Fumée noire, Brume blanche. [ PV Gareth ]

Fille de L'Equinoxe ________________ ________________

Une nouvelle lune se levait sur les tombes. J'étais là, comme à mon habitude, reposé auprès de la tombe de mon amie. Cela faisait quelques temps que le mur de brume n'avait été percé et qu'un visiteur ne soit venu troubler ces lieux.

J'observais les astres, silencieux et mélancolique. Si le calme était bénéfique au guerrier, il lui était aussi dangereux lorsque ce dernier avait perdu des êtres chers. Aujourd'hui plus que jamais, j'aurais souhaité pouvoir entendre de nouveau la mélodie de mon amie. Les jours passèrent ainsi, où j'alternais repos et chasse de petits animaux.
Les tombes étaient silencieuses, et en parfait état. C'était l'une de mes inquiétudes lors de mes nombreux combats, que l'un de mes adversaires ne s'en prenne aux mausolées. Heureusement, je savais bannir les tombes de ma réalité pendant quelques heures afin de chasser les intrus sans avoir à m'inquiéter de faire éclater l'une des tombes d'un coup de patte maladroit. Bien que je doute que cela ne suffise à abattre l'une de ces grosses pierres.

C'est alors que le mur de brume vacilla, un nouveau venu venant profaner ces terres. Je me relevais, et observais silencieusement le ou les nouveaux arrivants. Il s'agissait là de quatre hommes, et au vu de leurs tenues, il s'agissait de mercenaires. Sautant sur la tombe d'Elienor, ils m’aperçurent enfin, et confirmèrent ce que je redoutais. Ils n'étaient pas là pas hasard, mais bien pour me chasser. Cela, malheureusement, était assez fréquent depuis quelques années. Nombres de personnes pénétraient mon domaine afin de me défier, ou car un homme riche mais lâche voulait me chasser et profaner les lieux en toute impunité.

Je n'eus même pas le temps de leur parler qu'une flèche frôla mon épaule. Je leur répondis alors par un puissant rugissement, avant de m'emparer de ma lame.
Me jetant sur le combattant le plus proche, je tentais de l'empaler en enfonçant l'épée dans le sol. Malheureusement, ces guerriers semblaient assez habile et l'homme esquiva, mais je pus voir dans ses yeux la peur qui l'habitait.
Ne lui laissant pas le temps d'achever sa roulade, il fut accueilli par un puissant coup de pattes qui l'envoya violemment contre une des tombes, lui brisant les os et le laissant retomber sur le sol, mort.
L'un de ses amis ne supporta visiblement pas cette vision car il fonça vers moi en hurlant. Lui aussi, fut accueilli par un coup de pattes, le déchirant en deux à l'aide de mes griffes. Les deux derniers mercenaires réagirent de manière intelligente, l'un me cribla la patte avant gauche de flèche, me faisant saigner et ralentissant mes mouvements, tandis que le deuxième en profita pour tenter de me couper les tendons de l'autre patte avant. Ils réussirent, ce qui en soit m'impressionna, peu de personnes étaient allés aussi loin depuis bien des années.
Je fléchissais en avant, mon poids ne supportant pas les blessures alors que je gémissais de douleur. C'est alors que ma lame lâche un nuage de brume, qui entoura mes pattes avant. La douleur s’atténua avant de disparaître, tout comme mes blessures.

Je me relevais donc ensuite, tandis que les intrus reculaient, surpris. L'un d'eux me jaugea alors et pesta, avant de regarder son collègue et de lui dire.

- Cette brume qui le recouvre, on dirait la fumée de Gareth! Il faut y aller, on aura besoin de lui!

Je les observais courir dans le cimetière, rats qu'ils étaient face à moi. Proie face à un prédateur. Ils avaient profaner les lieux, et tenté de s'en prendre à ma vie, ils ne méritaient pas de quitter ces terres. J'allais ajouter de nouvelles victimes à ma collection, j'allais garder ces terres, surtout s'ils comptaient appeler du renfort.
Je bondissais, me mettant en opposition avec la sortie du cimetière, et dans un geste vif de la gueule, ma lame fila aux vents et pénétra l'archer, le coupant littéralement en deux. Le deuxième eut juste le temps de croiser mon regard, que ma lourde patte le plaqua au sol.
Je lui déclarais alors froidement.

