Les montagnes de Feleth… Relief exquis de monts et glaciers, où l’air rafraîchissant vous fouette le visage d’une vigueur réfrigérante. La diversité du paysage a fait s’y perdre de nombreux aventuriers, si ils n’ont pas succombé sous les coups d’horribles créatures sauvages. Explorons donc de plus prêt les paisibles vallées, où coule un immense fleuve qui semble s’étirer vers l’océan azur. L’océan, au loin, qui tel un miroir reflète les rayons timides du soleil qui s’étend au delà de l’horizon, troublé par un léger filet de pluie. C’était une matinée étrange ; celle qui semble accompagner le deuil du printemps. L'astre du jour se cachait derrière les massifs montagneux, et chacun de ses bras lumineux se perdaient dans les nuages émus qui pleuraient doucement sur le sol mât et les arbres nus. Rien ne semblait pouvoir perturber la quiétude apaisante du paysage, pareil à une scène d’ouverture d’un bal où les oiseaux nous démontraient leur talent d’acrobate.
Tout à coup, un tintement assourdissant s’éleva des entrailles de montagnes, effrayant rongeurs et volatiles.
Etait-ce le glas de la terre ? La chute éminente des massifs ?
Ecoutez attentivement, vous percevrez cet atroce requiem. Là ! Une grotte, la source de cette étrange mélodie. Oseriez vous vous aventurer dans cette effrayante caverne, dont les ténèbres semblent abritées un grands nombres d’immondices ? Eux, ils n’ont pas hésité la moindre seconde.




« - PLUS VITE, BANDE DE FEIGNANTS ! » hurla une voix stridente. Gubblewix, du haut de son un mètre, vociférait des ordres à une vingtaine d’ouvriers, orcs, humains et même des ogres. Le tintement des pioches sur les parois de la grotte résonnait dans les entrailles des sous-sols, si bien que l’on pouvait entendre l’orchestre de la surface. L’orc pygmée ne pouvait contenir son agacement, si bien que chacun de ses ordres était ponctué d’un rictus d’impatience. L’atmosphère était tendue, et quiconque oserait broncher s’attirerait les foudres du prince marchand.

« - Ça fait à peine trois heures qu’on est là et il nous fais chier … » grogna un humain à son camarade de besogne.
« - QUI A DIT ÇA ? beugla le pygmée à la peau-verte. QUI A DIT ÇA ?
Le voisin du grognon, apeuré pointa du doigt le commanditaire, qui le dévisagea avec un étonnement mêlé de dégout. Gubblewix, s’approcha vers lui, tout en hâte, vociférant des paroles incompréhensibles, mais tous savaient que le malheureux aller passer un mauvais quart d’heure. Le prince marchand sortit de sa besace un petit bout de bois. L’effroi qui s’affichait sur le visage de sa cible semblait disproportionné en comparaison de l’arme que l’orc avait en main. Le jeune Seedleback lui frappa violement le crâne à plusieurs reprises, ponctuant chacun de ses gestes par de violentes menaces :

« - PREMIER AVETISSEMENT ! AU BOUT DE TROIS, JE CALCINERAI LE MOINDRE DE TES OS , aboya t-il tout en pointa l’humain de sa petite baguette. PAS DE RATION POUR TOI CE SOIR ! CA T’ENDURCICERA, PAUVRE NAZE ! »

Gubblewix fulminait ; sa colère faisait battre chacune de ses veines, sa peau verte avait pris une teinte écarlate, et les ouvriers savaient que si quelqu’un lui adressait la parole maintenant, il serait réduit en cendre par sa baguette crache-feu.

La colère, ce brasier ardent qui consume vos tripes et allume votre esprit. Attisez donc son feu, et vous périrez dans les flammes infinies des maux psychiques et physiques. La colère, se brasier ardent qui réduit, petit à petit, votre calme et votre bienveillance en cendre, pour n’y laisser que blasphèmes aiguisés, capable de crever votre cœur, qui dès lors, saigne et pleure. L’irritation fait place à la compréhension, la violence à la patience et dans cette agressivité naissante, on se laisse facilement emporter.
On peut être étonné parfois de l’impact physique que cette rage à sur la physionomie des êtres vivants. Surtout quand celui-ci mesure un mètre de haut, méprise toute forme de vie autre que la sienne, et possède une estime de lui-même aussi haute que les cieux.
Tempes battantes, mâchoire serrée, figure écarlate et lèvres pincées. La trogne de Gubblewix avait tout d’un personnage de tragi-comédie.
Son attention fixée sur ses larbins, il n’avait pas perçu l’approche d’un vagabond au alentour du chantier. Le dos tourné, il sursauta lorsque le personnage errant s’adressa à lui.

« - NON MAIS CA VA PAS ?! hurla l’irritable orc. MON CŒUR A FAILLI SORTIR DE MA POITRINE. »

Et c’était reparti pour le flot de jurons, de paroles incompréhensibles et de mouvements de bras rythmé par la rage, ce sentiment qui comprimait petit à petit l’air de la grotte d’une chaleur étouffante. Le pygmée peau-verte était devenu une flamme humaine … littéralement. Le gobelin, dans son excès de colère, ne s’était pas rendu compte que le bas de sa cape avait pris feu. Du fait de ses gestes incontrôlés, la baguette, toujours présente dans sa main droite avait déversé un flot de flamme qui s’était répandu mollement sur le sol, et remontait petit à petit le long du veston de l’orc. Quand celui-ci s’en aperçut, il se mit à courir dans tous les sens, affolé et vilipendant tous ces misérables incapables qui le regardait défiler de droite à gauche, le feu aux miches.

