''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
Diogène le cynique
 
''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
Auteur inconnu
 
''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]

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Ledha Borolev

Le Mangecoeur

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Ledha Borolev
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Race : Humain
Classe : Hemomancien
Métier : Archiviste
Messages : 105


Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] _
MessageSujet: Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]   Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] EmptyMar 9 Aoû 2011 - 1:05

* Tchoc ! *

Le bruit mat de la lame se fit entendre alors qu'elle frappait le sol, s'enfoncant de quelques pouces dans la terre meuble, après avoir traversée un lapin gris. Au loin, à une quinzaine de mètres, un homme leva le bras, poing fermé, et le replia en se baissant.

" Touché ! "

Bondissant par dessus un tronc renversé, il courut vers le pauvre mammifère fauché en plein vol par un lancé extrèmement chanceux. Son grand manteau, flottant dans son dos, ne semblait en aucun cas gêner ses mouvements. Il atterit de manière agile et peu silencieuse près de sa proie, tout sourire.


" Tu es à moi! "


Le Lapin protesta faiblement en remuant. Ledha prit son fauchard de ses deux mains et le retira de la terre meuble avec un "han!" d'effort. Il prit le lapin entre ses mains, et repris son chemin, riant de joie et de bonne humeur, brisant le cou du lapin dans le même temps dans un craquement sourd. Il se mit à sifflotter une chanson paillarde alors qu'il retrouvait le sentier qui serpentait à travers les arbres dans une trajectoire erratique. Il s'immobilisa quelques instants, regardant autour de lui. Personne.


Le sang sur la lame de son arme s'envola et flotta dans un bruit d'aspiration vers sa bouche ouverte. Il s'engouffra dans la cavité buccale et Ledha avala le sang du lapin comme l'on prend une gorgée d'eau. Il prit un air satisfait et reprit sa route. Ses yeux bleus sautaient d'un buisson à un arbre. Il resta à l'affût. Il n'y avait rien, aucun bruit. Même pas un seul oiseau. Il s'écarta du sentier, sentant l'atmosphère s'alourdir.


" Ne me dites pas que..."


Avant que sa phrase ne se termine, des trombes d'eau se deversèrent sur lui. Il prit une tête blasée avant de mettre sa capuche. Il se mit à marcher plus prestement, s'appuyant sur son fauchard, sa besace battant son flanc, le lapin aggripé fermement par sa main gauche. Il grimpa en haut d'une colline, courbé par l'effort et la pluie, il souffla quelques instants, regardant autour de lui. Le ciel était bleu, excepté dans une zone de quelques centaines mètres de rayons au dessus de lui. Un beau temps d'après midi, avec à peine quelques nuages.


" Serais-je l'innocente victime d'un micro-climat ? " dit-il tout haut d'un air songeur.


Il poussa un soupir. Il lui fallait trouver un abri. Il se mit en quête de ce dernier. Renfoncement protecteur, grotte égarée, arbre aux grandes branches, peu importe. Il n'aimait pas la pluie. Et avait faim.
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Seïren Nephtys

Les Songes Hurleurs.

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Seïren Nephtys
________________


Race : Humaine
Classe : Ennéade
Métier : Aucun
Croyances : Dieu des songes
Groupe : Solitaires

Âge : 20 ans

Messages : 46

Fiche de Personnage :
Songe de sombre.


Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] _
MessageSujet: Re: Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]   Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 11:36

L'Avorteuse s'est tut. De honte, elle s'est enfouie dans un coin d'ombre. Une limbe de l'esprit de cette gamine qui désormais ne sait plus comment faire cesser ses larmes. Aucun son ne s'échappe de sa bouche. Mais les larmes baladent sur ses joues, depuis de longues minutes. L'Avorteuse ne dit plus rien. Comme si elle avait disparu. Mais elle est toujours là. Elle le sent. La rage écœurante serpente dans son ventre. Un poison, lent, qui pourrit chaque parcelle de son intérieur. Y laissant comme une trace de mort, une cicatrice de moisissure. Un fléau que l'on ne peut chasser. Et la rage continue son chemin à travers le corps de Seïren, qui ne peut plus puiser sa force nulle part. Tout s'est effondré. Encore une fois. Des cendres... Son univers, tout juste reconstitué. Elle effleura la marque bleuâtre sur son bras. Elle se souvenait, de cette journée de printemps, dans les champs de blés...

Ses ongles vinrent gratter un hématome bleuâtre, qui assombrissait la pâle clarté de sa peau, sur son bras. La morsure de la douleur l'embrassait, de ses lèvres tentatrices et meurtrières. Les ongles s'enfoncèrent encore un peu dans la chair abîmée, et tandis qu'elle continuait de la gratter, cette chair blessée, elle sentit l'ardeur de la souffrance pénétrer sa peau et son sang. Ses paupières se fermèrent, alors qu'elle laissa retomber son bras, le long de son corps. Au lieu des larmes, son visage afficha un sourire un peu moins faux. Une longue trainée de sang filait, sur son bras. Le vent lui caressait le visage, et ses cheveux dansaient toujours. Endiablés. Le soleil, meurtrier, réchauffait son âme, durant quelques longues minutes. Puis elle ouvrit les yeux, Seïren.. Et elle la vit, sa maison, tout là-bas. Légèrement dissimulé par les arbres. A cet instant même, tout sembla se figer. Le vent cessa de souffler, le soleil cessa de briller, la terre cessa de tourner. La vieille demeure, à ses yeux, lui parut une tache immonde, dans son univers, qui pour la énième fois, s'écrouler, lentement.

