C'est juste un gros lézard. [PRIVE]

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Au bout d'une épuisante journée de marche supplémentaire, ils étaient enfin arrivés au village ! Enfin, un village … Le terme hameau de retraite en ruine pour vieux dont la vie est finie mais qu'elle continue quand même serait plus approprié. D'ailleurs, la première impression qu'ils eurent en pénétrant l'endroit était qu'ils n'étaient certainement pas les bienvenus, ici, on n'aimait pas les étrangers. Une impression qui se confirma quand l'un des passants leur demanda de partir.

- Écoute vieillard. Nous sommes exténués, blessés et affamés ! Dis-nous où nous pourrons trouver de quoi nous soigner et de quoi manger et on s'en ira aussi vite !
- Je ne veux pas le savoir, on aime pas les étrangers ici, ce sont des fouteurs de merde, surtout quand ils s'habillent avec des jupes !
- Déjà, on ne porte pas de jupes et ensuite ...
- Bah si un peu quand même !
- ... Et ensuite on est pas venu pour faire des problèmes, on est que de passage, tu comprends ça ou pas ?
- Je veux bien comprendre que vous êtes uniquement de passage, mais pourquoi par notre village ?! C'est le trou du cul de monde !
- Parce que c'était le seul qui était sur notre route et aussi parce qu'il y a un dispensaire ici.
- J'ai votre parole que vous partirez juste après ?
- Vous l'avez !
- Bon ... Dans ce cas, suivez-moi.

Leur guide de fortune les amena donc devant le fameux dispensaire qui n'était en réalité qu'un établissement en ruines tenu par une âme encore plus vieille que la pierre elle-même. Une femme en apparence bien qu'il était difficile de se prononcer sur la question. Elle n'était pas très bavarde et assez malentendante mais, les soins qu'elles leur prodigua en échange d'une certaine sommes étaient à la hauteur et ils furent bien vite remis. Il se rendirent ensuite chez à la minuscule auberge du village, toujours accompagnés par ce même homme, où ils dépensèrent leurs derniers sous pour acheter de quoi calmer leur faim, même si le goût et la fraîcheur n'étaient pas au rendez-vous. En fin de compte, ce village était assez malsain de part son atmosphère et les gens qui y habitaient. Même s'ils étaient tous vieux et faibles, l'idée que la magie noire habite ces lieux leur effleura l'esprit et ils s'en allèrent sans même demander leurs restes.

Il leur restait encore pas mal de chemin à faire avant d'atteindre les hauteurs mais, le trajet devenait un peu plus facile même si dans le fond, il restait tout aussi dangereux. La route fut longue et parsemé d’embûches, les journée froides et les nuits glaciales mais heureusement, ils disposaient de bien plus de ressources dans ces contrées qu'un plein désert ! Et puis au moins, il n'y avait pas de scorpions et de moustiques avec une température aussi basse. Bien évidemment, les disputes ne cessaient pas mais, cette fois-ci, un certain Riri était au centre de la discorde, il était donc inutile de préciser que les propos tenus relever de la plus grande des débilités mentales.

Le village des hauteurs était finalement à vue mais, la veille, Marcius avait révisé le plan. En fait, il avait remarqué un haut plateau dans les alentours de ce dernier et, intrigué, il avait fait un détour pour aller y jeter un coup d'oeil. Sur place, il avait pu remarquer que la place était de profondes entailles et qu'il y avait deux poteaux de bois ensanglantés. Ce n'était pas compliqué de comprendre que les offrandes avaient lieu ici. De ce fait, il était inutile de se faire passer pour des religieux, il suffisait de se cacher et d'attendre que le dragon se pose pour intervenir. L'effet de surprise permettrait de gagner aisément son dos et par conséquent, de le tuer plus vite. Maintenant, il y avait un gros risque parce qui se la théorie échouait, le gros lézard n'aurait aucun problème pour se débarrasser d'eux, pire même, il pourrait s'énerver et s'en prendre au village tout entier ! Il ne fallait surtout pas se rater.

Ils s'étaient donc installés en contrebas du plateau. Le matin, ils n'auraient qu'à le gravir et se cacher dans la face parallèle à la lumière du soleil, de ce fait façon, l'ombre les dissimulerai et le dragon ne les verrait pas, pas plus que les fanatiques.

- Le dénouement arrive à grand pas.
- Ouais !
- Tu te souviendras du plan Romulus ?
- Ouais !
- Et pas de conneries surtout !
- Ouais !
- ... Tu m'écoutes au moins quand je te parle Romulus ?
- Non !
- Connard.
- Ouais !
- T'es prévenu en tous cas ! Tu viendras pas te plaindre.
- Ouais !

