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Je me tenais le bras contre la poitrine, réprimant un cri de douleur. Et la douleur était vive, pourtant je n’étais pas blessée, juste … vieille. Enfin, pas encore partout. Mon bras gauche était de plus touché, et je dissimulais dans mon ample manche une peau qui accusait un dizaine d’année de plus que mon visage. Je devais vite trouver une victime, si je voulais pouvoir continuer de jouer mon rôle ici. J’avais tergiversé longtemps, mais maintenant j’avais plus le temps. Je devais me dépêcher.

Quelqu’un frappa à la porte. J’étais pourtant dans une auberge à moitié délabrée d’un quartier malfamé, et personne n’était censé le savoir. Qui pouvait bien me rendre visite ? Méfiante, je renfilai correctement ma robe, et je me dirigeai vers l’huis, prête à me défendre. Il s’avéra que mon visiteur était un homme de l’alliance. Ils savaient déjà que j’étais là ? J’avais prévu de perpétuer le rituel ici avant d’aller ramener ce que j’avais gardé de la récompense de ma dernière mission, ça tombait très mal qu’ils sachent où j’étais descendue. J’écoutais ce qu’il avait en dire en faisant la moue.

Littèle – Que venez-vous faire ici ?


Quelques minutes plus tard, j’étais sur le chemin du centurio. Visiblement, les coupes franches dans les primes que je rapportais avaient fait plus qu’énerver mes supérieurs, ils avaient fait naître la suspicion. J’étais donc appelée à justifier de mes dépenses, et des sommes régulièrement réduites que je rapportais à l’alliance. Je me demandais comment j’allais expliquer qu’il s’agissait en fait des parts de ceux qui m’aidaient, ou de dons que je faisaient à des familles dont la cible avait détruit la vie. Enfin, surtout le dernier point risquait de m’être reproché, j’en étais sûre.

J’avais suivis le porteur de la convocation à travers Madorass jusqu’au centurio. Ce qui m’inquiétait surtout au sujet de ce « rendez-vous », c’est que la personne devant qui j’étais conduite n’était pas un entremetteur ou un simple percepteur, ce n’était pas un recruteur non plus. C’était le créateur de l’Alliance lui-même. Autant dire que ça ne présageait rien de vraiment bon. Je n’avais entendu parler de lui que vaguement, pas assez pour avoir une idée du genre de personnage qu’il était. Un demi-orc m’avait-on dit, un mercenaire furieux. Je me demandais s’il était diplomate : sûrement un peu, pour être à la tête d’une si grande organisation.

Visiblement il n’y avait pas trop de gens au courant, nous entrâmes sans que je puisse avoir l’impression d’être attendue : c’était peut-être mieux. J’espérais surtout que ce tête-à-tête toucherait rapidement à sa fin, je devais restaurer ma jeunesse.

Deux minutes. J’avais compté chaque seconde. Et alors que, habituellement, je restais impassible en toutes circonstances, là je ne pouvais rester en place. Pourquoi ? Sûrement à cause de la personne qui me regardait, un sourire peu amène aux lèvres. Des dents en pointe, un nez en pointe, des cheveux en pointe … définitivement, Alban Chaos, le chef de l’Alliance, était un personnage qui ne manquait pas de piquant.
Alban - Ça n’a pas l’air d’aller, tu veux de l’eau?

Il poussa une coupelle vers moi. J’hésitai une demi-seconde, tentant de déterminer ce qu’il attendait de moi. Est-ce que me proposer de l’eau, dans ce lieu où l’alcool semblait couler plus que de raison, était une façon de me faire comprendre qu’il connaissait ma nature ? Je portais la main à mon tatouage, qui remontait de ma clavicule gauche jusque sous mon oreille. Tentant de me refaire une contenance, je saisis la coupelle qu’il avait faite glisser vers moi de mon bras « jeune », pour en boire le contenu doucement, pendant qu’il feuilletait un carnet en en commentant le contenu.

Alban - Bien ! Alors… D’après ce que je vois là, tu n’as pas l’air très régulière au niveau des versements, tu as une explication? Je sais bien qu’il y a des frais obligatoires qui demandent de puiser dans le peu qu’on te donne, mais j’ai plutôt l’impression que tu fais exprès de gaspiller l’argent de la guilde en exagérant tes dépenses. Je me trompe?

Je devais rapidement trouver une réponse. Une réponse crédible. J’étais anormalement agitée, c’était très déroutant, je ne pouvais pas réfléchir correctement. Prise dans l’urgence de répondre, j’optai en désespoir de mensonge pour une demi-vérité.

Litèlle – Je recrute régulièrement des associés sur place. C’est pourquoi je partage la prime.

