''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
Diogène le cynique
 
''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
Auteur inconnu
 
''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 [SOLO] Tout le mal du Monde

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Leevo

Invité

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[SOLO] Tout le mal du Monde _
MessageSujet: [SOLO] Tout le mal du Monde   [SOLO] Tout le mal du Monde EmptyVen 5 Oct 2012 - 17:06

Leevo Shellhorn

« Ce n'est pas bien. »

Ervin SHELLHORN à propos du mal.


***

- Cela fait cinq ans que nôtre maître est mort, n'est-ce pas ?

- Oui.

- Cela fait donc cinq longues années que nous nous sommes donnés l'obligation de reprendre ses projets.

- Oui.

- L'avons nous fait ?

- Non.

- Qu'avons nous fait, alors, durant toutes ces longues années ?

- Nous avons...

- Tu n'es pas ici en tant qu'inquisiteur ! Tu n'as pas le droit de t'adresser à moi d'égal à égal !

Un projectile fusa dans l'obscurité et lâcha un « ploc ! » sec lorsqu'il atteignit sa cible.

Quelques secondes passèrent avant que ladite cible ne reprenne la parole :


- … Nous le sommes toujours. Nous le serons jusqu'au jour du jugement.

- N'espère aucune pitié de Sa part. Et si tu le crois malgré tout, c'est que ton maître a raté son œuvre et qu'il n'a visiblement pas réussi à te donner le semblant d'intelligence qu'il souhaitait.

Quelques bruits de pas se firent entendre dans l'obscurité avant qu'un raclement ne résonne.
Il était impossible pour le prisonnier de savoir où se tenait son bourreau.
Ni même seulement de savoir ce qu'il faisait.
En réalité, il n'était même pas capable de savoir où il se tenait, lui.


- … Nous pouvons nous pardonner cette erreur de jugement, nous savons ? Nous pouvons tout pardonner aux faibles d'esprits qui ont péché.

Il y eut un autre raclement.
Il déplaçait un lourd objet.


- … Il suffit de nous dire qui est à la base de cette traîtrise. Nous savons que ce n'est pas nous. Nous avons trop bien appris nos serments et nos ordres. Nous savons qu'il y a un complice. Qui ? Nous allons nous le dire.

Aucune réponse de la part du prisonnier.

- Nous ne disons rien ? Nous n'avons pas peur de passer la fin de nôtre vie enfermés ici, après avoir passé tout son début enfermés dans une cave ? Nous n'avons pas peur de ne plus revoir nos chers amis ? Il suffit de nous dire. Il suffit de nous dire son nom.

Toujours aucune réponse de la part du prisonnier.

- Bien. Nous voyons. Nous allons nous laisser le temps de réfléchir. Mais nous n'avons pas besoin de nous répéter ce qu'il va se passer dans les prochains jours si nous ne disons rien : nous le savons, n'est-ce pas ? Nous avons beau L'avoir parjuré, trahi et trompé, nous savions ce qui nous attendait. Nous savons que dans peu de temps, nôtre esprit sera remis entre Ses mains, qu'importe le nom du vrai coupable.

Il y eut un autre raclement continu et d'autres bruits de pas.
Mais cette fois-ci, ils donnèrent l'impression de se rapprocher avant de s'arrêter tout près, à seulement quelques centimètres du prisonnier.
On put alors entendre la respiration du bourreau, le froufroutement de ses étoffes lorsqu'il sembla chercher quelque-chose dans les replis de sa silhouette uniforme.
On put l'entendre craquer ce quelque-chose.

Et bientôt on put le voir avec ce quelque-chose qui n'était rien d'autre qu'une allumette ; on put voir que sa silhouette était toujours aussi uniforme et noire que dans le noir le plus complet lorsqu'il vint éclairer le lourd chandelier fait d'os qu'il avait traîné à côté de lui, si bien évasé dans sa forme qu'il donnait l'impression d'être fait pour que ses bougies viennent surplomber la tête du prisonnier.
Pour que la cire fondue vienne lui ancrer dans le crâne le décompte de ses dernières heures.


