Nom : Aucun, on la surnomme l'Insatiable.
Prénom : Néphara
Rang : Celle qui voit.
Âge : 1024 ans
Sexe : Féminin
Race : Démon commun
Classe : Barbare
Métier : Tueuse, artiste-peintre
Croyances : Aucune, sa faim, peut-être.
Groupe : Au service d'Arphoss
Équipement : N'importe où qu'elle aille, elle gardera son épée courte rouge avec elle, ne serait-ce que pour observer le soleil passer à travers. Lorsqu'elle sort de sa Tour, elle revêt souvent sa tenue sombre et ses énormes bottes en cuir noire, ornés de boucles métalliques. Autrement, elle ne prend pas grand chose sur elle.
Cependant, elle possède un cheval du Vein : une énorme bête robuste et musculeuse, noire, qui fait partie des gardiens de la Tour, nommée Aphelion. Ainsi qu'un bâton fait dans du bois très sombre, finissant sur des extrémités en pics, et où est planté un œil noir, dont le sang a séché sur les branches. Ce bâton n'a aucune propriété magique, c'est plus un sceptre, et il reste toujours dans la Tour du Vein.
Talents de combat physique : Néphara n'est pas une grande force de la nature, cependant, elle sait mener un combat à bien. Mais elle aime tuer, et pas gesticuler, alors son style de combat fait plutôt penser à un barbare qu'à un guerrier. Même avec son épée courte, elle n'hésite pas à transpercer tout ce qui lui tombe sous la main. Très sûre d'elle, même dans les pires situations, jamais elle ne fuira si son adversaire ou elle n'est pas mort.
Talents de magie : Aucun.
Talents divers : Un appétit sans limites, est-il considéré comme un talent ? Elle a continuellement faim. Son corps de démon a besoin de ce sang humain dans ses propres veines, de la chair, et de toutes ses propriétés. Même en occultant cela, son estomac ne cesse de gronder.
Pouvoirs particuliers : La démone peut s'orienter, au sein du Vein. Concentrée sur l'endroit qu'elle cherche à atteindre, dans son esprit surgira une mélodie. Chaque lieu a sa mélodie propre, et plus Néphara s'en rapprochera, plus la mélodie deviendra forte. Cependant, le monde du dessous n'ayant aucun chemin stable, les mélodies peuvent changer de durée, d'un voyage à l'autre. Ainsi, pour atteindre sa Tour par exemple, elle pourra tout aussi bien mettre quelques secondes, que quelques années.
Néphara est cannibale, mais ne se nourrit que de chair, et pas d'organes. Cependant, lorsque ses dents mordent cette dite chair, elle pourra Voir. Des images se succèderont à l'intérieur de sa tête, parfois désordonnées, sans logiques, mélangées dans le temps, mais elles seront toutes tirées des souvenirs de l'humain qu'elle tiendra entre ses mains. Ce pouvoir lui permet parfois de voir des choses essentielles, ou de prendre connaissance d'histoires fascinantes. Cela marche aussi sur une personne vivante, mais évidemment, c'est plus difficile...
Apparence physique : Son corps est passé par toutes sortes d'état. De la carrure parfaite, à l'anorexie la plus totale, jusqu'à atteindre une finesse peut-être trop poussée, mais déjà plus musclée que son corps anciennement émacié. La démone a beau avoir de la force et une endurance certaine, a beau posséder une taille assez élevée, elle est très fine, et paraît même fragile au premier abord. Il arrive à sa peau de se ternir, mais le reste de son visage ravive souvent l'éclat. Elle a une chevelure blonde, très longue, malgré son inégalité, qui s'arrête au bas de ses reins, bien que certaines mèches se finissent avant son dos, et des yeux gris, presque translucide, surtout au soleil.
La démarche souple et assurée, surmontée d'une voix de plomb, bien qu'elle soit rocailleuse. Ses mains et sa mâchoire sont les deux parties de son corps les plus habiles, après tout, arracher la chair et la mâcher n'est pas de tout repos.
