''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
Diogène le cynique
 
''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
Auteur inconnu
 
''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 Un Diable parmi tant d'autres.

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Synëal Muspell

♘ | le Botaniste Ardent

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Synëal Muspell
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Race : Syrinx
Classe : Ensorceleur
Métier : Botaniste
Messages : 174

Fiche de Personnage : Le Botaniste Ardent


Un Diable parmi tant d'autres. _
MessageSujet: Un Diable parmi tant d'autres.   Un Diable parmi tant d'autres. EmptyJeu 1 Déc 2011 - 23:26

Madorass. Encore et toujours cette vieille Madorass. Le démon, après sa mésaventure dans les vieux-quartiers mal famés, se dirigeait vers l'ambiance plus réconfortante et conviviale du centre-ville. De hautes maisons avec une architecte plus riche et noble, avec un bois clair et presque entretenu par la bonne humeur qui courait dans les rues. Les visages ternes laissaient place à des visages hautains et imbus, comme taillés dans un marbre pur et intouchable. Démon en loque et veste cramoisie, il semblait n'être qu'une tâche déambulante dans un univers de couleurs pâles et distinguées.

Il s'engagea dans une longue avenue qui serpentait en hauteur vers la place de Madorass. Déjà des rumeurs de conversation et le bruissement de la foule dans le vent lui parvinrent. Il était seul dans cette rue, et cela l'intriguait...Il devait se tramer quelque chose, ou alors les habitants avaient eu vent de ses méfaits dans les bas quartiers et s'étaient tous réfugiés chez eux à son approche...Non ce n'était pas ça, sinon il se serait aperçu de quelques mouvements suscepts dans les maisons alentour, or, les demeures étaient bel et bien désertes.

Il semblait y avoir une animation sur la place, et Synëal s'y dirigea. L'odeur d'humains parfumés aux huiles artificielles de plantes commençait à se faire de plus en plus forte, et il eut plusieurs fois envie de rebrousser chemin. Cependant la curiosité guidait ses pas plus en avant. Il finit par gagner les hauteurs de la colline, et s'aperçut de la foule qui peuplait la grande place de Feleth, au milieu de larges étals colorés, au milieu des hurlements des commerçants qui vantaient à tue-tête leurs marchandises plus ou moins improbables. Entre deux grandes bâtisses qui semblaientfaire office d'entrée, deux gardes étaient postés devant telles des statues en armure. C'était d'ailleurs ce qu'avait cru le démon, avant qu'ils ne se mettent à sourciller en voyant Synëal arriver de sa démarche étrange vers eux. Ils s'approchèrent alors prudemment, le démon les observant laconiquement de ses yeux couleur charbon. Ils durent deviner qu'il n'était pas comme les autres, ils le sentaient qu'il ne pouvait être l'un de ses humains au visage impassible et arrogant...

Il leva la tête, redressant du même coup le bord de son chapeau du pouce. Un large sourire fendait son visage en deux, et ses pas devinrent plus rapides.


« Halte là!

-Quoi? » , enchaîna le démon roux. « Ne laisseriez-vous pas passer un citoyen innocent? 

-On ne vous a jamais vu par ici! Faîtes demi-tour ou nous recourerons à la force!

-Pour si peu... », souffla Synëal sans se départir de son sourire goguenard.

Il se glissa entre les deux lances brandies désormais vers lui, sans aucune peur. Il les dévisagea un à peu, s'amusant de leurs regards perplexes et surpris. Puis, il tendit alors ses mains vers leurs figures, ses paumes faisant alors jaillir deux longues pointes de bois qui se fichèrent dans les narines des gardes pour percer leurs crânes de part en part. Puis, il avança, comme si de rien n'était, laissant les corps s'effondrer derrière lui sans qu'il n'y ait eu d'autre témoin que lui...-du moins, c'est ce qu'il pensait.

Il rejoignit ainsi la joyeuse effervescence de la place du marché, se réfugiant dans une foule encore ignorante de la nature du démon, lui-même trouvant toute cet achalandage d'humains fort profitable. Il pouvait tuer, empoisonner, voire mordre, tout en restant inaperçu. Le rêve. Bien qu'il n'y ait pour l'instant rien qui puisse tenter de l'arrêter. Ce qui était fort dommage car il espérait un peu de piquant dans son escapade...

Une troupe de danseurs se plaisait d'ailleurs à se faufiler au sein des groupes de badauds, chantant, jouant de la lyre, appâtant avec eux quelques passants pour les entraîner dans leur gigue lancinante...et oisive aux yeux du Syrinx, qui les rejoignit avec un rictus fatalement cynique. L'une des danseuses lui tourna autour, l'oeil brillant, levant un bras en laissant déraper son foulard rose translucide sur son épaule. Une nouvelle pointe saillit lentement de la main de Synëal avec une infinie discrétion. Cela allait être un régal de répandre une peinture pourpre sur la peau ivoire de cette jeune femme délicieuse...
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Kara Bawen



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Un Diable parmi tant d'autres. _
MessageSujet: Re: Un Diable parmi tant d'autres.   Un Diable parmi tant d'autres. EmptyMar 28 Fév 2012 - 19:54