- Vous qui avez profané mon domaine, la mort sera votre châtiment.

Il n'eut pas le temps de me répondre que ma gueule attrapa le haut de son corps et le sépara du bas. Seul un cri étouffé se fit entendre dans le cimetière alors que je me léchais les babines, chassant le sang qui tâchait mon pelage de neige.
Me redressant, j'observais le mur de brume se reformer petit à petit. Reprenant Elienor dans ma gueule, je vins me placer au niveau de sa tombe avant de m'allonger et de fermer les yeux, les brumes du cimetière attrapant les corps de mes assaillants et ne laissant que leurs armes plantés dans le sol, comme un avertissement aux futurs voyageurs.

Quelques heures passèrent alors, où je ne fis rien d'autre que de dormir et rêver. Je revoyais mon amie en songe, et entendait alors sa douce mélodie.
Ce fut le bruit caractéristique de la brume qui me sortit de mon délicat repos. Le mur se dissipait de nouveau, et un nouveau champion venait me défier. Cependant, je décidais de l'observer en silence, restant allongé auprès de mon amie. C'est alors que je l'aperçus, ce guerrier dont j'avais déjà entendu le nom, cet homme que beaucoup redoutait et estimait à la fois.

C'est là que je vis pour la première fois Gareth Valmort.

Le marche-abysse ________________ ________________

A l'intérieur de sa tente, un chevalier-mercenaire était allongé dans son lit. Cela faisait deux heures qu'il tentait de dormir. Peut-être même trois. Mais quelque chose l'en empêchait. Il bouillonnait, sa chair, ses os, ses muscles...Ils réclamaient tous une chose que l'homme n'avait versé que trop souvent : Du sang. A chaque fois que Gareth fermait les yeux, les souvenirs de ses récents combats le prenaient d'assaut, en particulier ceux où sa lame avait dû défendre une autre vie que celle de son propriétaire. Une vie qui était désormais loin de lui. Mila. C'était pour le bien de cette dernière qu'ils s'étaient quittés. Vivre dans l'ombre d'un chef mercenaire était rarement un bon moyen de survie, sur feleth...Et le marche-abysse ne voulait pas que sa protégée meure, qu'elle disparaisse après avoir été souillée par un chien de pillard ou un taré de l'ordre, non ! Si jamais quelqu'un lui faisait du mal...
De nouvelles funestes images ne tardèrent pas a envahir son esprit.
Tout était brouillon et rouge. Des membres, des monceaux de cadavres étaient éparpillés ici et là sur une plaine aux abords d'un océan sanglant. Sa propre personne se trouvait sur la plage, et avançait d'un pas tranquille dans l'eau écarlate...Son avancée était rapide, pourtant le chevalier avait toujours pied...Gareth balayait la surface du regard, à la recherche de quelque chose, sans savoir quoi...Parfois, des visages figés dans des expressions de douleur ou de peur apparaissaient à la surface avant de s'enfoncer dans les profondeurs. Tout ces visages lui étaient étrangement familier, mais jamais le marche-abysse ne tentait quoique ce soit pour les sauver...Il les regardait simplement couler avant de continuer son chemin.
Bientôt, la plage derrière le mercenaire ne fut plus qu'un vaste souvenir. Mais ce menu détail ne freina pas son avancée, pas même une seconde.
Gareth continua sa marche pendant d'interminables minutes...Avant de finalement remarquer, au loin, ce qui semblait être un cadavre flottant à la surface. Sa progression devint aussitôt bien plus rapide et, alors qu'il s'apprêtait a prendre dans ces bras le corps meurtris de celle que ses yeux fatigués reconnaissaient, malgré ses horribles blessure, comme étant Mila, un détail vint heurter sa vision.
Planté dans la chair de son amie, en plein milieu de sa poitrine, se trouvait les restes brisés d'une lame. Et même si cette dernière était émoussée et rouillée, Gareth n'avait aucun mal a reconnaitre les reliquats de ce qui avait toujours été son arme. Son épée.
Sanglot.
Tout devint noir et une voix inhumaine raisonna dans son crâne, lui infligeant milles-tourments en répétant inlassablement deux mots :
"-Nourris-moi."

