''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
Diogène le cynique
 
''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
Auteur inconnu
 
''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 Un petit coin de Vein [PV Silas]

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Yse Veshtra

Héraut Mortel

________________

Yse Veshtra
________________


Race : Syrinx
Classe : Empathe
Métier : Rétameuse / Messagère / Tortionnaire
Croyances : Indifférente
Groupe : Rebelles

Âge : A vue d'oeil, 19 ans

Messages : 18

Fiche de Personnage : Héraut Mortel


Un petit coin de Vein [PV Silas] _
MessageSujet: Un petit coin de Vein [PV Silas]   Un petit coin de Vein [PV Silas] EmptyDim 23 Juin 2013 - 19:33

Madorass. Pourquoi, par tous les Démons du Vein, était-elle venue se perdre ici? Non, en réalité, elle le savait très bien. Son dernier jouet en date avait failli lui échapper (treize ans est un âge auquel les Humains sont particulièrement vigoureux) et elle avait donc dû dévier de son chemin pour le retrouver, s'approchant désespérément de la ville. Un petit coup de guisarme bien placé avait coupé court à son problème, et rapetissé le galopin d'une vingtaine de centimètres. Il avait alors été bien plus facile à transporter puis à... entreposer.

Cependant, elle avait commandé quelques mois auparavant une nouvelle tenue (la dernière avait été gâtée par de nombreuses éclaboussures plus ou moins identifiées et identifiables, mais à sang pour sang organiques), ses bottes commençaient à laisser apparaître ses petits orteils blancs, et elle avait grand besoin de racheter des bobines de cuivre et de laiton. Et peut-être aussi de changer de meule.

Néanmoins, elle ne pouvait s'empêcher de traîner des pieds. Son estomac se nouait alors que se profilaient à l'horizon les remparts impressionnants. Bien sûr, elle aurait pu être effrayée par le fait que la ville était envahie de Capes Blanches et qu'elle était, a priori, une cible pour eux. Enfin, si tant était qu'elle put être assimilée aux Rebelles lors d'un interrogatoire. Elle se demanda d'ailleurs à cette occasion comment elle supporterait la torture. *Je serais probablement déçue et ne pourrais m'empêcher de critiquer la technique du tortionnaire...*

Non, en réalité, ce n'était pas là que le bât blessait. La vérité était qu'elle était obligée de se priver de son péché mignon (la torture pour ceux qui ne suivraient pas). Elle détestait cela. Et elle avait tendance à se perdre dans cet endroit. Pas physiquement non, son sens de l'orientation était... non pas sans faille, mais assez pointu. En revanche, son esprit vide, son cœur desséché, son cerveau par trop logique, son intuition inexistante ne parvenaient pas à exister, à assimiler toutes les émotions qui l'envahissaient tel un maelström, noyant son intégrité et sa personnalité dans tous ces gens qui l'entouraient. Elle n'était plus qu'une coquille vide, qu'un vecteur par lequel transitaient des centaines, voire des milliers d'esprits simultanément. Elle devait soit tenter de sortir la tête de ce torrent, soit brider totalement son empathie naturelle, cette partie d'elle-même, et n'offrir à ses interlocuteurs qu'une façade glacée et vide, la vérité de son existence.

De plus, les plantes, la verdure, lui manquaient, et elle ne s'y ressourçait pas aussi bien. Madorass n'avait qu'un seul et unique avantage : son odeur. Les effluves entêtantes des égouts, les monceaux d'ordure qui s'entassaient, les pots vidés au petit bonheur la chance. Ce remugle lourd et écœurant  lui rappelait avec un plaisir malsain les terres qui l'avaient fait naître. Le Noir avait eu l'humour, en quelque sorte, de la doter d'un amour incomparable de la puanteur. Bien entendu, elle adorait l'odeur du vert, de la nature, des fleurs et des écorces, mais la pourriture, la mousse, la mort et les déjections avaient un charme tout particulier à ses narines délicates.

Elle pénétra donc sans difficulté entre les murs de la cité, se dirigeant tout d'abord chez le tailleur, puis dans une forge où elle fit l'acquisition de tout ce dont elle avait besoin. Elle laissa ensuite la garde de sa charrette à une écurie où elle parvint à fournir un discours d'une froideur qui envoya un frisson dans le dos du pauvre palefrenier effrayé, avant d'aller prendre un bain bien chaud et d'enfiler ses nouvelles bottes. Il fallait qu'elle puisse les faire avant de partir, au cas où elle aurait des... remarques à faire au maroquinier.

Ce jour-là, elle avait décidé de mettre au placard les sentiments qu'elle aurait éventuellement pu aspirer pour les étudier et tenter de les mimer. Elle n'avait pas envie d'être aimable. Elle ne voulait pas être là et son dernier jeu n'avait pas pu aller jusqu'au bout. Quiconque la chercherait en paierait probablement le prix. Avec un soupir, elle se vêtit d'un fond de robe léger, de son pourpoint de cuir, puis de sa robe, blanche et bleue, ample, dont elle remplit les poches. Elle força un peu pour passer les chaussures, y glissa sa miséricorde et s'affala sur le lit, pensive, en nouant ses cheveux d'un blond rosé en chignon. Elle y mit une épingle, puis son chapeau, avant de se demander où elle pourrait bien aller.

