''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
Diogène le cynique
 
''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
Auteur inconnu
 
''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 Le meilleur ennemi du chat.

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Humphrey Dempsey



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Humphrey Dempsey
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Race : Chat démon
Classe : Rôdeur
Métier : Tueur à gages
Croyances : Lait
Âge : 4 ans

Messages : 45

Fiche de Personnage : Miaou.


Le meilleur ennemi du chat. _
MessageSujet: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptySam 1 Déc 2012 - 21:47

Plus tôt dans la matinée, dans le Vein...

Je m'éveillai lentement mais sûrement d'une longue sieste sans rêves.

D'ordinaire, mes songes étaient composés de bribes de souvenir de ma précédente journée, où les évènements se mélangeaient dans un scénario vertigineux, et surtout incohérent. Par contre, aujourd'hui, j'émergeai à la réalité avec une sensation de vide. Une sensation houleuse me saisit à la gorge, et je sautai de mon promontoire pour aller vers la coupelle remplie de lait de vache. Ça ne valait pas le lait de brebis, mais c'était mieux que rien, et ça redonnait une certaine consistance à ma conscience de démon qui s'en sentit apaisée. Mon bienfaiteur, occupé à aiguiser un petit poignard au manche doré, tourna sa tête masquée vers moi. Je sus qu'il devait être perplexe de me voir me lever aussi tôt. Je lapai le liquide léger de ma langue râpeuse sans se soucier du mouvement qu'il fit en se relevant de sa meule.

« Humphrey? »

Silence de ma part. Tentative obstinée pour l'ignorer et finir la coupelle. Il poussa un long soupir et le couteau vint se planter à quelques centimètres de moi dans un bruit sec. Je fis un bond outré et le regardai en le foudroyant du regard, les oreilles baissées.

« C'est comme ça que tu es le plus chat. »

Je ne sus si c'était de l'exaspération, ou de la constatation amusée, mais je ne répondis rien. A quoi bon. Cela lui prenait souvent de me faire ce genre de réflexion avec une pointe de déception dans la voix. Il avait fait de moi ce que j'étais maintenant, et on aurait presque dit qu'il le regrettait...Ou alors qu'il souhaitait me voir devenir plus que ça. Au choix. Je ne le saurai sans doute jamais. Tout comme les humains, les démons avaient leur lot de mystères. Alors, sans ambages, il poursuivit.

« Un contrat m'est parvenu dans la nuit. Cette fois-ci, tu risques de ne pas apprécier. Quoique...Si retourner à ta ville natale te manque, c'est tout bon. », annonça-t-il, la voix rieuse. « Je sais que tu hais la magie, mais cette fois-ci, tu vas devoir tuer un magicien...

« Pourquoi moi? » , l'interrompis-je aussitôt, faisait tomber un silence interloqué de sa part.

Je prévoyais la réplique cinglante, mais il n'en était rien. Je pense qu'en tant que bienfaiteur, il me considérait comme plus qu'un chat. Je devais faire partie de sa famille, j'avais cru l'entendre grogner quelque chose comme ça dans son sommeil. Ainsi, du peu que je connaissais des gens doués de consciences, il n'oserait jamais m'invectiver en face. Il garderait tout pour lui, et ça en restera là jusqu'à la prochaine confrontation.

«  Deux bols de lait de brebis. », déclara-t-il simplement.

Mes oreilles dressées trahirent l'appétit que les trois derniers mots suscitaient en moi. Je continuai de laper le lait de vache qui n'avait subitement plus aucune saveur, mais j'étais désormais suspendu à ses propos.

« À Béolan, il y a une école de magie. Le caduque enseigne là-bas. Il s'agit de Peron Frisbas. » ,poursuivit-il. « Tu vas devoir te montrer prudent. Les animaux ont le don de disparaître quand ils franchissent l'enceinte de l'établissement. Et de plus, ils se servent d'autres comme cobayes. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence. Tu connais déjà bien Béolan, mais l'Académie des mages recèle encore bien des secrets pour toi. »

Je ne relevai pas. Je verrai en temps voulu. Ces deux bols prometteurs m'obsédaient plus que je ne le pensais, car ils ne quittèrent pas mon esprit quand je franchis le portail magique un peu plus tard pour déboucher en plein milieu de Béolan.

Une demi-heure plus tard, aux abords des quais de Béolan...

Les embruns marins étaient puissants, surtout la matinée. La rosée suintait des planches des entrepôts ou des caisses abandonnées. La brise venant de l'ouest apportait avec elle les saveurs salées de la mer, mais aussi celle des poissons échoués sur les digues, qui pourrissaient chaque jour sous l'oeil indifférent des marins qui ne s'occupaient que de ceux qui étaient restés dans leur chargement. Je ne m'approchai pas des hangars, ils m'étaient assimilés à des souvenirs que je préfère oublier. Cependant, je gagnai le marché du port qui ne s'était pas encore réveillé. De si bon matin, tout était désert, mais les cloches lointaines des navires qui approchaient du phare, étaient porteuses de promesses de nourriture marine en abondance, ce qui signifiait que les docks allaient reprendre vie dans quelques minutes.

Je me glissai entre deux ancres délaissées et approchai des étals. Peut-être qu'avec un peu de chance, il restait encore un peu de poisson...Le lait de brebis était mon met de choix, mais dévorer la chair d'un petit fretin, ça ne se refusait pas. Cela me manquait aussi d'arracher leur peau écailleuse et humide, et d'en retirer leur chair friable d'un coup de crocs. J'escaladai un chalan et furetai ci et là, mes naseaux à l'affut de la moindre odeur susceptible de me révéler un poisson ou deux. Je réussis alors, au petit bonheur la chance, de dénicher un lieu qui croupissait au fond d'un cageot. Il était mort évidemment, mais il ne devait être là que depuis la veille. Je le tapotai de la patte autant pour tâter sa texture que pour le déloger du bois où il s'était incrusté. Une fois que je lui trouvai une certaine comestibilité, je me penchai au-dessus du bac en bois, plantai mes crocs dans lui et le tirai à moi. Je le jetai au sol et m'attaquai férocement à son cadavre en sentant tout le plaisir de pouvoir dévorer du poisson m'envahir la gorge.

Quelques rires enfantins retentirent, et le son de plusieurs paires de souliers me parvinrent, mais je n'y prêtai guère attention. Ils se rapprochèrent, mais j'étais trop concentré sur mon dîner que je ne sentais pas ce qui devait être un danger. Mon Instinct dicta aussitôt mes mouvements et d'un bond ample vers l'avant, j'évitai une grosse caillasse. Les rires résonnèrent plus fort, et un enfant, à peine moins grand qu'un homme s'approcha de moi, jouant avec un autre caillou dans sa main. Un large sourire amusé fendait son visage. Et derrière, ses amis le dévisageaient lui avec impatience et moi, avec perplexité. Ils semblaient avoir trouvé amusant de m'avoir arraché à mon délice matinal.

« Allons, approche minou, je vais pas te faire de mal ! Approche...Allez, viens là! »

Petit être stupide et grassouillet. Comme si je ne pouvais pas comprendre ce qu'il disait. Ses projectiles ne me faisaient pas peur. Il lança d'ailleurs le sien avec force, et je ne bougeai pas. La pierre s'écrasa sur le pavé avec un bruit sourd. Pendant une fraction de seconde, je pus lire de l'étonnement dans ses yeux. Il s'était trop attendu à me voir déguerpir, et me voir trébucher contre une chaîne qui gisait là. Voulait-il vraiment que je l'approche? J'attendis un autre de ses ordres pour passer à l'action. Il jeta un coup d'oeil autour de lui, cherchant après un autre caillou, puis il en ramassa un plus gros que sa main. Il se releva en m'affichant un plus grand sourire.

« Si tu viens pas, je te balance ça en pleine tronche. », me menaça-t-il comme si c'était une plaisanterie.

Dans tous les cas, c'est ce qu'il ferait. Intérieurement, je me moquai de lui. Son petit jeu le remplissait d'un orgueil satisfaisant, mais il ne se rendait vraiment pas compte à qui il avait affaire. Mon côté démoniaque essayait de me mettre à sa place, là. Moi en humain arrogant, et moi en pauvre petit chat errant. Il avait de quoi se sentir fort, c'en était pas à en douter. Mais comme il venait de m'intimer de venir à nouveau, alors je fonçai vers lui. D'abord, il recula d'un pas, levant le bras en guise de bouclier. C'était là que j'allais mordre ! J'y plantai mes crocs et mes griffes et le mordit violemment, lui arrachant des couinements de douleur. Le tissu de sa manche était très fin et sa chair s'ouvrait sous mes éperons acérés. Puis sa pierre entra en contact avec le côté de ma tête. Je lâchai prise, complètement étourdi. Le côté de ma tête était engourdi et seul mon sang vint le réveiller de sa chaleur liquide. Je posai une patte devant moi et tentai de me relever, mais le pied de l'enfant me cueillit en plein flanc et m'envoya contre le bois de l'étal. J'émis un faible miaulement de surprise sous le choc, et ne bougeai plus. Je ne sentais plus mes membres, et je luttais pour ne pas abandonner ma lucidité.

« La sale bestiole, le sale con ! Z'avez vu ce qu'il m'a fait ! Il a des griffes de démon ! », s'exclama l'enfant vicieux en se tournant vers ses amis pour susciter leur compassion.

Si cela n'avait tenu qu'à moi, j'aurais fait taire leurs murmures d'approbation. Ce n'était pas la première fois que je me faisais battre par un humain. Au fond, je me disais que mon organisme avait du développer un mécanisme de défense contre leurs coups, si bien que la douleur se dissocia de mon être, et je pus me redresser sur mes pattes.

« Tue-le, Charles! », l'encouragea un de ses amis.

Quel bien piètre tueur je devais être si on ordonnait ma mort aussi facilement. Je n'avais jamais entendu ça auparavant. Il fallait noter que je faisais en sorte de réduire mes victimes au silence, et j'aurai réussi cette fois-ci, si le bras épais de l'enfant ne m'avait pas barré la route de sa gorge.
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Hitori Yamâme



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Hitori Yamâme
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Race : humain
Classe : élémentaliste
Métier : étudiant à Beolan
Croyances : aucune
Groupe : sorciers de Beolan

Âge : 21 ans

Messages : 52

Fiche de Personnage : BOOM


Le meilleur ennemi du chat. _
MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyDim 2 Déc 2012 - 12:07

La journée avait été mouvementée. Mon professeur, celui qui était à mon chevet après cette affaire de miroir brisé et de monde bizarre, m'évitait. J'avais été « dispensé d'assiduité » à ses cours. En attendant qu'on me donne une solution de secours pour étudier la magie des flammes, je m'étais attelé à effectuer des « travaux pratiques à but personnel » pendant mes heures de vide. Ce qui avait entraîné des brossages de tapis énergiques, des fêlures de verrerie impromptues, et la perte de quelques objets de la vie quotidienne.

Pour éviter d'aggraver encore mon cas, j'avais décidé de traîner dans les rues de Beolan avec mes amis. Malheureusement, ils étaient tous en train de préparer un coup pendable, et ne voulaient pas me mettre dans la confidence. Cela arrivait souvent, et je ne m'en plaignais pas : les petites intrigues malhonnêtes oui, les actions plus sérieuses, je les leur laissais, eux qui en avaient vraiment besoin. J'avais finalement de la chance d'avoir une famille aussi riche …

Mais je m'ennuyais. Énormément. À tel point que j'en étais arrivé aux docks. Je déteste les docks. J'adore la mer, mais je déteste les docks. Ça sent le poisson. Et le poisson pue. Alors pourquoi ? Pourquoi venir ici ? Sûrement parce que je me punissais en avance … ou juste par le plus grand des hasards, mes pensées guidant mes pas.

Cependant, ce n'est pas parce que j'y suis que j'y reste. Hors de question. Le dock, c'est le bazar : un des terrains préféré des sales gosses de pêcheur, pourris gâtés par leur père qui tente de racheter ses absences par des cadeaux. Bon, ou pas. N'empêche que la plupart des sales gosses du coin sont fils de pêcheur. Tiens, d'ailleurs …

Venant d'une ruelle adjacente, j'entends des éclats de voix : si il continuent de faire les cons, je vais finir par perdre patience : oui, être ici me met de mauvais poil ! Un pauvre miaulement se fait entendre. Là, je craque : si les animaux étaient autorisés à la tour, j'aurais un chat : petit, indépendant, propre, élégant … ces animaux n'ont que des qualités, et ne méritant pas d'être martyrisés par des gosses pourris gâtés ! Je vois le petit gras qui commande les autres (ou semble le faire toujours) armé d'un caillou gros comme son poing, viser une forme noire qui semble déjà en piteux état.