Lorsque Gareth ouvrit les yeux, il prit conscience de trois choses :
Un, le sommeil avait finit par avoir raison de son insomnie.
Deux, a en juger la lueur argentée illuminant faiblement sa toile de tente, le soleil n'avait pas encore remplacé la lune dans les cieux.
Trois, un jeune mercenaire blondinet et maigrichon venait d'entrer chez lui en affichant une mine terrifié faisant peine a voir.

S'asseyant sur le bord de son lit avant de se pincer l'arête du nez, le marche-abysse fit signe a son sous-fifre de lui faire part de la source de sa détresse. Chose que ce dernier s'empressa de faire, en tentant d'adopter une attitude un peu plus sérieuse...Sans y arriver.

"-On a..."
Gareth le coupa de suite.
"-Qui ça, "on"?"
Le chevalier usait d'un ton calme, patient, pour éviter de terrifier d'avantage ce qui avait tout l'air d'être une nouvelle recrue pas encore habituée aux coutumes des lames errantes.
"-J'étais avec la bande de Carim."
Ça commençait plutôt mal.
"-Il a trouvé un contrat de chasse au monstre, un gros truc qui garde un cimetière."
Ça devenait fâcheux.
"-Bref, Carim a envoyé quelques uns de ses gars régler son compte a la bête, et ces gars m'ont emmenés avec eux pour me montrer comment on doit bosser, seulement..."
Gareth se leva de son lit pour attraper son plastron et le mettre aussi rapidement que possible.
"-Quand est-ce que les cris ont cessés?
-Y'a quelques minutes, je suis tout de suite parti vous chercher parce que...
-T'as bien fais petit, montre-moi le chemin."

Le gamin s'était exécuté.

Une dizaine de minutes plus tard, le duo se tenait silencieusement devant ce qui semblait être un mur de brume. Littéralement. Aucun doute n'était possible, cet endroit subissait les affres d'un enchantement, d'une malédiction ou d'une quelconque saleté magique. Ce n'était pas bon signe pour les pauvres gars de Carim. Gareth haussa un sourcil avant d'effleurer en soupirant la brume d'un revers de gantelet...

"-Je vais entrer. Et toi tu vas rejoindre Carim. Si je ne reviens pas demain matin, va chercher Laun' et Alvin."

Le gamin fit aussitôt volte-face, visiblement peu rassuré par ce surnaturel brouillard, et descendit la colline sans se retourner. Mais cela n'intéressait déjà plus le Marche-abysse, qui s'était enfoncé dans ces ténèbres grisâtres.
Durant une longue minute, Gareth marcha, sa main gauche chassant cette étrange et impalpable neige de son champ de vision, sa main droite enserrant fermement la poignée de Sanglot. Puis la brume décida de disparaître, brutalement. Comme si elle n'avait jamais été là.
Ce qui était faux, puisque cette dernière se trouvait toujours derrière-lui, à vrai dire, mais ce n'était pas un détail très intéressant.
L'apparence de cette nouvelle zone qu'il venait de fouler de ses pieds bottés, ça, c'était intéressant :
Un cimetière. Un énorme cimetière. Sombre, garni de tombes, d'épées plantées dans le sol et...Dévoré par la végétation. Il émanait de cet endroit quelque chose de sacré. Et cela inquiétait Gareth.
Les lieux sacrés, sur Feleth, étaient trop souvent trop bien gardés.
Après avoir rapidement balayer la zone du regard, le marche-abysse découvrit sans grande surprise, parmi les champs de lames, les épées appartenant aux hommes de Carim...Sans leurs propriétaires. Inutile de les chercher, ils étaient morts, sans doute.
Il soupira, planta sa propre lame dans le sol, posa ses deux mains gantées sur la paume de cette dernière...Puis attendit une quelconque manifestation de vie.

Fille de L'Equinoxe ________________ ________________

Je l'observais, cet intrus venu troubler mon repos. Il était là, silencieux et stoïque. Tenant sa lame et regardant dans le vide, j'aurais voulu savoir ce qui traversait ses pensées à cet instant.
Me déplaçant silencieusement, je laissais la brume me masquer. Lorsque je fus assez prêt, je déclarais à cet étranger solennellement.

- Nombreux sont ceux qui s'aventurent au delà du mur de brume...

Je bondissais soudainement, plantant mes griffes dans l'herbe touffue du cimetière, face à cet étrange personnage.

- ... Mais bien peu sentent l'acier et le sang, et non la peur.