Pour réfléchir elle sortit de sa manche sa pipe, sa blague à tabac, et commença à fumer en descendant les escaliers et en franchissant la porte. Son indifférence froide l'entourait comme un mur. Elle avait l'impression, sans son empathie, de frôler des marionnettes, des poupées sans vie et sans âme, comme des répliques d'elle-même. Avant de partir, elle avait dissimulé sa guisarme, résistant à la tentation de la prendre avec elle, car elle lui brûlait les mains tant elle voulait l'utiliser pour vider la rue devant elle, marcher librement, sans tous ces gens qui l'entouraient mais dont elle ne voulait rien ressentir.

Elle expira une longe bouffée de fumée à la senteur fleurie, lorsqu'elle stoppa brusquement sa marche sous les protestations et les quolibets des autres passants bloqués. Sans même leur accorder un regard, elle se concentra sur un jeune homme qu'elle voyait sortir d'un trou dans le sol, dans une petite rue adjacente à celle dans laquelle elle déambulait jusqu'ici. Elle avait enfin trouvé. Voilà où elle se rendrait pour étrenner ses bottes, là où elle pourrait se gorger de miasmes putrides et laisser libre cours à tout ce qu'elle était sans craindre de sombrer (ou plutôt l'inverse, de se retrouver plongée dans une tempête d'émotions positives qu'elle ne pouvait pas appréhender).

Quand elle commença à fouler les pavés de ce lieu qu'aucune personne respectable ne voudrait emprunter, elle sut que sa décision était la bonne. Elle avait l'impression d'être de retour dans le Vein. Les paupières abaissées sur ses prunelles d'acier, elle s'emplit les poumons de l'odeur des déchets des citadins, se guidant au bruit. La seule différence décevante était l'orientation. Il était beaucoup plus difficile de se perdre ici, d'autant qu'elle n'était plus l'existence innocente qui venait de voir la nuit. Sous le coup de cette sensation rassurante, ses épaules se décrispèrent, ses inspirations se firent plus profondes, sa démarche plus assurée, et les lianes mentales s'échappèrent du centre de son être, lui faisant prendre conscience des rats qui galopaient dans les couloirs, des araignées œuvrant dans l'ombre, des... gens?

Les murmures de la ville lui semblaient lointains alors qu'elle approchait d'un endroit moins malsain, plus propre, plus... décevant, en quelque sorte. Elle vit de la lumière qui brûla ses pupilles accoutumées à l'obscurité, la faisant cligner furieusement des paupières, les yeux embués. En avançant vers elle, elle eut un aperçu d'un laboratoire d'alchimiste. Des alambics, des brûloirs, des récipients et outils étranges dont elle ignorait le nom, une bibliothèque qu'elle survola sans y prêter attention, mais surtout des étagères d'ingrédients, tous plus étranges et probablement dégoûtants les uns que les autres.

De la main, elle effleura l'arche qui en marquait l'entrée, intriguée malgré elle par cet endroit. Il ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait déjà vu, et elle se trouvait fascinée par ce bric-à-brac. Les tentacules métaphysiques, véritables vampires émotionnels, rampaient au sol, en quête d'une créature autour de laquelle s'enrouler, en vain. Au bout d'un certain temps (une dizaine de minutes environ), l'intérêt d'Yse s'éteignit, la laissant épuisée. Irritée par la propreté apparente des lieux, elle tapa sa pipe contre son talon, faisant tomber les cendres de tabac et de fleurs brûlés au sol, avant de la ranger dans son étui, puis sortit une longue flûte de son autre manche. Celle-ci était étrange, d'un blanc ivoirin veiné de noir et de rouge, comme si le matériau avait été mal nettoyé, et les flammes qui se reflétaient sur sa patine la paraient de volutes ensorcelantes mais difficiles à suivre des yeux.

Doucement, presque amoureusement, elle caressa l'os du bout de ses longs doigts fins, avant de prendre son souffle. Elle n'avait pas joué depuis ce qui lui semblait être une éternité, et cet endroit lui rappelait une mélodie qu'elle avait inventée en mémoire de l'étang dans lequel elle était née. Sous son impulsion, résonnant sous les arches de pierre, retentirent alors des notes d'une mélancolie étouffante, mais aussi inquiétante, comme un vortex qui aspirait l'âme avant de l'endormir. Cette symphonie était le parfum entêtant et inoffensif de l'Aldrovanda, attirant le poisson sur lequel, doucement, sans en avoir l'air, se refermait le piège où il verrait sa fin. Ou plutôt ne la verrait pas. Une mort douce et miséricordieuse, en quelque sorte. Les yeux fermés, perdue dans ses souvenirs, elle ne réagit pas aux tiraillements de son empathie, lui signalant l'approche imminente d'une espèce pensante et trébuchante...
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Silas Miscarcand

Soleil noir

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Silas Miscarcand
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Race : Faux parleur
Classe : Sorcier
Métier : Collectionneur de livres
Groupe : Solitaires

Âge : 937 ans

Messages : 29

Fiche de Personnage : Sombre lumière


Un petit coin de Vein [PV Silas] _
MessageSujet: Re: Un petit coin de Vein [PV Silas]   Un petit coin de Vein [PV Silas] EmptyLun 24 Juin 2013 - 3:30

