La Vieille Tour Brume (PV Roxana)

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Dans les profondeurs de la forêt noir, se dressait une tour dont le toit percé émergé légèrement au milieu des cimes de conifères. Ce vieux lieux dont le constructeur était - d'après les légendes et les rumeurs, un mage mort il y a plusieurs siècles, on raconte qu'il s'était installé dans le Vein pour comprendre les démons et faire des recherches sur eux. Il était resté vivre si longtemps dans la forêt, que les créatures obscures qu'il rencontrait, le prenaient pour l'un des leurs. Il avait cependant finit par mourir, assassiné par l'une d'elle qui ne le voyait pas du même œil. Depuis, le lieu était resté à l'abandon. Aujourd'hui, c'est un coin de repère pour démons désireux de rencontres, de combats, c'est un point de rendez-vous et de manigances. Les escaliers sont en piteux états, le rez-de-chaussé remplis de poussières et de bouteilles vides, quelques tables pleines de papiers illisibles. Les étages supérieurs sont encore tout empli de la magie du vieux mage dont l'esprit - dit-on, hante les lieux. D'innombrables secrets sont enfuis dans certaines salles à l'accès inconnu. D'anciens livres terminent de pourrir sur certaines étagères égarés dans les dédales de la tour, livres perdus, livres de sorts puissants, objets magiques dont le fonctionnement a été oublié à travers les âges. Mais les démons qui se rendent en ce lieu, ne viennent jamais pour la lecture.
C'était là, la destination de Zimm et Roxana, qui après une longue journée de marche silencieuse, arrivèrent devant la porte rongée par l'humidité, de laquelle s'échappait un faisceau lumineux. La nuit était obscure et les ombres des arbres sont la pâleur de la lune, prenaient des aspects de spectres maudits.
Zimm connaissait bien le lieu pour y avoir passé plusieurs nuits agitées. Lui, ne venait ici que pour boire et rencontrer les personnages extraordinaires qui y passaient et l'amusaient beaucoup. Il avait cependant toujours sut que d'autres choses se tramaient. Il poussa donc la porte et pénétra dans la grande salle éclairée aux bougies après s'être permit un rapide coup d'œil à Roxana, celle qu'il devait aider.
Il y avait là deux tables autours desquelles plusieurs démons aux formes diverses discutaient en chuchotant autour d'un jeu de dès et d'une bouteille de whisky. Assise dans un coin sombre, sur une marche en pierre, se tenait une femme à la peau violette, chauve, avec de grands yeux jaunes. Les créatures des ténèbres se tournèrent tous vers les nouveaux venus, les jaugeant du regard quelques instants avant de retourner à leurs occupations. Seul l'un d'entre eux s'approcha de Zimm. C'était Ezlikeos, un vieux démons à l'apparence petite et fébrile, son visage était tout recouvert de rides, ses cheveux gris tombaient de son crâne chaque fois qu'il se passait une main tremblante dans ses cheveux. Visage fin, dos courbé, un bâton noir à la main, une toge trouée comme seul vêtement, de petites lunettes sur le nez duquel un filet de morve coulait en continu. Ezlikeos pouvait avoir un aspect d'érudit, mais ce démon d'une perversité sans limite n'avait jamais ouvert le moindre livre, il était de toute manière incapable de lire.
- Voilà le vadrouilleur qui revient foutre sa merde ! S'exclama t-il en s'approchant de Zimm tout en gardant une distance de sécurité. Chaque fois que Zimm le voyait, il se demandait pourquoi il ne l'avait pas tué la dernière fois qu'il l'avait vu, ce type le dégoutait.
- Oh ! Mais je vois que tu as apporté une jolie bestiole avec toi... Continua Ezlikeos en se léchant les lèvres sèches.
- Dégage de la vieux débris, retourne te masturber dans un coin avant que je ne te transperce, répondit Zimm avec un ton de profonde lassitude.
- Toujours un plaisir de te croiser belle pourriture. T'as de la chance que soit fatiguée... Tu pourrais me laisser parler avec ta demoiselle, ou au moins faire les présentations...
- Tu me dégoute. Encore un mot et tu regretteras.
- Bien, bien... Quelle violence ! Quelle...
Il n'eu le temps de finir sa phrase, le plus épais des démons qui jouait au dès se retourna vivement et explosa :
- Ta gueule Ezlikeos !
Aussitôt, le concerné se recroquevilla sur lui-même, et grognant quelques paroles incompréhensibles alla se terrer dans un coin, non sans avoir adressé un grand sourire édenté à Roxana.
Zimm, indiqua à sa compagnonne une place où s'assoir, non loin du groupe central. Là, silencieusement, comme s'il se trouvait dans une bonne auberge, Zimm sortit sa pipe et la bourra d'herbes diverses, bus une lampée d'alcool - qu'il tendit ensuite à la démone, et commença à fumer. Puis, d'un air absent, il sortit ses cartes et en posa quelques unes sur la table. Plus personne ne faisait attention à eux. Il regarda Roxana droit dans les yeux et lui demanda non pas avec autorité, mais avec persuasion de lui faire confiance, avec un de ces tons dénuées de violence et d'agressivité, mais qui ne laissaient le choix qu'à l'obéissance.
- Pioche une carte et retourne la. Celle que tu veux.

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Roxana avait passé la journée à trottiner derrière Zimm qui faisait visiblement exprès de marcher à longues enjambées pour la distancer. Curieusement pourtant, il n'essaya pas de la semer, s'arrêtant même parfois pour la laisser le rattraper. Elle remercia intérieurement la volonté de fer qui de son père adoptif tout d'abord, puis la sienne propre, qui l'avait forcée à suivre un entrainement rigoureux. Malgré sa bonne endurance cependant, elle fut soulagée lorsqu'ils arrivèrent enfin à destination. Elle mourait d'envie de boire un verre et d'allonger ses jambes. Observant la bâtisse à demi en ruines, elle esquissa une brève grimace avant de reprendre son habituelle expression impassible. Pourquoi les démons affectionnaient-ils toujours les lieux lugubres et sinistres, voire carrément répugnants de saletés ? Elle-même n'était pas portée sur le luxe et les coussins tapissés, mais il y avait un juste milieu. Cela dit, si elle voulait frayer avec ceux de sa race, elle ferait bien de s'habituer dès à présent à vivre dans la même crasse qu'eux.

