Lilith avait marché toute la journée, et ce depuis le lever du soleil, dans cette végétation inhospitalière, et bien qu'elle soit chasseuse et habituée à l'inconfort qu'offrait souvent dame nature, la demoiselle n'en oubliait pas la caractéristique qui faisait d'elle une humaine dans sa globalité ; cette tendance qu'on les gens à vouloir adapter leur environnement à leurs besoins. Elle cherchait donc avec grand espoir un lieu quelque peu abandonné par les racines et les orties, qui laisserait donc avec faicilité quelques mètres de terre pour y poser un bivouac digne de ce nom.
Elle marchait donc, arc à la main, car une femme aussi active et amoureuse du voyage journalier ne peut pas vivre sans nourriture en abondance, surtout lorsqu'elle compte vendre viandes et peaux au hameau le plus proche.
Elle marchait donc, les yeux plissés, le dos courbé, cherchant la moindre cible qui oserait passer devant elle dans sa recherche de territoire d'une nuit, un genre de saint graal pour qui aimait revoir le lever du soleil percer de par sa lumière le lot de feuilles tenues par les branches de ces grands arbres dont l'âge est légendaire.

La barbare n'avait d'expérience sur ce territoire que ce que l'on en disait dans les légendes de sa tribu ; En effet, pour quiconque vivant dans la neige et ne connaissant que de géants conifères, ces arbres aux troncs baladeurs, aux feuilles plates et longues, et à la chaleur étouffante, n'étaient que de vastes paysages inconnus, dont l'on retiendra uniquement les défauts et les risques mortels, les pièges les plus néfastes et le vice total de chaque obstacle.

Trois peaux, durant sa marche, avaient déjà été accrochées à sa sacoche, tandis que la viande avait été enfermée dans une boite en fer ; caché dans le fond de ses bagages, elle avait donc de quoi se nourrir pour la journée, sans compter ce qu'elle pourrait vendre une fois arrivée de l'autre coté de cet amas de vert.
C'est sans doute de par sa satisfaction que résultera le petit laisser aller qui lui fit marcher sur une racine visiblement fragile, qui craqua sous son poids et fit fuir bien des êtres, dont un oiseau qu'elle croisa du retard en plus d'en avoir capté le son des battements d'ailes.

« Pardonnez moi de cette soudaine question gente Dame mais, êtes vous égarée ? Puis je vous aider d'une quelconque façon ? »

Telle fût la voix qui se fit aussitôt entendre.
Un jeune humanoïde, peut être même humain, se présenta alors, loin de paraitre effrayé ou dérangé par la présence de la grande blonde. Cette dernière n'eut elle aussi aucun souci vis à vis de cette rencontre, et leva le menton, baissant son arc et relâchant toute son attention pour la verser dans le regard malin de son futur interlocuteur.
Ses lèvres pulpeuses vinrent finalement à bouger, sa langue vint toucher son palet et ses dents se permirent de s'écarter.

" Je ne suis pas égarée, je traverse cette forêt pour arriver au village d'à coté. "

Lui répondit-elle d'un ton las.

" La seule aide que tu pourrais me proposer serait de me guider jusqu'à une place confortable pour poser ma tente. "

Tels étaient des termes dignes d'elle, sans aucune gène et formalités quelles qu'elles soient, elle s'était permise de proposer à cet inconnu de faire route avec elle.

Lilith suivit donc ce personnage qui avait accepté de la conduire au travers de la forêt. Au fûr et à mesure qu'ils faisaient se suivre leurs pas, qu'ils s'écoutaient l'un l'autre, qu'ils s'observaient ici et là, la barbare sentait que cet être pourrait lui être utile. Il semblait sûr de lui, serviable et, qui sait, courageux ...
Il la guidait donc, jusqu'à ce qu'il pose une première question. Alors que n'importe qui aurait commencé par demander le nom où l'origine de sa rencontre, cet homme là préférait plutôt savoir ce qui concernait l'avenir plus que le passé ou même le présent ; il lui demanda donc pourquoi est ce que cette jeune femme désirait camper au beau milieu de cette broussaille.

Lilith répondit simplement.

" En fait, je la traverse, d'après des indications de quelques villageois, il me faut traverser cette jungle pour atteindre de plus grands villages, après avoir traversé les grandes étendues ... "

C'était aussi simple que ça. Elle continuait donc de le suivre, en l'observant. Ce fameux jeune homme semblait différent, comme s'il avait vécu des choses que peu d'hommes dans un monde comme le notre ont vécus. Il semblait moins macho, beaucoup moins macho, que les hommes de Brakmar ; le village d'origine de la jeune femme. Son père, à vrai dire, aurait déjà baffé le guide en question pour lui rappeler d'être "un vrai guerrier", car dans certaines culture, l'homme n'est fait que pour se battre.

Elle le suivait encore, le soleil se couchait, elle en profita donc pour continuer à répondre à sa précédente question, bien qu'elle date déjà d'une bonne heure de marche.

" ... Si je veux poser ma tente, c'est à cause de la nuit. Les démons d'ici risqueraient de me prendre comme victime si j'ose les importuner alors que le soleil ne peut plus me protéger ... "

Ce principe était commun à tout barbare des montagnes enneigées qui n'avait jamais vu une telle végétation ; Cette dernière réunissait les pires danger de la terre. Que ça soit des plantes si grandes et agressives qu'elles mangent même les chevaux, que ça soit des lianes qui attrappent les fiers guerriers par leurs chevilles pour les entraîner sous les racines, que ce soient ces arbres qui viendrait briser toutes embarcations, aussi puissantes soient elles ...
Mais le pire, dans les légendes, c'étaient les elfes ... Des créatures dont on ne savait que peu de choses, mais dont tout barbare avait peur...

