Lyhanàell, mais beaucoup la connaissent simplement sous le nom de Lyha.
Rang : La ménestrelle à la rose noire.
34 ans, mais elle en parait quinze de moins.
Croyances : La déesse de l’équinoxe, plus par habitude que par véritable conviction.
Équipement : Lyha porte en général une longue robe lorsqu’elle se promène en ville ( elle en possède deux, une blanche qu’elle garde pour les grands soirs où elle chante dans des auberges, une beige en toile pour la journée ), mais dès l’instant où elle s’écarte des endroits habités où nul ne peut la voir ou la juger, elle troque sa robe contre un pantalon de toile, une tunique et un manteau en laine élimé.
Elle possède une épée et un fourreau de très bonne facture qu’elle dissimule souvent sous ses vêtements lorsqu’elle voyage, afin de ne pas trop se faire remarquer. La poignée de son épée est bleue, assortie au fourreau, et ornée d’un saphir.
Elle a aussi une dague dans ses affaires, mais elle ne sait pas l’utiliser pour se battre, elle ne s’en sert que pour couper la viande ou cuisiner.
Enfin, la jeune femme possède deux flûtes traversières, l’une d’un blanc éclatant dont elle ne se sépare jamais mais dont elle joue rarement en public, l’autre plus classique en bois.
Talents de combat : Lyha a beau avoir un corps frêle en apparence, elle peut se révéler très redoutable à l’épée, elle tient sa vitesse et son agilité de sa mère qui appartenait à la race des hauts-elfes. En revanche, Lyha ne possède aucune endurance, elle essaie toujours de terrasser son adversaire au plus vite car elle sait que ses chances de survie s’amenuisent si le combat se prolonge trop longtemps.
Talents de magie :
La magie de Lyha est très liée aux éléments, surtout l’eau, et à la nature… La jeune femme possède assez peu de pouvoirs qui pourraient lui servir lors d’un combat, elle est par exemple capable de geler la lame de son adversaire pour la briser ou de créer un mur fait d’eau ou de glace entre elle et son adversaire pour se protéger mais cela nécessite des jours de récupération. Voilà pourquoi lors d‘un combat, elle s‘en remet essentiellement à son épée. En revanche, elle s’est servie de ses talents une ou deux fois pour effrayer un adversaire et ainsi éviter le combat.
Sinon, elle est capable de modeler l’eau comme elle veut, elle peut faire de jolies sculptures avec de l’eau : c’est joli, certes, mais pas très utile. Elle possède aussi quelques talents magiques utiles lorsqu’elle voyage, elle est capable de faire jaillir de l’eau du sol, de faire murir un fruit ou accélérer la croissance d’une plante…
Talents divers : La jeune femme sait jouer de la lyre et de la flûte traversière, elle a également une très belle voix et le don de captiver les gens lorsqu’elle conte une histoire.
Pouvoirs particuliers :
La flûte de Lyha a un effet étrange sur les gens lorsqu’elle en joue, le son qui provient de cette flûte fascine, captive et apaise les esprits.
Lyha possède un autre pouvoir étrange, lié à son histoire. En vérité, elle possède une réserve de poison sur elle. Autour de son mollet droit est enroulée une rose noire dont les épines de la tige s’enfoncent dans sa chair et dont la fleur produit un poison qui brûle la peau ( mais il n’est pas mortel, à moins d’être ingéré en grande quantité). Elle enduit parfois sa lame de ce poison, même s’il lui répugne d’utiliser de telles méthodes, elle doit reconnaitre qu’elles sont efficaces. Cette rose incrustée dans sa chair devient également beaucoup plus douloureuse lorsqu’un démon est dans les parages, ce qui avertit la jeune femme de leur présence.
Apparence physique : Lyha est une femme grande ( d'environ 1m75 ) et mince. Elle a beau avoir 34 ans, elle a toujours l‘apparence d‘une jeune femme, voire d'une adolescente car elle n'a que peu de formes. Elle possède une démarche gracieuse qui a tendance à la faire remarquer auprès de la gent masculine. Elle prend soin de toujours des robes longues afin de masquer la rose noire qui s'enroule autour de son mollet.