Caractère, personnalité : Deux facettes.
Lorsqu'elle est née, Néphara était impulsive, évasive, songeuse, brutale, et capricieuse. Le temps a désamorcé ces traits de caractère vifs, mais ils sont toujours bien présents. Cependant, la jeune femme a le sens du sérieux, et lorsqu'elle est sur Feleth, dans le Vein mais hors de chez elle, rien n'entame sa concentration. Elle est désespérément loyale à Arphoss, et n'hésite pas à insulter, tuer, rie de tout être qu'elle croise et qui méprise l'autorité de ce seigneur du Vein.
Malgré cette maturité acquise avec l'âge, elle n'en reste pas moins profondément atteinte, ou dégénérée comme le disait sa sœur. Beaucoup de choses seront susceptibles de lui faire perdre pied, voir la plonger dans un délire profond et violent. Que ce soit la faim, la rage, l'envie, l'inspiration, chacun de ces sentiments a un écho impressionnant dans l'esprit et le cœur de Néphara. Et bien qu'elle sache contrôler ses écarts, lorsqu'elle retombe dans son état primaire, il est rare de la voir tenter quoi que ce soit pour « redescendre sur terre ».
Bien que n'étant en aucun cas une Seïrdan, et n'ayant reçu aucune éducation militaire, ni aucune valeurs, elle a un certain sens de l'honneur, et ne supporte pas la lâcheté. Elle sait faire preuve de stratégie, mais déteste inventer des comédies pour obtenir ce qu'elle veut. Elle se fait également un plaisir de traquer les fuyards pour en faire son repas, ne supportant pas non plus la fuite face au combat ou la mort.
Histoire : Je suis née de ma mère. Je suis le fruit de sa chair, le noyau de son être. Et dès lors que mon cœur s'est mit à battre, j'ai commencé à la dévorer. Mais un jour j'ai compris, dans ce berceau, qu'un être identique à moi, comme moi, tentait de voler ma nourriture; Tentait de se nourrir de ma mère. Mais c'était ma mère. Et je n'aimais pas cet être. Je fis tout pour qu'il ait le moins de nourriture possible. Lorsque je suis sortie du corps de ma mère, je compris qu'elle était ma sœur. Que nous étions censées partager nos fibres, nos pensées profondes, nos vies. C'était hors de question, jamais je ne partagerai ma nourriture avec elle, elle m'en avait déjà assez volé comme cela. Mère était morte, quelques minutes après nos naissances, à Assyriah et moi. Elle, voulait partir, laisser le corps de notre génitrice rejoindre les profondes racines du Vein. Mais moi, j'étais attirée par le doux parfum qui émanait de sa peau. Sous les yeux choqués et exorbités de celle qui se disait ma sœur, j'allais mordre la chair tendre de son cou, affamée. Alors, je vis. Je vis tant de choses qu'aujourd'hui, j'ai du mal à me souvenir de tout. Je vis toute l'existence de ma mère, de sa propre naissance jusqu'à la nôtre où sa vie avait prit fin. C'était la première fois que je Voyais, alors mon cœur vrombit dans ma poitrine et je faillis vomir. Pourtant, le goût de la chair me plut, et lorsque cette viande de démon s'échoua dans mon estomac, je me sentis soulagée. Mais je n'étais pas rassasiée.