J'avançais doucement vers lui, reniflant l'air et m’imprégnant de son odeur. Il avait repris sa lame et reculait méticuleusement, attendant sûrement la moindre attaque.

- Allons, étranger qui trouble le calme de ce lieu, voyons si vous avez de noble votre cœur, et non pas juste votre armure.

Je bondissais par la suite vers lui, griffes sorties. Mon premier coup fut esquivé tandis que le second fut paré. Cet homme semblait redoutable, il se déplaçait extrêmement vite, surtout pour un humain. Alors qu'il esquivait un énième coup de crocs, il me frappa d'un coup d'estoc, qui se planta dans ma patte avant laissant mon sang s'écouler sur la verdure. Grognant en reprenant mes distances, je plongeais mon regard d'or aux travers de son heaume, afin de mêler mes yeux aux siens.

- Vous êtes fort, intrus. Bien plus que ces hommes venus plus tôt afin de m'affronter. Je pense que vous êtes digne d'un vrai combat.

Hurlant à la lune, je sautais sur une tombe, puis sur une autre, avant de finalement me retrouver au niveau de ma lame, que je prenais dans ma gueule. Je grognais en observant cet étranger, tandis qu'une brume blanche s'échappa de mon arme et soigna ma plaie.

- Je suis Jormundir, gardien des tombes.

Je m'élançais par la suite, frappant directement avec mon épée, balayant le sol et le lacérant alors que je loupais mon adversaire. Donnant instinctivement un coup de pattes arrières, je sentis le choc contre une armure de métal, puis le bruit habituel de l'acier et la chair frappant une tombe. Me retournant, je voyais cet homme adossé à l'une des pierres tombales, du sang tombant abondamment de son torse. M'avançant doucement, et m'apprêtant à mettre fin au combat, je fus surpris de voir une fumée noire s'échapper de sa propre lame, et recouvrir ses plaies, tout comme Elienor me soignait.
Sentant un étrange sentiment d'amusement m'envahir, je plantais ma lame dans le sol en hurlant de nouveau à la lune, avant de la remettre dans ma gueule et de déclarer sur un ton plutôt moqueur.

- Ainsi, nous ne sommes pas si différent que ça vous et moi. Bien, faisons en sorte que ce duel en soit vraiment un.

Nous nous lancions ensuite tous deux l'un contre l'autre, frappant l'acier, les griffes, la chair et la fourrure. Chaque fois que l'un de nous s'épuisait, notre arme respective soignait nos plaies. Le combat dura bien plus longtemps qu'aucun des duels que je n'avais disputé jusqu'à lors, et cet individu représentait l'adversaire le plus estimable que j'eus la chance de rencontrer. Bon nombre de combattants avaient des titres ronflants et des légendes à leur égard. Seulement, la plupart n'était des héros que de noms et ne valaient pas que je me donne du mal pour les vaincre. Lui en revanche, était resté silencieux et m'avait combattu de manière effroyable, avec un calme et une assurance exemplaire.

Tiré de mes pensées par une énième frappe de taille, je remarquais l'entaille qui parcourait les tendons de ma patte gauche. Perdant l'équilibre, je m'effondrais sur le sol en grognant alors que le mercenaire sautait afin de m'asséner un coup mortel. Dans un ultime réflexe, je me cabrais, le frappant d'un violent coup de patte et l'envoyant valser un peu plus loin. Une fois soigné par ma brume, je me redressais et me lançait de nouveau, telle la marée contre la roche, contre cet effroyable combattant.

Le combat s'éternisait et je commençais à craindre pour les tombes qui gênaient mes mouvements. J'ouvrais la gueule, laissant Elienor se planter dans le sol alors que j'hurlais à la lune, laissant de la brume s'échapper de ma gueule. Toutes les tombes s'estompèrent peu à peu, avant de finalement complètement disparaître, ne laissant que les lames de mes anciens adversaires et la tombe de mon amie en seul décor de notre affrontement. Plus aucun objet n'entravais mes mouvements, j'allais pouvoir donner mon maximum, le vrai combat commençait maintenant. Plongeant de nouveau mon regard sur mon adversaire qui jaugeait l'environnement, je grognais de satisfaction.

- Vous êtes un adversaire valeureux, dîtes moi étranger, quel est votre nom? Peu m'importe l'issue de ce combat, je veux graver votre nom dans ma mémoire...