On pensait d'eux qu'ils avaient une allure envoûtante et qu'ils étaient inébranlables face aux désastres du temps. Qu'ils étaient immortels, donc. On pensait aussi qu'ils pouvaient parfois se transformer en des bestiaux que tout chasseur rêverait d'accrocher à son mur, en guise de trophée. Mais ce n'était que légendes et Lilith avait appris a ne pas croire tout ce qu'on lui disait dans son village natal. ...

Ils arrivèrent enfin sur place, et suite aux dires encourageants de son compagnon, la jeune femme se permit d'entreprendre la mise en place de son bivouac. Ceci ne prit pas trop longtemps, car elle avait su plus tôt apprendre à faire telle tâche alors qu'elle eut rencontré Kyren (un personnage bien étrange d'ailleurs). Elle prépara ensuite une ligne de pierre qui se rejoignaient dans un cercle autour d'un tas de branches, qu'elle commença immédiatement a tenter d'allumer avec deux pierres polies qu'elle frappaient entre elles. La tâche semblait mal partie, mais elle continuait encore et encore ... Peut-être, qui sait, qu'elle avait besoin d'une aide qu'elle serait trop fière de demander.

En marchant dans cette végétation luxuriante, faisant craquer branches
et autres feuilles mortes sous leurs pas, caressés par les douces lueurs
du soleil qui filtraient au travers des hautes herbes ... Lilith et
Aerandir discutaient.
Une discussion simple, au sujet de tout et de rien, les deux personnes
s'écoutaient, se répondaient. Il y a en fait une question que la barbare
retiendra particulièrement, pour y répondre avec assurance. Son
compagnon lui avait en fait demandé si elle avait un but, un objectif
qu'elle tentait d'atteindre au delà de ces terres qu'elle traversait.
La réponse fut donc la suivante ;

"Je n'ai qu'un but ; vivre ce que mes frères, n'ont pas vécu ..."

Cette phrase fut alourdie par les souvenirs, mais rendue légère par le
ton qu'elle usait pour définir chaque sons qui en composaient les mots.
Elle aimait penser qu'elle verrait ce qu'aucun autre membres de la tribu
de Brakmar n'a vu. Elle aimait rêver de vivre des légendes telles que
celles contées dans son enfance...
Elle aimait penser qu'elle ferait disparaitre toutes ces lois misogynes qui ont empoisonnées son adolescence ...

Et elle espérait que cette seule et unique phrase qu'elle eut entrepris de prononcer le ferait comprendre a son interlocuteur.

Leur discussion fut néanmoins mise en déroute lorsqu'ils arrivèrent là où ils souhaitaient.

La révélation fût faite, alors que Lilith avait gentiment laissé Aerandir s'occuper du feu. Elle avait alors pris un air opaque, totalement neutre. Ses yeux étaient mis clos, visant le ciel, cherchant solution à sa réflexion. Nul ne put d'ailleurs deviner la nature de cette dernière. Sauf elle bien sûr ; elle savait pertinemment quelles étaient les questions qui devaient se poser.

La première fût la suivante ; "Rigole-t-il, cet ahuri ?" La réponse, bien entendu, ne dépendrai pas d'elle, et s'il ne plaisantait pas, elle serait terrifiée. D'ailleurs, rien qu'à l'idée que cela soit vrai, elle frémit. Des sueurs froides couvraient son dos et la chair de poule vint s'emparer de ses cuisses. Un état qui ne dura pas longtemps, à la venue de la seconde question ; "Qu'est ce qu'un elfe, dans le fond ?" Car en effet, si les légendes eurent raison pour leur existence, qu'en est-il de leurs capacités ? De ces pouvoirs que l'on leur aura souvent assignés ? Tout cela est-il bien vrai ?

Un sourire vint se dessiner sur le visage de la guerrière. Il était évident que tout cela ne pouvait résulter que de contes tels ceux qu'on lui racontait dans son enfance pour la persuader qu'elle devait obéir aux hommes du village. Aucun être fantastique ne pouvait exister ... Quoique.
Il revint à son esprit les images d'une bataille sanglante, durant laquelle son père eut perdu un oeil ; un combat épique et sanglant face à une chimère dont même les scribes qui rédigeaient les mythes n'auraient douté de l'existence. Une créature si horrible que l'on ne pourrait la décrire correctement. Bref ; l'incarnation même de l'imaginaire.

Alors dans le fond, des elfes ; pourquoi pas ? Les frissons et la chair de poules revinrent.

" Plaisante-tu ..? "

Lui demanda-t-elle donc, recourbée sur elle même, assaillie par les courant d'air qui semblaient se renforcer et jouer de sa frilosité. La nuit se faisait dors et déjà sentir, le feu n'était toujours pas allumé. Seul était avec la chasseuse qu'un garçon qui se prétendait monstre ...