Ainsi commença l'histoire de ma faim que jamais je n'ai réussis à combler. Assyriah avait fait en sorte d'oublier le fait que j'avais mangé une partie de ma mère, pourtant cela me semblait naturel. J'avais eu faim, j'avais mangé. Lorsque je le lui avais dis, elle m'avait répondu, outrée :
« On ne mange pas sa mère lorsqu'on a faim, folle ! »Je haussais les épaules, peu soucieuse de suivre ses idées douceâtres. Je la trouvais déjà faible. Elle avait faim elle aussi. Nous étions des démons soumis aux besoins humains, c'est ce que j'ai compris en découvrant Feleth, des années et des années plus tard. Mais Assyriah voulait de la viande animal, ou autre chose, comme... des fruits. Il y en avait dans le Vein, bien sûr, j'y avais goûté; Mais c'était plus des fruits pourris et imbibé de la magie noire de notre monde, pas un vrai repas, comme la viande que je mangeais. Nous avons marché longtemps, sans réel but, elle et moi, mis à part se nourrir. Je dirai que jusqu'à deux cents ans, nous n'avons rien fait. Peu après cet « anniversaire », nous avons rencontré d'autres Démons. Un petit groupe, qui vivait dans les Monts lacérés. Ils étaient vieux, je le sentais. J'aurai pensé que ma sœur, dans toute sa faiblesse humaine, se serait jeté sur eux pour leur demander où aller, et s'ils avaient à manger, mais elle resta silencieuse. M'étais-je trompée sur l'état de son intelligence ? Elle n'était peut-être pas aussi stupide qu'au premier abord...
Quoi qu'il en soit, j'avais faim. Et ces démons m'avaient ouvert l'appétit, car ils étaient humanoïdes, comme nous. Leur peau était dans les teintes beiges, et leur corps étaient normalement proportionnées. J'aimais manger cela. Mais la chair des démons n'était qu'un substantif sans réelles saveurs. Bien sûr, j'ai commencé à aimer de façon délirante la chair, lorsque j'ai découvert les humains. Mais encore une fois, cela se produit des années après. Ainsi, sans réfléchir, je bondis au cou du premier venu et plantais mes dents. A ma grande surprise, je vis à nouveau. Et là, toute l'histoire du Vein défila dans ma tête. Je vis notre terre, peu après sa création, je vis des démons partirent et créer un monde, je vis des guerriers et j'entendais un mot se répéter dans ma tête. Un mot qui allait avec ces guerriers, « honneur ». Et juste avant qu'un autre démon ne m'arracha à son ami, je vis les humains. Je les vis, et j'eus faim.
Les démons tentèrent de nous tuer. Sans savoir pourquoi, j'attrapais le bras de ma sœur, et je me mis à courir aussi vite que possible, pour les semer. Une fois seules avec Assyriah, je lui racontais ce que j'avais vu. Au début, elle ne me crut pas. Je voulais qu'elle essaye de me mordre pour savoir si elle aussi pouvait voir, mais elle refusa catégoriquement. Dans ma tête, une idée fit son nid. Je lui donnerai un morceau de chair de vivant, et ferai passer cela pour un sanglier. Alors je saurai. Malgré mon insistance, elle ne crut pas mes mots, et refusa d'admettre qu'il y avait d'autres mondes. J'étais en colère, je lui en voulais. Je lui avais dis que nous avions un « chef » aussi. Arphoss. Dès que je l'avais vu dans les images, j'avais eu envie d'être à son service. D'être fidèle à celui qui gardait le monde dont j'étais issue. Il fallait que ma sœur voit ça, elle comprendrait notre devoir. Il le fallait.
* * *
Je fis donc ce que je m'étais dis. Je lui servais un morceau de viande séchée, qui semblait banal et issue d'une bête quelconque, mais j'étais allée la chercher sur le corps de mère, qui ne pourrissait pas. C'était en la cherchant que j'avais découvert mon autre pouvoir. Celui de m'orienter. J'avais pensé très fort à ma mère, mais aussi à la forêt de feuilles mortes où nous étions nées. Alors, une mélodie infime s'était mise à se jouer dans mon esprit. J'avais avancé dans une direction, elle s'était tût, j'avais tourné dans l'autre sens, et elle avait reprit. Plus je m'approchais, plus elle devenait forte. Ce voyage ne mit pas trop de temps, il me semblait. Je récupérais un morceau de ma tendre mère et le rapportais à ma sœur, en me dirigeant grâce à la musique. A l'intérieur de ma poitrine, les battements étaient fous. J'avais hâte qu'elle comprenne, elle aussi. Je vis ses dents se planter dans le morceau de viande, et ses yeux qui restaient désespérément vides. Ma respiration se coupa.
