Journée de pluie dans les montagnes.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Tagada-tagada tagada-tagada...
Tagada-tagada tagada-tagada...

La monture continuait sans fatigue leur long et exténuant chemin, pour une promenade de 30 minutes, ils en étaient probablement à heure minimum. Pour ce qui est de cette heure, ils avaient probablement fait une bonne partie de la route, comme avoir au moins traversé Venill et ses vastes forêts. Il en étaient aux montagnes, qui probablement sera la plus petite partie, mais la plus dur et pas seulement pour nos deux héros.

Les chevaux commençaient à s'épuiser, ils avaient aussi décidés de trotter pour le reste de leur balade, s'arrêter entre temps pour s'abreuver, brouter et recommencer. La blondinette, qui était déjà fatiguée à leur départ, piquait maintenant du nez entre intervalles de cinq minutes. Elle avait engloutie ses dernières sources d'énergie : les fruits et ne tarderait pas à s'endormir sur l'animal. Secouée par les galops et trottinements du cheval, elle levait parfois le menton, jetant un petit regard au compagnon devant, le regard alourdi par ses paupières fatiguées.

Rien qu'un petit somme. Un tout petit...
SPLATCH !

Sous les talons du cheval, une énorme flaque d'eau éclaboussa la belle endormie, qui s'était évidemment réveillée en sursaut et probablement pour longtemps. Elle aurait pu appelé cela de la chance, puisqu'en ouvrant les yeux, une magnifique vue des chutes d'eau, des montagnes et de l'ensemble du paysage s'offrait à elle, en plus des étoiles scintillante qui illuminait ce ciel parsemé de tâches de l'espace. Ce n'était pas tout, il n'y avait pas que la vue qui était agréable, mais l'odeur ! Conifères, boisés, une merveilleuse petite odeur de froid taquinait les narines de la blondinette, qui elle n'était jamais venue dans ce coin de Feleth, à vrai dire elle n'avait pas vraiment visité Feleth, trop coincée dans sa petite map personnelle, à Madorass.

Malgré cette magnifique vue, les deux voyageurs s'étaient fait dérangés par un bruit louche, un grincement, des pas minutieux. Probablement parce que l'ordre du crépuscule étaient tous des nocturnes, si on s'en fiait à leur titre. Toutefois, ces hommes voilés par l'ombre ne dérangèrent pas longtemps Nephthys et Ars, qui s’engouffrèrent dans la première grotte la plus proche, une qui n'était pas trop petite, ni trop grande.

Aussitôt entrés dans la caverne humide, la jeune femme descendit de sa monture pour lui retirer sa selle et la laisser trotter plus loin, faisant pareil pour celle d'Ars une fois ce dernier descendu. Ces pauvres bêtes avaient besoin de liberté, puis qui dit monture dit fidélité. Une fois ces bêtes montées, elles étaient prêtes à revenir, à toujours vous suivre.

« C'est pas trop tôt... brr, il fait froid. »

Dit-elle en réprimant un bâillement et en se frottant les bras, frigorifiée. Prochain défi : trouver des peaux, de la nourriture, faire un feu et dormir !

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Le chemin avait été plus long que Dassyldroth l'avait prévu. Lui qui se rappelait avoir fait ce parcours en une demi-heure, il avait dû ralentir la cadence avec cette cavalière exténuée qui le suivait. Elle n'était visiblement pas d'humeur à galoper, ou peut être n'avait pas assez de forces. C'était sans doute ça, puisqu'elle avait eu une journée des plus mouvementées. Il n'était pas donné à tout le monde de se faire attaquer, se faire tuer, puis de ressusciter pour enfin devoir masser le dos craquelé et meurtri d'un démon, Dassyldroth pouvait bien lui accorder cela.