Douce caresse du satin coulant sur le dessus de sa main délicate, instant suspendu de quiétude absolue au sein de l'agitation ambiante. Le tissu cascadait sur ses avant bras tendus, ondulant, fugace, chatoyant sous l'éclat d'un soleil déjà haut. Elle le laissa retomber avec un soupir de regrets, achat déraisonnable pour une baroudeuse, qu'en ferait elle ? Elle aimait sa vie et son âpreté, mais restait une femme, sensible a la beauté et au luxe dans lequel certaines de ces escapades douteuses l'amener à évoluer. L'inclémence de son quotidien ne rendait le raffinement que plus fantasmagorique. Ce soupçon fugace d'envie et de regret n'échappa guère au marchand, qui tenta bien de la faire céder à grand renfort d'arguments plus ou moins vaseux... obtenant l'effet totalement inverse à celui escompté. Une fuite en règle, sans manières, simple pirouette précédée d'un éclat de rire claironnant, seule réponse adaptée aux flatteries du margoulin, qui statufia ce dernier dans une béatitude étrange. Air tant contrit qu'attendri, prunelles pétillantes attachées à la croupe de la jeune femme louvoyant dans la foule, sous le decrescendo cristallin de sa soudaine hilarité, carillonnant encore aux esgourdes du négociant.

Elle se faufilait entres les chalands, esquivant de ci une bousculade, de là une réunion improvisée de bourgeoises emplumées, jaugeant de leurs derniers investissements respectifs, toujours un sourire radieux sur le visage. Ce monde ci était tellement éloigné des horreurs habituelles, antre de futilités, de couleurs et saveurs mêlées, d'effervescence, de gaieté... un véritable bain de Jouvence dans lequel, étonnamment pour une personne agacée par le mercantilisme, elle aimait à se plonger.
Son œil exercé relevait bien quelques chapardages, qu'elle ignorait avec soin, Dans un tel étalage de richesses, ces maigres ponctions s'apparentaient a des saignées salvatrices.

La justicière était restée au placard en ce jour de marché, avec sa bâtarde, son équipement d'archère et son armure de cuir bouillie, Du moins le croyait elle... Simple promeneuse parmi tant d'autres, tout juste remarquable par sa beauté naturelle et, pour qui la détaillait un peu plus, par la dague dépassant de la ceinture ceignant sa bourse. Le repos n'excluait pas toute prudence.

Le destin pourtant ne semblait résolu à lui octroyer ce dernier, portant au devant de ses pas l'action qu'elle rechignait à chercher.

Au gré de son avancée en cette foule houleuse, un éclat grenat ne tarda guère à capter son attention. La démarche teintée d'ecxentrisme de cet étrange rouquin la retint pour de bon.
Elle appréciait les marginaux, gage d'animation par devers eux. Machinalement ses pas s'orientèrent vers l'énergumène, sans réelle intention de rencontre. Simple poursuite de son vagabondage, attirée par ce feu follet tel un insecte par une lanterne en pleine nuit.
Le rousseau ce présentait aux gardes ce qui confirmait son intention de rejoindre ce joyeux bocard. Pour un peu la jeune femme en aurait applaudit des deux mains, gagnée par une curieuse excitation, mue sans doute par un sixième sens tout à fait féminin lui susurrant que ce type là, oui ce type là, méritait tout son intérêt.

« Hey Dame, t'veux ? »
Kara abandonna brièvement l'objet de son attention pour la reporter sur son allocutaire, qu'elle ne trouva qu'en baissant les yeux.

«  T'en veux ? C'est un sou juste. » La jeune femme hocha la tête gratifiant le gosse d'un sourire en guise d'acceptation. Une piécette disparue dans une petite pogne tandis qu'un gobelet apparaissait dans la sienne. Une orangeade, au parfum embaumant, flatta ses narines. L'enfant ne semblait pas encore contaminé par cet étrange virus commun à la guilde marchande, vouant ces derniers au développement de trésors d'ingéniosité dans le but a peine caché d' escroquer un peu plus ceux qui les faisaient vivre.

Portant le godet de bois à ses lèvres, la donzelle chercha son rouquin du regard, le trouvant sans difficulté entrain de s'immiscer entre les deux gardes. Un hoquet la saisit tandis que dans un curieux ballet, boisson et curieuses protubérances trouvaient leur chemin, pour l'une dans l' abîme d'une gorge chaude, pour les autres les méandres hasardeux de cerveaux humains.

Les hallebardiers s'effondrèrent l'un contre l'autre, sans un bruit, sans un cri, sans susciter la moindre émotion, rendus invisibles à la foule par leur tâche ingrate, jusque dans leur mort.

Curieux instinct mortifère, liant incessamment son destin aux êtres les plus abjects que la Terre du Milieu puisse porter, jusque dans ses moments de détente. Une main légèrement tremblante rendit le godet au môme tandis que des prunelles aigue-marine harponnaient pour de bon la tignasse folle de celui qu'on pouvait désormais qualifié d'assassin. A vrai dire la mort de ces soldats lui importait assez peu, mais la désinvolture avec laquelle ces derniers avaient été abattus était bien plus préoccupante. Cet être se contentait il de s'en prendre aux hommes du roi ou renfermait il des desseins plus sombres encore ? Elle s’attacherait à le découvrir. Il était absolument hors de question qu'enfants ou autre hères sans défense subviennent aux penchants sanguinaires d'un fol égaré en sa présence.