Je me campe sur mes jambes, mains sur les hanches, et prépare mentalement un sort d'explosion. Ça va prendre du temps,car aussi détestables soient-ils, ces petites terreurs ne méritent pas d'exploser … enfin disons surtout que ça me causerait du tort.

Hitori – Hey, vous ! Arrêtez ça tout de suite!

Le sort était prêt. Je devais juste ajuster la précision du « tir ». Le temps que les petites frappes se détournent du chat, et reportent leur agressivité sur moi 'ainsi que leurs menaces), et mon sort était verrouillé sur la munition.

Enfoiré du CCC – Qu'est-ce que t'as toi ? T'as un problème avec moi, peut-être ? Tu veux prendre sa place ? Hein ? Ça te botte de te prendre des cailloux dans la tronche?

Le projectile s'envola. Le sort fut déclenché, cueillant la caillasse en pleine course. Le bruit étouffé de l'explosion semblait presque assourdissant à côté du silence qui s'était installé. Une étincelle de crainte était en train de naître dans l’œil de la brute. Sans me poser plus de question, je lançai le sort du gant de feu, et ma main fut enveloppée de flammes. Je jouais le mage super sûr de lui, détendu et sûr de sa force. Bon, je n'étais pas sûr en fait, j'avais suffisamment souvent perdu le contrôle de mes sorts pour me méfier …

Hitori – Non, la caillasse c'pas mon truc. Je suis plutôt du genre à cramer les tronches des petites frappes dans votre genre. On continue ?

Ils préférèrent détaler que de vérifier mes dires. Tant mieux. Je me rapprochai de la petite forme noire qui gisait pas terre. Le chat saignait, mais il était vivant. Tabia saurait le soigner. Pour ma part, je ne maîtrisait pas les variantes curatives de l'élémentalisme. Ah oui, je ne vous ai pas parlé de Tabia, hein ?

Tabia est un super canon. Enfin heu .. c'est une fille sympa, qui étudie la magie de soin depuis quelques années. C'est, comme moi, une « vieille » élève. Mais elle c'est parce qu'elle s'est inscrite récemment, et moi heu … disons que je me penche sur beaucoup de domaines à la fois … ce qui prend du temps, fatalement. Elle était plutôt sympa en plus, et elle est vraiment douée en soin. En plus elle a le chic pour s’apitoyer sur les blessés, et j'ai pu la mêler à certains de mes tests en choisissant les bon mots.

Je saisis donc le chat dans mes bras, il semblait à peine conscient : un sort de chaleur douce devrait le calmer, je n'avais pas l'intention d'avoir le même genre de blessures que la petite brute.

Hitori – Là, chut, c'est fini. Je connais quelqu'un qui devrait pouvoir te remettre sur patte mon grand, alors ne me fais rien, ok ? C'est partit, on y va.

J'avais le chat dans les bras. Mais il fallait faire vite, il perdait du sang. Je devais me dépêcher, donc … Sous mes pieds, le vent durcit. Le sort de pas de vent est un des sorts les plus simples à appréhender, et il avait l'avantage de m'éviter de faire des détours inutiles. Je courus donc dans les airs, et rentrais par la fenêtre de la tour : heureusement que j'étais un élève, je n'aurais pas pu entrer comme ça sinon … Sans m'arrêter de courir, j'allais toquer au dortoir de Tabia. À peine la porte fut-elle ouverte qu'elle avisa la situation. D'un geste elle me fit entrer.

Tabia – Sérieusement, Hitori, on dirait que tu cherches les ennuis … Tu sais que les animaux de compagnie sont interdits, sauf s'il s'agit de compagnon magique, hein ? Et ce chat n'a rien d'un compagnon magique : tu ne le connaissais même pas hier!

Hitori – Je te croyais plus sensible que ça, Tabia ! Je ne pouvais quand même pas le laisser comme ça, non ? Et puis, je ne compte pas le laisser dans la tour, tu me prends pour qui?

Le soupir qu'elle lâcha en dit assez long … Je haussai les épaules, vexé. Je déposai le chat sur le bureau de Tabia, qui après un dernier commentaire désobligeant à mon égard (comme quoi je n'étais pas digne de confiance, je crois), se mit à la soigner. Une fois de plus je ne pus que constater à quel point elle était douée : en à peine quelques secondes, elle avait remis le chat sur pieds, bien qu'il semble encore fatigué.

Elle me fit aussitôt signe de sortir, un air buté sur le visage : elle considérait sans doute s'être déjà trop impliquée … qu'elle était coincée des fois ! Je repris le chat, et l'emmenais dans ma chambre. Je le posai sur un fauteuil rembourré cette fois, avant de m'accroupir devant lui : il devait avoir une endurance surprenante, car je ne me rappelai pas l'avoir vu perdre connaissance (en même temps, je devait me concentrer sur mon sort la plupart du temps).

Hitori – Et ben alors mon grand, ça va mieux?

Non, je ne le garderais pas … Non, je ne pouvais pas me le permettre, j'avais déjà assez d'ennuis comme ça … Non …
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Humphrey Dempsey



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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyMar 4 Déc 2012 - 21:55

...Quelques minutes plus tard, dans la Tour des mages de Béolan

Je n'avais pas très bien vu ce qu'il s'était passé. Mais je supposais qu'on m'avait sauvé la vie. Pour une fois, je m'étais retrouvé bien malgré moi dans une situation qui m'avait dépassé. Et je venais presque à me maudir de m'être jeté ainsi dans la gueule du loup. Seulement, j'avais trop d'égo pour oser regretter mon acte. Cette demi-portion m'avait traité comme un vulgaire animal de compagnie, et je détestais toujours cette attitude. Cela me hérissait le poil, et me donnait une envie inextinguible de tuer. Dans un moment pareil, je ne me souciai que peu de savoir si c'était ma nature démoniaque ou mon instinct de chat qui guidait mes griffes, mais dans tous les cas, j'espérais que mes crocs – et mon sauveur – lui avaient laissé un souvenir dont il se souviendrait longtemps...Alors que je reprenais petit à petit conscience, je fermai les yeux et essayai de me rappeler les évènements précédents mon arrivée ici...

Quelqu'un était arrivé...Un jeune homme sans nul doute...Il s'était interposé, et un bruit de détonation a retenti...des grains de poussière sont tombés...Les malotrus ont du s'enfuir, car je ne les entendis plus...Je n'entendais plus rien, à part le froissement de la cape de l'inconnu qui s'avançait vers moi. «  Là, chut, c'est fini. Je connais quelqu'un qui devrait pouvoir te remettre sur pattes mon grand, alors ne me fais rien, ok ? C'est parti, on y va. ». Il fallait croire que je n'avais pas trop le choix. Il m'avait transporté dans ses bras, s'était mis à courir et tout à coup, à s'était élevé dans les airs. Cela l'avait donné un vertige qui n'avait fait que m'enfoncer un peu plus dans l'inconscience. Je m'étais réveillé un peu plus tard dans cette chambre, avec cette fois-ci, deux humains dont l'un d'eux passait une main baignée de chaleur sur ma tête. J'avais senti ses doigts fins emprunts d'une odeur de fleur, pas trop désagréable. Concentré sur ce parfum, je ne m'étais pas rendu compte de suite que les douleurs disparaissaient, et que le renflement de mon crâne s'était résorbé. Je n'avais plus bougé pendant un instant, l'instant où j'avais repris entièrement conscience que mon corps était réparé des affres des dernières minutes.

« Et ben alors mon grand, ça va mieux? »

Je baissai la tête, comme pour inspecter l'endroit où j'étais. C'était une table en bois, posée contre un mur, à l'opposé d'une grande lucarne, dont la vitre était ouverte. Oui, c'était par là que j'étais passé. Puis je la relevai vers mon compagnon d'infortune. Il avait l'air jeune pour un humain, et malgré tout, une crinière de cheveux argentés était coiffée vers l'arrière dont les mêches rebelles pointaient de part et d'autre. Ses yeux bleus étaient gênants. Il s'inquiétait pour moi. Personne n'avait eu à le faire, pas même mon bienfaiteur. La seule chose qui témoignait de sa compassion était le geste qu'il faisait pour me tendre un bol de lait de brebis. Je détournai mon regard de lui, et le posai sur l'autre personne ; une femme, aux longs cheveux roux, dont les deux fines tresses qui partaient du front se rejoignaient derrière la tête. Elle arborait un regard sévère, mais qui ne m'était pas adressé. Elle scrutait tour à tour mon sauveur et moi. Désapprobatrice, elle avait les poings sur les hanches, et je supposais qu'elle n'était pas fière de ce qu'elle avait fait.

Par certains côtés, je la comprenais. J'étais un chat tueur après tout, et peu importe les races, les tueurs n'étaient jamais très appréciés, c'était ce que m'avait dit un jour mon bienfaiteur. Je devinai qu'ils ne connaissaient pas mon identité, mais ça ne changeai pas grand-chose pour moi. Le mépris de tous m'était indifférent. D'ailleurs, tous comme les démons qui travaillaient pour nos bienfaiteurs, nous ne connaissions pas le remords, si ce n'est de temps à autre, le remords de ne pas avoir la récompense attendue. En réalité, toutes les notions de sentiments m'échappaient encore, rien ne comptait plus que mon Instinct.

« Bien sûr qu'il va mieux, pour qui tu me prends? », intervint-elle alors, ce qui me permit de me taire et de ne pas trahir ma nature magique. Elle tourna alors le dos et s'en alla d'une allure digne, sa cascade de cheveux dansant derrière elle.

Je reportai mes yeux sur le jeune homme, le dévisageai un instant, puis sautai en bas de la table. Je constatai alors que j'avais retrouvé le contrôle optimal de mes membres. Je les étendis en poussant un couinement, et me mit à faire le tour des appartements où je me trouvais. Composé d'une seule salle, l'endroit n'en était pas moins coquet, et débordai de bibelots qui coloraient à eux seuls tous les murs nus. Ceux-ci étaient tous recouverts d'une sorte de tapisserie unie d'une ton orange pâle. Un encensier était encore posé sur une commode en chêne lambrisé et poli, et de légères volutes s'élevaient encore des vestiges des fins bâtons de bois. Je levai le museau pour essayer d'en ressentir les arômes et je leur trouvai une odeur semblable à celles des fleurs dans les campagnes de Feleth...Des orchidées, si mes souvenirs étaient justes. Ces effluves avaient quelque chose de trop fort, et de trop superficiel pour que je daigne rester trop longtemps ici. Par delà la fenêtre, je percevais d'étranges vibrations, mais même en jetant des coups d'oeil circonspects à travers la lucarne, je n'apercevais rien d'autre que le ciel bleu tâché de nuages blancs épars. J'eus un étrange pressentiment, mais je préférai ne pas y penser.

Je trottinai sur la moquette épaisse vers la porte, et tournai ma tête vers mon sauveur.

«  Merci. Merci pour ça. », dis-je avant de passer la porte laissée entrouverte par la jeune femme.

Je ne savais pas pourquoi mais j'avais envie de le remercier. Et de lui montrer que je savais parler. Cela ne pouvait pas faire de mal, il saura ainsi qu'il a sauvé la vie d'un chat « savant ». De toute façon, je ne le reverrai sans doute plus jamais, et non pas parce que je risquais de mourir dans ma mission, mais parce que je n'en avais pas envie, et je ne voyais pas l'intérêt de le revoir...Tiens, curieuses réflexions que tout ceci. Est-ce que cela me ressemblait bien? Est-ce qu'Humphrey Dempsey pouvait se permettre de réfléchir? J'écartai ces pensées singulières d'un mouvement de tête agacé et filai dans le couloir au petit trot.

Je me sentais décidément trop souillé quand c'était le démon qui méditait au fond de moi...
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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyJeu 6 Déc 2012 - 14:55

Le chat s'était relevé. Et Tabia était encore une fois partie, en colère contre moi. Mais de toute façon je comptais juste le laisser reprendre ses esprits. Après il partirait …

Il les reprit d'ailleurs très vite, ses esprits. Le chat, noir comme la nuit, observa ma petite chambre, avant d'en faire le tour. Presque sans un regard en arrière, il se dirigea vers la porte, restée entrouverte.