A quelques occasions, il prenait le temps de se retourner pour s'assurer qu'elle le suivait toujours. Il crut à un moment qu'elle était complètement tombée de selle, lorsqu'il entendit derrière lui un grand bruit de flaque. En se retournant il vit que, heureusement, ce n'était pas le cas, mais que sa monture avait tout simplement posé le sabot dans une étendue d'eau croupie assez large. C'était bien peu commode de maintenir la trajectoire de son cheval lorsqu'on piquait du nez. Allait-il devoir lui apprendre l'équitation aussi? Dassyldroth avait toujours préféré voyager à pied, mais maintenant qu'il n'était plus seul, et qu'il avait bel et bien des objectifs à accomplir, la rapidité était de rigueur.

Mais certainement pas tout de suite, vu leur rythme.

En chemin ils purent remarquer que plusieurs silhouettes encapuchonnées les surveillaient, les épiaient, bien cachés dans les conifères environnant. Ces hommes étaient de pitoyables bouffons qui se faisaient surnommer la Confrérie des Ombres. Un syndicat du crime presque entièrement composé de mortels qui portaient leur nom comme s'ils connaissaient quoi que ce soit aux ténèbres. En somme, ils ne représentaient dans l'immédiat qu'une menace minime, restait à savoir s'ils avaient l'intention, eux aussi, de leur payer une visite surprise.

Une fois arrivés à destination, Dassyldroth put descendre de son cheval et s'asseoir contre un rocher. Ils étaient au sec, mais il ne faisait pas plus chaud qu'à l'extérieur. C'était le genre de détails qui n'avait que trop peu d'intérêt pour le démon. Nephthys avait voulu changer d'endroit, ils avaient changé d'endroit, point.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Pour se réchauffer, Nephthys était allée se changer, là, au fond de la grotte, de ses vêtements maintenant sèches, avant de se recouvrir de la cape qui lui servait autrefois de robe, revenant auprès du démon pour voir s'il n'avait pas trouvé une solution de son côté.

« Je peux aller chercher le bois. »

Proposa-t-elle, motivée à faire n'importe quoi qui pourra la réchauffer pour cette nuit. Trouver quelque chose à manger, des feuillages pour dormir et se servir des capes des autres soldats pour se couvrir durant la nuit. Déjà ils devaient dépêcher, car à en voir le ciel, la pluie n'allait pas tarder à descendre jusqu'à eux et à refroidir d'avantage la grotte suffisamment humide.

« Vous n'avez pas froid, maître ? »

Questionna la belle, en fait elle était celle qui se plaignait le plus, le démon lui semblait n'en avoir rien à faire de tous les ennuis qui pouvaient bien lui tomber dessus.

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Assis contre un rocher, Dassyldroth tentait de se remémorer son dernier passage dans cette grotte. Il devait y avoir quelque chose comme 50 ans, un Béhémoth vivait dans ces collines. Etait-ce le frisson du danger qui l'avait attiré ici? C'était mal le connaître. En vérité, il avait découvert l'existence de cette bête par le fruit du hasard. Il se dirigeait vers des altitudes plus élevées lorsqu'une averse le prit par surprise dans les environs, ce qui le poussa à chercher refuge dans cette grotte, sans savoir qu'il s'agissait du territoire d'une telle créature. Il ne prit pas longtemps à cette bestiole pour découvrir qu'un intrus avait mis le pied chez elle, et il prit tout aussi peu de temps au démon pour occire le Béhémoth. Il garde d'ailleurs un bon souvenir de cette rencontre, puisqu'il avait découvert à cette occasion la solidité du cuir de Béhémoth, une fois tanné.

Ainsi perdu dans ses pensées, le démon avait à peine remarqué que Nephthys se proposait d'aller chercher du bois pour le feu. Une chance pour lui qu'elle se tenait droit devant lui, sinon il l'aurait sans doute complètement oubliée. Elle se souciait même de savoir s'il avait froid. A vrai dire, oui, la fatigue, le Skooma, l'humidité ainsi que le métal de son armure devaient sans doute donner à sa peau une température des plus basses, mais il avait appris avec le temps à négliger ce genre d'informations. Il ne risquait pas d'en mourir, alors à quoi bon s'intéresser au froid.