C'était peut-être la dernière fois qu'ils s'endormaient mais, en avaient-ils conscience ? Ça, ce n'était pas sûr ...

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La nuit fut courte et ils avaient eux les plus grandes difficultés à s'endormir. Non, il n'y avait pas de danger dans l'immédiat mais, l'idée d'avoir à affronter un dragon les angoissait grandement et forcément, dans l'impossibilité de rester calme, le sommeil se faisait difficile. Lorsque le soleil se leva, c'était la peur au ventre qu'ils en firent de même. La cérémonie devait avoir lieu vers la fin de la matinée, ils étaient en avance et ils avaient donc encore le temps de gravir la façade. Mais, ce n'était pas une raison pour prendre des risques inutiles et aussi se dépêchèrent-ils de se mettre en position, ils n'étaient pas à l'abris d'une possible avance de la cérémonie. De là où ils étaient, c'est-à-dire derrière les poteaux de bois, ils pouvaient voir discrètement tout le plateau. Armés, ils attendaient maintenant le bon moment.

- Ça va être long tu penses ?
- J'en sais rien et ferme ta gueule. Il ne faut pas qu'on se fasse repérer et il faut aussi rester concentré !
- Oui mais bon ... Je fais comment pour savoir quand il faut intervenir ?
- Bah je te le dirais !
- Oui mais, tu fais comment toi pour savoir ?
- Je sais, c'est tout !
- Ou alors tu veux juste pas m'expliquer !
- Ta gueule merde !
- Non pas ma gueule justement ! Je commence à en avoir marre que tu te la pètes devant moi ! Tu te prends pour qui au juste ?!
- Mais commence pas à me faire chier ! Tu ne vois pas que c'est vraiment pas le moment ?!
- Il y a personne là donc oui, c'est le moment ! Je peux savoir pourquoi tu te crois supérieur à moi ? C'est parce que je suis chauve c'est ça ?!
- Mais qu'est-ce que tu vas encore chercher Romulus ? C'est juste parce que t'es un gros con ! Voilà pourquoi ! Heureux ?!
- Parce que je suis un gros con ? Ah bah très bien ! Je vais être intelligent alors, tu l'affronteras sans moi ton dragon et t'iras te suicider tout seul !
- Hey ! Tu vas pas me lâcher maintenant ?! Tu te crois où là ?! Reviens ici !
- Va te faire foutre !
- Mais arrête connard ! T'es en train de tout plomber !
- Je plombe les choses si je veux !
- Bon okay okay, attend ! J'ai peut-être exagéré les choses !
- ... C'est-à-dire ?
- Bah, t'es pas ... T'es pas con quoi, c'est juste que t'as une autre façon de voir les choses.
- Mais encore ?
- Pi bon, c'est vrai que je me la pète un peu mais, je devrais pas en fait parce qu'il n'y a aucune raison.
- Et ?
- Et je suis désolé, voilà !
- Oui mais quoi d'autre ?
- Quoi quoi d'autre ?! C'est déjà pas assez ?!
- Non !
- Bah va te faire foutre alors !
- Je savais que ce n'était pas sincère !
- Et bah voilà ! C'est bien ! Pour une fois t'es pas con sans alerte !
- Enculé !
- Ah ta gueule ta gueule ! Ils arrivent !

Effectivement, les petite troupes de villageois était audible. On pouvait les entendre psalmodier en coeur et l'intensité du son se faisait de plus en plus grande. Mais, au milieu de ce chant, on pouvait aussi entendre une voix s'exclamer et à en juger par ce qu'elle disait, il ne devait s'agir que de celle qui serait offerte au dragon. Elle n'était visiblement pas d'accord pour subir un tel sort mais, on ne lui avait pas laissé le choix à ce que Marcius pouvait comprendre.

- Et merde ...

Soupira Danuvius alors que Romulus le rejoignait. Cachés, ils virent finalement les fanatiques rejoindre la place et installer de force la prisonnière sur les poteaux. Une jeune fille qui devait tout juste être sortie de l'adolescence, elle n'était pas particulièrement belle mais, elle pleurait beaucoup. L'un des hommes présents se plaça au centre du plateau et tourna le dos à la jeune fille pour faire face à la foule après quoi il entama un discours, ou plutôt, une propagande orale au sujet du caractère divin du dragon, de l'importance du sacrifice et de la bienfaisance que cela apporterait à toute la communauté ... Quelle débilité.