« Tu n'as rien vu ? » avais-je demandé d'une voix presque inaudible.
« Voir quoi ? C'est de la viande, je suis pas une dégénérée comme toi.. » levant les yeux au ciel, elle avait reprit un morceau. J'étais furieuse.
« C'est Mère. Tu aurai dû voir sa vie, en la goûtant. »« Quoi ?! » elle regarda le morceau avec dégoût et le jeta au sol.
« Mais tu es complètement tarée ma pauvre sœur ! »Je déglutis difficilement. Elle ne pouvait pas voir, même dans la chair de notre mère. Elle n'étais pas comme moi, et c'était ma faute. C'est moi qui lui avait tout volé, dans le berceau fœtal. C'était ma faute si ma sœur était faible, et indigne, sans aucun sens du devoir. Sans le pouvoir de voir. La colère embrasa tout mon corps, je sentis même quelques larmes de rages dévaler mes joues ternes. Elle ne pouvait plus être ma sœur, jamais elle ne pourrait survivre, ni comprendre les choses. Indigne, et trop faible. Trop faible; Indigne. Trop indigne, faible. J'attrapais ses cheveux, et la fit tomber au sol. Je la retenais par sa chevelure clair, et elle hurlait. J'attrapais son épée courte qui lui servait à dépecer, et je l'ouvrais, de la glotte jusqu'au bas du ventre. Un dernier cri, et je sentis son corps s'affaisser. Lâchant ses cheveux, je la regardais s'effondrer, ventre ouvert, sur le sol. Après de longs instants à la contempler, morte, je m'étais décidée à la goûter. Dans le cou, même s'il était noyé dans le sang. Mes dents se plantèrent, je sentais le goût de fer dans ma bouche, ma langue.
Je ne vis rien.
* * *
Longtemps, je fus écœurée. Je ne cessais de me souvenir de ma sœur qui n'émanait rien. De sa chair pareille à la mienne, mais qui ne m'avait fait voir qu'une chose : le Rien. C'était affreux. J'en demeurais malade vraiment longtemps. Pendant des années plus aucune chair ne vint fondre sous mon palais, et bien que je crevais de faim, je résistais. Mes pas allaient et venaient, au rythme des mélodies toutes différentes, qui étaient propres à chaque endroits. J'adorais ce monde. J'aimais les massacres qui se déroulaient sous mes yeux, j'aimais ne jamais savoir si le chemin mélodieux que je suivais arriverait finalement à terme. Car les chemins changeaient. J'avais essayé de retrouver ma mère un jour mais la mélodie ne cessait jamais et au bout de quelques années, j'avais abandonné.
J'étais maigre, j'étais devenue quelque chose comme un lambeau de chair, posée sur quelques os fragiles. Alors, j'essayais quelque chose. Je pensais à un endroit, que je ne connaissais pas forcément. Je pensais à un endroit où je pouvais me reposer. Un endroit calme, abrité, loin du corps de ma sœur, de ma mère. Un endroit où j'aurai pu vivre... Et une musique, nouvelle, naquit. Je souris, et j'eus mal. Toute action me faisait mal. J'étais devenue faible comme ma sœur. Peu importait, je suivais la musique, et cela dura longtemps. L'endroit était loin. Mais je finis par l'atteindre. C'était un genre de.. fort, de temple... Un bel endroit. Avec une grande porte double. Je montais le petit escalier, et entrait.
Je me découvris une passion pour cet endroit. C'est devenu mon repaire aujourd'hui. J'ai tout d'abord sillonné les couloirs, descendu les grands escaliers, tout vu, visité. Je me suis imprégnée des chuchotements que me soufflaient la pierre froide des murs. J'y suis restée des années, sans rien faire. Simplement à tout fouiller, à crocheter les coffres, à contempler les trésors. Jusqu'au jour où un être à l'odeur divine est entré. Je l'ai senti de loin. Montant les escaliers que j'avais descendu, je gagnais discrètement l'entrée de mon temple, et observait discrètement l'être. Je reconnus son corps. C'était un être Humain, ceux qui venaient du monde entre ceux des démons qui avaient découvert la bonté, et le notre. Alors, on pouvait voyager d'un monde à l'autre. J'étais fascinée. L'humain semblait effrayé, mais calme. Il avait un genre de robe, avec une cape et une capuche. Un médaillon pendait à son cou, le pendentif était brillant, je soupçonnais la magie, au cœur du bijou.