- Ce sera incontestablement les trois jours les plus longs de nôtre vie, dit le bourreau indescriptible avant de secouer son allumette et de quitter la pièce.

Le claquement de la lourde porte de la geôle fit trembler l'unique mèche allumée et Leevo put enfin voir où il se tenait exactement.
Il put surtout voir une autre silhouette accrochée juste à côté de lui, sur le même pan de mur que le sien.
Il la reconnu tout de suite.
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Leevo

Invité

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[SOLO] Tout le mal du Monde _
MessageSujet: Re: [SOLO] Tout le mal du Monde   [SOLO] Tout le mal du Monde EmptyMer 26 Déc 2012 - 4:27

Leevo éprouva les lourdes chaînes qui tenaient toute la longueur de ses avants-bras.
Elles ne donnèrent pas l'impression de bouger d'un millimètre, ce qui était vrai : elles étaient soutenues par des blocs de roches massives qui faisaient contre-poids à l'autre bout des anneaux qui les accrochaient au mur, ce qui les figeait dans une irrémédiable tension et assurait par-là l'immobilité la plus totale des membres des prisonniers.

La Maison Vide, sanctuaire et prison de l'Ordre des dévots au Dieu des Songes, ne pouvait pas se vanter d'être l'endroit le plus imprenable de tout Madorass, ceci parce que, tout d'abord, il n'y avait aucun gardien, puis, surtout, parce que les portes d'entrées étaient toujours ouvertes – ou plutôt : jamais fermées, comme les inquisiteurs aiment à le rappeler.

Cependant, si le public et les vauriens pouvaient, au hasard de leur parcours en ville, venir trouver un toit ici, voire quelques restes d'une vieille vaisselle aux gravures passées de mode, il était totalement impossible pour ses habitants d'en sortir.
Les chambres et diverses autres pièces de cette maison abandonnée étaient sous l'entier contrôle de Dieu, qui avait eu la bonne idée de souffler à l'oreille de ses dévoués sous-fifres des méthodes de détentions et de condamnation de porte sans précédent.
A moins d'en connaître les secrets – quoique, même en les connaissant –, il était impossible d'échapper aux sentences qui faisaient office derrière les faux-murs.

Leevo le savait très bien et ne cherchait pas à fuir le destin qui l'attendait.

Il avisa du coin de l’œil les ombres dansantes de l'autre côté du chandelier. Il y avait-là un autre prisonnier, tout comme lui, quoique pas vraiment...


- C'est les Sept Jours, souffla-t-il d'un ton monocorde, rabaissant la tête, moins pour engager la conversation que pour accepter l'idée.

- Je savais qu'ils vous attraperaient un jour, fit son voisin.

Celui-là avait la voix roque, fatiguée, vieille, enrouée. Il était difficile de savoir si elle avait toujours été comme ça ou si les cris, ou bien les longues années passées à se taire l'avaient rendue ainsi.


- Je vous attendais, ajouta-t-il, avec un peu plus de gaieté.

Leevo plissa les yeux dans la pénombre et accusa les premières gouttes de cire qui lui tombaient sur le crâne en même temps que la joie dérangeante de son voisin.


- Je le savais aussi.

- Quoi ?! S'exclama l'autre avant de rire puis de s'étouffer, ce qui eut pour effet de le faire rire encore plus. Qu'est-ce que vous saviez, vous, l'elfe débile ! Ha. Ha ! ...

- Je savais qu'ils viendraient.

- Ils auraient dû le faire depuis longtemps, cracha l'autre qui se mit à chercher une position plus confortable entre les deux granits de ses chaînes. Vous êtes tous plus idiots et inutiles les uns que les autres. Ils auraient dû vous enfermer ici dès la mort de ce cher Ervin. Ils n'ont pas voulu. Et pourquoi ils n'ont pas voulu, selon vous ?