L'Harrada. Cette plante venimeuse était impossible à trouver. Silas sortait d'une boutique sois disant renommée dans le Royaume, qui était censée vendre les plantes les plus rares et les plus précieuses. Bêtises que ceci. Le vendeur ne connaissait même pas l'Harrada. En temps normal, le démon serait parti en chercher lui-même, mais depuis la mort de ce « Roi » dont tout le monde parlait, les commandes ne cessaient d'affluer. Ce Roi était bien étrange. La plupart des gens en avait peur, le désignait comme cruel, monstrueux, dément. D'autres, le vénérait. Certains même, tuaient, en son nom, pour sa gloire. Fidélité, et loyauté, pour justifier la cruauté. Oh, Silas ne se souciait pas vraiment des gens tués par ces soldats brûlant de ferveur, mais il trouvait cela légèrement stupide, se souvenant comment les démons tuaient, dans le Vein. Ils tuaient. Et c'était tout. Ils ne cherchaient pas à se justifier, comme si la morale l'exigeait. Ils tuaient. Parce que c'était en eux.

Ainsi, depuis la mort de ce personnage imminent dans le monde des Autres, Silas croulait sous les demandes. Le Roi étant mort de maladie, et depuis, beaucoup de gens craignaient pour leur santé. L'alchimiste ne vendait pas des remèdes classiques, il en avait de biens spéciaux. Bien sûr, ceux-ci étaient illégaux, alors les grands faux malades finissaient par tomber sur Silas par le bouche à oreille, pour acheter ces remèdes qui finalement, pouvaient s'avérer bien pire que la maladie du Roi... D'autres cependant, cherchaient à utiliser cette maladie pour se débarrasser de certaines personnes gênantes. Cela, était bien plus classique.

A côté, il avait besoin d'Harrada. Pour ses travaux à lui. Mais nul moyen de s'enfuir pour en chercher. Alors il travaillait dans ses égouts, attendant que l'engouement de la mort du Roi s'estompe. De toutes façons, cela faisait de l'argent. Et l'argent faisait les livres. C'est, loin de toutes ces pensées, que le démon se frayait un chemin à travers la foule, pour rejoindre la bouche d'égouts la plus proche de son laboratoire. Il y avait du soleil. Mais ce soleil le répugnait.

Il était là, fier et arrogant, dans ce ciel désespérément bleu. Il brûlait, absolument tout. Même le démon y était sensible. Son corps avait des faiblesses humaines, et sa tête souffrait bien plus que tout le reste. Les rayons brûlants sur son visage enflammaient la chair morte de ses griffures éternelles, brûlait son œil noir, vrillait son crâne. Parfois, il avait l'impression que les choses tournaient tout autour de lui. Il se perdait, dans cette foule, dans ce bruit. Il oubliait...

Ses dents se serrèrent brutalement. Un corps heurta le sien, des mots agressifs parvinrent à ses oreilles, le sac qu'il tenait chuta. Les choses se déroulaient au ralenti, tandis que petit à petit, le seul bruit qui lui parvenait, était son cœur, qui battait durement contre sa poitrine. Faisant vibrer ses oreilles, assourdissant. Sa peau se hérissa, les cheveux dans sa nuque firent de même. Tout son corps se tendait sous cette haine endormie qui finalement, ouvrait un œil. Il sentait quelque chose arriver, et pourtant, il ne voulait pas que cela arrive. Il ne fallait pas que ça arrive.

Dans sa tête, des mots résonnaient, mais il n'entendait pas, à cause des battements. Il n'entendait qu'une syllabe, prononcée par sa propre voix. « Dit, dit, dit, dit, dit » et peu à peu, la voix s'aggravait.

« Dis, t'vas finir par bouger ton cul d'là ? »

Le temps de tourner la tête vers l'homme qui lui parlait, et le ralenti cessa. C'était un pêcheur, vulgaire, et qui puait plus que tous les paysans réunis. Silas ramassa sa besace et s'écarta du chemin de l'homme, reprenant petit à petit conscience de la réalité. Après avoir cligné plusieurs fois des yeux, il continua sa route jusqu'à la bouche d'égouts, serrant le sac contre sa poitrine. Son corps était revenu, son esprit, aussi. Le pêcheur puant et vulgaire avait empêché le pire de se passer, sans même le vouloir, le savoir, l'envisager. Merci au pêcheur puant et vulgaire.

Finalement, il arriva enfin à l'entrée de son second Chez lui; il descendit l'échelle et commença à tourner dans le labyrinthe des égouts, connaissant le chemin par cœur. A mi-chemin, une musique lui parvint aux oreilles. Une étrange mélodie, aux sonorités rappelant la flûte. Il cessa de marcher, tenant toujours son sac, et se concentra. Longtemps. Un long moment. Quelques temps. Combien ? Aucune idée. Mais la musique continuait. Elle était belle, elle était... Opposée à ce soleil meurtrier, à cette foule, à cette syllabe assassine qui finalement, s'était tût. Curieux, et légèrement admiratif, il suivit la musique, oubliant sa route. Mais à sa grande surprise, la musique était la route. Il arriva à son laboratoire caché, et il la vit.