De longs cheveux noirs et lisses lui tombant jusque dans le bas du dos permettent de dissimuler ses oreilles légèrement pointues. Ses yeux sont son principal atout: elle a hérité des yeux de sa mère : bleus comme de véritables saphirs dans la journée, ils apparaissent curieusement presque noirs à la nuit tombée. Pour le reste, la jeune femme possède un visage fin au teint pâle, souvent illuminé d'un sourire.
Caractère, personnalité : Lyha est souriante et extravertie, la plupart du temps. Elle est d’un optimisme borné, certains la croient naïve et immature mais la vérité est qu’elle se contraint à espérer car elle en a besoin. Elle refuse de montrer la culpabilité qui la ronge, ou la peur qui la gagne, elle refuse de se laisser abattre, et elle pense que beaucoup devraient faire de même. Son sourire est son armure, son rire et sa voix des armes aussi efficaces que son épée. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir de brusques accès de nostalgie ou de colère, durant lesquels elle s’isole ou se montre exécrable envers quiconque la dérange. Têtue et impulsive, elle déteste qu’on lui impose des règles, elle tient à sa liberté par-dessus tout. Elle cherche le danger et l’obtient très souvent, elle aime provoquer le destin, la mort même, cette mort qui, ironiquement, refuse de la prendre depuis tant d’années. L’ennui est la chose qu’elle craint le plus, car s’ennuyer signifie avoir le temps de penser, et les souvenirs sont là, sous-jacents, prêts à refaire surface…
Histoire :Je pourrais vous raconter en détail l’histoire de ce sorcier veuf, riche et ambitieux, toujours en quête de nouveau savoir, qui cherchait une faille pour entrer dans le monde du dessus. De cette jeune elfe d’Adiryl qui trouvait son monde ennuyeux et qui voulait le fuir. De leur rencontre et de leur pacte : la jeune elfe lui apprendrait ce qu’elle savait en magie tandis qu’il lui ferait visiter son monde. Je pourrais aussi parler de l’erreur commise par le sorcier qui conduisit à la mort de toute une famille de hauts elfes. Et de sa fuite à travers le pays, en compagnie de celle qu’il aimait malgré lui. Mais ce serait trop long, aussi me contenterai-je de raconter l’histoire de leur fille… L‘enfance de Lyhanàell, c’était cette ferme où résonnaient les cris de guerre de ses quatre demi-frères, les répliques sévères de son père et les soupirs de sa mère. C’étaient les sentiers dans les montagnes voisines qu‘elle se plaisait à explorer, ces arbres si hauts qu’elle n’était jamais parvenu à atteindre le sommet. C’était Talni, une bourgade commerçante et prospère, située non loin de sa ferme, où tous les gens étaient polis. Enfin, c’était ainsi qu’elle voyait sa vie à l’époque… et elle apprendrait bien assez tôt qu’il n’y avait rien de plus cruel que la perte de l’innocence.
