À la recherche des autres... (libre)

________________ ________________

Roxana lécha la lame de sa dague avec un sourire gourmand puis l'essuya sur le jambe de son pantalon avant de la ranger dans son étui sur sa cuisse. *Une traque délicieusement sanglante*, songea-t-elle avec un gloussement. Rajustant les pans de sa cape et sa capuche sur sa tête, elle se remit en marche à travers les nappes de brouillard qui couvraient la lande. Ravie de sa matinée, elle se remémora avec un sourire mauvais le visage de l'homme quand elle l'avait rattrapé après l'avoir laissé courir quelques temps.

Elle inventoria le contenu de ses poches et une moue désabusée se dessina sur ses lèvres à la vue des quelques pièces dans la bourse de l'homme. Même pas de quoi se payer une chambre dans une auberge. Heureusement que la traque avait été réjouissante, ça compensait un peu la maigreur de son butin. Enfonçant les mains dans ses poches, elle pressa le pas et s'interrogea une fois de plus sur l'endroit où elle trouverait d'autres démons. Après tant d'années en solitaire, elle était avide de rencontrer ses semblables et pourquoi pas, de se mesurer à eux.

Jusque là elle n'avait rencontré que quelques démons mineurs sans importance qui n'avaient même pas pu la renseigner sur l'endroit où trouver des démons plus importants. C'était la hiérarchie qu'elle voulait rencontrer, et y faire sa place surtout, quitte à éliminer pour cela tout ceux qui se mettraient en travers de sa route.

Invité ________________ ________________

« Je t’ai dit.. De m’ouvrir ce passage magus.. C’est soit ça, soit je t’ouvre la gorge.. »

Toujours aussi aimable, Slade étais debout sur un magicien réputé pour ces petites frasques avec le Vein, cependant, le pied sur la tronche de ce dernier et l’épée affilée calfeutrée entre son menton et son cou proposaient une vision un peu plus dérisoire de ce à quoi était habitué ce mage. Les petits fiélons qu’il invoquait n’étaient rien face a l’adresse de Slade, quelques petits démons en moins dans ce monde. Cela dit, encore heureux qu’il ne s’agissait que de démons mineurs, des démons plus coriaces auraient été plus.. Dangereux que la normale pour le commun des mortels. Le magicien lâcha un gémissement de douleur, touchant comme il le pouvais son nez ravagé dégoulinant d’un sang coagulé, il ne répondait toujours pas. Le mercenaire soupira, se retira. Le magister se retourna et invoqua quelque chose dans l’espoir de le tuer, en réponse il reçu un coup de pied d’une force inimaginable dans le foie, résultat inattendu, il se mit a vomir quelque chose de rougeâtre et son pantalon devin brun, apparemment, le pauvre homme ne pouvait plus se contenir sembla-t-il. Enfin, le portail s’ouvrit, Slade en fut ravis, et une fois qu’il se leva, laissant le pauvre homme a son destin, il sortis son épée et la lui planta dans le bras droit, tournant la lame afin de le maintenir au sol avant d’entrer dans ce funeste portail, porte vers l’enfer.

___________________________

Après quelques secondes de voyage émouvant, il atterris en perdant l’équilibre et la maîtrise de soi dans d’immenses landes, il sentait déjà la magie opérer, Le mercenaire n’étais pas dupe, là ou la magie meurs, se trouve son bonheur. A peine releva-t-il le visage qu’il tomba nez a dos avec une femme qui jouais avec une dague, pas bon signe du tout. Il recula doucement en prenant son épée, la damoiselle en question se retourna d’un mouvement rapide, déjà armée avec son croc. Elle sentais surement la présence du renégat.

N’empêche, il vaux mieux se montrer, de toute façon il ne partirais pas, et il vallais mieux avoir de l’aide.

« Je serais toi, j’éviteras de m’attaquer a un homme armé lourdement avec une lame en argent. »

Il inspira tranquillement avant de continuer les présentations.

« Slade, enchanté, vous êtes ? »

Tout en regardant autour de lui, s’assurant qu’elle ne tente pas de le prendre par dérrière, tout sens alertes

________________ ________________

Peu importa ce qui la poussa à se retourner vivement : un bruit, une odeur, la perception d'une présence. Toujours est-il qu'elle se figea face à l'inconnu. Instinctivement et dans un geste fluide, elle avait sorti l'une des ses dagues et pointait la longue lame ondulée& vers l'intrus qui l'alpaguait. À travers les nappes de brouillard qui se déchiraient, elle entraperçut la silhouette de l'homme et un éclair lumineux l'informa qu'il était armé d'une lame, sans doute une épée. Plissant les yeux elle accommoda sa vision tout en mettant ses autres sens en alerte. À l'odeur caractéristiques, il s'agissait d'un être humain.

Avec une moue dépitée et vaguement moqueuse, elle rangea sa dague, s'assurant du même coup que sa jumelle était toujours sur sa deuxième cuisse. Elle croisa ensuite les bras sur sa poitrine menue et leva le menton dans une attitude fière tout en haussant un sourcil sarcastique. Elle le détailla à mesure que la brume se &dissipait et prit tout& son temps pour répondre.

Roxana Nevaleska, pour vous servir.