Ce qui semblait être une femme. Avec des vêtements clairs. C'était elle qui jouait, avec une flûte à os. Mais cette Chose émanait d'elle. Cette Chose que les Autres n'avaient pas. Elle était, semblable à lui. Ils venaient du même endroit. Silas n'avait pas le pouvoir de lire les pensées, les âmes ou autres choses mais... Il le sentait. Il voyait les paysages de carnages du Vein, dans son ombre, dans les mouvement de ses bras. Il entendait les cris, et voyait le sang couler, rien qu'en écoutant la mélodie qu'elle jouait. Mais que faisait-elle là ? Devant le laboratoire... Avait-il devant lui, sa première cliente démoniaque ? Il se surprit à l'espérer.

« Cette mélodie n'est pas d'ici. N'est-ce pas ? »

S'étant efforcé de parler de manière audible, conscient d'interrompre une grande artiste, il s'avança pour pénétrer dans l'alcôve. Son aspect pouvait paraître encore plus étrange que d'habitude. Sa queue de cheval s'était échappée, ses cheveux lui tombaient sur le visage, humides, porteurs de l'odeur du soleil. Bien sûr, son faciès atypique n'arrangeait rien. Posant sa besace sur une des tables, il se retourna vers la démone, qui se tenait sous l'arche, et l'observa un instant. Pour une fois, pas trop longtemps.

« … ..Je peux vous aider ? »


Dernière édition par Silas Scarcrow le Lun 24 Juin 2013 - 12:45, édité 1 fois
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Yse Veshtra

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MessageSujet: Re: Un petit coin de Vein [PV Silas]   Un petit coin de Vein [PV Silas] EmptyLun 24 Juin 2013 - 11:23

La mélodie, les notes, n'avaient de vérité que dans leur froideur envoûtante. Et pourtant, au cœur de ce charme meurtrier, un petit élément vint perturber l'exécution. Cette perturbation provenait des tentacules qui avaient étendu leur influence sur toute la petite pièce, reniflant telles des chiens aux abois, traquant la moindre émotion, le moindre sentiment, le répercutant dans leur corps visqueux et malsains, bien que métaphysiques. Pendant quelques secondes elles avaient vibré de surprise, comme une toile où se serait enfin engluée une proie vulnérable prise au dépourvue.

Doucement, la musique ralentit, comme arrivant à son terme, au but de son existence. Le poisson s'était approché du piège qui, lentement, se refermait autour de son corps humide et glissant. L'apothéose n'était plus très loin lorsque la surprise se mua en reconnaissance puis, étonnamment, en espoir. Avec obstination, Yse lutta contre les sentiments, les impressions, que son empathie tentait de faire remonter jusqu'à son cerveau. Elle continuait à jouer, à souffler, n'existant que par et pour cet air qui s'échappait de cet os, qui effleurait ses doigts fins avant de s'échapper avec un hurlement strident qui lui rappelait avec langueur le Démon à qui elle l'avait arraché. Les subtiles modulations induites par cette intrusion se réverbéraient violemment à ses oreilles, mais elle aurait pu s'en accommoder, poursuivre jusqu'au terme. Ces égouts résonnaient merveilleusement, ajoutant une touche sépulcrale qui lui donnait l'impression de jouer sous l'eau.

Mais une voix retentit. Pendant une fraction de seconde, alors que la musique mourait au bout de ses lèvres, une flamme brûlante de haine naquit dans son cœur éteint, s'éteignant aussi vite qu'elle était née, faute de combustible. Elle n'aimait pas e feu et cette image ne lui convenait pas. Doucement, elle détacha l'os de ses lèvres, passant sa petite langue rose sur l'embout taillé, abaissant lentement les bras. La bouche toujours entrouverte, elle tourna ses yeux mi-clos, froids et encore un peu dangereux, vers celui qui l'avait interrompue. Elle n'avait pas encore compris ce qu'il lui avait dit, son esprit ne faisait qu'entamer le douloureux voyage de retour depuis le Vein.

Peu à peu, ses paupières finirent de se relever pour dévoiler les prunelles d'acier sur lequel se reflétaient les flammes, les parant d'une vision... démoniaque, ironiquement. Son visage poupin se tourna vers l'intrus et elle l'observa avec une intensité qui aurait confiné à l'impolitesse partout ailleurs qu'en ce temps et en ce lieu. Il n'était pas beaucoup plus grand qu'elle, mais cela ne voulait souvent rien dire. Ses vêtements mal entretenus lui laissait à penser qu'il n'avait pas de rôle de représentation comme elle pouvait elle-même en avoir. Son regard le parcourut lentement, le jaugeant des yeux. Elle nota distraitement la besace avant de voir enfin son visage échevelé. Un écho de la surprise qu'il avait ressentie vibra en elle alors qu'un étrange sentiment fait de paix et de tension l'envahissait. Il lui rappelait le Vein. Et comme cet endroit si difforme, si paradoxal, elle le trouva beau. Il portait, marquée dans sa chair, la violence de leur terre (elle s'était persuadée, en quelques millièmes de seconde, qu'il était un Démon également).