La petite fille grandit dans la plus grande insouciance, son père partait travailler aux champs avec ses grands frères, sa mère tenait la maison, tandis qu’elle pouvait aller ou bon lui semblait sans surveillance. Sa seule obligation était d’être présente aux leçons du soir où sa mère lui apprenait à lire et écrire. Cette innocence prit fin lorsque, alors âgée de huit ans, Lyhanàell sous-estima l’heure qu’il était et se perdit lorsque la nuit commença à tomber. Elle erra des heures durant, appelant ses parents, mais seul l’écho de sa voix lui répondit. Elle finit par arriver devant des chutes d’eau aux reflets étranges. A cette vue, sa peau se glaça. Elle savait que c’était dangereux, pourtant, elle avança vers ces chutes… Quelque chose l’y poussait, lui soufflait de venir…
De l’autre côté, se trouvait un tout autre monde qui la terrifia. Elle devait faire demi-tour, elle le savait. Mais là, devant elle, se tenait un homme trop grand, trop pâle, trop mince pour être vrai qui d’un sourire la conviait de le rejoindre. Envoutée, elle avança d’un pas et le sourire de l‘homme s‘élargit. Alors, elle se rendit compte de ce qu’elle faisait et voulut prendre la fuite. Elle trébucha. En tombant, sa cheville heurta un rosier. Une aiguille l’écorcha, une goutte de sang perla, la douleur fusa. La petite fille perdit connaissance à cet instant, elle ne se rendit compte que d’une chose : elle entendit sa mère crier, et sentit son père la prendre dans ses bras et l’emmener. Loin…
A son retour à la maison, elle resta alitée de nombreux jours, trop faible pour se lever et trop effrayée pour dormir. Sa mère refusa tout simplement d’expliquer l’incident et lui conseilla d’oublier, mais Lyha en était incapable. Par la suite, le sommeil se refusant souvent à elle, Lyha prit l’habitude de se cacher dans l’escalier pour espionner les disputes à voix basse de ses parents. Elle les écouta ainsi, presque chaque soir, durant plusieurs années, et elle apprit beaucoup. Beaucoup trop de secrets qui firent voler en éclats ses illusions sur sa famille.
Les années passaient et Lyha tentait d’oublier, même s‘il était difficile d‘ignorer la tâche sombre qui grandissait peu à peu sur sa cheville. Elle partait toujours autant de la maison, rien n’avait changé. Ou presque. Elle allait à Talni, la petite ville tout près, désormais, et non dans les montagnes, car elle s’y sentait plus en sécurité. Là-bas, les gens y étaient agréables. Elle devint amie avec un groupe de garçons qui mendiaient en cachette car une telle chose était mal vue dans ce bourg qui souhaitait paraitre prospère. Elle leur ramenait à manger de chez elle, puis ensemble, ils parcouraient la petite ville, se prenant pour des chevaliers en mission. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, comme on dit: le groupe finit par être repéré, et Lyha avec eux. Et certains décidèrent de leur donner une leçon. Ce jour-là, en pleine rue, un groupe de jeunes hommes justiciers tabassèrent les mendiants tandis que deux autres entrainaient Lyha dans une ruelle. Et les gens si bien élevés de cette bourgade détournèrent poliment les yeux afin de leur laisser plus d’intimité.
Lyha, alors âgée d’une douzaine d’années, rentra seule chez elle, cacha ses bleus à ses parents et ne dit rien. Il avaient leurs secrets, elle aurait les siens. Évidemment, ses parents l’apprirent quelques jours plus tard, les rumeurs circulaient vite dans cette petite ville. Mais sa mère eut beau se révolter, son père, lui, haussa les épaules en prétendant que Lyhanàell ferait mieux de choisir ses fréquentations correctement. Ce fut à cet instant que la jeune fille décida d’apprendre à se battre. Il y avait un maître d’armes à Talni qui formait des jeunes. Elle se coupa les cheveux et s’habilla comme un garçon pour aller à ses cours, et même si le maître d’armes ne fut pas dupe, il accepta de la former à condition qu’en échange, elle fasse des heures de ménage chez lui. Les parents de Lyha virent son manège mais n’intervinrent pas, sa mère était malade et son père lui en voulait toujours d’exister.
L’accord avec le maître d’armes dura quatre ans. Quatre ans durant lesquels elle excella à l’épée, jusqu’à battre son professeur qui à la longue était devenu comme un père pour elle. Durant la même période, elle se rapprocha aussi d’une troupe d’artistes qui s’installaient pour l’hiver à Talni. Tous les hivers, elle passait ses soirées avec eux, appréciant les entendre conter de vieilles légendes, apprenant à jouer de la lyre, à faire des acrobaties… Malgré les mauvais souvenirs qui la hantaient, ces quatre ans furent sans conteste la plus belle période de sa vie. Mais ces deux entrainements avaient un prix, ils la fatiguaient beaucoup et plus son corps était faible, plus la tâche noire sur sa cheville prenait forme. Désormais, une excroissance s’était formée, de la forme d’un bouton de rose, et une sorte de tige s’était enroulée autour de sa cheville.