♞ ________________ ________________

Une chute sans fin et tous ces cris qui me vrillaient les tympans. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Les visions m’arrachèrent des cris de peine et de douleur, je revivais le pire moment de mon existence. Que se passait-il dans cette forêt ? Était-elle piégée par une sorte de magie. Je plaquai mes mains sur mes oreilles et fermai les yeux. Je n’en pouvais plus, quel être était capable d’une telle ignominie ? Tout mon corps n’était qu’une douleur sans nom et je ne pouvais m’empêcher de hurler. Je m’écrasai lourdement sur le sol et le souffle me manqua quelques secondes. Je restai allongée, incapable de me relever pour le moment. Petit à petit, les diverses sensations s’effacèrent et mon cœur reprit un rythme normal. Je bougeai mes membres un à un et soupirai, tout était en ordre. Ma vision redevint nette.

Je fouillai frénétiquement mes vêtements et fus rassurée. Par je ne sais quel miracle, tout était en état, sauf moi en fait. La lueur au travers de mes paupières closes m’indiqua que nous étions en pleine journée. C’était bien ma veine, je fis glisser mon bandeau sur mes yeux. Je me raidis en entendant des voix pas très loin. Ami ou ennemi ? Si je restai ainsi, à découvert et à la merci de n’importe qui, je n’aurai certainement pas le temps de le savoir. Je me relevai péniblement, encore légèrement chancelante et m’étirai rapidement. Mon Jô en main, je pivotai sur moi-même pour faire face à l’homme qui discutait avec quelqu’un d’autre. Bizarrement, je n’arrivai pas à déterminer qui il ou elle était et cela me fit froid dans le dos. Et puis où avais-je donc atterri, l’odeur des bois n’était plus là. La terre me semblait si sèche et si peu accueillante. Je n’étais pas prête d’atteindre la Cité Royale. Ils venaient de se présenter, j’enregistrai alors leur nom respectif. Un homme et une femme.

________________ ________________

Zimm était îvre, comme à son habitude, la langue pendue il courrait à travers les landes en poussant de puissants cris, ses ongles longs de trois mètres fouettaient le sol et l'air avec puissance. Il avait comme une envie de sang chaud et de chair tendre. Il renifla et le vent lui rapporta quelques bonnes nouvelles. Un renard noir se baladait dans les environs. Il ne lui fallut pas longtemps pour mettre la main dessus. La bestiole tourna vers lui un regard apeuré avant de filer "à toutes pattes". Zimm déploya ses immenses ailes sombres et s'envola au dessus de la bestiole qui devant la disparition du chasseur ne savait plus où donner de la tête. En un rire puissant, un de ces rires si empreins de désirs et de jouissances qu'il glaçait les veines des pauvres âmes incapables d'aimer la vie, le démon fondit sur le renard qui faisait son poids. Une belle bête de deux mètres de long aux crocs blancs bien visible. Zimm se laissa choir sur le dos de l'animal, sou comme un âne, il planta ses ongles noirs dans la fourrure bestiale, le renard poussa un cris de douleur, se retourna sur le dos et tenta de mordre notre démon assoiffé qui ne parvenait à calmer son fou rire. Il reçut pour sa peine plusieurs coups de griffes au visage et une vilaine morsure au bras. Plutôt que de l'affoler, cela aiguisa ses sens : d'un geste brusque il tordit le coup de la bête qui glapi une dernière fois avant de se taire à jamais. Le corps s'écroula dans la poussière des landes. Zimm enfonça son visage dans les plaies de la créature et commença à boire son sang pour calmer sa rage. Il enfonça sa main dans la belle fourrure et en retira cœur et tripes qui firent son repas. Il finit par se relever, ainsi repus, laissant la carcasse aux charognes. Là, il s'étira, bus un petit coup à sa fiasque. Il avait comme une petite envie de dessert. Il alluma sa pipe et la fumée serpenta autour de son crâne empreint de folie. Le démon alors renifla la vent, rentra ses ailes, et commença une nouvelle marche en direction d'un délicieux fruit que son odorat lui indiquait. Il y avait à quelques minutes de là, trois belles créatures avec qui il allait pouvoir s'amuser.
Tout du moins, telle était sa pensée en ce moment.
Elles n'étaient pas encore en vu et à chaque pas sa hâte de voir à quoi elles ressemblaient grandissait.

Invité ________________ ________________

« - Roxanne ? Original pour un démon, mais ne vous inquiétez pas, je suis loin d‘être ce que vous pourrez appeler un humain commun. »

Slade, ressentais l’essence des êtres, pourquoi ? Les démons, ange et créatures célestes/infernales dégageaient une aura magique, et au vu de sa capacité peu commune, le mercenaire pouvais juger les gens de cette manière. Cependant il se fit craquer la nuque a son habitude, en fait, la magie attaquais déjà son corps et le raidissais, mais ce n‘étais pas mortel pour le mercenaire, juste légèrement handicapant. Il tourna le regard a droite, un autre vortex s’ouvrit, il se dit que le magicien qu’il avais affronté lui envoyait des petits ennuis de plus a affronter et que ce coup-ci, il avais peut être réussis a invoquer un démon qu’on pourrais qualifier d’ennui majeur. Il se trouva que ce fut un corps a la silhouette féminine qui en tomba. D’un réflexe appris au fil d’années d’entraînement et d’assassinats, il dégagea sa lame et son bâton, directement en garde vers la chose qui venais de surgir du passage. Bien évidemment il la baissa rapidement, remarquant qu’elle semblait perdue. Il souffla haineusement.