Revenue de sa stupeur, elle rangea distraitement la flûte dans son étui, qu'elle glissa dans sa manche, avant de sortir sa pipe. Elle tentait, confusément, de se redonner une contenance. Elle n'avait plus croisé de Démon depuis... En avait-elle même déjà croisé sur Feleth? La première bouffée l'entoura d'une fumée aux senteurs fleuries alors qu'elle analysait véritablement, cette fois, ce qu'il lui avait dit. "Cette mélodie n'est pas d'ici" avait-il demandé. L'était-elle? En partie, car il lui avait fallu s'éloigner du Vein pour pouvoir la composer, ressentir une forme étrange de nostalgie pour ressentir le besoin de se rappeler son milieu d'origine. Ses sœurs semblaient ne pas exister ici, et ce n'avait pourtant pas été faute de chercher. Dans le même temps, ces notes reflétaient un monde que les Humains ne pourraient même pas envisager. Ils croyaient en un Dieu ou en plusieurs, ignoraient la puissance du Noir et du Blanc. Une fois encore, elle se demanda si ces aspirations leur donnait une âme dont elle se savait dépourvue.

Quelques instants, alors qu'elle reportait son regard sur le Démon qui, de toute évidence, était chez lui, elle regretta de n'avoir pas sa guisarme sur elle. Les massacres manquaient de piment avec les Humains. Elle songea également que le fait qu'il se sente chez lui dans les égouts la confirmait dans son intuition. Elle avait rencontré plusieurs personnes qui habitaient les lieux de pestilence, marais, égouts, culs de basse-fosse, et autres trous à rats. Ils se l'appropriaient, le changeaient à leur image, mais jamais ne s'y sentaient véritablement chez eux. Une certaine onde de malaise les caractérisait tous. Elle s'en était délectée à chaque fois mais ne ressentait rien de tel avec cet Homme qui n'en était pas un.

Les secondes, puis les minutes s'égrainaient sans qu'elle réponde. Il lui avait demandé s'il pouvait l'aider. *Ironie du sort* pensa-t-elle. *Les Démons s'entre-aident-ils?*  Elle ne savait pas véritablement comment répondre. Sa façade glacée, ce miroir de son cœur mort, était-il suffisant, ou devrait-elle, avec lui aussi, mimer ces émotions dont elle ne pouvait saisir les fondements? Vaguement irritée, elle secoua la tête dans une nouvelle exhalaison. Elle ne devait pas se relâcher. Ce mensonge dont elle s'enrobait comme le sucre autour d'une dragée était son armure resplendissante, blanche, pure et inoffensive. Parcourant le château de ses pensées, elle s'enveloppa de calme et de bonhomie qu'elle transmit par vaguelettes, son visage se détendant imperceptiblement pour adopter une expression accueillante, ses prunelles brillant désormais plus comme l'argent accueillant que comme l'acier dur et froid.

A nouveau, sa bouche s'entrouvrit, découvrant de petites dents parfaites, alors que résonnait sous la voûte sa voix chaude:



"Étrange mélodie, effectivement. Simplement nostalgique, peut-être. Mais d'ailleurs? Elle évoque probablement pour chacun un endroit cher à son cœur où il souhaiterait être à nouveau, dans la douce torpeur du sommeil... éternel."

L'expression était étrange, mais elle savait que quand elle serait lassée d'essayer de comprendre, elle retournerait dans le Vein et s'allongerait dans cet étang pour y mourir une dernière fois, dans la chaleur de ses eaux claires, que son corps nourrirait ses sœurs et que le Noir l'absorberait à nouveau pour qu'elle devienne "autre". Cependant, ses paroles auraient pu être mal comprises, malgré l'aura de sérénité qu'elle projetait. La tête légèrement penchée sur le côté, toujours environnée de volutes bleutées aux senteurs fleuries, elle poursuivit donc:

"Je vais par le nom d'Yse, à Madorass comme ailleurs. J'ignore si vous pouvez m'aider autant que j'ignore qui vous êtes, je dois l'avouer. J'ai fait irruption ici et j'espère ne pas déranger..."

Avec frénésie, son esprit avait cherché le soupçon d'inquiétude qu'elle aurait voulu pouvoir inclure dans son discours mais, qu'à défaut, elle insuffla dans les lianes qui rampaient aux pieds de son interlocuteur. Entretenir les conversations n'avait jamais été son fort. Personne ne posait de questions personnelles aux rétameurs, se contentant de demander des nouvelles du monde et de l'abreuver de demandes sur les évènements en cours ou les prestations qu'ils pouvaient fournir. Son maître avait conté admirablement avant qu'elle ne lui arrache la langue. Un court instant, elle serra les paupières avec force pour se reprendre. Du bout des doigts, elle caressa une nouvelle fois l'arche de pierre, sa manche large glissant pour dévoiler un bras fin et musclé d'une blancheur opaline. Dans un souffle, elle laissa échapper une dernière phrase:

"C'est un bel endroit...Secret et labyrinthique... Grégaire."

Sa voix s'était faite plus rauque sur ce dernier mot, chargée de ce qui aurait pu être du rejet ou du dégoût. Elle n'était pas nomade que par choix et l'idée même de rester enfermée dans une cave de pierre toute sa vie durant aurait pu la glacer d'effroi si elle avait su comment le ressentir.