Lucius et Brutus étaient, aux aguets, et ils avaient tout entendu. Le prêtre se tourna finalement et on lui ramena un grand flambeau qu'il planta dans le sol. Il alluma ensuite son contenu tout en incantant alors que le reste de la foule était silencieuse. Une petite dizaine de minutes après, les deux hommes entendirent un hurlement au dessus de leurs têtes et, levant instinctivement le regard, ils virent que la dragon volait haut dans le ciel, en dessinant des cercle de plus en plus étroits. Il allait bientôt se poser sur le plateau mais, ce n'était pas encore le moment d'agir. Seulement, Marcius ne l'entendait pas de cette oreille et Romulus le voyait bien.

- Toi je sens que tu vas encore faire ta tantouze !
- Ta gueule.
- Je te vois venir ! Essais pas de jouer les héros ! Tu pourrais jamais en avoir une plus grosse que celle du dragon ! Tu risque de tout faire capoter !
- On ne peut pas laisser faire ça !
- Si on peut justement, il suffit de rester là à attendre.
- Je ne suis pas de cet avis. Suis-moi.

Dit-il en se levant de sa cachette. Romulus tenta bien de l'en dissuader mais, trop tard, il s'était déjà approché des poteaux. Le prêtre s'étant retourné vers la foule qui était elle-même en contre-bas, il ne l'avait pas remarqué. Au moment où il fut à une distance suffisante, il plaça sa main sur la bouche de la jeune promise et lui insurgea de se taire. Il prit ensuite sa dague et coupa les sangles qui la retenait. Libre, il l'emmena à l'ombre mais, le prêtre se retourna à cet instant et, surpris, il ne réalisa pas tout de suite ce qu'il était en train de se passer. Ce ne fut que lorsque le gros lézard hurla de nouveau tout en précipitant sa manœuvre qu'il comprit que la situation était très grave.

- Gardes ! Arrêtez ceux deux hommes !

S'écria-t-il suite à quoi quatre bonhommes armés comme des jardiniers vinrent sur la place. Laissant la jeune femme s'enfuir, ils tout les deux leur glaives et entamèrent le combat. Ce ne fut pas bien difficile pour eux car le niveau de leurs adversaires était ridiculement mauvais. Le chef du groupe, voyant le résultat, se décida donc à agir lui-même. Il incanta de nouveau et ses main s'entourèrent de flammes. Les deux hoplites placèrent leurs boucliers en avant mais, il n'eut pas le temps de les frapper que le dragon se posa brutalement sur le plateau, très en colère ! Il chercha son offrande du nez, dans un premier temps, et voyant que les poteaux étaient vide, il se détourna des romains pour s'en prendre au prêtre qu'il croqua aussi sec.

- Mon dieu !

S'exclama Marcius. La foule prit peur et le chaos s'empara d'elle. Ils fuirent tous aussi vite qu'ils le pouvaient mais, le lézard cracha son feu sur eux, les carbonisant presque instantanément.

- Bordel de merde ! On fait quoi maintenant mônsieur la couille semi-molle ?
- ... On fuit ?
- Bonne idée !

Romulus plaça son bouclier au sol et les deux hommes se mirent aussitôt dessus. Brutus s'assit et s'accrocha aux poignets et Marcius resta debout tout en s’agrippant à Caius. Il donna ensuite en coup de pied sur le sol pour entraîner le bouclier, ce dernier glissa jusqu'à la façade et prit aussitôt de la vitesse. Messire dragon fut surpris mais, il ne lâcha pas l'affaire et reprit les airs. Ils dévalaient la pente à toute vitesse et son irrégularité ne leur facilitait pas la chose ! Le bouclier n'arrêtaient pas de sauter et de dévier, Brutus avait du mal à tenir le cap. Marcius quand à lui avait un tout autre problème, outre l'équilibre difficile, il devait utiliser son propre bouclier pour parer les crachats du dragon qui les poursuivait. Une tâche ardue mais qui était à la hauteur de ses compétences. Le problème étant que le plateau n'était pas si haut que ça et qu'ils atteignirent bientôt ... Le canyon. Parfaitement, la montagne était à une très très haute altitude et le plateau n'était qu'une protubérance de cette dernière. Elle était coupée en deux par un profond précipice où s'écoulait un puissant fleuve qui se déversait quelques mille mètre plus bas, sous la forme d'une impressionnante cascade.

- Freine ! Mais freine bordel !

Hurla Romulus à Marcius. Ce dernier planta alors sa lance au sol mais, cette dernière se cassa presque aussitôt. Le dragon s'esquiva alors et disparu sans même que l’hoplite s'en aperçoivent. C'était inévitable, les deux mercenaires finirent leur course dans le vide ! Seulement, alors qu'ils pensaient chuter, le lézard revint à la charge en remontant brutalement précipice, le gueule ouverte ! Les deux hommes hurlèrent de toutes leurs forces mais, heureusement pour eux, le bouclier de Romulus fut le premier à être ingurgité, résultat, il bloqua la mâchoire du monstre qui ce dernier, surprit, remua la tête pour s'en débarrasser. Marcius s'écrasa sur son nez et, plantant sa glaive dans le cuir du dragon, il lui fit une entaille sur la peau du crâne longue de plus d'un mètre avant de se stabiliser. Romulus quant à lui n'eut pas cette chance mais se rattrapa au denier moment en s'accrochant à la queue du lézard.

