C'était la première fois. La réelle première fois que cet Elfe au visage aux traits tirés sortait de sa forêt pour s'aventurer aussi loin. Parti trois jours plus tôt, avec pour seule ressource son arbalète, Gwennaall marchait, sans relâche, pour traquer sa cible.

Nul ne savait qui il devait atteindre, ni ce qu'il devait faire. Les seules informations qui lui étaient parvenues : un homme seul, ou entouré. Sexe : à définir. Et ça, ce n'est pas une information. Seule chose : un nom. Irileth. Un nom de code, un surnom, peut-être.

La soirée battait son plein, alors que les vêtements de l'Elfe devenaient crasseux. Trouver une rivière serait difficile ici, pour pouvoir se nettoyer. Il devrait attendre. Le Soleil décidait de se coucher, lui aussi, il semblait avoir des cernes.

Gwennaall trouva un abri pour la nuit, sachant qu'il n'avancerait pas plus, tellement il était fatigué. Le sommeil le laisserait sans défenses pour plusieurs heures, mais... tant qu'on ne savait pas qu'il était là, aucun risque de mauvaise rencontre fortuite.

S'enroulant dans sa houppelande, la capuche sur les cheveux, il s'allongea sous une pierre qui s'avançait vers le vide, et sombra dans un sommeil sans rêves, lourd, et noir.

[HRPG : Bon, c'est court, et j'attends que quelqu'un vienne ici, pour tester, voir ce que c'est qu'un RP ici...]

Il faisait nuit, et il faisait froid. Le vent qui battait en permanence le Désert continuait de souffler, faisant voler l'écharpe du gardien du Désert. Ce dernier, comme pris dans une sombre rêverie, était immobile, bras croisés, regard vers l'horizon. Il ne faisait aucune différence entre nuit et jour, ne craignait pas le froid, et ignorait le vent. Aux pieds de l'Immortel, des corps, à moitié recouverts par le sable, et dont le sang avait cessé de couler. Un chargement d'épices de contrebandes qu'ils avaient voulus faire sortir du Désert. Ces derniers temps, il y en avait de plus en plus. Il lui faudrait un jour couper cette organisation à la tête. Il ne pouvait malheureusement être partout.

Un étranger, ca va, c'est quand il y en a beaucoup que ça pose problème.

Mais bien que Shorab Rostam n'étaient pas omnipotent, il savait ce qui se passait dans son cher Désert. Il fronça les sourcils.

De plus en plus d'étrangers arrivaient. Il était temps de mettre fin à cette immigration non-voulue. Un des étrangers était isolé et seul. Il était temps de lui rendre une petite visite et de le faire parler. Il pouvait le sentir. A plusieurs kilomètres, au nord. A deux pas, si l'on pouvait dire, de la frontière entre le Désert et le reste du monde. Le vent autour de lui s'accentua. Shorab Rostam fit quelques pas, avant de s'envoler sans un bruit dans le ciel, passant devant la lune blanche qui illuminait le Désert. Il réatterit plusieurs dizaines de mètres plus loin, et au bout de quelques minutes d'un ballet aérien silencieux, il n'était qu'a quelques centaines de mètres de l'arrivant. Il décida de faire le reste du chemin à pied.

Le vent était désormais suffisamment fort pour être senti, atteignant plus de 60 kilomètres-heures. Le sable des dunes commençait à se déplacer légèrement. Des morceaux de tissus accrochés aux ruines éparses s'agitaient. Shorab trouva enfin l'endroit ou se trouvait sa cible. 200 mètres. 100 mètres. 50 mètres. Les yeux brillants d'une lueur inquisitrice, Shorab fixait Gweennaal intensément. L'incarnation de la Loi du Désert se tenait debout devant lui.

" EXPLIQUEZ VOTRE PRÉSENCE CHEZ MOI."

Cet homme dormait-il ? Sûrement. A moins qu'il fasse semblant en ayant senti Shorab approché, ce qui était déja arrivé auparavant. Peu importe. L'Immortel aurait ses réponses

Depuis peu, le vent était puissant. L'Elfe avait du se resserrer dans sa houppelande tellement le courant d'air était froid et s'engouffrait entre son corps et le tissu, mordant sa chair à pleines dents. Cela lui faisait l'effet de souris tapotant sur tout son corps jusqu'à trouver un endroit tendre et le mordre d'un coup sec. Ce n'était pas la douleur, mais le froid qui s'insinuait à l'intérieur de ses membres, allant jusqu'au plus profond de ses os. A ce moment, il regretta de ne pas avoir apporté de couverture, ou de ne pas avoir fait de feu. Mais si jamais sa cible était dans les environs, alors il se devait d'être discret. Interdit, le feu. Ou du moins fortement déconseillé.

Malgré ce froid, il parvint à dormir. Un lourd sommeil, mais qui devint léger, au fur et à mesure que le temps passait, jusqu'à devenir de plus en plus léger. Léger car les rêves étaient cauchemars. Léger car le vent froid l'était, justement. Léger car le silence était rompu. Quelque chose, ou quelqu'un, venait de bouger, et en cela, le sommeil ne pouvait pas être lourd. Et en ajoutant à cela que l'assassin devait toujours être à l'affut, alors on trouvait qu'il était même improbable, voire impossible qu'il ne trouve un sommeil réparateur. Aussi il avait entendu cet être approcher. Mais il n'avait pas eu le temps d'esquisser ne serait-ce que le moindre geste avant d'entendre une voix dans son crâne.

