »

L’homme qu’elle avait pris pour son client n’étais qu’un simple contact, un agent, un des nombreux pécores grouillant dans les bas-fond de cette ville. Dont la loyauté pouvait être achetée pour quelques pièces d’argent voir de cuivre, dans les plus pathétiques cas, pour une bouteille d’un picrate douteux.

Menant la fille dans une arrière boutique, elle pénétra une pièce sans fenêtre, illuminée par un simple feu de bois, dans un des coins de la pièce, siégant sur un fauteuil, un homme a l’air magistral. Il étais très dur de trouver son regard nimbé d’obscurité voir de même détailler son armure, seul le pâle reflet de son masque de fer perçait l’obscurité qui dévorait son buste. La fillette pris place alors que le grand castard qui portais lui aussi un cache-œil se posa derrière elle, profitant de sa taille gargantuesque pour reluquer la poitrine de cette gamine.

« - Bonjour a vous. Dit une voix forte mais froide. Vigg, tu peux disposer.

- Hors d’question p’tron, j’re.. »

La phrase de Vigg fut coupée en un bruit sourd contre du bois suivit du bruit de la chute du colosse, le seul indice de son sort étais du sang qui avait coulé sur les vêtements de la vendeuse de poudre noire et une arbalète de poing qui étais sortie de l’obscurité. Un lourd silence de mort s’installa avant que la voix de l’homme nimbé dans les ténèbres s’éleva.

« - Seriez-vous choquée, jeune fille ? Cet homme étais plus que dispensable, vous ne devez pas ignorer les pouvoirs de l’alcool. Je me suis fait passer pour un garde il y’a quelques heures avant notre rencontre, avant que l’aube ne se lève, cet animal cuvait avant de faire son office de.. Relayeur, il a suffit que j’enlève mon masque, placarde un avis de recherche a mon sujet pour qu’il m’aborde, puant l’alcool et le sperme, me disant que je l’avais contacté et que la somme sur ma tête l’intéressait, comme vous devez le savoir, quoique votre jeune âge me laisse.. Perplexe, les hommes faibles se font dominer par ce métal mou qu’est l’or. Passons cet incident et laissez moi me présenter au grand jour. Vous me connaissez sous le nom du Lion Noir, mais vous allez avoir le privilège de m’appeler Slade, Alcide. Si vous vous posez la question, jeune fille, je ne laisse rien au hasard. »

Avançant son siège alors que du sang se répandait sur le sol de cette arrière boutique, le masque du lion noir se dévoila, mais il avait abandonné sa cotte d’écaille pour une tenue plus ample, un simple manteau brun orné d’une épaulette en acier. Ces gantelets toujours en positions et des bottes de marche des plus communes qui existent. N’étant pas fin psychologue, le rebelle décida tout de même que voir le visage d’un interlocuteur étais plus agréable. Slade dévoila son visage aux cheveux blanchis et aux traits aussi dur que le son de sa voix laissai deviner.

« - Le salpêtre, l’ammoniac, la glycérine… J’imagine que ces composants chimiques basiques vous sont familiers. Seuls, ils ne sont guère pratiques voire intimidants. Cependant, j’ai vu que vous étiez capable de les combiner d’une manière qui m’est assez familière. Cependant, une chose nous différencie, vous et moi. Je n’ai pas les ressources disponibles, ni salpêtre, ni ammoniac et encore moins de glycérine pour subvenir a mes besoins. »

Marquant un temps d’arrêt, il la regarda a nouveau et repris son monologue alors que le sang maintenant avait atteint le bord de la cheminée, perdant son regard doré dans la danse des flammes, Slade fut pris d’une certaine langueur.

« - Que pensez-vous du feu, jeune fille ? Beaucoup de gens le craignent et a raison, incontrôlé, son pouvoir peut venir a bout des plus grands villes sans jamais faiblir, ne laissant derrière lui que terres stériles, cendres et désolations. Pourtant, les gens le symbolisent de temps a autres comme étant une puissante source d’espoir, les faibles utilisent des torches pour trouver une force en eux qu’ils n’ont jamais trouvé. D’autres, se complaisent a voir ces ravages a plein potentiels, admirant la force qu’ils peuvent contrôler. Certains, des mages de pacotille, se targuent d’être des maitres du feu même si ils n’en sont que des servants a bien y réfléchir. Je suis partisan du feu régénérateur, tout bruler pour laisser la vie remettre de l’ordre au moment voulu. Mais le feu a plusieurs significations. Comme ici, il me procure un sentiment de sécurité alors qu‘une simple buche mal entretenue pourrait venir a bout de ma vie, par un pur hasard. Tout n‘est que hasard, un jeu de probabilités et de risque. »

Tournant la tête vers la jeune fille pour la regarde, Slade fut a nouveau plongé dans ces pensées, réfléchissant a ce que pouvait être cette jeune fille. Il finit par se retourner sur son siège, montrant son dos a la vendeuse de poudre noire, prenant un bâton en argent. Un léger clic métallique se fit entendre et il présenta son œuvre a cette négociante.

« - Vous ne devez pas connaitre ce genre d’armements, je suis le pionner de cette technologie dans cette parodie d’utopie qu’est le royaume actuellement. Mais j’imagine que vous avez du voyager comme moi dans l’extrême orient pour voir ce qu’étais la poudre noire et l’arranger a votre sauce. Cette arme m’est utile en tant que bâton de combat et un genre de.. Fusil, je crois que c’est le nom, je peux tuer n’importe quel homme, voir démon, en une simple pression sur cet engin. Un marteau minuscule frappant une pierre a feu faisant brûler la poudre, la pression interne monte énormément et la pression éjecte une bille en métal qui est capable de briser une armure du meilleur acier, vous pensez être capable de concevoir une poudre noire surpassant celle que j’utilise ? Dite moi votre prix. »