''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
Diogène le cynique
 
''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
Auteur inconnu
 
''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 Leçon de vie [PV : Synëal Muspell]

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Valya Drevora

"Rouge Pomme"

________________

Valya Drevora
________________


Race : Syrinx
Classe : Roublard
Métier : Aucun
Croyances : Elle-même
Groupe : En attente

Âge : 12

Messages : 10

Fiche de Personnage : Rouge Pomme


Leçon de vie [PV : Synëal Muspell] _
MessageSujet: Leçon de vie [PV : Synëal Muspell]   Leçon de vie [PV : Synëal Muspell] EmptyMer 26 Mar 2014 - 23:25

On entendait parfois un courant d'air se faufiler entre les pierres tombales, plus semblables à des murmures d'esprits déchus qu'autre chose. Cet air si frais, cette pierre si glacée, ces ténèbres si sombres et cette âme si torturée. Les torches étaient rares et avaient bien du mal à repousser le doux voile de la nuit, c'est pour cela que personne ne l'apercevait. On pouvait l'entendre cependant, cette voix si faiblarde, si douce, aiguë, chantonner un air que personne n'aurait pris le temps de reconnaître. C'est seulement à ces heures tardives qu'elle se sentait réellement à l'aise, sans vraiment savoir pourquoi. Les rues étaient tellement plus calmes et elle se sentait mille fois plus libre qu'au milieu du chahut et des foules, en pleine journée.

Journée qu'elle avait d'ailleurs passée à observer les gens se mouvoir, se parler, s'insulter, échanger, puis reprendre leurs chemins. Leurs existences semblaient si monotones et si vides de sens. La petite plante ne pouvait pas les envier, mais elle voulait être comme eux, ne comprenant pas encore à quel point elle était différente de ces gens là. Elle n'avait pas bien saisi ce qui s'était passé dans le Vein ce jour là et en gardait très peu de souvenirs, mais elle n'avait jamais été capable depuis de refaire appel aux pouvoirs qu'elle croit avoir alors utilisé pour une raison qu'elle avait oublié. Elle ne se souvient qu'une d'une lumière aveuglante, et d'une étrange sensation de peur et d'insécurité.

Elle avait des souvenirs d'avant sa venue au monde, seule dans le noir, elle se rappelait d'une voix. Une voix forte, grave, et inquiétante, qui revenait régulièrement. Elle ne voulait pas écouter mais elle ne pouvait s'empêcher d'entendre, et petit à petit, elle essayait de comprendre le sens de ces paroles. Il y a encore tant de choses qu'elle ne connaissait et qu'elle ne comprenait pas. Et pourtant, elle était venue se réfugier ici, dans un cimetière de Venill, là où personne ne viendrait la déranger. Plus les heures passaient, et plus elle avait du mal à se remémorer correctement tout ce qui s'était passé cette nuit là. Venait-elle de ce monde, ou d'un autre ? Avait-elle un père, une mère, comme elle avait pu en voir durant cette journée ? Comment était-elle née ?

Plus la réflexion était longue, moins évidentes étaient les réponses. Tout ce qu'elle en tirait, c'était un souvenir de peur, d'oppression, et ce qui semblait être son nom, Valya Drevora. Pourquoi s'appelait-elle ainsi, qui l'avait nommée ? Las de toutes ces questions bien trop compliquées pour elle, la petite plante s'allongea sur le marbre gelé sans en ressentir la moindre gêne. Observant ce gigantesque astre brillant dans le ciel, elle se demanda si c'est orbe si beau et si clair avait un nom. Le monde était si grand, et il y avait tant de choses à explorer. Où devait-elle donc se rendre ? A qui devait-elle adresser la parole ? Elle avait vu des enfants lui ressemblant jouer avec d'autres, et des parents venir les chercher pour leur offrir des cadeaux ou les gronder.

Pourquoi personne n'était venu la chercher, elle ? Qu'est-ce qui la différenciait des autres enfants après tout ? Elle pouvait comprendre ce qu'était un jeu, elle pouvait sourire aussi, bien qu'elle n'y trouvait pas de réelle utilité à l'heure actuelle. Il y avait tellement de choses qu'elle ne comprenait pas encore, tant de sens qui lui échappaient. Seule, allongée sur cette tombe, elle se posait mille et une question, et n'avait que très peu de réponses. Elle ferma les yeux. Le vent frais sur ses joues rougies par le froid lui faisaient du bien, elle avait l'impression de ressentir chaque feuille d'arbre bouger, chaque brin d'herbe plier, chaque fleur danser au grès du vent. Pendant un instant, elle avait la sensation de ne faire qu'un avec le cimetière, ou du moins la nature qui y avait élu domicile. Elle se sentait revigorée, en sécurité, bercée de toute part. Elle était dans son élément.

Un état proche du sommeil s'empara de son petit corps fébrile, et ses songes ressemblèrent plus à des bribes de souvenirs qu'à de réels rêves sortis de son imagination. Et pourtant, au réveil le lendemain matin, lorsque la chaleur du soleil vint caresser ses petites joues, elle n'avait pas plus de réponses que la veille à toutes les questions qu'elle s'était posées. Elle ne voulait pas trop réfléchir aujourd'hui, se rendant compte qu'à trop chercher, on se perd et on s'embrouille. Elle voulait s'approcher de ces enfants qu'elle avait vu tantôt, et jouer avec eux. Après tout, ils n'étaient pas si différents, pensait-elle. Surprise, elle se rendit compte qu'elle serrait dans sa main gauche une pomme d'un rouge éclatant, capable d'attiser toutes les gourmandises et de combler les papilles frémissantes de la petite plante. Croquant à pleine dents le fruit rougeoyant, elle ne mit que quelques secondes à déguster ce met si sucré, un peu acide et tellement délicieux. Elle déposa le cadavre de son repas à côté d'elle et s'étira pour réveiller ses muscles encore endormis. Tournant la tête une dernière fois vers la pierre tombale avant de s'en aller, elle fut surprise de retrouver une pomme entière là où elle avait laissé quelques secondes plus tôt le reste de son déjeuner. Elle la prit avec elle, et quitta le cimetière.