Leevo commença à réfléchir, mais la silhouette à ses côtés, fidèle à elle-même même dans une situation aussi pathétique, enchaîna directement sur la réponse :

- Parce que ce sont tous des imbéciles aveugles et sourds ! Voilà pourquoi ! Embourbés dans le vieil ordre, dans les vieux rituels... Incapables de voir plus loin que le bout de peau qu'ils s'arrachent... Naïfs et... bêtes ! Ils ne savent rien de Dieu. Ils n'ont rien compris du Mal qui rôde, des vrais barreaux, rien compris de ce que Dieu veut réellement. Vous ne savez rien non plus ! Et ce n'est pas ces petits dessins abracadabrants de fausse magie qui vous en apprendront plus sur la vérité de Dieu et de la conception de ce monde ! Ha. Ha !

Le silence retomba suite à la nouvelle toux du prisonnier.
Leevo devait bien reconnaître que ce dernier n'avait pas tort sur un point : les inquisiteurs – mais les gens aussi – ne savaient rien.
Personne ne savait la vérité de Dieu et de la conception du monde, comme les nommait l'autre ; l'elfe en avait pris conscience il y a peu.
Il avait tenté de goûter à la vie normale en espérant, au fond de lui, qu'il s'agisse d'une vie pas si différente de celle qu'il avait apprise à mener, histoire de se dire que tout ce qu'il avait appris n'était pas si éloigné de la réalité que ça, ou plutôt, si, totalement éloigné, mais alors il avait espéré que ce soit la vraie vie, la bonne, celle de laquelle on ne souffre pas.
Ce n'était pas le cas.

Puis il avait abandonné toute idée de trahir ce qu'il avait appris pour s'y consacrer fervemment, pour retrouver ce qu'il avait fui pourtant, espérant récupérer là-dedans les facilités d'une vie sans questionnement, sans apprentissage, sans problème : il avait voulu retrouver les sentiers tout tracés par son maître.
Et ça avait marché : il s'était senti plus libre dans sa prison religieuse que dans l'océan de l'aventure de la normalité.
Mais, à défaut de comprendre les grands secrets de l'existence, ça lui avait permis de se rendre compte du réel Mal de ce monde : au bord de ces sentiers de vie tout tracés se cachaient bons nombres de fougères, de ronces et d'autres images métaphoriques qui venaient entraver le passage.
La magie en était le terreau principal.
Tous les problèmes du monde étaient comme empaquetés dans des lianes que la magie et la folie humaine disséminaient par petites doses un peu partout et pourrissaient l'existence, qu'elle soit religieuse ou non.
Et ça, personne ne le savait.

C'est sur ce point-là que l'opinion de l'ex-inquisiteur Carol était différente.
Lui avait cru que le vrai Mal, c'était l'existence des autres Dieux ; il avait cru pouvoir obtenir du monde une allégeance totale au Dieu des Songes en le frappant à coup de magie, de sort, de destruction, de tourment(*)... et autant d'autres méthodes radicales de libération exécutées dans le sang et la souffrance.
Il avait cru trouver en la magie le moyen de prouver à Feleth qu'il n'y avait qu'un Dieu sur terre et qu'il s'agissait, bien entendu, de celui qui lui murmurait des choses à l'oreille.
Il avait cru pouvoir s'imposer comme prophète et mage-à-tout-les-pouvoirs.
Et voilà où tous ses tours l'avaient menés : il avait perdu une grande partie de son visage, il était mort aux yeux du monde entier et condamné à vivre jusqu'à sa toute dernière seconde ici, enfermé.
On ne prenait même plus la peine d'allumer de bougie pour lui.

Leevo essaya de l'observer dans la noirceur tendancieuse.
Carol était devenu fou, complètement fou.
L'elfe était persuadé que la magie lui avait modifié une grande partie des glandes, à un point tel qu'à présent son existence ne se résumait qu'à la propre corrosion de lui-même par lui-même.
Il était, en sommes, l'exemple le plus parlant de ce en quoi la magie transformait les gens et Leevo avait peur qu'Aoi, un jour où l'autre, finisse comme lui.

Mais ça n'arriverait jamais, il se l'était juré et se le jura encore en regardant le pauvre fou cracher, tousser et siffler l'air qu'il ne parvenait plus à respirer.

Il parvint à détourner ses yeux de ce spectacle lugubre et essaya finalement de se projeter dans la suite des évènements : contrairement à l'ordinaire, il y parvint facilement car il connaissait tout des rites de l'inquisition.