Souvenir vif. Comme si il s'était déroulé hier. Elle s'en rappelait si bien. De ce soleil si chaud, si réconfortant. L'hématome qui avait commencé à s'infecter. Il l'avait suivi tout au long de sa vie. Jusqu'à il y a quelques jours. Cette femme, blonde, inhumaine. Elle s'était permit de le lui voler. Seïren avait voulu planter ses ongles dans sa gorge, et lui arracher les yeux. Jeter son corps aux nuisibles, et venir contempler son visage dévoré par les rats et les vers de terre. La rage devenait dur. Brûlante, au fond de son ventre. Elle était là... Assise au milieu de quelques fleurs sauvages, hors d'un des innombrables sentiers. Une forêt, beaucoup plus loin de Venill qu'elle ne l'imaginait. Elle avait couru, des jours durant. Pour la première fois de sa vie, l'eau lui avait paru indispensable. Elle qui ignorait habituellement ces besoins humains, trop occupée à se torturer, à écouter le requiem de ses tourments, elle avait couru en laissant son corps s'assécher. Comme une fleur sans eau. Et encore... La beauté lui manquait, à ce petit corps meurtri. Il aurait pu. Mais tout ne s'était pas déroulé comme n'importe qui l'aurait voulu. Seïren entendit des sons plus loin, comme une épée qui s'enfonce dans un corps. Ce bruit lui rappela le bruit d'une pelle qui vient s'enfoncer dans la terre. Elle se releva, manqua de tomber, et tituba à travers les arbres. Une voix résonna, venant du même endroit. Il y avait bien quelqu'un.

Tout en avançant, elle ramassa les fleurs qui venaient illuminer ses yeux gris. L'odeur du vent se faisait saler, il allait pleuvoir. Trébuchant dans une plante, elle se mordit la lèvre, anxieuse. Dans une telle situation, elle aurait entendu l'Avorteuse dans sa tête. Mais elle ruminait toujours, au fond d'elle. Peut-être était-elle réellement partie. A jamais. Mais Seïren ne voulait pas. Jamais elle ne survivrait sans elle. Cette voix creuse et froide l'avait sauvé, lui avait empêché de s'offrir aux lames de rasoirs avides tout autour d'elle, dans sa petite chambre, quand la bête y descendait. Ou quand la vipère tentait de se faire pardonner en lui pleurant dessus. L'Avorteuse lui avait empêcher de se jeter au fond du ravin d'épines qui lui tendait les bras. L'avait empêché de se laisser gagner par l'envie de mourir. Elle continua à pleurer, en arrachant quelques fleurs de la terre. Des pas se rapprochaient. Elle se remit à courir.

La pluie se mit à tomber. Diluvienne. Des gouttes énormes, presque douloureuses. Elles venaient transcender sa peau, tandis que Seïren essayait de courir pour échapper à l'être qui avancer de plus en plus vite derrière elle. Pourchassée. Traquée. Par un humain.. Ou l'Avorteuse ? Les deux étaient effrayants. Plus loin, à l'horizon, un renfoncement. Sorte de tanière, de grotte, elle s'y réfugia, son sans glisser sur la pierre humide. Son menton cogna le sol, et se mit à saigner légèrement. Les fleurs trempées se répandirent devant et autour d'elle. Elle resta là. Sur le sol, à mordre sa lèvre sans tenter de refouler ses innombrables larmes. Reviens... Je t'en supplie, reviens...


Dernière édition par Seïren Nephtys le Dim 19 Aoû 2012 - 16:26, édité 2 fois
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Ledha Borolev

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Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] _
MessageSujet: Re: Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]   Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] EmptyDim 14 Aoû 2011 - 22:38

Ledha éternua. La pluie était telle que son épais manteau passait pour une bien piètre protection contre un tel déluge. Il marchait difficilement, restant près des arbres afin de ne pas être trop exposé à l'eau, sans succès, il avait l'impression d'être nu et qu'un monstre glacé se déplacait sous sa peau pour givrer ses os. Il se mit à maudire la moitié du pantheon qu'il connaissait. Il s'immobilisa soudain. Ses yeux se froncèrent dans une attitude non pas interrogative, mais presque agressive. Il sentait le sang. Même sous des trombes d'eau, même s'il ne s'agissait que d'une simple goutte, Ledha avait devellopé un flair qui n'avait rien à envier aux requins dans ce domaine.


Se guidant de son nez, s'appuyant sur son fauchard, il se dirigea vers l'odeur de plus en plus tenace. L'eau avait quasiment diluée le sang, ce qui faisait qu'il n'était absolument pas en état de la voir, mais il le sentait... Il se mit à remonter la piste. Il n'avait pas le regard fou, ni la bave aux lèvres. L'hémomancien avait rangé son lapin dans la besace, et gardait donc une main de libre pour retenir à grand peine son manteau. Suivant l'odeur, il se dirigea vers une grotte. Apparament, une créature l'avait choisie comme refuge. Ca tombe bien, il en cherchait une. Il avanca, mais de manière prudente. Ce serait bête de tomber sur un ours... Le fauchard en main, pointé vers l'avant comme une lance, il entra doucement dans la grotte. L'odeur du sang était plus palpable. Il ouvrit grand ses yeux, essayant de s'habituer à l'obscurité. Il entra dans la grotte. Par terre était allongé une jeune fille sanglotante. Bon. Il se remit à marcher, cherchant bien qui pouvait être originaire de ce sang qu'il avait suivi.

La grotte était vide. Absolument personne... etrange qua...

...

Il se retourna et se mit à marcher à reculons, lentement, se portant au niveau de la jeune fille.

