« Non, non et non ! Je ne suis pas d'accord. Sheridan est un très bon écrivain.

- Tu te trompes, Sa maîtrise du langage est trop imparfaite.

-… Tu critiques la syntaxe mais tu ne peux pas nier la justesse de ses mots.

- Pour moi ce n'est pas un auteur de qualité.

- Ah mais soit un peu objectif que diable ! Que faut-il donc faire pour t'ouvrir les yeux ?



- Peut-être éviter les rapprochements confus, dans un premier temps. »



Resté Silencieux Jusqu'alors, Le Passant prit la parole.



« Mes amis, pourquoi parler de qualité comme d'une notion absolu ?
La qualité implique forcement un parti pris en faveur de critère et d'une temporalité prédéfinie.
Vos avis sur la question ont valeur de jugement.


- De jugement ?

- Tout à fait, Mais qu'est ce qu'un jugement ? Une opinion, une intuition qui peut dépendre d'un ressentit physique. Tout ces éléments sont dictés par notre personnalité.
En ce qui concerne les écrits, un tel préféra la fluidité d'un texte alors qu'un autre lui reprochera son absence de musicalité.


- Pas faux, du coup un avis ne peux jamais être objectif ?

- En effet, L'évidence première ne peux être associé à une vérité fondamentale.
Et puis, pour appréhender les choses qui nous entourent, nous devons nécessairement les concevoir sous un point de vue, sous une forme particulière qui dénature l'élément originel.
On peut considérer que nous élaborons nous-mêmes le monde que nous connaissons.
Par conséquent, ce monde n'a aucune réalité,
Nous formons donc des convictions.
Des convictions qui confinent à un savoir, mais en réalité, les principes rationnels n'ont qu 'une valeur subjective.

- Ah ah ! Décoince toi un peu, ton sérieux fait presque peur ! Enfin du coup aucun de nous deux ne peut prétendre avoir le meilleurs avis.

- Pas exactement, encore une fois, cela dépend de vos critères de jugement.»

La discussion continua durant une partie de l'après-midi avant que les deux amis ne prennent chaleureusement congé du Passant.


Allongé dans l'herbe celui-ci commença a rêvasser, se délectant d'une douce mélodie de flûte.
De flûte ? Les yeux mi-clos, Le Passant vis un jeune homme d'allure originale se diriger vers lui, instrument en bouche.

Maverdave s’approcha d’un arbre solitaire qui se
dressait prêt du sentier. Finissant son morceau, un air doux-triste qu'il avait
composé il y avait peu et qu'il avait baptisé "jeux interdits", il
distingua une silhouette allongée en dessous de l’arbre (un pommier grisonnant
qui survivautait, balloté par le temps, les intempéries et l’incompréhension
des homes) il continua son chemin puis s’arrêta devant le feuillu. Il rangea sa
flûte dans son étui et regarda l’homme. *Un type bizarre lui ... * Maverdave s’approcha
de l’homme, se pencha et agita la main devant lui, bras tendue avant de la
remettre prestement dans sa poche et de regarder le ciel comme si de rien n’était.
Il s’approcha finalement de l’homme et s’assit à un mètre de lui. Il dégaina
Machiavel et le fit tenir en équilibre sur la lame sur le bout de son doigt. Il
le fit sauter, et le couteau se planta la lame dans le sol.

Il sortit sa
guitare de sa housse et entama une chanson qu'on lui avait apprise. Chantant
doucement, il observa l’homme allongé à côté de lui. Il avait l'air bizarre,
les vêtements en loques, les cheveux décoiffés et un morceau de tissus lui
couvrant le visage. *Sans doute pour éviter les coups
de soleil* Maverdave arrêta de jouer et jeta de petits coups d’œil en
direction de son colocataire de pelouse. Puis il sortit son livre et écrivit sa
rencontre avec l'individu. Il s'approcha, juste à côté du visage de l'homme et
lui glissa un "Euh ... vous dormez ?" L'homme répondit non, ce
qui fit sursauter Maverdave :
-Ah !!
il regarda l'homme de nouveau, ôta son chapeau, se gratta la tête. Puis il resta
indécis avant de regarder son chapeau entre ses mains. Il le fit tournoyer deux
fois et le reposa sur sa tête.
-Vous avez dit non ?
Maverdave haussa un sourcil, le fronça, le haussa de nouveau, vite rejoint par
son le deuxième sourcil. Il articula sans prononcer les mots : "Il a dit
non". Regardant pensif un nuage, il se leva, fit le tour de l'arbre à
grand pas les mains jointes dans le dos. Il s'arrêta derrière l'arbre,
invisible du chemin. Il pencha la tête, et demanda à l'homme toujours allongé dans
l'herbe : "vous ne vous rendriez pas à la
capitale par un hasard des plus (il gloussa) inopiné ?" Maverdave marcha jusqu'au milieu du chemin
et regarda la lande déserte. Il l'a trouva bien morne et bien vide. Il soupira
en ne voyant aucun oiseaux dans le ciel gris. Il se demanda ce qui avait bien put pousser
un homme à mettre un bandeau sur son visage. Il s’assit sur la route et sortie
sa flûte de son étui. Il
joua une heure avant d'avoir faim. Il rangea sa flûte et déposa ses affaires à
côté de l'homme. "Vous ne bougez pas ? Je
reviens tout de suite." Il partit en courant, laissant l'homme au pied de l'arbre,
seul. Maverdave revint bientôt avec deux lapins sur l'épaule et Machiavel
rougit de sang à la main. Il creusa un trou qu'il remplit de branchage et de
bûches.