Dans son interruption, l'elfe avait inquiéter la barbare. Cette dernière tentait maladroitement de se souvenir les autres critères qui caractérisaient les elfes dans les légendes. Certaines les comparaient aux sirènes, d'autre à des chimères, tandis que les dernières les prétendaient inoffensifs. Cela dépendait des goûts et des couleurs, mais la méfiance restait quand même gravée dans le regard durci de la jeune femme. Malgré qu'elle soit tremblotante, que ces dents commençaient à claquer, son esprit restait on ne plus strict vis à vis de sa réflexion envers ce personnage.
Ce dernier eu la maladresse de se mettre torse nu, mettant ainsi en valeur la proximité qu'il y aurait si l'on comparait un humain banal à quelqu'un de sa race.
Cela dérangeait effectivement la blonde, qui ne pouvait désormais penser qu'à une chose.
*Et dans quel but, dites moi, les dieux ont fabriqués ces choses ..? Pourquoi sont elles physiquement si proches de nous ..? Pour mieux se cacher ..? Nous détruire au sein même de nos communautés ..?*
Ceci marqua le début d'une instance apocalyptique imaginée par la chasseuse, le résultat d'une guerre fourbe et inégale. Des villages en feux, des cadavres couvrant chaque centimètres de terre, dévorés par les loups et autres bestiaux apprivoisés par les elfes. Des guerriers ne sachant reconnaitre leurs cibles au milieu d'un carnage sans précédents, des femmes d'abord charmées, envoûtées, puis tuées sauvagement... Une vision d'horreur qui disparût de la tête de Lilith pour lui laisser le temps de refuser l'offre de son compagnon.
Sans une parole, frustrée, elle s'en alla sous sa tente et s'allongea. Comment avait-elle donc pu se laisser avoir ..? Pourquoi n'avait elle pas su reconnaitre l'aspect inhumain de cet être étrange, aux manies légères, et au visage trop fin pour être réellement masculin. Tant de questions sans réponses qui troubleraient ses nuits. Mais par politesse - car malgré ses origines, la jeune fille en connaissait certaines - elle se permit d'esquisser un

"Bonne nuit Aerandir."

Qui filtra au travers de la tenture qu'était son bivouac. Elle se demanda alors si c'était réellement par politesse ou parce qu'elle se doutait qu'avant elle, nombreux furent les gens à s'écarter de lui de par sa race ... Elle se sentait alors coupable, sûre et certaine de lui causer du tort, sûre et certaine qu'il eut un lourd et douloureux passé. Elle décida donc d'attendre le lendemain pour lui poser des questions à son sujet, pour en savoir d'avantage sur lui, ses souvenirs, et sa race ; bien entendu.
Le noir complet, celui d'un sommeil qui l'est tout autant. Elle ne se souviendra pas avoir rêvé, peut-être simplement parce que telle fût la vérité ... Après tout, marcher ainsi dans des décors aussi chaotiques que celui de cette jungle est bien plus fatiguant que de se promener au beau milieu des champs ou sur une route de terre... L'habitude de la guerrière lui donne donc certainement sa faiblesse, si pas plusieurs autres. Mais la jeune femme retiendra tout de même de cette nuit qu'elle s'était réveillée à plusieurs reprises, comme gênée par des bruits proches, mais indéfinissables. Elle n'osait cependant sortir car le feu avait été éteint, et qu'elle détestait le noir dont elle était horrifiée. Sans doute fut-ce la raison pour laquelle elle fut moite durant toute la nuit, apeurée par l'agitation de la jungle et par le fait qu'elle puisse être assaillie en pleine nuit sans pouvoir se défendre ... Et si c'était Aerandir lui-même qui venait s'attaquer à elle ..? Pourrait-elle vraiment se défendre en reconnaissant son visage ..? De nouvelles questions s'ajoutaient, à chaque secondes, mais peu de réponse ... Juste des questions, des incompréhensions, qui risquaient, à terme, de faire s'égarer pour de vrai la jeune femme.
Les lumières du jour vinrent d'ailleurs lui caresser les paupières, qui s'ouvrirent avant qu'elle ne se lève pour s'étirer dans de grands gestes. Elle sorti ensuite de sa tente et chercha du regard celui qu'elle avait laissé planté là la veille ...

Citation :

« Bonne nuit Aerandir »


« Bonne nuit à vous gente Dame »

Ce fut la seule réplique qui me vint à l'esprit lorsqu'elle me souhaita bonne nuit mais je sentais qu'elle n'était pas enthousiaste : l'avais je froissé d'une quelconque façon ? Était ce la race des elfes en général qui faisait qu'il y avait une tension aussi importante entre nous ? Mystère.
En tout cas, elle déclina ma proposition et je repris ma chemise tandis qu'elle s'apprêtait à dormir, dans sa tente alors que, moi, je m'apprêtais à passer une nuit sous les étoiles mais....Pas sous cette forme car, même pour moi, cette forêt restait hostile, malgré l'endroit « privilégié » que nous j'avais choisi.
Donc, j'attendis que la demoiselle s'endorme, en me calant contre un arbre et en fermant les yeux. Je pouvais aisément savoir qu'elle était endormie, car j'entendais l'évolution des battements de son coeur : boum, boum, boum, boum....Boum....Boum...Boum...Je remarquais donc qu'ils s'apaisaient au fil du temps.
Une fois que je fus rassuré sur le sort de la demoiselle, je m'allongeais auprès du feu avant de pousser une sorte de hurlement : ma transformation passait toujours pas des moments de douleur, surtout lorsque ma physionomie changeait.
Mon corps s'allongea, mes bras et mes jambes devinrent de grosses pattes tigrées noires et blanches. Ma peau fut recouverte de fourrure et des oreilles blanches ainsi qu'une queue noire apparurent. Une fois que je fus transformé, je m'assis pour monter la garde car je repensais à ce que la demoiselle m'avais dis au sujet de son objectif :



