Le tuteur angélique, dans son monde. [PV Querel] [RP CLOS]

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Journée ensoleillée. Endroit à s'émerveiller. Des soucis à oublier. Une rencontre? Une montre. Le temps passait, les années s'écoulaient. Yozora était encore jeune, malgré son grand âge s'il était comparé à un simple humain. Les oracles pouvaient vivre des milliers d'années. Lui, n'était âgé que d'un siècle, et presque trois décennies. Yozora était dans la fleur de l'âge, ses capacités étaient à leur paroxysme. Cela durerait encore quelques siècles.
Aujourd'hui, après quelques temps dans le monde du milieu, Yozora avait décidé de retourner en Adiryl, afin de se rendre en un lieu où bien peu de fois il était allé. Ce lieu était appelé la source des fées, elle se trouvait prêt de l'étang de pureté. Un lieu très spirituel, où vivaient nombre de créatures magiques. L'archimage arriva à la source. Il retira sa longue veste, et posa son bâton contre un arbre, sur le bord de la surface d'eau. La source était limpide, claire, et lumineuse, un peu comme tout ce qui se trouvait dans le monde du dessus: Adiryl. Tout était parfait, trop parfait. C'était d'ailleurs la raison de la lassitude de Yozora, lassitude due au fait que tout se déroulait selon un destin tracé, sans encombre. L'archimage voulait à présent mener une vie où il ferait des rencontres. Faire des rencontres... Cela serait un point clef de son avenir, ou plutôt de l'avenir de la Congrégation future.
Son manteau et son bâton posés, Yozora se mit à marcher à la surface de l'eau, usant de son pouvoir pour ne pas tomber au fond de la source. Une fois au milieu de la source, l'archimage écarta les bras, paumes vers le haut. Il créa une aura qui l'entoura. Cette aura n'était pas agressive, elle ne laissait ressentir aucun pouvoir, aucune énergie, elle était comme effacée, inexistante, mais pourtant bien présente. Cette aura faisait se mouvoir les cheveux de Yozora, comme si un courant d'air passait par là. Pourtant, aucun souffle, aucun bruit, aucun... Tout à coup, sortirent de nul part quelques lucioles, qui se mirent à tourner avec énergie autour de Yozora. Laissant son aura disparaître peu à peu, l'oracle observa avec attention et admiration ces petites lucioles. C'étaient des fées. Elles vire-voletaient avec agilité dans les air, exécutant de grandes arabesques autour de Yozora. Dommage que celles-ci étaient dénuées de parole, même s'il leur était facile de se faire comprendre, l'oracle aurait bien voulu tenir une conversation avec celles-ci. Sans s'en rendre compte, Yozora souriait, il était comme soulagé d'un poids dont la présence n'avait même pas été soupçonnée, il se sentait léger. Léger de voir que ces petites fées lui accordaient le droit de les observer, et même le privilège de tournoyer autour de lui, avec grâce et énergie. Soudain, les fées disparurent et s'en allèrent à grande vitesse, comme si elles fuyaient quelque chose, quelque chose, ou quelqu'un...
Yozora se dirigea lentement vers le bord de la source, afin de mettre pied à terre, dans le but de mieux voir quel était ce quelque chose, ou plutôt ce quelqu'un...

Le capitaine marchait, seul, aux abords de l'étang de pureté. Le soleil lui tapait sur le haut du crâne, ce qui avait le don de l'énerver assez rapidement. Mais heureusement, les grands arbres de la source des fées pointaient le bout de leurs feuilles au loin. Les minutes semblèrent longues avant l'ombre reposante, les pas étaient difficiles avant le calme frais et le bruissement des branches...
Querel revenait de mission, il avait encore "un peu exagéré" dans un petit village de Feleth, et les dirigeants avaient encore trouvé le moyen de dire que c'était inacceptable. Pourquoi le répéter sans cesse ? Quand une mauvaise action vient à se répéter il faut prendre des mesures... Mais eux restaient là, à parloter, à juger, à s'énerver pour rien, bref, à brasser de l'air en somme.
Le séraphin savait que cette situation était la meilleure, pour ces politiciens qui ne vivent que par le compromis. Lui ne pourrait jamais imaginer la demi mesure, extrémiste par nature et fanatique au plus profond de son être.