Un jour, alors qu’elle venait de battre encore une fois le maître d’armes, ce dernier lui annonça qu’il ne pouvait plus rien lui apprendre, qu’elle devrait désormais s’entrainer par elle-même. Puis, il lui offrit une épée de très bonne facture. La jeune fille voulut refuser mais il insista.
« Promets-moi d’en faire bon usage » , lui souffla-t-il avant qu’elle ne parte.
La nuit était déjà tombée lorsque Lyha quitta la maison du maître d’armes, l’épée à la main. Des gens l’attendaient dans la rue voisine, ils étaient deux et avaient eux aussi une épée. La jeune fille ne connaissait que trop bien leurs visages, ils hantaient ses rêves depuis quatre ans. Cette fois encore, ils étaient là pour lui donner une leçon, ils voulaient lui faire comprendre qu’une femme ne devait pas apprendre à se battre. Mais cette fois, guidée par une rage meurtrière et une soif de vengeance dont elle n’avait jamais eu conscience, ce fut Lyha qui leur donna une leçon. La leçon de leur vie, même. Elle leur donna la mort en quelques secondes, sans prononcer le moindre mot, sans même hésiter. A l‘instant où le deuxième corps tomba à ses pieds, la douleur à sa cheville se réveilla brusquement et la paralysa. Muette de terreur, Lyha observa le bouton de rose à sa cheville éclore, et vit la rose s’épanouir et briller dans les ténèbres, satisfaite, comme si elle attendait ce moment depuis des années…
Malgré la douleur, Lyha prit la fuite. A Talni, nul ne sut jamais qui était responsable de ce meurtre.
En arrivant, Lyha alla demander de l’aide à sa mère et lui confia tout. Elle s’attendait à ce que sa mère la chasse, ou lui en veuille. Mais la jeune fille ne lut dans ses yeux que de la compassion, ce qui lui fit d’autant plus mal. Le lendemain, elle, sa mère et son père qui accompagnait bien malgré lui partaient en quête d’un remède. Des mois durant, ils cherchèrent une faille pour entrer dans le monde du dessus, des mois durant lesquels la mère de Lyha s’affaiblissait de plus en plus, des mois durant lesquels la rose à la cheville de Lyha semblait la narguer en la faisant souffrir.
Ils trouvèrent une faille par hasard, à un moment où ils n’y croyaient plus, et pour la deuxième fois, Lyha quitta son monde d’origine. Elle entra dans Adiryl en compagnie de sa mère, son père préférant attendre leur retour sur Feleth. La jeune fille se sentit mal dès l’instant où elle entra dans Adiryl, comme si ce monde la rejetait. Sa mère, au contraire, sembla recouvrer quelque force. Là-bas, elles allèrent trouver un vieil ami de sa mère, qui, pensaient-elles, pourrait les aider.
« Tu n’aurais pas du venir, Dana, murmura le séraphin,
tu te mets en danger en venant, imagine s’ils l’apprennent, ils feront tout pour avoir leur vengeance, ils te suivront pour le retrouver... Et puis, tu es venue pour rien, nul n‘est capable de soigner ça. Il y a peut être moyen de l’aider à ôter la douleur, ou ralentir le mal en lui créant un talisman… mais je ne suis pas assez puissant. - Un sacrifice lors de la création du talisman le rendrait assez puissant… - Dana ! Tu ne comptes pas faire ça ! - Je me meurs déjà… N‘essaie même pas de me dire non. Tu as une dette envers moi, c‘est ta dernière chance de l‘honorer. - J‘honorerai ma dette en te tuant ?- Non, en permettant à ma fille de vivre.»Et tout était dit. Rien ne fit changer d’avis la mère de Lyha. Ils retournèrent dans le monde du milieu, car sa mère insistait pour mourir là-bas. Ils arrivèrent là-bas de nuit et retrouvèrent le père de Lyha. Sans tarder, le magicien façonna une flute avec du bois provenant d’un rosier de son monde. Dana joua un air de cette flûte, un air lourd de sens qui résonnerait pour toujours dans le cœur de Lyhanàell. Pendant que les notes s’élevaient au milieu des ténèbres, la jeune fille vit la flûte changer de couleur, prendre une teinte de plus en plus blanche. La dernière note de cet air sonna la mort de sa mère.