« - ETEIGNEZ ÇA, BANDE D’IDIOTS ! VIIIIIIITE »

Un énorme ogre attrapa une sorte de carapace de tortue, et la pointa droit sur le prince marchand. De son extrémité jaillit un énorme jet d’eau qui percuta le cul du nain vert, qui vacilla et s’étala au sol. Silence gênant. Plus personne n’osait bouger. Une tension palpable s’était installée dans la grotte. Le jeune Seedleback se releva lentement, défiant du regard quiconque oserait pouffer. Un petit ricanement s’éleva de l’assemblé. Tous les visages se retournèrent vers la source ; c’était l’homme grognon de tout à l’heure qui, sentant tous les regards peser sur ces épaules, déglutit craintivement.
« - Je… Je … » bégaya t il, cherchant une explication
« - Tu … Tu … DEGAGES AVANT QUE JE TE TRANSFORME EN POUSSIERE ! QUE JE TRANSFORME CHAQUE PARTICULE DE TON ETRE A NEANT ! » vociféra t il , gorge déployée. C’est une chose rare de voir un tel flux de décibels sortir d’un si minuscule être. Les ondes sonores se répercutaient dans toute la grotte, si bien que personne n’entendit les cris sauvages, au plus profond des entrailles rocheuses et ténébreuses. L’homme n’y réfléchit pas à deux fois. Il ne prit même pas la peine de rassembler ses affaires et détala hors de la grotte tel un lièvre pourchassé par une meute de loup. Gubblewix se tenait là, fulminant, trempé, la mâchoire et les poings serrés, prêt à exploser. Sa figure écarlate était passer à un rouge vif, si ardent qu’on n’aurait pas pu dire qu’il était avant tout un peau-verte.
« - REPRENEZ LE TRAVAIL »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le tintement des pioches reprit de plus belle, le bruit saccadé de la roche s’effondrant au sol recommença son ennuyante mélodie. L’orc pygmée se retourna vers le vagabond, et lui adressa un sourire parfaitement hypocrite.

« - Une place vient de se libérer mon ami. Si tu veux manger et dormir ce soir, prend donc la pioche là-bas et fait comme les autres. Cette grotte est vide, pas besoin de protection.»

Le nain sortit un petit calepin de sa besace, et de l’autre une longue plume.
« - Quel est ton nom ? Je dois te répertorier, législation du travail oblige. » ajouta t il, un sourire machiavélique se dressant sur ses lèvres.

Nakor attendit la réponse à sa proposition quelques instants.

-«NON MAIS CA VA PAS ?! MON CŒUR A FAILLI SORTIR DE MA POITRINE.», hurla le petit homme, excité comme jamais, en se retournant. Il ne l’avait visiblement pas entendu approcher.

Tout en hurlant, il agitait le bâton court avec lequel il avait battu l’ouvrier. Au grand étonnement de Nakor, une giclée de feu en sortit, et alla s’écraser contre le sol, enflammant au passage l’étoffe dont était vêtu l’orc. Elle prit lentement, contrairement à ce que pensait Nakor, mais c’était sans doute lié à l’humidité ambiante.

-«ETEIGNEZ ÇA, BANDE D’IDIOTS ! VIIIIIIITE», réagit promptement le petit machin vert et braillant

Un des ouvriers de race ogre saisit rapidement une carapace à eau, et la dirigea vers la source de feu, c'est-à-dire, l’orc. Le jet éteignit le feu, et le projeta au sol. L’ouvrier qui avait déjà remarqué un peu plus tôt pouffa. Tout le monde se tourna vers lui.

-«Je… Je …» Il ne trouvait plus ses mots. La peur. Face à un tel engin magique, Nakor comprenait.
-«Tu … Tu … DEGAGES AVANT QUE JE TE TRANSFORME EN POUSSIERE ! QUE JE TRANSFORME CHAQUE PARTICULE DE TON ETRE A NEANT !», Cria l’orc, à la grande surprise de Nakor. Etant donné le personnage, il avait prévu une mort prompte pour l’homme tremblant. Lui aussi, apparemment, car il détala sans tarder.

-«REPRENEZ LE TRAVAIL», continua l’orc

Les ouvriers se précipitèrent vers les pioches et pelles, et reprirent leur travail. L’orc se tourna vers Nakor, qui commençait à se croire oublié.

-«Une place vient de se libérer mon ami. Si tu veux manger et dormir ce soir, prend donc la pioche là-bas et fait comme les autres. Cette grotte est vide, pas besoin de protection.»

Il sortit ensuite de sa sacoche une plume, et un support.

-«Quel est ton nom ? Je dois te répertorier, législation du travail oblige.», ajouta-t-il

Nakor savait très bien qu’une offre honnête n’est jamais ce qu’elle parait être, et était d’ailleurs bien placé pour le savoir.

-«Attendez, moi, je creuse pas! J’ai une tête à travailler ou quoi? Et puis, vous cherchez quoi, ici. Me prenez pas pour un con, on n’héberge pas n’importe qui gratuitement…», questionna-t-il avec méfiance

[excuse, là, je suis pas vraiment à fonc, et je pourrais pas répondre pendant deux semains, à cause des vacances...je reviendrais donc en pleinnnnnnnne forme!]