Presque avec délicatesse, elle ramena sa main vers son visage, sentant les relents de froid, d'humide et d'odeurs persistantes que les murs avaient laissées sur sa peau, avant de se retourner. Peut-être répondrait-il. Prudemment, elle observa sa pipe désormais éteinte en se demandant s'il lui fallait la ranger pour se préparer à dégainer ou si la discussion se poursuivrait simplement...
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MessageSujet: Re: Un petit coin de Vein [PV Silas]   Un petit coin de Vein [PV Silas] EmptyLun 24 Juin 2013 - 13:14

Quelque chose n'allait pas. C'était ténu, discret encore, mais son instinct le pressentait. Une petite menace tintait dans l'esprit du démon. Une menace qui venait d'elle, suintait de son corps pâle, aux apparences pures et innocentes. Mais il devina bien vite, rien qu'à percevoir son souffle, que tout était faux. Après tout, elle était là, dans son repère. L'inconnue porteuse de secrets. Une fois ressortie des égouts, elle irait sûrement rapporter ce qu'elle avait vu à ses maîtres, et ils finiraient par descendre, pour troubler sa tranquillité. Silas devrait alors les empêcher de briser son quotidien. Du sang devrait couler, les rumeurs se remettraient à circuler, à son sujet. Il avait déjà été recherché pour de multiples vols, il y a des années, et cela c'était calmé à la mort des victimes de ses larcins. Mais là, c'était autre chose. Ils ne rechercheraient pas un voleur, mais un trafiquant caché dans leurs égouts. Ce devait être un grand crime, pour les Autres.

« Étrange mélodie, effectivement. Simplement nostalgique, peut-être. Mais d'ailleurs? Elle évoque probablement pour chacun un endroit cher à son cœur où il souhaiterait être à nouveau, dans la douce torpeur du sommeil... éternel. »

Disait-elle, tandis qu'elle revêtait de sa parure de mensonges. Elle avait commencé à fumer dans une pipe depuis quelques minutes. Mais l'odeur des égouts avait masqué l'odeur de son herbe. Une fois à ses narines, la fumée lui parla. Elle contenait des fleurs, et Silas les reconnut tout de suite. Un fin sourire lui barra les lèvres, tandis qu'il déballait le contenu de sa sacoche, et rangeait ses affaires, l'écoutant. Sa voix faussement nacrée lui remuait la poitrine. Il était écœuré.

« Je vais par le nom d'Yse, à Madorass comme ailleurs. J'ignore si vous pouvez m'aider autant que j'ignore qui vous êtes, je dois l'avouer. J'ai fait irruption ici et j'espère ne pas déranger... »

Le démon eut cette envie irrésistible de rire. Avait-elle conscience parler également à un démon ? Ne sentaient-ils pas ces choses là ? Ne voyait-il pas le Faux, couler des lèvres roses des autres êtres vivants ? Lui, si. S'écoulant de sa bouche féminine et démoniaque, des petites volutes de fumées s'échappaient, rependant le mensonge, sur les murs de pierre humide. Accompagnée de cette odeur frappante de deux fleurs, mélangés ensemble. Il tourna le visage vers l'auteur de cette fumée de mensonge, qui caressait la voûte de l'entrée du laboratoire. Sa peau était pâle, et ce teint mêlé à la couleur clair de ses vêtements lui donnait des airs de poupée. Une poupée, qui ment.

« C'est un bel endroit...Secret et labyrinthique... Grégaire. »

Quelques instants après avoir finit son discours, elle se retourna, comme pensive. Silas ne savait pas réellement quoi faire. Il ne savait pas qui elle était Vraiment, il ne savait pas si elle était là pour détruire sa vie, rien qu'en vomissant ses mots de sucre aux pieds de ses maîtres, ou si elle était perdue. La seule chose évidente pour lui, était la fausseté qui se collait à elle. Elle mentait, ou du moins, faisait semblant d'être ce qu'elle n'était pas. Peut-être escomptait-elle le tuer ici, et ce dans à peine quelques secondes, ou quelques heures, voir des années. Comment savoir ?

Le démon décida de noyer le poisson autant qu'il le pouvait. Toutefois, il ne perdit pas le nord, et tandis qu'il préparait sa phrase, il se remit à travailler. Le temps n'avait peut-être aucune notion pour lui, mais il passait. Et les commandes ne s'étaient jamais faites toutes seules, aux dernières nouvelles. Dans des sons de verre qui s'entrechoque et de graines broyées, il dit :

« Votre pipe contient un mélange bien étrange. Je dirai... » Il fit mine de réfléchir tandis qu'il s'attelait à transvaser un liquide avec application. « Feuille de Primevère et.. Racine d'Ancolie, en pulpe. Arrêtez moi si je me trompe bien sûr... » Il posa ses fioles et se tourna vers la femme. « Vous êtes là pour en acheter ? Je dois avoir ces plantes mais j'ignore comment se prépare l'herbe à fumer. »

Continuant de tourner un peu dans son laboratoire pour réunir ce dont il avait besoin, il se saisit très discrètement d'une dague qu'il plaça dans son dos, au cas où. Il ne devait pas se laisser dépasser, il fallait à tout prix préserver cet endroit. Il était une partie de sa vie sans soleil. Sans rayon. Son rayon lui manquait. Il avait envie de retourner dans les marais, de retrouver le trou dans les arbres ternes, et de s'asseoir des heures durant. Il voulait retrouver sa grotte remplie de livres, et de petits trésors personnels. Voilà, sa vraie maison actuelle. Faute de retrouver sa grotte inondée, il s'était attaché à autre chose, et la plénitude était presque là.