C’était compréhensible, je n’aurais pas eu à le cacher, n’importe qui pouvait le comprendre. Je résistai à l’envie de me mordre la lèvre. Le pire qu’il pouvait m’arriver c’est qu’on essaie de me coller un partenaire. Je serais obligé de le tuer ou de le faire taire, car il finirait par découvrir mon secret. L’argent allait souvent dans les poches d’un docteur ou de sinistrés, pour être exacte, même si je grossissais effectivement mes frais pour camoufler une partie du « vide » engendré dans les recettes. Mais avant de l’avouer à cet homme anguleux, je devais m’assurer qu’il accepterait le fait. Avoir un partenaire serait entravant, qu’il soit là pour me chaperonner … plutôt ironique.

C’est pourquoi je scrutai le visage d’Alban tout en répondant, pour essayer de déterminer son état d’esprit et les prochaines choses que je pouvais lui dire. Je me crispai soudain, prise d’une crampe dans la cuisse : mon corps vieillissait de plus en plus vite, bientôt mon visage risquait d’être touché. Je devais agir au plus vite, d’ici une semaine je n’aurais plus la vigueur nécessaire à l’accomplissement du rituel. Pressée par la situation, je cherchais une façon de me sortir de ce pétrin (et de cette salle) sans aggraver mon cas. Je finis par me lever.

Litèlle – Je suis désolée, je ne me sens pas bien, je rentre d’un long voyage. Si vous ne me croyez pas, vous pouvez toujours diligenter une enquête. Mais je ne peux pas vous être utile dans cet état, alors je vais, avec votre permission, me retirer.

Je ne voulais pas qu’il me trouve impertinente, mais je devais à tout prix tuer ce soir. Je tomberai bien sur un mendiant sur le chemin du retour. Ne me restait qu’à espérer que mon chef ne prenne pas ma réplique au mot et le mette sur le compte de la fatigue. Une enquête était bien la dernière chose dont j’avais besoin, surtout à l’heure actuelle. Je pris le chemin de la sortie d’un pas mesuré, afin de pouvoir continuer à lui répondre s’il voulait me retenir. Mon genou faillit flancher, mais je réussis à dissimuler ma faiblesse : oui, c’était urgent.

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Haha je m’y attendais, pourquoi personne ne se montre plus imaginatif que ça? C’était si dur d’inventer une histoire sur le peu de moyen qu’Alban mettait à disposition pour ses hommes? Ou encore, la crise qui avait lieu en ce moment à cause des gros bouleversements du royaume? Je dis ça, mais ce n’était pas du tout suffisant non plus en fait. Bref, je la tenais et elle le savait.

- Je veux bien, j’ai été moi- même amené à engager des aides extérieurs par le passé, car je travaillais beaucoup en solo, mais…
– Je suis désolée, je ne me sens pas bien, je rentre d’un long voyage. Si vous ne me croyez pas, vous pouvez toujours diligenter une enquête. Mais je ne peux pas vous être utile dans cet état, alors je vais, avec votre permission, me retirer.

Je lui lançais un regard intrigué sans l’être totalement, le mal prenait possession de son corps, je le ressentais. Quel mal? Je n’en savais absolument rien. Ou peut- être, était- ce le contraire… Elle le quittait pour la libérer de quelque chose de surnaturel… Je voulais en savoir plus, alors je la laissais repartir sans dire un mot, à part :

« Nous nous reverrons très chère chaperon, nous avons encore beaucoup de chose à nous dire! »

Et ce n’était pas des mots en l’air. Le temps viendrait où nous nous ferions face à nouveau dans un cadre bien moins officiel, je m’en faisais la promesse. En vue de réaliser une telle promesse, je décidais de la faire suivre par… moi. Bah oui, elle était à moi cette robe rouge, il n’était pas question que quiconque s’occupe d’un tel travail! Je descendis dans la grande salle du Centurio pour parler avec des mages, je leur achetai des potions permettant de changer d’apparence puis m’en allai à la recherche de ma précieuse amie. Étrangement, elle ne s’était pas éloignée de beaucoup, marchant doucement mais sûrement. C’était sans doute ce mal qui la ralentissait ainsi, sa faiblesse ne faisait que s’accentuer à ce que je pouvais remarquer. Bien évidemment, j’avais l’apparence d’un jeune homme, un humain plus précisément, d’une beauté excellente. Il me fallait mettre toutes les chances de mon côté.

« Je peux vous aider mademoiselle? Vous n’avez pas l’air bien! »

Un sourire séducteur sur le visage, je l’interpellais dans son dos. Je n’attendis pas de réponse avant de lui prendre délicatement le bras. J’étais en marche pour l’accompagner, si elle me repoussait, je ne me laisserai pas du tout impressionner!

