Elle s'était surprise à souvent sortir de chez elle pour se promener dans les rues de Madorass. La plupart du temps à l'extérieur pour quelques courses dans les places marchandes. Après avoir enfilé son casque, la demoiselle rôdait dans les petits chemins étroits, jusqu'à se ranger dans le coeur de la cité. Bien vite prise d'angoisse à la vue des gardes du Royaume qui marchaient en ronde tout près de sa destination. Leurs pas imposants l'obligèrent à se coller contre un mur pour éviter de se faire pousser. Comme quoi elle serait dans leur chemin. Ses gens là étaient d'une froideur horrible, un peu trop professionnel.

Certes, une fois la peur passée, la demoiselle ne se fit pas prier pour payer de succulents légumes et fruits et d'en grignoter deux pendant la route.

À son retour à la maison, elle surprit sa famille, menacée par un grand type de la garde royale. Son angoisse était revenue, ce qui la figea pendant un quart d'instant. Elle mit un pas devant elle et s'approcha de l'étranger, levant le menton vers lui.

« Il y a un problème ? »

Elle jeta un regard à sa mère et son père, vite angoissée par la situation. Sa pauvre mère et son pauvre père risquaient de mourir si elle ne faisait pas quelque chose. Sa mère, au bord des larmes, tentait de d'expliquer qu'ils n'avaient pas les moyens, pas encore. Elle fut assénée de coups pour ses paroles.

C'est à ce moment qu'elle aurait aimé répondre un ''Les gens ne sont pas tous riches comme vous, idiot !'' Mais sa gorge se noua un moment et elle répondit le plus poliment possible.

« Sachez que... C'est ma famille et nous manquons de moyens actuellement. »

Elle ravala avec difficulté sa salive, les yeux écarquillés et la sueur au front. Elle se tenait bien droite et regardait fixement les yeux sombres du commandant, ou du moins, ce qu'elle voyait dans sa visière.

« Nous pourrons vous payer dans les prochains jours, s'il-vous-plaît. »

Son souffle se coupa lorsqu'elle sentit cette grande main frapper avec violence sa joue. L'homme l'avait giflée, l'envoyant s'écraser contre le sol brute. La rougeur dessinée sur sa joue se dissipa étonnement vite et Neph' se relevait avec détermination.

« D'accord ! D'accord... » Elle réprima un sanglot, ainsi que sa mère. « Ne leurs faites pas de mal, je... Si vous les tuer, vous ne serez pas payés... » Sa gorge se nouait. « Emmenez-moi avec vous jusqu'à ce qu'ils paient, ce serait plus avantageux pour vous... »

Qu'est-ce qu'elle venait de dire.

Son coeur battait à tords, elle avait la respiration saccadée et elle avait peur de ce qui allait lui arriver. Cependant, elle serait plus souffrante si elle perdait sa famille. Elle avait fait son choix en un coup de tête. Et puis son voyage ne serait pas long si sa famille payait le lendemain... C'était mieux pour tout le monde... Ou pas.

Elle avait la nausée. Probablement causée par le stress et la peur. Chose qu'elle savait, c'est que ce grand gorille parlait, parlait sans savoir. Il avait la tête vide et pour se montrer grand il ouvrait la bouche. La jeune femme, même si prise d'angoisse, se montrait farouche et ses pensées étaient très arrogantes. Sa famille quant à elle, était nerveuse, sa mère souhaitait probablement se fondre dans les bras de son mari et y inclure sa fille. Sa tendre fille.

« Tuez-les alors... » Proposa la demoiselle d'une voix tremblante. « Mais, si vous les tuez, l'argent s'évapora dans vos blessures ! »  

Elle hoqueta de peine en voyant sa tendre petite famille, se déprenant de la prise du grand homme pour se jeter au sol. Un homme réagit et toucha son front de la pointe de sa lance. Le souffle haletant, elle leva les yeux, ne bougeant pas d'un poil.

« Laissez-moi ! » Elle poussa la lance du revers de la main en dégainant l'une de ses épées. Ses mains tremblaient, elle avait tant peur et elle n'était plus capable de le cacher.

Bien sûr, tous réagirent en même temps, mais elle hurla en pleurant, levant le bras où elle planta la pointe de son épée, traçant avec douleur une longue lignée qui fit gicler le sang. Elle pleurait à chaudes larmes, sa mère aussi. Son père se retenait pour ne pas pleurer. Elle regardait son sang et laissa tomber son arme. Les hommes la fixaient avec un petit sourire, probablement la trouvaient-ils sotte de s'être ainsi coupée.

« Qui... » Sa mère lui hurlait d'arrêter tout de suite, mais un homme la poussa d'avantage au sol. « Tais-toi ! » Nephthys fronça tristement les sourcils, murmurant un ''tout va bien aller, mère'' aussi silencieusement que possible.

Puis elle continua, tremblotant à la sensation dégoûtante de son propre sang chaud qui s'échappait de son bras.

« Qui n'aimerait pas voir la médecine se devenir gratuite ? »

Elle leva à nouveau le bras, fermant les yeux le temps de sentir sa plaie se refermer, le sang qui y coulait se vit retourner dans le corps de son propriétaire par tous les petits pores de sa peau. Après moment de concentration, elle s'arrêta, rouvrant les yeux pour fixer le commandant sadique.

« Quiconque tuera ma famille n'aura pas droit à mes soins. Même sous menaces. »

Nephthys, prise d'un grand courage dans l'espace de quelques secondes, se sentit complètement molle de peur aussitôt la scène brisée. Où allaient-ils l'emmener ? Dans quel enfer s'était-elle embarquée ? Ses parents allaient-ils payer à temps ? Tant de questions se bousculaient à l'intérieur de son âme. Tant de mystères se cachaient sous les visages sombres de ces soldats.

Aussitôt sur le cheval du commandant, la belle se mit à grogner, essayer de se défaire de ses chaînes et de s'enfuir avec sa famille, maintenant qu'elle n'était plus en danger. C'est à regret qu'elle s'éloignait d'eux, leurs laissant un dernier petit regard apeuré de ce qu'il allait lui arriver.

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« Où m'emmenez-vous ? ... Je commence à avoir faim ! »

Sous un grognement, un soldat s'était tourné vers la prisonnière. « Fermes ta p'tite gueule ! Femme ! »
Le temps passait lentement, en cours de chemin. Elle avait mal au hanches et au dos à force de se tenir éloignée et droite sur le cheval. Elle avait froid, mais ne pouvait pas se réchauffer puisque ses poignets étaient liés.

Une route bien longue et bien désagréable.

RP CLOS