Comme si la faiblesse des humains n'était pas déjà assez démontrable.

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Je n'avais fait que marcher, marcher.
Marcher.
Je savais que mes jambes ne s'épuisaient jamais, que je ne m'épuisais jamais. Je n'ai jamais compris l'utilité que les humains trouvaient à dormir...
Je soupirai.
Cela ne faisait que les rendre encore plus faible qu'ils ne l'étaient déjà.
Dormir.
Le fonctionnement de ce concept me laissait perplexe. Qu'es-ce que cela faisait lorsqu'ils dormaient? Es-ce que c'était la même sensation que lorsqu'ils mouraient? Es-ce toute leur âme et leur pourvoir concentré sur la réparation de leur corps et leur esprit qui les rendait si vulnérable? Si absent de la réalité au point de passer pour de faibles gibiers attendant la mort imminente?
Cela m’intriguait.
Cela m'intriguait tellement que cela me donnait presque envie de dormir une fois, juste pour essayer.
Presque.
Je n'étais pas fou a ce point.

J'avais quitté Venill il y avait quelque jour de cela, après avoir constaté à quel point la société humaine était ridicule, superficielle, factice, et hypocrite... Après être sortit sans remords de ces ruelles sombres, je me suis enfoncé dans les collines de verdure que me tendaient les bras.
Et j'y ai marché.
Encore.
Feleth n'était pas si différant du Vein. Là où dans mon monde tout est Noir, ici, tout est gris. Ni Blanc, ni Noir. Gris.
La rencontre de ces deux éléments pour n'en donner plus qu'un
Le Noir est pur, le Blanc est fourbe, le Gris est laid. En ces terres, il y a un peu de tout cela. Le chasseur de prime est pur, le rebelle est fourbe, et l'humain est laid.
Ces collines était grise, laide, monotone, autant que les humains qu'elle a côtoyée toute son existence.

Je ruminais ces pensés alors que je montais le dernier monticule de terre, celui qui me séparait du surprenant panorama que je découvris quelque minute plus tard.
Sur le flan d'une excroissance naturelle qui semblait être, de part sa taille, a mi-chemin entre une montagne et une collines comme celle qui parsemait cette plaine, les ruine délabré d'une ancienne cité se tenait là, adossé a la falaise rocheuse aussi surement qu'un roi sur son trône. Des grandes arches de pierre, squelette de ce qui devait être autrefois de monumentaux bâtiments, se dressaient vers le ciel, défiant les nuages d'écraser leur grandeur.
Je poussai un léger sifflement, presque admiratif. Il n'y avait pas ce genre de construction dans le Vein, il n'y avait pas même la moindre construction, aussi celle-ci avait bien le droit de m'impressionner un petit peu.
Un petit sourire au lèvre, je continuai à avancer.

Ce ne fut que lorsque j'eus dépassé la grande porte de pierre à la hauteur des rempart qui marquait l'entrée de la ville, que je sentis leur présence. Embusqué dernière des décombres, ils étaient un peu plus d'une dizaine, lorsqu'ils surgirent parfaitement ordonné de manière à m'encercler et à me couper toute retraite. Ils brandissaient une lance, une vieille masse rouillé qu'il déplaçait en la traînant par terre, un sabre tellement émoussé qu'il couperait a peine du beurre. Les plus chanceux avaient une plaque de toile en guise de bouclier.
Un sourire déforma mon visage. Ces pauvres âmes n'avaient même pas conscience que le mauvais sort les avait rattrapé.
Ils auraient pu coincer un marchant itinérant, une jolie fille d'une riche famille, peut-être même un noble aventureux, des tas de gens louables aux poches bien remplies qu'ils auraient dépouillé puis tué, dans la joie et la bonne humeur.
Mais ils sont tombé sur moi, onze âme charitable qui venaient de m'être livré, prête a l’exécution, à être sacrifié à moi et à mon goût pour la mort.
J'ouvrai mon long manteau noir, et dépliai avec délectation ma seconde paire de membre supérieur trop longtemps ankylosé, immobile sous le tissu opaque. Mon coude craqua, rapidement suivit de presque chacune de mes articulations des bras que je venais de révéler.
Je dégainai lentement chacune de mes armes, une épées vint se loger dans chaque main du bas, tandis que celle du haut, habituées au charge plus lourde, endossèrent la hache pour l'une, et la masse pour l'autre.
Parmi ces armes de guerres, aucune n'était faite pour couper du blé, et cela se voyait.
Une fois remit de l'étonnement qui était venu en découvrant ma condition de non humain, quelque rictus hésitant, voire apeuré se dessinèrent sur les visages. "Cette chose ne voulait pas sérieusement les attaquer, elle en un contre onze, dans une position stratégiquement défavorable?"
Un lueur dure s'était installée dans mes yeux glacé.
Certain reculèrent d'un pas, d'autre, les plus intrépides, assurés de leur victoire par leur nombre, foncèrent. Galvanisé par leur courage, ceux qui étaient resté en arrière les imitèrent.