« Accrochez- vous à moi, je vais vous ramener chez vous ! »

J’avais la voix aimable d’un tendre prince, c’était vraiment un joli rôle pour une toute nouvelle histoire d’amour. Malheureusement, ce ne devait jamais en être une, espérons tout de même que ce ne serait pas non plus le contraire.

Alban - Nous nous reverrons très chère chaperon, nous avons encore beaucoup de chose à nous dire!

C’était une façon de se quitter qui ne présageait rien de bon pour moi. Il allait fouiner, il risquait de découvrir mes secrets, des secrets que les felethiens ne devaient pas connaître. Je devais rapidement retrouver mes forces et me sortir de ce mauvais pas. Peste soit des mercenaires trop près de leurs sous.

Je me précipitai presque dans la rue, aussi vite que possible sans paraître étrange ou risquer de tomber à cause de mes genoux flageolants. Je pris aussitôt la direction de l’auberge, espérant croiser une proie en chemin. Un soiffard en manque serait suffisant, même si j’espérais tout de même trouver mieux.

jeune homme - Je peux vous aider mademoiselle? Vous n’avez pas l’air bien!

Je me mordis la lèvre : je devrais surveiller mes pensées. Le jeune homme qui était devant moi était plutôt élégant, en bonne santé, charmeur. Il avait probablement un avenir plus que prometteur devant lui, je ne me sentais pas le droit de lui ôter la vie. Je devais l’éloigner  et me remettre en chasse, je ne pouvais pas …

Ma jambe se défila sous mon poids. Le timing fut tel qu’il ne le remarqua  même pas, car il se mit aussitôt à m’aider, sans même attendre de réponse. Je devais me résoudre à prendre la première proie, je n’avais clairement pas le temps de faire la fine bouche ou de me perdre en considérations éthiques. J’avais le matériel de mon rituel sous la main, si je voulais passer la semaine, je devais m’employer à réaliser ledit rituel.

jeune homme - Accrochez- vous à moi, je vais vous ramener chez vous !

Litèlle – Merci, je crois que la dernière chope était de trop. C’est à quelques rues d’ici, tournons.

Je devais juste le séduire. Il avait l’air plutôt jeune, sa libido devait encore le travailler, ce ne devrait pas être trop complexe de l’amener où je le souhaitais. Je profitais du chemin pour m’appuyer sur lui, soulageant ma faiblesse du même coup que je mettais en avant les appâts naturels dont j’étais dotée. Arrivés devant l’auberge, je ratai un pas, et un avec un regard suppliant je me raccrochai fermement à lui.

Litèlle – Vous ne pourriez pas m’aider ? Ma chambre est à l’étage, je ne me sens pas capable d’y aller seule.

Je me trouvais ridicule, mais cette façon de faire avait déjà fait ses preuves plus d’une fois. Non mais vraiment, qu’est-ce qu’il faut pas faire pour survivre.

Quel plaisir d’être si proche d’une femme qui dégageait une aura si mauvaise, je voulais tout simplement la prendre et l’enlacer pour m’en imprégner complètement. C’était comme avoir une cuillère de miel dans la bouche, se retenir était un véritable supplice. Pourtant, je le devais car elle n’était pas n’importe qui: elle était un membre de la guilde d’Alban Chaos, de ma guilde en quelque sorte. Laisser mes pulsions prendre le dessus pourrait me valoir des complications plus tard, quand je devrais l’affronter pour expliquer mon comportement. Ainsi, je me contentais d’accompagner Litèlle en la soutenant avec délicatesse. Ses tentatives de séductions muettes ne m’échappèrent guère et je commençais à me demander ce que cela cachait. Pourquoi prendre tant de peine à m’attirer dans sa tanière? D’où pouvait provenir cette faiblesse inhabituelle, visiblement? Pourquoi elle augmentait en même temps que ses « fuites » démoniaques? Que de questions intéressantes à creuser, mais plus tard, quand nous serions en totale intimité. J’étais certain qu’elle révélerait tout par elle- même le moment venu, d’une manière ou d’une autre.

Nous entrâmes sans surprise dans l’auberge où je l’avais aperçu plus tôt dans la journée. Je l’aidais à monter comme elle le souhaitait, allant à un rythme qui semblait lui convenir. J’aimais vraiment cette odeur de mort et de sang, que faisait- elle durant ses heures libres au point que mon odorat elfique la détecte encore? Ce sang devait avoir plusieurs semaines au moins, je ne devrais même pas être capable de le sentir, et encore moins de la reconnaître à moins qu’elle s’y soit baigné continuellement, régulièrement mais depuis au moins plusieurs dizaines d’années, ou encore, en très grande quantité. Toutes ces possibilités me rendaient fou de joie, je voulais cette femme à tout prix, moi, Melchior, l’esprit démoniaque sanguinaire qui plie les corps et les esprits à donner la mort dans la souffrance et le sang.
Quand enfin nous atteignîmes sa chambre, les commissures de mes lèvres faiblirent pour laisser apparaître un sourire satisfait que je réprimais depuis un bon moment. Heureusement, je m’en rendis compte en quelques secondes et le fis disparaître. La chambre était aussi peu soignée que l’auberge même, nous ne pouvions pas nous attendre à mieux dans un tel quartier. En fait, je supposais que c’était ce qu’elle voulait: un endroit sale pour des affaires sales. Je l’emmenais jusqu’à son lit et la laissais s’y reposer. Je m’assis à côté d’elle, je la regardais avec inquiétude. De près, elle était encore plus jolie que sa belle et ample robe rouge.