Humphrey – Merci. Merci pour ça. 

Je fus comme foudroyé sur place. Le chat … il parle ! C'est carrément impossible ! Improbable, magique ! Mais attend … Je dois l'empêcher de sortir ! On est pas chez mémé là ! Si jamais on apprend que j'ai ramené puis relâché un chat dans la tour, lui il va finir en sujet d'expérience, et moi avec plus de toilettes à laver que jamais … sauf qu'il est déjà sortit, l'air de rien.

Je me précipitai dans le couloir, mais ce dernier faisait un virage et, de fait, le chat était déjà hors de vue. Je commençai à arpenter le couloir très vite, pour finalement tomber sur le premier croisement. Je me mordis la lèvre inférieure : impossible de savoir par où il était partit. Je devais le retrouver, et vite. à gauche, à droite, tout droit, à droite ... bientôt je finis par me perdre, comme souvent dans la tour.

Je m'arrêtai, une fois de plus arrivé au niveau d'un croisement ... ou était-ce le même croisement que tout à l'heure ? Si jamais le chat en venait à tomber sur Frisbas ... je ne voulais même pas y penser ! Ce sadique et ses expérimentations sur la "métamorphose appliquée aux sujets externes", comme il avait appelé pompeusement son cours ... Ma main à couper qu'il avait touché à la magie noire avant d'intégrer la tour. Il se servait des animaux errants pour ses séances de travaux pratiques, et généralement chaque sujet ne servait qu'une fois ... Hors de question de laissait un animal que je venais de sauver subir ce genre de choses.

je me plantai au milieu dudit croisement, et chaussai mes lunettes. En concentrant mon énergie, je pouvais détecter des "traces" du passage d'être magiques ou doués de magie, sous la forme d'une traîne éphémère. Avec un peu de chance, cette perturbation des flux me permettrait de retrouver le chat. A peine la mise au point effectuée, je pestai un coup. Une classe était passée il y a peu, et les flux se perdaient au milieu des traces de pouvoir des mages. Ces traces disparaissaient vite, un peu comme de la buée sur des lunettes quand on passe d'un endroit froid à un endroit chaud. Un léger filet s'écartait de la masse. C'est la seule chose que je pouvais suivre, et il disparaissait bien vite. Je me mis à courir derrière le témoin ténu, et c'est à un coin de mur que je le perdis. Tendant l'oreille, je perçus le grattement léger de griffes sur le sol. Je relevais mes lunettes, guettant le son : au moment ou je passai le dernier angle qui me séparait de son origine, j'entendis une voix.

Tabia - Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ? Je suis prête à parier que l'autre élémentaliste t'as laissé en liberté ... Quel inconscient ...OH ?

Le "OH?", c'est le moment où elle me voit. je pensai qu'elle me faisait un peu plus confiance. Je fis la moue : le plus vexant, c'est qu'elle avait à moitié raison. J'allais répondre lorsque des bruits de pas et de voix retentirent : décidément ! Sans prendre le temps de rien préciser, je saisis le chat et me ruais pour ne pas être vu par la classe entière qui se rendait d'un cours à l'autre, entraînant Tabia par la main par la même occasion.

Hitori - C'est toi qui a mal fermée la porte en sortant ! je lui cours après depuis tout à l'heure. On est où là, au fait ?

Tabia (après un soupir qui me fit grincer des dents) - Tu arrives toujours pas à te repérer dans la tour, après le temps que tu y as passé ? On est au premier étage, près de la salle de magie de ... oh.

Oh. En effet, oh. Car si on est au premier, ça veut dire que le bureau de Frisbas n'est pas loin. nous nous regardâmes un instant, moi avec le chat sous un bras et ... Je descendis mes yeux sur ma main, qui tenait encore celle de Tabia. Suivant mon regard, elle la retira. Zut. Enfin, là n'était pas le sujet ! Nous devions éloigner la petite boule de poil d'ici, et la ramener en sécurité.

Tabia - J'ai cours de restauration musculaire là, je peux pas t'aider : mais ma chambre est plus près que la tienne. Tu vas par là, puis à gauche, tu montes l'escalier, et c'est la troisième porte à droite. Rappelle-t-en. On se revoit là-bas après mon cours.

Wahou ! Dans la chambre de Tabia ... Ce fut l'une des rares fois où je ne me perdis pas pour aller d'un endroit à un autre dans la tour ... la motivation sans doute. A peine fus-je entré que je serrai le chat contre moi, dans un élan de joie :

Hitori - Tu es un porte-bonheur ou quoi ? je suis dans la chambre de Tabia là ! Oh purée, personne voudra me croire ...

Je redescendis brusquement sur terre. il y avait des choses plus importantes à s'occuper pour l'instant.

Hitori - Par contre, ne te balades pas dans les couloirs comme ça ! Le père Frisbas serait trop content de te ficeler sur sa table d'expérience. Surtout si j'ai pas rêvé, et que tu es vraiment doué de parole.
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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyMar 11 Déc 2012 - 16:00

Je progressai lentement dans les couloirs de cet étrange bâtiment. Il s'avérait que le corridor ne cessait de bifurquer sur la gauche, et je devinais enfin que ses fondations étaient circulaires, et je devais être dans un grand établissement à étages. Je flairai toutes les pistes qui s'imposaient à moi comme autant de traces, d'odeurs, d'effluves parfumés, qui appartenaient autant à des humains qu'à d'autres animaux sans doute traînés de force ici...Je trottai à une allure respectable, n'accordant même pas un regard en arrière. L'humain qui m'avait sauvé...Était-il toujours dans sa chambre, en songeant une dernière fois à moi, et à sa bonne action annuelle, ou me poursuivait-il pour en apprendre un peu plus sur ma vraie nature? Dans tous les cas, je ne pouvais plus le permettre de m'approcher, ça me retarderait encore dans ma mission. Je n'avais aucune idée de l'endroit où j'étais, et il me faudrait au moins une journée pour établir mes repères, faire un bilan de ma situation, et exploiter tous les chemins possibles pour infiltrer la fameuse tour des mages. Et seuls les Dieux savaient à quel point je détestais ne pas mener une mission en moins de deux jours.

Le long des parois du corridor était creusé de plusieurs alcoves, où trônaient des statues de personnages encapuchonnés, ou des tableaux clair-obscur, représentant des humains à la mine sinistre, aussi encapuchonnés, avec un décor très particulier, un panorama que je n'avais ni vu en Feleth, ni vu en Vein. S'agirait-il du nommé Adiryl, ou d'un autre lieu encore inconnu pour les yeux des mortels? Je restai un moment planté là, dévisageant les yeux ternis d'un homme au visage aussi pâle que l'albâtre, qui tenait un long bâton noueux et épais, dont le bout était surmonté d'un amas hirsute de brindilles...Elles étaient toutes tordues comme des doigts crispés par la souffrance. Les bords du tableau étaient fondus dans une teinte sombre, qui engloutissait partiellement la peinture qui la jouxtait. Et le reste montrait une grande colline – le personnage étant situé au pied de celle-ci – qui s'élevait vers un ciel aux nuages cotonneux partagés entre des nuances de pourpre et de mauve, comme si une tempête allait éclater. Je scrutai longuement cette décoration insolite avant de m'apercevoir que les yeux de l'avatar étaient braqués sur moi dans un regard ardent. Je fis un bond en arrière, comme si j'avais été frappé, et détalai aussitôt, loin de cette ignominie.

Mon coeur battait encore la chamade lorsque j'arrivai un peu plus loin devant une entrée qui laissait voir une volée d'escaliers. Avant que je ne m'en approchai, j'entendis une cavalcade de bruits de pas en descendre en arrivant vers moi. Jetant des coups d'oeil autour de moi, je cherchai une cachette, et aperçut un vase épais dans une alcôve derrière lequel j'allai me dissimuler. Plusieurs adolescents débouchèrent des marches, ils étaient une bonne dizaine, avec une moitié de garçons et une autre de filles. L'un des jeunes hommes courtisait une de ses collègues, en dessinant du bout des doigts un cerf doré, qui se grava dans les airs comme du sable en suspension qui prendrait la forme de cet animal. Elle gloussa, amusée par cette démonstration galante de magie, et par l'audace du garçon, qui ne manqua pas de lui montrer un autre tour de son invention, qui créa une petite luciole qui dansa autour des cheveux de la jeune fille avant de se poser dessus, et de disperser une lumière discrète sur ses cheveux d'or. Campé où j'étais, ils ne m'aperçurent même pas lorsqu'ils arrivèrent à ma hauteur. Lorsqu'ils s'en furent, je restai un moment à attendre qu'il y ait un silence complet dans le corridor et sortit de derrière le vase. J'hésitai à prendre les escaliers, ou à continuer tout droit en espérant trouver une porte de sortie. Je m'arrêtai près des marches, et levai le museau pour identifier les effluves qui venaient de l'étage ; il n'y avait rien de particulier. Je me retournai et là, une volée de cheveux roux obstrua momentanément ma vue, et une poigne me saisit par la peau du cou pour me soulever du sol.

«  Vilain chat. ». C'était l'amie de mon sauveur. Je me mis à feuler, mais Hitori surgit alors du détour du couloir et se rua vers nous, peu satisfait de me voir aux prises de cette hystérique, mais soulagé de me voir. Aussitôt, et comme si chaque occasion n'y manquait pas, ils se remirent à se disputer, avec moi au bout du bras de la dénommée Tabia. Je tentai de me dégager, mais le jeune homme me saisit et nous entraîna alors dans une salle à part, car le groupe d'adolescents revenait en sens inverse. Il ne voulait visiblement pas qu'on se fasse trahir. Mais trahir par quoi? Par moi? C'était probable, il insinuait qu'elle nous avait mis dans une situation délicate à cause de la porte qu'elle avait laissé entreouverte...Quelle chipoterie de sa part. Ce n'était pas une porte qui allait m'arrêter.

Ils se turent tous les deux, comme s'ils avaient abordé un sujet tabou. Je les dévisageai tour à tour. Que se passait-il dans leurs têtes? Et qu'est-ce qu'était la restauration musculaire? Une cuisine à base de muscles d'animaux? Ce nom sonnait curieusement dans mes oreilles. Comme si...Hitori m'interrompit alors dans mes réflexions. Tabia nous avait disposé de sa présence et il semblait vouloir sauter de joie. Ils étaient dans la chambre de la fille et alors? Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire, à lui?

« Par contre, ne te balades pas dans les couloirs comme ça ! Le père Frisbas serait trop content de te ficeler sur sa table d'expérience. Surtout si j'ai pas rêvé, et que tu es vraiment doué de parole.

-Frisbas? », répétai-je alors. D'une, je venais de lui prouver que j'étais réellement doué de parole, et de deux, il venait de me mettre sur une piste très intéressante ! Frisbas était donc quelque part, ici, non loin d'eux...À cet étage? Tabia l'avait sous-entendu...Une bouffée de joie et de soulagement m'envahit, et je tournai mes yeux vers Hitori. « Il est si redoutable que ça? Tu parles bien de Peron Frisbas?»

Je n'eus pas le temps d'avoir une réponse que les quelques bruits de pas que j'avais perçu tout à l'heure, s'arrêtèrent devant la porte de la chambre. Je poussai un petit miaulement. M'avait-on entendu? La cloison s'ouvrit et un homme entra...L'homme du tableau ! Je faillis tomber des bras du jeune homme, mais au lieu de ça, mes griffes saillirent de mes pattes pour aggriper sa tunique. Ses yeux n'étaient plus ternes, ni vides, ils étaient bel et bien d'une couleur noire intense et brillante. Il avait ce fameux bâton à l'allure menaçante, et sa cape paraissait encore plus souillée que sur le portrait.

«  Monsieur Yamâme. Parliez-vous tout seul? », commença-t-il en passant ses mains dans son dos. Il me regarda à mon tour. «  J'ai cru vous entendre prononcer mon nom. Allez, dîtes-moi que je ne suis pas fou., poursuivit-il d'une voix suave, comme s'il voulait absolument se faire convaincre qu'il n'avait pas rêvé tout cela.

Il s'approcha de quelques pas raides et lents, et se dressa devant Hitori de toute sa hauteur, le dévisageant comme s'il n'avait été qu'un insecte.