Un sourire déchira ma bouche blessée, et je m'offrais à sa vue. J'avais de vieux vêtements, un pantalon en toile, et une tunique qui avait une bretelle déchirée. J'offrais cette vue de mon corps émaciée, et l'humain ne s'enfuit pas. Il me regarda, et porta la main à son médaillon. Je ne comptais pas le tuer, et même pas le manger, même si j'en mourrais d'envie. Je me contentais de lui dire, d'une voix calme et déterminée.
« Si tu m'apportes ton frère, je te laisserai vivre ici. »Il me fixa quelques instants, et sortit. J'ignorais s'il comptait revenir, s'il parviendrait seulement à retrouver ma tour. Mais s'il y parvenait, je le garderai ici. Son frère sous-entendait un humain, n'importe lequel. Peut-être me rapporterait-il vraiment son frère... Cela me fit rire. Cette rencontre presque silencieuse m'avait affamé encore plus que je ne l'étais précédemment. Je décidais de manger de nouveau, et de m'installer définitivement ici. J'avais appris, et su, les ordres d'Arphoss. Il encourageait chaque démon à tuer, ceux qui venaient du milieu. C'était à ma portée, mais je voulais en savoir plus, sur ces êtres si appétissants. Mon premier repas me permettrait sûrement un avant-goût, sans mauvais jeu de mot, de ce qu'était le monde des humains.
Pendant que j'attendais le premier que j'avais rencontré, d'autres arrivèrent. Certains étaient faibles, en larmes, apeurés, et espéraient trouver ici le calme et le salut. Je les jetai dans un vieux cachot au fin fond de la tour. D'autres, étaient plus forts. Et j'ignore pourquoi mais sans même avoir à les convaincre de rester ici, et de me servir, ils acceptaient. Je cherchais alors à voir mon reflet, quelque part. Je me mis à chercher un endroit avec de l'eau, et je me vis, moi. J'étais encore anorexique mais mon visage me plut. Était-ce cela qui me permettait d'avoir tout ce que je voulais, de ces humains ? Peut-être avaient-ils juste peur de mourir. Je préférais cette version.
Un jour, mon premier ami revint. Blessé. Mais avec un humain. Il le jeta à mes pieds, et tomba à genoux lui-même. Je regardais son présent. Un grand homme, fort, avec de solides bras. J'avais devant moi un festin ambulant. Je remerciais mon ami, et appelait un des humains qui savaient guérir pour prendre soin de lui. Il m'avait retrouvé; Pouvait-il se repérer lui aussi ? Cela serait définitivement la meilleure chose qui puisse être. Mais pour l'instant, je devais honorer mon banquet. Je trainais le corps à moitié inerte du présent, et l'emmenait dans mon endroit privé. Une chambre, un quartier, peu importait. Une fois là-bas, je dégustais. Et je vis, tant de choses, que lorsque j'eus finis, j'eus envie de conserver ces images. Là me vint le goût pour la peinture.
Mais avant de chercher de quoi peindre, je vis venir mon premier ami. Il se présenta à moi, désormais vêtu d'un pantalon et d'une cuirasse abîmé, une épée à la hanche, et toujours son médaillon au cou. Il avait désormais une gigantesque cicatrice en travers du visage. Je lui souris.
« Comment as-tu retrouvé ma Tour ? » demandais-je, impatiente de savoir s'il pouvait s'orienter.
« J'y ai pensé, sans cesse... Et.. Et j'ai finis par la trouver... » Il ne parla pas de mélodie. Mais cela me plut quand même.
