C'était par hasard que Naladrial s'était retrouvée au coeur de la cité des magiciens. Une soudaine envie d'air marin avait donc guidé ses pas jusqu'à Beolan et elle avait passé la semaine à errer dans les ruelles tel un fantôme. Assise dans une taverne, un soir, elle avait commencé à penser à son nouvel itinéraire, à la prochaine destination qu'elle irait fouler. Optant pour le grand air, réalisant à quel point elle aimait sentir l'odeur saline des rives, elle arrêta son choix sur l'Archipel des îles basses, au pied des montagnes. Contente de son idée, la jeune demi-elfe se commanda à boire une nouvelle fois et porta son attention sur les conversations qui pullulaient au bar. L'une d'elle, en particulier, attira son attention.

H o m m e 1 - « Eh les mecs, vous avez entendu l'histoire ? Allez Brent, raconte leur ton histoire de magicien ! »

Le barman, apparemment nommé Brent, sourit de toutes ses dents et leva son torchon de la main droite, prêt à se lancer dans un récit apparemment passionnant.

B r e n t - « Vous savez, le vieux Pourcebion ? Vous ne devinerez jamais ce qui lui est arrivé ... »

L'homme se tu, maintenant son auditoire dans un suspense qu'il estimait insoutenable. Naladrial failli se désintéresser du récit, jugeant que tout ça n'était finalement que des racontars de taverne, mais la suite s'annonçait plus palpitante.

B r e n t - « Le mage a disparu le lendemain que deux types très louches aient demandé à le voir ! Les vêtements du vieux loufoque étaient encore là, sa baguette et tout son fatras de magicien aussi ! Les deux types se sont fait arrêtés et leur procès a lieu demain ... Ça va être chaud ! »

H o m m e 1 - « Mais Brent, qu'est-ce qu'ils ont fait à Pourcebion ? »

H o m m e 2 - « Ouais, comment ils ont pu le faire disparaître comme ça ? J'ai entendu dire qu'il n'y avait aucune trace de sang ... »

B r e n t - « Ça les mecs ... c'est un mystère. »

Naladrial s'était penchée vers l'avant pendant que la conversation évoluait et ne s'était pas rendu compte qu'elle était maintenant sortie de l'ombre et plus du tout à l'abri des regards indiscrets.

H o m m e 2 - « Eh beauté, tu écoute aux portes ? »

N a l a d r i a l - « Non, je ne vois pas de portes. »

Le type la regarda un moment avec un drôle d'air qui tira un sourire à la demoiselle. Sortant quelques pièces d'or, la jeune femme les lança au barman et s'assura d'avoir son attention avant de poser ses questions. Quand l'homme vit les pièces, il posa le verre qu'il était en train de nettoyer et s'approcha de sa cliente.

B r e n t - « Hum ... que puis-je faire pour vous ? »

N a l a d r i a l - « Où aura lieu ce procès ? Qui sont les accusés ? Qui était ce Pourcebion ? »

L'homme lorgna les pièces, puis la poitrine de son interlocutrice et eu un rictus mauvais.

B r e n t - « Ma jolie ... Il manque quelque chose au paiement, avec toutes ces questions ... »

Soupirant face à la stupidité des hommes, Nal’ fit mine de sortir sa bourse de la poche de sa tunique, puis de la tendre au barman, mais quand sa main arriva à mi-parcours, soit à quelques centimètres de son torse, la demoiselle en apparence inoffensive fit glisser la pointe d’une dague acérée hors de sa manche, pointée directement sur le cœur de l’homme derrière le bar.

N a l a d r i a l - « Si j’étais vous, je répondrais sagement. »

L’homme bredouilla quelques mots en respirant bruyamment, mais la lame qui se rapprocha imperceptiblement de sa peau lui délia assez vite la langue.

B r e n t - « Le procès aura lieu à la tour des mages, comme tous les procès. Je ne connais pas les accusés, mais j’ai entendu dire qu’il y avait l’un d’eux qui s’appelait Balthazar. Quant au vieux, il était le magicien le plus réputé de Beolan et sa réputation avait même transcendé les frontières. Je n’en sais pas plus, ma Dame, je vous le jure. »

Naladrial n’aurait pas mis sa tête à couper que cet homme lui disait la vérité, mais elle avait assez d’élément pour se rendre au procès et mener sa petite enquête. Elle ne connaissait pas de Balthazar, mais elle avait eu vent, entre les branches, de quelques rumeurs sur des rebelles qui auraient voulu augmenter leurs connaissances auprès d’un grand maître. Tout ça avait du sens … Pour Nala’, rien n’était plus important que de se faire le plus d’alliés dans le monde des rebelles, qui était désormais le sien. Se levant en rangeant sa dague, elle planta là le pauvre barman qui n’avait pas prédis sa soirée ainsi. Elle quitta la taverne pour rejoindre son campement de fortune, légèrement à l’écart de la ville. Une fois là, elle s’installa pour une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, elle irait à se procès et verrait de quoi il retournait.

Le lendemain matin, de bonne heure, la demi-elfe se rendit devant la tour des mages et fit un rapide repérage des lieux. Entrée principale, sorties de secours, coins discrets. Parfait. Si quoi que ce soit de mauvais arrivait, elle saurait gérer. Quand le procès commença, elle était postée à l’arrière de la salle, dans l’ombre, observant les deux hommes accusés du meurtre présumé du légendaire Pourcebion. Mouais, pas si légendaire que ça, si Naladrial n’en avait jamais entendu parler … Quand le «jugement» fut rendu et les deux types relâchés pour une semaine, la demi-elfe songea que sa chance était là, et qu’elle devait la saisir. Suivant de loin les deux hommes, elle réfléchit à sa stratégie. Comment les aborder ? La manière directe ou plus détournée ? Aussi bien y aller à la manière Nala. Franche et directe.

N a l a d r i a l - « Eh ! Vous ... Balthazar, c’est ça ? »

Sans même regarder l’autre homme, qu’elle ne connaissait pas et ne tenait pas à connaître, pour le moment du moins, elle s’arrêta devant Balthazar, imposant et l’air relativement puissant et, du haut de sa confiance de femme combattive, elle lança :

N a l a d r i a l « Vous avez besoin d’une troisième personne dans votre enquête ? »