Citation :

« Je n'ai qu'un but : vivre ce que mes frères n'ont pas vécus... »


Rien que le fait de me rappeler cette phrase me faisait sentir inférieur par rapport à elle : elle qui avait un but dans la vie alors que moi je n'en avais pas. Pire, je vendais mon corps pour que les gens aient du plaisir mais...En ressentais je également ? Je me rappellerais toujours de cette phrase, prononcée un jour par Jareth, alors que je n'étais encore qu'un enfant de 14 ans, déjà plongé dans la perversion et la luxure :



Citation :

« C'est noble de vouloir donner du plaisir aux gens mais, cela vaut il le coup, si tu ne ressent rien ? »


Pourquoi cette phrase me revenait elle, tout d'un coup, dans la tête ? Et qu'est ce que Jareth avait en commun avec cette demoiselle ? Rien ! Soudain, j'entendis un bruit : aussitôt je me relevais. La nuit était bien avancée et la lune éclairait la forêt comme en plein jour : les prédateurs pouvaient attaquer sans craindre d'être repoussés.
Alors, ils arrivèrent. Essentiellement des loups et des hyènes qui profitaient de la nuit pour attaquer ce que, personnellement, je trouvais lâche. Mes oreilles se dressèrent alors sur ma tête tandis que les hyènes furent les premières à attaquer : ce genre de charogne ne réfléchissait jamais avant d'agir et elles foncèrent tête baissée.
Aussitôt, quelque chose – je ne savais pas si c'était mon instinct animal ou mon instinct d'elfe – me dit de protéger la tente où était encore entrain de dormir la demoiselle, ce que je fis donc. Je tentais de repousser les hyènes et y arriva, même si quelques unes réussirent tout de même à s'attaquer à mon cou.
Je grognais et attaquait, crocs et griffes dehors. Je ne savais pas si la demoiselle dormait à points fermés mais il ne fallait surtout pas qu'elle sorte de sa tente à cet instant. Lorsque les loups rejoignirent les hyènes, ce fut une autre paire de manches.
Cependant, même s'ils étaient plus nombreux, j'avais une carrure plus imposante qu'eux. Pourtant, j'avais un inconvénient : le temps. En effet, le soleil commençait déjà a pointer le bout de son nez et j'étais toujours sous ma forme de tigre. J'ignorais si la demoiselle était du genre à se lever à l'aube mais, si tel était le cas, j'allais avoir un problème. Alors, dans un dernier effort, je réussit à repousser le chef de meute d'un bon coup de patte, qui le fit reculer plus loin. Il grogna, mécontent et rappela sa meute à lui pour s'enfuir/
Fier de m'être battu, je me regardais : mon corps était recouvert de cicatrices et de blessures mais je n'y pensais pas. J'aurais pu prévoir le réveil de la demoiselle depuis longtemps mais, je n'avais pas prévu qu'elle me chercherait du regard....

Qu'était ce donc que cette bestiole blanche ... Un tigre. Au beau milieu de la jungle ... Bon, ce fait là est presque normal. En dehors du fait de sa couleur, et du fait qu'il soit seul, là à ce lieu spécialement choisi pour ne pas être dérangé par la faune locale. Ajoutons à celà deux, peut-être trois, autre créatures qui rôdaient dans les parages, visibles au travers des veuilles composant les nombreux buissons environnants.
Lilith observait ces bêtes sauvages, autant que le tigre, avec précautions, et bougeait comme qui dirait au ralenti. Faisant de son mieux pour rester discrète, elle cherchait son arc et un lot de flèches.
L'arc fût trouvé ... Bien sûr, ce n'était pas une mince à faire. La jeune femme ne désirant pas lâcher les animaux une seconde du regard, cherchait derrière elle en tapotant tel un aveugle le sol. Enfin.
L'arc était dans sa main, mais les flèches ... Oh non. Elles étaient en dehors de la tente, près des cendres qu'il restaient du feu de la veille.
Des sueurs froides vinrent donc s'en prendre à la barbare, qui, bien qu'elle soit habituée à tuer des bestioles, n'était pas fanatique de si courtes distances et d'un chiffre jouant à sa défaveur, seule contre tous ; elle n'était certainement pas à son avantage !

Cependant, il fallait absolument chercher ces flèches ... Au moins une. Ou alors... Tout faire au sabre, sentir au bout des ses doigts la chair se déchirer, les os se briser sous les coups puissants de la barbare.
Mais Lilith n'aimait pas ça ... Ressentir la souffrance de ses victimes était un fardeau psychologique bien trop important ..; Elle se doutait qu'elle serait terrorisée pendant des semaines et ne pourrait plus travailler correctement.
Enfin soit, trop de tmpes fut déjà perdu à réfléchir, et bien que ce dernier eut donné l'impression de s'être arrêté, ce n'était sans doute pas le cas ... Certainement que le calme ambiant eut aidé à cette sensation.
Du coup, la blonde dégaina son couteau et se dirigea à pas de chat vers son carquois, en veillant à ne pas attirer l'attention. Mais voilà, ce qui devait arriver arriva ; elle marcha dans un tas de cendre encore chaudes emportées plus tôt par le vent et se brûla les orteils.