Furieux, ce dernier se tordit d'abord dans tous les sens, enchaînant les acrobatie aériennes à grande vitesse. Mais bien que Marcius ne lâcha pas prise, l'entaille ne fit que s’agrandir jusqu'à en arriver à la peau du dos, ce qui faisait grandement souffrir la bestiole malgré que la plaie n'était que très superficielle. Romulus essayait de remonter mais, alors que ce dernier lever sa main pour avancer, le dragon fit un demi-tour très serré et balança sa queue en même temps, propulsant Brutus au loin avec une puissance phénoménale.

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ...

Sa voix s'étouffait au loin. Romulus voyait le sol, ou plutôt le fleuve, défiler sous ses yeux à vitesse grand V et alors qu'à un moment il pensait être en train de voler, il entama le gros de la descente, voyant sa vitesse ralentir à mesure qu'il se rapprochait du sol.

- Wowowowowowowowowowouuuuaaaaaaaaah !

S'écria-t-il avant de heurter la surface l'eau et de sentir tous ses os se fracturer en même temps. La suite ne fut pas meilleure, à peine eut-il remonter à la surface que le courant l’entraîna jusqu'à la cascade. Il dégringola et se cogna contre plusieurs rocher avant d'être de nouveau emporté par le courant. Cette fois-ci l'eau n'était pas très profonde mais le courant était encore trop fort. Elle le projeta contre divers rocher, se cognant alors les orteils, les doigts, la tête ou même le ventre à plusieurs reprises. Il se prit parfois même des coup de branches, lorsqu'il essayait en vain de s’accrocher à elle. Ses pièces d'armures l'avaient protégés de quelques collisions mais elles étaient désormais bonne pour la poubelle ! Finalement, il y eut une deuxième chute d'eau, plus petite que la précédente mais qui lui fut fatale puis qu'il se noya. Le courant l’entraîna quand même jusqu'à une rive où il s'échoua, sans vie. Romulus était mort en jouant au con, quelque part, ça devait arriver.

Pour Marcius, les choses n'étaient pas meilleures. Le dragon s'était mis en tête de le broyer contre la paroi du canyon en frottant son dos contre ce dernier. Danuvius avait placé son bouclier sur son dos pour éviter de finir en miettes mais, le bronze s'écorchait et bientôt ce dernier ne pourrait plus le protéger. La situation était critique, il fallait qu'il vienne à bout de l'animal et vite ! Il avait remarqué que sa peau était beaucoup plus tendre au niveau de sa tête. S'il parvenait à lui donner un bon coup de glaive dans une cervicale, la mort serait presque instantanée. Remontant péniblement le dos de l'animal avec l'aide de son gladius et de sa dague, il résista aux manoeuvre du dragon et finit par atteindre le point désiré. Mais, quand il s'apprêta à lui enfoncer la lame dans le haut de sa nuque, le lézard cracheur de feu se retourna sur lui-même et la malheureuse dague de l'hoplite qui représentait à ce moment sa seule accroche se résista pas et s'extirpa de la chair de l'animal.

Danuvius chuta ... Mais ça n'en était pas encore finit pour lui. Le reptile piqua du nez et, ouvrant la gueule, il avala l'homme en pleine chute ! Enfin, il l'avala presque car Marcius se retint à sa luette. Cela ne plaisait guère et à en juger par les mouvement brusques de tête et de langue, il allait peut-être le recracher. Lucius ne perdit pas de plus de temps et saisit sa seule chance de s'en sortir. Il enfonça sa glaive plus la longueur de son bras au travers du pharynx de l'animal jusqu'à transpercer le cerveau de l'animal, qui surement à cause de la douleur, hurla jusqu'à en assourdir l'hoplite. Mais, la température s'éleva brusquement et Marcius n'eut même pas le temps de se retourner qu'un puissant flot de feu jailli de la gorge du dragon et remplit la bouche de ce dernier. Danuvius, contrairement au dragon, n'eut pas le temps d'hurler qu'il fut littéralement cuit, bien trop cuit même.

Mort dans la bouche d'un dragon lui aussi mort, les deux carcasses s'échouèrent lamentablement dans le fleuve et coulèrent jusqu'à son plus profond fond. Les Archéens étaient morts et l'espoir de voir un jour cette civilisation renaître de ses cendres s'était envolé avec eux.