Sortir de la ville. Voilà qui n'était pas dans les habitudes de Marius. Et encore moins pour s'aventurer dans des ruines égarées.

Vraiment, le Libraire s'étonnait d'avoir accepté de rencontrer cette étrange cliente dans un endroit aussi reculé. Et il le regrettait un peu aussi, surtout en constatant à quel point les environs étaient isolés du reste de la civilisation. Si on voulait lui tendre une embuscade, il n'y avait pas meilleur endroit. Mais pourquoi diable suis-je ici? Voilà ce qu'il ressassait à tout moment, depuis qu'il avait aperçu les ruines. Au moins, c'était une belle journée chaude, avec un bon vent frais du nord. S'il devait en venir à trépasser, le cliché serait moins fort que la nuit orageuse où le mourant, dans un ultime effort, montre son poing au ciel déchaîné. Définitivement, Marius préférait ce genre de journée paisible.
Arrivé au portail qui donnait sur le cimetière, il prit un instant pour observer les environs. C'était un cimetière ancien, qui n'avait rien à voir avec le luxe ostentatoire des grands caveaux de marbre de Madorass. Ici au contraire, les tombes éparses s'effritaient, laissées à l'abandon depuis, oh! sans doute un bon moment. Aucun ordre n'était donné dans la disposition des sépultures, à un tel point où l'on se demandait s'il y avait bien là-dessous des macchabées qui reposaient. Il était difficile d'imaginer vouloir abandonner l'être aimé dans un tel endroit, où même les arbres semblent vouloir vous emprisonner dans leurs racines noueuses. Habituellement, Marius aimait les cimetières, leur atmosphère paisibles et leurs tombes superbement façonné. Et pourtant ici, certaines pierres n'étaient que des roches grossièrement taillées et l'ambiance tenait plus du remord que de la paix d'esprit. D'une certaine manière, on aurait dit la Volière, le repère du Maître des Corbeaux... en un peu plus propre toutefois.
Parlant de corbeau, Marius songea un instant à Koako, le corbeau parleur. Allait-il s'en sortir, seul à la boutique? S'il arrivait quelque chose, comment allait-il se comporter? Après tout, l'oiseau était ce qui se rapprochait le plus d'un ami pour Marius, qui plus est, il était souvent arrivé qu'il l'étonne d'un tour de plume. Toutefois, étant curieux de nature, cela ne serait pas la première fois que le corbeau se mette les pieds dans les plats, comme c'était arrivé avec le marchand de poisson et ce filet de maquereau que Koako lui avait subtilisé à la vue de chacun. Peut-être aurait-il dû l'emmener avec lui.
Qu'à cela ne tienne, se dit alors le Libraire. Après tout, il n'en avait pas pour très longtemps, et dans le pire des cas, il était apte à rejoindre télépathiquement l'oiseau pour s'assurer que tout allait bien. Puis, il descendit du cheval qu'il avait loué aux écuries de Madorass (à un prix démesuré, mais n'était pas connaisseur en canasson, il n'avait pas insisté), l'attacha à un poteau à trois mètres du portail et s'aventura silencieusement dans le sinistre cimetière, où tout semblait tranquille.
Avançant tranquillement entre les sépultures, Marius s'amusa à en observer les dates inscrites. L'endroit était plus âgé encore que ce qu'il avait cru, et de beaucoup. Un endroit oublié regorgeant du remord d'une vie manquée... tous les ingrédients y étaient pour une tragédie théâtrale! Il ne manquait plus que l'inconscient qui s'aventurait nonchalamment dans le cimetière.
Oh, était-il bête. Il parlait de lui-même.

À peine Essalia se sortait-elle de ses esprits qu'elle vit un homme qui ressemblait à Marius s'aventurer dans le cimetière, elle le suivit quelques secondes avant d'être intriguer par un buisson en fleur... Des fleurs ! Comment avait-elle oubliée ?! Elle s'en voulait. Se mordant la lèvre, Essalia se dirigea vers le buisson où elle remarqua des roses rouges et des orchidées blanches. Elle en cueillit quelques unes : aucun écriteaux l'en empêchant, c'était parfait.

Voilà que Essalia tenait entre ses mains trois roses rouge et deux orchidées. Mais elle saigné a l'index et au majeurs, s'étant plantée des épines dans les doigts en cueillant les roses maladroitement au seul moyen que lui offrait ses doigts.

La voilà complètement perdue et seule dans un cimetière... Elle se remit en quête de retrouver Marius, l'homme lui avait terriblement manquer en fait, depuis leurs dernière rencontre à la librairie. Elle n'avait pu s'empêcher de lui demander un livre, une idiotie sans doute mais tout pour pouvoir revoir cet homme.
Enfin bref, ce n'était pas le moment de penser à tout ça ! Elle devait le retrouver et ce coûte que coûte ! Aujourd'hui semblait en fait être son jour de chance. Glissant un petit ruban autour des fleurs elle vit Tori s'approcher en battant des ailes à une vitesse folle d'elle. En arrivant prêt de la jeune fille, Tori se posa sur son épaule dans un piaillement. Toute souriante la jeune Essalia murmura :
« -Tori ! J'ai besoin de ton aide... Te souviens-tu de Marius ? Il faudrait que tu survole le cimetière pour pouvoir le retrouver ! »
Tori ne pris pas la peine de regarder la jeune fille qui pointé le ciel du doigt, elle c'était envoler dans un battement d'aile pour rejoindre le ciel encore clair par la matinée débutante. Elle s'éloignait d'Essalia a vu d'oeil et bientôt celle-ci n'eût plus le loisir de la contempler.

La voilà partie et Essalia ne pouvait compter que sur l'oiseau pour retrouver son ami. Mais elle se mit elle aussi en route : elle ne laisserait pas Tori faire tout le boulot et toute façon si elle ne le faisait pas elle s'ennuierait. Alors voilà, Essalia c'était aventurer entre les tombes : tout ça la faisait flipper et ne lui inspirait pas du tout confiance ! Mais elle avait décider de venir ici... Alors voilà, elle était venue et elle s'arrêta soudainement avant de se retourner : comme arrêter et attirer par une force... Elle s'approcha d'une tombe et regarda le nom inscrit dessus après avoir essuyer la poussière sur la pierre tombale vulgairement taillée, s'accroupissant elle pu lire « Eraya Dreawan ». Regardant les tombes aux alentours, elle remarqua une tombe où était inscrit « Temaya Og'ley ».. Essalia haussa ses épaules puis posa les fleurs sur la tombe de sa mère, ses yeux étaient bordé de larme et elle se redressa en essuyant brièvement ses yeux : Yori revenait à présent et Essalia se hâta de courir vers l'oiseau. La suivant, Essalia repéra le libraire et posa sa main sur son épaule pour qu'il se retourne.
« -Marius ? » Demanda la jeune fille la voix encore sanglotante et à peine sur d'elle quant à l'identité du garçon. Elle l'avait enfin retrouver, après tout, c'était tout ce qui l'importait.