« Pardonnez-moi, je suis spécialisé dans les potions, et les poisons. Peut-être que si vous mettez le prix je pourrais prendre le temps de travailler sur cette herbe. C'est à votre guise. »

A son damne, sa voix se fit dur, et froide. Car la petite menace devint immense. Il posa la main sur le manche de sa dague, s'efforçant de penser à autre chose. Elle ne devait pas anticiper, elle devait continuer son manège. Afin qu'il découvre ce qu'elle faisait réellement ici, si elle avait un but. Si elle voulait le détruire. Il déglutit, attendant une réaction...


Note:
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MessageSujet: Re: Un petit coin de Vein [PV Silas]   Un petit coin de Vein [PV Silas] EmptyLun 24 Juin 2013 - 19:28

Notes:


Quelque chose clochait. A un niveau viscéral, ou plutôt situé dans les lianes tentaculaires qu'elle pouvait presque voir s'enrouler autour de l'homme qui ne s'était toujours pas présenté. Ses gestes semblaient saccadés, ses paroles, ou plutôt leur ton, en total désaccord avec ce qu'elle percevait de lui. *Peut-être qu'il n'apprécie pas de croiser un autre Démon, qu'il s'imagine que je vais lui voler son petit coin de Vein, ou que, fidèle à la réputation de notre peuple, je vais me jeter à sa tête pour l'exterminer?*

Telles étaient les pensées d'Yse alors qu'elle tentait de comprendre les réticences de l'homme à sa présence. Personne n'avait jamais réagi ainsi. D'un autre côté, elle n'avait pas plus fréquenté de Démons. Ressentait-il sa nature?

Avec ce qui aurait pu être un frisson si elle avait su ce qu'était l'appréhension, elle l'observa à nouveau. Peut-être était-elle celle qui était tombée dans son piège? Alors qu'il évoluait dans son laboratoire de petit alchimiste, elle sentit son malaise croître, comme une eau trouble qui l'envahissait, sillonnée d'animosité. La violence commençait à émaner de lui comme une menace vibrante à laquelle elle se trouvait obligée de répondre.

Avec douceur et une pointe de ce qui aurait pu être du regret, elle enroula plus étroitement sa conscience étendue autour du corps de son interlocuteur. Elle s'apprêtait à l'immobiliser (même si les sentiments issus de souvenirs étaient moins puissants et moins efficaces) lorsqu'il lui parla de la fumée de sa pipe, la prenant quelque peu au dépourvu malgré la fausseté qu'elle percevait dans sa voix.

D'un geste lent et gracieux, elle extirpa sa blague à tabac de sa manche, l'ouvrit et en sortit quelques fleurs qu'elle porta à ses lèvres. Elle était presque triste de connaître le nom de celles qu'elle avait tuée et brûlée dans ce long tuyau de métal auquel elle avait pris goût. Avec un hochement de tête respectueux, elle les recommanda au Noir, pour qu'il crée à partir de leur mort une existence nouvelle. Ses remords ne la poursuivirent cependant pas longtemps, et elle fourra à nouveau la pipe encore chaude.

Le malaise de celui qui lui faisait face était dévorant et commençait à la gagner, bien qu'elle n'en comprenne pas la raison. Bien souvent elle s'était fait la réflexion que le sadisme de la force qui lui avait offert la vie résidait en ce qu'elle ne pourrait jamais comprendre ni véritablement vivre ces sentiments qui la traversaient et qu'elle avait appris, au fil des ans, à identifier. Avec un soupir, elle se décida cependant à lui répondre, sa voix basse et charmante soudainement lasse:



"Comme je vous l'ai dit, j'ignorais qui vous étiez et même qu'une telle construction puisse exister sous Madorass..."

A la réflexion, elle ignorait toujours qui il était, bien qu'elle sache désormais ce qu'il faisait. Et également ce qu'il ressentait. Peu à peu, le masque se fissurait. Déjà, la voix de l'homme s'était faite plus agressive. Le Démon alchimiste perdait son sang-froid, et sa froideur trouvait un écho dans la vacuité de la Syrinx. Longtemps elle retourna le problème dans sa tête. Elle n'était pas stupide, loin de là, mais ce sont les passions qui poussent les marionnettes que sont les vivants à se mouvoir. Celles-ci lui faisaient cruellement défaut et elle avait parfois l'impression, comme en ce moment, que chaque mouvement, chaque parole, était un effort au-delà de ses capacités.

Elle en eut soudain assez de feindre, de jouer, de faire semblant. Elle ne voulait pas gâcher cette rencontre inattendue avec ce fragment de Vein perdu dans la béatitude de Feleth. S'il fallait combattre, elle le ferait, et s'il fallait mourir, elle succomberait sans rechigner, mais en tant que Démone. Tous les sentiments amicaux et rassurants qui émanaient de ses "extrémités" refluèrent, ne laissant place qu'à un vertigineux sentiment de vide glacé et étouffant. Toute expression déserta son visage de porcelaine, dont les prunelles étincelantes se vidèrent de toute vie, ne brillant plus que par les flammes qui se reflétaient sur elles. Ses gestes, lents et faussement Felethiens, accélérèrent pour recouvrer la grâce et la rapidité qu'ils avaient eu dans ses terres.