Vu d'un promontoire, le manège insidieux d' un prédateur pourchassant sa proie dans un flot abondant. Deux crinières flamboyantes cheminant à travers un méli-mélo chapeauté, l'une matérialisant le cap de l'autre. La jeune femme peinait quelque peu à maintenir ce dernier, ballottée, bousculée, dépassée, refoulée... mais tint bon, la curiosité l'emportant, mêlée à une soudaine inclinaison belliqueuse. Ce tohu-bohu présentait au moins l'avantage d'une progression discrète sans précaution particulière. L'ensemble des sens étaient ici bas tant stimulés qu'il semblait impossible à quiconque d'éprouver la désagréable oppression que caractérisait un sentiment de filature. « Lui » en particulier semblait à mille lieues de se douter d'avoir ainsi attirer l'attention, trop intrigué par tout ce qui l'entourait, au vu de ses mouvements de tête incessants, trahissant un œil sans cesse attiré par une autre curiosité. Elle prenait garde toutefois à maintenir une certaine distance ou plus concrètement quelques personnes entre eux afin d'éviter des explications inutiles.

Un voile indigo lui gifla soudainement le visage, porté par le vent. Elle ne put s'empêcher de relever la douce effluve féminine s'en dégageant tandis qu'un râle de protestation lui échappait, bien consciente du ridicule spectacle qu'elle offrait le visage ainsi momifié par ce bout de tissu aussi raffiné qu'indomptable. Quelques secondes de combat pittoresque durant lesquelles la jeune femme ravala nombres grognements, considérablement agacée à l'idée de perdre son gros poisson aussi bêtement, et,enfin, l’étoffe récalcitrante baissa les armes. Terrassée, tordue et enserrée entre deux poings crispés, elle laissa réapparaître un visage rosi et immédiatement à l’affût, une bouche pincée jusqu'à ce que sa dépositaire retrouve un feutre usé au milieu d' une sarabande endiablée...juste devant ses yeux, sans plus aucun rempart humain... aléas d'une foule mouvante.

Était ce la musique entêtante qui amenait l'une des danseuses à se défaire ainsi de toute retenue face a un tel olibrius ? Singulier contraste entre les hardes miteuses et la vêture légère mais exquise de la baladine. Plus singulier encore cette fine pointe d'ébène se profilant dans l'une des mains du rouquin, encore discrètement plaquée le long de sa hanche. Trois simples enjambées, sa dextre agrippant fermement le poignet soutenant la curieuse arme et ces quelques mots soufflés à une oreille étrangement pointue :

« - Si j'étais toi je rangerai ça sans faire d' histoires... »

Se retournant a moitié, il laissa apparaître un étonnement non surfait sur des traits bien moins humains que ce qu'elle avait cru jusque alors. Des canines proéminentes mais surtout un regard sombre, perçant... démoniaque. La jeune femme ravala son désappointement, elle risquait fort de s'être mise dans de beaux draps, de quoi était il capable ? Qu'importe, il était trop tard pour reculer. Le regard assuré et un brin provocateur, elle se préparait a une réplique assassine.
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Synëal Muspell

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MessageSujet: Re: Un Diable parmi tant d'autres.   Un Diable parmi tant d'autres. EmptyLun 21 Mai 2012 - 13:24

Les yeux rivés sur le creux de la gorge si soyeuse de la danseuse, le Syrinx s'enivrait les sens de ce jeu de couleurs que faisaient dériver ses foulards dans sa danse somme toute saugrenue aux yeux du démon. Une chair blanche où palpitait derrière une carotide gorgée d'un liquide chaud et vivant...Un liquide aussi pourpre que les foulards qui s'agitaient dans des roues pavaneuses autour de lui, alors que les humaines insouciantes souriaient aux badauds qui se délectaient tout comme lui du spectacle. Bien qu'il s'agissait d'une délectation tout autre. La contemplation était délicieuse, envoûtante, et il se voyait déjà comme un vampire assoiffé que se jetterait sur cette...nourriture pour en faire jaillir le sang comme une fontaine morbide. Il passa sa langue sur sa lèvre, ne s'en rendant même pas compte et attira sans même le vouloir l'attention de la jolie brune qui s'était approchée de lui après deux entrechats discrets.
Quel beau roux celui-là, malgré son regard un peu troublant.
Il décora son visage blafard d'un sourire malicieux et joueur. Elle joua de son bassin en lui tournant le dos, les yeux tournés vers lui avec une lueur complice dans le regard, agitant ses foulards au-dessus d'elle en une arche parfaite. La pointe de bois tressaillait dans sa main, mais il prenait un malin plaisir à la contempler lui donner cette petite démonstration personnelle sous l'oeil jaloux de quelques hommes attroupés là. Il leur décocha d'ailleurs un vil clin d'oeil de moquerie, et se tourna de nouveau vers elle, prêt à lui enfoncer profondément sa pointe dans le derme élastique mais fragile de sa gorge pour teinter sa peau de soie d'un rouge éclatant. Aussi cramoisie que le soleil du crépuscule qui venait à se fondre dans l'horizon, au moment où il allait disparaître pour une dizaine d'heures, laissant le monde dans un noir presque total...

Son bras se tendit alors en avant, et une poigne pas tout à fait forte mais assez ferme lui retint le poignet. Il descendit aussitôt la main. La danseuse s'en alla malheureusement plus loin. Elle n'avait rien remarqué.

Le démon émit un soupir déçu, regardant sa proie s'éloigner. Dommage, on dirait que sa série de meurtres importune allait être interrompue importunément. Ses yeux se posèrent sur le...la femme qui l'avait gêné. Il s'aperçut avec amusement que son regard décidé se liquéfiait sous le sien plus perçant. Elle hésitait désormais, ou presque. Elle tentait de cacher cela derrière un masque d'assurance. Eh oui, il n'était pas qu'un simple humain. Il esquissa un sourire carnassier, et jetant un regard aux alentours, se pencha à son oreille et lui souffla.