Aussitôt la porte franchie, elle sentit les regards curieux des démons, qui ne s'attardèrent pas à les dévisager bien longtemps néanmoins. Un seul eut l'audace de s'approcher et de cracher son haleine putride dans leur direction malgré la distance de sécurité qu'il respectait. Elle ne prêta guère attention à ses propos dégradants. Elle s'était toujours doutée que son apparence de frêle humaine susciterait les moqueries ou la convoitise des démons, et le peu de rencontres qu'elle avait faites jusqu'à présent n'avait fait que lui confirmer ce sentiment. L'ignoble démon recula enfin, rappelé à l'ordre par un congénère plutôt massif, à côté duquel elle semblerait probablement aussi petite qu'une poupée, et elle suivit Zimm sans qu'un mot soit sorti de sa bouche. Elle s'était contentée de hocher la tête en guise de salutation aux autres, plus par habitude que par réelle politesse.

Malgré sa petite stature, elle n'éprouvait aucune peur en ce lieu rempli de créatures démoniaques. D'abord parce qu'elle était fort bien entrainée, et d'autre part parce qu'elle se savait l'une d'entre elles, et probablement parmi les plus sanguinaires. La peur de ses proies, leurs larmes et leur sang, étaient ses mets préférés et rien ne valait à ses yeux une belle chasse qui laissait à sa cible tout le temps de suinter la terreur par tous les pores de sa peau. Elle prit place à côté de Zimm et allongea ses jambes devant elle en se renversant en arrière dans sa chaise avec un soupir d'aise. Enfin elle pouvait se détendre. Elle regarda son compagnon de route bourrer sa pipe et prit la flasque qu'il lui tendait pour en boire une gorgée à son tour. Elle avait la sienne dans son sac, mis autant profiter de la générosité du démon.

Sa demande la prit par surprise. Pas un muscle de son visage ne bougea cependant, tandis qu'elle soutenait son regard. Étrangement, elle se sentit l'envie de lui obéir, alors que son premier réflexe aurait plutôt été de lui rire au nez et de l'envoyer promener. Elle se justifia en elle-même par le fait qu'il l'avait menée ici sans faire d'histoire et sans rien demander en contrepartie. Sans le quitter des yeux un seul instant, elle tendit lentement la main et retourna docilement l'une des cartes qu'il avait posé sur la table.

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Dame de cœur.
Zimm en tira une à son tour.
Deux de pique.
Il parut réfléchir quelques instants, puis rangea les cartes sans un mot. Le message était flou, imprécis quant à qui elle était exactement, mais les cartes le poussait à rester avec elle, à l'aider. Il fallait obéir au jeu du hasard.
Il resta un long moment songeur, tirant sur sa longue pipe, la fumée s'enroulait autour de lui, formant comme une chaine en métal. Zimm n'y prêtait aucune attention, la fumée avait l'habitude de prendre des formes émanant de son inconscient.
Après près d'une demie-heure de silence, il se décida enfin à parler.
- Bon... Tu m'as demandé de te mener ici. Tu sembles ne pas bien savoir comment fonctionne le Vein. Il n'y a pas la moindre hiérarchie, plutôt des dominants et des dominés. Il y a ceux qui donnent les ordres et ceux qui obéissent. Pas de titre, ces rapports là ce font naturellement. Du plus fort vers le moins fort. Il parait qu'il y a un roi dans le Vein... Mais bon... Personnellement je ne l'ai jamais rencontré et je m'en fous. Tout le monde s'en fous à vrais dire... La plus part des démons sont comme moi, seuls, errants. Quelques uns forment des groupes pour s'ennuyer à plusieurs. Tant qu'au roi et ceux qui lui obéissent, je n'en sais rien. Je ne sais pas où ils se trouvent, comment ils fonctionnent, quelle est leur philosophie... Mais toi, que veux tu ? Que cherches tu ? D'où viens tu ? Enfin... Je te demande ça... Mais je m'en fous. Dis moi ce que tu as envie de dire... C'est juste pour t'aider, plus j'en sais sur toi, mieux je pourrais t'aider. T'aider en tous cas jusqu'à ce que ça me fasse chier. Que les choses soient clairs. Je ne suis pas ton toutou. Je me casse quand je veux. Sans rancune. Pour le moment je t'aide. C'est comme ça, demande pas, y a rien à savoir. C'est comme ça c'est tout. Dit moi ce que tu veux.
A prononcer ces paroles, Zimm se surprenait lui-même. Il se sentait légèrement mal à l'aise. Cela faisait trop longtemps qu'il était seul. Offrir son aide à quelqu'un... Une démone qui plus est. Il n'en avait en rien honte d'agir ainsi, n'ayant pas le moindre ego. Seulement, cela n'était pas dans sa nature.

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Roxana détacha un instant ses yeux de ceux du démon pour regarder les cartes, intriguée par cette coutume qu'elle ne connaissait pas. Zimm ne dit pas un mot cependant et parut se plonger dans ses pensées ce qui l'agaça quelque peu. Elle aurait aimé avoir des explications sur la signification de ces cartes, du tirage qu'il lui avait fait faire, mais il ne semblait pas disposé à les lui donner pour le moment. Elle eut un petit haussement d'épaules agacé et croisa les bras sur sa poitrine menue en reportant son attention sur les joueurs de dé. Quand son compagnon reprit la parole, elle tourna lentement la tête vers lui et l'écouta avec attention sans trahir la moindre émotion. Elle attendit patiemment qu'il ait fini de prononcer le plus long discours qu'elle ait entendu sortir de sa bouche, puis acquiesça doucement et réfléchit un moment avant de répondre avec conviction mais très calmement.

Je n'ai pas plus une âme de dominée que toi, si tant est que nous autres démons ayons une âme...

La mention d'un roi l'avait intriguée mais si c'était un roi sans terres et sans pouvoir, c'était tout de suite nettement moins intéressant. Elle continuait de réfléchir à ce qu'elle pouvait lui dire, tout en s'interrogeant sur ses motivations à l'aider. Ce qu'il lui apprenait sur le Vein avait quelque chose de décevant pour elle, mais elle n'allait pas se laisser démonter pour si peu. Il allait falloir qu'elle lui livre quelques informations choisies à son sujet si elle voulait qu'il continue à l'aider, une version édulcorée de sa vie et de ses ambitions en somme.

Je sais pas trop d'où je viens. J'ai été trouvée quand j'étais toute gosse, et j'ai grandi normalement pendant quelques années. Quand j'ai eu cette apparence, j'ai arrêté de vieillir. Et puis j'ai fini par partir, et depuis je vis seule. C'est pour ça que je cherche les autres. C'est pas marrant d'être toute seule.

