Le sol sous les pieds nus de Samaël changeait au fur et à mesure que le petit groupe s’avançait dans la grande cité de Madorass.
Tout d’abord les nuages s’étaient dissipés et le soleil avait refait surface, chauffant la terre, faisant sécher la boue et rendant certains pavés de pierres brulant sous la plante des pieds de notre bâtard. Puis au fur et à mesure de leur progression dans les ruelles sales et bruyantes de la grande capitale, la nature du sol en lui-même avait changé, devenant plus mou, plus sablonneux, jusqu'à n’être au final plus composé que de sable.
C’était le signe de leur approche de l’Arène, sans oublier les cris et le brouhaha de plus en plus envahissant.
Puis au détour d’un bloc de vielles bâtisses de pierre, de bois et de torchis, l’imposante architecture de ce lieu de violence gratuite s’imposa à eux, les surmontant de ses gigantesques et imposants murs de pierres, s’élevant à des hauteurs leur donnant le torticolis, et aussi le vertige accessoirement.

Après l’épisode doublement mystérieux de la grange (l’agression et la manifestation lumineuse de Samaël), leur compagne elfe leur exposèrent dans quel pétrin elle se trouvait et demanda leur aide. Suite à une longue et intense réflexion entre notre héros et son compagnon qui se résuma au regard de deux merlans frits face à face sur une grille de Barbecue, les deux amis décidèrent de l’assister dans sa quête et de la suivre jusqu'à l’Arène.
Bien qu’ignorant le pourquoi de se rapprochement de ce lieu de barbarie, Maverdave et Samaël n’en restèrent pas moins sur leurs gardes. Apparemment quelqu’un en voulait à cette jeune demoiselle et le fait d’être en sa compagnie ne vous garantissez pas une sécurité des plus recommandée.

Les trois compères arrivèrent à l’Arène au niveau de sa porte d’entrée principale, sur une grande place.
La place était ronde, avec en son centre un espèce d’obélisque rendant hommage à tout les grands guerriers de l’Arène. Les maisons en périphérie de cette place étaient toute pourvues d’échoppes et autre magasins à leur rez-de-chaussée, dont les étales empiétaient sur la place. Face à toutes ces bâtisses d’environ deux étages (guère plus) se dressait l’Arène. Imposante, colossale, mastodonte de pierre. Sa maçonnerie très peu travaillée et assez brute lui donnait de surcroit un aspect agressif et inquiétant. Elle semblait pouvoir résister à n’importe quel siège, et bien plus solide que les murailles de la cité elles même.
En plein milieu de cet imposant édifice, un trou gigantesque englobé une porte toute aussi gigantesque (bah oui en général les portes sont aussi grandes que les ouvertures ! Encore que je connaissais un homme qui avait conçus des portes pour ses entrées plus grandes que ces dernières. Comme ça on croyait faire la bonne taille et en ouvrant le panneau de bois on se retrouvait face à un trou dans le mur tout petit. Mais ceci est une autre histoire comme dirait l’autre alors retournons à cette porte gigantesque !)
Taillée dans un bois sombre, et recouverte de ferronneries aux arabesques tordues et torturées, la porte faisant aisément dans la dizaine de mètres de haut. Elle était encore plus inquiétante que le bâtiment en lui-même. Si si, manifestement c’était possible.
La place était recouverte de sable, mais on sentait bien sous cette couche un vrai fond plus dur. En réalité ce lieu était entièrement pavé, mais les cargaisons apportant du sable à longueur de journée possédant une étanchéité à débattre on rapidement finit par recouvrir non seulement cette place mais toute une partie de la ville de leur sable tout frai rapporté des plages des différentes cités portuaires du royaume.

La toute petite bande (est considéré comme « bande » par le ministère de la guerre et de la défense de la cité de Madorass, un regroupement d’êtres vivants plus ou moins intelligents regroupant un minimum de 10 individus, d’où l’emploi ici très justifié de l’adjectif « toute petite »), donc la petite bande se posa à l’ombre et à l’écart de la foule dans un petit retranchement de bâtiment.

Tout trois étaient agités. L’elfe semblait perdu dans ses pensées, jouant avec la corde de son arc et fixant intensément le sol, une expression troublée sur le visage. Maverdave et Samaël quand à eux avaient clairement remarqué la dizaine d’hommes les suivant, tentant de se mêler à la foule, et ce depuis deux ou trois quartiers. Ils leur apparaissaient très clairement que l’être qui recherchait leur compagne était puissant et riche, et était capable de s’offrir les services d’une véritable armée de mercenaires.
Ils restèrent ainsi assis dans l’ombre une dizaine de minutes sans que personne ne pipe mot, même si Maverdave c’était empressé de piper sa pipe.

Samaël n’aimait pas le silence, ou plutôt que dans certaines conditions (qui, pour des raisons de bienséance et dans la volonté de garder la santé mentale des lecteurs intacte, nous n’évoqueront pas ici). Il s’apprêtait à priser ce silence quand l’elfe se leva avec une grande vivacité et se mit en direction de la porte de l’Arène. Les deux compères la regardèrent hébétés, puis se regardèrent surpris et se levèrent rapidement pour lui coller aux talons.

Jetant un regard par-dessus son épaule Samaël repéra les suiveurs qui … Les suivaient de près, toujours et fut tenté de leur jeter bien autre chose que des regards.

Le trio se rapprochait de la porte et l’elfe, en tête, ne se gênait pas pour bousculer les gens, se frayant avec empressement un passage vers l’Arène.
Les deux amis la suivaient de près, et ils rentrèrent dans l’immense bâtiment lorsqu’une idée frappa l’esprit de Samaël :
Il ignorait totalement l’identité de leur amie !

Rattrapant la longue oreille, l’attrapant par les épaules, Samaël l’entraina violement à l’écart, dans une des nombreuses coursives secondaires de l’arène.
Une fois à l’écart, il regarda l’elfe d’un œil sévère et lui dit :

- « Il m’est soudainement apparus que l’on n’avait pas fait connaissance. Non pas que je tienne à savoir absolument qui vous êtes mademoiselle l’elfe mais j’apprécie toujours de savoir quel nom crier s’il m’arrive d’être un peu empêtré dans un combat. Mais aussi de savoir qui mon frère Samarcande aura le plaisir d’étriper si jamais vous essayez de nous faire faux bon ou un quelconque autre coup foireux.
Pour ma part je me présente, Samaël Amarth, Demi-Démon, demi-Séraphin ; et mes deux frères sont Samanum et Samarcande. Mais vous aurez surement le temps de faire connaissance avec eux une autre fois.
Ah et pendant que j’y suis : Qu’allons foutre dieu faire dans cette Arène ? »