« Eh bien? Qu'allez-vous faire maintenant? »

Il tourna la tête vers la file de danseuses, sa soif de sang toujours aussi présente. Que pourrait-il se passer de toutes façons? Il n'avait pas peur de la milice, et il avait toujours plus d'un tour dans son sac. Les Madorassiens n'étaient que des brebis peureuses. Soit elles retourneraient à leur étable dès que le loup approchait, soit elles se résignaient...Et cette inconnue. Elle l'avait touché. Mais de quel droit se le permettait-elle? Il grogna, agissant maintenant comme si elle venait de disparaître tout à coup. Il ne savait pourquoi mais il avait envie de tuer. C'était comme son impératif du jour. S'il ne le faisait pas, il perdrait la tête à coup sûr. Et c'était une idée qui marchait dans tous les sens du terme. En cette période, il était un peu sur les nerfs. Ses dernières rencontres s'étaient avérées épuisantes, et il cherchait un moyen de se recentrer, il cherchait un divertissement. Tuer des humains n'était pas ce qu'il y avait de plus suffisant, ce n'était pas assez original ou exotique, mais ça lui procurait un plaisir inimitable. Il fit un pas en avant, mais son instinct, ou quelque chose d'autre, le ramena en arrière. Il dévisagea l'étrangère et serra alors ses doigts fins et coriaces sur son menton. Il fit tourner sa tête sur le côté, un peu trop brutalement peut-être, au point de lui rompre les cervicales. Mais il n'en était rien. Il la força ensuite à regarder de l'autre côté, ce qui lui fit à nouveau craquer les os du cou.

« Auriez-vous voulu être à la place de cette pimbêche? Si c'est le cas, je peux vous y aider. Sinon, laissez-moi juste tranquille. »

En vérité, il ne pensait pas - il n'espèrait pas - la laisser s'en aller. Elle dégageait une aura et une odeur très forte. Il pourrait sans doute s'amuser avec elle pour compenser la perte d'une autre proie.
Ici et maintenant, qu'importe.

Il la relâcha et fourra les mains dans ses poches d'un air franchement exaspéré. Même si en réalité, toutes ces émotions : frustration, déception, colère, toutes étaient feintes. En lui, il n'y avait que haine, impatience, dégoût. Et surtout envie. Envie de tuer. De n'importe quelle manière pourvu que ça soit amusant, ou alors très long. Imaginer juste que la vie de quelqu'un qui s'attendait à pouvoir continer son train-train quotidien et tout perturber soudainement, lui arracher la chair que les personnes qui le chérissaient aimaient sentir contre elles, briser les os qui lui permettaient de travailler, de courir, de manger, c'était...stimulant pour lui. Il y avait toujours cette petite décharge électrique, ce petit vertige lorsqu'il parvenait à mener sa victime à l'agonie. Et enfin ce sentiment de triomphe, comme une exhaltante bouffée de chaleur qui montait dans son coeur gelé, lorsque sa proie mourrait. Il attendait maintenant sa réaction.
Bon sang, faîtes qu'elle me déteste, faîtes qu'elle ait envie de me frapper, qu'elle essaye de me calmer et de se lancer sur un discours moraliste. Parce que c'est pas bien de tuer, oh non pas bien du tout, mais j'en ai tellement besoin, tu comprends, je ne peux pas m'en passer.
Il s'esclaffa alors tout à coup, vrillant ses yeux de chat dans les siens, purs comme le ciel.
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MessageSujet: Re: Un Diable parmi tant d'autres.   Un Diable parmi tant d'autres. EmptySam 16 Juin 2012 - 16:25

« Eh bien? Qu'allez-vous faire maintenant? »

L'espace d'un instant, cette provocation chuintante lui figea le sang. Elle n'était pas craintive et encore moins facile à déstabiliser, mais, n'agissant pas sous le truchement d'une fierté piquée ou d'une banale mise à l'épreuve, parfaitement lucide sur les surprises que pouvait lui présenter pareil adversaire. S'il était aisé d'évaluer les aptitudes et faiblesses au combat d'un simple humain, il en était tout autre pour les démons, pour qui la soif de sang n'avait souvent d'égal que leur puissance infernale. Celui là ne dérogeait pas à la règle, tout du moins concernant l'avidité meurtrière. Il était d'aspect tout aussi malingre de face que de dos, mais cette lueur particulière, cette étincelle de ruse et de perfidie mêlée dansant dans ces prunelles intimait la jeune femme à se méfier de ce démon là comme d'une engeance aussi imposante que les remparts de Madorass. Il n'était pourtant pas question de reculer. Mais que répondre à cela ?

Oui qu'allait elle donc faire maintenant, remarque pertinente. Elle se voyait assez mal dégainer son épée à un cri rageur et tenter de le pourfendre au milieu de toute cette foule ... sans même songer aux possibles dommages collatéraux l'idée de mourir en se teintant de ridicule aux yeux des badauds n'était pas des plus stimulantes. Cela ne solutionnait pas le problème, mais le rouquin se désintéressait d'elle, fixant au loin sa proie avec ce qui lui sembla une pointe de regret. Cet apitoiement lui octroya un temps de réflexion supplémentaire quant à la conduite à tenir, qu'elle ne sut pourtant mettre à profit. Elle tergiversait encore intérieurement lorsqu'il lui refit face et agrippa fortement son menton. Elle frémit au contact de ces doigts arachnéens, secs et longilignes à l'emprise pourtant si ferme... Ce regard diabolique qui la désarmait littéralement, incarnation d'une cruauté tout à la fois sauvage et maîtrisée, gage de perfidie.

