Une lueur obscure brilla dans ses yeux un court instant. Quand il posa de nouveau les yeux sur moi, son expression semblait s'être éclaircie. Je ne comprenais pas vraiment ce qui le faisait hésité alors qu'il m'annonçait :

« Je t'y conduirais sans aucun soucis... Mais, comment puis-je savoir que je peux te faire confiance ? »

Comment ? Comment pouvais-je lui prouver la vérité de mes dires ? J'aurais tant aimé pouvoir exprimer les pensées ainsi, sans retenus. Il aurait peut-être compris. Mais la seule chose que je pouvais lui répondre était le silence. Il apparaissait maintenant que j'étais cloué ici où rien ne pourrait plus jamais me sauver de la colère d'Arphoss. Rien que cette pensée me remplit de peur. Non ! Je ne voulais pas retourner dans cet endroit. Malgré tout mon désespoir, je redécouvrais maintenant que cette issue était surement la seule pour moi. J'avais eu tort de croire que je pouvais lui échappé. J'avais eu tort de croire que je pouvais être libre. J'avais eu tort d'espérer. L'espoir est si vain, si prompt à disparaître, ne laissant à sa place que des corps vides effrayés par leurs actes. J'étais perdu. La mort de l'un de ses plus puissants serviteurs n'allait qu'aiguiser la colère du Seigneur des démons. La chance que j'avais eu n'était qu'un rêve qui n'avait visiblement aucune chance de se réaliser. Le soupir de l'ange me ramena à la réalité. Une faille venait de s'ouvrir. Contrairement à celles que j'avais toujours vu précédemment, celle-ci menait à de la joie, au bonheur. J'en avais la plus intime sensation. Tout allait s'arranger. J'étais sauvé. L'ange se plaça devant elle comme pour en interdire le passage mais au lieu de cela, il se tourna vers moi et m'invita de la main. J'étais accepté. J'avais toujours rêvé de voir cet endroit, tout comme j'avais toujours rêvé d'échapper à Arphoss. Les deux étaient en passe de se réaliser. L'ange me conseilla :

-Ne me quitte pas une seule seconde je te ramènerais à ta famille mais, en attendant ne me quitte pas une seconde.

Il se mit à sourire. Son sourire rencontra le mien en retour. Je courus presque comme pour empêche ce rêve de se dissiper. Je saisis la main de l'inconnu et la serra contre moi. Nous allions enfin y aller. Nous allions entrer dans cet endroit. Je fis un pas et...

Tout semblait lumineux, joyeux, flou. Je me sentais élevé vers les cieux. Cette faille était différente de celles que j'avais traversé jusque là. Du blanc. Je quittais le gris monotone pour entrer dans le blanc. J'aurais presque ressenti le noir qui se trouvait tout en bas si je n'avais pas été si concentré sur mes sensations. Le coup me prit par surprise. Il me semblait de j'implosais littéralement. Je me resserrais d'autant plus sur mon unique attache, la main de l'ange. Étrangement ça ne m'était pas inconnu. Étrangement cela me rappelait quelque chose. Quelque chose de lointain, de si lointain.

« Néro, entre dans la faille. »

Je lui obéis. Je ne veux pas. Où est maman ? Où est papa ? Je suis tout seul. Je ne veux pas avancer. Je ne peux m'en empêcher. J'ai peur...

Je tombe. Je sombre. Je coule. Une infinie noirceur. J'ai peur. Je veux partir. Pitié. Je veux m'en aller. Ma tête. J'ai l'impression qu'elle implose. Je continue. Je veux reculer. Je ne peux pas. Il m'en empêche... Aidez-moi...

C'est bon... Nous sommes déjà sortis. J'ai enfoncé mes ongles dans a peau de l'ange pour me pas tomber. Je saigne. Je saigne de partout. Pourtant la douleur s'apaise. Où suis-je ? Tout est blanc. La température est idéal. Que c'est beau. Est-ce donc ça, Adiryl ?

HRP:

Je retirai mes mains de celle de l'ange. Je n'avai jamais vu d'endroit pareil. Tout était si blanc, si calme, si apaisant. J'hésitais un moment à sauter dans la neige pour m'amuser mais je me retins. Je sentais que cette action ne serait pas appropriée à l'endroit. Je ne voulais pas mettre mon sauveur mal à l'aise. Je devais me comporter parfaitement bien pour lui faire honneur. Je m'en fis la promesse. Je vis un sortir passer sur ses lèvres. Lui aussi était heureux. Rien que cette pensée suffisait à me remplir de joie. Il m'annonça alors :

-Voilà nous sommes en sécurité tu ne craint plus rien ici !

Cette sensation de complétude et de perfection tranquille me rappellait quelque chose, quelque chose du plus profond de mes pensée.


Maman était là, devant moi. Elle me regardait avec l'air sévère qu'elle arborait toujours pour parler des choses sérieuses. Derrière elle, mamie préparait à manger dans la marmite Je sentais que maman me parlait d'histoires importantes mais je n'avais vraiment pas envie de l'écouter. J'avais seulement envie d'aller jouer. Il devait surement m'attendre. Mon regard s'égara vers l'extérieur. J'essayais de visualiser le ruisseau même si je savais pertinemment que ça ne m'avancerait à rien. Je soupirais.

« Kaelys'Faerln, tu m'écoutes ? me demanda maman avec rigueur.
- Maman, s'il te plaît, laisse-moi partir ! Papa m'a promis qu'il m'amènerait pêcher aujourd'hui. » répliquai-je.