Un cri perça pour ainsi dire toutes les lieues environnantes, faisant s'envoler des oiseaux dont en entendait les battements d'elles et les cris effrayés, le cri d'une femme souffrante qui s'était pourtant assurée de ne pas faire un bruit, le son d'une mauvaise surprise, et surtout ; celui qui mena une hyène à l'attaquer, chargeant comme si c'était la dernière fois, sur la demoiselle qui retenait ses larmes, brandissant son couteau qu'elle tenait à demain vers la bête ...
Car c'était tout ce qu'elle pouvait faire ; son pied était cramé, saignant, cuit. Elle n'aurait pas pu faire un pas de plus, et surtout pas suffisamment vite que pour esquiver l'assaut.

Une deuxième fonçait ... La jeune femme eut le temps de la voir avant l'impact de la première ... Au pire, elle tuerait la première, se ferait tuer par le seconde et bouffer par le tigre...
Un hurlement censé l'encourager fut poussé par elle même alors qu'elle s'avançait comme elle pouvait vers son agresseur, lui perçant le coeur et d'autres choses, entendant la mort saisissant l'âme de la créature ...
Mais qu'en était-il de l'autre ..?

Tout va si vite. Lilith s'en rendait compte. Le cadavre de cette hyène
était devenu ce ramassis de viande en un quart de secondes après. Il
valait désormais de l'argent, alors qu'en respirant ; il n'était rien en
dehors d'une menace. Les mouches s'y attaquaient déjà ; et si Lilith
voulait profiter de l'avoir tuée, elle aurait du trouver un tissu pour
le couvrir, empêcher les parasites de faire naître leurs petites dans la
chair fraîche de cette bête. La jeune femme ne pensait cependant pas
non plus que ce fut le plus urgent. Car Tout va si vite ... Une autre
l'attaquait déjà, et dans le même instant, le tigre blanc lui sautait
sauvagement dessus. Mais pourquoi donc ..? N'avait il donc rien d'autre à
faire ..? Depuis quand les êtres les plus sauvages défendaient les
victimes d'une meute d'animaux affamés ..? Enfin, s'il y eut une chose
que Lili ne comprenait pas vraiment ; ce fut l'endroit où s'en était
allé Aerandir. Ce dernier semblait tellement protecteur envers elle,
pourquoi donc était-il parti ..?

Tout va si vite. Ils s'étaient rencontrés, avaient fait un bout de chemin ensembles, et il était parti.

Mais
là n'était pas non plus l'important. Lilith devait soit s'en aller,
soit détruire les différents animaux, soit mourir. Le choix fut rapide ;
car la barbare vint choisir la seconde option. Soit tuer les bestioles,
recueillir leur viande, la vendre,et garder la tête du tigre blanc.
Oui, il l'avait sauvée, mais ce n'était en aucun cas une raison pour le
traiter pour autre chose qu'il n'était ; c'était un animal sauvage, un
prédateur ... Après la hyène, il s'attaquerait sans aucun doute a la
chasseuse au pied brûlé. C'est d'ailleurs ce pied qui renforçait le
choix ; elle ne pouvait pas partir, et vu qu'elle n'aurait en aucun cas
voulu mourir, elle ne pouvait qu'avoir à se défendre? Bref ; il y aurait
du sang, et ce ne devait pas être le sien. Surement pas.

Mais
tout va si vite ..! À peine sa réflexion terminée, voilà que le colossal
félin en eut finit de la hyène dont il ne restait qu'un flot de sang
dans sa gueule et entre ses impressionnantes dents. Celui-ci avait
également fait fuir la dernière en vie, avant de tourner sa tête vers la
jeune femme au pied douloureux ...

Cette dernière ne sut donc
que faire ... Mais ses flèches étaient encore trop loin, et son arc fut
jeté au sol à trop longue portée aussi, lors de la charge de ce dont il
ne reste plus qu'une masse puante au sol ... Du coup, elle gardait
précieusement son couteau, le bras tremblotant, des sueurs froides tout
le long du corps, de la tête au pieds...

Elle se préparait à
devoir le percer dès qu'il chargerait, lui sautant dessus pour lui
briser la nuque et en dévorer les restes sans vie. Mais non. S'il osait,
il mourrait. Point.

Le tout serait aussi rapide que ce qui s'était produit durant les
quelques minutes qui avaient précédé ce coulis de sang. Car en effet des
litres d'hémoglobine recouvraient maintenant le sol, et bien des
insectes et autres larves s'attaquaient au cadavres. Mais la jeune femme
était habituée à cette odeur, à la vue du sang, des animaux morts dans
d'atroces souffrances ; Ce n'était pas aujourd'hui qu'elle craquerait,
et même si elle avait été brûlée à la plante des pieds, cela ne
donnerait en aucun cas la tâche à son adversaire ..; Qui restait patient
; comme dans une longue réflexion.

"Alors ..? Qu'attends-tu ?! Fonc ! Vas-y !"

Lui
criait-elle en guise de provocations, comme qui dirait désespérée. Elle
eut bientôt des larmes qui coulèrent le long de ses yeux pour faire
couler dans leur chemin les gouttes de sang qui couvraient son visage
décoré d'une grimace mélangeant la douleur et la peur. Jamais elle n'eut
été mise dans un tel pétrin. Et si elle avait la chance de survivre, ça
ne se reproduirait pas. Elle vous l'aurait juré, si elle ne serrait pas
les dents pour s'empêcher de tomber en pleurs.