Ce fut le séraphin qui rompit le silence qui s’en suivit. Il tendit la flûte à la jeune femme et murmura :
« Promets-moi de faire en sorte que ta vie mérite ce sacrifice. » Et pour la deuxième fois de sa vie, Lyha fit une promesse qu’elle n’allait pas tenir.
Lyha et son père, rapprochés par le chagrin, rentrèrent ensemble chez eux, aucun des deux ne remarquant qu‘ils étaient suivi. En arrivant à la ferme, elle prit le rôle de sa mère à la maison, tandis que son père et son demi-frère ( les trois autres ayant quitté la maison pour fonder leur propre famille) s’occupaient des champs comme si rien n’avait changé. L’entente tacite entre Lyha et son père dura ainsi quelques semaines, jusqu’au jour où, lors d’une réunion de famille, ils eurent des invités… plutôt inattendus…
A l’extérieur de la maison, des épées crissèrent en sortant de leur fourreau. Quelqu’un rit. Cinq hauts elfes entrèrent, les yeux brillants de haine. Tout se passa trop vite. On donna un ordre. Quelqu’un hurla mais son cri fut interrompu par l’épée en travers de sa gorge. Quelques autres périrent en silence, sans même réaliser ce qui leur arrivait. Et ceux qui tentèrent de fuir ou de se défendre subirent le même sort. Le carnage ne dura pas plus d’une minute. Quelqu’un voulut s’en prendre à Lyha mais on l’en empêcha:
« Non, pas elle, elle est de notre sang. » Elle fut donc simplement poussée sur le côté par l’un des guerriers. Lorsqu’elle se releva, elle vit sa salle à manger, autrefois emplie de conversations et de rires, désormais à jamais silencieuse où gisait les cadavres de ses frères et de leurs familles. Puis, elle vit son père, toujours en vie, défiguré par la souffrance, retenu par trois hauts elfes couverts de sang. Et l’un d’entre eux parla :
« Regarde, Faël, regarde bien. Que ces images restent gravées dans ton esprit pour le reste de ta misérable existence comme d’autres hantent le mien, par ta faute. Justice a été rendue, aujourd‘hui. Partons. »Ils partirent, et son père s’effondra à genoux, sans un mot, sans un bruit, pas même un sanglot. Encore sonnée, elle aussi, Lyha tenta malgré tout de le raisonner, de le faire quitter ce lieu de cauchemar… D’abord, il ne réagit pas, puis, il leva les yeux vers elle. Des yeux déments.
« Comment oses-tu ? Comment oses-tu être encore en vie ? De quel droit te tiens-tu là, debout, alors que tes frères gisent à tes pieds ? Je te tuerai sur le champ si cela pouvait redonner la vie à l’un d’entre eux… »Son père semblait prêt à continuer de lui déverser sa haine en paroles pendant des heures. La jeune femme prit la fuite. Elle ne prit presque rien avec elle, juste sa flûte et son épée. Et elle s’enfuit aussi loin possible de ce cauchemar, tandis que son père, agenouillé au milieu d'une mare de sang, continuait de hurler sa haine contre le destin.
Elle vécut longtemps dans la forêt, loin de toute civilisation. Par la suite, elle devint ménestrelle et parcourut les terres de Feleth avec une troupe d’artistes. Mais où qu’elle aille, elle ne put jamais fuir ses souvenirs, ni la culpabilité qui les accompagnait.