Le soleil était déjà haut dans le ciel, mais Valya n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, en supposant que notion d'heure elle puisse avoir. En tendant l'oreille, elle reconnut les cris et les rires des enfants qui devaient s'amuser dans une des ruelles de Venill. Marchant lentement, observant de ses grands yeux rougeâtres les passants qui ne semblaient même pas la remarquer, elle tenta de débusquer les jeunes gens. Après quelques minutes de vagabondage sur les chemins et dans les rues de la ville, la petite Drevora tomba nez à nez avec une demoiselle qui devait avoir son âge. Surprise, elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Gênée, elle commença à se retourner pour s'en aller. La jeune fille lui attrapa alors la main, Valya tourna la tête dans sa direction.

« Je m'appelle Lucie, et toi, comment tu t'appelles ? »

La petite plante se retourna de nouveau face à Lucie, en essayant de comprendre la question que cette dernière venait de lui poser. Le geste qu'elle avait esquissé lorsqu'elle avait prononcé son nom lui indiqua que ce devait être son identité, elle comprit alors qu'elle devait répondre la même chose.

« Valya. »

La jeune Lucie lui offrit un grand sourire, comme si elle était réellement heureuse de la rencontrer. L'était-elle ?

« C'est très joli ! »

Valya n'était pas sûre de comprendre, elle se contenta de lui rendre son sourire, ce qui semblait être une autre forme de communication plus simple que de chercher des mots et des phrases.

« Viens, joue avec moi. »

La petite fille l'attrapa de nouveau par là main, et Drevora se laissa entraîner dans d'autres ruelles de Venill qu'elle ne connaissait pas réellement. Enfin, les deux fillettes arrivèrent au bord d'un fleuve qui séparait quelques fermes jointes par un grand pont en pierre. Lucie commença à parler, parler, et parler encore, assise au bord du fleuve. Valya ne comprenait qu'une partie de ce qu'elle lui disait, mais était plus captivée par le mouvement de l'eau que par les paroles de sa nouvelle « amie ». Au bout d'un moment la fillette attrapa un caillou et le lança sur l'eau, le caillou rebondit plusieurs fois avant de disparaître entre quelques remous. Amusée, Valya chercha à faire de même, mais le caillou qu'elle lança à son tour ne fit aucun rebond, et perçât sans grâce le courant en éclaboussant les deux fillettes.

Lucie se mit à rire, apparemment enjouée, mais Valya ne comprenait pas pourquoi elle riait. Pour ne pas paraître trop étrange, elle se mit à rire aussi, du mieux qu'elle put en tous cas. Lucie lui montra alors, en choisissant un caillou bien plat et le calant dans ses doigts d'une façon inhabituelle pour la petite plante. Elle lui expliqua qu'il fallait faire tournoyer la pierre pour que celle-ci rebondisse, elle appelait ça des « ricochets ». Mimant le mouvement de la pierre, Valya comprit aussitôt. Ramassant une pierre bien plus plate que la première, elle tenta alors une nouvelle fois d'imiter la fillette, et même si elle ne fit que deux rebonds, elle était tout de même satisfaite de ne pas avoir fait un « plouf » disgracieux.

Les deux fillettes s'amusèrent ainsi pendant plusieurs heures, tantôt discutant, du mieux que pouvait Valya, tantôt lançant des pierres, ou faisant flotter des écorces d'arbre sur le courant du fleuve. Elle ne savait pas pourquoi, mais au fond d'elle, la petite plante ressentait une once de tristesse pour ces petits bouts de bois sans vie, sentiment qu'elle ne chercha pas à s'expliquer. Lucie semblait être vraiment heureuse de s'amuser avec Valya, mais cette dernière était surtout captivée par la découverte, ce pouvait être elle comme une autre personne, peu lui importait. A la fin de l'après midi, quand le soleil commença à décliner, Lucie lui posa une question qui l'interloqua. Elle tenait toujours dans sa main gauche la pomme rouge flamboyante qu'elle avait trouvé ce matin là à son réveil, sans s'en être réellement rendu compte jusqu'à maintenant.

« Tu la manges pas ? »

Valya observa le visage de l'intéressée, cherchant à comprendre ce qu'elle voulait vraiment. Dans le doute, elle lui tendit la pomme avec un grand sourire, le même qu'elle lui avait adressé lors de leur rencontre, quelques heures plus tôt. La fillette ne se fit pas prier, la gourmandise dans le regard, et croqua à pleine dents dans le fruit de la petite plante. Elle sembla savourer, pendant quelques secondes du moins, le fruit qui était, Valya le savait, plus que délicieux. Attentive à ce que Lucie allait dire après avoir avalé sa première bouchée, quelle ne fut pas surprise de la voir s'écrouler sur le sol, laissant s'échapper la pomme qui roula jusqu'au fleuve et disparut dans le courant. Un cri retentit quelques secondes plus tard, une femme était venue s'agenouiller en hâte près du corps de Lucie et avait constaté l'absence de vie de la gamine. Pointant du doigt la petite Valya, elle hurla « Qu'as-tu fait ?! »

La petite plante n'aurait pas encore su nommer ce sentiment, mais elle fut prise de panique. Son esprit lui hurlait danger, son cœur lui intimait de fuir. Dubitative devant la femme et le cadavre de la jeune fille, elle ne savait pas comment réagir ni que dire. Elle voulut ouvrir la bouche pour se défendre, mais devant le regard et la foule qui commençait à affluer, elle se retourna et pris ses jambes à son cou. Un homme hurla « Ma fille ! » plusieurs fois, puis des paroles incompréhensibles commencèrent à fuser. On pouvait entendre le choc et le mécontentement de tout le voisinage, ce malheureux incident était loin d'être passé inaperçu. Des hommes partirent à sa poursuite, sans chercher à comprendre le pourquoi ni le comment, la femme l'avait décrite, on la pourchassait purement et simplement.

Courant de ses petites jambes en longeant le fleuve, la petite plante osa jeter un œil derrière elle. Elle s'affola encore plus lorsqu'elle aperçut un groupe d'hommes qui la rattrapaient. Elle aurait voulu aller aussi vite que le courant du fleuve, aussi vite que le vent qui commençait à souffler, elle aurait voulu être une feuille et s'envoler loin de cet endroit et de ces gens. Elle était terrifiée, et la seule chose qu'elle était capable de faire, c'était de courir aussi vite qu'elle pouvait. Le courant était plus fort ici, le paysage plus rocailleux, des rapides se dessinaient plus loin. Valya n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire, mais dans le désespoir, elle ne put s'arrêter de courir.