Elle se maudit en sentant la violente rotation qu'imprima le démon à son visage, songeant sa dernière heure arrivée, pestant contre son immobilisme. En cette délicate position il était déjà trop tard pour agir, elle était parfaitement consciente qu'il suffisait d'une demi seconde au farfelu pour lui briser la nuque tandis qu'il lui en faudrait plusieurs pour toucher son agresseur en quelconque endroit. Seule sa conscience était en mesure de rétiver, se maudissant de s'être ainsi laissé pétrifiée, elle gagea ne plus se laisser réduire à cet état si d aventure il la relâchait. Le flot de badauds les contournaient dans l'allégresse, indifférents à l'altercation. Elle perçut même du coin de l’œil quelques bambins s'esclaffant autour de deux marmots qui mimaient la scène à quelques enjambées... et se promit de leur asséner un bon coup de pied au derrière si elle parvenait à s'extirper de ce mauvais pas. Elle haussa un sourcil, avait elle vraiment l'air aussi pathétique ? Le mouflet qui la singeait affichait une mine proprement médusée, les bras ballants le long du corps, la bouche ouverte à en gober un œuf sous la poigne de son compère – ça au-moins elle ne s'y était pas abaissé, du moins le croyait elle...Elle se pinça les lèvres pour s'en assurer, et les mioches disparurent de son champ de vision tandis que sa nuque émettait un craquement sinistre. Ses prunelles captèrent furtivement l'image du feutre usé puis se repurent à nouveau du ballet aussi incessant qu'insouciant des musards. Elle grimaça au pincement lancinant qui naquit à la base de sa nuque suite à cette nouvelle distorsion, accordant une oreille distraite à l'avertissement du démon accompagnant son geste :

« Auriez-vous voulu être à la place de cette pimbêche? Si c'est le cas, je peux vous y aider. Sinon, laissez-moi juste tranquille. »

Sur ces mots, il la relâcha. Ramenant son visage angélique face à l'engeance démoniaque, Kara fit jouer quelque peu sa mâchoire commotionnée par la fermeté de l’étreinte. Il la dévisageait, diverses émotions s'exhortant tour à tour de son être. Elle ne s'attarda pas à les considérer bien qu'elle en donna l'air. Le rouquin finit par éclater de rire, impatient semblait il de connaître sa réaction, mais la lueur sadique dansant incessamment dans ces iris mordorées ne la trompait guère, seule la soif de meurtre comptait. Pourtant il était d'humeur joueuse, sans quoi il l'aurait éliminé lorsqu'il en avait eu l'occasion, il y avait donc bien une occasion de minimiser les dégâts...

« Soit. Mais pas ici. »
Imposa t elle, roide, consciente que son attitude jouait pour beaucoup dans l'intérêt que lui portait le maléfique, mais serais ce suffisant ?
Confiante en son analyse elle se rapprocha légèrement « Ce serait trop facile, non ? »appuya t elle avec un rictus malicieux. Une chasse à l'Homme, voilà ce qu'elle lui proposait, le seul moyen de l'éloigner significativement de ce vivier d'âmes.


Dernière édition par Kara Bawen le Dim 23 Sep 2012 - 10:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un Diable parmi tant d'autres.   Un Diable parmi tant d'autres. EmptySam 4 Aoû 2012 - 12:43

La fête battait le rythme avec un enthousiasme dégoulinant de joie et de sympathie. La danseuse qui avait aguiché Synëal était loin désormais, ne s'étant même pas rendu compte du danger fatal auquel elle avait échappé de justesse. Plus les secondes passaient et plus les rues s'encombraient de passants joyeux qui se laissaient prendre au jeu des festivités, chose qui arrivait rarement à Madorass. Les jolies derviches attiraient les beaux jeunes hommes, qui attiraient aussi les jeunes femmes, c'était le principal facteur grossissant de la foule. Le terrain de jeu idéal pour un démon – roux qui plus est – qui pouvait agir en toute impunité. Et c'est au milieu d'une ambiance aussi festive et prometteuse qu'il était stoppé dans ses activités. Il était planté devant une jeune femme aux allures de justicière revancharde et téméraire, avec un regard qui se voulait assurant, mais qui avait du mal à contenir son malaise devant la présence malsaine et démoniaque du Syrinx. La seule volonté de l'inconnue était sans doute de changer la donne, de l'emmener en terrain connu, où elle tirerait un avantage qu'elle ne pouvait avoir désormais.

Il fit mine de réfléchir le doigt sur le menton, et fit couler les secondes lentement avant d'annoncer.