«  Saviez-vous aussi que les animaux sont proscrits au sein de notre établissement? Exceptionnellement, vous n'aurez pas de sanction. Mais je veux voir ce chat dans une demi-heure, dans mon cours de métamorphose, vous m'avez bien compris? »

Ce regard. Il recelait quelque chose de très dangeureux, et je voyais mal le jeune homme lui résister de front. Personnellement, des frissons n'arrêtaient pas de parcourir la chair de mon dos et de mes pattes. Ainsi, je n'avais pas eu la berlue. Le personnage du tableau m'avait retrouvé, et il s'était matérialisé, là, devant moi. Si je me trouvais, par un chanceux hasard, dans la tour des mages, alors ceci expliquerait ce phénomène.

« De toute façon, il vaut mieux cela qu'une radiation de notre liste. N'est-ce pas?...Je suis dans mon jour de bonté », ajouta Frisbas avec un petit rictus, comme si cela pouvait soumettre totalement Hitori à sa décision.

Il se détourna dédaigneusement de nous, le menton haut, et disparut dans le couloir, laissant flotter entre nous un goût d'amertume prononcé.
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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyJeu 13 Déc 2012 - 10:46

Chat – Frisbas ? Il est si redoutable que ça ? Tu parles bien de Peron Frisbas?

Comment connaissait-il le nom de ce professeur ? J'en étais presque aussi surpris que par le fait qu'il parlait bel et bien. Surpris, et choqué. J'allais lui demander de m'expliquer lorsqu'un pas raisonna dans le couloir. La porte s'ouvrit. Le sourire qui s'esquissait sur mes lèvres à l'idée de voir Tabia rentrer se mourut dès que j'aperçus la silhouette … du vieux Frisbas justement. Que faisait-il dans les chambres ? Je faillis en lâcher … le chat ! Oh non, pas le chat …

Peron Frisbas – Monsieur Yamâme. Parliez-vous tout seul ? J'ai cru vous entendre prononcer mon nom. Allez, dîtes-moi que je ne suis pas fou.
Saviez-vous aussi que les animaux sont proscrits au sein de notre établissement? Exceptionnellement, vous n'aurez pas de sanction. Mais je veux voir ce chat dans une demi-heure, dans mon cours de métamorphose, vous m'avez bien compris ?


Je ne pus qu'écarter bêtement les mâchoires, et déglutir avec difficulté. À peine un petit son étranglé put-il franchir mes lèvres. Un sourire carnassier, presque rapace, était plaqué sur le visage hautain de Frisbas. Je n'étais de taille à lui tenir tête ni sur le plan physique, ni sur le plan magique, et encore moins sur celui de l'autorité. Tout juste, habituellement, pouvais-je espérer lui servir quelque répartie. Mais là …

Peron Frisbas – De toute façon, il vaut mieux cela qu'une radiation de notre liste. N'est-ce pas?...Je suis dans mon jour de bonté.

Il pouvait vraiment faire ça ? On ne renvoyait jamais un élève ou un apprenti à Beolan. Il se contentait de disparaître. Bien sûr, cela faisait jaser. Pour ma part, je me contentai de penser qu'il s'agissait surtout de rumeurs : si il devait arriver quelque chose aux personnes indésirables, m'est avis que je ne serais plus ici depuis longtemps … Toutefois, tenter le diable n'est pas dans mes habitudes. Enfin … pas quand les menaces viennent de quelqu'un d'aussi sombre que le vieux Frisbas. Lequel vieux sortit de la chambre en fermant la porte. Je posai le chat sur le bureau, avant de me laisser choir sur une chaise.

Hitori – Jamais … J'ai l'habitude de me fourrer dans les pires situations, mais jamais à ce point. À moins de te trouver un remplaçant en moins d'une demi-heure, tu vas passer sur la « table d'enseignement » de ce fou.

Comme je l'ai déjà précisé, les sujets d'études de Frisbas, comme les miens, ont l'habitude de ne pas survivre aux dites études. Sauf que moi, je travaille (enfin, façon de parler) sur des objets, et lui sur des animaux. Métamorphose … Seul son apprenti savait vraiment de quoi il retournait, mais beaucoup de choses étaient murmurées … déformation ou pousse de membre, transformation complète en sorte de monstres ou, pour les plus chanceux, en d'autre animaux …

Hitori – Si je ne trouve pas de solution, il va y avoir un mort …

Je laissai mon regard parcourir la chambre, cherchant des yeux une solution qui ne venait pas. Il était impossible de reproduire un chat fidèlement. Je n'avais pas les bonnes connaissances, il n'y avait rien qui puisse suffisamment altérer ma magie pour ça … Le cerveau en ébullition, je désespérais. À bout de nerf, je saisis un papier, de l'encre et une plume. Jetant un coup d’œil au chat, je rédigeai un bref résumé des évènements pour Tabia.

Hitori – Bon, le chat. Ou quelque soit ton nom. Si le vieux commence à faire ses tours sur toi, t'as toutes les chances d'y passer. On a dix minutes pour te trouver un remplaçant pour le billot … à moins que tu aies une idée ? Après tout, tu parles, alors tu dois bien être capable de réfléchir, non ?
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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyLun 28 Jan 2013 - 19:43

C'était donc lui Peron Frisbas. Une sorte de vieux mage arriviste, qui se prétendait plus fort que ses élèves avec son menton haut et ses manières d'humain pompeux et hautain. Les bipèdes avaient cet éternel besoin de se trouver dans une estime personnelle qui les placerait au-dessus des autres malgré que leur force ne les différenciait pas tellement de leurs semblables. Les démons avaient au moins le mérite d'établir une hiérarchie selon leur pouvoir, et non selon leur prétendue ascendance de noblesse, ou encore leur prétendu talent ou intelligence. Rien que pour ces traits de caractère détestables que réunissait à lui seul Frisbas, je n'aurai aucune hésitation à le tuer – si tant est que j'eusse déjà eu un jour un instant d'hésitation pour tuer. Je fixais encore avec méfiance la porte par laquelle était parti le mage, n'étant que peu attentif aux paroles d'Hitori. Mais ce que j'en retins fut l'essentiel. Mais je ne sus comment réagir à sa vision d'un chat doué de parole qui était forcément intelligent. Je ne me vantais pas de l'être, mais j'avais assez d'instinct pour trouver des solutions lorsque le moment crucial se profilait. Autrement, je n'étais pas un fin stratège. Mes méthodes d'infiltration n'étaient que reconnaissance et prises d'informations ; en outre, elles étaient routinières. Ici, je ne disposais que d'une demi-heure. L'élaboration d'un plan exige plus de temps pour un tueur qui veuille exécuter un travail bien fait. Après quelques instants de méditation et de silence, je levais les yeux vers le magicien en herbe.

« Je me nomme Humphrey Dempsey. Je suis certes le seul chat tueur que compte le Vein, mais je ne suis pas pour autant le plus intelligent des démons. », dis-je en réaffirmant ma pensée, « Et la meilleure idée qui me vient là, c'est celle de simplement assister à son cours. Je suis très curieux de savoir ce qu'il pourrait me faire...et si ça peut marcher sur moi. »

À ce moment-là, rien n'aurait pu me faire changer d'avis. Je considérais ne pas avoir assez de temps pour mener à bien ma mission. Il m'était déjà pénible d'avoir à me retrouver dans une cité grouillante de mages, débordante d'une magie qui vibrait tout autour de moi comme des myriades de petits carillons invisibles. Tant de sons qui résonnaient au fond de mes oreilles sensibles, et qui m'embrumaient les sens par le biais de mes moustaches. Cela commençait d'ailleurs à troubler ma perception des choses qui m'entouraient. Les couleurs devenaient trop vives, les bruits trop aigus. Ma mission allait échouer si je me laissais distraire par les remous péremptoires dégagés par l'énergie des lieux. Ainsi, je devais agir très vite, sans réfléchir aux conséquences. J'irai tuer Frisbas en m'immisçant dans son cours, c'est là toute la stratégie que je pouvais avoir, et je sentais qu'il y aurait une certaine réticence de la part du jeune Hitori.

« Cependant, je vous demanderai de ne pas interférer à mes projets. Cela pourrait très mal se passer, autant pour vous que pour moi, si vous ne me laissez pas faire. Tout ce que je puis vous suggérer est d'assurer un soutien en cas d'imprévu. »

Il ne m'était jamais arrivé de parler autant. Et ce n'était pas sans un réel effort de ma part. Cela exigeait une concentration qu'on ne pouvait le croire. Dans ma conscience, dans l'esprit qu'Uldur'Yn m'avait inculqué, les mots n'étaient que pensées fluctuantes qu'il me fallait saisir au vol tout en analysant leur sens. Sans compter l'effort que je devais faire pour assembler ces idées tout en les associer à un plan concret, cela relevait de l'exploit. Je plantai mon regard de jade dans les yeux simples d'Hitori, et le détournai pour fixer la porte entrouverte. Et j’emboîtai le pas, assuré qu'il me suivrait et me guiderait. Nous reprîmes le chemin que j'avais emprunté auparavant et le jeune mage m'indiqua l'escalier par lequel j'avais évité le groupe d'élèves. Il me semblait désormais logique que les salles d'enseignement étaient dans cette direction. Nous débouchâmes sur un couloir heureusement désert. Un silence funèbre et étrange y régnait. Je ne percevais que la respiration d'Hitori, légère comme la mienne, comme s'il sentait aussi ce mystère lugubre dans lequel nous nous enfoncions. S'il était inquiet, alors il n'en exprima rien ; il se contentait d'avancer résolument vers le bout du couloir. Et contrairement à ce dont je m'étais attendu, nous arrivâmes à un embranchement. N'y aurait-il pas dû y avoir un escalier? En jetant un coup d'oeil en arrière, je ne pouvais que constater la longueur que nous venions de parcourir, il aurait donc été normal de trouver à nouveau une volée de marches. La première route partait à notre extrême gauche, et la deuxième s'incurvait vers la droite dans un virage plutôt étroit. Tout laissait à penser qu'il pourrait y avoir une salle ou un escalier juste après le tournant. Mon instinct me dicta de prendre cette voie, mais Hitori en décida tout autrement et prit le chemin inverse. Il nous amena tous les deux dans un autre corridor plus étroit que le précédent, mais où il me semblait entendre des murmures et des rumeurs de conversation si légers que les tenants du conciliabule tenaient sans doute à tenir secret le contenu de leur dialogue. Nous ne croisâmes pas plus d'élèves que tout à l'heure, et c'est à croire que les étudiants avaient tous désertés les cours pour l'après-midi. Mais plus nous progressions, et plus une autre évidence s'élevait dans nos esprits. Nous étions perdus, et Hitori se refusait à l'admettre. L'établissement des mages était plus vaste qu'il n'y paraissait de l'extérieur, et c'est avec une confiance aveugle que je l'avais laissé trouver la salle du sournois magicien. Alors qu'il avançait d'un pas confiant, je levai un oeil revêche sur lui et lançai.

« Nous sommes comme qui dirait égarés. »

Il se raidit en marchant, son visage virant au cramoisi, puis bifurqua aussitôt dans une autre coursive qui déboucha enfin sur un autre escalier. Je me sentais de plus en plus mal à l'aise dans ces couloirs aux couleurs désespérément neutres, qui ne contenaient plus de tableaux pour les décorer. Seul le chant de la magie emplissait l'espace, mais j'aurai vendu mon âme à n'importe quel diable pour m'en dispenser. Nous déambulâmes pendant plusieurs minutes, descendant et remontant les étages. Frustré, je ne pouvais qu'espérer qu'il se rende compte de son inutilité encombrante et ne songeai plus qu'à trouver moi-même ce Frisbas, peu importe qu'il soit dans son bureau et dans sa salle de cours. Au final, nous arrivâmes juste à temps. Après un long instant que nous partageâmes entre la frustration et l'exaspération, Hitori finit par dénicher la porte de sa salle de cours. Les élèves étaient déjà installés et bavardaient avec entrain, attendant l'arrivée de leur très estimé professeur. Je m'adressai au magicien en herbe sans le regarder.