« - Vous êtes ? »

Il leva un œil tranquillement et remarqua quelque chose au loin, indistinctement et presque imperceptiblement pour la plupart des êtres vivants, heureusement, il n’étais pas n’importe qui. Son ouïe hyper développée remarqua bien que quelque chose venait au nord.

« Nous ne sommes pas seuls semble-il. »

________________ ________________

Roxana tourna la tête vers l'endroit d'où provenait le bruit de chute puis haussa les épaules et gloussa en s'asseyant sur un gros rocher. Elle croisa négligemment les jambes et ramena ses longs cheveux bruns devant l'une de ses épaules pour y passer ses doigts d'un air calme et indifférent. "Ne vous inquiétez pas" avait dit l'humain. Cette pensée la faisait sourire. En voilà un qui s'arrêtait visiblement aux apparences, même si sa perception hors du commun lui avait permis de sentir qu'elle était un démon. Son apparence de jeune fille frêle lui avait rendu bien des services, et cette fois encore, elle semblait jouer en sa faveur.

Elle ne daigna pas lui expliquer pourquoi elle portait un nom si communément humain, et l'étudia un peu plus attentivement. "Pas un humain commun" avait-il dit. Qu'est-ce qu'il pouvait bien entendre par là ? Et quelles circonstances avaient fait de lui cet être hors du commun ainsi qu'il se plaisait à se désigner lui-même ? Elle songea avec un soupir que les humains étaient décidément des créatures bien arrogantes, quelles que soient leur capacité réelles.

Posant un regard hautain sur la silhouette de femme qui apparaissait à travers les nappes de brouillard, elle s'interrogea sur la curieuse manière dont cette créature était apparue à cet endroit. Ces gens ne maîtrisaient-ils donc pas l'endroit où ils se rendaient ? Reportant son attention sur le dénommé Slade, elle haussa un sourcil ironique en le voyant s'exciter de l'arrivée de quelqu'un d'autre. Elle-même ne ressentait nulle crainte. D'abord parce qu'elle savait se défendre malgré les apparences, mais également parce que son cynisme naturel s'accompagnait d'une forme de fatalisme. Si elle devait mourir sur cette lande désolée, des mains d'une créature quelconque, et bien soit, elle était prête. Mais elle vendrait chèrement sa peau.

Elle s'interrogea sur la présence qui approchait et tourna son regard vers le nord pour tenter de l'apercevoir avec l'espoir qu'il s'agissait enfin d'un démon supérieur, quelqu'un qui pourrait la guider vers les autres et lui en apprendre davantage sur la hiérarchie du Vein. Les questions sur Slade et l'inconnue attendraient semblait-il. De toute façon, elle pouvait survivre sans avoir les réponses songea-t-elle avec un sourire sarcastique.

♞ ________________ ________________

Et bien on pouvait dire que non seulement l’endroit n’était pas accueillant mais ces deux êtres là non plus. Le ton de l’homme me fit sourire sous ma capuche et je pris un malin plaisir à ne pas lui répondre de suite. De l’enseignement que j’avais reçu, l’indifférence face à la violence obtenait des résultats surprenants. Qu’avait-il donc à craindre pour être ainsi sur la défensive ? Je sentis le regard de la femme sur moi et ne dis mot ni ne fis aucun geste. Ils ne se connaissaient pas et l’homme se définissait comme un humain non commun. Etrange, que voulait-il donc dire par là. Dans quel endroit étais-je tombée ? La mort m’avait-elle fauchée avant que je ne puisse réaliser ma vengeance. Cette perspective me mit dans une colère noire que je calmai aussitôt. Je m’inclinai et me présentai.

« Je me nomme Michiyo Lino. Pourriez-vous me dire où nous nous trouvons s’il vous plaît ? »

Je sentais la brume effleurer les parties de mon visage à nu. L’odeur que dégageait ce lieu était des plus surprenantes, le mot exact étant fade. Ce monde semblait éteint, dépourvu d’âme, le souffle de la mort semblait régner en maître. Lorsque l’homme nous informa que nous n’étions pas seuls, je sentis les petits cheveux sur ma nuque se hérisser. Il était hors de question pour moi d’ôter mon bandeau car si la brume ne venait qu’à se déchirer, je serais alors sans défense et une proie des plus faciles à mettre à mort. Ce brouillard perturbait mes autres sens qui se retrouvaient comme étouffés et cela ne me plaisait guère. Je rangeai mon Jô à ma ceinture et m’armai de mon Jitte. Je gardai mon autre main libre, on ne savait jamais. Un silence lourd s’était installé.