" Non, je n'ai pas froid. Reste ici petit ange, je m'en charge. "

En un mouvement ample, Dassyldroth se redressa, et sans se retourner, sortit de leur abri de fortune pour trouver du bois qui serait assez sec pour servir à entretenir un feu, et au vu du temps se dégradant, il allait devoir faire vite, autant dire que ce n'était pas gagné. Et pourtant, à son retour, lorsque le soleil s'était couché depuis bien longtemps, il revint à Nephthys avec suffisamment de bois sec pour tenir au moins jusqu'à ce que le soleil se lève. Sans attendre davantage ou s'étendre en conversation, il se mit à allumer un feu qui allait pouvoir les réchauffer tous les deux. Une fois ceci fait il sortit de sa sacoche plusieurs champignons et des plantes qu'il présenta à l'ange.

" Ces champignons protègent du froid, et ces tiges coupent la faim. Prends. "

Fleur Anesthésique ________________ ________________

La petite blonde eut le temps de trouver de quoi manger, elle s'était déshabillée pour aller chercher du poisson près des grandes chutes, là où le poisson, notamment le saumon devait se trouver, même la nuit ! Pour sur, elle l'avait fait parce Dassy n'était pas revenu et comme elle n'était pas l'incompétente qu'on croyait qu'elle était, elle avait cueillie des plantes botaniques, des fleurs, du poisson et d'autres ressources pour se nourrir au moins pour la soirée.

À son retour, les bras pleins et revêtue, comme Dassy ne revenait toujours pas, elle avait laissé ses trouvailles sur un rocher le temps du retour du démon, fouillant pour du feuillage pour la nuit en plus des capes des guerriers qui ont péri la journée même. Pour leurs prochains voyages, elle avait pensé chasser une ou plusieurs bêtes pour leur peaux et leur viande qui leurs serviront de couchette et de nourriture.

« Maître ! »

S'exclamait-elle, bien heureuse de le revoir - et ça ne faisait qu'une heure - tandis qu'il lui rapportait des plantes. La blondinette lui désignait la nourriture et les autres ressources pendant qu'elle plaçait le bois pour le feu.

« Nous avons de la nourriture, mais vous savez, nous pourrions peut-être aller chasser, demain pour des
peaux et d'autre viande. »

Ensuite, elle s'installait devant le bois pour fouiller dans les pierres et commencer à en frictionner deux afin de produire des étincelles, allumant un petit feu qui grossit sous un maigre souffle de la part de l'ange. Maintenant, comment elle avait envie de manger ce qu'elle avait cueillie en plus de ce qu'avait Dassyldroth.

« Pourrions-nous rajouter vos champignons et les tiges ? »

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C'était probablement la première fois de sa vie que quelqu'un manifestait sa joie de voir Dassyldroth. Ce phénomène lui était si inconnu qu'en réaction, le démon, ne sachant où se placer, se contenta de faire comme si de rien était, et de rester aussi stoïque qu'il avait l'habitude d'être. Voyant que l'ange avait occupé son temps à trouver, elle aussi, de la nourriture, il rangea les champignons secs et les tiges qu'ils avaient présentées à Nephthys dans sa besace. Ce n'était pas le genre de denrées que l'on mêlait à autre chose pour en faire un repas, mais plutôt le genre de ressources qu'il fallait garder en dernier recours. Le démon jeta un oeil à ce qu'avait ramené Nephthys: du poisson, des plantes davantage aromatiques que réellement nutritives, et des fleurs. Ce n'était pas un repas gastronomique, mais le poisson était bienvenu.

" Ces plantes donneront du goût, tout au plus, mais ces fleurs sont complètement inutiles, à moins que tu ne prévoies d'enterrer quelqu'un. Passes-moi ta dague, un poisson, et prends en un, il faut le vider, et l'écailler. Regardes."