Les lèvre de mamie se plièrent en une grimace soucieuse alors qu'elle chuchotait « L'arriviste. » C'était le nom que tout le monde au village donnait à papa. Mamie relèva la tête et se mit à s'exclamer vers maman : « Si tu veux mon avis, celui-là on devrait le chasser du village. Il n'a rien à faire là, ce n'est pas un Tael'Ness, pas un élus des an...
- Maman ! s'indigna Maman en coupant mamie. Comment oses-tu dire ça ? Et de devant le petit en plus ! Tais-toi, je ne veux plus t'entendre. Viens Kael, allons trouver un endroit plus calme. »

Elle me prit par la main et nous nous éloignâmes de chez mamie, et pendant ce temps elle me ré-expliqua ce qu'elle me disait avant lorsque je n'écoutait pas :

« Ce que je veux dire Kael, c'est que tu possède un pouvoir plus puissant et plus destructeur que les autres : l'Œil du Cyclone. L'ancêtre même l'avait et c'est ce qui l'a décidé à annoncer que les Tael'Ness ne s'élèveraient pas avec les autre haut-elfes mais continueraient leur tâche de protection de Feleth, pour que les démons ne l'emportent jamais. Le Doyen du village te l'a remis lorsque tu n'était que bébé et cette capacité entraine des restri...
– Papa ! »

Sans l'écouter d'avantage, je m'élança vers papa qui m'attendait près de la rivière. Maman soupira, amusée.


Je rouvris les yeux avec un sourire. Je redécouvrais un lambeau de mon passé. Je regardai mes mains, m'attendant à avoir quelque chose de changé. Moi un grand pouvoir ? Quelle blague ! Je me mis à rire doucement avec joie. Je sentis mon sauveur tendu et levai les yeux vers lui. Il contemplait au loin. Je tournais la tête. Des personnes avançaient vers nous. Étaient-ils dangereux ? Pourquoi s'inquiétait-il ? Son étonnement crut. Que se passait-il ? Les anges en armures nous encerclèrent, méchamment. J'avais peur. Que pouvait-il bien se passer. Pourquoi agissaient-ils ainsi. Aidez-moi. Un soldat parla :

-Empereur Meydissdon vous êtes en états d'arrestation pour avoir emmener un démon sur les terre d'Adiryl !

Quoi ? La personne qui m'accompagnait était un criminel ? Je ne comprenais pas. Pourquoi m'avait-il sauvé alors ? Que prévoyait-il de me faire ? Était-ce un allié d'Arphoss en réalité ? Dans ce cas, pourquoi m'avoir sauvé ? Était-ce réellement lui le méchant ? J'étais horrifié de ces révélations. Il devait y avoir un erreur quelque part. Ce ne pouvait être vrai. Lui aussi semblait inquiet. Lui aussi ne savait pas. Il se laissa attraper, baissant la tête. Alors c'était vrai. Il était réellement ce dont on l'accusait ? Il posa ses yeux vers moi, songeur. Je ne savais plus. Tout paraissait flou. Que croire ? Qui disait vrai ? Mais ses yeux toujours profonds posé sur moi. Non. Il était innocent. Je devais faire quelque chose.


Tout était sombre. J'avais si mal la tête. Nous étions dans un couloir couver de mosaïque effrayantes. Je reculais. Celle-là avait bougé. C'est le démon il m'avait emmené dans le Vein, je ne pouvais rien. Pourquoi étais-je si impuissant ? Et maman, Maman était morte. Il l'avait tué, sous mes yeux. Je voulais me libérer. Je tendis mes muscles.

« Néro, avance. » siffla le démon.

Cela barra toutes mes résistance et j ne pus empêcher mes pieds d'avancer. Je les sentais avides. Cette pensée me dégouta. Je devais bien pouvoir faire quelque chose pour m'enfuir. Je posais ma tête entre mes main. Je sentis un tiraillement dans mon œil gauche. Mon œil ! Maman m'avait un jour parlé d'un pouvoir puissant et destructeur qui y était affilié. C'est ce qu'il me fallait. Je me concentra dessus et alors ...
Je sus ce que je devais faire.
Mon œil devint d'un blanc agité, tel un cyclone qui se déploie sur des terres apaisées. Un brise m'entoura, frôlant mes bras. Puis peu à peu, son énergie s'amplifia, faisant bouffer mes vêtements. Je sentis un brisement... et je fus l'œil de la tornade qui m'entourait. Les soldats se reculèrent apeuré, se maintenant au sol de toute leurs force alors que le vent cherchait à les décrocher. Alors que le monde cédait, tout s'arrêta. "Comme avant" me chuchota une réminiscence de mon passé.

Je me sentais déchiré, on eut dit mon esprit cherchait à déchirer mon corps pour pouvoir en sortir. Il griffait les bords de mon esprit pour se frayer un chemin. Il s'enfuit, ne laissant qu'un démon que tout le monde pouvait voir, face à une armée de soldats terrifiés. J'avais l'impression qu'on m'avait arraché un partie de moi-même, ainsi que tous mes souvenirs. Il ne restait que cette soif de mort qui s'emparait de moi, menaçant de vouloir tout détruire. Je déploya ma magie, je fus ma magie. Des nuages noirs semblaient sortir de mon ventre pour se répandre sur ma peau de maculant d'une couleur aussi obscure que la nuit même celui d'un immense typhon déferlant sur ses proies. On pouvait voir à travers mon corps noir. On sentait mon déchirement. On souffrait ma douleur par des épines s'enfonçant en vous. Mourez-tous ! La nuit redevint calme. Du démon il ne restait rien. La neige était blanche, égale. Rien n'indiquait de la menace qui avait manqué de se jouer ici. Seuls restaient quelques soldats, traumatisés, et un empereur désormais sans trône. Néro avait disparu, sans doute consumé par sa propre essence.