Peu à peu, les hommes la rattrapèrent, et lorsqu'elle se retourna pour leur faire face, ils hurlaient aussi fort que l'eau s'éclatant sur les rochers derrières elle. Elle était tétanisée devant ces regards furieux et emplis de haine, devant ces torches qui l'inquiétaient plus que tout. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit, elle eut envie de pleurer. Sans sommation, un homme s'approcha alors d'elle, elle recula du mieux qu'elle put, jusqu'à ce que son pied droit n'atteigne l'eau glacée du fleuve dans son dos. Elle eut à peine le temps de placer son petit bras frêle en protection face au coup de fourche que le fermier assena dans sa direction.

Mais qui fut le plus effrayé des deux lorsque la peau apparemment si fragile de la fillette se transforma en solide écorce d'arbre ? Surprise et dans l'incompréhension totale, Valya pouvait lire la même chose dans les yeux de son assaillant. Poussant un dernier cri, elle perdit l'équilibre et tomba dans le fleuve. Le courant l'emporta sans attendre, et elle ne mis pas plus de quelques secondes à disparaître du champ de vision des hommes qui l'avaient pourchassée jusqu’ici. Se cognant la tête, les bras, et d'autre sur les rochers qui parsemaient le chemin de cette eau si capricieuse, Drevora n'avait plus la force de nager, le courant était trop fort, et elle était incapable d'éviter les obstacles qui jonchait le chemin du fleuve.

Elle perdit connaissance.

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Synëal Muspell

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MessageSujet: Re: Leçon de vie [PV : Synëal Muspell]   Leçon de vie [PV : Synëal Muspell] EmptyJeu 27 Mar 2014 - 16:46

« Je vous avais dit de venir seul. »

L'individu aux cheveux crépus blancs, le visage entouré d'une barbe taillée avec soin, planta ses yeux d'azur dans les miens qui juraient atrocement avec la teinte d'ivoire de ma peau. Il était attablé sur la terrasse d'une taverne, entouré du boucan que pouvait produire une foule d'une cinquantaine de personnes un jour d'activité où le soleil était au rendez-vous. Enfants qui criaient, qui riaient, paysans qui discutaient, qui râlaient et craquement de charrettes qui traversaient la rue sous le pas laconique des gros bovins harcelés de mouches.

«  Vous appelez cela seul, vous ? » , fis-je d'un coup d'oeil vers l'avenue.

Son regard s'attarda sur Desmond, le colosse mercenaire qui me servait entre autres d'ange gardien. Ses mains pouvaient saisir un crâne humain dans chacun d'entre elle, sa carrure était tellement imposante qu'un seul siège ne lui aurait suffi. Mais chose heureuse, il détestait rester assis. Sa tête touchait l'auvent de la terrasse, ce qui l'obligeait à tordre le cou, penché devant l'autre démon comme s'il lorgnait une coccinelle sur une branche.

« Asseyez-vous » finit-il par dire d'un ton réprobateur.

Je m'exécutai et le fixai. Il continuait de dévisager Desmond qui ne broncha pas d'un poil. « Il m'obéit à moi. », crus-je bon de signaler. L'autre poussa un lourd soupir d'un haussement de sourcil équivoque, et il enchaîna, les yeux rivés sur ses mains croisées.

« Je crois que les affaires ont très mal commencé entre nous. Vous avez tué Aigus...Sigmund, le comparse d'Aigus. Je ne sais à quoi vous avez pensé mais vous vous doutez bien qu'on ne peut cautionner un tel écart. D'autant que j'aurai aimé savoir ce qui s'est passé dans votre foutue caboche. » Il avait un ton calme mais sifflant, comme celui d'un serpent terré sous un rocher, chuchotant pour appâter ses proies.

«  Avant qu'on ne commence quoique ce soit, sachez que Desmond n'y es pour rien. » Je savais quelle période il souhaitait évoquer mais cela remonte à plus d'un an. Autrement dit, les faits auraient du être enterrés depuis longtemps.

«  Et cet artefact qui permettait d'ouvrir de titanesques portails? », répliqua-t-il, ses yeux virant de l'azur à un bleu glacial.

Je me laissai aller doucement contre le dossier du siège dont le bois précaire grinça sous mon poids. La chaise avait visiblement fait son âge. « Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez. », affirmai-je d'un bref hochement de tête. Desmond émit un grognement, sentant déjà que la conversation déviait en pente raide.

« Vous ne l'avez pas encore cherché ? Rassurez-moi.  » Il avait l'air de discerner le mensonge. Rien ne servait donc de vouloir faire l'ignorant, il me fallait donc exploiter une piste plus crédible tout en gardant le voile sur ce qui s'était réellement passé, sans avoir à penser à Narydia.

« Non seulement, je l'ai cherché, mais je ne l'ai pas trouvé. Ce fameux informateur que j'étais censé attendre n'est jamais venu. 

- « Vous l'avez tué.  » L'implacable certitude avec laquelle il l'avait prononcé me laissait penser qu'il était télépathe. « En effet. », répondit-il alors.

« Pardon? » , m'étonnai-je. Derrière moi, Desmond gesticulait. Entre l'auvent qui gênait son crâne et la présence de plus en plus intense du démon blanc, il devait sentir quelque chose d'anormal. De plus, une sorte de vibration insupportable venait perturber le derrière de mon oreille avec insistance, m'empêchant de me concentrer sur la teneur de la conversation.

« Oui je suis télépathe, Synëal Muspell. Si tant est que Muspell ne soit pas juste un nom d'emprunt, et que Narydia ne soit pas un nom que vous ayez inventé de toutes pièces. »

Le geste de Desmond ne me laissa pas le temps de le stopper. Son bras se détendit si vite que l'expression du démon était encore impassible lorsque le colosse lui serra l'encolure de sa main épaisse. « Ne vous vexez pas, Desmond. Pour l'instant, je garantis votre sécurité. Par contre, elle sera compromise si vous me brisez le cou maintenant. ». Le mercenaire le lâcha avec une lenteur pénible. « Qui est cette Narydia? 

-Une démone », répondit-il.

« Je vois. Elle vous a aidé à chercher cet artefact avec vous. Mais ça aurait été beaucoup plus facile si vous aviez gardé votre renfort vivant, non?