Saisissant une des lames de l'ange, Dassyldroth s'écarta du feu à fin de ne pas mettre des viscères de saumon partout autour, puis commença à s'occuper du poisson. En premier lieu, il le tint fermement dans son poing, pour donner un coup sec au niveau des branchies, afin de se débarrasser de la tête. Ensuite, il pratiqua une incision rectiligne faisant toute la partie inférieure du saumon, puis, il inséra son index dans la fente qu'il venait de créer pour retirer à la main les tripes de l'animal.

" Ne le plantes pas trop profondément, tu ne veux pas que ce qu'il y avait dans les boyaux du poisson se répande dans la chair. "

Vint maintenant le moment d'écailler la bête. Toujours avec la dague, Dassyldroth se mit à frotter la lame contre le poisson dans le sens inverse aux écailles, et ces dernières tombaient d'elle même, peu à peu. Bien loin d'être un chef aubergiste, le Seigneur Démon avait su apprendre tout ce qu'impliquait la vie au grand air, et quelque part, il prenait un certain plaisir à préparer ses repas lui même, surtout lorsqu'il avait en main un être qui était vivant il y a peu. Cette pratique prenait un certain temps, et pendant qu'il écaillait le poisson, Dassyldroth répondit à Nephthys, qui proposait de consacrer la journée suivante à la chasse.

" Nous ne chasserons pas, demain, petit ange. Demain, je vais t'entraîner, tes dagues te serviront à égorger et à poignarder, pas à te battre face à un vrai combattant. "

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Toujours occupée à cuisiner, elle découpait le poisson pour ensuite le faire cuire, l'entourant d'une large feuille lisse, lui jetant entre temps des regards. S'entraîner ? A quoi ? Pourquoi ? Si elle se fiait à son dernier combat, l'entraînement était la bienvenue, surtout venant du roi des démons.

« M'entraîner ? Mais qui va chasser pendant ce temps ? »

Oui, elle avait conservé son idée d'aller chasser le jour suivant, mais comme elle devra s'entraîner, le démon ira peut-être chasser à sa place, lui au moins aura certainement de meilleures prises qu'elle. C'est donc lorsque le poisson fut cuit que Nephthys entendit un énorme coup de tonnerre, ce qui la fit bondir de peur, les nerfs maintenant à vif. Délaissant son poisson pour jeter un coup d'oeil nerveux à l'extérieur.

Mise à part une grosse pluie soudaine, des éclairs et des tonnerres, rien en vue. Ce n'était pas le plus grand danger, soit, mais cela avait toujours effrayé la pauvre ange, nul ne sait pourquoi, une réaction humaine sans doute. La blondinette s'était réfugiée plus au fond, loin de la pluie et des énormes tonnerres pour manger tranquille, de l'autre côté du feu.

« Nous allons dormir là, j'ai tout préparé. »

Dit-elle en pointant l'endroit pour appuyer sa phrase, le poisson sur les cuisses qu'elle mangeait à petites bouchées.

« Je suis épu... »

BAM ! Un autre horrible bruit du ciel surgit, ce qui fit tressaillir la pauvre, qui se rapprocha instinctivement du démon, le corps tremblant.

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Nephthys semblait définitivement préoccupée par la pitance du lendemain, puisqu'elle insistait sur cette histoire de chasse. Il aurait pu lui expliquer que dorénavant, il ne la laisserait se nourrir que si elle l'avait mérité, même s'il n'en était pas encore sur. A vrai dire, Dassyldroth se questionnait sur tant de choses à la fois qu'il perdait sans cesse le fil de ses pensées, le poussant à aboutir à des conclusions dépourvues de logique, du moins pour les autres. En même temps qu'il réfléchissait à cette menace, et s'il fallait la mettre à exécution ou la laisser en suspens afin qu'elle soit la plus efficace, il pensait aussi à l'entraînement de demain. Les seules armes qu'ils avaient à disposition étaient les deux dagues de l'ange, plus efficaces à éviscérer, égorger ou poignarder qu'à se battre réellement, et son sabre. Par élimination, il devrait donc l'entraîner en lui mettant son propre sabre dans les mains, une idée qui lui déplaisait hautement, sans trop savoir pourquoi.