C'était une voix venue d'ailleurs, ou d'avant lui. Une voix qui résonnait dans son crâne, une voix qui n'avait pas besoin d'oreilles pour être entendue. Une voix de l'intérieur. Elle le fit frissonner : il avait peur que cet être ne soit bien plus puissant que lui et ne l'assaille de pouvoirs surnaturels les uns plus dangereux que les autres. Et cette voix... Cette voix qui l'avait fait frissonner, l'être d'où elle provenait était sûrement attentif à toutes ses réactions. Et le frisson ne lui avait peut-être pas échappé.

L'Elfe était couché sur le côté. Et il avait eu l'intention de le rester. Mais il était trop tard. On en voulait à son sommeil, si ce n'était pas à son intégrité physique, si ce n'était pas à sa vie. Mais sa vie, il y tenait, et il espérait qu'on n'allait pas lui ôter immédiatement. Il avait encore des choses à faire, et la rébellion prenait maintenant toute sa vie. Il ne pouvait pas mourir en dehors de ce combat. Aussi, il décida de laisser le moins de temps possible à celui qui l'avait apostrophé, à la voix qui lui faisait toujours peur.

D'un mouvement vif, Longues Oreilles changea de côté et, grâce à son élan, il mit un pied sur la paroi du rocher juste à côté de lui, et poussa sur son pied. Il sauta alors à plus de trente centimètres de haut, et atterrit sur ses deux jambes, en face de son interlocuteur, à qui il répondit aussi sec :

"Chez vous ? Eh bien, heu... Disons qu'on m'a confié une mission, je pense que ça n'a rien à voir avec vous... Je cherche un dénommé Irileth. Je ne sais pas qui c'est, homme, femme, hermaphrodite... Il me faut l'éliminer. C'est pourquoi je suis ici. Chez vous."

Il s'autorisa à observer celui qui l'avait réveillé. Il ressemblait à un démon. Un vieux démon, mais pas décrépi, car sa puissance ne faisait aucun doute. En revanche, il ne semblait pas vouloir le tuer. Cela rassura l'Elfe, qui se détendit un brin, ce qui dut être visible. Il se décida tout-de-même à lever les bras, en guise de geste attestant de sa bonne foi. Il n'était pas venu faire du mal à quelqu'un d'autre qu'à sa cible. Et il fallait que son interlocuteur en soit sûr.

Puis le corps de l'assassin se crispa un peu, à l'idée d'entendre la voix de cette créature à nouveau.

"Chez vous ? Eh bien, heu... Disons qu'on m'a confié une mission, je pense que ça n'a rien à voir avec vous... Je cherche un dénommé Irileth. Je ne sais pas qui c'est, homme, femme, hermaphrodite... Il me faut l'éliminer. C'est pourquoi je suis ici. Chez vous."

Shorab Rostam haussa un sourcil perplexe devant cette réponse. Il se tenait tranquille tandis que cet être aux oreilles pointues - serait ce donc un elfe ? - montrait patte blanche, assurant de par ses gestes qu'il n'était pas animé d'intention hostiles. Shorab le fixa sans mot dire durant une dizaines de secondes, puis, dans un geste fluide et menaçant, il tira le Shamshir de son fourreau, la lame aiguisée brillant dans la nuit. Il fit tourner le manche entre ses doigts, et pointa la lame dans le sol, avant de l'enfoncer d'un coup sec dans le sable. L'arme finit par se courber avant de tomber doucement sur le sable. Shorab fit de même avec sa dague, montrant ainsi qu'il était désarmé.

Le vent perdit un peu de sa force, avant de se calmer tout à fait. Il ne restait désormais plus qu'une légère et agréable brise. L'Immortel prit la parole, sa voix restant inchangée.

" VOUS POURSUIVEZ DONC UN ETRE DONT VOUS NE SAVEZ RIEN A TRAVERS UN ENVIRONNEMENT HOSTILE ET GIGANTESQUE, ET CE, ENTIÈREMENT SEUL ET SANS VOUS Y ETRE MANIFESTEMENT PRÉPARE ? COURAGE OU STUPIDITÉ ? JE NE SAURAIS DIRE..."

Un rire venant du fond des âges sortit de sa bouche invisible. La situation semblait bien faire rire Shorab. Il considéra celui qu'il désignait dans son esprit comme "le traqueur" quelques instants, avant de reprendre la parole.

" RASSUREZ VOUS, VOTRE TACHE N'EST PAS VAINE. D'AUTRES ÉTRANGERS RODENT DANS MON DÉSERT, A QUELQUES JOURS DE MARCHE DE VOUS. PEUT ETRE QUE VOTRE IRILETH EST PARMI EUX. "

Il désigna, au loin, un point invisible de l'horizon.

" DANS CETTE DIRECTION, TRÈS EXACTEMENT. "

Il se remit à fixer le traqueur. Une idée germait dans son esprit.

" JE N’APPRÉCIE GUÈRE QUE LES ETRANGER FASSENT LEURS AFFAIRES ICI, VOUS Y COMPRIS. TOUTEFOIS, JE NE VAIS PAS VOUS RAMENER A LA FRONTIÈRE EN PETITS MORCEAUX... VOILA CE QUE JE VOUS PROPOSE. NOUS COOPÉRONS AFIN DE SERVIR NOS INTÉRÊTS COMMUNS, ET EN ECHANGE, VOUS RESTEZ EN VIE ET POURREZ REPARTIR SAUF ET VOTRE MISSION ACCOMPLIE. "

" OU ALORS JE VOUS LAISSE VOUS DEBROUILLER SEUL CONTRE LE DÉSERT. MAIS JE NE SUIS PAS SUR QUE VOUS RESSORTIEZ GAGNANT. "