Le Tigre Noir

Extrait de : FAUNE ET FLORE
DU MAPITAWAMBE par LE MAGE HELAN

Chapitre VI : Les prédateurs

LE TIGRE NOIR (Panthera Nigris Tigris)

" C'est le long des gorges du Mapitawambé que nous avons croisé ce remarquable spécimen de Nigris Tigris. De la taille d'un veau à peu près, c'est un matelot effrayé qui l'a aperçu et me l'a désigné. Qu'il était fier ! Il se tenait sur un rocher en aplomb du fleuve, droit, la bouche tenant encore un bras humain sanglant, ultime trophée de chasse. Il devait sans doute être chassé car à peine ais-je eu le temps de l'admirer qu'il sautait déjà dans l'eau du fleuve, le traversait à toute vitesse, étonnamment à l'aise, et disparaissait dans les fourrés avec grâce, rapidité et une puissance féline incroyable.

[...]

C'est plus tard que nous en avons croisé un autre. De jour sa robe semblait grise et rayée de tâches d'un noir profond. Cela m'avait semblait étrange au vue des couleurs luxuriantes, mais ô combien trompeuses, qui siégeaient partout dans la jungle, mais ce soir là au campement j'ai compris pourquoi ses rayures étaient telles ... Il avait bien put se tenir là pendant des heures et des heures, peut être était-il même là avant que nous ne nous installions, toujours est-il qu'au moment où chacun se réjouissait et riait abondamment en partageant un bon repas, ce que tout le monde avait pris pour une ombre se tant à la lisière du camp, a sauté sur un des matelots de l'équipage, à ce jour je n'ai revu ni la bête, ni le matelot."

Le Tigre noir des jungles de Feleth est un félin d'une taille plutôt moyenne recélant toutefois une puissance des plus grandes parmi les prédateurs animaux de Feleth. Plus petit que son cousin des plaines, le tigre noir n'en demeure pas moins dangereux. D'une robe grise/grise sombre tigrée de rayures noires voire bleues marines pour certain, il possède un pelage ras, et une crinière à peine perceptible dont les poils sont à peine plus clair que le reste de sa robe, et deviennent argentés pour les spécimens les plus vieux. Super-prédateur dans la jungle aux abords du Mapitawambé, même les démons semble l'éviter. la raison en est son extrême agilité, sa fureur incroyable, sa pugnacité et surtout sa furtivité qui lui a d'ailleurs donné son surnom de "griffe-nuit".
Contrairement à son cousin des plaines, le tigre noir est un animal très social, les nombreuses observations ont pu déterminer que le territoire de chasse du tigre noir croise celui de plusieurs autres. Les femelles semblent prendre une place prépondérante dans la vie de l'animal, et chaque spécimen semble ne choisir qu'une femelle.

Triffedin De Nativar, second explorateur a écrit:: " Depuis la mort de la femelle, le mâle n'a pas bougé, il veille le cadavre, continue de le nettoyer et chasse les charognards [...] Cela fait désormais plus d'une semaine que le mâle n'a pas bougé des environs du cadavre de la femelle, le spécimen est faible, cadavérique il n'a pas mangé depuis plusieurs jours et reste de longues heures couché auprès de la défunte femelle, il gémit de façon différente auprès d'elle, comme si il pleurait."

Cobac Tarvan, grand explorateur du sud a écrit:: "Le mâle n'as pas quitté le cadavre de la femelle que l'un de mes matelots a tué accidentellement, ce dernier a d'ailleurs été tué par le mâle (un spécimen incroyablement grand pour son espèce) avec violence, mais n'a pas été mangé du tout, le mâle n'a d'ailleurs attaqué aucun autre membre de notre expédition, se contentant de nous chasser des abords proche du cadavre de la femelle [...] Le mâle est mort de faim ce matin, ces yeux étaient mouillés et un de mes hommes qui s'était levé tôt pour allé se soulager m'a juré l'avoir entendu ronronner avant de rendre l'âme."

La rencontre entre deux mâles, pour ce qu'elle a été observée, se fait dans l’indifférence complet des deux spécimen, sans aucune espèce d'animosité, un explorateur (Gérard de Graal) a rapporté une scène où un tigre noir chassant s'est vu aidé sans son combat par un autre mâle passant au même moment, selon lui, les deux mâles ont partagé la proie et sont partis chacun de leur côté. Toutefois, malgré cela le mâle ne participe pas à l'éducation des enfants, il dédaigne les enfants mâles mais semble, durant un court laps de temps allant de quelques heures à un ou deux jours, éprouver une tendresse pour les bébés femelles, les nettoyant et tournant autour avec un air que certains ont qualifié de "paternaliste", le terme est toutefois a nuancer. La femelle quant à elle, passe sa vie à suivre de loin le mâle auquel elle est rattachée. Les deux individus partagent le même territoire de chasse, les même lieux de repos, et le même point d'eau. Toutefois les proies sont mangées individuellement si elles sont chassées individuellement.

Le territoire du mâle est délimité par l'urine, les excréments et, chose curieuse, la trace de cadavres mutilés, non-mangés. On a d'abord cru que le mâle chassait plus que sa faim, mais des études ont démontré que tel n'était pas le cas, de plus la mutilation des cadavres n'est pas faîte de façon aléatoire, tout porte à croire que les individus veulent prouver leur puissance et leur forte agilité dans la chasse.

Ked'bach Talim, comportementaliste animalier a écrit:: "Marques de coupures nettes et rapides sur les tendons des victimes , marques de griffures sur le haut du dos et sur le haut de la tête ainsi que marques de morsure importantes au niveau de la gorges. Sur un autre territoire de chasse, très légères traces de marques, seulement la jugulaire arrachér, de façon propre presque chirurgical.

Ces cadavres ont laissé perplexes une bonne partie de la communauté scientifique. En effet rien ne servait d’impressionner les autres mâles si ceux-ci ne s'attaquaient pas entre eux. La vrai raison, cela a été prouvé, est la suivante : la présence de nombreuses failles dans les environs où l'on trouve le nigris tigris incite les individus a laisser de telles marques pour impressionner, non pas les membres de sa propre espèce, mais bien les abominations sortant du Vein. Tout cela tend à prouver que le panthera nigris tigris est un animal d'une rare intelligence et d'une beauté hypnotique ...

"L'animal sauta sur moi, me renversant par la même occasion, puis il se teint là, immobile, le pelage encore mouillé de son séjour dans l'eau, gouttant sur ma chemise en lin. Le visage à quelques centimètres du mien, sa crinière millénaire argentée, toute collée contre son cou, et ses deux grands yeux violets plongés dans les miens, semblant me dévorer l'âme, la consumer dans ses mâchoires spirituelles, dans l'extrême intelligence faisant pétiller d'humour presque (!) la pupille dilatée du prédateur. Puis un râle rauque, profond, puissant, presque tendre, mais ô combien effrayant, sortit de sa gorge et assourdit les bruits de la jungle autour de moi, comme si mes oreilles avaient été plongées dans du coton. Et enfin il ouvrit une large gueule remplit de dents acérées, me soufflant une haleine fétide, chaude, dans laquelle on pouvait sentir la Mort, sa gueule franchit les derniers centimètres la séparant de mon cou ... et le reste fut néant."

Hélène Sumac, la Traque