* Ah bah, si, je l'ai trouvé, le coupable. *

Il ne voyait pas grand chose dans la grotte, qui était bien sombre. Dehors, il pleuvait. Il essaya de détailler la jeune fille. Sale, bléssée sûrement, triste, à coup sûr, elle semblait respirer la détresse humaine. De quoi faire pleurer un rocher. Il la regarda d'un air attristé, ne sachant que faire. Il s'attendait à tout, sauf à tomber sur une gamine pouvant être sa fille à quelques années près. Normalement, il la calmerait en la prenant dans ses bras, essayant de la consoler. Seulement, une jeune fille "normale" n'avait rien à faire ici. Méfiance...

Ses yeux bleus se mirent à fixer l'inconne sanglotante. Elle était trempée jusqu'aux os. Il déposa son fauchard, enleva son manteau et la recouvrit de manière très précautionneuse avec. Certes, il était mouillé, mais elle serait mieux emmitouflé dedans qu'exposée aux quatres vents avec ses pauvres fripes qui laissaient même voir sa peau blafarde par endroits, presque aussi pâle que celle de Ledha. Il s'agenouilla près d'elle.

" Je peux t'aider petite ? "

Il n'allait tout de même pas la laisser ici. Et elle sentait le sang. Elle devait être bléssée.

" J'ai à manger si tu veux. "


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MessageSujet: Re: Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]   Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] EmptyLun 15 Aoû 2011 - 14:19

Il y avait du bruit. Le son des chaussures qui rencontrent le sol humide. D'autres bruits, qu'elle ignora. Ses oreilles percevaient, mon son esprit n'écoutait pas. Ses yeux voyaient, mais son esprit ne regardait pas. Son nez humait, mais son esprit ne sentait pas. La seule chose dont elle était consciente, c'était qu'il y avait quelqu'un. Seïren ne parvenait pas à puiser la force de se relever pour se réfugier. Il y avait quelqu'un. N'importe qui.. Un homme sûrement. Justement. Elle resta donc là.. Au sol, entourée des fleurs mouillées, mal arrachées, qui faneraient dans peu de temps. Son menton commença à lui faire mal. La cavité pierreuse était sombre. On ne voyait que des ombres, et encore, elles n'en étaient pas vraiment. L'autre être avait avancé, reculé. Il était trop près. Son odeur atteignit très vite les narines de l'adolescente. Odeur masculine, se mélangeant à celle du sang et de l'humidité. Une peur vint remplacer la rage qui s'était assoupie au fond de son ventre. Un homme.. Son corps trembla. Non pas à cause de l'humidité de ses vêtements. Et sa peur s'intensifia quand les mains de l'inconnu déposèrent un tissu humide sur son corps. Sa salive se bloqua dans sa gorge, alors qu'une voix retentit, calme.. et masculine.

- Je peux t'aider, petite ? Il y eut un court silence, puis... J'ai à manger si tu veux.

Quelque chose se déclencha dans son esprit. Comme un muscle, un ressort, un réflexe. Malgré sa profonde fatigue, Seïren se releva à une vitesse effarante, emportant involontairement avec elle ce qui semblait être un manteau et se colla à une parois de la cavité, la respiration saccadée. Elle regarda son interlocuteur, une partie de son visage était dissimulée par l'obscurité de l'endroit. Des yeux clairs, bleus sûrement. Un homme d'âge.. mur.. Le visage de Seïren déjà déformée par la tristesse, se voila d'un masque de peur intense. Larmes de panique, cette fois. Sa gorge était nouée, ses muscles s'étaient contractées, sa respiration était sourde. Elle le fixait, en claquant des dents. L'autre, l'homme qui l'avait conçue.. Il avait des yeux bleus aussi. Pas aussi clairs et limpides, mais bleus. Inconsciemment, noyée dans sa peur et dans le froid, elle sera le vêtement sur elle.

L'inconnu était agenouillé, le pied écrasant une fleur. Elle avait peur, pourtant, il s'était montré bienveillant. Aucune voix ne venait lui dire si il fallait lui faire confiance ou pas. Elle était perdue. Se recroquevillant sur elle, elle attrapa une fleur à l'aide son pied, voulant garder une infime effluve, lui rappelant le champ de fleur, à côté de ce qui avait été sa maison.. Les souvenirs déferlèrent. Son père. Sa mère. Deux cadavres décomposés dans le salon. Le champ de blés. Le champ de fleurs. Le puits. La vieille charrette pleine de lierre. Mais le souvenir de ses tortures revint aussi. Son père qui prenait le rôle du bourreau. Qui pouvait prouver qu'il n'était pas une bête, cet inconnu ? Une bête féroce, peut-être encore plus cruelle que la sienne.

Elle avait les yeux grand ouverts. Son visage de petite fille pleinement éveillée. Méfiante. Pour la première fois de sa vie. La peur n'était pas sa seule cage. Elle se méfiait. Se préparait à fuir si cela devenait nécessaire. Les tremblements cessèrent. Ses dents se calmèrent. Elle respirait fort, cherchant à rester... courageuse. Le courage. Notion qu'elle croyait ne jamais acquérir. La force, elle l'avait. Le courage, elle le découvrait aujourd'hui.

- Qui.. Qui êtes.. vous... ?


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MessageSujet: Re: Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]   Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] EmptyDim 21 Aoû 2011 - 22:48

Ledha leva un sourcil tout en froncant l'autre, fixant la jeune fille qui s'était reculée dans l'ombre. Manifestement, elle était traumatisée, ou très craintive. Il devait faire attention. Il regarda la sortie de la grotte d'un air songeur, alors que la pluie redoublait d'intensité. Il s'attendait presque a voir surgir une quinzaine de personnes armées de fourches et de torches, lui demandant de reculer pour qu'ils embarquent la jeune fille. Il soupira. Pas de quoi faire un feu. Il plongea sa main dans sa giberne pour y sortir un briquet d'amadou, avant de l'utiliser pour enflammer une racine, se fabriquant une torche de fortune, lui permettant d'éclairer la grotte, devenue sombre à cause des nuages noirs de dehors, lui permettant de mieux voir la jeune fille.