Puis, elle commit l’erreur de tomber amoureuse. En apparence, c’était un homme qui ressemblait aux preux chevaliers des histoires qu’on lui racontait lorsqu’elle était enfant. Mais la vérité était tout autre. Détestable, jaloux et possessif, il découvrit le point faible de la jeune femme : sa flûte, et la lui vola pour faire d’elle son esclave. Privée de ce qui pouvait la soulager, Lyha connut la souffrance à nouveau et la chose à sa cheville continua de grandir, la tige s‘enroula de plus en plus haut autour de sa jambe. Trop épuisée par la douleur, la jeune femme ne put fuir. Paradoxalement, ce fut cette rose qui la faisait tant souffrir qui lui offrit son échappatoire. Lyha découvrit qu’une substance étrange suintait au cœur de la rose et qu’elle brûlait la peau des autres gens. Pendant quelques mois, elle versa de ce poison dans le vin de son mari et cela fonctionna. Elle le vit s’affaiblir peu à peu, jusqu’à ne plus être capable de marcher. Elle aurait pu fuir, mais elle décida de rester jusqu’au bout. Elle tenait à le voir mourir.
Elle ne réalisa ce qu’elle avait fait qu’après et elle fut abasourdie de voir ce qu’elle était devenue. Elle ne se serait jamais cru capable de tuer un homme de sang froid. Alors, cette nuit là, elle en eut assez. Elle se jeta dans un fleuve. Elle voulait que le courant l’emporte. Elle voulait que sa vie chaotique prenne fin. Pourtant, encore une fois, la mort se refusa à elle. Elle se réveilla sur la rive, trempée mais en vie. Et aussi étrange que cela puisse paraitre, elle éclata de rire devant l’ironie de sa vie.
Alors, puisque sa vie n’avait pas le moindre sens, elle décida de lui en donner un… elle décida d’honorer ses promesses, elle avait une dette envers un certain maitre d’armes et une certaine elfe du monde du dessus. Elle leur avait fait honte assez longtemps… Elle reprit son ancien métier d’avant son mariage, elle redevint ménestrelle. Mais cette fois, elle ne se contenterait plus de raconter des légendes, cette fois, elle y participerait. Aussi naïf ou futile que cela puisse apparaitre pour une femme qui en avait autant vu, elle décida de se battre pour la liberté. Elle rejoignit les rebelles alors que la démocratie avait pris fin depuis peu. Parce qu’elle avait besoin d’une cause en quoi croire.
Et c’est ainsi que se termine ( ou plutôt devrais-je dire commence ? ) l’histoire de cette femme qui danse avec la mort et joue avec la vie… En ce qui vous concerne
A quelle fréquence serez-vous présent sur le forum ? Au moins deux ou trois fois par semaine.
Comment avez-vous découvert le forum ? Par Tridd.
Quelles remarques pouvez-vous formuler à propos de l’apparence du forum ? Il est chouette ! =)
Test-RP
La jeune femme marqua un silence, pour ménager son effet. Les spectateurs retinrent leur souffle. Et Lyha sourit, satisfaite, avant de reprendre de plus belle. Ce jour-là, elle se produisait au marché d’un petit village et elle racontait la quête d’un simple paysan partit en quête d’un moyen pour tuer le monstre qui terrorisait son village, qui était même allé jusqu'à défier le monarque en personne. Une vieille légende que tout le monde connaissait et qui finissait bien. En somme, une histoire idéale pour son public, essentiellement composé d’enfants. Pourtant, ce conte était loin d’être anodin, parler de rébellion était plutôt dangereux en cette période. Mais la ménestrelle estimait se trouver assez loin de la capitale pour pouvoir conter cette légende sans craindre de voir débarquer des Capes Blanches.