________________ ________________

A travers la brume qui allait en s'épaississant, Zimm avança, pas à pas, sûr de lui. Un groupe se formait à l'horizon, silhouette perdue dans les profondeurs grisâtres du Vein. Il s'approcha d'eux, le visage encore tout recouvert de sang de renard, ses longs cheveux argentés glissaient sur ses épaules par touffes entremêlés, son corps imbibé par l'odeur de tabac sec qu'il reniflait avec satisfaction. Lui qui avait juste envie d'un bon petit dessert pour calmer son appétit vorace se retrouva face à trois individus aux allures différentes. Il y avait là une charmante petite démone aux allures fines et fragiles, elle lui plaisait beaucoup, il ne pus retenir sa langue de venir lui lécher ses lèvres sèches et poussiéreuses, petit geste invisible dans la brume. Il y avait là également deux autres humains qu'il voyait déjà comme de simples âmes égarés sans la moindre importance. Qui étaient ces imbéciles pour se balader ainsi en terre chaotique ? Faisaient t-ils du tourismes ? Il avait comme une envie de leur arracher la tête avant même de savoir leur but et leur manière d'être. Ces gens là ne l'intéressaient pas. Toute son attention était sur la charmante démone qui très certainement - connaissant bien ses confrères, avaient bien plus en intérieur qu'en apparence.
Il s'approcha donc du groupe, l'œil îvre près à toute action, réaction, près à se battre ou à caresser la chair. Il s'approcha d'eux comme une fleure, tout sourire, il riait à moitié. Cracha un peu de sa fumée sans la moindre peur ni signe d'agressivité - seul son aura démoniaque émanait cette force et ce désir de violence, son apparence n'en laissait rien paraitre si on oubliait le sang encore humide qui recouvrait son visage.
Bonjour charmants inconnus ! Je suis Zimm, comment vous portez vous ?
Il bus alors une lampé à sa fiasque et la tendis aux autres.
Wisky maison ?
Zimm souriait de toutes ses dents.

________________ ________________

Roxana posa ses deux mains à plat derrière elle sur le rocher pour s'y appuyer négligemment, ses jambes toujours croisées. Elle détailla de nouveau la jeune femme qui semblait perdue et lui répondit avec un sourire malsain.

Vous êtes dans le Vein ma chère, au coeur des Landes Insipides... Bienvenue loin de chez vous... Avez-vous peur ?

Un gloussement mesquin lui échappa puis elle tourna la tête pour regarder approcher le démon, car c'en était un à n'en pas douter. Plutôt bel homme malgré sa visible et répugnante habitude de ne pas s'essuyer après un repas. Malsain est le premier mot qui lui vint à l'esprit, aussitôt suivi du mot intéressant. Se passant inconsciemment la langue sur les lèvres, elle lui tendit la main, le laissant choisir de lui donner sa flasque ou de lui baiser les doigts, à sa convenance.

Je suis Roxana Nevaleska... Enchantée...

Fascinée par l'aura mauvaise et même machiavélique qu'il dégageait, elle étira ses lèvres en un sourire tout à la fois charmeur et carnassier, tout en surveillant leurs deux acolytes du coin de l'oeil. Qui pouvait savoir comment cette jeune femme étrange et l'humain "hors du commun" selon ses propres dires, allaient réagir face à cette apparition à la hauteur de l'idée qu'on se faisait généralement des démons.

♞ ________________ ________________

La brume apportait une nouvelle présence, ses effluves sans cesse en mouvement informait les quelques parties de mon visage à nu. La femme dont il se dégageait quelque chose de particulier me révéla le nom de l’endroit où nous nous trouvions. Mon esprit se mit en ébullition et certaines leçons de mon enseignement me revinrent en mémoire. Je me trouvais donc dans le monde du dessous, loin d’être le plus anodin et surtout il n’était pas spécialement fait pour les simples humains. Déjà des frissons remontaient le long de mon échine. Ce n’était pas de la peur mais comme des avertissements. J’avais cependant un avantage, les yeux bandés, je n’allais pas être la proie des diverses illusions qui pouvaient faire fluctuer ce monde. Mes sens en alerte bien qu’étouffés, je haussai les épaules à la question de la femme. La peur, j’avais appris à la maîtriser et à m’en servir toutefois cela ne me rendait pas pour autant inconsciente. Je ne connaissais que ce que l’on m’avait appris de ce monde, pas question de jouer les héros et puis ce n’était vraiment pas mon genre. Je ne bougeais pas, laissant venir à moi les maigres informations apportées par ce brouillard. Le quatrième individu était tout aussi particulier que la femme et il se dégageait de lui une violence brute. Une odeur de tabac et celle si particulière du sang. Je me raidis imperceptiblement mais elle était différente. Certainement un gibier, il ne faisait pas parti de ceux que je recherchais. L’homme ou quoiqu’il soit but un peu, je perçus la déglutition et une odeur d’alcool flotta un instant dans l’air, confirmée rapidement par les propos de l’individu. Je refusai poliment de la tête.

« Michiyo Lino. »

Je ne comprenais pas ce que je pouvais ressentir pour la femme et le nouvel arrivant. Ils étaient différents mais en quoi ? Je n’avais pas bougé, légèrement en retrait par rapport aux autres et tentais d’analyser ces différentes sensations. Les démons bien que nous en avions énormément parlé durant de longues années, n’avaient jamais mis les pieds près du Dojo et je n’avais pas eu l’opportunité d’en croiser durant mes missions aussi, il fut impossible pour moi de savoir qu’ils en étaient.