« Fais comme si je n'étais qu'un chat comme tant d'autres. »

Je n'étais pas arrivé à exprimer clairement mon souhait, mais je le savais plus intelligent que doué en orientation. Il ne fallait pas que Peron soupçonnât quoique ce soit sur moi. La couverture d'un tueur à gages était ce qu'il y avait de plus friable au monde. Et je ne savais que trop bien que les auras meurtrières ne peuvent pas être totalement dissimulées. Car je mourais d'envie de faire gicler le sang du vieux magicien, et cela devait être aussi palpable que mon pelage gras auquel je n'avais pas pu donner une toilette correcte.
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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyVen 1 Fév 2013 - 12:00

~plus tôt~

Humphrey – Je me nomme Humphrey Dempsey. Je suis certes le seul chat tueur que compte le Vein, mais je ne suis pas pour autant le plus intelligent des démons. Et la meilleure idée qui me vient là, c'est celle de simplement assister à son cours. Je suis très curieux de savoir ce qu'il pourrait me faire...et si ça peut marcher sur moi.

Hein ? Vein ? Démon ? Tueur ? C'est quoi ces histoires ? Les démons, c'est des choses maléfiques qui … Le monde noir ! Quand le psychopathe était arrivé, heu … Thran Dougal … j'avais entrevu un monde de ténèbres insondables. Démon … Vein … d'accord, je vois ce que ça veut dire … Mais tueur ? Pourquoi un … BORDEL UN TUEUR !

Humphrey – Cependant, je vous demanderai de ne pas interférer à mes projets. Cela pourrait très mal se passer, autant pour vous que pour moi, si vous ne me laissez pas faire. Tout ce que je puis vous suggérer est d'assurer un soutien en cas d'imprévu.

Il … il me demandait de l'aider à tuer Frisbas ? De faire semblant de vouloir le rattraper une fois que … ? Bordel,je déteste Frisbas, mais de là à le laisser se faire assassiner ! Et puis pourquoi un .. démon (je regardais le chat dans tout le sens de la longueur, pour m'en convaincre) … voudrait la mort de cette ordure ? C'est d'un pas machinale que je suivis … Humphrey … dans le couloir.

~en ce moment même~

Humphrey - Nous sommes comme qui dirait égarés.

Le fait est que nous l'étions. Enfin, je l'étais, surtout. « Monsieur Yamâme, le chat dans mon bureau ... » blablabla … Déjà quand je sais où est la salle je me perd, alors quand j'en ai qu'une vague idée … Je me refusais pourtant à montrer ce genre de faiblesse devant ce chat. Pourquoi ? Après tout c'était un tueur, une créature maléfique, qui était là pour tuer. Rien que le fait de l'emmener devant le vieux Frisbas, ça voulait dire que l'un des deux allait mourir.

Je rougis toutefois à la remarque du félin, me crispant légèrement : non, je ne pouvais pas accepter de me perdre, alors que je vis ici depuis 14ans, et encore de me le faire faire remarquer par un CHAT, qui entre ici pour la première fois. Je pris un chemin, au hasard certes, mais avec une belle assurance. Il nous fallut un temps visiblement immense, mais au final, au hasard des détours, nous finîmes par arriver devant la porte de la salle où Frisbas enseignait à son apprenti.

Humphrey - Fais comme si je n'étais qu'un chat comme tant d'autres.

Sans blague … Je posai ma main sur la poignée, mais la porte s'ouvrit de l'intérieur. L'apprenti de Frisbas. Cheveux noirs et gras, yeux noirs, air hautain sous un visage boutonneux à l'excès. L'archétype du sale mage qui touche à des puissances qui le dépassent. Et pas des puissances sympas à la base …. Je passai la tête par l'encadrement de la porte.

Hitori – Je peux … heu … assister ? Vous comprenez, je l'ai recueillis, alors je voudrais au moins … le voir.

Peron Frisbas – Il n'y a aucun danger pour cet animal … enfin, tant qu'il rentre dans le cadre des harmoniques magiques concernées … Bah, puisque vous nous avez emmené le cobaye de cette séance, je peux faire une exception … ce n'est pas comme si vous étiez capable de comprendre ça, de toute façon.

L'apprenti, Hector selon mes souvenirs, lâcha un ricanement pour le moins insultant. Sans un mot, je pris Humphrey dans mes bras, me retenant à grand-peine de foudroyer Frisbas du regard. J'en venais même à me réjouir de ce qui pourrait découler des activités du … démon ? Il allait me falloir des explications … enfin … il faudrait que je l'empêche, mais … si il se retournait contre moi ? SI ce qu'on disait est vrai, la perte de Frisbas ne serait pas si terrible au final … et dans le cas où le chat finisse ses jours sur le bureau du professeur, il n'y aurait aucune retombée pour moi.

Oui, égoïstement, j'étais en train de penser aux problèmes qui pouvaient m'arriver … alors que, sous mes yeux, quelqu'un allait forcément perdre la vie.
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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyLun 25 Fév 2013 - 22:58

En entrant dans cette salle de classe à l'ambiance lourde et morne, j'eus aussitôt l'impression d'être un monstre de foire qu'on laisse marcher vers sa cage, en lui laissant malgré tout la liberté de marcher sans l'entraver. En jetant un regard vers Hitori, je signifiai la crainte d'être ligoté et de devoir subir leurs sortilèges malsains sans avoir pu porter la patte sur Frisbas. En retournant la tête, je fixai ma victime intensément, repérant chacun de ses mouvements suspects. Mais je n'y voyais qu'une certaine sérennité. Visiblement, il ne me prenait encore que comme un simple chat, un de ses sujets d'expérience, et ne se doutait pas de l'intérêt en apparence innocent qu'Hitori m'avait porté. Il me lorgnait de toute sa hauteur, les mains croisées dans son dos, se dressant avec solennité derrière son large bureau. Il n'y avait que ce meuble qui nous séparait. Qui sait ce qui aurait pu advenir s'il n'y avait pas autant de spectateurs et autant d'obstacles? Je progressais d'un pas léger, observant les élèves dans ma vision périphérique. Tous me dévisageaient, chuchotaient entre eux, se tapaient du coude en me désignant, ainsi qu'Hitori, qui devait être fort gêné de ce regain d'intérêt envers sa personne. L'idée d'être la cible de tous les regards ne devait guère le convenir. On aurait même dit qu'ils le clouaient sur place et l'empêchaient de s'asseoir. Il était partagé entre le désir d'échapper à leurs yeux inquisiteurs et à celui de me soustraire au jugement de son professeur.

Cependant, téméraire comme j'étais, j'étais désormais trop loin de lui pour qu'il puisse tenter de mener son projet à bien. Le châtiment allait commencer.

« Allez donc vous asseoir, sieur Hitori, au lieu de rester planté là comme un piquet ! », cracha le vieux Peron d'un ton acerbe. « Et n'ayez donc pas peur pour ce chat, il ne lui sera fait aucun mal. Je me demande d'ailleurs s'il remarquera quoique ce soit, ce n'est qu'un chat après tout. »

Il m'était difficile de ne pas feuler lorsqu'il prononçait le mot ''chat''. Son accent me faisait l'effet de piques qu'il me plantait dans les oreilles. Le professeur fit le tour du bureau en soupirant, et remonta ses manches en s'arrêtant devant moi. Il se pencha, une main sur le genou et l'autre se tendit comme une serre et se referma sur le bas de ma mâchoire. Je dévoilai mes crocs. Cela ne l'intimida pas évidemment. Il tourna ma tête d'un côté puis d'un autre, et fit une moue satisfaite.

« Ma foi, il est en bonne santé, c'est un bon spécimen. Bien nourri, pas de cataracte dûe à l'âge, dentition correcte, poil soyeux, moustaches réactives. Il doit avoir quatre ans tout au plus. », expliqua-t-il d'un air songeur, plus pour lui-même que pour ses élèves qui buvaient ses paroles. Il se redressa en poussant un grognement imperceptible, et me tourna le dos, se nettoyant consciencieusement les doigts avec un mouchoir au préalable. « Avant toute métamorphose, assurez-vous de l'état de votre cobaye. Pas de maladies, pas d'infections, pas d'agressivité. Il est plus facile d'ensorceler un animal docile. J'ai aussi estimé son âge. Un animal vieux a un squelette moins résistant. Je précise cela car le sortilège de transformation agit directement sur l'ossature, il la malaxe, il la modifie, et si l'organisme est faible, il peut subir des dommages irréversibles. » ajouta-t-il en me désignant d'une plume qu'il avait saisi sur son bureau. Il se pencha dessus pour griffonner quelque chose sur son parchemin de vélin, puis ouvrit la main vers moi.

Aussitôt, des mains invisibles me soulevèrent sous le ventre et m'amenèrent doucement sur le bureau pour m'y déposer. La sensation me procura un vertige qui n'était pas du au fait que je me trouvais là. J'avais été sous l'emprise d'un sort, et je n'avais pas pu réagir, juste observer le phénomène. Était-ce l'angoisse que je sentais grouiller dans mon ventre? Je levai les yeux sur le sorcier, chez qui une lueur glacée passa dans ses yeux avant de disparaître aussitôt. Je le regardai tandis qu'il dressait ses deux mains au-dessus de moi et inspirait profondément. Sa gorge était à portée, il suffisait de lui sauter dessus, il y avait moins d'un mètre qui nous séparait...mais alors que je m'apprêtais à prendre mon élan sur mes pattes arrières, une force colossale m'aplatit sur le bois du bureau. Les os de mes flancs craquèrent. J'émis un miaulement de protestation, aussitôt étouffé par le grondement de l'opération magique. Je crus apercevoir un léger rictus se dessiner sur les lèvres de Frisbas, et un remous de rage grimpa en moi. Je remuai tous mes membres mais sans succès.

Tu n'es qu'un chat.

Cette voix s'imposa dans ma conscience et s'y imprima comme une marque au fer rouge. Je fermai les yeux, en espérant chasser les mots qui dansaient dans ma tête.

Tu n'es qu'un chat.

Les os de mes pattes arrières se tordirent dans une affreuse crampe qui tendit mes muscles à les faire rompre. J'essayai d'exprimer ma détresse mais mon miaulement s'étouffa dans ma gueule. Je tournai la tête pour trouver où était Hitori, mais là encore, la puissance du sortilège m'empêchait le moindre mouvement sans me punir d'une douleur cuisante. Un collier ardent coinça mon cou en brûlant mes cervicales. Tout mon corps tremblait, et mon poil se hérissait. Mes soubresauts intempestifs ne faisaient que me faire souffrir davantage alors que je ne savais guère comment les contrôler. Une irrésistible envie de mettre fin à ce calvaire me submergeait en plus de la fureur dans laquelle Frisbas me mettait.

TU...N'ES...QU'UN...CHAT!

NON!

Je réussis à insuffler à travers une force de volonté assez conséquente pour me débarrasser de son emprise. À cet instant, tout le poids incommensurable qui pesait sur mon corps se dissolut.

«  Je suis Humphrey Dempsey... » Je me redressai sur mes pattes, me sentant enfin moi-même, et reculai, le postérieur dressé, et les pattes repliées en préparation de mon attaque. « ...Je viens du Vein, en mission expresse pour te tuer Peron...Et oui, comme tu le vois, je ne suis pas qu'un chat »

Je bondis alors sur lui.

Ses yeux s'ouvrirent comme des soucoupes. Il leva une main pour se protéger et je plantai mes crocs dans la chair tendue de son majeur, et la lui arracha d'un geste sec. Il poussa un cri de douleur mêlée à la surprise et me jeta contre le bureau en baissant le bras. Je lâchai sa main en m'écrasant sur le bord du meuble.

« ...Mais que... », fit-il un instant après avoir contemplé ce qui lui était arrivé.

La souffrance qui tiraillait mes côtes s'était intensifiée lors du choc. Mais je songeai bien que finalement, elle était plus supportable du fait que j'étais plus libre de mes mouvements désormais. Je feulai, et me relançai à la charge, grimpant sur sa jambe pour m'accrocher à sa tunique. Il me saisit par la peau du cou, mais mes griffes s'étaient coincées dans les fils de son vêtement. Il tira vainement sur moi, mais je ne lâchai pas prise. Je profitai même de l'instant où il leva le poing pour me hisser à hauteur de son cou, et il se frappa dans le ventre. Je plantai mes crocs dans sa gorge.

Aidez-m...aaaarg!