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C'est pas marrant d'être toute seule...
Cette dernière indication le fit sourire. Il ne se sentait pas plus avancé. Elle le regardait avec ses étranges yeux émeraudes. Il reprit une gorgée de sa fiasque et reremplit sa pipe vide. L'esprit commençait à tourner.
Elle faisait vraiment petite fille. Il se sentait comme papa face à elle. Ce qui était idiot car elle était sans doute plus âgé que lui, mais cette apparence fragile qu'elle avait n'était pas pour lui déplaire. D'étranges contradictions l'envahissait. Il avait ce désir de sortir de la tour, de la laisser là en lui disant : "Et bien cherche des amis !". Mais il ne fallait pas se voiler la face. Lui aussi se sentait seul. Ce n'était pas pour rien qu'il l'avait accompagné. Lui aussi avait des envies de compagnie. Seulement, il s'était tellement habitué à sa condition d'errance et de solitude profonde, que les autres êtres vivants lui semblaient n'être que des illusions dérisoires.
Il balaya la salle du regard quand la porte s'ouvrit. C'était un homme au visage allongé, aux cheveux rouges plaqués en arrière. Ses yeux orangés brillaient d'un éclat inquiétant, son poing était resserré sur sa lame. L'individu devait avoir une vingtaine d'année. Son visage lui rappelait quelque chose d'ancien, de disparu. Il s'avança jusqu'à la démone à la peau violette qui était resté silencieuse dans un coin. Il s'installa à côté d'elle et commencèrent à discuter.
Zimm se retourna vers Roxana, il l'avait presque oublié. Une sensation étrange l'envahissait. Il sentait que quelque chose allait se passer. Quelque chose qui sûrement aller bouleverser sa vie. Il avait envie de fuir mais savait qu'il devait rester. Sa jambe droite ne pouvait plus rester immobile, elle tremblait légèrement. Son dos le brûlait tel une cicatrice.
- Regarde la salle Roxana, observe ces bêtes... Qui t'intéresse ? Dit moi qui et nous verrons.

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Elle ne le quittait pas des yeux, semblant lire dans son esprit bien qu'il n'en fut rien. Du coin de l'oeil elle avait perçu le mouvement et sentit la présence d'un nouveau démon mais pour l'instant elle ne s'intéressait qu'à Zimm. À lui et à la curieuse nervosité qui semblait l'avoir saisi. Avait-il un don de prémonition ou une sorte de sens démoniaque qui l'informait du danger. D'un mouvement souple et rapide, elle se leva et se glissa derrière lui. Debout derrière sa chaise, elle eut à peine à se pencher pour placer sa tête à côté de la sienne, sa bouche contre son oreille. Ainsi ils regardaient dans la même direction. Elle fit glisser ses mains le long de ses épaules et sur son torse, lentement, tout en lui susurrant doucement à l'oreille.

Ces bêtes sont nos frères mon ami...

Elle donna un petit coup de langue sur le lobe de son oreille et laissa échapper un petit gloussement avant de reprendre sur le même ton, répondant à sa question tout en étudiant les occupants de la salle.

La femelle mauve et son compagnon, la brute qui joue aux dés, et le maigrichon sournois en face de lui.

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Elle s'approcha de lui. La première réaction qu'eut Zimm, fût de resserrer son poing autour de la lame cachée sous sa toge. Quand elle passa ses mains sur les muscles de son torse et sur ses épaules, il resta dans une immobilité parfaite, sa voix à son oreille le fît sourire et une jubilation pris place dans son esprit malade. Sa langue lui lécha l'oreille, il passa sa main sur sa cuisse, discrètement, prenant plaisir à malaxer cette chair tendre.
La femelle mauve et son compagnon, la brute qui joue aux dés, et le maigrichon sournois en face de lui.
Les mots pénétrèrent en lui comme des ordres. Il se leva, la regarda, il avait presque envie de l'embrasser et de lui sucer le sang des lèvres. Il se contenta de sourire non sans cacher les désirs qui lui passait dans la tête. Cela se voyait sur son visage.
Il s'approcha de la table où la brute immense jouait au dès. Ils étaient cinq en tout, autour de cette table. Tous de pur sang démoniaque. Sans s'être présenté, Zimm saisit les dès et les lança sur la table. 1 - 6 - 6 - 4 - 5, il garda les deux 6 et relança les trois autres sous les regards ahuris des cinq démons. Il obtint 4 - 6 - 4.
Il n'en fallu pas d'avantage pour énerver la grosse brute qui était vraisemblablement le dominant du groupe. Le petit vicieux à côté de lui gloussait en silence.
Sans un mot, une hache fût immédiatement brandie en direction de Zimm.
- Arrête de chercher la merde Zimm, on te connais bien par ici.
- Ouais ! Y a pas mal de rumeur qui circulent à ton sujet.
- Des démons tordus on en connait un certain nombre...
- Un certain nombre, ouais, parfaitement !
- Mais des comme toi, ça... On y a jamais eu droit. Alors dit nous clairement ce que tu veux à venir nous faire chier en pleine partie.
Le démon sentait les lames et la peau moite des cinq créatures qui l'encerclaient. Il savait aussi que Roxana l'observait.
- Que d'agitation... Il repris un peu de liqueur avec un grand calme et rangea sa pipe dans la poche de son long manteau sombre et troué. C'est juste que nous nous ennuyons. Là, il tendit sa fiasque à la brute à la hache qui était plus grand que lui de plusieurs têtes (bien que Zimm fasse déjà 3 mètres de haut). Il était aussi bien plus large que la brindille qu'était notre démon.
La brute fronça les sourcilles et abaissa sa hache, il tendit un bras pour prendre ce qu'on lui tendait. Au moment où ses doigts se posèrent sur la fiasque, les ongles de Zimm s'allongèrent soudainement, transpercèrent la poitrine de la large créature qui cracha un filet de sang avant de chanceler.
Il avait bien visé, le cœur qui battait faiblement dans cette poitrine venait d'être percé. Échec et mat. Il n'en fallait pas plus. Le corps balourd tomba lourdement sur le sol en pierre. Les autres qui entouraient Zimm frissonnèrent et n'osèrent attaquer. De toute façon, ils n'avaient jamais vraiment aimé cette grande bête autoritaire. Ils ne demandèrent pas leur reste et quittèrent aussitôt les lieux. Seul demeura le maigrichon sournois qui continuait de glousser bêtement en bavant légèrement devant un tel spectacle qui semblait jouissif pour lui.
Zimm le saisit par le col, souleva le démon et le déposa sur une chaise, devant Roxana.
- Navré pour la brute, mais elle, je ne l'aimais pas. Se justifia Zimm. Quand aux deux autres, gardons les pour plus tard.