Celui des Sept Jours en faisait inéluctablement partie, même si en le lui enseignant, Ervin Shellhorn n'aurait jamais imaginé qu'un jour, son cobaye devenu son unique héritier, puisse en être autre chose que le commanditaire.

Ainsi donc, Leevo entreprit de réfléchir, de calculer et de dessiner dans sa tête les plans des jours, des heures et des minutes futures.
Il parviendrait à s'en sortir si les inquisiteurs respectaient le cheminement des Choses comme il était décrit dans le livre d'ordre et si, bien sûr, Dieu le voulait.
Et d'après les souvenirs bien gravés en lui, d'un moment à l'autre les inquisiteurs allaient...

La lourde porte de sa geôle s'ouvrit, laissant filtrer la silhouette en contre-jour d'une espèce de tas informe qu'on jeta négligemment dans la noirceur de la pièce.

La silhouette restée debout dans l'encadrement de la porte, le même bourreau que tout à l'heure, certainement, fit un signe non-identifiable à l'elfe.
Il désignait ce qu'il venait de jeter à ses pieds et qui couinait pitoyablement.


- Nous croyons que nous avons beaucoup de choses à nous dire. Nous croyons qu'il est dans nôtre intérêt de savoir ce que nous nous sommes dit à l'instant.

Toutes les gammes de la manipulation inquisitrice venaient de carillonner dans la voix du bourreau qui jouait son rôle à la perfection.
Leevo était un elfe, il les entendit très bien.
Et, en plus, il savait comment les Choses se passeraient.
Il le savait depuis longtemps.
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Leevo

Invité

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[SOLO] Tout le mal du Monde _
MessageSujet: Re: [SOLO] Tout le mal du Monde   [SOLO] Tout le mal du Monde EmptyJeu 24 Jan 2013 - 19:15

La lourde porte se referma une nouvelle fois, faisant vaciller l'unique lumière de la cellule.
Quelques gouttes de cire tombèrent successivement, déréglant l'horloge de fortune, seul repère temporel incertain mis à la disposition du prisonnier.
Leevo ne quittait pas la porte des yeux. Il ne pouvait pas s'empêcher de se demander qui était son bourreau.

Lors du rituel des Sept Jours, nom donné à la procédure qui mettait en cause un inquisiteur en faute et qui devait son appellation au délais qu'on laissait à l'accusé pour : a) avouer et être puni, b) ne rien dire et être puni ou c) être puni quand même, le bourreau, ou plutôt l'Exquisiteur, comme on l'appelait réellement, recevait son titre au hasard de la volonté de Dieu.
Il n'était, à la base pourtant, rien de plus que ses confrères, à ceci près qu'on ne le soupçonnait pas, lui, et qu'il avait gagné une autorité indiscutable sur un lancé de dé qui lui octroyait en sommes le droit de torturer ses collègues comme bon lui semblait afin d'obtenir les résultats a, b ou c précédemment cités.
Il avait ce droit-là pendant six jours et, le septième jour, il devait diriger le Haut Prisonnal, tribunal des inquisiteurs, en tant qu'unique voie détournée de l'implacable Justice et accuser tout le monde en agitant son maillet dans tous les sens pour décider s'il fallait, en fonction des éléments recueillis : a) punir, b) punir ou c) punir quand même.

C'était ce procédé-là qui avait épinglé Carol au mur et fait devenir Leevo héritier.

Mais, soyons clairs, même s'il s'agissait d'un frère inquisiteur, il était totalement impossible de connaître l'identité de l'Exquisiteur, primo parce que même les inquisiteurs en course pour ce titre-là ne savaient pas eux-mêmes qui avait été désigné par le sort – à part, bien sûr, qu'il ne s'agissait pas d'eux, ou qu'il s'agissait d'eux, justement –, ceci parce qu'ils portaient tous, au moment du grand choix, des espèces de cagoules pointues sous lesquelles ils s’emmitouflaient tous durant sept jours histoire de changer leurs voix ; ils portaient tous de multiple couches de vêtements à la couleur noire-nuit-noire-et-obscure, tous identiques, tous de la même taille, tous formant la même silhouette et, secundo, parce que même l'Exquisiteur avait tendance à oublier qui il était une fois qu'il avait touché au pouvoir du Pouvoir.