Il prépara les lapins, les dépeçât, les vidât, et les embrocha au
dessus du feu. Il prépara une sauce avec des herbes et de l'eau, qu'il versa
sur les lapins. Puis il entreprit d'éplucher des pommes de terres sauvage en
sifflotant pendant que le doux fumet de la viande rôti s’éparpillait au gré des
caprices du vent. La douce odeur de feux de bois et de viande vint chatouiller
les narines de l’homme toujours plongé dans un silence de mort.
Maverdave plongea les patates dans une casserole bleu pleine d'eau, qu'il
disposa sur les braises. Il s’assit en tailleurs et regardât le coucher de
soleil au loin. Il tourna la tête vers l'homme qui n'avait pas bougé depuis le
début de l'après midi. Il désigna le feu et demanda à l'homme "Vous en voulez ?"

Las d'illuminer les cieux, le soleil s'enveloppa dans une couverture de nuage.
Un vent léger, doux requiem d'automne, faisait tourbillonner des feuilles mortes.

Mais l'homme à ses côtés ne cessait de s'agiter, brisant la tranquillité du lieu.
Mouche agaçante : « N'allez vous pas à Madorass » dit-il sur un ton bizarre. Le Passant ne répondit pas.
Mais en réalité, cet homme farfelu était un artiste. D'ailleurs, après avoir soupiré longuement, celui-ci sortit une étrange flute et joua de nouveau :
Une Mélodie somptueuse résonna a travers le ciel, berçant les songes du Passant. Les nuages eux-mêmes semblèrent gagnés par la mélancolie ambiante.
Cette mélopée confinait au sublime. Le calme, l'agitation, et maintenant, ce musicien offrait un véritable instant de grâce à quiconque pouvait l'entendre.
Décidément, cet homme semblait imprégné de paradoxe.
Il joua longtemps, entrainant les esprits sur des routes cotonneuses, faisant oublier l'instant au profit d'une éternité somptueuse.
Le Passant se sentait bien. Mais tout ce qui débute s'achève tôt ou tard, ainsi l'homme s'arrêta.
La tension poétique et lyrique qui faisait vibrer l'air retomba. La nature qui s'était tut, afin de rendre hommage au récital, reprit son activité.
Le Passant ressentie même une once de déception.

Posant ces affaires, l'étrange musicien se leva « Vous ne bougez pas ? Je reviens tout de suite. »
Bouger n'était pas vraiment dans ces projets.
Laissant son auditoire, l'homme partit en courant.

Un ciel d'encre pesait sur l'horizon, le harcelant d'une impertinence calculé.
L'étrangeté, aussi étonnant que cela puisse paraître, se révélait être une constante rassurante dans ce monde incertain.

L'inconnu revint chargé de deux lapins, une espèce de canne-épée ensanglantée à la main. Cette arme était a l'image de son porteur : originale et totalement imprévue.
Posant sa canne-épée à proximité, il entreprit de dépecer les lapins avant d'allumer un feu.
Les flammes léchèrent rapidement le ciel, comme désireuses d'enflammer les nuages. L'inconnu semblait coutumier des besognes culinaires. Il préparait avec une précision et un automatisme déroutant un civet qui s'annonçait particulièrement succulent.
Il interrompit un instant son ouvrage et contempla un magnifique couché de soleil; Les rayons solaires était entrain de perçer les nuages, tel un ultime adieu au monde des hommes.

Pendant qu'il préparai des patates, un doux fumet de lapin roti embauma les environs.
Se tournant vers le Passant, l'homme demanda : « Vous en voulez ?. »
Réflexion faite, il était affamé et la proposition du musicien tombait a pic. Il regarda cet étrange inconnu et sa préparation; Deux lapins et beaucoup trop de pomme de terre pour une seule personne. Avait-il prévu depuis le début de l'inviter à souper ?
Sans bruit, le Passant se leva et s'étira calmement.
Il Huma un moment la fraicheur revigorante de la nuit avant de se diriger vers le musicien. S’asseyant en tailleur, face à son hôte, il respira une dernière fois l'odeur du silence et dit : « Madorass est ma prochaine destination. »