" Oublie la chasse. "

Il avait maintenant fini de préparer son poisson, et l'embrocha à une tige de bois pour le faire cuire au dessus du feu que Nephthys avait réussi à allumer, cette fois-ci sans se blesser. Quelque part, elle faisait des progrès, reste à savoir s'il devait la congratuler pour le peu qu'elle apprenait, où lui rappeler à quel point ses améliorations étaient minimes. Encore une fois, exposé à un dilemme trop peu intéressant pour y consacrer quelque seconde supplémentaire, Dassyldroth émit un long et profond soupir. Au même moment, il vit l'ange sursauter lorsque l'orage se présenta à eux. Un coup de tonnerre inattendu ne manqua pas en effet de prendre Nephthys par surprise. Cette réaction digne d'un enfant confortait Dassyldroth dans l'idée qu'elle n'avait encore rien vu, et qu'il fallait garder les compliments pour plus tard.

Nephthys avait aussi improvisé un coin où ils pourraient dormir. En étant franc avec lui même, le démon ne pouvait nier qu'un brin de confort était toujours bienvenu, aussi sommaire pouvait être la couche. Un second éclair vint interrompre la complainte de l'ange, qui s'épuisait à déclarer sa fatigue, bien que celle-ci était évidente. Quelque part, il remerciait l'orage de lui épargner une énième jérémiade. En revanche, il avait bien remarqué qu'elle s'était rapprochée de lui. Il voyait cela d'un regard plutôt ironique, car la belle voulait se protéger de la nature en se rapprochant du démon.

" Tu ne devrais pas avoir peur de l'orage, plutôt de ce que je pourrais te faire. "

Lui dit-il en la cherchant du regard. C'était désormais son petit plaisir de rappeler à Nephthys qu'elle ne vivait que grâce à son humeur changeante et ses décisions aléatoires. Il avait en tête une pléthore de sévices qu'il pourrait lui infliger dans un futur plus ou moins proche, mais se demandait s'il ne valait mieux pas attendre qu'elle le déçoive réellement au lieu de la faire souffrir sans raison. Et si elle ne le décevait pas? Cette pensée angoissait Dassyldroth.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

La pauvre, apeurée de tous côtés, s'éloignait donc de Dassy, passant d'abord par là pour se prendre un peu de poisson et se nourrir. S'enfonçant ensuite dans un coin de la grotte où, là, elle s'installait confortablement, loin des deux principaux dangers. Le ventre à peine remplit, elle décidait de s'endormir, de toutes façons dormir après avoir mangé donnait toujours d'horribles cauchemars.

En fermant les yeux, un autre coup de tonnerre la fit sursauter en silence, elle était obstinée à dormir et sa fatigue avancée ne lui permettra pas de rester éveillée encore bien longtemps, tonnerre ou non. Pendant qu'elle réprimait un bâillement, mère nature frappa du tambour, ce qui la fit une fois de plus sursauter. À ce moment, elle levait les yeux vers le démon, horrifiée en voyant qu'il avait disparut. Où était-il passé ? Elle se leva en trombe et fouilla coins par coins, les yeux écarquillés.

« Dassyldroth ? ... Dassy... »

Puis un cri retentit. Un cri féminin, la demoiselle se jeta à la sortie pour voir sa mère, son père, torturés de toutes les manières possibles par le....LUI. Ce sans coeur... Nephthys, prise de courage, s'élança sur le type, mais aussi vite que le coup parti, elle reçu la gifle des griffes de l'homme. Ses parents, toujours souffrants le martyr, agonisaient au sol, son père avait la gorge tranchée et combattait la vie. Sa mère, elle, était attachée au sol par de nombreuses dagues plantées dans chacun de ses membres. L'étranger s'était penchée vers elle pour doucement planté une fine aiguille dans son oeil, jouer avec l'oculaire un moment pour en sortir l'organe et le jeter plus loin en riant. Les cris stridents de sa mère étaient horribles, elle souhaitait que cette dernière meurt, libérée de toutes souffrantes, mais en même temps elle n'avait pas envie de la perdre, pour ne pas souffrir seule. Elle se mit alors à pleurer, cependant ses larmes attirèrent ce meurtrier, qui l'attrapa par la gorge. Dassyldroth, elle voyait clairement son visage peinturé par la colère, il voulait la tuer, la torturer, lui faire subir toutes sortes de châtiment. Combien de fois lui avait-il dit de ne pas pleurer en sa présence ? Combien de fois ?