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La grande main qui pétrit sa cuisse un instant lui parut si forte qu'elle eut pu lui briser la jambe d'un seul coup, et un frisson délicieux remonta le long de son échine. La différence de taille entre eux était telle qu'elle ne doutait pas de souffrir si elle le laissait toucher son corps, et l'envie n'en était que plus abominablement intense. Lorsqu'il se mit debout, elle leva la tête pour soutenir son regard et un sourire mauvais étira ses lèvres à la vue de l'éclat férocement sexuel qui brûlait dans ses yeux. Elle avait toujours su déclencher ce genre de pulsions chez les mâles, qu'ils soient humains, démons ou autres, et s'en délectait. Grimpant sur la chaise qu'il venait de quitter, elle s'assit sur le dossier pour assister au spectacle sans en perdre une miette, son sourire carnassier s'attardant sur ses lèvres.

La scène qui suivit la réjouit littéralement et elle faillit battre des mains tant elle appréciait les manières insolentes et arrogantes de Zimm. Elle fit une petite moue déçue quand il acheva la grande brute mais se remit bien vite en songeant qu'il restait encore un tas de choses délicieusement désagréables à faire et à découvrir. Pas un instant il ne lui était venu à l'esprit d'aider Zimm en quoi que ce soit, c'eut été un véritable affront de son point de vue. Alors que les compagnons de la brute filaient sans demander leur reste, elle se mordilla l'ongle du pouce sans cesser de sourire en regardant Zimm lui amener le petit sournois qu'elle lui avait désigné.

Elle tira la langue à son compagnon avec un sourire malicieux puis bondit souplement sur la table et s'accroupit devant le démon dégoutant. Il bavait et gloussait comme une hyène stupide en la fixant de ses yeux chassieux. Un petit frottement métallique se fit entendre et l'une de ses longues dagues était apparue dans sa main. Elle en planta la pointe dans le bois de la table devant elle et croisa les mains sur le pommeau pour y appuyer son menton. Ainsi ramassée sur elle-même, elle avait quelque chose d'une enfant maléfique et sanguinaire, quelque chose de proprement terrifiant et il ne pouvait échapper à aucun des autres démons qu'elle avait sans doute quelque chose de dérangé.

Elle étudia le démon ainsi un long moment sans rien dire jusqu'à ce qu'il finisse par être mal à l'aise. Il commença alors à s'agiter, se tortiller en gloussant nerveusement et en regardant du côté de Zimm, même s'il n'y avait visiblement aucune aide à attendre de ce côté là. Le sourire de Roxana s'élargit quelque peu à la vue du malaise que son silence et son regard avaient suffi à provoquer chez son vis-à-vis. Alors seulement elle empoigna sa dague d'une main et en donna un coup si vif qu'il fut presque invisible pour faire une légère entaille sur la joue du démon baveur et recueillir une goutte de sang sur sa lame. Elle la porta à sa bouche et goûta son sang comme pour jauger de la qualité du démon. Ce dernier avait poussé un petit couinement et s'agitait encore plus.

Elle ne le quittait pas des yeux, l'hypnotisant d'une certaine manière de son regard émeraude sans même en avoir conscience. Elle se délecta du goût de son sang, bien que le sang de démon fut de bien moindre qualité que celui des humains, puis se décida enfin à parler.

Tu es un répugnant démon né de la boue la plus noire du Vein... Et ce qui te sert d'âme est plus sombre que ton cul crasseux. Connais-tu celui qui se dit le roi des démons ?

Pendant qu'elle parlait, le couple sur la marche de pierre avait cessé de discuter et s'était mis à les regarder. En particulier Zimm qui semblait connu de tous dans ce coin.

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Zimm observa Roxana faire, en profitant pour contempler ses manières d'agir. Le dégoutant petit être vicelard commençait à perdre patience et se demandait bien ce qu'on lui voulait. Il continuait de glousser de temps à autre, de plus en plus mal à l'aise.
Cette démone qui l'avait suivit était tout à fait appétissante. Mais trop accessible aux premiers abords. Plus elle se laissait malaxer, moins elle l'intéressait. Il se tourna vers cette démone à la peau violette et ce jeune aux cheveux rougeoyant qui avaient cessé toute discussions pour les observer. Leurs visages ne lui disait rien.
Ils finirent par se relever de leur position, assise, et grimpèrent les marches vers les étages supérieures de la tour. Que pouvaient-ils bien aller chercher là bas ? La curiosité commençait à l'envelopper.

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Le petit démon vicelard eut un temps d'arrêt à sa question puis plissa les yeux d'un air encore plus sournois si possible en semblant la jauger. Roxana soutint son regard sans bouger un cil et l'étudia avec plus d'attention pendant qu'il lui répondait d'une voix hésitante qui lui parut fausse tout en tendant la main vers elle.

- Je le connais pas... Mais toi poulette, je veux bien apprendre à te connaître...

La suggestion lui donna envie de vomir et son regard s'assombrit brusquement. Certes elle jouait les provocatrices et se savait suffisamment alléchante pour pouvoir obtenir beaucoup de choses sur sa simple bonne mine, mais ce que ses victimes ignoraient et qu'elle taisait soigneusement, c'est qu'elle était fort innocente pour un démon de son âge. La vie solitaire ne lui avait jamais donné l'occasion de rencontres réellement intéressante et par ailleurs elle ne voyait pas grand intérêt à satisfaire les appétits sexuels souvent bestiaux des démons alors qu'elle prenait tant de plaisir à chasser.

Vive comme l'éclair, elle prit appui d'une main sur la table et balança sa jambe dans un mouvement circulaire. Son pied partit droit sur l'atroce figure du démon baveux et lui cassa le nez tout en renversant sa chaise en arrière. Avant qu'il ait pu réagir, elle avait bondi et se tenait debout au-dessus de lui, un pied botté posé en travers de sa gorge. Le démon se débattait en couinant, étouffé par le sang qui coulait de son nez et à demi assommé par la chute au cours de laquelle il s'était cogné le crâne.

Sale garce ! Tu m'as pété le nez sale petite putain !

La fin de ses mots doux se perdit dans un gargouillis répugnant alors qu'elle lui enfonçait un peu plus sa botte dans la gorge avant de le relâcher brusquement. Elle lui cracha dessus et s'éloigna tranquillement malgré la fureur qui faisait bouillonner son sang. Les démons étaient bien tous les mêmes, des pervers dégoutants qui ne répondraient jamais à ses questions. Laissant exploser sa rage, elle envoya une table valser contre un mur où elle se cassa en plusieurs morceaux.

Le geste rageur eut l'effet escompté et elle recouvrit instantanément son calme impassible habituel. Elle rangea sa dague après l'avoir soigneusement essuyée puis se tourna vers Zimm et le considéra d'un regard froid et hautain destiné à dissimuler sa déception. Le ton de sa voix était sarcastique et mesquin.