Le jeune femme était bouche-bée. L'elfe venait de revenir à sa forme
humanoïde, laissant le tigre blanc marqué à jamais dans les souvenirs de
la chasseuse, qui n'en reviendrai pas de si tot. Ses yeux étaient
écarquillés, elle n'avait pas bougé d'un centimètre, d'un millimètre,
toujours son couteau pointé vers l'elfe.
Elle ne savait que faire,
que dire, comment prendre la chose. Une intense réflexion se fit alors,
qui, bien que banale, faisait appel à toutes les capacités mentale de
Lilith.
Elle observait Aerandir qui semblait épuisé, tout en
s'approchant d'elle, et déposa finalement son arme, en expirant avec une
force incroyable, son soulagement.

Son compagnon s'excusait de
milles et unes choses avec milles et unes manières qui, bien qu'elles
n'étaient pas désagréables, renforçaient l'aspect dramatique de la
découverte, ce qui n'était pas génial.
Mais Lilith acceptait, pensait
que le plus important résidait dans le fait qu'il l'ait aidée, sauvée,
et qu'ainsi elle lui devait bien des choses.

Il s'approcha
ensuite pour, d'on ne sait quelle manière, la guérir de ses blessures...
La jeune femme n'y comprenait rien, elle regardait avec un mélange
d'effroi et d'admiration le spectacle, laissant glisser son regard sur
celui de son ami, et ce à plusieurs reprise...
Une fois le tout fait elle restait abasourdie ... Plus de douleur, plus rien. Plus de sang. Magique.

"Merci ..."

Elle
allait continuer, le serrer dans ses bras, mais elle n'en eut
aucunement le temps. Aerandir s'endormit au milieu d'un lot de
politesse. Elle le regardait, au sol, devant elle, et décida de se
lever.
Elle souriait, constatant qu'elle pourrait marcher, comme si
son pied était neuf. En gros, son ami lui avait offert un pied. Elle
choisit donc de l'accepter, et de s'en servir pour porter 'elfe et le
mettre au confort dans la tente., Elle sortit juste après, récupéra son
couteau, et découpa dans la chair d'une hyène. Elle sépara la peau du
reste, saisit quelques morceaux de sa viande, la posa au fond d'un plat
dont elle disposait dans son bagage.
Elle la nettoyait avec un peu
d'eau de sa gourde, avant d'y déposer des herbes trouvées avant de
rencontrer son guide. Enfin, elle posa le plat sur le feu rallumé juste
avant, qu'elle maudissait d'avoir laissé aller ses cendres jusque là où
elle eut marché.
La viande vint à cuir, prit une teinte brunâtre.
Tout marchait comme sur des roulettes. Elle crépitait, et perdait un
sauce qui avait bon gout. Celui de la viande elle même. La jeune femme
était d'ailleurs fascinée que le gout de la viande puisse être mis sous
forme de liquide.
Elle faisait cuire, donc, attendant gentiment que
son compagnon reprenne du service, le protégeant comme il l'avait
protégée, son arc à la main et ses flèches sur son dos.

J'étais tellement épuisé que je m'étais endormi. Étrangement, je fis un rêve qui m'emmena dans la forêt des Amanites certes, mais dans une époque passée me semblait il. J'étais là, en observateur. Une fillette pleurait – peut être était elle perdue – alors qu'un tigre d'une blancheur immaculée apparaissait auprès d'elle.
Lorsqu'elle le vit, la fillette de mon rêve cria de terreur et voulu s'enfuir mais sa jambe était dans un mauvais état, si bien qu'elle trébuchait à chaque pas. Heureusement pour elle, le tigre s'approchait toujours mais ne semblait pas avoir de mauvaises intentions. Une fois qu'il fut près d'elle, il tendit sa grosse tête blanche et posa sa truffe noire sur la jambe blessée de la fillette, qui guérit aussitôt, comme par magie.
Dans mon rêve, la fillette paraissait étonnée : normal pour quelqu'un qui voit un tigre dans une forêt. De plus, celui ci avait guérit sa jambe, mais il paraissait, légèrement, épuisé. Passé la surprise, la fillette prit confiance en elle, s'approcha lentement du fauve blanc, passa une main timide dans sa fourrure et lui murmura, d'une petite voix :



Citation :

« Merci de m'avoir aidé M. Le Tigre qui soigne »


Je ne pus pas voir clairement le visage qu'affichait le tigre, mais j'imagine qu'il avait eu l'air étonné. Soudain, le décor changea et je me retrouvais sous une tente. Clignant des yeux, comme une chouette surprise par le jour, je pris la parole :

« Ou....Où suis je ? Aie...Ma...Ma tête... »

En effet, j'avais un de ces mal de tête, un peu comme un buveur débutant, qui avait commencé a boire sans connaitre les effets de l'alcool. Cependant, j'étais certain de ne pas avoir bu une goutte. Alors je ne comprenais pas pourquoi j'avais une telle gueule de bois.
Petit à petit, je me rappelais de ce qui s'était, réellement, passé. Les loups, les hyènes, la demoiselle qui s'était brûlée le pied en butant contre les cendres du brasier encore chaudes....La demoiselle ? Allait elle bien ? Je me rappelais que le sommeil m'avait vaincu au moment où je soignais son pied mais une question persistait : mes soins avaient ils été efficaces ? Lui avais je été utile avant de sombrer dans le sommeil ?
Je me redressais alors, vivement, regardant le haut de la tente en me demandant comment j'avais pu arriver jusqu'ici. La demoiselle m'avait elle porté ? Si tel était le cas, ce geste m'étonnais, surtout venant d'elle car je la voyais mal me transporter jusqu'à une tente mais....Peut être me trompais je malgré tout.
Soudain, mon estomac gronda et je baissais la tête, honteux : j'avais faim. Ce combat, cette guérison et ce sommeil avaient réussit à m'ouvrir l'appétit. J'essayais d'entendre la « voix » de la nature. Tout semblait calme mais il n'y avait aucune présence de la demoiselle. Où était elle donc bien passée ?
Je sortis alors de la tente et la vit en position de défense, un arc à la main et des flèches dans son dos. J'engageais donc la conversation :