________________ ________________

La vipère de démone passa délicatement sa langue sur ses lèvres comme a la recherche d'un peu de chair à se mettre sous la dent. D'un geste calme et serein, elle lui tendit sa main en se présentant. De manière tout aussi naturelle, Zimm lui donna sa fiasque et regretta aussitôt de ne pas lui avoir mordu le bout des ongles. Décidément, il ne savait jamais comment s'y prendre avec les femmes, d'avantage avec les démones. Quand il en croisait une, des pulsions sexuels le prenait, pulsions purement animale, bestiale. Pulsion qui lui faisait lui-même peur, car si il les écoutait dans leur totalité, elles pouvaient le mener jusqu'à dévorer sa partenaire, chose qui était déjà arrivé par le passé et dont il ne voulait plus entendre parler. Cependant, celle qui se tenait à ce moment là devant lui, dégageait une telle sensation de vilénie, avait de telles formes qui ne demandaient qu'à être lacérées à coup de dents, qu'il avait du mal à se contenir. De plus, il le sentait, c'était une dominatrice, cela, il ne le supportait encore moins. Toutes ces sensations qui venaient à lui (entre le sang sur son visage, l'alcool et la présence de cette créature démoniaque) le mirent dans un état particulier. Et quand une voix annonça :
- Michiyo Lino.
Il se tourna violemment vers l'autre femme qu'il avait déjà oubliée. Une espèce de carcasse engloutie sous une armure, qui était t-elle ? Avec un grand sourire il lui répondit :
- Mais ma chère, personne ne vous as demandé votre nom...
Puis, il s'approcha doucement vers elle avec une envie de meurtre qui pouvait se sentir à plusieurs mètres à la ronde.
- D'où venez vous ? Quel goût a votre chair ?
Il se sentait tellement horrible qu'il en jouissait.

________________ ________________

Roxana eut une moue blasée en prenant la flasque que Zimm avait mis dans sa main. Elle en renifla le contenu puis y trempa ses lèvres et afficha de nouveau une moue désabusée. Elle empocha le flacon en attendant que son propriétaire se décide à cesser de tenter de terroriser la jeune humaine, puis se redressa et épousseta sa tenue d'un air indifférent. N'étant plus le centre d'attention, elle commençait à s'ennuyer et bien qu'elle eut appris la patience dans une certaine mesure, elle avait hâte de pouvoir interroger le démon sur leurs congénères et leur hiérarchie. Les démons avaient des chefs, de cela elle était certaine, et il lui fallait les trouver si elle voulait y faire sa place.

Elle se leva finalement et bâilla ostensiblement en tapotant du pied sur le sol dur et craquelé de la lande desséchée. Tournant lentement sur elle-même, elle fouilla l'horizon du regard, cherchant un quelconque signe de vie, l'indice de la présence d'une habitation ou quoi que ce soit qui pourrait la distraire de son profond ennui.

♞ ________________ ________________

L’homme s’approcha et passa allègrement le périmètre de sécurité. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres sous ma cagoule. Cherchait-il à m’effrayer ? Cela ne fonctionnait en rien, au moins m’amusait-il un peu mais la prudence restait de mise. Ivre, vraisemblablement n’ayant pas toute sa tête, il faisait un adversaire dangereux. Quel goût pouvait-avoir ma chair, en voilà une drôle de question, je mis cela sur le compte de son état mais le notai et l’enregistrai. Il ne plaisantait pas bien au contraire, une sorte de cannibalisme local peut-être car il était clair qu’ici c’était son domaine. L’haleine de l’homme me fit plisser le nez alors que je devais faire un violent effort pour ne pas reculer d’un pas, tellement c’était insoutenable. Il l’aurait certainement pris pour autre chose qu’un simple geste de dégoût de ma part. Je pris grand soin de ne pas répondre à ses questions ni même rétorquer à son impolitesse.

« Un bain et un assainissement buccal, vous seraient profitables. »

Ma voix était parfaitement neutre, aucune moquerie, ni agressivité, ou toute autre chose, une simple remarque. Un bâillement sur ma droite puis des tapotements, la femme s’ennuyait vraisemblablement. A l’aise dans cet endroit, que cherchait-elle donc ? Puis ce n’était pas mon problème, je commençais à perdre patience aussi me forçais-je à me calmer. J’avais une vengeance à accomplir et je perdais du temps, trop de temps. Le goût de la colère inonda ma bouche et je déglutis. Je devais trouver un moyen pour retourner dans le monde du milieu et une chose était sûre, je ne devais pas attendre d’aide de leur part.