Toi aussi tu veux me sauter pour services rendus ? C'est comme ça que fonctionnent les démons ? Je comprends mieux pourquoi vous êtes tous des solitaires.

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Zimm lui jeta un rapide regard, ses lèvres souriaient en coin ce qui pouvait laisser penser beaucoup de choses qu'il ne prononça pas.
- La femelle mauve et son compagnon sont montés dans la tour... Vient.
Il ne dit pas ça comme un ordre, mais d'avantage comme une évidence. La dernière fois qu'il était venu, et depuis toujours d'ailleurs, les étages secrets de cette tour qu'on présentait comme maudits ne l'intéressaient guère. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait des inconnus monter les marches, mais cette fois-si, une curiosité inhabituelle le gagnait. Il redécouvrait le monde qui l'entourait, ses mystères, ses personnages étranges, ses beautés... Lui, qui errait depuis trop longtemps, qui avait oublié le bruit d'un cœur qui bat, l'alcool et le sang avait asséché ses sens. Certes, il avait toujours été en extase devant les petites choses de Mère Nature et du Dieu des Songes, mais de là à faire un effort : monter des marches, pour aller chercher un rien inconnu. Non... Cela il ne l'avait encore jamais fait. Il se sentait comme un gosse. Comme le gosse qu'il n'avait jamais été. Apparu au monde sous cette apparence de grande asperge osseuse au milieu des Sols Empoisonnés, sans père, sans mère. Sans rien... Il n'avait jamais eu d'enfance. Et ce sentiment qui l'animait ce jour là, il le connaissait pour l'avoir vu à Madorass, ces enfants qui jouaient avec des boites de conserves tranchantes. Il voyait à travers les yeux de ces enfants. Le temps d'un instant. Mystique.
Il se ressaisit. Fit le tri dans ses pensées. Il y avait la chaleur du corps de Roxana à côté de lui, l'odeur de sa sueur n'était pas désagréable. Une présence. Il avança avec tranquillité jusqu'aux escaliers qu'il grimpa. Les mystères de la tour l'attendait.
Non. Les attendait.

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Il n'avait pas répondu à sa question. Tant mieux d'ailleurs parce que cette conversation n'avait pas grand intérêt en soi et elle n'était pas certaine de vouloir obtenir une réponse. Il valait mieux passer à autre chose. Le démon baveux était resté prudemment au sol, reniflant et crachant du
sang en la fusillant du regard et en grommelant des insultes. Elle lui colla un coup de pied dans la tronche en passant puis rejoignit Zimm et grimpa l'escalier à ses côtés sans cesse de s'interroger sur cet étrange compagnon de route. Il ne lui avait pratiquement rien dit de lui et pourtant elle sentait les innombrables pensées qui l'agitaient parfois sans qu'il les exprime. Il restait un personnage mystérieux et intriguant, d'autant qu'il l'avait aidée sans rien lui demander, contrairement à son accusation mesquine quelques minutes auparavant.

Ils parvinrent à un premier palier crasseux et sombre mais la femelle violette et son compagnon n'étaient visibles nulle part. De part et d'autre d'un étroit corridor s'ouvraient plusieurs portes. Devaient-ils les explorer ? Ou continuer à grimper dans les étages ? Brusquement elle eut envie de fuir tout ça, de quitter Zimm et le reste, de retourner se cacher, seule et solitaire. La bouffée de terreur qui l'avait envahie reflua bientôt et elle laissa échapper un léger soupir en avançant résolument en repoussant ces sentiments désagréables dans un coin de son esprit. Elle s'arrêta près de la première porte et jeta un coup d'oeil à l'intérieur mais ne vit rien tant la pièce était sombre. Elle leva les yeux vers Zimm et l'interrogea du regard.

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Il sentait son regard dans les ténèbres. Lui-même ne savait pas exactement ce qu'il faisait là.
Il avança à tâtons dans le corridor au plancher craquant. Il poussa la première porte et une meute de chauve-sourie en sortit en grinçant, petits cris aigües, déchirant. Derrière, il n'y avait qu'un trou. Il avança vers la porte seconde, la pièce y était plus sombre encore. Il s'y avança, pénétra le seuil de la porte et comprit pourquoi il n'y voyait rien : ce n'était qu'un vieux placard à balais. Ces deux échecs le fît sérieusement douter. Que cherchait-il donc ?
Une dizaine de mètre plus loin, au fond du corridor, une lueur parue, s'échappant par le dessous d'une porte, on pouvait y voir la poussière danser. Des murmures lui parvint.
Zimm s'avança. Il se tourna vers Roxana et sa main vint malencontreusement heurter la bouche de la démone avec caresse. Il fît comme si de rien n'était et repris sa marche.
Ils arrivèrent devant la lumière, poussèrent l'accès en bois pour jeter un coup d'œil. A l'intérieur se tenait la femme violette et l'homme aux cheveux rouges, tous deux penchés sur des étagèrent pleines de fioles et de livres, des bougies à la main. Il n'eut pas le temps de poser un seul mot, du coin de l'œil, la femme le vit et aussitôt un éclair sortit de sa main, fouettant Zimm au niveau torse, un coup si puissant que la grande carcasse de 3 mètres fût propulsé en arrière, traversa la parois du couloir dos à lui et se retrouva cul par terre dans la salle voisine.
La première réaction du démon fût ni de se demander ce que ces deux là pouvaient bien faire, mais avant tout se venger d'un tel coup qu'il n'avait pas vu venir. Il se releva immédiatement et ses ongles jaillirent en dix fouets vers ses agresseurs coincés dans la petite salle. Les griffes déchirèrent leurs vêtements, du sang coulait légèrement de leurs visages. La femme soudain se liquéfia et disparue dans le sol, pendant que l'homme, d'une impulsion soudaine, s'éleva dans les airs et traversa le plafond pour atterrir dans la salle du dessus.
Zimm avait l'étrange sensation qu'ils n'étaient pas partis. Il se tourna vers Roxana.
- Restons sur nos gardes... Ils nous observent... Ils vont attaquer de nouveau...

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Restée à quelques pas derrière Zimm, elle le laissa explorer les deux premières pièces sans le moindre inétrêt. Attirée comme lui par la lueur qui filtrait sous la porte au bout du couloir, elle le suivit sans bruit, s'efforçant de ne pas faire craquer le plancher sous ses pieds. Alors qu'elle s'était rapprochée du démon, il se retourna et sa main frôla ses lèvres, la faisant tressaillir. Elle ne dit rien cependant, se contentant de froncer les sourcils dans l'obscurité. En tant que démon femelle, elle aurait du se réjouir et même se délecter de ce contact peut-être pas aussi fortuit qu'il y paraissait. Mais les émotions troubles qui l'agitaient la poussaient à se méfier de tout contact qu'elle n'avait pas cherché elle-même.