Elle sentit une lame la traverser, mais aucune douleur, en regardant ses mains, elle était rouges, mais il n'y avait pourtant aucun sang sur ses mains, elles étaient simplement devenue rouges, comme un démon tout droit sorti des enfers.

Tout droit des enfers....
Son visage et...
Dassyldroth, il...
Sa gorge... serrait...
Elle avait... noir...
...Mal... noir...
La grotte...

« Ars !! »

Hurla-t-elle en s'agitant, allongée au sol. Elle se palpa le ventre et levait les yeux vers le fond de la grotte, puis vers Dassy, qui se tenait là, devant le feu à quelques mètres d'elle. Les yeux ronds comme des billes, elle fixait son cruel maître, les larmes qui menaçaient de tomber. Papa, maman, elle avait envie de les voir, ils lui manquaient beaucoup, mais si elle fuyait, le phénomène qu'elle venait de vivre deviendrait probablement réalité. Plus calme, elle se tourna dans son lit, la nourriture, c'était pour ça tout ce drame, la nourriture...

« Non rien. »

Elle fermait les yeux à nouveau, dans l'espoir de vivre une plus douce situation.

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Cela faisait maintenant un certain temps que Dassyldroth s'était encombrée de Nephthys, et il n'avait toujours pas tenté de s'en débarrasser, pour une raison qui lui échappait. Certes, il avait été frappé à l'origine par la beauté de cet ange, mais si elle était certes somptueuse tant de visage que de corps, il avait vu plus beau, il avait vu des créatures féminines ravissantes au point d'en être parfaite. Nephthys, malgré tout, n'était pas parfaite, pas aux yeux du démon. Il n'avait pas réellement essayé de mettre des mots sur son ressenti à ce sujet, et n'avait pas besoin de le faire, il se comprenait autrement. Ce qu'il ne comprenait toujours pas, c'est que la beauté comme seule raison ne suffisait pas expliquer pourquoi, après bientôt deux jours et deux nuits, il n'avait pas passé l'ange par le fil de l'épée. En d'autres circonstances, cela serait sans doute arrivé bien plus vite. Là, pourtant, rien. Il n'en ressentait ni le besoin, ni l'envie. Et bien soit, elle vivrait. Ce n'était pas si grave, de toute manière, et si un jour l'image d'un ange brisé, mutilé, assistant à son propre dépeçage lui plaisait, il n'aurait qu'à s'exécuter.

La concernée s'était endormie. Allongée sur cette couche de fortune, elle avait fermé les yeux, le visage tourné vers le feu pour en ressentir pleinement la chaleur, qui à vrai dire se faisait rare dans cette caverne, de par la nuit, mais surtout à cause de l'humidité ambiante. Dassyldroth, lui, était encore éveillé. La fatigue qui l'avait prise les jours précédents se changeait peu à peu en épuisement, et bien que ça soit drôle à entendre, ce n'en est guère moins vrai, le Prince des Démons a parfois besoin de repos. Poussé dans les derniers retranchements de son mental, il était capable du pire. Non pas pour les autres seulement, mais pour lui aussi. Il s'était souvent vu comme un démon sain, en comparaison d'autres spécimens bien plus pervers et obscènes, mais ce qu'il voyait comme une qualité avait tendance à disparaître quand l'épuisement le prenait. A vrai dire, il avait terrorisé plus d'un satyre.