________________ ________________

L'armure vivante ne bougea pas, ne laissa rien paraitre. Pourquoi n'avait-elle pas peur ? Pourquoi ne s'était-elle pas enfuit ? Ce n'était pas une humaine comme les autres. Il ne connaissait rien au peuple de la terre du milieu, d'ailleurs, Zimm, ne connaissait rien de manière générale. Il rôdait de lieux en lieux pour son plaisir, sans but, sans quête, si ce n'est celle de se faire plaisir, de manger à sa faim et de boire comme il en avait envie. Il n'aimait pas ça ces situations désagréables. Ses ongles, à sa main droite, commencèrent à pousser, il avait cinq fouets métalliques, trainant sur le sol, tout prêts à s'abattre sans raison sur cette boite de conserve qui commençait à lui prendre la tête.
- Un bain et un assainissement buccal, vous seraient profitables.
C'est les mots qu'elle prononça. Quelle audace ! Ses bras commencèrent à trembler, son visage était secoué de quelques spasmes. Il se mit à rire, un de ces rires fous et puissants, un de ces rires capables de dépeuplée une forêt de ses volatiles et ses mammifères peureux. Il planta son regard dans celui de cette bêtasse cachée sous son armure. Quand il parvint à se calmer, il se retourna vers la démone qui visiblement s'ennuyait, piétinait le sol. Zimm jeta un coup d'œil sur la plaine vide, ce qui le ramena à sa propre solitude. Il se sentait terriblement seul, inutile à ce grand monde qui ne lui avait jamais rien apporté. Juste des tourments. Juste des souvenirs nauséabonds, flottant sans relâche dans les méandres de sa cervelle embrumée. Pourquoi ne se passait t-il jamais rien ? Il avait envie que quelque chose se passe. Quelque chose de vrais, de profond. Il remarqua ses ongles et les firent reprendre leur taille normale.
Il n'avait plus envie de se battre, plus envie de rien. On lui avait coupé tout appétit. Alors il s'allongea sur le sol en soupirant, la face vers le ciel gris, sans un soleil.
Quelques mots, presque chuchotés sortirent malgré lui.
- Vous me faites chier... Vraiment vous me faites chier... Je m'emmerde...
Il avait envie qu'on le berce, qu'on lui raconte une histoire, qu'on lui lise un poème...

________________ ________________

Roxana laissa échapper un petit gloussement à la réplique de l'humaine. Au moins elle avait de l'humour, c'était indéniable. Le rire de Zimm la fit délicieusement frissonner et un nouveau petit rire moqueur lui échappa. Elle arqua un sourcil sarcastique en le voyant se vautrer par terre comme un animal et regarda de nouveau la jeune humaine des pieds à la tête. Elle se détourna encore et balaya l'horizon du regard. Rien ni personne, pas le moindre signe de vie ou d'activité. S'il y avait eu des murs elle se serait volontiers cogné la tête dessus.

Le fruit de cette réflexion la ramena à Zimm. Elle allait avoir besoin de ses lumières concernant ce monde et l'endroit où elle trouverait d'autres démons supérieurs. Tournant lentement autour de lui, elle resta à distance raisonnable de la jeune femme cependant, puis revint s'asseoir sur son rocher et sortit une de ses dagues dans un frottement métallique pour se curer les ongles négligemment.

C'est ça le problème quand on se laisse guider par son estomac, chéri... On tombe parfois sur des humains qui ont du répondant...

Elle leva un instant les yeux de ses ongles et regarda le démon couché par terre. Elle sembla réfléchir quelques secondes, une moue sceptique aux lèvres, puis prit la parole finalement.

Tu sais pas s'il y a de quoi se nourrir et se loger dans le coin ? Par où sont les habitations ? Les autres démons ? Parce qu'on peut quand même pas être seuls dans ce désert pourri...

Franchement après tant d'années à vivre seule et améliorer ses capacités physiques sans l'aide de personne, elle était fatiguée d'errer sans but. Les humains, elle en avait vu assez. Et elle se sentait suffisamment forte pour se mesurer à d'autres démons. Ce qu'elle voulait maintenant, c'est trouver un nid, un repaire, une hiérarchie, un chef à détrôner ou à séduire. Il lui fallait avancer et en finir avec sa vie de cafard.

♞ ________________ ________________

Son rire tonitruant faillit bien me rendre sourde. Etait-il possible humainement de posséder un tel coffre ? Le voilà qui s’éloignait déjà, je respirai de nouveau. Lui aussi semblait s’ennuyer à mourir. Le Vein était donc il ainsi, juste ça, ce mortel ennui avec aux creux de nos entrailles nos rêves fous et insensés destinés à ne jamais se réaliser ? Certainement pas, j’avais un but, un objectif et rien ne m’en détournerait. Je sentais la femme se déplacer, gardant ses distances, puis un bruit métallique et de légers raclements, indéfinissables. Le dénommé Zimm semblait au bord du gouffre, je n’en revenais pas. Lui qui quelques minutes auparavant débordé de colère et de morgue. Je me figeai alors que la femme parlait d’autres démons. D’un coup je compris ce que je ne parvenais à identifier chez eux. Alors c’était cela des démons ? Je me grattai la joue pensive. N’aurais-je pas du déjà être morte ? Nos renseignements sur ces créatures étaient-ils justes ? Il me faudrait étudier la question mais pour le moment, je devais quitter ce lieu. Attendant que la femme ait fini de parler, je pris à mon tour la parole.

« Comment quitte-t-on cet endroit ? »

Aussitôt la question posée, je secouai la tête. A en juger par leur attitude, je n’aurai certainement pas le droit à une réponse mais plutôt un genre de moquerie ou autre. Après tout, on ne pouvait attendre rien de bon des démons. Quant à moi, je commençais à être mal à l’aise, je ne maîtrisais nulle magie et ne savais pas si eux le pouvaient. Quoiqu’il en soit, je devais mettre le plus de distance entre nous. Il eut été trop bête de finir ici sous je ne sais quelle forme ou pire dans l’estomac de ce Zimm. Un bref changement dans la brume me fit pivoter. Quelque chose qui ne collait mais alors absolument pas avec ce lieu. Sans que je ne puisse le contrôler, mes pieds me dirigèrent vers cette sensation qui devenait de plus en plus forte. Tout mon être s’emplissait d’un sentiment de bonheur ? Ici ? Pas le temps de réfléchir plus, je fus comme happée, disparaissant de ce monde, encore. Ca devenait vraiment une mauvaise habitude dont il fallait que je me débarrasse.