« Bien le bonjour gente Dame. Pardonnez moi d'avoir dormi aussi longtemps alors que vous montiez la garde. Évidemment, je vous en remercie du fond du coeur et vous en suis grandement reconnaissant »

Je fis quelques pas dehors. D'abord avec maladresse, ensuite, avec assurance. Une odeur de viande grillée monta à mes narines et mon estomac continua de gronder. La demoiselle avait préparé le repas pendant mon sommeil ? J'étais gêné.
D'abord je l'embarquais dans des histoires d'elfes – je ne lui avais pas encore avouer que je pouvais me transformer en Tigre Blanc – ensuite je la regardais cuisiner alors que j'avais dormi. Je m'approchais donc et lui demanda, gêné :

« Pardonnez moi gente Dame mais, comment va votre pied ? J'ignore si mes soins vous ont été efficaces car je n'ai pas réussis à lutter plus longtemps contre le sommeil. Je m'en excuse sincèrement »

Je ne pus rien faire que ce que je savais déjà faire, c'est à dire, m'incliner devant la demoiselle en me confondant en excuses

La jeune femme accueillit Aerandir avec plaisir, lui répondant avec joie
que ses petites intentions à l'égard de l'elfe n'étaient que purement
naturelles. Elle déposa donc son arc et laissa ses flèches pensant que
maintenant qu'ils étaient tout deux réveillés, les risques avaient été
réduits de moitié.
L'odeur de la viande envahirait les narines de quiconque, et pendant
qu'il discutait d'elfes et d'histoire leur concernant, Lilith ne put que
l'écouter avec curiosité et sourire aux lèvres, elle faisait de grands
gestes dans la discussion, pour mieux exprimer ses propos.

Elle le regardait avec intérêt, elle avait deviné qu'il était lié au
tigre, sans savoir de quelle manière, et attendait avec une pointe
d'humour qu'il vienne à l'avouer, de la même manière qu'il eut avoué, la
veille, être une elfe.
Elle continuait de discuter avec lui, laissant finalement la viande
reposer en dehors du feu crépitant devant eux, histoire qu'elle ne brûle
pas la langue de qui que ce soit.
Là, il lui demanda dans quel état se trouvait son pied, elle souriait, folle de joie, lui répondant ;

"Il n'a jamais été en meilleure forme ! Merci encore, Aerandir."

Elle laissait en même temps les excuses de son compagnon entrer
dans l'une de ses oreilles et sortir par l'autre ; en effet, elle ne
voyait pas comment son allié trouvait autant de raisons de s'excuser en
si peu de temps, et décida donc de laisser couler, sans y faire
réellement attention.
Sourire aux lèvres, elle lui servit son repas, avant de commencer à
chanter des cantiques de chez elle, dans une langue que rares peuvent
connaitre, surtout dans les parages. Une voix calme, à la limite d'un
chuchotement, une intonation subtile, qui entourait la mélodie de
mystère et d'incompréhensions supplémentaires à celles imposées par le
dialecte lui-même.

Elle chantait donc, en se levant et s'étirant, se préparant mentalement à
la suite de ce voyage. Un genre de pèlerinage. Car dans le fond, elle
faisait tout cela pour une seule et même raison, prouver aux hommes doté
du plus grand des sexismes que la femme tait capable de faire autant,
voir plus qu'eux. En voyageant donc, en se battant, et en évitant au
possible de demander de l'aide pour les petites choses du quotidien,
Lilith jugeait que jusqu'ici tout se passait pour le mieux en ce qui
concernait sa quête.
Elle continuait à chanter, d'un vois calme et posée.

Elle finit par s'agenouiller, récitant non plus une chanson mais ce qui
semblait être un lot de prières, alors qu'elle découpait dans la chair
d'une des bêtes mortes, déposant sur un carré de peau la viande bien
rouge, avant de l'y emballer avec précautions.

Là, elle se tourna vers son ami, tandis qu'elle rangeait le paquet dans son bagage ;

"Tu as vu ce tigre, toi ..?"

Lui dit elle finalement, avec une pointe d'ironie quasiment indétectable ...

Comme d'habitude, la politesse de l'elfe s'exhibait à plein pot. La
chasseuse avait pour ainsi dire l'impression de le connaitre tant cela
paraissait faire partie intégrale de sa personnalité. Elle lui répondait
toujours, d'un sourire ou de mots, cherchant comme elle peut de le
remercier sans en faire trop, ne voulant froisser le désir de son
interlocuteur de ne pas être enterré sous les éloges.
Cependant, elle
ne se gâcherait pas le plaisir de l'étrange mélange de fierté et de
gêne qui se dessinait dans le regard et l'attitude de son compagnon à
chacun de ses compliments.