" Je m'appelle Ledha, petite. C'est un joli nom, tu ne trouve pas ? "


Il essaya de chercher son regard, mais elle était... fuyante. Ou plutôt, elle l'observait, sans le regarder, englobant toute sa silhouette, sans chercher de point défini. Observant parfois ses yeux bleus, sans plonger son regard dans le sien. Il tourna dans la grotte, evitant de la perdre du regard, cherchant un endroit pour mettre la torche. Il parvint à la placer dans une anfractuosité. La torche jetait des flammes qui éclairaient le visage du mage de sang par intermitence. Pendant une fraction de seconde, une immense ombre noire se matérialisa derrière lui, une bouche garnie de crocs, une langue bavante, un regard gourmand, devorant Ledha du regard, avant de faire mine de le lêcher, pour disparaître en fumée au dernier moment. Il s'assit, semblant n'avoir aucune conscience de cette ombre fugace.


" Je passais dans le coin, et voilà que je me retrouve dans une grotte en féminine compagnie, moi qui regrettais une journée de marche sur des sentiers dangereux et mal foutus... "


Il se tourna vers elle, souriant d'un air presque charmeur.


" Et toi, comment tu t'es retrouvée ici dit moi ? Les jolies jeunes filles se baladent rarement ici, habillées de telle manière et toutes seules. Tu es d'un des villages alentours ?"
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MessageSujet: Re: Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]   Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] EmptyLun 22 Aoû 2011 - 14:15

Les minutes s'écoulaient lentement, tandis qu'un sentiment étrange parcourait les fibres de Seïren, toujours appuyée au mur, le regard fixe. Le courage ne se dissipait pas, la méfiance non plus. Elle gardait les yeux rivés sur l'inconnu, cependant sans pourvoir s'empêcher de fuir ses prunelles bleutées. Les gestes de l'homme ne témoignait d'aucunes mauvaises intentions, mais le corps de l'adolescente ne se décrispait pas. Elle l'observait bouger, agir. Il avait enflammé une brindille ou une racine, pour éclairer l'endroit où ils se trouvaient. Même de loin, elle pouvait sentir la caresse brûlante du feu. Voilà bien une chose fascinante. Les flammes, qui lèchent les chairs. Parfois, le feu n'était qu'un bourreau impitoyable et mortel, offrant une agonie lente et des plus douloureuses. Mais parfois, il pouvait s'avérer être si bénéfique et réconfortant. Sentir le manteau invisible et chaud des flammes, après des jours et des jours à traverser le froid, peu vêtue. Était-ce un souvenir ? Ou pensée quelconque ? Seïren ne pouvait le dire. Certains de ses souvenirs se perdaient dans son esprit, remplacés par les effluves de son imagination, ou de ses cauchemars. L'inconnu ouvrit à nouveau la bouche, tourné vers elle.

- Je m'appelle Ledha, petite. C'est un joli nom tu ne trouves pas ?

Un murmure. Un souffle. Quelque chose s'était enclenché en elle. Seïren ne prêtait guère d'attention aux mots qui flottèrent dans la pièce, elle se concentrait sur ce souffle froid qui avait parcouru tout son corps. Était-il seulement réel ? Ne l'avait t-elle pas entendu uniquement dans sa tête ? Non... Il était trop poignant, il avait saisi absolument tout son corps. Se pourrait-il que... ? Elle déglutit péniblement et chercha sa présence. Ce ne pouvait être qu'elle. Elle cherchait, comme si elle creusait sa gorge, perforait son ventre, Seïren voulait à tout prix la retrouver. Elle en avait trop besoin.
Tandis qu'elle fouillait son âme, le dénommé Ledha tourner en rond, presque comme une bête en cage, comme s'il cherchait quelque chose. Ses yeux le voyaient, même si ils ne regardaient pas. Il déposa la flamme qu'il tenait entre ses mains dans un coin, et étonnement, tout l'endroit en fut éclairé. Et quelque chose de curieux se produit. La lumière produisait des ombres, sur les parois. Mais celle de l'homme était loin d'être humaine. Elle ne demeura pas. Furtive. Une énorme bête, crocs et langue apparente. Les yeux de l'adolescente s'ouvrirent en grand, sombres, de leurs bleus nuit. Mais l'ombre disparut vite. Ne me ressemble t-elle pas ? Enfin !... Cette voix creuse, froide et malsaine avait enfin résonné à nouveau au fond de son esprit. Allégeant tout son corps, renforçant sa force, sa férocité enfouie.
Peut-on parler de plénitude quand le corps est brisé ? Pourtant Seïren se sentait presque entière. Mais elle retrouvait, avec Elle, les visions d'horreurs, la douleur au fond du ventre, son passé, ses souvenirs. Tout se discernait mieux, comme avant. Malheureusement, l'hématome n'avait toujours pas réapparu. C'était une cause perdue, il fallait se rendre à l'évidence. La chose qui avait fuir l'Avorteuse ne reviendrait jamais. Tout ça à cause de cette vermine, blonde, à la voix tout aussi creuse que la sienne.

- Je passais dans le coin, et voilà que je me retrouve dans une grotte en féminine compagnie, moi qui regrettais une journée de marche sur des sentiers dangereux et mal foutus...