« Et si je n'en ai pas envie? Ce serait justement trop facile de ne pas discuter calmement ici. Il y a un certain challenge à essayer de s'entendre au milieu de tout ce boucan, vous ne trouvez pas? »

Pourtant, malgré le brouhaha ambiant, la voix profonde de démon était perceptible aux oreilles de la jeune femme. Il était comme la voix de la conscience humaine, ferme et tranchante. Le moment de la vie d'un humain où son cœur bat le plus vite possible, lui rappelant à quel point il est vivant, à quel point il est vulnérable. Deux enfants se glissèrent entre eux, sans se douter du dialogue qu'entretenaient les deux personnages, et le démon les suivit de son regard luisant, avant de le reporter sur Kara. Il lui afficha un simple sourire, mystérieux, plein de secrets, ses pupilles toujours aussi brillantes. Et là, un grand défilé d'humains costumés se fraya un passage entre eux deux. Aussitôt, le Syrinx se déroba à la vue de Kara comme une ombre dans la colonne de couleurs qui s'engageait désormais dans l'avenue. C'était l'heure de la chasse ma belle. Il progressa parmi les badauds et les danseuses, d'un pas normal mais plutôt vif, marchant à grandes enjambées, à la fois furtif et rapide comme l'éclair. Il ne se faisait presque pas remarquer, glissant comme une anguille dans la foule. Son perpétuel sourire se dessinait encore sur son visage. Les chants de la foule en liesse résonnaient autour de lui, mais c'est son âme en quête de sang qui chantait le plus fort - hurlements déchirants de terreurs, le craquement sinistre des os, la viscosité brûlante des organes encore palpitants, le clapotis du sang qui tombait sur les pavés. Dans le son tonitruant des tambours, personne ne se doutait que, pas si loin que ça, le massacre allait se préparer. On va voir si tu va danser aussi ma belle.

Synëal jeta un regard par-dessus son épaule pour s'assurer que la femme n'était pas dans le coin, puis des tentacules verdâtres glissèrent de sous son pantalon pour se répandre tout autour de lui, rampant sur le sol, animées d'une vie propre, et saisissant toutes les chevilles qu'elles pouvaient attraper, formant une grande toile végétale. Les manants dansaient, dansaient...Les bourgeois se trémoussaient, se trémoussaient...Les sinistres fouets, aussi inéluctables qu'une rivière, glissaient le long des jambes d'ivoire des pauvres gens qui gloussaient encore en voyant leurs proches s'amuser. Plus les forces de la Nature avançaient, et plus le temps ralentissait, de plus en plus. Le démon ferma les yeux. Il n'y eut bientôt plus que le bruit lointain des instruments et des piaillements des jeunes filles en proie aux charmes des jeunes hommes, de plus en plus confondus, de plus en plus indistincts. Silence.

Les cris explosèrent alors au milieu de la foule. Les deux miliciens en poste de garde sursautèrent, et en se retournant, ne virent que des gens affolés se bousculer, se rentrer dedans, trébucher, se pousser mutuellement pour quitter la place. Ils levèrent alors les yeux et écarquillèrent les yeux devant le spectacle horrifiant qui se dressait désormais au milieu de la zone.

Une grande masse végétale s'élevait, plus grandes que les masures, sur cinq ou six mètres de haut. On aurait dit un arbre dont l'écorce se gonflait et palpitait. Un suintement sifflant montait de cette œuvre démoniaque, comme un homme qui avait du mal à respirer. Des branches, pendaient tête en bas des victimes affolées qui agitaient bras et jambes, saisis de panique et presque de folie. Un nuage malsain se répandait lentement dans l'avenue: l'odeur de la mort, ou plutôt de la mort imminente. Aigre, étouffante, pénible. Et tout en bas de cette sculpture morbide, se tenait Synëal. Ses longs cheveux roux tombant sur ses épaules contrastait avec le vert impur de son sortilège. Il arborait toujours son fameux rictus. Ses yeux dorés comme de l'ambre au soleil, fixaient une personne en particulier.

Les villageois en proie à son odieux tour de passe-passe le suppliaient de le libérer, de faire tout ce qu'il voudrait.


« J'ai une vache et des cochons ! », geignit l'un deux.

D'un ordre mental, Synëal le fit taire en ordonnant à ses lianes de l'envoyer en l'air, et de le rattraper en l'empalant sur l'une des nombreuses pointes qui ornaient l'ignoble rets végétal. Il se contorsionna de douleur sur la protubérance aiguë, poussant quelques borborygmes d'agonie, avant de ne rester qu'une poupée inerte, les bras et jambes ballants, parcouru des derniers soubresauts nerveux.


«  Je suis iciiii. », chantonna-t-il à l'adresse de l'intéressée.

Il regarda ses ongles d'un air songeur, attendant que la vindicatrice défendeuse des forces du Bien aille à sa rencontre.
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MessageSujet: Re: Un Diable parmi tant d'autres.   Un Diable parmi tant d'autres. EmptyMer 3 Oct 2012 - 21:32

« Et si je n'en ai pas envie? Ce serait justement trop facile de ne pas discuter calmement ici. Il y a un certain challenge à essayer de s'entendre au milieu de tout ce boucan, vous ne trouvez pas? »

La jeune femme se mordit l'intérieur de la joue, exutoire à l'évident échec de sa proposition . Le démon ne se contentait pas d'être perfide … il s'avérait clairvoyant. Cela s'annonçait mal, la journée ne s’achèverait pas autrement que dans un bain de sang, peut être même étais ce la dernière fête à laquelle il lui ai été donné d'assister.
Elle ne lui fit pas la grâce de lui répondre. Il était inutile de flatter son ego en s’époumonant à une argumentation pathétique aux accents de supplication. Seul son regard azuréen se campa dans celui du démon, indifférent au passage turbulent de deux mioches entre eux, bientôt suivi de toute une ribambelle de fêtards.
Ses prunelles étrécies ne trahissaient plus ni crainte ni ambages, mais une simple colère froide, contenue mais annonciatrice d'un défi relevé, promesse implicite d'un déchaînement au service des plus faibles.