Je me forçai à bloquer mes pensées. Curieusement, le mensonge de Desmond avait eu l'effet escompté et même le télépathe ne s'était rendu compte de rien. S'il avait découvert le pot-aux-roses, nous aurions été obligé d'en venir à la force pour être tranquilles. « Elle savait ouvrir les portails. », renchéris-je.

Il eut un air surpris. « Alors ça, c'est intéressant. Il faudra que vous me la présentiez. Cependant la raison de votre meurtre me laisse encore perplexe. Cela aurait été facile si vous l'aviez gardé en vie, répondez-moi.

-Lisez dans mes pensées plutôt. » répliquai-je avec un mince rictus.

Il soupira d'exaspération. « Très bien, très bien. Je vais éviter de pousser ma chansonnette. Si Narydia peut effectivement ouvrir des portails, une entrevue avec elle s'impose. 

-Quand nous avons essayé d'ouvrir ce portail comme vous nous l'avez demandé, des anges ont rappliqué. On a du déguerpir. Ils étaient trop nombreux. », lâcha Desmond d'un ton méprisant, continuant de défendre du mieux qu'il pouvait ma bien-aimée.

« Eeeet donc ? Qu'est-ce qui l'empêche de recommencer?, souleva l'autre en insistant du regard.

« Elle est morte.

-Oh. Mes condoléances. Est-ce vrai Synëal ? »

L'intention de me poser la question était voulue afin que le souvenir de l'ange revienne à la surface, mais l'image seule d'une cabane en pleine forêt montée sur une colline me vint à l'esprit. « Oui.

-Dommage. Vraiment dommage. Bon eh bien, messieurs. Je vous recontacterai par corbeau si jamais nous avons encore besoin de nos services. En attendant, veillez à ne pas rester dans le Vein trop longtemps sinon le corbeau ne passera jamais. Cette histoire de portails n'est pas finie en tous cas, nous finirons bien par trouver une solution. »

Il se leva et quitta la terrasse en se faufilant dans la foule, glissant comme une ombre intangible. Je me tournai vers le colosse. « Depuis quand es-tu si malin, toi ?  »

Il haussa les épaules. Je méditai déjà à ce qu'il venait de se passer. Le télépathe avait réussi à entrer dans ma tête, mais pas dans celle de Desmond, autrement nos secrets auraient déjà été révélés. Par quel miracle cela était-il possible ? Le mercenaire était trop simplet pour réussir à fermer son esprit. Était-du à nos différences de race ? Se doutait-il seulement que le colosse était un Séraphin déchu ? Si c'était le cas, alors je m'étais fourni le meilleur allié qu'il soit sans même l'avoir voulu.

« Ma fille ! » rugit alors un homme quelque part.

Le mercenaire pivota sur lui-même. Un pincement plus violent me prit derrière l'oreille, et plus exactement à l'intérieur de la tête. La douleur était telle qu'une sorte de migraine pénible commençait à percer mes tempes.

« Syn' ? Tu as entendu ?

- Ne me le demande pas. Demande-moi plutôt pourquoi je ressens cette chose horrible dans ma tête comme si je revenais à mes premières années. »

Desmond disparut alors, fonçant vers le fleuve qui traversait la ville. En soupirant, je quittai la table et le suivit malgré la foule qui s'était resserrée pour observer le spectacle. Une dizaine de personnes était en train de descendre la berge escarpée pour gagner la rive du fleuve et poursuivre une jeune fille. Certains étaient même armés d'une fourche ou d'une faux. Je fus surpris de l'engouement soudain meurtrier que pouvaient avoir des humains pour une gamine. Toujours en suivant Desmond qui suivait le sillage des villageois dans la boue du talus, j'observais le dos de la fillette paniquée. Ma tête m'envoya une énième information de douleur. Ce ne devait pas être un hasard, ce phénomène. Mon organisme essayait de me faire comprendre quelque chose. À quand remontait la dernière fois qu'il m'était arrivé la même chose ? Desmond beugla quelque chose à l'encontre de l'inconnu qui brandissait une arme sur la pauvre enfant, mais il était trop tard. Après un instant de flottement pendant lequel je crus voir le bras de celle-ci couvert d'une carapace brune, elle chuta dans l'eau, disparaissant aussitôt dans l'eau indomptable. Je vis le mercenaire projeter le coupable contre le rivage du fleuve avec une violence qui lui était étrangère. Les autres ne se laissèrent pas faire, pestant après ce grand énergumène qui venait de s'en prendre à leur ami. Une faux le heurta sur le visage.

Que les algues se lèvent et que les roseaux sortent de leur torpeur éternelle. Sortez de là et mettez à mal ce troupeau d'abrutis dégénérés.

Une clameur de panique retentit dans le groupe. Des gerbes d'eau libérèrent divers membres visqueux qui agrippèrent les manants par les chevilles pour les tirer dans l'eau sauvage et tumultueuse. Une femme s'égosilla de terreur avant d'être avalée par le courant affamé. Les derniers survivants s'en tirèrent en déchirant les plantes devenues folles et en remontant la berge avec un affolement proche de la folie.

« Démon ! Espèce de fou ! Nécromant ! » rugirent les témoins. Leur effroi était palpable car ils ne passèrent pas à l'attaque. Pour ma part, j'étais concentré sur la recherche visuelle de Desmond qui avait disparu de nouveau. « Qu'on appelle la Garde ! Gaaarde ! Les Capes Blanches ! Où est le Royaume ? »

Une nouvelle incantation me vint à l'esprit mais elle ne fera que semer encore plus de panique que la situation ne le permettait. Si l'alerte se propageait trop rapidement, nous mettrons trop de temps à quitter Venill.

Le colosse réapparut alors plus loin, trempé, les bras déjà chargés du corps de l'enfant. Sur son dos s'était collé l'un des assaillants. Il marcha à ma rencontre, peu soucieux de l'individu qui l'insultait de tous les noms d'oiseaux possibles en tapant vainement de son poing chétif sur son épaule. Je lui lançai alors d'un ton corrosif.

« Dégage !

-Ou quoi ? Vous allez me jeter à l'eau ? Je sais nager ! Vous allez me tuer ? 