À force de mordre, je faisais saillir sa carotide. Il me saisit par la queue, dans la crise de la dernière chance, et me délogea de ma prise. Seulement, j'avais emporté avec moi un gros pan de chair sanguinolante. Un flot carmin jaillit de sa gorge comme une fontaine, et il plaqua sa main dessus pour en atténuer le flux mais il était trop tard. Son liquide vital débordait de ses doigts inutiles et ses yeux s'écarquillaient devant l'horreur de sa propre agonie. Il fit un pas en arrière. Il me tenait toujours pendu dans sa main, mais il ne tarda pas à me lâcher en trébuchant en essayant de se rattraper à quelque chose. Seuls ses ongles rencontrèrent le tableau et y produisirent un crissement strident dans sa chute. Il tomba à la renverse, avec maints borborygmes et grognements, puis entreprit de se redresser sur son séant, jetant sur moi un regard fou.

«S-sale engean-geance...! »

Un choc sourd me percuta dans le poitrail et je me vis valser à travers la pièce avant de m'écraser contre la paroi opposée et de retomber mollement sur le sol. Tous les élèves présents s'étaient déjà levés et avaient baissé la tête pour éviter d'être heurté. Je demeurai sonné au sol alors que les claquements des souliers, et les cris affolés des adolescents qui donnaient des ordres à d'autres retentissaient autour de moi comme autant de gongs dans mes oreilles. Je clignai des yeux pour me défaire d'une vision trop floue, l'un des jeunes hommes dans la foule tourna la tête vers moi.

« C'est un démon...Chassons-le avant qu'il ne s'en prenne à nous! »

Ce jeune bipède avait tellement l'air sûr de lui. Il retroussa sa manche et fit crépiter une boule de feu entre ses doigts. Cela commençait à devenir vraiment dangereux pour moi, finalement. J'ordonnai à mes muscles de bouger et je me traînais vers la porte. Le jeune mage émit un son aigu, et jeta un filet de flammes dans ma direction. Je me carapatai aussi vite que je le pus, évitant la déflagration de la langue enflammée. Une flammèche s'attarda sur le bout de ma queue, mais je n'avais pas le temps de l'éteindre. Je filai déjà à travers les corridors inextricables de la Tour des Mages, sans réel espoir d'en sortir par mes propres moyens.
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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyDim 3 Mar 2013 - 2:53

Le chaos. J’étais pétrifié. Complètement perdu, au milieu de toute cette foule hyperactivée par l’adrénaline et la peur. Cri, course … Devant moi, gisait le corps égorgé du professeur. Je l’avais tué. Je savais que ce chat était en fait un assassin, il me l’avait dit. Pourtant, je l’avais emmené ici. Devant sa cible. Certes ladite cible était un enfoiré fini, et ses cours étaient, paraît-il, surveillés de près par les autorités de la tour. Certes il y avait de fortes chances pour qu’il ait touché à la magie noire en son temps. Il restait cependant un membre de l’école, et j’avais participé à sa mise à mort. J’étais en état de choc : il y a un pas entre envisager la mort de quelqu’un et voir cette personne morte. Il y a un pas entre avoir soi-même une lame sous la gorge, et voir les dégâts que cela peut causer. On devient douloureusement conscient de ce à quoi on a échappé, de ce qu’on a infligé à l’autre.

Voilà donc pourquoi j’étais pétrifié. Je mesurai l’horreur de ce que je venais de faire, tout simplement. Je sentis une intense chaleur passer près de moi, et par réflexe je sautai sur le côté pour l’éviter. En plus de me faire revenir à la réalité, ce sort m’avait permis de retrouver le chat, car il lui était destiné. Ignorant le novice imbécile qui s’excusait pour avoir manqué me cramer la tronche , je me précipitai à la suite du félin.

J’avais droit à des explications. Le Vein, les démons, tout ça … ça faisait deux fois que j’y étais confronté. Deux fois que cela provoquait des catastrophes. J’avais été « dispensé d’assiduité » pour les cours de magie du feu après l’histoire de la fontaine de vision, parce que le professeur voulait m’éviter. Là, la tour allait carrément être mise en deuil, au moins le temps que Frisbas soit inhumé, pour préserver les formes à défaut d’avoir un véritable chagrin. Puis tous les élèves avaient vu que c’était moi qui avais amené Humphrey. Et on m’avait vu le poursuivre. Pensait-on que je fuyais en compagnie du meurtrier, ou que je le poursuivais ? Peut importe en fait, je devais le rattraper. Que ce soit pour le livrer au courroux des mages ou, au moins, avoir droit à des explications sur ce monde terrible, où les chats peuvent sont assez forts pour tuer des humains, même en plein milieu d’un sort de transformation profond.

Je courrai de toutes mes forces, manquant de perdre la trace du chat à chaque intersection. Au final, alors que j’avais commencé la course accompagné de quelques élèves, il n’y eu plus que nous. Pourquoi aucun professeur n’était-il intervenu ? Pourquoi aucun mécanisme magique ne s’était déclenché ? La course pris finalement fin, dans une pièce vide et sombre, au bout de mains et mains détours, escaliers et couloirs.

Hitori – Pourquoi tu t’arrêtes ici ? Si tu veux un minimum de sécurité, il vaudrait mieux pour toi sortir de la tour, non ? Mais avant ça … Tu m’avais promis des explications ! Le vein, les démons … J’ai déjà rencontré un démon je crois, et entrevus le monde d’où il venait. Qu’est-ce que c’est en fait ?

Non, décidément, je ne devrais pas être en train de poser ces questions. Je devrais être en train de rassembler des professeurs pour attraper ce chat et leur livrer. Ou alors je devrais être hors de la tour avec lui, à fuir Beolan sans espoir de retourner y étudier. Mais s’il y avait bien une chose qui n’avait aucun sens, ce serait bien de commencer à discuter avec l’assassin d’un professeur de la tour moins d’une heure après le meurtre ! Et pourtant, c’est ce que j’étais en train de faire. Je parlais à un chat. Je discutai avec un assassin. Alors que vu les circonstances, j’avais déjà de grandes chances d’être accusé de complicité. Et moi je n’essayai pas de le capturer ou de l’aider à fuir, je lui posai des questions. Avais-je une seule once de bon sens pour faire cela ?





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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyDim 24 Mar 2013 - 16:04

Il me semblait que c'était la toute première fois de ma vie que je courus aussi vite. En quittant cette salle de cours où régnait un chaos absolu, où les élèves de Peron s'étaient mis à se bousculer pour me poursuivre ou pour aider leur professeur, je pensais trouver un abri facilement en distançant la foule de magiciens. Mais je me trompai. À la première bifurcation qui me ramenait sur le chemin emprunté précédemment par Hitori et moi, j'entendis d'autres clameurs retentir de l'autre côté du corridor. Par un procédé qui m'échappait, l'information de l'attaque de Peron s'était diffusée à toute allure dans la Tour.

J'avais sans doute sous-estimé ce point crucial de ma mission : la fuite.

Je descendis une volée de marches circulaire qui me fit gagner l'étage inférieur. Je cherchais à éviter les claquements de souliers dangereusement proches de mes poursuivants. Je ne me souciais guère de la direction que je prenais, il me fallait les semer, quitte à bondir d'une fenêtre pour me retrouver dehors. Et plus je progressais, et plus je sentais l'ultime étau se resserrer. J'en venais presque à sentir l'acidité de la panique gagner mes pattes véloces. Les couloirs et les escaliers se succédèrent à une allure folle devant mes yeux. Plus que ma volonté, mes membres me guidèrent là où je ne risquais pas d'être débusqué. Au détour d'un corridor, je m'infiltrai dans une porte ouverte d'une chambre et eut la désagréable surprise de tomber sur un mur sans fenêtres. Je rebroussai chemin et en empruntai une autre, mais en faisant face à la même situation. Je restai un moment hébété sur le pas d'une entrée, puis j'entendis le son précipité d'un élève qui m'avait repéré je ne sus comment. Mais je m'estimai chanceux, il était tout seul, je pouvais espérer trouver une cachette en augmentant les probabilités de ne pas me faire repérer. J'entrai dans la chambre devant laquelle je faisais face, et me jetai dans un panier en osier posé près d'un coffre rempli de vêtements. Au même moment, le jeune mage surgissait dans l'encadrement en jetant des regards attentifs et perçants dans toute la pièce. Je restai immobile. Il avança d'un pas, et huma l'air, chose qui m'étonna. Était-il capable comme les animaux, de dépister un individu par son odeur? Cela me parut plus probable lorsqu'il se mit à fureter les meubles de la pièce. Je rentrai discrètement ma queue, et la plia tout contre moi. Ma queue émit un frottement contre l'osier, mais l'humain ne s'en aperçut pas. Il s'approcha d'une commode et en ouvrit le tiroir d'un seul coup. Il brandit sa baguette vers l'intérieur en plissant les yeux d'un air concentré. Il commença à faire le tour de la pièce en retournant des vêtements qui traînaient là, et des parchemins en les envoyant voler par-dessus son épaule. Son manège dura plus d'une minute, une très longue minute. Il ne sembla pas décider à partir, son intuition devait être trop forte. Peu à peu, la résolution de lui sauter dessus et de le tuer aussi grimpa en moi comme un frisson désagréable. Cette idée ne me plaisait pas du tout, elle engendrerait trop de risques, mais je ne pouvais pas me permettre de finir capturé dans un cul-de-sac, et encore moins d'attendre que toute la Tour rappliquât ici.

Alors que je montais un plan dans ma tête, j'oubliai de le surveiller, et il finit par disparaître du champ de vision précaire qu'offrait l'interstice du panier. La surprise et la panique furent totales quand le panier se secoua et se retourna sans ménagement, me faisant choir sur le sol. Une force énorme s'appuya sur mon dos et m'emprisonna sans que je ne puisse faire un quelconque mouvement. J'entendis le gloussement jubilatoire du jeune homme, et il appela les autres à la rescousse. Aussitôt, les voix lointaines derrière les murs s'affolèrent et la pierre de la Tour résonna de leur course précipitée. Je poussai de mes pattes pour lutter contre l'emprise magique qui me plaquait contre le parquet et émit un miaulement frustré. Quelle bien triste fin...Réussir un assassinat depuis bien longtemps et se faire capturer par ce que je haïssais le plus. Cette impuissance immobilisait encore plus mes muscles et les rendait inutiles. Ils étaient comme ramollis par mon incapacité à ne pas trouver de solutions. Je tournai la tête vers lui, il se pencha sur moi, son bâton se tendant vers mon museau, et je feulai en réponse à sa provocation. Il gloussa à nouveau, et je vis dans ses pupilles son envie dévorante de me frapper de toutes ses forces. J'avais déjà aperçu cette malice dans les yeux des gamins qui m'avaient agressé ce matin-même. Cette malice dégradante, et primitive. Peu à peu, la résistance et l'assiduité de mes muscles firent remuer mes articulations. Je ne savais pas par quel miracle cela pouvait-il être encore possible, mais je réussis à me redresser sur un côté. Mais la peine que je me donnai se vit avortée par son coup de bâton furieux dans mes flancs. La douleur explosa dans mes côtes en se répandant dans mon corps déjà martyrisé par les coups de Frisbas et le sortilège de malheur. Je poussai un long grognement à son égard, et évitai alors un nouveau coup en reculant la tête par chance. Il rugit à nouveau en brandissant son arme, les dents serrés, le visage figé dans une expression affreuse d'avidité meurtrière.

« HUMPHREY ! »

La voix tonna dans la pièce, et fit vibrer les commodes dans l'obscurité croissante. Le jeune mage se pétrifia aussitôt dans son geste, et tourna lentement la tête. Derrière lui, l'air se fendit à deux, et révéla une fente sombre, d'où se dégagea aussitôt une odeur de soufre mêlée à celle d'un important dépôt de moisissure. L'humain eut à peine le temps d'ouvrir la bouche pour prononcer un sort qu'un tentacule jaillit de l'ouverture magique et le happa à l'intérieur. Ils disparurent dans la seconde en ne laissant rien de plus qu'une effluve rance et infâme dans la pièce. J'étais encore abasourdi par le déluge de violence du bipède et sa brusque disparition, avant de rassembler les lambeaux de ma conscience disséminés par la vitesse des évènements. L'étau s'était desserré, et j'étais de nouveau libre. Cependant, même si le soulagement me laissait envisager une fin plus heureuse, il ne révéla qu'un pan de vérité encore plus traitre : mon bienfaiteur était directement intervenu dans ce monde, et cela ne présageait rien de bon pour moi. Il m'avait sauvé mais cela n'étouffera pas son mécontentement. De plus, même si j'avais le champ libre pour m'échapper, j'étais toujours bloqué sans aucune idée de l'issue à emprunter. Pour le peu de dignité féline qu'il me restait, il fallait que je sorte d'ici le plus vite possible, ou, dans la limite du concevable, tuer quelques-uns de ces freluquets au passage.