La mêlée commença, impitoyable.
Un mur d'acier tout en mouvement me protégeait, impénétrable, les piètres attaques qu'ils tentèrent virent se briser sur l'une de mes lames, avant que la riposte ne frappe, foudroyante, d'un éclat de blancheur traîtresse, ôtant une vie.
La technique était implacable, brutale, et mortellement efficace.
En quelque minute de lutte sanglante, il ne restait plus que deux intrépides.
Ma masse s'abattit d'un mouvement imparable par la force du geste, le cadavre d'homme s'écroula, le crane enfoncé. Le dernier survivant, concevant l'inconcevable, me jeta un dernier coup d'oeil totalement terrorisé, et se mit a courir, de toute ses forces.
D'un geste a mi-chemin entre un lancer de poids et de javelot, ma hache s'envola.
Ce n'était pas une arme de lancer, loin de là, c'était une arme de guerre, lourde, qui nécessiterait presque les deux main d'un humain pour pouvoir la porter. Pourtant le tir frôlait la perfection. Après avoir tournoyé quelque seconde dans les airs, la hache s’emboîta dans la colonne vertébrale du fuyard avec un claquement sec, et celui ci s'écroula, raid mort.
J'allai chercher mon arme, et m’apprêtai a rengainer pour poursuivre tranquillement l'exploration de ces ruines, lorsque mon sixième sens m’interpella, j'étais épié.
Je raffermis ma pris sur mes épées, et continuai, haussant les épaules.
Il suffisait d'être sur ses gardes, voila tout. Si l'individu cherchait le sang et la mort, il n'aurait qu'à venir le chercher.

Œil Noir ________________ ________________

Précédemment

Awena avait indiqué la direction à suivre à Uridan, en espérant que l'Éclaireur joue aussi le jeu. Après tout, ils étaient un peu comme chien et chat tous les deux. Elle le regarda partir, disparaître au loin puis attendit un long moment le regard perdu à l'horizon avant de se décider à bouger.

Elle rangea les différents instruments et nettoya l'autel servant au rituel du sang, histoire de laisser les lieux propres pour un futur initié. Elle parcourut rapidement le parchemin contenant la liste des talents potentiels et soupira. Elle avait avancé, c'est vrai, mais ils restaient encore tellement de personnes à rencontrer et à convaincre. En serait-elle capable ? Il faudrait qu'elle pense à faire évoluer certains adeptes, à leur offrir des postes ayant certaines responsabilités afin de se concentrer sur ses missions principales, oui, elle y réfléchirait. En attendant, elle avait besoin de repos, après tout dormir sur une tombe n'était jamais bien agréable. Elle prit son sac, enfourna le parchemin dedans et mit sa capuche sur sa tête. Heureusement que sa tenue était essentiellement de couleur noire, sinon, n'importe qui aurait repéré toutes ces tâches de sang… pourquoi ce démon avait-il eu l'idée de disloquer l'esclave devant elle ? Comment allait-elle pouvoir retirer toutes ses tâches d'ailleurs ? Sa tenue était sans doute foutue.