-Ouais, alors bouge ton derche de là !  » Aussi pugnace qu'il voulait le faire paraître, il descendit du colosse et déguerpit sans demander son reste. « On part d'ici et le plus loin possible. »

Desmond ne me demanda pas quand, ne me demanda pas où. J'emboîtai le pas et partit avec lui et la fillette sous les quolibets et les expressions de terreur d'un Venill témoin d'un improbable carnage.

-

Après l'effervescence d'une ville dont les souvenirs étaient désormais emprunts de cris et de morts, nous gagnâmes le silence pesant d'une forêt dense dont les fourrés inextricables ralentissaient notre progression. Ceci dit, le choix de prendre ce chemin amènerait aussi nos éventuels poursuivants à suivre ce sillage et à se retrouver bloqué par ronces, lianes et monticules d'argile escarpés. Nous atteignîmes après cette lisière infâme une bourde condensée dont l'odeur fétide ne devait pas être due qu'à la vase stagnante. Le mercenaire n'avait pas lâché un mot mais je doutais que les perpétuels bruits de succion dans la boue le laisseraient éternellement indifférents.

« Pourquoi prend-t-on cette route ?

-Tu vois d'autres chemins plus sûrs ? 

-Oui, le fleuve. Nous aurions du nous emparer d'une barque et remonter le fleuve jusqu'à Béolan, et gagner les ruines.

-Pourquoi pas rejoindre Narydia en Adiryl pendant qu'on y est ? Tu ne le vois pas ? Cette fille est spéciale, et je vais choisir l'endroit de choix pour découvrir ce qu'elle est exactement. »

Il fit alors une grimace tellement évidente qu'elle m'arracha un gloussement, véritable soulagement après cette tension. « Tu penses que... ? 

-Ouiii Desmond, elle est comme moi ! », pouffai-je avec une certaine euphorie.

Nous laissâmes derrière nous les marais pour nous engager sur une grande colline dont l'un des flancs était percé d'une cavité entourée de lichen et d'une guirlande florale où se mêlaient orchidées et coquelicots.

« Ce sera parfait, ici. »
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Valya Drevora

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MessageSujet: Re: Leçon de vie [PV : Synëal Muspell]   Leçon de vie [PV : Synëal Muspell] EmptyJeu 27 Mar 2014 - 19:24

Le dernier son qu'elle entendit, c'est le bruit de son corps meurtri plongeant entre quelques vagues en furie. S'était-elle évanouie, ou son esprit avait-il simplement décidé de ne plus lui faire subir les douleurs du monde qui l'entourait ? Elle n'avait pas compris cette rage, cette haine et cette colère sans limites, elle n'avait pas compris la raison de cette violence. Et pourtant, même si sa mémoire lui faisait outrageusement défaut, elle sentait au fond d'elle qu'elle avait déjà goûté à ce genre de sentiment, à ce genre d'actes. La petite plante pensait l'avoir rêvé, mais dérivant dans les eaux du fleuve, n'ayant plus aucune considération du monde extérieur, des bribes de souvenirs lui revinrent encore. Valya, Valya, Valya, son nom qu'elle avait entendu prononcer tellement de fois, mais à qui appartenait cette voix ? Elle était incapable d'y associer un visage, comme si c'était un esprit qui était venu lui parler.

Elle se remémora le visage de la petite fille avec qui elle avait joué, son sourire et sa voix pétillante de vie et d'énergie. Pourquoi n'avait-elle pas cet entrain lors de leurs discussions ? Il lui était si difficile de rire ou sourire spontanément, elle ne faisait que copier vulgairement les réactions du monde dans lequel elle évoluait, ou du moins dans lequel elle avait évolué. Drevora ne savait pas si elle allait finir par rouvrir les yeux ou non, elle ne savait pas ce qu'elle était en train de faire ni où elle se trouvait. Tout ce qu'elle entendait, c'étaient des bruits de vagues au loin, très loin, et des flashs sans aucun sens lui revenaient brusquement.

La petite plante ne comprenait pas non plus ce qui était arrivé à la jeune fille lorsque cette dernière avait croqué dans la pomme. Elle qui en avait mangé une le jour même, il ne lui était rien arrivé, et pourtant, la gamine semblait y avoir succombé. C'était donc ça, être mort ? Ne plus parler, ne plus bouger, et effrayer les gens ? Pourquoi l'avait-on accusée, alors qu'elle ne savait elle-même pas d'où provenait ce maudit fruit ? Elle pesta intérieurement contre son ignorance et ce qu'elle avait fait à cette petite fille, elle voulait se faire pardonner, quoi que celui pouvait lui coûter. Valya voulait devenir quelqu'un de bien, racheter sa faute d'une façon ou d'une autre et ne plus jamais blesser personne.

Mais tout cela aurait été bien trop facile, car l'image du fermier lui assenant un coup de fourche lui revint brusquement, comme un mur que l'on percute de plein fouet. La colère qui avait motivé son geste, elle la ressentait maintenant. Il l'avait attaquée, lâchement, alors qu'elle se trouvait sans défense au bord d'un fleuve dont le courant était dangereusement fort, surtout pour son petit corps frêle. Et elle voulait devenir quelqu'un de bien, pour aider des gens comme ça ? La colère s'immisca dans ses veines, inconsciemment elle serra les poings. A quoi bon être irréprochable alors qu'une dizaine d'hommes étaient partis à sa poursuite, la plupart armés, alors qu'elle n'avait aucun moyen de se défendre ?

Un sentiment d'impuissance l'envahit, abreuvant sa colère plus que jamais. La petite plante ne voulait plus être faible et sans défense, elle ne voulait plus craindre personne, elle aurait voulu se retrouver à nouveau face à ce fermier et l'étrangler avec ces petites mains, de toutes ses forces. Cette dernière image fit ressurgir un énième souvenir, de ses petits yeux aveuglés par la lumière, elle se souvenait avoir vu plusieurs hommes mourir, étranglés par ce qui semblait être des racines. Quel sens avait cette image ? Peu lui importait. Pendant quelques secondes, elle imagina la tête du fermier grimaçant à cause du manque d'oxygène, de puissantes racines lui enserrant et écrasant littéralement la gorge. Elle imagina un instant contrôler ces racines, et faire exploser sa tête sous la pression.

Toujours inconsciente, elle ne se rendit pas compte des racines qui sortaient de ses manches, glissant le long de ses bras pour aller s'enrouler autour d'elle ne savait quoi.

