Cela faisait plus de deux heures qu'Hergal attendait. Le lieutenant-garde et ses hommes cernaient la maison d'un dérangé qui avait séquestré sa femme et ses enfants à l'intérieur. Il serait les poings et jura entre ses dents. Un jeune homme accourut vers lui et, essoufflé, tenta de lui donner son compte-rendu.

-Lieutenant, toujours aucune nouvelle du gars à l'intérieur.

-Évidement...

-Sauf votre respect, lieutenant, qu'est-ce qu'on attend, au juste ?

-À ton avis, tête-de-nœud ? Où étais-tu quand on a essayé d'entrer ? Où étais-tu quand ce dégénéré, caché à l'intérieur de sa piaule à deux sous, à descendu quatre de mes hommes avec son arbalète à répétition ? Où !?

Leur visage n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. La peur se lisait dans les yeux du jeune homme et il ne répondit rien. Cela allait de soi, il n'avait vraiment rien vu de la scène sordide qui s'était produit il y a de cela deux heures. Le lieutenant se détourna et regarda vers la ruelle encore vide.

*Mais où est-il ?*

-Si tu veux savoir, on attend la cape blanche qui nous est promis. Un ordre qui vient d'en haut, à ce qu'on dit. Je déteste ces gars-là.

Le jeune homme acquiesça. Il connaissait la réputation qu'avait les capes blanches mais qu'ils soient des salauds de premières ne retenait pas son attention. C'était plutôt qu'ils étaient des guerriers accomplis et des combattants hors-pairs. Il ne pouvait attendre de voir l'un deux se battre à leur côtés, eux de simples gardes !

Le soleil commençait à se coucher quand des bruits de pas se firent entendre dans la ruelle adjacente à la vieille maison. De là, un homme haut de taille et emmitouflé dans une grande et large cape blanche émergea. Il portait une épée bâtarde à son flanc et à sa cuisse. Il se déplaçait avec assurance sans jamais trahir une soudaine hésitation ou peur. Il s'arrêta devant le lieutenant Hergar qui le dévisageait de haut en bas, comme pour essayer de trouver quelque chose à redire à propos de la cape blanche mais il ne pouvait rien dire, malgré son âge plus avancé, le jeune homme devant lui était son supérieur.

-Votre rapport, lieutenant, dit simplement Aroden en regardant dans les yeux Hergar.

-Bethany Stalk est prisonnière de son mari, Grotus Stalk depuis plus de trois heures. Après une dispute, soit-disant régulière selon ce que les voisins nous a dit, Grotus aurait décider de séquestrer la femme en menaçant de la tuer si nous tentions quoi que ce soit.

-Et j'imagine que vous avez tenté quelque chose.

Le lieutenant devenait de plus en plus rouge, sentant la colère monter en lui. L'arrogance de ces capes blanches le mettait hors de lui.

-On était quand même pas pour attendre les Dieux, eux mêmes. Et puis, si vous étiez arrivé plus tôt, on aurait pas eu besoin de le faire !

Aroden ne répondit rien. Il comprenait la frustration qu'éprouvait cet homme mais il n'y pouvait rien. Les capes blanches étaient l'armée personnelle du roi et il était dur pour lui de se détacher de l'un d'eux quand il croyait que la garde civile pouvait s'occuper du problème seule. Le guerrier avait du insister pour qu'il soit assigner à cette mission; il voulait voir de quoi il en retournait et le résultat semblait bien mauvais.

-Je vais lui parler.

Sous les yeux réprobateurs du lieutenant, Aroden se dirigea vers le devant de la maisonnette dont toutes les fenêtres avaient été barricadée par une véritable palissade de planche de bois. Il joint ses mains pour qu'on puisse bien l'entendre et cria ces mots appela le propriétaire de la maison.

-Grotus Stalk, je souhaite vous parler !

Une voix tremblotante mais agressive provenant de la maison répondit au cri du guerrier.

-Allez-vous-en. Je n'ai rien à vous dire et rien de ce que vous pourrez me dire ne me fera changer d'avis !