De toute façon, ça n'avançait à rien de connaître l'identité de l'Exquisiteur ; ça n'aidait même pas à se bâtir quelques espoirs de clémence.
Faire des pronostics étaient inutiles, Leevo le savait bien. D'ailleurs, il détestait les pronostics. En plus d'être un mot rudement compliqué à prononcer et à écrire plusieurs fois d'affilées, le problème avec les pronostics, c'était que, parfois, ils tombaient juste et alors on sombrait dans le cercle vicieux des « si j'avais... » et des « j'aurai dû... » et puis des « pourquoi je... » et aussi des « c'est trop tard » suivis des « on peut dire ça comme ça » puis des « comment “comme ça” ? » qui ramenaient à des « si j'avais... » et ça n'avait plus aucun sens.
Les pronostics n'avaient aucun sens et n'auraient jamais su en trouver dans une telle situation : les intérêts de l'Ordre primaient toujours sur ceux de l'Exquisiteur. Ceci était la version officielle.
Mais, n'importe comment, les deux allaient toujours de paire ; il était impossible pour un inquisiteur d'estimer les intérêts de l'Ordre des dévots au Dieu des Songes sans s'y inclure au sommet de la petite pyramide.

Les inquisiteurs faisaient des pronostics ; ils passaient leur vie à calculer quand et comment viendrait le jour où ils deviendraient Maître de cérémonie ou, pire encore, Grand Maître Suprême de cérémonie, ou Cémoil'chef, ou juste Cémoi, ou n'importe quoi d'autre selon l'idée que tout un chacun se fait du nom que doit porter le mec-qui-peut-s'asseoir-à-côté-de-Dieu et commander des armées de fidèle.
C'est pour ça qu'on jouait beaucoup au poker dans l'Inquisition. En plus de faire gagner quelques biens en acier sonnant et trébuchant, ça permettait d'entraîner la logique, le décompte des chiffres et la vilenie ; ça permettait aussi de savoir qui avait le service trois pièces dans sa manche, comme qui dirait, et qui n'hésitait pas à s'en servir.

C'est pour ça qu'on désignait l'Exquisiteur sur un lancé de dé : ça pouvait être n'importe qui, alors, et personne ne le savait jamais. Ça pouvait être celui qui n'avait jamais gagné au poker ou celui qui jouissait toujours d'une chance incroyable ; il n'y avait pas besoin d'être fin stratège ou de savoir compter pour devenir Exquisiteur : ça pouvait être tout le monde et n'importe qui.
Parce que tout le monde et n'importe qui était capable de truquer des dès.
Sauf Leevo. « Parce qu'il ne sait pas ce que ça veut dire », oui, mais aussi et surtout parce que c'était lui qui était mis en cause, c'était lui qu'on jugeait et qu'on condamnerait, alors il ne pouvait pas être l'Exquisiteur.
C'était une certitude.
Il savait au moins ça ; et il se disait qu'il n'avait vraiment rien à craindre : les deux seuls inquisiteurs assez vils pour être capables de le mettre en danger étaient, pour l'un, six pieds sous terre ou dans une urne et, pour l'autre, accroché au même mur que lui.
Les autres, ceux qui restaient, Fablechor, Végence, Ronbel et Ramkin, Malveigne n'avaient jamais fait montre d'un comportement susceptible de laisser entendre qu'un jour il serait bien possible qu'ils lui posent des problèmes. Ils paraissaient moins faire acte de foi que de présence et leurs plus grandes ambitions n'avaient jamais été que de toujours se trouver du bon côté des barreaux.

Rien n'était moins vrai ; Leevo partait de ce postulat-là et, incapable de s'imaginer qu'il puisse en être autrement dans la tête de ces gens, ne pouvait pas croire que sa fin serait différente de celle qu'il avait programmé.
Personne ne pourrait le savoir, de toute façon, car personne ne connaissait l'identité de l'Exquisiteur ; l'Exquisiteur lui-même ne la connaissait plus et, comme personne non plus ne pouvait prédire l'avenir, on n'en saurait rien jusqu'à ce qu'il arrive.
D'ici-là, chacun pouvait se le concevoir comme il voulait.