Les poings serrés, un sourire en coin, elle nourrissait son esprit de scènes sanglantes dont le seul but était d'assouvir sa soif de violence. Valya se voyait de nouveau près de cette ferme de Venill, écrasant, démembrant, étouffant tous ces fermiers qui fuyaient et hurlaient de peur. Le cadavre de la petite Lucie n'avait plus aucune importance, puisque tellement d'autres allaient la rejoindre. Personne ne la braquait du doigt, personne n'hurlait d'accusations, la seule chose que l'on pouvait lire dans les yeux de ces malheureux, c'était la peur de la petite plante.

Mais dans cet océan d'ombres, Drevora n'entendait plus le clapotis des vagues et le sifflement des courants. Semblable aux premiers rayons du soleil qui avaient caressé ses petits joues à son réveil, elle avait l'étrange sensation d'être proche de quelque chose de réconfortant. Un être vivant, animal ou végétal, Valya n'en avait aucune idée, mais ce sentiment de protection était le seul qui ne l'abandonna pas lorsqu'elle ouvrit les yeux. Tout était flou, mais la petite plante crut déceler la silhouette d'un homme à la carrure imposante comme elle n'en avait jamais vu auparavant agenouillé près de son corps. Elle sentait au fond d'elle que cet homme ne lui voulait pas de mal.

Étirant ses petites lèvres, elle commença à ouvrir la bouche doucement pour prononcer quelques mots lorsque son regard se posa sur une autre silhouette debout derrière la première. La peur revint aussitôt, et elle finit par ouvrir les yeux en grand, ne cherchant même plus à comprendre qui était qui et ce qu'on lui voulait. Elle remarqua qu'elle était allongée sur ce qui s'apparentait à un lit de mousse, confortable et presque réconfortant. L'homme agenouillé devant elle semblait encore plus grand, il devait faire deux fois sa taille. L'individu derrière lui portait un chapeau dont elle n'avait jamais vu de semblable, et sa présence ne la rassurait pas pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas.

Cependant, la sortie de la grotte se trouvait derrière ces deux inconnus, et après avoir tourné légèrement la tête derrière elle, la petite plante n'avait aucune envie d'aller explorer les ténèbres du fond de la caverne. Elle se sentit de nouveau démunie et en totale insécurité, mais aucun de ces hommes ne portait de faux ou de fourche, Valya tenta de se rassurer en se disant qu'elle n'allait au moins pas revivre la scène près du fleuve. Elle baissa la tête quelques secondes, remarquant que bien qu'encore humide, elle portait toujours sa petite robe ainsi que le reste de ses vêtements, rien n'avait disparu. Drevora fut de nouveau surprise d'observer qu'elle tenait encore fermement une pomme dans sa main, comme si ce fruit maudit la suivait partout.

Sans forcément y réfléchir et avec une expression de dégoût, la petite plante lança la pomme de l'autre côté de la grotte avant de se retourner vers les deux hommes qui l'observaient. Se rapprochant de la gigantesque carrure pour sortir du champ de vision de l'homme au chapeau, elle arbora une petite moue timide avant d'enfin prendre la parole.

« T'es pas méchant, toi ? »

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MessageSujet: Re: Leçon de vie [PV : Synëal Muspell]   Leçon de vie [PV : Synëal Muspell] EmptyDim 30 Mar 2014 - 23:04

Le mercenaire était trop silencieux, mais comme de coutume, je me gardai bien d'en faire la moindre remarque, bien que les mots me brûlaient les lèvres. Depuis notre aventure avec Narydia, j'avais pris l'habitude de le voir se renfermer pour une raison ou pour une autre, attitude qu'il justifiait – ou pas – un peu plus tard. Debout devant l'entrée de la caverne, aussi immobile et terne que les rochers qui nous entouraient, il faisait semblant de faire le guet, alors que la jeune fille allongée sur un tas de feuilles ramenées en un sommier précaire reprenait lentement ses esprits.

Enfin, Desmond brisa son mutisme. « On ne pourra pas toujours fuir, Syn'. »

Je ne saisis pas de suite son allusion mais après une courte réflexion, j'en vins à lui répondre. « On ne s'est pas enfui. Il est parti de lui-même. 

-Oui mais on lui a menti. Encore.

-Qu'est-ce que le mensonge si ce n'est une vérité à moitié énoncée? » répliquai-je.

« Narydia est morte ? », souleva Desmond avec consternation.

«  Bien sûr que non ! Mais tu comprends où je veux en venir. Et quand bien même, ce démon n'a plus le loisir de vérifier.

De nouveau, il s'enferma dans ses propres réflexions où se mêlaient je ne savais quelles pensées déformées et avant tout très arrêtées. Sa faculté de raisonner à tort, due à la peur que lui procurait certaines de nos situations périlleuses, m'ennuyait. Hormis ça, il pouvait être d'une grande aide, et c'est tout ce que je lui demandais. Actuellement, le fait qu'il me tournait le dos plus souvent qu'à l'accoutumée m'angoissait, me plongeait dans un état fébrile où je me sentais vaguement vulnérable, pris de sensations passagères où mon esprit se mettait soudain en alerte sans raison particulière.

« Et elle ? Que crois-tu qu'elle est ? » lâcha-t-il enfin.

Je souris enfin, ravi qu'il vienne sur ce sujet.

« Elle est comme moi, Desmond. Tu l'as vu non ? Elle s'est protégée quand on l'a frappé. » Le colosse maugréa simplement. « Je l'ai simplement vu tomber. »

Quelle mauvaise foi. J'en étais décontenancé et préférai surveiller la fillette en gardant l'oeil sur elle. Mais je n'arrivai pas à faire comme s'il n'avait rien dit. Une fois de plus, j'étais ennuyé et perturbé de son comportement parfois hautain parfois incisif où il s'amusait à provoquer délibérément ma colère tout en n'y laissant rien paraître.

« Tu es encore convaincu que je prends les mauvaises décisions, que je n'écoute que moi-même ?

-J'ai arrêté de penser une telle chose, je crois », hésita-t-il.

« Alors quoi?

-Je ne sais pas. Ça doit être parce que tu es en train de changer.

-Je n'ai pas besoin d'être télépathe pour savoir où tu veux en venir, mais je vais te le dire à ma façon : je continuerai de promouvoir l'avilissement de la société humaine en la mettant face à sa propre mort. Tu l'as bien vu tout à l'heure. » Cette fois, il tiqua, et releva le menton en inspirant par le nez.