Le ru de festoyeurs ce fit rivière et le démon se déroba soudainement à sa vue. Une seconde avant que ce grand échalas à la nuque garnie d'un cochon de lait grouineur ne passe devant elle il était tout aussi immobile, fermement campé qu'elle, une seconde après il avait laissé place à un vide aussitôt comblé par une brunette au maquillage grossier et aux éclats de voix aussi stridents que les cris du porcelet. Blême, Kara ne s'attarda guère sur cette dernière, scrutant les rangées suivantes à la recherche de la crasseuse crinière rousse, qu'elle repéra rapidement. Le suivre des yeux était une chose... le rejoindre une autre. S'élançant d'abord franchement, trop absorbée par son objectif en feutre, une robuste épaule s'écrasant contre sa mâchoire la repoussa de quelques pas et la contraint à faire preuve de plus de subtilité dans ses déplacements. Plus attentive au flot ininterrompus de passants cette fois, elle parvint à se frayer un chemin sur les traces du démon, mais se faisait indubitablement distancer. A plusieurs reprises elle dut s'arrêter pour scruter la foule et rectifier son cap, jusqu'au moment redouté où celle-ci se fendit d'elle même, à contre-courant, mue par une indicible terreur.

Un arbre aussi étrange qu'immense se dressait désormais à cet endroit de la place, la dominant de toute sa taille. Des grappes humaines constituaient les fruits du curieux végétal, grouillantes telles les feuilles d'un tremble sous l'effet de la brise. Les cris d'effroi couvraient un sinistre chuintement émanant de l'engeance démoniaque, mais elle n'entendait que lui, et ne voyait que ce rictus perfide sur la face du rouquin. Le temps paru se figer malgré l'agitation ambiante, et ne repris son cours qu'a la sensation visqueuse du sang chaud sur la joue de la guerrière. Ce n'était pas le sien, non, pas encore. Elle s'arracha machinalement à sa muette contemplation pour lever les yeux et en chercher l'origine : un paysan s'était empalé – ou fait empaler à en juger par la danse agressive des branches l'entourant - sans autre forme de procès.

«  Je suis iciiii. »

Il jubilait, purement et simplement. Comment aurait elle pu le manquer ? Ils étaient seuls désormais dans ce recoin de la place. Elle, Lui, L'Arbre, les grappes …

Immobile, Kara repassait une nouvelle fois l'étendue de ses possibilités, sa marge de manœuvre encore réduite. Elle ne pouvait décemment utiliser son aptitude magique sans carboniser les otages au passage. Foncer sus au rouquin l'épée au poing ? Elle ne doutait pas qu'il abatte l'Arbre tout entier,fruits compris pour lui barrer la route. Attaquer le tronc vivace ? Si toutefois elle arrivait à l'atteindre sans se faire faucher par l'une des branches ondoyantes elle présenterais son dos au démon lui-même, perspective qui ne la réjouissait guère. Les captifs lui semblaient d'ores et déjà perdus, ne lui restait qu'une once d'espoir d'en sortir ne serais ce qu'un seul de ce mauvais pas.

Froide, apparemment insensible, elle le toisait avec morgue et finit par renifler un « Moue » méprisant. Avec un haussement d'épaule elle se retourna et s’éloigna d'un pas nonchalant, feignant l'indifférence la plus totale. L’orgueil, tout se jouerais sur ce dernier, elle espérait en se mordant la lèvre qu'il serait suffisamment piqué...

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MessageSujet: Re: Un Diable parmi tant d'autres.   Un Diable parmi tant d'autres. EmptyDim 24 Fév 2013 - 14:37

L'arbre abominable était une de mes dernières créations en date. Non sans être la plus novatrice, elle recelait une incroyable quantité d'énergie. Elle en libérait autant qu'elle en engrangeait. Le plus complexe avait été de creuser les pavés avec la force seule de la nature. Mais il était connu que la Nature l'emportait toujours sur les constructions des hommes ; en partie parce que les hommes lui en empruntaient les ressources. Le sol avait craqué sous la force démentielle des racines et avait envoyé quelques pavés au loin, disparaissant dans la foule paniquée. Elle s'était clairsemée en quelques secondes. Ne restait plus que moi et cette femme aux grands airs. Je la toisai avec une sorte d'admiration particulière, celle qu'on accorde à un animal qui reste stoïque devant un prédateur et devant lequel on s'inquiète de son sort. Elle ne bougea pas pendant quelques instants. Essayait-elle de trouver un défi quelconque à maintenir nos pupilles les unes en face des autres? Je trouvai un support et m'y assis avec grâce, et joignit les pointes des doigts de mes mains et m'aperçus alors qu'elle s'était complètement désintéressée de moi ! Mais que...

J'allais me relever et lui sommer de rester avec moi, mais j'aurai perdu toute crédibilité à cet instant. Le mieux était de me rester draper dans ma suffisance et de la regarder s'en aller comme si cela ne m'affectait pas. Je ne pouvais cependant pas nier que son départ me nouait le coeur. On était sur le point de s'amuser, et me voir priver de ce plaisir me faisait sentir comme un enfant à qui on a retiré son jouet de force. J'arborai une petite moue et rongeait l'ongle de mon pouce en contemplant son déhanché lointain. Bon. Je devais admettre qu'elle m'avait pris par surprise. Cela n'aurait pas été d'une grande utilité si elle s'était jeté sur moi sans réfléchir. J'avais plus d'un tour dans mon sac, et je n'avais aucune envie de les déballer tour à tour. J'en avais déjà épuisé plus que ce n'était nécessaire. Alors je la laissai faire quelques mètres loin de moi, toujours impassible, ou presque, et lançai alors.