- Lorsque vous aurez vôtre siège dans la calèche de vôtre pitoyable fin de vie, dit l'ex-inqusiteur Carol fou, de l'autre côté du halo de lumière, d'une voix de serpents s'ils avaient été doués de parole, nous pourrons reparler du bon vieux temps. Nous pourrons discuter de tout ce que vous avez raté. Ha. Ha.

Leevo jeta un œil dans sa direction. Le peu de chose qu'il voyait de lui lui faisait penser à une flaque organique au contenu douteux, ce qui avait l'avantage de bien rappeler la mentalité de Carol fou, au cas où on l'oublierait.

- Nous pourrons prévoir des choses qui ne se passeront jamais. Je pourrai souligner encore et encore à quel point vous êtes idiot d'avoir cru pouvoir vivre sans maître. Ha. Ha.

Une goutte de cire s'écrasa au milieu de la tête de l'elfe, lui brûlant le cuir chevelu, quoique bien moins violemment que les paroles de Carol fou.
Leevo ne comptait pas répondre à ces digressions qui ne faisaient que lui confirmer les effets de la magie sur les gens : Carol fou était fou tout en restant lui-même, pas besoin de l'encourager davantage.
Mais à ça s'ajoutait la mésentente tacite qui régnait entre les maisons Carol et Shellhorn depuis toujours, que Leevo n'avait jamais comprise ni même cherché à comprendre. Pour tout dire, il en avait seulement hérité le concept et les conséquences et s'en était accommodé sans mal.
Il s'en était même très bien accommodé après que Carol ait tenté quelques insanités à son encontre(*).

Le silence s'imposa donc de nouveau autour du halo de lumière. Il était tellement pesant qu'on pouvait entendre la cire s'étaler dans les cheveux de Leevo et faire crépiter ses racines.
Elles commençaient d'ailleurs à le démanger.
Il ne pouvait cependant pas s'y soustraire ; tout avait été prévu pour qu'il endure le temps de toute les façons possibles, si bien que s'il lui prenait l'envie de tendre le cou pour frotter le sommet de son crâne au mur rugueux derrière lui, la cire lui coulerait sur le nez et les yeux.
Il le savait très bien et essayait, alors, de river ses pensées sur autre chose. Sur l'obscurité ambiante, par exemple, ou sur le coin du fond tout aussi obscur, pourquoi pas ? ou bien encore sur le sac qu'on avait balancé à ses pieds et qui se mettait, semble-t-il, soudainement à remuer.
Une voix étouffée en sortit bientôt.
Voilà ce qu'elle dit :

- Pssst !

Leevo, tout comme Carol fou, fronça les sourcils.

- Ile... il y a... quele... què... quèqu'un ?

Leevo et Carol fou prirent un air méfiant.
Et puis Carol fou éclata de rire avant de s'étouffer :


- Qui est cet énième imbécile ?! Ha. Ha.

- Ne dites rien, murmura Leevo, à personne en particulier puisque personne en particulier ne l'écouterait.

- Je dis ce que je veux, mon pauvre ! Quinte de toux. A en juger par la voix, par la teneur du vocabulaire et la... quinte, quinte, prégnance de l'odeur... je dirai... que c'est... quinte, quinte, l'inquisiteur débile, messire Ronbel ! ...

- Ile-...

- ... Quoique... reprit Carol fou, jetant un regard en biais à l'elfe qui gardait silence et méfiance, vous n'avez jamais rien fais avec lui, je présume ? ...

- Taisez-vous, insista Leevo.

- ... pare-...

-... C'est celui qui se promène toujours avec son cerveau dans un bocal, vous savez ? L'imbécile heureux, il vous ressemble beaucoup. Un brave homme, ma foi, mais qui n'a foutrement rien à foutre dans l'inquisition, comme vous ! Qu'est-ce que je disais, n'est-ce pas ? Vous avez beaucoup de p-...