« Tu n'as pas tué celui qui était accroché à mon dos. » Je pouffai franchement de rire à cette simple répartie. « Restons sérieux, Desmond. Quel est le rapport entre le fait de l'épargner et celui où je change ? Me reproches-tu d'être moins impitoyable, toi, l'ancien Séraphin ? L'ancien larbin des armées d'Adiryl ? Tu comptes sans doute me faire comprendre à quel point les massacres sont devenus ta raison de vivre ? Ou pire, que tu ne peux plus t'en passer? »

C'est au moment le plus tendu de notre conversation que la jeune fille émit un geignement étouffé dans son lit de feuilles. Je tournai la tête vers elle, et ses yeux trahirent une soudaine peur incontrôlée. Elle donna l'air d'un lapin pris au piège. Elle avait sans doute envisagé l'idée de fuir par l'entrée mais nous l'occupions tous les deux, Desmond et moi.

« Tu es réveillée, petite. », lançai-je simplement. Desmond alla s'accroupir près d'elle. Hormis un hématome sur le front, elle n'avait pas subi de très graves lésions. Toutefois, son regard trahissait une anxiété qui n'était pas du qu'à son passage forcé dans le fleuve. Je sentais chez le mercenaire sa sensibilité face à cette petite chose vulnérable, encore trempée d'humus, elle dut sans doute le ressentir aussi.

« T'es pas méchant toi ? » le questionna-t-elle après avoir jeté une pomme qui était restée dans sa main.

Il la dévisagea un instant, sous le charme de sa bouille juvénile, puis lui sourit de son expression bêta.

« Non. Nous ne sommes pas méchants tous les deux. Nous t'avons d'ailleurs sauvé », expliqua-t-il alors que mon regard venait de suivre la trajectoire du fruit. Curieux, je suivis la pomme encore en train de rouler sur une pente humide de la grotte et me penchai pour la ramasser.  « Je m'appelle Desmond, et lui c'est Synëal. » continuait Desmond. « On a mis une grosse dérouillée aux méchants pour qu'ils te laissent tranquille. Tu es en sécurité ici. Tu t'appelles comment ? »

J'inspectai la pomme qui était en réalité tout ce qu'il y avait de plus normal. Ceci dit, les circonstances de son apparition était tout à fait incongrues. Je n'avais pas souvenir d'être passé aux côtés de pommiers. Je la retournai plusieurs fois dans ma main, tout en renversant de la même façon les différentes théories qui s'imposaient à moi. Ce n'était qu'un fruit mais quel genre de fruit se matérialisait ainsi malgré la distance avec des arbres ? J'y enfonçai l'ongle de mon pouce, et son jus transparent coula sur mon doigt sans que rien de particulier ne se passe. Ceci étant, le souvenir d'une écorce partielle poussant sur le bras de la fillette refit surface. Je gardai cependant cela pour moi et jetai la pomme par-dessus mon épaule en rejoignant les deux autres. Je ne pouvais pas être certain que ce fruit soit sa plante de naissance, d'autant que je n'avais pas encore vu où était son empreinte.

« Nous sommes peut-être en sécurité ici, mais nous ne pouvons pas nous permettre d'y rester trop longtemps, surtout la nuit. Nous sommes trop près des montagnes et parfois, les trolls descendent. Dieu sait à quel point ils sont féroces une fois la nuit tombée. »

Je ne sus dire si la présence du colosse la réconfortait, mais croiser mon regard la mettait mal à l'aise. Intérieurement, je sus que l'accompagner quelques temps serait plus difficile que prévu. Si elle était une Syrinx, se méfierait-elle moins de moi si elle apprenait que j'en étais un aussi ? J'en doutais. À son âge, la naïveté amenait aussi à se créer des peurs inutiles.

Desmond ignora ma revendication et continua de s'adresser à l'enfant. « Tu te souviens de ce qu'il s'est passé? Tu peux me raconter? »
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Race : Syrinx
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Métier : Aucun
Croyances : Elle-même
Groupe : En attente

Âge : 12

Messages : 10

Fiche de Personnage : Rouge Pomme


Leçon de vie [PV : Synëal Muspell] _
MessageSujet: Re: Leçon de vie [PV : Synëal Muspell]   Leçon de vie [PV : Synëal Muspell] EmptyLun 31 Mar 2014 - 2:45

La petite plante n'avait d'yeux que pour la carrure gigantesque du dénommé Desmond. Elle ne jeta même pas un rapide coup d'oeil à l'intéressé lorsque le mercenaire le nomma après lui, elle avait une certaine frayeur inexpliquée envers cet individu. Et pourtant, malgré le fait que la quasi totalité de son champ de vision était occupé par l'homme, elle avait l'étrange impression de sentir sa présence. Non pas parce qu'elle savait pertinemment qu'il était là, derrière, mais elle pensa un instant que même si elle ne l'avait pas su, elle aurait quand même senti qu'il était là, d'une façon ou d'une autre malgré quelques doutes quant à cette dernière hypothèse. Le grand bonhomme se voulait réconfortant, une sincère lueur chaleureuse au fond du regard, et un sourire qui parvenait à être rassurant si on oubliait la taille démesurée de celui-ci par rapport à la petite bouche de Valya.

Elle avait moins peur, du moins, c'est ce qu'elle n'avait de cesse de se répéter. Drevora tentait tant bien que mal d'évacuer toute cette frayeur et ce stress, et de se concentrer sur les paroles du mercenaire. Il n'avait pas utilisé des mots si compliqués que ça, ainsi la petite plante put comprendre lorsqu'il lui posa une question.

 « On a mis une grosse dérouillée aux méchants pour qu'ils te laissent tranquille. Tu es en sécurité ici. Tu t'appelles comment ? »

Intriguée, la Syrinx observa le visage du bonhomme.

« Valya... Drevora. Je crois que je m'appelle comme ça. »

Elle avait vaguement fait attention aux propos de Synëal, le seul mot qu'elle avait retenu était « trolls », ne sachant pas vraiment de quoi il voulait parler. Le mercenaire rénchérit.