«  C'est ainsi que se vaut l'honneur de vos jours? » Bien que ma voix fut basse, elle porta dans toute la place, transportée dans le silence léger. « Ce n'est pas ainsi qu'on tourne le dos à son destin, mademoiselle. »

Un grincement inquiétant monta derrière moi, accompagnant mes mots au sens si mystérieux. Les racines semblaient vouloir s'extraire du sol, et l'ensemble végétal remuait imperceptiblement, mais suffisamment pour qu'un des cadavres chut de son perchoir. Il émit un bruit flasque en retombant, comme si plus aucun os ne retenait sa chair. Ce n'était évidemment pas le cas. Je me redressai d'un bond gracieux, et rejoignit la femme avec des pas légers, presque dansants. Un craquement retentit, et le sol se fissura à divers endroits avant de se crever sous des dizaines de racines qui en émergeaient brutalement. Ainsi, elle voulait agir comme si tout cela ne la concernait pas. J'allais donc agir comme si je ne voyais pas sa désinvolture...

L'arbre se dressa sur lui-même, comme animé d'une vie propre, et se courba en avant, laissant tomber d'autres corps inertes au passage. Il se plia à l'extrême, au point que sa cime vint toucher les pavés et que son écorce menaça de rompre. Puis il se relâcha complètement, avec un mouvement de catapulte. Tous les pauvres citoyens empalés virevoltèrent dans les airs et disparurent derrière les toits des maisons. J'applaudis en m'esclaffant, satisfait de cette oeuvre sanglante.

« À quelle distance pensez-vous qu'ils ont volé, dîtes-moi? », dis-je en la rattrapant, prenant le ton de la conversation.

Je laisserai cette sculpture affreuse là où elle est. Elle ne me servait plus à grand-chose. Je l'avais fait poussé pour impressionner la milice humaine et pour jouer avec elle. Mais ce n'était pas le jeu approprié en l'occurence. Il me fallait trouver un amusement plus conséquent. Hors de question de la violer, elle n'était pas mon genre. Et quand bien même, je ne réagis jamais ainsi, jamais comme un sauvage. Je cherchais toujours une certaine subtilité dans mes meurtres, aussi atroces furent-ils. Quelque chose attira mon attention dans ma vision périphérique. Je tournais légèrement la tête, ce qui m'obligea à me faire distancer. Une fillette. Portant une jupe trop grande pour elle, qui tombait d'une épaule, étriquée au niveau des jambes. Une marguerite dessinée décorait le devant de son vêtement. Des couettes blondes coulaient sur sa tête. Je lui souris. Elle réprima un mouvement de recul. Je tendis la main. Ce geste avait quelque chose d'hypnotique envers les enfants. Car, même en de si cruelles circonstances, elle jaugea ma main avec un mélange de crainte et de curiosité. Je fis quelques pas dans sa direction, la main toujours tendue, fendu d'un large sourire. Voilà comment je pourrais appâter cette femme importune. Elle et moi franchirent quelques mètres chacun de notre côté avant de se retrouver l'un en face de l'autre, moi penché vers elle.

« Elle est mignonne hein? », soufflai-je pernicieusement.

Je tournai le visage vers la femme aux allures de guerrière, alors que ma main aux doigts fins et pointus se refermait délicatement sur le poignet fragile de la fillette. Celle-ci pensait sans doute qu'elle était hors de danger pendant que je ne la regardais ou que mon geste était inconscient, ou alors qu'elle pouvait avoir confiance en moi, car, si j'avais voulu lui faire du mal, je l'aurais fait depuis longtemps. Au fond de moi, je savourai la bravoure qu'elle démontrait d'être restée ici malgré le carnage.

« Dis-moi, petite, tu n'as pas peur? Tu trouves que l'arbre est joli? », continuai-je, toujours en essayant de capter l'attention de l'autre.

Cependant, il fallait toujours qu'un hurluberlu trouble mes projets. Une cavalcade de bottes retentit dans la rue la plus proche, sur le côté, et une troupe de miliciens apparut en brandissant leurs armes. Leur sergent s'avança vers moi en tendant sa lame, téméraire au possible – ou complètement idiot, et me somma de lâcher la petite fille, sans quoi, j'allais au devant de problèmes avec la justice. Je haussai les épaules.

« Votre justice, je n'en ai cure. Allez voir ailleurs si j'y suis, ça vous fera les jambes. »

Je tirai alors l'enfant vers moi, contre mon buste, et la portai dans mes bras, les mettant tous au défi de s'approcher. Ça se jouerait à couteaux tirés maintenant. De plus, je me demandais vraiment à quoi ressemblait leur justice quand ils se retrouvaient quelqu'un qui disposait d'un otage. Je jetai un bref coup d'oeil à droite puis à gauche, en cherchant une issue. Au pire, je me jetais dans le tas sans me soucier de l'état dans lequel je retrouverais la fillette. Après tout, son sort ne m'intéressait que peu. Elle n'était que l'appât de ma proie et le répulsif contre mes prédateurs.
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