« Si tu sais retrouver ma Tour, tu iras chercher ce dont j'ai besoin. »« De quoi avez-vous besoin ? »« De nourriture. Celui que tu m'as apporté était parfait, mais je ne te demanderai pas un aussi gros morceau. Prend ce que tu trouveras. Mais apporte moi de quoi manger, de là où tu viens. Et de la peinture aussi. Apporte moi de la peinture. »Sans répondre, il hocha la tête et partit. J'aimais beaucoup mon premier ami. Je me remis à fouiller dans toute ma tour, à la recherche d'un chevalet. J'ignorais si lorsque j'avais pensé à un endroit où j'aurai pu vivre, mon esprit avait prit en compte le fait que j'étais capricieuse et que je voulais des tonnes de choses. Car la tour était remplie de trésors divers et variés. Je trouvais donc mon chevalet, et l'installait dans mes quartiers. J'avais également les toiles, les pinceaux, mais il me manquait la peinture. J'attendis. Épuisant les prisonniers dans mes cachots. J'avais essayé de les manger sans les tuer, mais ils ne faisaient que hurler, et leurs cris m'étaient insupportables. Alors j'en prenais un, de temps en temps, et je le dégustais en entier, buvant les images de sa vie. Je gardais les os pour mon art, et je jetais les organes, car j'en avais horreur. Je ne gardais que la chair, tout le reste finissait dans une grande cuve sans fond, fermé par un couvercle en cuivre. Lorsque j'ouvrais, l'odeur me frappait mais disparaissait vite. Car les organes chutaient sans fin, et finalement, étaient trop loin pour m'atteindre. C'était l'endroit parfait pour se débarrasser des choses que je ne voulais pas.
Mon ami revint. Trois humains avec lui. J'en avais assez de devoir les vider moi-même, alors je choisis dans tous mes petits fidèles, une ou deux personnes pour s'occuper de ça. Mon ami vint à mes quartiers et me présenta un énorme coffre, et me tendit la clé. J'ouvris, et je vis des tonnes de fioles, de flacons, de pinceaux, quelques plantes, et même des coquillages. Il y avait d'autres coffres plus petits à l'intérieur du grand. Mon ami me dit que tout ce qui n'était pas des fioles de peinture, pouvait servir à en faire. J'eus presque envie de sauter de bonheur. Je le remerciais, et prit des pièces en matière dorée pour les lui offrir. Il parut content. Je lui demandais son nom, mais il me dit qu'il n'en avait pas. Songeant quelques instants, j'en fis finalement quelque chose comme mon bras droit.
* * *
Des années passèrent. Mes humains mourraient parfois, mais d'autres arrivaient. Je leur avais cependant interdit d'engendrer des descendances entre eux. Je ne supportais pas les cris, depuis que ma sœur avait hurlé entre mes mains, lorsque je l'avais tué. Une sorte de routine ritualisée s'était installée. Tous les humains de ma tour avaient fini par me vénérer. Mon bras-droit rapportait les humains, deux fidèles les vidaient et coupaient la chair en morceau, et lorsque j'ouvrais la porte de mes quartiers, dans la petite antichambre, il y avait ma table avec mon repas. Je m'étais rendu compte que même en mangeant constamment, ma faim ne se taisait jamais. C'en devenait une torture, ce manque parfois, me saisissait et me déchirait. Mes os craquaient sous le manque de viande et de sang, et je crachais ce sang, coulant sur mes lèvres pour s'échouer dans mon cou.
Le peinture était mon échappatoire. Je peignais ce que j'avais vu, lorsque les visions m'avaient marqué. Je peignais ce dont je rêvais la nuit, je peignais ce que j'imaginai. Ce dont j'avais envie. Bientôt, je n'eus plus de place dans mes quartiers pour mes tableaux, alors je les exposaient, un peu partout dans le temple. Mes petits fidèles étaient effrayés, mais ils respectaient mon art. J'en souriais. J'avais fabriqué pleins de petites statuettes, figurines, avec les os que je conservais. Les gros os servaient à autre chose bien sûr, mais les tout petits étaient parfaits. Un soir, alors que je finissais une main en petits os, je me souvins. D'un seul coup. Arphoss.