Il était toujours là. Assis, non loin de la source de lumière, disposant d'une ombre désormais normale et humaine. Dommage, elle avait l'air sympathique. Seïren eut envie de rire. Bien que sa douleur était présente, elle s'était endurcie depuis sa funeste rencontre avec la vampire. En avançant dans sa vie pitoyable, elle avait appris énormément de choses, dont à lire et à écrire, ainsi qu'à reconnaître fleurs et plantes. Les fleurs, elle les avaient toujours adorées à un point inimaginable. Mais l'heure n'était pas à la botanique, car « Ledha » était toujours là. Il ne fallait pas baisser sa garde.
Reportant son regard sur l'adolescente, il arborait un sourire étrange. Elle le voyait souvent, ce sourire à la limite de l'insolence. La plupart du temps, il était ancré sur les lèvres d'hommes comme lui, pas si âgés que ça, mais murs. Souvent attiré par une chose que Seïren avait donné de force, bien trop tôt. Voilà pourquoi la méfiance avait prit vie dans son corps frêle. Elle sentait les choses de loin, sans même s'en apercevoir. Ou... Je ne t'ai jamais quitté. Ces mots firent naître un sourire, sur les lèvres de Seïren cette fois-ci. Sourire rassurée, sourire blessée. Elle attendait que Ledha finisse de parler.. Pour ne rien dire.. Afin de savoir ce qu'elle allait faire. Fuir, rester, le tuer peut-être ?

- Et toi, comment tu t'es retrouvée ici dit moi ? Les jolies jeunes filles se baladent rarement ici, habillées de telle manière et toutes seules. Tu es d'un des villages alentours ?

La mâchoire de la gamine se mit à grincer. Fut un temps où ce genre de propos l'auraient laissé apeurée, reculée, en larmes. Désormais, elle les comprenait. De plus en plus, elle comprenait les sens cachés derrière les beaux mots. Peut-être cet homme s'était montré bienveillant, mais cela n'empêchait pas le fait que ses propos la faisait rager. Ils s'infiltraient, glissant dans ses oreilles, gagnant son esprit à la fois meurtri et endurci. Elle n'avait plus peur. Pour le moment. Seïren tentait juste de contenir sa rage.
Réponds-lui. Et elle obéit, refoulant sa maladresse, se montrant la plus brève et glaciale possible.

- Venill. La pluie l'a gui... m'a guidé ici.

Son corps s'était « détendu » si l'on pouvait employer ce mot. Elle était désormais simplement assise, gardant l'épais manteau sur ses jambes tremblantes à cause de l'humidité. Elle se souvint alors de sa blessure au menton, l'effleurant du bout des doigts, elle vit leurs teintes rougeâtres. Ses sourcils se froncèrent. Le sang l'attirait, elle. Seïren, non. Elle n'aimait pas son odeur. Ce mélange de fer et de sucre écœurant. Habituellement, c'était la vue qui repoussait. Non, Seïren craignait l'odeur. Elle lui remuait toujours l'estomac et faisait vibrer son cœur, lui donnant la nausée. Ainsi, elle frotta son menton avec sa manche et respira discrètement par la bouche, pour ne pas sentir ce parfum bien trop nacrée.
Son regard remonta, se posant sur Ledha. Il avait des marques bleues sur les joues, un bleu moins azur que ses yeux. Il était étrange. Seïren garda les sourcils froncés, et inspira longuement par le nez pour se rendre compte que l'odeur du sang était en réalité extrêmement présente. Elle émanait de lui...

- Vous sentez mauvais, cracha t-elle d'une voix morne.


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MessageSujet: Re: Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]   Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] EmptySam 27 Aoû 2011 - 21:57

" Hein ? Je pue ? "

Ledha arbora une mine surprise, bouche ouverte dans une expression d'étonnement, mêlée de rire. Ce n'était pas le genre de parole que disait, de but en blanc, une jeune fille. Même si cette dernière était... bizarre. C'est le moins qu'on puisse dire. Enfin... vu son expression, elle était sérieuse. Voix morne, sourcils froncés, les jeux d'ombres et de lumière de la torche donnait à la jeune fille un expression absolument sinistre. Ledha leva un bras, et se mit à sentir bruyamment ses aisselles. Il arbora une mine déconfite.

" Je ne sens certes, pas la fleur, mais de là à puer... ma dernière toilette remonte à après-demain. Tu es un peu sevère petite ! "

Il se mit à éclater d'un rire franc et jovial. N'importe qui à sa place serait troublé ou gêné par Seïren, mais Ledha avait rencontré et fréquenté des personnes autrement plus glauques et dangereuses. Si jamais Seïren présentait un danger, il ne le voyait pas. Il ne voyait rien qu'une fille sale, au caractère étrange et au comportement bizarre. Rien d'autre. Inconscience, courage ou aveuglement ? Sûrement un peu de tout ca caractérisait Ledha. De son côté, la jeune fille reprit son mutisme, le regardant d'un air mauvais.

" Oh, ne me jette pas ce regard accusateur... promis, j'irais me laver, si je trouve une source d'eau. "

Il resta silencieux quelques instants, et le bruit de la pluie dehors lui rappella la raison de sa présence ici. Il se mit à lancer un regard qu'il voulait espiègle et complice à cette étrange jeune fille.

" Je vais commencer d'ailleurs, tu permet ? "

Il se leva difficilement, comme fatigué et souffrant à cause de vieilles blessures. Il ouvrit encore sa giberne, et y prit le lapin, qu'il déposa au sol, sur un bout de tissu, avant de sortir de la grotte pour s'y retrouver à l'extérieur, à quelques mètres de l'entrée. Dehors, la pluie tombait à verse. Il se dégânta, et prit l'eau dans ses mains placées en coupe, afin de boire l'eau de pluie, qui ruissellait sur son corps, s'écrasant sur son crâne pour s'écouler sur son visage. Il avisa un ruisseau qui coulait près de la grotte, et qu'il n'avait pas vu alors, trop préoccupé par l'odeur de sang qui l'avait guidée ici. Il repensa alors au fait que la jeune fille saignait. Toutefois, elle n'avait pas manifestée la moindre demande d'aide malgré les propositions de Ledha, donc il décida de la laisser.