« Ars !! »

Soudain, Nephthys s'était mise à crier. Dassyldroth s'était perdu dans ses pensées, et elle l'avait fait revenir sur terre d'une manière assez soudaine; une manière surprenante aussi. Pour une raison qui lui était inconnue, l'ange avait hurlé non pas le prénom mais le nom de son maître. Ars. A quoi ce nom était-il bon? Il ne lui avait jamais servi, et ne se rappelait même pas l'avoir prononcé en présence de l'ange. C'était certes un détail trivial, mais le démon n'était pas connu pour accorder l'importance équivalente à chaque chose. L'ange, qui gesticulait et se palpait le ventre, s'était réveillée brutalement, et regardait maintenant Dassyldroth dans les yeux. Lui était assis en tailleur, les yeux mi-clos, de l'autre côté du feu, et n'avait pas décroché son regard si froid de Nephthys, alors à l'instant même où elle ouvrit les yeux, il la fixait déjà.

" Quoi ? "

C'était visiblement un cauchemar qui l'avait tirée de sa torpeur, et il voyait au fond des prunelles de Nephthys qu'il était l'origine de ce cauchemar. Elle avait sans doute imaginé une scène d'une cruauté sans pareille à laquelle il l'aurait forcé à assister, impuissante. C'était bien le genre de choses qu'on voyait Dassyldroth faire, à juste titre. Il avait vu plus important dans les yeux de l'ange. Elle était sur le point de pleurer. Devant lui. Si la moindre larme tombait au sol, il ne le supporterait pas, et cette fois-ci, c'en serait fini de Nephthys. Lui même priait pour que ce ne soit pas le cas, et ses yeux écarquillés trahissaient son stress intense. Et pour une fois, tout se déroula comme il l'espérait. Pas la moindre perle de larme ne brilla au coin des yeux de l'ange. Peut être avait-elle trouvé la force de se retenir, elle à qui il avait tant répété qu'il ne supportait pas cette preuve de tristesse.

« Non rien. »

Tant mieux, pensait Dassyldroth. Il n'y avait rien, et il ne voulait rien. L'heure n'était pas aux questions, aux demandes, et encore moins à la discussion. Maintenant, il avait sommeil, et voir l'ange se rendormir ne l'aidait pas à tenir debout. Il prit donc la peine de se relever pour passer derrière Nephthys, là où il restait une place pour lui sur la couche, pour y retirer son armure, et s'allonger le long de l'ange, sur le dos. Et tant pis si on leur tranchait la gorge pendant la nuit.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Elle s'embrouillait dans de nombreuses pensées, d'abord nerveuse et choquée du rêve, pour ensuite complètement se détendre et à nouveau dormir. Au bout d'un moment, le feu était éteint, ce qui avait poussée Nephthys à se rapprocher de la deuxième source de chaleur : le démon. Bien que cela puisse paraître absurde, inconsciente, Nephthys n'avait que faire qu'il était un ennemi, l'auteur de ses cauchemars. Son corps avait besoin de chaleur et il n'allait pas s'en priver. Aussitôt, elle était complètement collée à Dassy, qui dormait ou non, glissant une main automatique sous la première couche d'armure de l'homme, comme lorsqu'on vient réchauffer ses mains sous son coussin chaud et pelucheux. Cependant ce n'était pas un coussin chaud et pelucheux, mais s'en restait la même histoire d'un coté.

Elle savait aussi que son ''coussin'' détestait probablement ce contact, qu'il la punirait le lendemain parce qu'elle avait osé être confortable avec lui. Non bien sûr que non qu'elle n'oserait pas, son subconscient lui, ne s'en gênait pas toutefois, c'est une source de chaleur, une source de survie.

Un frisson lui traversait l'échine, puis de nombreux s'en suivirent à la nouvelle chaleur, une cuisse froide grimpa sur celle d'Ars, puis le menton de la jeune femme se nicha dans le cou du démon, en quête d'ne bonne température. Une fois bien placée, la jeune femme, apaisée, pu s'endormir profondément, ainsi attachée à un type cruel, froid et qu'elle n'aimait pas.