- … Ilesse m'ont fait... boue... areuh... rez... mangerez... plusse que... je... ha...

Un espèce de ronflement se produisit, parvenant à couper jusqu'à la chique de l'impétueux Carol fou.
L'odeur forte que dégageait le sac se fit plus forte encore, laissant deviner aux deux prisonniers qu'il y avait un nouveau trésor peu appétissant à l'intérieur de la toile.


- Vous êtes dégueulasses, tous autant que vous êtes, reprit Carol fou. Ça va mieux ?

- Ou-ui, merci. Où suis-je ? Il fait noir.

- Dans un sac, mon vieux. Mais n'en sortez pas la tête, il ne fait pas plus jour ici. (…)

S'en suivit une discussion à laquelle Leevo s'intéressa peu.
Il était concentré sur le tas informe devant lui, duquel il était incapable de reconnaître la voix et qui se prêta au jeu des devinettes que lui proposa Carol fou et qui consista, en gros, à deviner où il était.
Lui voulait savoir qui il était.

L'Exquisiteur l'avait vivement encouragé à s'informer de ce que le contenu de cette toile avait pu lâcher à son sujet, ce qu'il ne comptait pas faire.
L'Exquisiteur l'y avait un peu trop encouragé ; engager le discours, alors, relevait de l'auto-condamnation. Ce sac pouvait contenir n'importe qui et n'importe qui était capable de dire n'importe quoi. Il suffisait qu'il demande, par exemple : « Hum. Qui vous êtes ? » pour que sa question, s'il s'agissait d'un traquenard, lui coûte la liberté. Il suffisait qu'il aille dans le sens du bourreau pour qu'il lui coupe la tête.

Alors, plutôt que de faire quelque-chose de stupide, il garderait le silence, il attendrait que les informations lui viennent d'elles-mêmes ou ne lui viennent pas.
Il n'en avait pas réellement besoin, de toute façon : il connaissait déjà tout du système.
Il savait que ce sac, en plus de contenir un individu, était un stratagème vicieux qui contenait une surprise ; et ce n'était qu'en plongeant la main dedans qu'on pouvait savoir si c'était la bonne ou la mauvaise.
Il ne le ferait pas ; il attendrait sagement que les Choses le fassent.

Il jeta un regard à Carol fou qui s'amusait visiblement bien avec sa nouvelle victime.
S'il avait pu croire au début qu'on l'avait placé dans cette cellule par manque de place, ou tout simplement parce qu'il s'agissait de la cellule du Septième Jour, il commençait à se dire que la présence de l'ex-inquisiteur n'était pas fortuite.
Peut-être qu'il faisait lui aussi partie du système.
Peut-être qu'à force de se dire qu'il savait tout, il ne savait rien.
Peut-être que ça n'était pas Carol fou.
Peut-être que c'était avec lui que l'Exquisiteur voulait qu'il parle et peut-être bien qu'il en avait déjà trop dit.
Peut-être même que...

Non, il fallait qu'il arrête de penser ; ça aussi, c'était quelque-chose que l'Exquisiteur voulait lui faire faire : penser, penser tellement qu'il faudrait au bout d'un moment qu'il parle.
Il ne parlerait pas, il ne dirait rien.
Les Choses se passeraient comme il les avait programmé, il le fallait. On l'attendait ailleurs et il ne pouvait en être autrement.
Il avait déjà tout prévu, et tout ce n'était pas rien, n'est-ce pas ? Ce n'était pas comme s'il ne savait pas ce qu'il faisait, hein ? Il le savait.
Oui, il le savait. Il ne fallait pas qu'il oublie, c'est tout.

Il ferma les yeux et baissa la tête. Il fallait qu'il se coupe du monde qui l'entourait, qu'il fasse une espèce d'introspection ou n'importe quoi qui lui permettrait de ne pas gâcher ses plans car, finalement, le pire ennemi dans les Sept Jours, ce n'était pas l'Exquisiteur ni ses manèges : c'était les sept jours.
On oublie vite ces choses-là lorsqu'une chandelle se consume au-dessus de nôtre tête.
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