Elle avait l'air assez... étrange. Instable. Mieux vallait ne pas la brusquer. De toute facon, ca ne se faisait pas. Enfin, il croyait. Il ne savait pas comment il fallait se comporter avec les femmes ou les jeunes filles. Durant sa reflexion, il continua de s'abreuver de l'eau, avant de se laver et frotter énergiquement le visage avec l'eau glacée. Malgré l'énergie dont il faisait preuve, ses marques restaient absolument intactes, comme s'ils s'agissaient de marques naturelles. Il vis que la brume commencait à se lever, et que la pluie se deversait partout dans la région. Sacrée averse. Il se mit à rentrer, les cheveux collés sur son front, en bataille, trempé jusqu'aux os, sans qu'il semble avoir froid, se sentant plus propre, il déclara d'un air heureux.

" Douche prise ! "

Puis, il reprit un air sérieux.

" Je ne sais pas pour toi, mais dès que la pluie cesse, je pars. Que vas tu faire, toi ? Tu ne compte pas rester éternellement seule dans cette grotte, non ? "


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MessageSujet: Re: Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]   Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] EmptyMer 31 Aoû 2011 - 14:35

Cet homme était bien trop à l'aise. Il souriait, riait. Faisait des gestes grotesques. L'adolescente serra la mâchoire, à s'en faire mal aux dents. Cette joie imbécile l'irritait profondément. Son regard sembla se noircir encore, tandis qu'elle l'observait gesticuler dans tous les sens et déblatérer des idioties. L'odeur de sang accentuait sa colère, naissant lentement dans sa gorge. Il n'y a pas si longtemps, elle aurait fui, pleurer, ou... tuer. Désormais, elle intériorisait, fulminait intérieurement, prête à exploser à la première occasion. Elle n'avait prêté aucune attention à ces mots, alors lorsqu'il se leva, elle se crispa contre le mur, ne sachant pas ce qu'il comptait faire. Mais il ne sortit qu'un cadavre de lapin et sortit sous la pluie. Que faisait-il ?

« J'irais me laver si je trouve une source d'eau... Je vais commencer d'ailleurs, tu permets ? »

Quel imbécile, vraiment. C'était étrange, à quel point rien en Seïren ne l'atteignait. La méfiance refit surface. Paranoïa. Il préparait quelque chose. Peut-être aiguisait-il un couteau dehors, afin de la déchiqueter. Ou pire. Quelque chose venait à nouveau de produire un déclic dans son esprit. Tournant les yeux dans toute la grotte, elle chercha une arme. Ton coeur...
Seïren tâtonna au niveau de sa poitrine et sentit quelque chose. Elle se souvenait soudainement, précieusement emballé dans une étoffe, un poignard qu'elle avait toujours gardé avec elle. Délicatement, elle le sortit de sa cachette. Il avait tenu grâce à une ficelle et à la pression de sa tunique abîmée. Il était magnifique. Un manche sculpté, dans une matière noire et lisse. Ce n'était pas un simple couteau. Légèrement plus long et mieux forgé. Une dague. Ses doigts fins effleurèrent la surface froide de la lame quand la silhouette de Ledha se dessina à l'entrée. Elle enfouit sa main sous le manteau et adopta à nouveau son air froid.

La totalité du corps de l'homme était trempée. De la tête aux pieds, les cheveux tombant sur sa figure, ses vêtements imbibés collant à sa peau, dessinant son torse et ses jambes. De loin, il ressemblait à un dessin précis et magnifique. Mais quand il se rapprocha, Seïren ne vit qu'un pauvre idiot qui n'avait pas conscience de la menace qui planait sur lui. La gamine non plus. Mais au fond de son cœur, l'irritation mêlée au dégoût menaçait d'exploser et de la pousser à commettre d'autres atrocités. Une vision lui apparut. Les murs, éclaboussés de sang et de boyaux. Au sol, un corps inerte et recouvert de lacérations. Mutilé. Brisé. Éventré. Et le visage de Ledha se discernait derrière le masque de terreur et de douleur mélangé. Un rire résonna. Ça me plait...
Sa voix avait beau sonné amusé et passionné, elle était toujours creuse, froide et effrayante. Comme un écho fantomatique. Comme les gémissements d'un fantôme torturé, enfermé derrière une tapisserie. Enfermé dans une prison invisible. Une cage de fer, triturant son âme. Des gémissements cruels. Des cris stridents. Un frisson avala le corps de Seïren. Sa main tremblait, sur le manche de sa dague, toujours dissimulé sous le manteau humide de Ledha. Il empestait le sang, mais elle devait le garder si elle ne voulait pas qu'il voit son arme. Depuis quand sais-tu réfléchir ainsi ? Je l'ignore.
Il était vrai, qu'à l'époque, échafauder une moitié de plan était totalement hors de ses capacités. Mais cette douce Seïren avait grandi, avait mûri. Désormais, une partie d'elle était rusée et fourbe. Comme je suis fière... Moi aussi.

- Je ne sais pas pour toi, mais dès que la pluie cesse, je pars. Que vas tu faire, toi ? Tu ne compte pas rester éternellement seule dans cette grotte, non ?