J'avais juré intérieurement de lui être fidèle, et pourtant je me prélassais depuis presque trois cent ans dans ma Tour. Je devais aller dans le monde du milieu, et faire ce qu'Arphoss avait commandé. Tuer. J'avais appris que là-haut, une maladie s'était répandue. Ainsi, il avait ordonné, conseillé le plus fortement du monde, de décimer tout ce que nous pouvions. Je sortis donc, l'armure que j'avais conservé tout ce temps dans un coffre. Une tenue sombre, avec d'énormes bottes ne cuir noir. Je n'avais pas de cuirasse, mais des vêtements épais, toujours dans les tons sombres. Je sortis également d'un autre coffre, une dague faite dans un minerai rouge transparent qui laissait passer la lumière. J'étais prête. Là-bas, je pourrai manger ce que je voudrais. Et je pourrais revenir chez moi, quand je le voudrais. Laissant à l'abri, tous mes petits camarades, protégé par quelques bêtes autour du temple, je sortis. Visualisant dans ma tête, tout ce que j'avais vu, dans la chair des humains.
Le Roi dément, qui sans tuer, avaient les mains rouges de culpabilité. Son corps, désormais mort. Pleuré sans larmes par tous ses guerriers qui continuaient à fendre les ventre de leurs griffes d'aciers. Les groupuscules qui sévissaient dans l'ombre, l'or qui s'écoulait d'un trou béant, le sang qui tombait du ciel, comme une pluie infinie. Il pleuvait du sang, et ces gens s'abreuvaient de ces torrents funestes. Même là-bas, dans le monde de la neutralité, la mort régnait en maître. Même ceux qui œuvraient pour la paix, finissaient avec leur bras enfoncé dans leur propre bouche.
Mon esprit se noyait dans ces images, et mon corps disparut. J'étais dans une faille que j'avais moi-même déclenché, et j'ouvris les yeux tandis que je disparaissais. Je ne vis rien. Mais lorsque je fermais les yeux, le sang coulaient sous mes paupières, et cette vision du rouge sur le noir m'effrayait sans que je sache pourquoi. Je voulais sortir de ce trou. Et bientôt, je fus sur Feleth.
En ce qui vous concerne
A quelle fréquence serez-vous présent sur le forum ? Autant que faire se peut.
Comment avez vous découvert le forum ? A l'origine, sur un top-site... (ici Singrid)
Quelles remarquez pouvez-vous formuler à propos de l'apparence du forum ? Toujours aussi beau.
Test-RP
Chevelure de neige, au milieu du sang. Elle était là, morte à mes pieds. Je voyais le Vein sur ses paupières, je le sentais dans ses fibres mortes. Et j'avais presque honte de l'avoir tuer. Mais ses yeux, ce regard, elle m'avait fixé, et je m'étais sentie mal. Comme percée de toute part, comme si elle lisait en moi, comme si elle pouvait voir qui j'étais rien qu'en me regardant. Et voilà que mon épée était restée plantée dans sa poitrine. Saisissant fermement le manche, je la retirais et la rangeait dans le fourreau dans mon dos. J'ignorais ce que je devais faire. La curiosité et la faim me titillaient. Et sa chair de petite fille me tentait. Au moins, sa peau me donnerait une réponse. Ces yeux qu'elle avait, ce n'était pas la seule à les avoir. Il avait existé un groupe de gamins dans le Vein, qui reluquaient tout ce qu'ils voyaient. Mais ils étaient morts. J'ai connu cette histoire dans le sang d'un autre démon, mais les souvenirs étaient trop flous. Faisait-elle partie de ces morpions au regard de plomb ?
Lorsque Néphara planta ses dents jaunis dans la peau d'albâtre de Tarja, elle ne sentit que le regard profond et démesurément vide de l'enfant sur elle.
* * *