________________ ________________

Zimm ne bougea pas, il restait allongé, les yeux comme braqués sur le ciel. Les voix lui parvenaient, comme lointaine. Il ferma les yeux.
- C'est ça le problème quand on se laisse guider
par son estomac, chéri... On tombe parfois sur des humains qui ont du
répondant...
- Comment quitte-t-on cet endroit ?
- Tu sais pas s'il y a de quoi se nourrir et se
loger dans le coin ? Par où sont les habitations ? Les autres démons ?
Parce qu'on peut quand même pas être seuls dans ce désert pourri...
Tout cela lui semblait d'une inutilité grandiloquente. Quand il ouvrit les yeux, l'humaine avait disparue, sans doute retournée dans son monde, fuyarde, la pauvre avait dû avoir peur. Du moins, c'est ce qu'il aimait penser. Il ne restait plus que la mignonnette démone, assise sur son rochet, se curant les ongles avec sa dague. Silencieuse, elle l'observait avec insistance. Comme si elle attendait quelque chose de lui. Une réponse peut-être. Une réponse à sa question, oui surement. Mais pourquoi répondre ? Pourquoi perdre son temps à lui répondre ? L'avait-elle mérité ? Non. Qu'allait-il se passer, il allait lui répondre et elle partirait, le laissant seul. Il n'allait pas lui laisser ce plaisir. Il ne se leva pas, se remis à fixer le ciel avec une bouille songeuse et se contenta de dire :
- Écoute donc la musique... La musique... Tu l'entends la musique ?
Bien sûr, il n'y avait pas la moindre musique. Personne ne peux entendre la musique. Il est le seul. Ce sifflement du vent, le vrombissement du moteur du néant, du vide et de l'ennui, la musique du monde désertique qui plane dans les airs. Il y en avait vraiment une, mais qui pouvait l'entendre ?
- La musique ? Écoute...

________________ ________________

Roxana haussa un sourcil à la vue de l'humaine qui tournait les talons puis disparaissait dans la brume. Elle ne fit aucun commentaire cependant. Tout était possible en ce bas monde et de toute façon l'humaine n'était pas à sa place dans le Vein. Reportant son attention sur ses ongles, elle acheva de les nettoyer puis essuya sa lame sur la cuisse de son pantalon avant de la ranger dans son étui. Le silence de Zimm se prolongeant indéfiniment, elle devina qu'il n'avait pas l'intention de lui répondre et profita de sa position pour l'observer en détails. Quand il parla de la musique, elle fronça légèrement ses fins sourcils et pencha la tête sur le côté, semblant l'étudier comme une bête curieuse. Elle se décida finalement à s'approcher et se leva pour venir s'accroupir à côté de lui. Étudiant son visage d'un regard curieux, elle resta un moment sans rien dire, puis demanda d'une voix étrangement douce et basse.

Quelle musique ? Je n'entends rien que le silence de la lande...

Malgré ses efforts et sa concentration, elle ne percevait rien d'autre que le léger souffle du vent et le bruissement des fougères rases qui parsemaient la lande désertique. Le brouillard se dissipait à présent, laissant apparaître une ciel gris clair et bas. Elle se pencha un peu au-dessus de Zimm, affichant son air d'innocente jeune fille propre à attendrir le plus endurci des coeurs, en lui demandant doucement.

Tu voudrais pas être mon guide ? Je connais pas d'autres démons et j'en ai marre d'être seule...

________________ ________________

- Quelle musique ? Je n'entends rien que le silence de la lande...
Elle n'était vraiment pas désagréable à regarder. Une douce chaleur envahit le cœur sale et poussiéreux du Démon quand il ouvrit les yeux et découvrit au dessus de sa tête fine et mélancolique un visage doux qui le contemplait. Bien sûr qu'elle n'entendait pas la musique... Cela aurait été trop beau...
- Tu voudrais pas être mon guide ? Je connais pas d'autres démons et j'en ai marre d'être seule...
Lui aussi en avait marre d'être seul, mais il savait par expérience qu'il n'était pas fait pour les balades à plusieurs, que cela ne changeait jamais rien, se terminait toujours mal. Pourtant il avait envie de réessayer. Il ne savait pas grand chose sur ce monde là, pas grand chose sur comment il fonctionnait. Mais a force d'errance, il connaissait bien les lieux et savait où se rendre pour obtenir ce qu'il désirait.
- Que cherches tu Roxana ? Lui demanda t-il.
Prononçant son nom, il eu une impression familière, comme si il l'avait déjà prononcé auparavant... Les esprits sont des êtres tortueux, des labyrinthes aux portes bouchées, quand l'une d'elle se rouvre brutalement, cela peut être douloureux. Roxana... Oui, il s'en souvient à présent... C'est comme cela qu'elle s'appelait... Mais quelle importance ? Cela appartient au passé...

