Il y a peu de gens qui se posent la question de comment est faite une forge, ne se contentant que des clichés et des images qu’ils pensent connaître pour se donner une idée de la chose. Pourtant, elles peuvent être bien différentes suivant les lieux où vous vous trouvez, on peut ainsi en trouver à l’intérieur comme à l’extérieur d’un bâtiment, mais inutile d’aller plus loin et voyons dans quel monde vit Thaiden la plupart du temps à vrai dire. Le premier regard se porte sur une fenêtre, assez haute, comptez environ six pieds de haut. Derrière un râtelier y est accroché, présentant quelques armes de factures moyennes pour la plupart, sauf peut-être la dague dont la lame en plein jour brille de mille feux, alors qu’elle reflète l’éclat blanc et froid de la lune une fois la nuit tombée. En rentrant dans ce qui semble être la boutique, un nez aguerri pourrait facilement reconnaitre l’odeur du cuir des fourreaux qui pendent derrière ce qui sert de comptoir à première vue. Ou bien, à une odeur de métal. Le comptoir quant à lui, n’est qu’un simple meuble en bois sur lequel est reposé un livre de compte dont la reliure de cuir et les pages semblent avoir déjà vécus. A son côté, un encrier et une plume d’oie finement taillée. En balayant la salle du regard, vous ne trouverez pas grand-chose, si ce n’est des armes bien évidemment, allant de la simple épée à la rapière finement ouvragée. Au fond de cette boutique, un escalier en bois en colimaçon semble atteindre les étages, qui a-t-il en haut ? C’est une question que vous pourriez vous poser. Thaiden en descendait justement à ce moment-là, s’approchant du livre et commença à feuilleter les dernières pages.

- Hmh… Je vois.

Après avoir refermé le livre de compte, il prit congé de la pièce, ouvrant une lourde porte coulissante, avant d’entrer dans l’antre, dans la forge. Présentée comme une pièce assez longue, l’arrangement des meubles et des outils semble lui donner un petit côté ovale, arrondie dans les coins, entourée de fenêtres assombries par les cendres mais, permettant une bonne visibilité tout de même. De chaque côté en avançant, on y trouve plusieurs coffres, contenant les différents minerais trouvables dans le royaume en quantité suffisante pour certaines, légère pour d’autres. Plus loin, une meule semble chercher à faire sa place parmi les râteliers d’armes et d’outils. Dans un bac non loin, ressort des lames pliées, parfois brisées, pour la plupart des ratées laissées en plan pour l’instant, elles seront refondues probablement plus tard. S’approchant de l’énorme soufflet, Thaiden l’actionna de son bras plusieurs fois, ravivant les braises et la chaleur de la forge qu’il avait laissée seule il y avait quelques heures. Le reflet des flammes semblant briller dans ses yeux. Puis il s’approcha de la fonderie, cette dernière ne s’éteignait jamais, plusieurs conduits y étaient rattachés, avec chacun sa propre cheminée, donnant à cette fonderie un aspect animal tentaculaire se retenant au toit. Thaiden y plaça quelques morceaux d’aciers blancs avant de ranger quelques éléments de la pièce pour se donner un peu de places.

- J’espère qu’ils ont donné une représentation de l’emblème de leur famille…

Seul effectivement, il lui arrivait de parler à voix haute, après tout, qui pouvait l’écouter ? Personne et nous sommes libres d’agir comme bon nous semble et puis il s'en moquait si les gens le prendraient pour un fou. Apercevant une feuille pliée sous une série de hampe de lance, il tira dessus et l’ouvrit, voilà ce qu’il cherchait, Islan avait dû le lui préparer avant de rentrer chez lui. Le symbole était des plus simples, arborant une rune en forme de E retenue par un bouclier et deux petites épées croisées. Il lui faudra tout de même quelques heures et un peu plus de précisions que d’habitude pour réaliser ce genre de motif correctement, en attendant il fallait confectionner les têtes de lances avant tout. La lance, une arme d’hast dotée d’une hampe en bois et, pour certaines d'entre elles, d'un talon métallique qui servait en général à équilibrer l'arme tenue en main et à la planter dans le sol. C’est ainsi qu’il procéda, après avoir fait fondre et couler le métal dans une surfaces pierreuse, tel un moule donnant naissance à la forme de la tête de lance. Après quoi, il les retravailla une à une à la main, leur faisant quitter leurs aspects grotesques, les rendant plus fines, pointues et légèrement tranchantes. Tel un orchestre symphonique, les sons se répercutant dans la pièce, Thaiden travaillait son œuvre, menant la musique de ses marteaux, des meubles ou encore du soufflet. Islan ne passera probablement pas aujourd’hui, Thaiden sera donc seul à gérer la boutique et la forge. Cela ne le dérangeait pas, lui qui aimait cette vie de solitaire. Avec la chaleur de la forge, il quitta rapidement sa veste de cuir qui pourtant était déjà entrouverte, laissant apparaitre à la lueur des flammes le tatouage et ses muscles saillants. Puis après en avoir fini de monter les lances, retira enfin les épais gants de cuirs. Thaiden s’éloigna alors, tenant les deux lances dans sa main droite, sa main gauche gardant un petit marteau et un outil de métal noir servant à graver. Puis il s'installa sur un banc à califourchon, posant les lances sur la table à côté, les têtes de lances devant ses yeux, le motif de l’emblème familial non loin. Un travail minutieux, il fallait prendre son temps, le rater et la lance était entièrement à refaire. Le jour commença à se lever doucement, cela lui offrit une meilleure visibilité et ainsi, lentement, il commença à graver, une oreille à l'écoute au cas où un possible client franchirait la porte de la boutique...