« Ca va mieux j’espère? J’ai bien cru que vous alliez vous effondrer dans cette rue, qui sait ce qui aurait pu vous arriver ensuite… »

Je laissais le sous- entendu à son esprit car ce n’était pas dans mon rôle de rappeler ce genre d’évidence. Enfin, je penchais doucement mon buste vers elle pour poser le plat de ma main sur son front, comme pour prendre sa température. Elle était chaude… Ou était-ce ma main qui brûlait d’impatience de posséder la « jeune » femme… Je ne voulais plus du tout me retenir: je passais doucement la main sur son front, descendant vers sa joue et son menton en une longue et délicieuse caresse. Elle m’excitait, son aura m’excitait, cette robe m’excitait. Ce corps elfe-orc rendait mes sens assez confus, puisque je n’arrivais plus du tout à distinguer les pulsions animales dû au corps de ce crétin d’Alban Chaos, de mes propres actions en tant qu’esprit démoniaque. Pourtant, lui caresser le visage de cette manière ne me déplaisait pas du tout, je le fis avec une sensualité qui m’étonnait. Mes doigts se posèrent sous son menton alors que j’observais ses lèvres. Bah ouais, pourquoi pas? J’attirai son menton vers moi, ses lèvres au passage, et l’embrassai en forçant quelque peu. J’allais m’emparer d’elle par la force s’il le fallait. Il était inutile de se torturer la tête en essayant de faire des distinctions, l’esprit était le corps, le corps était l’esprit. L’un étant lié à l’autre, ils agissaient de concert sans forcément jouer les mêmes notes, si je puis dire.

Il était entreprenant. Tant mieux, je manquais de force. Je devais m'économiser pour frapper lorsque le moment serait venu. Il m'embrassa assez soudainement, et j'en oubliais de réagir. Il força un peu le passage, et je remarquai que la situation lui tournait la tête avec une efficacité des plus flagrante. Je finis par lui rendre son baiser, alors que mes mains commençaient à courir sur lui, cherchant sous couvert de caresses quel serait le meilleur angle de frappe.

C'est avec un empressement certain de la part du jeune homme que je me retrouvai débarrassée de mes vêtements, et lui des siens. Ses caresses se firent plus pressantes, et je le laissais faire ce qu'il souhaitait. Après tout, c'était une sorte de dernière volonté, de repas du condamné. Il ne passerait pas la nuit. Le plus embêtant serait de tout nettoyer, le sang tâche horriblement les tissus. Je ne me rappelle même plus combien de fois j'ai prétendu être malade dans une auberge pour justifier une interdiction d'entrer dans ma chambre, pendant que je lavais du mieux possible la propriété de l'aubergiste, histoire de rester un minimum discrète.

En parlant de discrétion, il semblait que ce soit quelque chose de fort difficile à observer pour le jeune homme. La literie n'était pas non plus de la première qualité, ce qui n'aidait pas. Pour ma part, je m'efforçais de manifester mon plaisir sans m'y laisser glisser, guettant dans la tension qui gagnait petit à petit cet homme le moment propice à son exécution ... Maintenant !

Ma main fusa, devenant une lame, droit vers le cœur. C'est alors que le temps sembla s'arrêter pour tout le monde. Lui regardait ma main, qui s'était stoppée à environ un demi-millimètre de son torse. Et moi je regardait son visage, n'en revenant pas. C'était une sorte de blague ? Je ne pourrais jamais le tuer discrètement, pas lui. En plus ceux qui lui avaient donné les moyens de changer de forme sauraient peut-être que c'était moi qu'il suivait. Nous étions tous deux immobiles, lui au bord de l'explosion, toujours en moi, et moi, avec ma lame (en fait ma main) contre son torse.

Litèlle - Monsieur Chaos ... ?

J'étais complètement prise de court. Réalisant soudain dans quelle situation nous étions, je me mis à rougir vivement. C'était, je crois, la première fois que je ne pouvais mener le rituel à son terme. Pas plus qu'il n'avait finir ce qu'il était très visiblement venu faire. Je n'osais pas bouger, de peur de provoquer quelque réaction que ce soit.