*La punition à n'importe quelle faute : l'extermination.*

Au fond, parfois, cette vision était pratique, et presque défendable. Mais il fallait tout de même ne pas sombrer dans la démence, la démesure et la colère. Voilà pourquoi Querel venait, en ce jour, se reposer sur les rives paisibles de la source des fées. D'ailleurs, il ne savait absolument pas pourquoi elle portait ce nom, car jamais il n'avait aperçu ne serait-ce qu'une seule fée en ce lieu.
Ses pas le guidèrent vers l'eau transparente et lisse, auprès de laquelle rien ne semblait plus avoir d'importance, tout semblait être simple et relaxant. A travers les gros troncs, l'ange vit qu'un jeune oracle marchait tranquillement sur l'eau pour regagner la berge. Le calme des lieux devait déjà avoir gagné son esprit, car il ne voyait aucun inconvénient en la présence d'un autre être sur "son" terrain de repos.
Querel déboucla les lanières de son fourreau, et déposa cette longue arme sur l'herbe fraiche, pour pouvoir s'asseoir, au bord des eaux stagnantes. Ses yeux verts se posèrent sur l'oracle, avec un sentiment des plus neutres. Il s'adossa à un arbre et croisa les doigts sur son ventre, relâchant pour une fois toute la pression qui composait chaque parcelle de son être violent.

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Yozora ne fut pas surpris de voir arrivé quelqu'un. Un séraphin pour être plus précis. Les fées ne s'étaient pas enfuies pour rien. Le seul fait est que les fées avaient fui un séraphin, être normalement bon, doué d'une certaine sagesse. Celui-ci devait avoir quelque chose de particulier pour effrayer les fées. Poussé par la curiosité, ainsi que par l'envie de faire de nouvelle rencontres, Yozora se dirigea lentement vers ce séraphin qui venait d'arriver. Et puis, avec un peu de chance, il ne sera pas comme tous ces ramollis du cerveau, qui se sont habitués à la perfection, et à rester dans leur opulence de politiciens... La corruption, en principe, n'aurait pas du atteindre le monde d'Adiryl, mais ce n'était qu'un principe. Comme la politique de tout régime, celle du monde du dessus avait comme reine la corruption. De plus, tous les "élus" étaient épris du même laxisme. Leur devise principale? Ne pas faire de vague, ne pas trop faire bouger les choses. En clair, ne rien faire, et déléguer les tâches qui leur sont dues.
Yozora s'assit donc sur une pierre, non loin du séraphin qui était maintenant appuyé contre un arbre, délesté de son équipement.

"Bonjour. Tu fais partie de la légion? Cela ne doit pas être toujours facile d'obéir aux ordres de ces politiciens."

Yozora jeta un bref regard derrière lui, afin de voir si sa veste et son bâton étaient toujours en place. Ils n'avaient pas bougé.

"Bonjour. Tu fais partie de la légion? Cela ne doit pas être toujours facile d'obéir aux ordres de ces politiciens."

- "Hun, hun, tu me plais bien toi. En général on me dit plutôt 'Oh, je vous plains, vous faites partie de la légion, ce doit être dur d'obéir à ce capitaine dément'. Sauf que ce capitaine en question c'est moi, et qu'en effet, il en a plein le cul de ces imbéciles du gouvernement."

Un sourire presque gentil se dessinait autour de ses dents pointues, il n'avait pas pour habitude de tomber sur quelqu'un qui aille un temps soit peu dans son sens. Ses yeux vides, contrairement à leur nature plutôt mouvementée et pleine de haine, se perdaient au loin, devant lui, dans le flou le plus total et le repos.

- "Querel Sentencia, c'est mon nom. Beaucoup le connaissent, soi-disant je suis la tâche noire qui s'envenime sur le joli tableau blanc hein... Et toi, qui es-tu ?"

L'ange semblait parler dans le vide, ne regardant absolument pas son interlocuteur. Il passa une de ses grandes mains dans ses cheveux pour les dégager de son visage et apprécier la brise fraîche qui agitait les feuilles. Ici rien de toute la violence de Feleth ne transparaissait, c'était comme un havre de paix, égoïste, coupé de l'horreur qui sévissait partout ailleurs. Un endroit bien à l'image de ce séraphin arrogant...

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Apparemment, ce Querel Sentencia était du même avis que Yozora quant aux politiciens. Un sourire avait redressé les coins de sa bouche. Le séraphin était donc le capitaine de la légion. Intéressant, il devait avoir de l'influence, malgré sa mauvaise réputation. Yozora avait entendu parler de lui, et pas en bien, forcément. Dès qu'on lui avait parlé de Querel, l'archimage s'était mis à l'apprécier. Pas forcément pour ses idées, pas forcément pour ses actes, mais purement et simplement parce qu'il sortait de la conformité qu'on imposait aux habitants du monde d'Adiryl, dès leur naissance.