Alors que je gagnai la porte, une silhouette me bloqua le passage, une main sur l'encadrement. C'était lui, mon fameux sauveur qui m'avait directement amené devant ma cible, Hitori. Ma première pensée fut celle de prendre la poudre d'escampette devant lui en espérant qu'il fut encore de mon côté, et ne chercha pas à me bloquer avec un autre de leurs sortilèges infernaux. Mais sa question me convainquit de rester devant lui, à le dévisager de mes yeux brillants et perçants. Un silence de curiosité tomba entre nous comme le voile épais et interdit qui cacherait un réduit où se dissimulaient les plus funestes réponses. À ses mots, je fus frappé de constater que pour lui, j'étais plus qu'un chat, et j'en fus d'autant plus affecté que je me persuadais souvent de cette idée. Cela me changeait tellement des trois premières années de ma vie...Réfléchir, anticiper, analyser...Prévoir mon avenir, et songer aux ramifications de probabilités qu'il engendrait. Je n'étais pas qu'un chat, car pour lui, le Vein était une légende. Les démons aussi. J'étais un démon, et de son point de vue, je dépassais largement la simple apparence physique de Feleth. Après tout, existe-t-il des chats qui tuent contre un menu festin dans son monde? Je ne savais que trop peu quelles réponses devais-je lui fournir, parce que je ne savais pas jusqu'où allait sa compréhension. À force de cacher la réalité aux humains, elle ne devient plus qu'une ruine dont on oublie l'existence. Elle est toujours là, comme les étoiles en plein jour, ou le soleil en pleine nuit, mais elle est ailleurs, et désormais, elle leur échappe, car ceux qui ne souhaitent pas en dévoiler la moindre parcelle la déplacent dans les limbes nébuleuses des contes et mythes, camouflée au fond de la conscience des plus érudits...J'arrêtai de fixer Hitori, ma tête se mettant à tourner sous ces réflexions de démon...Je tus brusquement le flot de mes pensées en commençant.

« Le Vein existe, comme Béolan existe. Mais pas comme Béolan existe. Béolan ne change pas, le Vein si. Imagine que tu secoues un bol de lait. À chaque mouvement, les bulles changeront de place, et il y en aura sans doute plus qu'au précédent. Cependant, ça reste du lait. Ce n'est pas vraiment à moi qu'il faut demander cela...Je ne suis qu'un chat. »

La clameur grave d'une voix masculine retentit à l'autre bout du couloir.

« Suis-moi, je t'en dirai plus. Il y a des choses qui prennent du temps à expliquer.

Et, sans réellement attendre de réaction de sa part, je filai aussitôt dans le couloir vers une issue prometteuse, une autre volée de marches en colimaçon qui descendait d'étage en étage. Des bruits tonitruants nous parvinrent des hauteurs, mais je n'avais nulle envie de m'attarder pour déterminer leur source. Au détour d'un palier, un visage apparut en bas des marches. La jeune femme écarquilla les yeux en me voyant bondir à son visage, lui assener quelques coups de crocs avant de me laisser retomber et de poursuivre la course folle dans les marches en spirale. Un pan de mur explosa juste derrière moi, libérant des éclats de plâtre qui ne me touchèrent qu'à peine. Je les entendais me maudir de tout leur être, et encourager Hitori à me poursuivre pour me lacérer vivant...En le voyant à ma poursuite, ils avaient sans doute pensé qu'il était le seul à être apte à achever cette course au meurtrier. De ce côté-là, mon plan avait fonctionné. Il y eut alors deux autres déflagrations retentissants au-dessus de nos têtes, manquant de nous faire trébucher du défilement de marches. Un bras de pierre s'extirpa du mur et balança sa grosse main vers moi pour me happer dans ses doigts implacables mais je me faufilai comme un fantôme sous son articulation alors qu'il allait frapper inutilement la paroi d'où il avait poussé.

Nous poursuivîmes notre descente jusqu'à parvenir, je l'espérais, au dernier palier. Me fiant uniquement aux embruns marins qui flottaient imperceptiblement dans les corridors, je progressai rapidement vers une lourde porte en bois. Je me jetai sur la poignée pour la tourner, n'ayant pas le temps de patienter qu'Hitori me rejoignit, mais celle-ci s'ouvrit à la volée, m'envoyant valdinguer au sol. Tandis que j'achevais ma chute en roulant durement par terre, une ombre se profila sur moi de toute sa stature. Je me lançai tout de suite vers la sortie que l'inconnu avait libéré, mais son coup de pied me cueillit dans le crâne et me fit à nouveau voir des étoiles.

«Merci, sire Yamâme. Vous avez prouvé aujourd'hui que vous pouviez faire quelque chose d'utile. »

Le vent du dehors souffla sur mes poils, et je levai la tête vers cette liberté qui m'échappait encore. Mais la voix souleva un frisson plus violent que tous les courants d'air connus. Mes yeux se posèrent sur ses bottes, et suivirent la ligne de sa robe pourpre et tâchée jusqu'à son visage cireux. Sa main était plaquée sur son coup, et ses doigts...étaient recouverts d'une croûte séchée. Je n'eus aucun mal à discerner ses traits malgré la grimace de souffrance qui les tendait, mais la brusque réapparition de ce Caduque me fit l'effet d'un pavé jeté en pleine figure – ou alors était-ce dû au coup de pied violent. Néanmoins, je ne trouvais plus de raisons de réagir. Peron avait gagné, il avait survécu, j'avais échoué, j'étais condamné. L'expression de mon ennemi se durcit encore au point de devenir un masque de marbre blanc et il pesta.

« TU CROYAIS POUVOIR ME TUER COMME ÇA, MISÉRABLE DÉMON À FOURRURE? Tu vas y goûter à mon lait, et jamais Uldur'Yn ne t'en donnera de meilleur !  »

C'en était trop. J'avais trop donné de mon être dans cette mission. Si mes cibles ressuscitaient après que je les ai tuées, cela ne servait plus à rien que je ne m'acharnai à fuir. Tout en observant sa main menaçante se tendre à ma hauteur, j'en venais à me questionner quand à l'intérêt qu'avait mon bienfaiteur de me confier des contrats aussi dangereux. D'ordinaire, je n'étais confronté qu'à des Caduques aux capacités réduites, qui se révélaient pourtant être de véritables parasites pour la société. C'était un critère donc je ne me souciais que peu, je ne me contentais que de la récompense qui s'ensuivait, mais cette situation ne m'offrait plus que la perspective de la mort. Des arcs électriques coururent sur les doigts du vieux mage.

Je poussai un miaulement vaincu.

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Hitori Yamâme



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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyJeu 28 Mar 2013 - 9:26

Frisbas - TU CROYAIS POUVOIR ME TUER COMME ÇA, MISÉRABLE DÉMON À FOURRURE? Tu vas y goûter à mon lait, et jamais Uldur'Yn ne t'en donnera de meilleur !

Bon, là je demande une pause, j’ai besoin de comprendre pleinement ce qui se passe. Alors, on reprend depuis le début … Je croise un chat sur le point de se faire lapider, et je disperse les petites frappes. Je ramène le chat à la tour, et Tabia le soigne. Sur ces faits, il me parle, premier choc. Puis il sort de ma chambre, comme si il ne risquait rien. Je le poursuis dans les couloirs dès que j’ai repris mes esprits. Nous sommes finalement interrompus par Peron Frisbas, un des profs les plus … sujet aux rumeurs … qui soit. Contraint d’emmener le félin au cours de Frisbas (où l’attend une mort presque certaine), j’apprends qu’il est lui-même un assassin, et que sa cible se trouve être son probable bourreau. Le cours tourne court (haha), et Frisbas se fait trancher la gorge par le félin. S’ensuit une course-poursuite, qui nous a menés ici.

Et Ici, c’est la salle d’entrée de la tour. Avec la porte à moitié ouverte. J’étais devant tous le monde, le plus proche d’Humphrey (le chat), et nous allions bientôt trouver un endroit où nous isoler pour qu’il puisse me parler de ces histoires de Vein et de démons. Mais voilà, Frisbas a eu beau se faire trancher la gorge, il n’est pas mort. Une hideuse croûte de sang séché enferme à moitié ses doigts sur sa gorge. J’ai toujours considérées les rumeurs sur lui comme au moins à moitié vraies, mais maintenant je suis sûr qu’il touche (ou a touché) aux arts noirs : du sang ne coagule pas si vite de façon naturelle. Bon, et maintenant, questions …

Démon à fourrure ? Comment sait-il qu’Humphrey n’est pas un chat ? Hum, à bien y regarder, il a de bonnes raisons de le penser, et puis ça peut juste être une expres​sion(ah oui, ou alors il se base sur les paroles qu’a prononcé le chat juste avant de l’égorger.)
Uldur’Yn ? Qu’est-ce que c’est ? La démonologie n’est enseignée qu’aux apprentis des manipulateurs des arts noirs : c’est un démon peut-être ? Une région ? Une sorte de divinité ?

Jetant un regard rapide autour de moi, je remarquai que je n’étais pas le seul à me poser cette question. Mais je devais faire quelque chose pour ce chat. N’importe comment, je préférai aider un chat qu’un mage noir. Ou bien aider quelqu’un qui allait me fournir des informations plutôt qu’un homme qui me méprisait. Malheureusement, ma sympathie allait à un démon. Un démon qui avait tenté de tuer un professeur de la tour, qui plus est. Je ne pouvais donc pas le soutenir devant tous le monde : pour pouvoir l’aider, je devais trouver une solution discrète.

Puis je levais les yeux, et je le vis : Hector, l’apprenti de Frisbas, qui suait à grosses goutte, et suintait la magie noire jusqu’ici. Le visage du professeur était plus que crayeux, et nous l’avions tous vu mourir. Quel genre de magie avait-il put enseigner à Hector pour que ce dernier puisse le maintenir en vie en ce moment ? Il fournissait visiblement de gros efforts. Frisbas préparait un sort de foudre : c’était maintenant ou jamais le moment d’intervenir.

Je saisis la petite dague qui ne me quittait jamais : ça faisait toujours hésiter les gens mal intentionnés, magie ou pas magie. Et comme je n’allais pas me promener que dans les beaux quartiers, et bien disons que c’était une mesure de sécurité minimale. Je la projetai sur Humphrey, comme si j’avais voulu le transpercer avec. L’acier intercepta la foudre, et le logea entre deux dalles du sol, près du chat. Je pestai pour la forme : si je n’arrivai pas à toucher les cibles que je visai, il avait plus aux dieux que je réussisse à ne pas toucher ce que je ne voulais pas blesser. Je vis une lueur de peur mêlée de colère passer dans les yeux de Frisbas, puis une sombre détermination put s’y lire. Un voile noir le recouvrit d’un coup, et une onde de choc nous projeta tous quelques mètres en arrière. En me relevant, je croisai le visage d’Hector : la terreur pure que j’y lu me fit craindre le pire.

Une sorte de bouillonnement prit soudain la masse noire et impénétrable qui avait été un mage de Beolan un peu plus tôt. Puis les ténèbres s’estompèrent, laissant apparaître une créature qui n’avait rien à voir. Hector poussa un hurlement et prit ses jambes à son cou : et s’il fut le seul, c’est parce que, tous, nous étions encore sous le choc. La créature ne faisait plus qu’évoquer un humain de loin. Son visage était presque effacé, comme si un masque de chitine jaune pâle avait été posé dessus. L’impression était renforcée par le fait que ses yeux n’étaient plus que deux braises ardentes, enfoncées dans ses orbites. Son corps semblait desséché, et flottait à quelques millimètres au-dessus du sol. Enfin, la voix qui sortit de sa gorge était … inhumaine.

Frisbas – Regarde à quoi j’en suis réduis ! Je me suis réfugié ici pour échapper à mes usuriers, et voilà qu’ils m‘envoient l’un de leurs agents. J’ai même dû devenir liche pour ne pas disparaître. Et tu sais quoi, petit chat ! LA COLERE D’UNE LICHE EST TERRIBLE !