Alors qu'elle traversait les ruines pour rejoindre le chemin menant aux plateaux de la lune, elle entendit des bruits ou plutôt des voix. Elle grimpa silencieusement sur un bloc de pierre puis sur une ancienne colonne et s'accroupit sur ce poste d'observation improvisé. En contrebas à quelques mètres, se trouvaient un attroupement d'individus plutôt louches. Des bandits ! Awena avait presque envie de grogner et de leur sauter dessus afin de les égorger, ces bandits salissaient ses ruines, les souillaient ! Et si par malheur, ils venaient à s'en prendre à certains de ces adeptes… Grrr ! Malheureusement, elle était seule, elle n'était pas en mesure d'affronter une dizaine de personnes toute seule, certes elle avait repris l'entrainement au combat afin de battre certains démons communs, mais elle n'était pas encore assez forte.

Elle ne savait pas quoi faire, elle était là haut perchée, à regarder des proies qui n'en était pas vraiment. Un autre bruit se fit entendre, Awena essaya de voir d'où ça venait, les individus s'armèrent, ce n'était donc pas l'un des leurs. Elle espérait de tout cœur que ce ne soit pas un de ses disciples. Elle plissa ses yeux afin d'essayer de voir le plus loin possible. A voir, c'était un homme. Il semblait se promener dans les ruines. Quel inconscient ! N'avait-il jamais entendu les rumeurs ? Pourtant Awena avait passé pas mal de temps à faire circuler toutes sortes d'informations dans les tavernes, histoire d'apeurer un peu tous ses braves gens et les tenir à l'écart des lieux d'initiations de l'Arcane XIII.

Awena bougea légèrement afin d'observer ce qu'il allait se passer. Elle avait une arbalète dans son sac, elle pourrait venir en aide à ce visiteur mais à contrario elle serait repérée et risquerait aussi de mourir. Après tout, depuis quand se souciait-elle des autres ? Elle ne connaissait pas cet étranger et elle n'avait que faire de sa pauvre vie.
Elle décida donc de rester silencieuse et d'attendre patiemment avant de reprendre son chemin.

Mais tout ne se passa pas comme elle se l'était imaginé. D'une le visiteur n'était pas un simple humain mais un démon à quatre bras ? De deux, il ne semblait guère amical et sortit ses armes. Et de trois, il finit par prendre le dessus sur le groupe de bandits et s'en débarrassa comme d'une vulgaire miette de pain qui tombe sur un vêtement.
Awena regarda le combat avec grand intérêt, un nouveau talent, une nouvelle force, mais voudrait-il rejoindre leur groupuscule ?

A la fin du combat, Awena hésitait sur l'approche qu'elle devait engager avec lui. Il semblait savoir qu'il avait encore quelqu'un, il semblait attentif au moindre bruit. Awena s'assit sur sa colonne, laissant ses jambes balancer dans le vide.
Puis elle se mit à applaudir, elle regarda le visiteur et quand celui-ci la localisa plus que rapidement elle cessa d'applaudir.

« - Bravo, bravo, quel magnifique spectacle. Vous êtes très talentueux très cher ?

Awena le regarda un instant et se laissa glisser le long des différents vestiges afin de se trouver au même niveau que lui. Elle s'avança un peu mais garda cependant une distance.

« - Bienvenue aux ruines d'Ascelnoth, vestige de l'ancienne gloire de la race humaine. C'est beau n'est-ce pas ? Vous n'avez pas ça dans le Vein hein ? C'est de là bas que vous arrivez n'est-ce-pas ?

Awena s'apprêtait à poser une question qui lui brûla les lèvres mais se contenta d'attendre une réaction après tout, il n'avait peut-être pas envie de discuter. Elle regarda les corps des bandits et se dit qu'elle n'avait pas du tout envie de finir sa vie de la sorte. Elle leva à nouveau ses yeux verts émeraudes vers lui et attendit en silence une réponse de sa part.

La Suite : initiation du disciple Uridan dernière épreuve