"Être cette tache noire, ce n'est pas plus mal qu'autre chose. Être soi, c'est ce qui importe dans ce monde-ci. Tu devrais être heureux de sortir du lot de tous ces lavés du cerveau. Même si tu ne le fais pas de la façon la plus clémente qui soit. Mon nom est Yozora Adragnis. Je suis un archimage. Enchanté de faire ta connaissance."

Malgré la mauvaise réputation du capitaine de la légion, celui-ci semblait plutôt sympathique, et même de bonne conversation...

La réponse de l'oracle fut assez poussée, et étrangement, penchait encore du côté de Querel. C'était vraiment rare. Sur Adiryl, on les comptait sur les doigts de la main, et sur Feleth, Querel les tuait avant de savoir, tous ceux qui étaient d'accord avec lui.

- "Hun, hun, lavés du cerveau..."

Bien trouvé comme terme... Seulement à mieux y regarder c'était plutôt du conformisme, ou un manque de remise en question, qui poussait tous ces moutons à brouter l'herbe aux pieds de l'Empereur.

- "En effet, Yozora, être soi-même est important... Mais je crois que tous ces imbéciles sont eux-mêmes également... Ils sont faibles, de corps et d'esprit, incapables de se séparer de la douce béatitude qu'est ce monde, incapables d'imaginer qu'au fond ils pourraient avoir tort. Malheureusement, ils sont donc comme ils sont par essence."

La sympathie qu'il éprouvait à l'égard de cet homme était un sentiment bien méconnu pour l'ange.

- "Mais qui es-tu ? Au delà de ton nom... En général les archimages ne parlent pas en de tels termes de la société d'Adiryl, hm."

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Décidément, ce séraphin nommé Querel Sentencia était plutôt sympathique. Même si sa réputation le précédait, il n'était pas si mauvais que cela. Se détacher du lot, c'était exactement ce que beaucoup avaient du mal à faire en Adiryl. Tous conformistes à l'extrême, tous désirant être dans les bonnes grâces de l'empereur.

"Qui je suis au delà de mon nom? Eh bien, je suis quelqu'un qui s'est rendu compte de ce qui se tramait en Adiryl. Quelqu'un qui eut un trop plein de perfection. Qui je suis. Je dirai que je ne suis pas les autres... Même si beaucoup de ces humains ne sont que des vermisseaux ne pensant pas aux conséquences de leurs actes, j'aime à vivre un tant soit peu dans leur monde. En effet, personne ne se ressemble, le conformisme y est une idée très floue."

Apparemment, les deux hommes étaient du même avis quant à ce qu'il fallait penser de ce monde, de ces politiciens, et de ce conformisme obsessionnel. C'était plutôt positif.

"Il est vrai que je n'aurais pas du parler ainsi avant de savoir qui tu étais. J'aurai pu être réprimandé. Mais heureusement pour moi, on dirait que j'ai la chance de mon côté."

Yozora s'essaya à une description simple de son état d'esprit, assez floue et balbutiante, mais on percevait justement une trame générale. Bien souvent, un seul mot en dit plus sur quelqu'un qu'un discours de plusieurs heures. Finalement cet oracle était bien loin de partager la vision de Querel, mais ce n'était pas grave, il n'aimait pas ses confrères d'Adiryl, et l'ange était en de bonnes dispositions.

*Ouais en fait t'es le genre d'aventurier blasé... En quête de nouveauté et de savoir... Espérons pour toi que tu ne te détournes pas du chemin au contact de toute cette pourriture...*

Ces paroles, il les aurait bien prononcées, si l'archimage n'avait pas rajouté quelque chose de plus amusant.

"Il est vrai que je n'aurais pas du parler ainsi avant de savoir qui tu étais. J'aurai pu être réprimandé. Mais heureusement pour moi, on dirait que j'ai la chance de mon côté."

Un léger ricanement s'échappa même de ses entrailles.

- "Boah, ils sont pas foutus de faire quoi que ce soit. J'ai beau les insulter ouvertement, ne jamais suivre correctement un seul ordre, je suis toujours capitaine... Leur bonté les aveugle et les empêche de percevoir ce qu'est la justice... Sur Adiryl, la plus grande peur est celle de trébucher et de tomber... Et c'est même pas une métaphore de mauvais goût."