Une … liche ? Ces créatures dont on prétend qu’elles sont les décombres d’un sorcier noir, qui se serait laissé submerger par ses pouvoirs … Une sorte de mort-vivant suprême, doué d’une magie terriblement dévastatrice. De son ancienne vie, il ne garde qu’un but inachevé, et une haine envers tous ce qui vit. Si le but premier de Peron était de tuer Humphrey, et que mes lectures ne m’avaient pas trompé, ça voulait dire qu’il se retournerait contre nous aussitôt qu’il aurait tué le chat. Je comprenais pourquoi Hector avait fuit.

Autour de moi, les élèves qui reprenaient leurs esprits fuyaient. Moi, j’étais encore sous le choc. Bientôt, il ne resta plus que nous trois. Une aura sombre entourait l’ancien mage, et on devinait des tentacules s’y tortiller, comme torturés à l’infini par une force invisible, n’attendant qu’un ordre de la liche pour se précipiter sur le chat. Un éclair de lumière frappa le monstre dans le dos. Je me retournai, comme la liche, pour voir un professeur d’archimagie les mains chargées de lumière.

Silver – Frisbas, je ne t’ai jamais fait confiance, mais je ne pensais pas que tu étais corrompus à ce point. Tu n’es plus qu’une menace pour la tour, une menace que la lumière doit effacer de ce monde !

Un rayon d’énergie pure échappa des mains de chaque belligérant en même temps, l’un noir l’autre blanc. Je vis que le chat en profitait pour fuir, et dans un juron je repris la course, profitant de la diversion bien peu intentionnelle de Mr Silver pour « poursuivre » Humphrey. Bientôt nous fûmes dans les rues, puis dans les quartiers mon bien famé de la ville. Là, dans une petite allée fermée, le félin du Vein se mit à tituber un peu sous le coup de la fatigue. Moi, j’étais à bout de souffle. D’autres professeurs avaient dû venir aider l’archimage, et la liche n’existait sûrement plus, du moins l’espérais-je. Je pris la parole de façon hachée, à cause de ma respiration saccadée.

Hitori – Je … Je t’ai suivi pour les ex … les explications. Tu ne devrais pas t’attarder de trop a … alors ne perdons pas de temps. Je … t’écoute.
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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyJeu 30 Mai 2013 - 19:23

Ici devait s'estomper ma vie aussi brusquement qu'elle avait commencé, dans un déferlement de douleur et de grande vulnérabilité impuissante. J'avais simplement reculé d'un pas, mais la vision de la magie déchirante qui courait entre les doigts de Peron me pétrifiait littéralement sur place. Ma force avait atteint ses limites devant un être qui me surpassait autant dans la taille que dans la malice. La cicatrice sur son cou, immonde rictus boursouflé, me rappellerait toujours ma défaite cuisante, si tant est que je fusse toujours en vie après cet affront...Je n'attendais plus qu'Hitori intervînt, et qu'il m’extirpât de ce guêpier.

Mais au moment où le sort fatal devait me frapper, un brusque éclair de lumière poussa Frisbas dans le dos, manquant de le faire trébucher sur nous. Il fit volte-face, la mine déformée par la rage. La puissance de son sortilège ne s'était pas estompée pour autant, elle en était même devenue affreusement décuplée. Le nouvel arrivant s'avança sur son adversaire d'un pas assurant, le visage aussi imperméable qu'une vitre immaculée. Ses mains n'étaient pas dressées pour menacer la liche, mais elles brillaient d'un halo si éblouissant qu'il englobait chacune de ses mains dans une sphère pure et éclatante, une lumière telle qu'elle écartait risiblement les ténèbres qui émanaient de l'aura du mage noir. L'inconnu apostropha Peron avec une voix mêlée de déception et de dégoût, mais il eut comme réponse deux traits sombres qui fusèrent vers lui. Il leva promptement les bras et absorba les dards. La liche décocha aussitôt un rayon d'énergie pure et le mage aux cheveux argentés répliqua avec une copie parfaite de son sortilège, mais beaucoup plus brillante. Le choc entre les attaques commençait à vibrer crescendo quand je m'arrachai enfin à sa contemplation pour détaler en direction de la sortie. La porte était fort heureusement entrouverte, et je m'y glissai sans jeter un regard en arrière.

L'instant d'après, je filai dans les ruelles mal-famées du quartier voisin à celui des mages, mes pattes écrasant insensiblement la boue des pavés. Quelques chalands me regardèrent passer de leurs yeux vides, alors que des miséreux grognèrent à mon passage en se demandant sans doute après quelle souris je courais, ou avec quel met je pourrais être accommodé dans un ragoût. Après avoir établi une distance plus que correcte avec l'immense tour d'ivoire qui se découpait maintenant dans un ciel laiteux par-delà les toits précaires des logis portuaires, je bifurquai dans un ruelle, et réduisit ma vitesse en me mettant juste à trottiner. Les muscles de mes pattes étaient tendus comme des fils de fer. Mon poil était devenu rêche à cause de l'angoisse et de la fatigue. L'air pitoyable, j'avançai d'une légère foulée incertaine derrière un tas de détritus derrière lequel je m'affalai sans me soucier de la bande de rats qui s'attaquait à une masse gluante non loin.

Et enfin, la dernière personne que je pouvais espérer revoir, Hitori, me débusqua de mon refuge. Il était lui aussi à bout de souffle, et sa voix erraillée trahissait la combustion de ses poumons fatigués. Je le dévisageai un instant de mes yeux pénétrants, et reposai la tête sur l'une de mes pattes repliées.

« En effet, j'ai une dette envers toi. », soufflai-je d'un air las.

Mes yeux commençaient à se fermer tous seuls, mais je me résignai finalement à lutter contre le sommeil pour lui répondre.

« Tu sembles faire partie de toutes ces personnes incrédules qui sont convaincues que Feleth est le seul monde concevable et existant dans cet étrange univers. Tu ne vois la voûte céleste que comme l'ultime barrière, la dernière frontière. A vos yeux, vos règles, vos normes sont les seuls fondements. Vos problèmes, vos soucis, vos conspirations politiques semblent être les seules choses qui vous tracassent. Votre empereur est pour vous le seul chef proclamé et reconnu – ou pas – par tous. Vous essayez d'apprendre, vous essayez de comprendre, vous vivez, vous survivez, vous essayez de pousser votre existence vers un but que vous vous êtes fixés il y a des années. Chaque nouvelle découverte vous remplit de satisfaction, chaque progrès vous regonfle d'espoir. »J'émis un soupir félin, déjà ennuyé de devoir élargir la conception d'un mage ingénu.Et pourtant, vous êtes encore loin d'imaginer ce que vit derrière cette barrière. Non, pas derrière cette barrière...derrière vous. A chaque fois que vous regardez un point dans le coin de l'oeil, vous voyez le Vein, l'obscurité, là où tout finit, là où ne poussent que les germes du chaos semées par la haine et nourries par le désespoir. N'y voyez pas qu'un territoire défini, avec ses collines brassées par le vent et ses plaines lourdes de silence. Imaginez plutôt une étendue de souffrance bercée par mille échos d'agonie, comme autant d'embruns malsains. Et quand bien même, les mots seuls sont bien loin de la réalité. »

Les rats venaient de finir leur repas et levaient tous leurs yeux brillants sur Hitori, debout devant moi, furetant de leurs museaux comme s'il était tout proche d'eux. Et quand ils m'aperçurent, ils se dispersèrent en une vague bondissante.

« Et je viens de cette dimension. Tous ceux qui en sortent sont considérés comme des engeances, ou comme des démons, comme le décrivent vos religions. Mais nous, descendants de la Corruption, avons comme vous des buts à atteindre, et c'est pourquoi nous émergeons de temps à autre sur Feleth. J'espère que Peron Frisbas est bel et bien mort. »ajoutai-je en guise de conclusion.

La simple pensée de son visage déformé par les affres de son avidité pour le pouvoir me fit frémir. En y repensant, j'avais désormais du mal à réaliser que mes griffes aient pu se planter dans sa gorge grasse.

Les nuages cotonneux avaient pris la teinte de l'acier durant ces derniers instants. Désormais, ils grondaient de colère, comme si un événement venait de contrarier les Dieux. Un éclair zébra alors le ciel pendant une fraction de seconde, suivi d'un autre. Les masses nuageuses commençaient à se regrouper au-dessus du pic de la Tour, comme mus d'une conscience propre pour dénoncer le lieu où venait sans doute de s'achever une terrible bataille...
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Hitori Yamâme



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MessageSujet: Re: Le meilleur ennemi du chat.   Le meilleur ennemi du chat. EmptyJeu 13 Juin 2013 - 11:41

J’ignorai sciemment la première partie du discours du félin. Non pas que je refuse d’entendre que les humains avaient une conception étroite du monde, mais ce n’était pas là ce qui m’intéressait. Je prêtai donc l’oreille à ce qui suivit.

Humphrey - Pourtant, vous êtes encore loin d'imaginer ce que vit derrière cette barrière. Non, pas derrière cette barrière...derrière vous. A chaque fois que vous regardez un point dans le coin de l'œil, vous voyez le Vein, l'obscurité, là où tout finit, là où ne poussent que les germes du chaos semées par la haine et nourries par le désespoir. N'y voyez pas qu'un territoire défini, avec ses collines brassées par le vent et ses plaines lourdes de silence. Imaginez plutôt une étendue de souffrance bercée par mille échos d'agonie, comme autant d'embruns malsains. Et quand bien même, les mots seuls sont bien loin de la réalité.

J’avais eu un aperçu de ce monde. C’avait donc bien été autre chose que mon monde. L’aperçu avait été bref, et je n’avais pas vraiment eu le temps de m’en inquiéter sur le moment, ayant fort à faire avec un démon. La description qu’il me faisait de ce monde remuait des frissons dans mon âme. Je revoyais encore l’énergie malsaine de ce lieu pénétrer mon monde, en longue vagues sombres. Ce que j’avais espéré être un lieu reculé et hermétiquement scellé été en fait … tout proche.

Humphrey – Et je viens de cette dimension. Tous ceux qui en sortent sont considérés comme des engeances, ou comme des démons, comme le décrivent vos religions. Mais nous, descendants de la Corruption, avons comme vous des buts à atteindre, et c'est pourquoi nous émergeons de temps à autre sur Feleth. J'espère que Peron Frisbas est bel et bien mort.

Plus proche encore que je l’avais pensé. Je frémis en encore avant qu’un frisson tout aussi glacial que les précédents vint se saisir de mon échine à l’évocation du vieux Frisbas.

Hitori – Frisbas est mort quand il est devenu une liche. Il n’a plus qu’un but : détruire. Ce n’est plus le professeur de la tour. Et si monsieur Silver n’a pas réussi à l’arrêter, les autres professeurs l’auront fait. De plus, l’un des maîtres de la tour est un archimage : je ne pense pas qu’une liche ait la moindre chance. Au pire fera-t-il des victimes, mais il ne devrait pas mettre la tour à sac.

Je le pensais vraiment. Les professeurs n’étaient pas les derniers des incompétents, malgré le mépris qu’ils avaient pour mon travail. Et monsieur Silver était un archimage de talent. Même s’il avait été vaincu, il avait dû suffisamment blesser ou affaiblir le monstre pour qu’il soit vaincu. Peut-être même que le vieux triumvir était intervenu. Auquel cas nous n’avions rien à craindre.

Les premières gouttes d’un orage tombèrent du ciel. Il restait un détail qui me chiffonnait, et je devais en avoir le cœur net. Je plongeai mes yeux dans ceux, mystérieux, du chat noir. Cherchant mes mots au fur et à mesure que je parlais, je m’exprimai avec un débit plutôt lent.

Hitori – J’ai déjà rencontré un démon. Il m’a dit « S'il le faut je parcourrais les trois mondes, mais je vous trouverais et vous ôterais la vie. Ne mourrez pas avant. » . Si je comprend bien, le Vein serait un monde, et celui-ci le second. Il y en aurait donc un troisième ? Autre chose, vous pouvez vous déplacer librement entre les mondes, ou vous devez être invoqués ?

Ce démon, Thran, avait dit être un Seïrdan. Si le chat ne perdait pas patience, je lui demanderais ce que ça signifie. Etait-ce une classe de démon, une race ? Un titre peut-être ? J’avais devant moi une mine d’informations, et vu l’aspect lugubre de la tour à ce moment précis, je voulais retarder au possible mon retour.
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