« Tu te souviens de ce qu'il s'est passé ? Tu me peux raconter ? »

Plongé dans le regard de son interlocuteur, elle voyait en lui le protecteur qui saurait la tenir éloignée du danger qu'elle avait déjà couru tantôt. Essayant de se remémorer la journée passée, le faible sourire que dessinaient ses petites lèvres s’effaça lentement, pour laisser place à une grimace triste, le regard plongé vers le sol. Elle redressa alors un peu la tête, et tenta de mimer tant bien que mal ce qu'elle expliquait pour tenter de donner un peu plus de sens à ses propos, en d'autres termes, une gamine qui gesticulait en racontant une histoire.

« Et bah... Je sais plus trop... »

Valya jeta un regard à côté d'elle, comme si elle était gênée de ce qu'elle allait raconter.

« J'étais dans la grande ville là-bas, avec tous ces gens et tout ce bruit et puis il y avait des gens comme moi aussi. »

Drevora plaça sa main à plat sur sa petite tête pour montrer qu'elle parlait de la taille.

« Je voulais plus être toute seule. Alors j'ai cherché, et puis j'ai trouvé une fille comme moi. Elle souriait beaucoup et elle avait pas peur, alors on a... »

La petite plante fit une petite pause, l'air perdue dans ses pensées, cherchant le mot qui correspondait.

« Joué. »

Elle hocha la tête.

« Oui, on a joué ensemble. »

Fière d'elle, elle se mit à sourire quelques secondes, puis se renfrogna.

« Elle avait l'air heureuse, j'essayais de faire comme elle mais c'était dur... Elle souriait et elle riait tout le temps, moi j'avais pas vraiment envie. »

Ses yeux commencèrent à briller, une petite larme au coin de l'oeil.

« Et puis je sais pas, j'avais cette pomme et elle voulait la manger alors je lui ai donné. »

Valya commença à sangloter très doucement.

« Et puis quand elle a croqué dedans, elle est tombée par terre, et tout le monde s'est mis à crier, et puis après ils m'ont tous couru après et ils me faisaient peur parce qu'ils avaient l'air méchants et en colère. »

Ses larmes coulèrent de plus belle.

« Je les avais jamais vu mais ils me détestaient, ça se voyait dans leurs yeux. Mais au bout d'un moment j'étais coincée au bord du fleuve, et quelqu'un m'a attaqué, et je suis tombée dans l'eau. »

La petite plante hoqueta entre deux vagues de larmes.

« J'ai eu très peur, j'ai cru que j'allais jamais rouvrir les yeux. »

Tentant d'essuyer les larmes qui coulaient sur ses petites joues avec son avant bras, elle s'arrêta un instant comme si toute son attention était captée par ce geste. Intriguée, elle examina son bras avec lequel elle avait tenté de se protéger lorsqu'un fermier lui avait assené un coup de fourche. Elle ne remarqua aucune marque, aucune égratignure, comme si tout ce qui s'était passé n'avait eut lieu que dans sa seule et unique imagination. Mais les deux hommes qui se trouvaient avec elles étaient bien réels eux, et prouvait que tout cela était bien loin d'être une divagation de son esprit. Desmond l'observait et l'écoutait, elle sentit son regard se poser sur son bras et, chose inutile, elle les croisa pour tenter de les cacher. Elle n'était pas sûre de devoir raconter ce détail qui l'avait surprise et perturbée, mais la confiance lui revint lorsque son regard croisa de nouveau celui du mercenaire.

Elle avait cessé de pleurer, malgré ses yeux rougis par les larmes.

« Quand... »

La petite plante soupira.

« Quand il m'a attaquée... »

Elle caressa la peau de son avant bras, pensive.

« Quand il m'a attaquée, ma peau est devenue toute bizarre, et je n'ai presque pas senti le coup. »

Valya se mordit la lèvre inférieur, comme si elle venait de confier un secret qu'on lui avait fait jurer de ne répéter à personne.

« C'était bizarre, j'ai eu très peur, je n'avais pas envie qu'il me fasse mal. Et c'est arrivé. »

Rien ne brisait le silence religieux de la grotte à part sa petite voix angélique qu'aucun des protagonistes n'avait osé interrompre. Mais en se remémorant cette image, cette attaque et cette chute, Drevora baissa lentement la tête et commença à serrer les poings.

« Il voulait me faire mal... A moi... »

Ses ongles s'enfoncèrent dans sa peau, sa petite moue innocente laissa place à des dents serrées, tel un animal agrippé à une proie, témoignant de la colère qui la gagnait alors.

« C'est lui qui aurait dû tomber dans le fleuve. C'est eux qui auraient dû fuir, pas moi. »

Son petit corps se mit à trembler, ses pupilles rouges brillant plus que jamais. Agenouillée, une racine commença à glisser le long de sa cuisse puis disparut aussitôt sous la robe de Valya d'où elle était apparut. Ce fut très bref, et cette dernière ne s'en rendit même pas compte. Elle venait de craquer de nouveau, tombant une énième fois en sanglots. La colère et la peur semblaient être pour le moment les seuls états où ces étranges phénomènes se manifestaient.

« Mais j'étais toute seule. Je pouvais rien faire. Je suis faible. Faible, tellement faible... »

Elle avait prononcé ces mots telle une fatalité, comme si elle en voulait au monde entier de ce qui lui arrivait, comme si rien ni personne ne pourrait jamais l'aider. Tentant de refréner ses sanglots, elle ne pouvait pas ignorer qu'elle n'était pas en train de se noyer dans un fleuve mais bel et bien en sécurité auprès de deux inconnus dans une grotte.

« Mais vous êtes forts, vous. Vous avez pas peur. »

Un mélange de respect et de jalousie se lisait dans son regard, mais ces mots transpiraient la détermination. Elle se leva alors et sécha ses larmes, restant tout de même ridiculement petite face à Desmond malgré que ce dernier avait posé un genou à terre.

« Moi aussi je veux être forte et grande comme toi, je veux plus avoir peur. »

Pour Valya, la carrure de Desmond était synonyme de force et de courage, elle ne se demanda même pas si Synëal, resté derrière, était peut-être tout aussi fort que lui. Elle n'avait d'yeux que pour la musculature et la taille du mercenaire. Et elle pensait que cela s'apprenait, comme ces mots qu'elle avait parfois du mal à utiliser. Elle ne soupçonna pas une seule seconde la potentiel qui coulait dans ses veines.

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