Bonne question. Qu'allait-elle pouvoir faire, une fois la nuit passée, et la pluie dissipée ? Des choses qu'elle était en mesure de faire. C'est à dire, peu. S'occuper des fleurs, des plantes. Éventrer des fillettes, pleurer et errer sous la lumière de la lune. Après tout, que pouvait-elle faire d'autre ? Mais maintenant que l'Avorteuse était revenue et qu'elle avait grandi, elle trouverait peut-être d'autre ressources. Elle pourrait peut-être le retrouver... Lui, cet artiste aux mains tremblantes. Je l'avais oublié celui-là... Pas moi. Était-il toujours dans les grandes étendues, avec son pinceau ? Non, il devait errer, lui aussi. Seïren venait de trouver un objectif à sa vie fade et sans couleurs.

- Rien qui puisse vous intéresser, dit-elle.

Une envie étrange la saisit. Une envie de jouer, de le pousser à bout lui. Afin de pouvoir lever le voile sur ses réelles intentions envers elle. Jouer. Voilà bien quelque chose qu'elle n'avait jamais fait, même enfant. Ou alors, se laisser aller aux tortures d'une bête avide était un jeu ? Non. Depuis sa naissance, la seule chose qui l'avait jamais faite sourire, c'était de griffer son bras, sous les rayons chaleureux du soleil, ou de courir dans les champs de fleurs, sous une pluie battante comme celle d'aujourd'hui. Mais elle n'avait jamais pu le refaire. Car si tôt, elle fut enfermée, dans cette cave, avec ces odeurs de renfermée, bientôt marié à celles du vomi et du sang. Les larmes vinrent perler ses yeux, sans qu'elle ne puisse les retenir. Un ou deux sanglots, et les gouttelettes d'eau salé glissèrent sur ses joues. Elle oublia les envies morbides de l'Avorteuse, oublia son désir de l'égorger, lui. Il ne lui restait que la vision des fleurs blanches et mauves, pleines d'eau, frissonnant à la caresse stridente du vent et aux gifles de la pluie.
Elle se souvient de ce son qu'elle avait entendu, une nuit. Le bruit de la pelle qui s'enfonce dans la terre, profondément. Un bruit lugubre. Qui l'avait hanté dans son rêve, à l'époque. Elle avait ouvert les yeux sur le noir, et était sorti, pour voir une silhouette enterrer un corps. Une silhouette fine et frêle. Enterrer ce corps fort contre lequel elle s'était blottit, dans l'espoir de disparaître. Seïren pleurait en silence, serrant sa dague, puis elle releva les yeux pour la énième fois.
Un corps pendu... S'il te plaît... Ne l'oublies pas. Rappelles toi de lui. Toujours.

- Vous n'avez pas peur ? Murmura t-elle à l'attention de Ledha.


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MessageSujet: Re: Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]   Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] EmptySam 10 Sep 2011 - 16:59

Ledha haussa un sourcil à la question de Seïren. Il était perplexe devant sa question. Etait-elle terrifiée et voulait elle être rassurée, ou était-ce un défi ? Il ne savait pas vraiment s'y prendre avec elle, si elle était vulnérable ou dangereuse. Ou les deux à la fois. Ses yeux laissaient tomber quelques larmes. Cette petite était véritablement triste comme la mort. Il s'agenouilla devant elle.

" Oui et non petite. Je dirais que c'est de la méfiance que je ressent, plus la peur. Cette dernière est typique lorsqu'on a peur de mourir, ou de souffrir, ce qui n'est plus mon cas depuis bien longtemps. Donc non, je n'ai pas peur pour l'instant si tu veux savoir. "

Il s'approcha d'elle, tout proche, ses yeux fixant ceux de Seïren.

" Pourquoi ? Cherches tu à me faire peur ? "

Il observa son visage, ses traits. Elle aurait pu être jolie, voir belle, si son visage n'était pas ravagé par la tristesse et la douleur. Ses longues escapades nocturnes faisait qu'elle sentait la mousse et une odeur indéfinissable. Dans sa vie, nombreuses étaient les personnes dangereuses et étranges qu'il avait croisé. Cette petite fille en faisait-elle partie ? Il se souvint qu'elle lui avait murmuré, et il osa se porter à son oreille.

" Tu me cache quelque chose petite fille tu sais, alors inutile de faire la cachottière. Qui es tu vraiment ? "

Ses lèvres dessinaient un sourire assuré, tandis que ses yeux bleus détaillaient le visage de Seïren, attendant une réponse.
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MessageSujet: Re: Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]   Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] EmptyDim 18 Sep 2011 - 11:27

Elle jubilait. Oui, jubilait. Voir Ledha réfléchir à ses mots. Verrait-elle la peur naître ? Car oui, l'esprit humain était faible. Il pouvait être serein, entendre le mot peur, et créer la peur. Alors. Ledha allait-il avoir peur, là, maintenant ? Elle l'aurait voulu. Qu'il la craigne. Qu'il craigne l'Avorteuse. Car elle était redoutable. Et elle gémissait encore. C'était un chant. Elle fredonnait. Une mélodie que Seïren avait entendu, étant petite. Cela lui rappela tant de souvenirs. C'était la mélodie d'une boîte à musique. Lointaine. Gonflée d'espoir, de chagrin. Elle se revoyait, l'oreille collée à la boîte, s'imprégnant de cet infime espoir qui la maintenant en vie. Ses dents grincèrent. Encore. Ce son malsain. Imaginez, un être de chair pourri, traînant son bras en fer contre la pierre. Produisant ce son morbide. Il vous suit. Vous reconnaissez ses pas à cette épée, à ces grincements de dents, aux bruits de ses chaînes qu'il a brisé pour venir vous briser le crâne, sucer votre matière grise.
La tristesse avait déserté. Le chagrin et la douleur aussi. Désormais, la folie, la violence, l'inspiration, envahissaient son corps et son esprit. Elle voyait un manoir d'où s'échappaient des hurlements de douleurs et de terreurs, elle voyait une forêt de sapins enneigés où le son répétitif d'un corps que l'on traîne se faisait entendre. Elle entendait des litanies destinées à faire percer les os à travers la chair. L'horreur dans son état le plus pur. Ledha approcha son visage de son oreille. Sa voix était encore bien trop rassurée. Plus pour longtemps... Les gémissements mélodieux avaient cessés. Mais l'inspiration était restée. Oui elle était restée, et resterait.