En réalité, les dirigeants avaient leurs raisons. Ils cadraient Querel ainsi pour ne pas le voir repousser ses limites encore plus loin. Et ils acceptaient la critique, même la plus crue, pour prendre conscience de leurs défauts et y remédier si nécessaire. Même si cela portait le nom d'"empire", ce n'était autre que la plus simple des démocraties.

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Yozora appréciait la façon de penser de Querel. Le séraphin était un extrémiste au plus haut point, mais il ne se laissait pas distraire, et c'était une bonne chose. Le hasard fit que leurs routes se croisent, et comme l'on disait souvent, celui-ci faisait bien les choses. L'archimage appréciait de faire de nouvelles rencontres, il aurait d'ailleurs contacté le capitaine de la légion prochainement, mais cela ne serait plus à faire bien sûr.

"Sur ce coup là, je suis bien d'accord avec toi. Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on n'était. Je pense que cette chute, il faut la connaître. Il faut y précipiter les autres à l'occasion, cela serait un moyen de stopper cet élan de conformisme en notre royaume d'Adiryl.

Yozora ne retenait pas vraiment ses paroles. Il savait parler à quelqu'un qui en avait quelque peu ras le bol, comme lui, il ne se privait donc pas.

Visiblement l'archimage, comme tous les êtres instruits de ce vaste empire, ne pouvait s'empêcher d'interpréter les propos de façon imagée. Il fallait dire que les deux dernières phrases de l'ange étaient ambiguës aussi. C'est pourquoi la réponse de Yozora fut loin de ce qu'avait initialement pensé Querel, mais au fond très juste.

- "Hm... Tu crois ? Non moi je disais juste qu'ici il n'y avait tellement pas de danger, que se péter la gueule était la chose la plus atroce qui puisse t'arriver..."

Un sourire cynique était affiché sur ses lèvres froides, et, pour réagir aux propos de son interlocuteur, le séraphin reprit :

- "Tu penses donc que la perfection n'est pas celle qu'on a voulu t'enseigner ici ? Ou bien es-tu ce mec blasé, qui cherche un peu de piquant ? Car si c'est la deuxième option, pas besoin de les emporter avec toi... Autant aller vaquer sur Feleth, et laisser ces imbéciles heureux pourrir ici...
Ils ne sont pas faits pour tant de haine. Ils sont fragiles tu sais..."

Le ton de Querel était presque insultant à l'égard de tous les habitants d'Adiryl, il ricanait, laissant apparaitre ses dents jaunâtres. Parfois on pouvait se demander. Si ses parents étaient bien des anges.

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Querel s'exprimait assez crument, mais après tout, cela était une façon comme une autre de faire passer ses idées, et celle-ci était relativement efficace. Le séraphin avait raison, s'étaler sur le sol par mégarde était bien la pire chose qui pourrait arriver à un habitant d'Adiryl, c'en était presque désolant pour Yozora. Les habitants du monde du dessus ne connaissaient en fait rien à la vie. Ils vivaient dans leur monde -au sens propre-, ne se préoccupant pas de ce qui les entourait, et là était leur erreur. Un jour, la réalité leur tomberait lourdement dessus -ce qui serait paradoxal-, et ils ne pourront rien faire. A ce moment là, seuls les personnes comme Querel ou Yozora pourraient les aider, mais nul ne sait s'ils en auraient la force, ou tout simplement l'envie...

"En effet. La perfection que l'on a voulu nous enseigner, la perfection de notre monde, je pense que tout cet enseignement est erroné. Toutes les leçons et sermons que nous avons reçus sur cette perfection, tout ceci n'était que fumée... La perfection n'existe pas, même dans le royaume de dieu. Adiryl est lieu de nombre d'imperfections. Je ne suis pas las de cette existence. Je suis las de ces personnes qui se croient à l'abri de tout. Un jour, ils seront bien surpris de voir la réalité leur apparaître, et pas de la manière la plus douce... Ce jour là, seuls des personnes comme nous auront la possibilité de les aider. Seulement, auront nous la force de les aider? En auront nous au moins le désir...? Et c'est justement parce qu'ils sont fragiles que je veux leur faire comprendre, avant leur perte. Mais pour l'instant, cette tâche me semble vaine."

Yozora venait d'exposer les grandes lignes de sa pensée quant à Adiryl. Il pensait tout ce qu'il avait dit. Il ne pouvait cependant pas dévoiler ses intentions pour l'avenir. Il avait bien son idée pour essayer de remédier à une telle situation, mais il ne pourrait pas accomplir cette objectif tout seul.