Lorsque Zimm ouvrit la troisième porte, elle eut à peine le temps de se reculer qu'un éclair vint frapper de plein fouet son compagnon et le projeter en arrière. Alors qu'il se relevait et lançait ses ongles comme des fouets sur les deux démons, elle s'avança enfin et eut tout juste le temps de voir la femme disparaître comme une flaque dans le sol pendant que son compagnon traversait le plafond d'un bond. Elle acquiesça aux paroles de Zimm. Elle aussi sentait qu'ils n'étaient pas partis et les observaient.

Avançant prudemment dans la pièce, elle observa avec attention les fioles de tailles et de couleurs diverses qui encombraient les étagères ainsi que de nombreux grimoires, ouverts ou fermés. Tout était plutôt poussiéreux et désordonné, comme si un mage occupé à travailler avait du fuir précipitamment. Dans un léger frottement métallique, elle sortit ses dagues de ses étuis et les fit tourner dans ses mains avant de se déplacer à travers la pièce, à l'affut du moindre signe des deux autres. Comme elle s'approchait d'un mur, un bras en surgit et lui fit une clé au cou, la plaquant dos à la paroi avant qu'elle ait pu l'esquiver.

Elle ne prononça pas un mot, n'émit pas le moindre cri ou souffle qui aurait trahi sa surprise, mais mordit à belle dents le bras qui l'étranglait, arrachant un bout de chair sanguinolente. Aussitôt relâchée, elle retomba sur ses pieds et reprit son souffle en regagnant vivement le centre de la pièce pour se placer dos à Zimm. La position pouvait paraître inutile voire utopique puisqu'elle lui arrivait à peu près à la taille, mais elle se savait assez agile et vive pour protéger les arrières du démon, même s'il faisait deux fois sa taille. Scrutant les murs, plancher et plafond, elle parla d'une voix forte et claire.

Sortez de là bande de couards, on veut juste discuter.

Mensonge éhonté car à vrai dire cette rencontre avec les démons de la tour commençait à sérieusement lui échauffer le sang et elle brûlait d'en découdre avec eux histoire de se défouler et de leur soutirer des informations par la torture si nécessaire.

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- Sortez de là bande de couards, on veut juste discuter.
Il ne pus que sourire. Si sa méthode marchait, il se raserait le crâne ! Des démons prêts à discuter. Pour cela, il aurait fallu que les adversaires puissent y croire et qu'eux aussi est des désirs de discussion. Ce qui ne semblait pas le cas.
Il restait sur ses gardes, scrutant portes, murs... Il sentait la tête de Roxana sur le bas de son dos, il pouvait entendre son souffle. Quel béatitude que de combattre aux côtés d'un autre ! Cette douce excitation du sang, adrénaline du danger, partagé cette fois si ! Et plus uniquement avec l'ennemi, avec l'allié ! Allié... Quel mot étrange...
Soudain, apparu à quelques mètres de lui, comme jaillissant du sol, la femme à la peau violette. Son visage était finement dessiné, semblable à un dessin. Ses grands yeux jaunes brillaient dans le noir.
- Très bien... Discutons alors...
Zimm n'en crut pas ses yeux. Il hésita entre le rire et les larmes. Se prépara à déchirer le visage de cette créature avec ses griffes.
Non. C'était trop facile... Quelque chose n'allait pas... Pourtant, rien ne se passait...
- Où est ton coéquipier ? Interrogea t-il.
Il n'eut en guise de réponse, que deux bras musclés, traversant le plafond pour le saisir à la gorge et le soulever du sol. Merde ! Il savait bien que ce n'était pas normal. Il fût heureux de savoir qu'il n'aurait pas à toucher à ses cheveux.
Par réflexe, ses ongles grandirent, filèrent à travers le couloir pour aller se planter dans le visage de la femme. Le résultat ne fût cependant pas naturel. Elle explosa littéralement. Une gerbe d'eau glaciale se déversa sur eux, une eau qui brûlait la peau, faisait fondre les vêtements. De l'acide en sommes...
Une technique de clone piégé.
Les bras de l'homme le gardait cloué au plafond, Zimm commençait à perdre patience. Il se servit de la prise qu'on avait sur lui pour lancer ses jambes vers l'étage supérieurs, traversant lui aussi le sol, attrapant l'adversaire au niveau du cou, avec ses pieds. Ils se tenaient ainsi mutuellement quand le plancher craqua sous leurs poids. Ils retombèrent immédiatement dans le liquide d'un bleu peu ordinaire, brûlant. Il frappa alors dans le sol de toute ses forces, brisa de nouveau le planché. Tombant une dernière fois dans le seuil d'entré. Le liquide se dispersa sur cette plus grande surface.
Zimm était sur ses jambes, un ongle sous le cou de l'homme aux cheveux rouges, allongé sur une table en bois, fendue en son centre. La femme violette était invisible, cachée dans un mur sans aucun doute. Elle avait des capacités tout à fait déconcertante.
Le démon se tourna alors vers Roxana pour voir comment était sa situation.

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Toute l'expérience du monde n'aurait pu la préparer à ce qui arriva lorsque les ongles de Zimm se plantèrent dans le corps de la femelle violette. Frappée de plein fouet par les projections d'acide, elle atterrit brutalement dos contre le mur opposé, le souffle coupé. Elle bondit aussitôt, ses dagues à la main, mais ne put se fier qu'à son instinct, sa vue et son odorat étant littéralement anéantis par l'acide. Les fracas assourdissants lui indiquèrent les mouvements des deux démons qui s'étaient empoignés et lorsqu'ils retraversèrent le plancher pour atterrir à l'étage en dessous, elle s'approcha du trou dans le sol, et se laissa glisser au rez-de-chaussée.

Elle atterrit accroupie au sol et prit le temps d'ajuster sa vision qui lui revenait avant de se redresser. Zimm avait maîtrisé le démon aux cheveux rouges mais la femelle violette n'était visible nulle part. Restant à distance des murs, elle avança prudemment vers Zimm en promenant son regard partout, à l'affût de la prochaine attaque. Elle n'y avait pas prêté attention mais ses vêtements étaient en lambeaux, laissant apparaître ses bras et une de ses épaules nues, ainsi qu'une partie de ses cuisses au-dessus de ses hautes bottes miraculeusement épargnées.