Elle en était au milieu de l’histoire lorsqu’un picotement familier parcourut son mollet droit. Cela signifiait qu’un démon était dans les parages et elle n’aimait pas ça. Elle ignora la douleur, et poursuivit son histoire, inquiète. Discrètement, elle essaya de repérer où l’être de ténèbres se trouvait, mais c’était impossible dans une telle foule. Elle décida de mettre fin plus rapidement à son histoire, elle serait plus rassurée si les enfants retournaient au près de leurs parents. Elle arriva donc un peu précipitamment à la fin heureuse tant attendue et conseilla aux enfants de retourner auprès de leurs familles. On lui réclama une autre histoire, mais elle refusa en ajoutant d’un sourire malicieux :
« Il faut bien que j’en garde pour demain. Après, je n’aurai plus rien à vous raconter… » Puis, elle se faufila parmi les badauds en essayant de voir le démon. Alors qu’elle approchait d’un étale de fruits, la douleur à son mollet disparut. La jeune femme jura, persuadée qu’elle avait perdu la trace du démon. Elle repartait en sens inverse lorsqu’elle bouscula accidentellement un homme habillé d’une cape noire. Elle s’apprêtait à s’excuser mais l’homme parla avant elle :
« Nous ne nous serions pas déjà vu quelque part, par hasard ? » Lyha s’immobilisa brusquement. Cette voix si douce, si plaisante, si tentante… Son cœur se mit à cogner violemment contre sa poitrine, et curieusement, elle sentit les pulsations de douleur provenant de son mollet revenir et se caler au même rythme que son coeur. Elle tenta de voir ce qui se cachait sous la capuche pour confirmer ses soupçons, mais en vérité, elle n’en avait pas besoin. Elle savait ce qui se cachait sous cette cape. Elle eut brusquement conscience qu’elle devait fuir et pourtant, lorsque l’être tendit la main et l’attira plus près d’elle, elle ne résista pas. L’histoire semblait se répéter…
De là où elle se trouvait désormais, Lyha put apercevoir le visage de l’être en face d’elle… Et elle se revit vingt ans en arrière, dans un autre monde, où ce même visage trop pâle et trop mince l’invitait à venir… Comme en écho à ses pensées, le démon murmura :
« C’était il y a bien longtemps, ma chère, n’est-ce pas ? Trop longtemps même… Vous auriez dû être depuis longtemps à ma merci… » Et la rose à la cheville de Lyha fit sentir son approbation à cette réplique. Prise de terreur, Lyha réussit enfin à échapper à l’envoutement et voulut s’échapper mais il la tenait trop fermement par la main. Elle appela à l’aide, mais nul ne sembla entendre ses cris. Il la laissa faire, puis éclata de rire.
« Dommage pour vous, ils semblent ne pas nous voir, ni nous entendre… » Lyha comprit alors que sa seule chance se trouvait dans son dos. Il suffisait qu’elle attrape discrètement sa flûte… Le démon la regardait dans les yeux, essayant de deviner ses pensées, visiblement. La jeune femme n’attendit pas pour passer à l’action, elle fit semblant de vouloir lui décocher un coup de pied tandis que sa main libre attrapait en vitesse sa flûte. Diversion basique mais efficace. Lorsque le démon releva les yeux, il aperçut la flûte et ses yeux brillèrent de compréhension. Elle n’eut pas le temps de porter la flûte à ses lèvres que le démon tendait déjà la main pour s’emparer de la flûte. Lorsque les doigts du démon entrèrent en contact avec le talisman, les deux magies se confrontèrent. Il y eut une déflagration et un éclair de lumière blanche. Aucun des deux opposants n’en sortit indemne. Le démon s’effondra au sol, sérieusement blessé, tandis qu’une mince fissure apparut le long de la flûte de Lyha.
Sonnée, la jeune femme releva les yeux et vit que tous les regards étaient tournés vers elle. La confrontation avait mis fin aux sortilèges du démon. Et toutes les personnes présentes avaient dû entendre la déflagration. Incapable d’expliquer ce qui venait de se passer, la ménestrelle prit la fuite sous les regards accusateurs des villageois. Puis, elle quitta le village pour mettre le plus de distance possible entre elle et le démon.
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