Le point de vue de Yozora cachait en fait une volonté d'aider ce peuple, face à une désillusion probable. Contrairement à Querel, il voyait en eux ce qu'ils pourraient être, et ne s'arrêtait pas à ce qu'ils étaient actuellement. Selon le séraphin, le caractère faisait la personne, leur conformisme était donc impossible à changer, comme étant l'essence de leurs vies. L'oracle, plus optimiste, pensait pouvoir leur ouvrir les yeux.

- "Les imbéciles sont comme ils sont car ils sont nés ainsi. C'est peine perdue de vouloir aider ces cloportes. Certes leur éducation a participé à cette stupidité, mais le fait qu'ils y aient adhéré montre que leur être est faible. Tu ne pourras pas les changer... Du moins pas tant qu'Adiryl connaitra la prospérité, ce qui a toujours été... Le moment, celui de cette chute dont tu parles, n'est pas près d'arriver je pense.
Il me semble que tu es un oracle. Si au cours de ta longue existence, cet instant venait à arriver, tu serais en effet en mesure de faire quelque chose pour eux. Mais ne compte pas sur moi."

On aurait presque pu percevoir cette dernière phrase comme un élan de camaraderie, l'ange avait encore le sourire aux lèvres. Décidément, même les plus rudes ne résistaient pas aux effets de la source.

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La tâche que Yozora comptait accomplir dans le futur -car il savait ce qui allait se passer, le destin était tout tracé- se montrerait ardue, et lui même ne savait pas si sa force, ainsi que sa volonté suffiraient à aider les autres habitants d'Adiryl. La réponse que donna Querel parut logique à l'achimage, vu son état de penser. Il sourit légèrement, car lorsque l'évènement arrivera, le séraphin ne sera surement plus vivant.

"Ne t'inquiète pas, je n'aurais pas compté sur ton aide, car ta réponse me serait déjà connue. D'ailleurs, je ne sais pas si moi même j'aurais l'envie de les aider. Pour savoir si je le ferai, il me faudra attendre plusieurs années, plusieurs années, à essayer vainement de raisonner ces individus conformistes et bornés..."

Certains gravaient leurs noms dans l'éternité, mais bien d'autres ne saisissaient jamais cette chance, aveuglés par leurs fausses idées sur le sens de la vie. Querel avait clairement l'intention de ne pas rester oublié. Ce qui était finalement rare en ce lieu, où la paix montait à la tête de tous ces mollusques, les rendant plus vulnérables à eux-mêmes qu'au monde alentour... Qu'en était-il de ce Yozora ? Il n'était pas abruti comme tous les autres, mais ne semblait pas avoir de motivations précises non plus.

- "Es-tu peu sûr de toi ? Démotivé ? Pour ne pas savoir quels seraient tes actes en cette situation. Ou bien as-tu d'autres projets ? Plus importants que de perdre ton temps avec eux... Tu es bien mystérieux pour un archimage, vous autres planifiez tout au grain de sable près. Je ne peux pas croire que, comme ton apparence le dit pourtant, tu sois de ceux qui se fichent de tout, qui observent sans se mouiller les plumes."

Les mots couraient le long de ses dents, tenus en laisse par sa langue fourchue.

Il aurait du naitre démon. C'est ce qu'ils disent en le voyant. Et le séraphin se réjouit qu'il ne soit pas traité d'humain, pire insulte à ses yeux. Ils le disent simple, incapable de surprise car toujours franc et lui même. Sur ce point ils le trouvent dénué d'intelligence, cette intelligence qu'ils accordent aux humains, mimétiques. Comme si la lâcheté et la perfidie étaient preuves de vertu.

Inconsciemment, il les aime de plus en plus. Ceux à qui il est comparé.

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Yozora appréciait la conversation avec Querel. Même si leurs idées divergeaient dans des directions différentes, ils avaient tous les deux une même idée générale de ce qu'était le monde d'Adiryl, et du comportement à éviter. Apparemment, l'archimage intriguait le capitaine de la légion, ce qui l'amusa légèrement. Il est vrai que l'oracle aimait à rester quelque peu mystérieux, pour ne pas dévoiler ses intentions au premier abord.