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L'on aurait qualifié cette nuit de froide, humide et inconfortable. Dassyldroth, s'il s'était prit la peine de la juger, l'aurait lui qualifiée de convenable. Les égouts des capitales, les fonds de basse-cour, les fossés, son errance en ces terres lui avait donné l'occasion d'expérimenter toutes sortes d'abris nocturnes, et cette grotte, au regard de ses expériences passées, figurait parmi les bivouacs qu'on pouvait estimer presque confortables. C'était en partie lié aux soins que l'ange avait apportés à l'installation de la couche, ce qui était assez dur à avouer pour le démon, qui se désolait de voir sa nouvelle propriété si compétente aux talents de domestique et si pataude avec une lame dans les mains. Dans sa jeunesse, il avait rencontré et affronté des anges aux compétences meurtrières qui lui avaient valu de frôler la mort à plusieurs reprises, mais ce genre là d'être d'en dessus devait être éteint désormais, ou avoir dégénéré en une ingrate descendance.

Au réveil, Dassyldroth put constater que Nephthys s'était collée contre son dos, et avait pris son torse entre ses bras. Lui qui avait l'habitude de se lever brusquement, il prit la peine de repousser l'ange avant de se redresser. Tout autour de lui était couvert d'une rosée matinale dont la douceur flirtait avec la froideur. Le bois de leur feu d'hier avait pris l'humidité, il était impossible de s'en servir à nouveau. En se retournant vers Nephthys, il put remarquer qu'elle était toujours abandonnée aux bras de Morphée, et si elle devait être frigorifiée, son paisible sommeil insupportait Dassyldroth, qui tenta de la réveiller en posant son pied sur son épaule afin de la secouer, comme il l'aurait fait pour s'assurer qu'elle soit encore en vie.

" Réveille-toi, aujourd'hui tu t'entraînes. Allez, debout."

Ce ton froid qu'il avait employé avait pour but de mettre l'ange dans l'ambiance que la journée allait avoir; plus de plaisanteries, de massages, de bains et de partage de couche au fond d'une humide caverne, c'était aujourd'hui qu'il allait décider si elle devait mourir ou non. Mais ça, elle ne le saurait qu'au dernier moment.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Lorsqu'elle se fit pousser, Nephthys s'était mise à se tortiller dans le petit nid improvisé. Un tantinet réveillée lorsque le démon la secouait du pied. Dans un sursaut, elle ouvrait les yeux et lançait un regard au démon. L’entraîner ? En quel honneur ? Elle pourra le tuer, une fois suffisamment forte ? Était-ce une sorte de piège ? ...

Soit, elle s'était levée et s'étirait, pas encore consciente de ce qu'elle allait subir. Seule chose qui la rongeait pour le moment, c'était la faim. Son ventre gargouillait comme s'il n'avait pas mangé depuis deux jours. C'est alors qu'elle jeta un regard vers le démon.

« Est-ce que je pourrais manger quelque chose, avant cela ? »

Il ne lui jeta qu'un regard et l'ange se servit des graines et herbes qui lui avait été offert plus tôt pour se remplir l'estomac, seule chose, le goût n'était pas très bon. Au moins, elle ne sera pas amorphe durant son entrainement, elle avait si hâte ! Hâte de savoir comment se servir correctement d'une épée !

Elle levait ensuite les yeux vers le démon, une armure, elle aurait une armure ? Ce qu'elle portait actuellement était peu... Convenable pour un combat. Sauf que le démon, lui, n'en voyait pas le problème, il lui dit même que tout ceci n'était qu'optionnel. Ils partirent donc suite à cela à l'extérieur de la grotte où Neph' pu dégainer ses dagues, motivée.

Au premier coup, elle se planta, les treizièmes aussi d'ailleurs, chaque fois le roi des démons lui expliquait, lui donnait de nouveaux conseils et l'ange se rapprochait chaque fois du but, mais pas suffisamment pour l'atteindre, pas encore.

« Je ne vais jamais y arriver ! »

Se décourageait-elle, frappait maintes et maintes fois la lame du démon qui bloquait ABSOLUMENT tout, même après des semaines d'entrainement, c'était en vain.

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