Elle aimait chez ce personnage la
capacité qu'il avait à donner un sens énorme, vertigineux, a chaque
petits actes qui auraient sans sa réaction parut inintéressants... Il
était effectivement en plein remerciements envers Lilith, pour le simple
repas servi. D'après ses dires, elle n'aurait pas du.
Mais sans
vraiment s'en rendre compte ; la jeune barbare était pleine de
reconnaissance pour cet elfe avec lequel elle comptait faire une grande
par de route, que ce soit dans la jungle ou non.

La question fut
posée, imposant un étrange silence, a peine brisé par les bruits
hasardeux des profondeurs de la jungle. Les feuilles de ses divers
arbres et autres végétaux tremblotaient par la force du vent qui leurs
forçaient de s'entrechoquer dans une musique que tous connaissent. Un
silence en mélodie, donc. Même si alourdi par l'impossibilité de
discuter du sujet imposé par la chasseuse. Cette dernière regardait
d'ailleurs Aerandir d'un oeil suspicieux. Il avait vu le titre et
semblait même le connaitre. Autrement pourquoi aurait-il ainsi réagit ?
Pour rien, sans raison ? Cela serait étonnant pour quiconque aurait été a
la place de la barbare. LA jeune femme s'approcha et se posa à coté du
majordome qui était son compagnon. Cet homme là était alors comme
concentré sur la nourriture, ne voulant pas briser le silence que la
mâcher forçait à entreprendre. Si les deux personnages jouaient au roi
du silence, il est d'évidence que l'elfe aurait gagné. Car ne supportant
pas ce manque de réponse, elle prit un air hautain, mesquin, avant de
lui arracher son plat et le dîner qui s'y reposait des mains.

"Tu me caches quelque chose ! Et je n'offre pas ma viande a ceux qui me cachent des choses."

Voilà.
Aerandir devint donc le roi du silence, et avait bien intérêt,
pourtant, à faire don de parole. Car la demoiselle n'apprécierait pas
plus d'être agacée par tant de mystère. Après tout, peu importe ce que
son interlocuteur aurait a lui dire, elle n'aurait pas pu en être
surprise ; Il lui avait déjà avoué être un elfe majordome sans expliquer
pour autant la raison de son passage dans cette jungle ... Et s'il
l'eut fait ; Ce n'était pas suffisamment clair pour être compris de la
jeune femme ; Elle jugeait donc de sa personne qu'il n'était qu'un elfe
majordome pitoyablement perdu mais cependant capable de la guider sur sa
route à elle... Étrange quand même.

Enfin soit, la jeune femme attendait réponse en regardant attentivement l'elfe dont elle mangeait gentiment le repas.

Il marchandait des informations. En d'autres temps, en d'autres lieux ;
cela lui aurait couté la vie, voir plus. Des personnes dignitaires d'un
certain rang comme l'était Lilith pouvaient se permettre de refuser une
telle proposition et de l'écourter en une décapitation. Seulement, la
demoiselle avait quitté son village et tout le pouvoir qu'elle aurait pu
y obtenir en tant que fille du chef. Du coup, elle ne pouvait pas
réellement échapper à cette étape désagréable qu'était l'échange et la
diplomatie qui l'entourait. Elle avait du sang bleu mais il ne servait à
rien. Elle, peut-être, ne servait plus à rien non plus.
Dans un élan de frustration, elle décida donc de froncer les sourcils et
de répondre avec un air froid et hautain, après avoir déposé la viande
sur le sol.

"Lilith Cleys, fille du cher de Brakmar, du pays où
il neige à jamais. Je n'ai pas d'histoire, raison pour laquelle je suis
ici."

C'était court mais tellement vrai. La fillette, car elle n'était
pas plus, n'avait aucune expérience d'aventurière digne de ce nom. Elle
avait bien sûr vécu de dramatiques combats alors qu'elle vivait encore
parmi les siens, mais jamais en y jouant un rôle aussi faible soit-il.
Elle était, comme toute autre femme, désignée aux corvées de cuisines et
de rangement, ainsi qu'à l'entretien des hommes, force incarnée du
clan.
Elle aurait pu néanmoins ajouter que la prochaine fois qu'il la
forcerait ainsi à parler d'elle, en lui mettant un couteau métaphorique
sous la gorge, elle lui découperait chaque par de son corps étrange pour
le revendre sur le marché d'un village proche.
Elle n'aimait vraiment pas que l'on lui fasse tel chantage, au lieu de
simplement demander les choses. Elle trouvait ça vil et impoli. Ce
qu'elle montrait terriblement bien sur son expression faciale, qui s'en
était retrouvée on ne peut plus glaciale.

Elle décida, suite à ce court silence qui suivait ce qu'elle eut dit, de préciser la chose qui lui semblait logique.

"C'est ton tour maintenant. J'attends."

Là encore, elle lui parlait de haut, voulant cruellement lui dire sans
le dire vraiment qu'elle n'aimait pas du tout ce marchandage. Une
manière de le punir, car elle espérait qu'il se sentirait mal sous ce
regard foudroyant. Elle reprit la viande pour la manger, la mâcher, avec
un façon qui fut presque indélicate, ses dents déchiraient la texture
du repas dans un bruit qui aurait fait peine à voir à n'importe quelle
personne un tant soit peu bien élevée. Mais L'ambiance c'était alourdie
par l'aspect susceptible de la jeune femme, qui râlerait comme jamais
tant qu'elle ne saura pas ce qu'il en est de cet elfe qui semblait aimer
cacher des choses à son prochain ...