________________ ________________

Un tressaillement, à peine plus qu'un infime frisson, remonta le long de son échine et lui hérissa les fins cheveux sur sa nuque au moment où il prononça son nom. Incapable d'identifier cette réaction involontaire, elle n'y prêta pas attention, et continua à regarder Zimm, cherchant les mots justes pour lui demander son aide sans trop se rabaisser non plus.

Je ne connais personne dans le Vein, à part toi. Je veux rencontrer les autres démons, savoir comment les choses fonctionnent... Je t'ai dit, j'en ai ras-le-bol d'être toute seule...

Elle marqua une pause, sans cesser de le dévisager de ses grands yeux émeraude puis reprit doucement.

Tu veux bien m'aider, dis ? Tu peux demander quelque chose en échange si tu veux...

________________ ________________

Je ne connais personne dans le Vein, à part toi.
Je veux rencontrer les autres démons, savoir comment les choses
fonctionnent... Je t'ai dit, j'en ai ras-le-bol d'être toute seule... Tu veux bien m'aider, dis ? Tu peux demander quelque chose en échange si tu veux...
Il y a dans toute vie, une part de mystique, il y a dans toute vie, où un être sais ce qu'il doit faire, où les événements s'imposent à lui, où il n'y a plus de choix, ou en tous cas, un choix évident. Ainsi, cette proposition là, Zimm le savait, il ne pouvait pas la refuser. Il ne pouvait pas s'en aller dans la brume avec ses airs de grand solitaire. Il ne pouvait abandonner cette démone ici, la laissant à ses désirs. Bien sûr, peut-être que cette histoire là n'allait durer que quelques jours, mais là n'était pas l'importance. Ainsi, malgré son envie de rire, boire et fuir au plus loin se réfugier dans les abimes, Zimm se releva doucement, se mis d'abord en tailleur et d'une voix douce - avec peut-être un léger tremblement dont il ne pris pas confiance, il répondit :
- Soit... Il y a un petit village au bord du lac des âmes perdues. Là-bas tu pourras rencontrer un certain nombre de démons capable de t'informer sur diverses choses. Il y a aussi dans la forêt noir, un vieux bâtiment que je connais bien. On y apprend toujours des choses. Je te laisse choisir la destination vers laquelle je vais te mener. En échange, je ne veux que la fiasque que je t'ai donné.
Ses yeux sombres brillaient d'un étrange éclat rouge, il ne se lassait de contempler le visage au trait fin qui, lui faisant fasse, déjà l'apeuré.

________________ ________________

Elle ne bougea pas tandis qu'il se redressait, et ne le quitta pas des yeux, intriguée par son comportement, ses réponses, et les réflexions intenses qui semblaient l'agiter. Un éclat de triomphe passa dans ses yeux verts lorsqu'elle comprit qu'il acceptait et un sourire apparut sur son visage. Toujours accroupie face à lui, elle paraissait encore plus minuscule et son enthousiasme avait quelque chose d'enfantin. Elle fouilla sa poche et en sortit la flasque de Zimm qu'elle lui tendit avec le même sourire naïf et ravi. Elle observait l'éclat rouge de ses yeux, s'interrogeant sur sa signification, sans s'en inquiéter pour autant. Elle n'avait pas atteint son âge sans savoir se défendre contre plus fort qu'elle. Son sourire étirant toujours ses lèvres, elle lui adressa un petit hochement de tête en répondant sans la moindre hésitation.

La Forêt Noire pour commencer.

Elle se releva alors et épousseta sa cape avant de rabattre sa capuche sur sa tête. Enchantée de la tournure des choses, elle tendit à Zimm une petite main fine et blanche pour l'aider à se relever.

On y va ?

________________ ________________

Il observa la main qu'elle lui tendait. Il ne savait plus bien comment prendre la chose, c'était une démone, les apparences pouvaient être trompeuse. Incapable de mettre des mots précis sur ce qui se passait dans son esprit et dans son corps, il saisit la main et la laissa le relever, jugeant ainsi de la force de cette fine taille. Il s'attarda un peu sur la douceur de sa peau une fois debout, gardant précieusement la petite main dans la sienne, sèche et non dénuée de cicatrice. Elle avait la main légèrement froide, des petits doigts comme ceux d'une poupée. Puis, il se décida de la lâcher, de la rendre à son propriétaire. Sans un mot, il hocha de la tête, et commença à marcher dans la plaine. Il fît exprès de faire de grandes enjambés qu'elle aurait du mal à suivre, mettant ainsi un peu de distance entre ces deux corps démoniaques trop pleins d'énergies. Il avait besoin de se recentrer. De temps en temps, il s'arrêtait, jetait un regard en arrière pour voir l'allure à laquelle Roxana se déplaçait et l'attendait si besoin. De sorte qu'elle pouvait marcher tranquillement. Il en profitait d'ailleurs pour observer la manière qu'elle avait de marcher et de regarder le paysage autour d'elle. Comment ses bras se balançaient autour de son corps. Puis, il se remettait en marche à grande jambe, se replongeant dans ses pensées, dans son passé...
C'est ainsi qu'il l'emmena à la forêt noire.

________________ ________________