"Je ne suis ni peu sûr de moi, ni démotivé. En réalité, je sais exactement ce que je ferai en une telle situation, mais je ne le cris pas sur tous les toits. Il est également vrai que d'autres projets me préoccupent, et il me faut les réaliser. Ils sont bien plus importants qu'une éventuelle chute du monde d'Adiryl, notre monde... Contrairement aux autres archimages, j'ai ma propre façon de penser. Eux aiment à tout planifier, afin de ne pas être surpris. Mais ce qui leur fait défaut, c'est qu'ils ne savent que faire si un imprévu se manifeste. Moi, j'étudie les évènements, je prévois ce qu'il faut faire en fonction, mais toujours en laissant une part d'incertitude. Cela me permet ainsi de ne pas être désemparé si un imprévu se produit. Je n'aime pas rester invisible, je ne fais donc pas que regarder les choses se faire, sans y mettre mon grain de sable. Je participe à la construction, ou à la destruction..."

Yozora tenait visiblement à rester secret, peut-être car son interlocuteur n'était pas vraiment digne de confiance, peut-être par pudeur, ou sûrement tout simplement parce qu'il était ainsi. Querel prit la parole à son tour, amusé :

- "T'es pas du genre à cracher le morceau toi... Tu fais que tourner autour du pot ! On parle depuis un bon moment et je ne suis toujours pas plus avancé que si t'étais n'importe quel pèquenot que j'aurais croisé dans la rue. C'est qu..."

Un craquement sourd dans les branches qui les surplombaient coupa la parole de l'ange, et un étrange petit être voltigea jusqu'à atterrir sur le haut du crâne de l'archimage. C'était un lutin, habillé de vert, avec ses oreilles pointues et son rire agaçant, pas plus grand qu'une poule. Il pencha sa tête à l'envers pour regarder Yozora dans les yeux et s'écria :

- "HAHA tu m'as pas vu arriver hein !?"

Puis, aussi subitement qu'il était apparu, il sauta de la tête de Yozora vers le sol, faisant une sorte de roulade dans l'herbe verte. Il enchaina par un sursaut, et, se tournant vers l'oracle, le pointant de son petit bras merdique, continua de vociférer :

- "Je suis Glutor, le lutin herbivore !"

*C'est qui ce con là ?...*

Querel regardait la scène, de ses yeux blasés.

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Querel fut interrompu dans sa réponse par ce qui semblait être un petit bonhomme vert. C'était un lutin. Celui-ci était sorti de nul part et avait atterri sur la tête de l'archimage. Non content de lui, il s'était venté de ne pas s'être fait remarquer. Il sauta ensuite de son perchoir, pointant à présent de son bras frêle Yozora. Il se présenta. Glutor, le lutin herbivore hein?

"Bien le bonjour, Glutor, que nous vaut le plaisir de ta visite?"

Yozora ne laissait pas transparaître son irritation. Ce lutin de pacotille l'avait interrompu dans une discussion avec Querel. Cette discussion pourrait mener à un terrain d'entente plus qu'intéressant, mais un fichu lutin herbivore était venu les déranger.

Suite à cette irruption, Yozora demanda la raison de la présence du curieux individu. Ce qui d'après Querel était inutile, car une saloperie de lutin ne faisait que ce qu'il voulait, quand il voulait, c'est à dire : n'importe quoi.

- "Voyez-vous, je suis là par pure fantaisie ! C'est pour vous amuser que je suis venu !"

Dit-il de sa voix criarde. L'ange acquiesça en se redressant, prenant appui dur le tronc derrière lui.

- "Hun, hun, nous amuser ouais. T'as déjà joué à "lutin-plouf' ?"

Fit-il, tournant la tête vers l'archimage avec un sourire malsain. Quelques pas, aléatoires et trébuchants, à cause de la montée un peu rapide du sang après s'être levé et de l'empressement. Sa grande main faucha les jambes du petit Glutor, le tenant à présent à l'envers devant son visage. Puis lui lança, nonchalamment :

- "Haha, tu m'as pas vu t'attraper hein ?"

Et d'un ample mouvement de bras, l'envoya dans les airs, faire un joli plongeon dans la source.

- "Et voilà, tu crois qu'il sait nager ?"

Juste à ce moment là, un des hommes de la légion de Querel sortit de derrière les arbres touffus, et déclara bruyamment de sa voix essoufflée :

- "Capitaine, enfin je vous trouve ! Vous êtes attendu à la salle du trône, c'est apparemment urgent..."

Dans un soupir il répondit un 'merci', fort peu enjoué, et commença sa route, demandant à son nouveau compagnon de le suivre, d'un signe de tête, toujours ce sourire moqueur aux lèvres.

[POST CLOS]

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