Curieusement, elle avait besoin de rester proche de Zimm. Elle n'en avait pas conscience mais l'étrange relation qu'ils avaient nouée lui faisait du bien et la rassurait. Elle lui faisait confiance d'une certaine manière, ce qu'elle n'aurait jamais cru ni avoué si on le lui avait fait remarquer. Un allié, voilà ce qu'il était devenu en si peu de temps. Et ils s'accordaient parfaitement dans cette situation délicate.

Alors qu'elle arrivait près de la table sur laquelle Zimm tenait en joue le démon aux cheveux rouges, elle perçut du coin de l'oeil un mouvement, une simple ondulation sur un mur. Elle se tourna vivement, prête à bondir, mais rien ne se produisit. Tournant lentement sur elle-même, elle scruta encore les murs, dans l'attente de la prochaine apparition de la femelle violette, si tant est qu'elle apparaisse elle-même et pas un de ses clones, mais toujours rien. Le démon femelle savait s'y prendre pour faire monter la tension assurément. Mais c'était sans compter sur le mauvais caractère d'un moins un de ses adversaires.

S'asseyant sur le bord de la table, elle offrit un charmant sourire à Zimm, malgré la lueur féroce qui brûlait dans ses iris émeraude, puis baissa les yeux sur le démon aux cheveux rouges tut en réfléchissant au moyen de le faire souffrir le plus possible. Caressant son torse de sa dague, elle entailla sa peau à petits coups précis. Chaque incision au niveau des points nerveux était plus douloureuse que la précédente mais laissait échapper assez peu de sang. De quoi faire durer le plaisir.

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Le captif ne semblait tellement souffrir. Ou plutôt, bien que son visage grimaçant et suant témoigné de la douleur qu'il devait ressentir, il gardait les dents serrés et un visage sobre. Sa coéquipière restait invisible, ou qu'elle avait une absolue confiance dans les capacités de son compagnon, ou qu'elle prenait elle aussi plaisir à le voir souffrir. Elle n'apparaissait plus.
Zimm observait Roxana faire ses tortures avec grande habilité, à chaque petite coupure un frisson lui parcourait l'échine. Il ne perdait pas pour autant de vu le moindre tressaillement de sourcille de leur prisonnier.
Seulement, quand sa toge violette se déchira et tomba sur le sol à cause du rongement de l'acide, il se retrouva en sous-vêtement. Cette nouvelle apparence l'étourdit un quart seconde. Temps suffisant à l'adversaire pour rouler soudainement sur le côté se retirant ainsi de leur étreinte.
Tout de même, Zimm avait ses réflexes. Son ongle s'étira et vint transpercer le tendon droit de l'ennemi qui tomba aussitôt à terre. Il n'allait plus pouvoir marcher de sitôt.
Au même moment, sortant d'un mur, la femme violette se matérialisa et couru vers son compagnon.

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L'expression du visage du démon et la contraction incontrôlée de certains ses muscles lui apprenaient tout ce qu'elle avait à savoir sur sa souffrance réelle bien qu'il n'émît aucun son. Elle léchait parfois la lame de sa dague, goûtant le sang de sa victime qui se chargeait d'une saveur plus métallique à mesure que la torture lui devenait plus douloureuse. Le mouvement du vêtement de Zimm tombant en tas au sol attira son attention une seconde qui fut suffisante à leur prisonnier pour leur échapper.

Elle admira le geste vif du démon qui handicapait considérablement leur proie. Elle-même adorait sectionner les tendons des genoux de ses adversaires lors de combats rapprochés. L'éclair violet qui bondit hors d'un mur la rappela à l'ordre et elle se jeta en avant pour intercepter la femelle. Elles roulèrent toutes deux au sol comme des lutteurs et percutèrent violemment le bas des marches. Étourdie par le choc, Roxana se retrouva sous la femelle qui lui décocha un puissant coup de griffe, achevant de déchirer son haut et lacérant sa poitrine ainsi mise à nu.

Avec un feulement rageur, elle fit basculer la démone violette sous elle et planta de toutes ses forces sa dague dans son épaule pour la clouer littéralement au sol. Son adversaire continuait de se débattre cependant et lui cracha un jet d'acide qui l'atteignit au cou, lui faisant lâcher prise. La femelle mauve en profita pour bondir de nouveau vers son compagnon qui rampait au sol pendant que Roxana se ramassait sur elle-même, accroupie, et les fixait d'un regard mauvais. Une étrange lueur dorée passa dans ses yeux alors que le décor autour d'eux se mettait à onduler.

La démone violette fut atteinte de plein fouet par l'illusion qui lui donnait à voir son compagnon éviscéré. Lui-même voyait à peu près le même spectacle concernant sa femelle. Seul Zimm était épargné par le sort et pouvait voir les deux démons hurler à la mort dans une salle par ailleurs curieusement calme.

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Quand Roxana enchaina les coups avec la femme, Zimm n'osa intervenir, surveillant d'un œil l'homme au cheveux rouge, de l'autre le combat rageur qui lui plaisait beaucoup. Seulement, quand la femme violette parvint à sortir de l'emprise de la démone, elle couru en direction de l'homme.
Zimm était sur le point de lancer ses ongles quand soudainement, eux deux se mirent à hurler à la mort ce qui le surpris. Il eu une seconde d'hésitation puis les transperça tout deux au niveau des cuisses. Ils se retrouvaient ainsi bien incapable de se rendre nul part.
Les laissant gémir sur le sol, il s'approcha de Roxana.
- Tout vas bien ? Lui demanda t-il d'un ton sérieux et professionnel. Il se lécha ensuite ses ongles couvert de sang, d'un geste sûr il pris la dague dans les mains de la démone pour la nettoyer également avant de la lui rendre. Beau combat.

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La voix de Zimm lui parvint à travers un curieux brouillard cotonneux tant elle était concentrée sur son sort sans même en avoir réellement conscience. Elle cligna des yeux et l'illusion se dissipa alors qu'elle levait le regard vers le démon occupé à nettoyer sa dague. Elle récupéra la lame avec un vague sourire et hocha la tête en guise de réponse. Elle se remit debout et rangea son arme comme si de rien n'était. Elle jeta un coup d'oeil aux deux démons vautrés et gémissant, et arqua un sourcil sarcastique en regardant de nouveau Zimm.

On en fait quoi de ces deux là ?

Elle n'avait même pas jeté un regard sur leurs tenues respectives. La solitude ne lui avait pas appris la pudeur et elle n'avait pas la moindre honte à montrer son corps à demi nu, en particulier dans le cadre d'un combat comme celui qu'elle venait de mener. Pas un instant il ne lui serait venu à l'idée que le spectacle de deux femelles nues en train de se battre pouvait avoir quelque chose de plaisant à regarder pour un démon mâle.