- Pourquoi ? Cherches-tu à me faire peur ? […] Qui es-tu vraiment ?

Il la regardait. Détaillant son visage. Comment la trouvait-il ? Belle et triste ? Elle l'était sûrement, quelques minutes auparavant. Ses yeux étaient toujours profondément blessés. Mais Seïren jubilait au fond d'elle. Elle cherchait l'horreur. Elle s'abreuvait au malsain et aux sons morbides. Sa main serrait encore sa dague sous le manteau. Elle avait envie que le sang de Ledha gicle sur ses vêtements. De le voir écarquiller les yeux et rouler au sol, en convulsant. Cherchant à couper le sang dans on élan. Cherchant à vivre. Se débattant pour échapper à la faucheuse.


Seïren se mit à fredonner. La même mélodie. La mélodie de sa boîte à musique d'enfance. Elle se redressa légèrement, fredonnant toujours la musique. Sortant son bras du tissu, elle pointa la dague dans le cou épais de l'homme. Ses yeux étaient plissés. Son cœur cognait violemment dans sa poitrine, prêt à exploser en particule de chair et de sang. Sa voix s'éteint. Elle cessa de chanter. Et l'Avorteuse prit la parole. Pour la première fois, elle s'exprima à travers le petit corps de Seïren.

- Je suis le monstre en haut des escaliers...

Elle resta immobile, enfonçant un tout petit peu la pointe de la dague dans la chair. Les lèvres collés à l'oreille de Ledha. Sentait-il leur contact nacré ? Pouvait-il sentir l'odeur de lys qui enrobait le corps de la gamine ? Se rendait-il compte de la férocité de la personne qui venait de s'adresser à lui ? Bientôt, le monstre t'arrachera les boyaux...


Dernière édition par Seïren Nephtys le Dim 19 Aoû 2012 - 16:28, édité 1 fois
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Ledha Borolev

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MessageSujet: Re: Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ]   Songe et Savoir [ Seïren et Ledha ] EmptyVen 3 Fév 2012 - 22:11

" Je suis le monstre en haut des escaliers... "

Ledha était habitué à la mort. Il la fréquentait, depuis toujours. Dans les terres désolées des Borolev, il avait assisté à des choses horribles et ignobles. Peu de gens au monde avaient l'estomac aussi accroché que lui. Mais malgré ses incommensurables pouvoirs, il restait un homme. Malgré ses morts et renaissances successives, l'instinct de survie existait encore chez lui. Et son instinct lui disait une chose bien distincte.

* Cette fille me fout une putain de trouille. *

Danger. Il était clairement en danger, et peut-être ne l'avait jamais t-il été autant dans sa vie. Sauf peut-être contre le Capitaine... mais ici, point de main puissante, plutôt une sensation d'effleurement, excitante et morbide, et une voix, douce comme un pétale de fleur, mais aussi froide qu'un fil de fer barbelé...
Il sentit le froid de la lame et le sang chaud couler de sa gorge. Une pression, une toute petite pression, et elle le tuait instantanément. En général, il réagissait rapidement aux attaques, mais ici, elle l'avait pris de court. Ou non... comme s'il avait été anesthésié, incapable de réagir. Cette berceuse l'endormait. Il la trouvait agréable, et aurait pu rester dans cette position, éternellement, à l'écouter, avant de mourir. Mais il était Ledha Borolev, pas un simple humain. Il avait quelque chose à accomplir, et refusait de mourir minablement dans une grotte, par la main d'une gamine possédée. Il pouvait presque sentir une présence noire, lui qui, d'ordinaire, était incapable de détecter quelconque magie ou présence. Il posa délicatement sa main sur les cheveux de la jeune fille, lui caressant les cheveux, presque avec amour, avant de la forcer à reculer son visage, pour la fixer dans les yeux. Les yeux glacés de Ledha vrillèrent ceux de la petite fille. Il se mit alors à parler, la lame du couteau râpant sa peau.

" Tu n'aurais pu choisir pire cible. "

Au moins, serait-elle privilégiée de voir clairement que Ledha n'était jamais seul.

Comme une ombre s'étendant d'un seul coup, elle pu voir une forme autour de Ledha. Une créature. Un monstre. Indéfinissable. Comme une chimère sortie des rêves les plus sordides d'un biochimiste fou. Une sorte de croisement entre une araignée, un scorpion, et un chien. Une gueule béante, avec des crocs énormes, et une bave dégoulinante. Une peau recouverte d'une carapace de chitine noire. Un corps long de plusieurs mètres, une demi-douzaine de pattes, et une queue se terminant en point, le tout recouvert de poils. 4 yeux rouges. la tête pivota légèrement vers une Seïren interdite. Ledha continuait de fixer Seïren. Lui et la créature ouvrirent la bouche (ou la gueule) et parlèrent en même temps, d'une seule voix qui semblait en contenir des dizaines.

" NE LE TOUCHE PAS. "

La créature devint une ombre et se jeta sur Seïren, semblant l'engloutir dans les ténèbres.

Quelques minutes plus tard, un homme sortit de la grotte. Il était pâle, et fatigué. S'appuyant sur son bâton pour marcher, bleus et des traces de griffures étaient visibles sur sa peau. Il marmonna tandis qu'il sortait de la grotte. Sa voix était teintée de souffrance.

" Merde, merde, merde. "
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