On ne pouvait que répondre par la ruse à un homme empli de rage. Ça, Aroden, l'avait découvert bien malgré lui.

-Mon nom est Aroden Saltan, Cape blanche servant le Royaume ainsi que sa Majesté. Peut-être pourrions-nous nous arranger ?

Un silence s'en suivit, démontrant l'hésitation du criminel à répondre.

-Que voulez-vous ? , demanda-t-il prudemment

-Seulement vous parler, répliqua Aroden.

-Bah alors, parlez !

La cape blanche avança d'un pas, s'approchant discrètement de plus en plus de la maison.

-Comment va Bethany ?

-Elle n'est pas au bout de ses peines et si vous approchez d'un poil je...

-Vous n'aurez pas besoin, coupa Aroden. Écoutez monsieur Stalk. Je ne pourrai pas vous aidez si vous ne coopérez pas. C'est compris ?

-M'ouais... Compris.

-Très bien. Alors, si vous restez caché dans votre maison, vous ne pourrez pas m'accompagner pour que je puisse demander aux gardes d'allégir votre peine qui serait injuste car tout ceci aujourd'hui n'a été qu'un vulgaire dérapage. Vous comprenez ?

-L'appréhension de la situation se palpait presque dans le silence du criminel. Aroden patienta presqu'une minute et quand il s'apprêtait à parler de nouveau, la voix de Stalk retentit.

-D'accord, je viens mais pas d'entourloupe ou c'est elle qui mourra !

La porte principale s'ouvra doucement pour accueillir la lumière de l'aube et Stalk sortit, un couteau dans la main et sa femme étreinte à l'intérieur de son bras. Il était grand et gras. Il ne portait aucun cheveux mais une grande barbe venait équilibrer son manque de callosité.

-Très bien Stalk, il ne te manque plus qu'une étape à ta liberté. Lâche ce couteau et laisse ta femme. Le reste je m'en occupe.

La situation tournait à son avantage mais elle était encore précaire. Une erreur et s'en était terminé et la mission échouerait.

Stalk semblait tendu. Il regardait sans cesse de droite à gauche, la sueur lui coulait sur le visage et son arme tremblotait, ce qui accentuait la tension envers la femme qui semblait encore plus nerveuse. Le gros homme ne lâchait pas prise, surement trop stressé pour le faire et quand Aroden allait à nouveau tenter de le rassurer il vit l'inévitable se produire. Le lieutenant s'élança vers Stalk dans le but de l'appréhender, croyant que d'où il était, il pourrait le prendre sans faire de mal à la fille.

Il se trompait.

Grotus eut un soubresaut en voyant fondre sur lui Hergal et d'un coup il trancha la trachée de sa femme, Bethany, qui s'écroula au sol, se tenant la gorge de ses deux mains tentant en vain d'arrêter le flot continu de sang qui coulait de sa blessure mortelle. Les trois hommes: Aroden, Hergal et Grotus regardèrent ce qui s'était produit et tous savait que leur vies ne seraient plus la même après cet incident.

Dans un mouvement désespéré, Grotus leva sa dague et tenta de la planter dans l’œil du malencontreux garde qui avait gaché sa vie mais Aroden fut le plus rapide en dégaina son épée bâtarde et en coupant net la main de Grotus qui resta ébahit. Celui-ci se retourna vers Aroden et dit:

-Putain de mauvaise journée, hein ?

Et il se fit tomber dessus par les gardes. Ils ne comptaient plus vraiment à menotter l'individu qui pissait le sang.

Aroden jeta un regard Hergal qui lui regardait le corps de Bethany, morte pas sa faute.

-Hergal, je vous démet de vos fonctions. Qu'on l'emmène à la caserne pour qu'il puisse prendre ses affaires. Et qu'on me débarasse du corps. Prenez en note son nom et prévenez la famille.

Aroden leva les yeux au ciel. Il partit par la ruelle par où il était venu. Encore, il avait tenté de sauver une vie innocente mais il n'avait pas réussit. Si les dieux existaient, ils avaient décidément un drôle d'humour.

-T'as raison Grotus, une putain de mauvaise journée.