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Je ne sais pas trop... Après tout c'est eux qui ont lancé l'offensive...
Zimm pris conscience qu'il ne savait pas exactement pourquoi ils s'étaient battus. Il se tourna vers les deux corps en souffrance et ne savait absolument pas quoi faire d'eux. Il avait envie de quitter ce lieu et de les laisser là.
Il avait grimpé dans la tour par curiosité. C'est ce même sentiment qui le poussa à s'assoir en tailleur à côté d'eux. Il ramassa sa toge, mais elle ne voulait plus tenir. Il bourra sa pipe et commença à fumer en les regardant sans savoir par quoi commencer.
- Vos noms...
Il n'eut en guise de réponse que deux regards piteux, dévorés par la haine d'être ainsi humilié. Il était évident que ces deux là, n'avaient pas l'habitude de perdre, que c'était la première qu'ils se trouvaient interrogés. C'est également pour cela qu'ils finirent par répondre. Ils savaient ce que eux, auraient été capable de faire pour obtenir ce qu'ils voulaient. Ils savaient tout autant que leur agresseur pouvait tout autant, sinon pire.
- Slay, fît l'homme.
- Eleas, fît la femme.
- D'où venez vous ?
- De Beolan.
Ce nom là lui disait quelque chose. Beolan, cité des mages... Monde du milieu. Ce n'était donc pas des démons mais bien des humains qu'ils avaient en face d'eux. Ces petites créatures étaient bien surprenante.
- Que faites vous ici ?
- Nous sommes venus chercher des sorts... Des livres...
- Pourquoi nous avoir attaqué ?
- Pardon ?
Zimm écrasa violemment son pied sur la face de la femme.
- Pourquoi nous avoir attaqué ?
- Mais... Mais c'est vous qui nous avait attaqué !
Zimm jeta un regard d'incompréhension avec Roxana. Il ne se souvenait pas d'avoir lancé l'assaut en premier. A vrais dire il ne se souvenait plus. Tout se passait si vite dans ces moments là. Ils avaient probablement dû le voir agresser les autres démons, et le voyant dans la tour, ils auraient eu peur de se faire attaquer à leur tour.
- C'est quoi comme sort que vous êtes venus chercher ?
- Des sorts élémentaires...
Elle ne disait pas toute la vérité.
Aussi, ils avaient compris que Zimm ne savait pas quoi faire d'eux, que ce combat avait été un mal entendu - heureux mal entendu pour le démon qui avait pus se faire les ongles, moins pour les captifs.
- Apprenez moi un sort.
- On ne peut pas.
- Pourquoi ?
- On ne peut pas apprendre un sort à quelqu'un, comme ça, juste en claquant des doigts.
Ils le prenaient pour un con. Il n'aimait pas ça.
Ces deux mages puaient les études de magie, la richesse, la bonne vie à deux, papa, maman, les aventures en famille. Ils puaient. Ils puaient la crasse.
Zimm se tourna vers Roxana :
- Bon... Tu as des questions à leurs poser ? J'ai faim. On les bouffe ?

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Fatiguée par son sort et par le combat, Roxana s'était assise sur la marche de pierre et observait Zimm avec les deux jeunes gens. La tension était retombée d'un coup avec tout son enthousiasme. À mesure que la discussion lui parvenait, elle était de plus en plus dégoutée et fatiguée. Elle se leva finalement et fouilla parmi les décombres à la recherche de sa cape qu'elle retrouva finalement sous les débris d'une chaise. Elle la secouait consciencieusement lorsque Zimm s'adressa à elle. Des questions ? Non, elle n'en avait pas. Elle ne voulait plus rien avoir à faire avec les deux mages qui avaient gâché son plaisir sans qu'elle comprenne trop comment. Elle haussa les épaules en guise de réponse et fit un petit geste vague de la main avant de déployer sa cape sur ses épaules.

Vas-y toi, j'ai pas faim.

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Zimm se tourna vers les deux êtres sanguinolents et les acheva d'un coup sec. Il était inutile de parler, ils avaient compris qu'ils aillaient mourir et n'auraient rien dit de plus. Il détacha soigneusement un bras à l'homme. La fille ne l'inspirait pas. Son sang avait de forte chance d'être acidulé.
Il lécha l'os et quand il eu finit il s'étira, bus une lampée d'alcool, et se tourna vers sa compagnonne.
Je suis navré qu'on est pas obtenu de plus amples informations pour toi... Au moins on s'est bien amusé.
Il lui sourit, un bout de chair coincé entre ses dents.
J'aimerais explorer un peu la tour, tu es partante ?
Il avait une envie d'aventure, de nouveauté. Sa vie ancienne devait être finit, une nouvelle aire commençait pour le démon.

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Roxana resta songeuse tout le temps que Zimm dépiauta le bras du jeune homme. Les yeux dans le vague, elle s'interrogeait sur ce soudain dégoût de tout et tous. Elle leva les yeux sur le démon souriant et quelque chose se réchauffa en elle. Cette créature bizarre avec sa grande carcasse qui faisait deux fois sa taille l'amusait et l'inspirait. Un peu de son enthousiasme lui revint à sa proposition et elle se leva en souriant à son tour, un éclat ironique dans les yeux.

Ca roule chéri, mais essaye de pas te jeter sur la première femelle qui passe, il me reste plus beaucoup de fringues à passer à l'acide...

Elle jeta un coup d'oeil circulaire à la grande salle à présent dévastée puis haussa les épaules avec fatalisme et recommença à monter l'escalier sans attendre. Avec ses longues pattes, Zimm la rattraperait en deux enjambées. Elle ne s'arrêta pas au premier palier cette fois, mais grimpa directement vers le deuxième étage.

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En quelque pas, il se retrouva juste derrière elle dans l'étroit escalier. Le second étage était si sombre que l'exploration allait être difficile. Ils n'étaient pas nyctalopes. Faire du feu allait être risqué avec tout ce bois autour d'eux, sec et fragile comme il était. C'était déjà un miracle qu'il tienne encore après toutes ces années, le mage l'avait probablement fait enchanté, il ne voyait pas d'autres solutions.
A tâtons ils avancèrent, quelques hurlements de chauve-sourie, au reste, tout était silence. Craquement des parois. Vent dans les fissures.
Une petite vague de froid fît penser au démon qu'il ne serait pas désagréable de trouver une toge quelconque pour remplacer celle qu'il n'avait plus sur lui.
On y voit vraiment rien...

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