Le marche-abysse ________________ ________________

Tout le long de sa vie, Gareth avait combattu. Contre la faim. Le froid. Ses semblables. La peur, la mort, la souffrance. Au fil des années, la liste de ses adversaires s'était agrandie. Humains, orques, ogres, monstres et démons. Sanglot et lui avait découpé tellement de types d'engeance que le mercenaire ne s'attendait plus, depuis longtemps, à croiser un adversaire encore capable de le surprendre.
Ce grand chien de garde porteur d'épée à la langue bien pendue avait pourtant eut le mérite de le faire sursauter, lorsque ses plaies s'étaient régénérées à l'aide d'une brume blanche émanant de sa lame. Quelle étrange créature.
Gareth serra les dents aux moments où la fumée noire de sa propre arme se mit à reformer les doigts de sa main gauches, qui avaient presque tous été sectionnés à hauteur de la deuxième phalange lors de sa dernière charge. Pour une raison inconnue, les tombes autour de lui et son adversaire lupin avaient toutes disparue. Seule subsistait la plus grande d'entre-elles et les lames des vaincus. Il n'était pas difficile de comprendre que l'énorme sépulture avait une valeur particulière aux yeux du gardien, peut-être étaient elles la raison de sa présence ici. Un détail intéressant, à retenir, pensa le mercenaire, alors que l'étrange voix du loup raisonnait de nouveau dans son crâne pour lui demander son nom. Gareth lui répondit poliment, en souriant :
"-Gareth Valmort, très chère bête, enchanté."
Puis, pour la première fois depuis longtemps, sa main gauche enserra, tout comme sa jumelle de droite, le pommeau de Sanglot, alors qu'il se jetait de nouveau sur sa cible.
La grâce des combats opposants hommes et bêtes décrites dans les livres fut totalement absente, tout le long de la véritable avalanche de violence qui suivit cela. Le loup, comme le mercenaire, porta nombres de coups vicieux faisant parfois apparaître un véritable torrent de sang venant aussitôt rougir les plaques d'armures du second ou le pelage grisâtre du premier. A un moment, Gareth passait entre les pattes de la bête au moyen d'une dangereuse roulade dans le but de lui entailler le bas-ventre. La minute d'après, Jormundir faisait un énorme bond en arrière, avant de balayer d'un coup de la lame qu'il tenait dans son énorme gueule tout ce qui se trouvait face à lui. Chaque action entreprise par l'un était aussitôt contrecarrée par l'autre, sauf dans de très rares cas, où une entaille pas assez profonde apparaissait sur le corps d'un des deux, avant d'être pansée par la magie de l'une des lames. Le calme et le silence des combattants trahissait leur intense concentration et leur absence de réactions face aux douloureuses blessures apparaissant parfois sur leurs corps, quant à elle, ne faisait que prouver que l'adrénaline dans leurs sangs les empêchaient de s'appesantir sur d'aussi inutiles égratignures. Même lorsqu'ils perdaient la grande partie d'un membre.
Une heure durant, ils s'affrontèrent.
Gareth retira la pointe de sa lame du sol où s'était écrasé, quelques milli-secondes avant, l'énorme loup, puis entreprit de décrocher l'imposant morceau de griffe cassé s'étant coincé entre deux plaques d'armures tandis que son adversaire se remettait en position d'attaque.
Puis une autre.
Le mercenaire roula sur le coté juste à temps pour éviter de finir en bouillie sous l'une des pattes de Jormundir, puis frappa d'un coup circulaire pour trancher une énième fois un quelconque lambeau de chair inutile.
Et encore une autre.
Après des heures de luttes acharnées, Gareth, qui savait que, tout comme lui, son adversaire ne ressentait ni douleur ni fatigue, profita d'un des bonds démesurés de son adversaire pour cracher :
"-Ce combat pourrait durer des années entières, ça ne rime à rien, gardien." Comme pour confirmer ses dires, la fumée noire de Sanglot vint envelopper sa jambe droite, qu'il savait brisée à trois endroits différents au moins. La douleur disparue aussitôt. Satisfait par l'immobilisation soudaine de son adversaire, le mercenaire poursuivit d'un ton blasé."Écoute, même si je meurs, une bonne cinquantaine de mercenaires, dont deux gros costauds, vont débarquer pour me venger. Je ne souhaite pas mourir d'épuisement au milieu de nul part pour quelques imbéciles, et toi?"

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