Quelque chose se dénoua au plus profond d'elle. Devant un autre Démon, après tout, elle n'avait peut-être pas besoin d'avoir l'air inoffensif. Lui ne s'enfuirait pas en hurlant lorsqu'il sentirait le poids de la toile d'empathie qu'elle avait tissée autour de lui, en lui et à travers toute la pièce. Lui ne tremblerait pas d'effroi en entendant ce qu'elle s'apprêtait à lui, et le ton sur lequel elle prononcerait ces paroles. Son timbre, rauque et envoutant,, était toujours le même, mais sa voix charriait des glaçons noirs lorsqu'elle ouvrit la bouche:


"Si vous comptez m'agresser, je vous suggérerais de ne pas en avoir l'intention avant le geste. J'ignore ce qui motive cette violence à mon égard, peut-être un lointain écho du Vein dans vos instincts les plus basiques. Cela dit, avant de faire jaillir le carmin séduisant qui coule dans nos... "veins" si vous me permettez le jeu de mots, auriez-vous pour moi la plus élémentaire des politesses? Il semblerait qu'ici, il soit de bon ton de répondre à un nom par un autre..."

Un nom qui en était un ou n'en était pas un, comme dans son cas, puisque Yse était autant un pseudonyme qu'un nom de scène, celui du personnage qu'elle avait revêtu en émergeant sur Feleth, perdue et moribonde. Elle avait choisi, après mure réflexion, de ne pas répondre aux questions de cet homme. Elle n'avait aucun besoin de ses services, quels qu'ils aient pu être, et patienta donc dans une indifférence glacée, entourée d'une fumée bleutée et fleurie, une réaction quelconque à son petit discours.
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MessageSujet: Re: Un petit coin de Vein [PV Silas]   Un petit coin de Vein [PV Silas] EmptyMar 25 Juin 2013 - 14:48

Le soulagement. La chute du malaise. Lorsqu'en fin, elle brisa son masque de poupée, les épaules se Silas se relâchèrent. Il se souvint à quel point il détestait ces jeux là. A quel point il préférait la franchise, la vérité, l'authenticité. Alors, lorsque toute cette toile de mensonges s'effondra, il se sentit mieux. Tout paraissait soudainement moins menaçant, moins grave. Si elle souhaitait le détruire ? Il la tuerait, et il reprendrait le cours normal de sa vie. Peu importait ces jeux de mensonges mentales. Silas était plus fort que cela. Ses yeux toujours posés sur la démone, il remarqua sa mine devenir sombre, sous l'effet du masque brisé. Il voyait désormais son vrai visage, presque sa vraie nature. Et il préférait de loin ce visage-ci. Moins faux. Moins nacré. Moins écœurant. Ainsi, il relâcha le manque de sa dague qu'il avait calé dans son dos.

C'est à ce moment que sa voix refit surface, beaucoup moins douceâtre que précédemment :

« Si vous comptez m'agresser, je vous suggérerais de ne pas en avoir l'intention avant le geste. J'ignore ce qui motive cette violence à mon égard, peut-être un lointain écho du Vein dans vos instincts les plus basiques. Cela dit, avant de faire jaillir le carmin séduisant qui coule dans nos... « veines » si vous me permettez le jeu de mots, auriez-vous pour moi la plus élémentaire des politesses? Il semblerait qu'ici, il soit de bon ton de répondre à un nom par un autre... »

Le démon soupira un long instant, posant les deux mains sur sa table, qui désormais soutenait tout le reste de son corps. Voilà maintenant qu'elle avait l'air arrogante. Décidément, certains démons étaient bien loin de l'image qu'il lui restait du Vein. D'un geste un peu brusque, il passa son index et son majeur joints sur son œil gauche.

« Je m'appelle Silas. »

Une question lui brûlait les lèvres. Bien que les masques soient tombés, la menace était toujours bien là. Il fallait quand même qu'il sache si elle comptait remonter les secrets des égouts à la surface. Il fallait réagir à temps :

« Bien, je vais être franc. Je ne sais pas.. » Il buta un instant, fermant les yeux pour essayer de se calmer. « J'ignore qui vous êtes, et ce que vous comptez faire de votre découverte mais... … » Un autre instant de silence. « Si vous songez à dénoncer mes activités, je ne vous laisserai jamais remonter à la surface. »

Il déglutit, et d'une voix sombre, conclut :

« Quelque soit la force que vous aurez tiré du Vein, elle ne vous sauvera pas. »

Une fois n'était pas coutume. La situation était presque critique, autant y mettre le ton. Bien évidemment, il n'avait aucune certitude de sa victoire quant à un combat dans les égouts, au moment présent. Mais il se devait d'être sûr de lui pour tuer les motivations de la démone dans l'œuf, si ses intentions étaient mauvaises. Car jamais, jamais il ne se laisserai prendre sa vie.

Les secondes défilaient, filaient à toute vitesse, comme la pluie s'échappe du ciel. Silas essayait de voir le Vein à travers le regard métallique de son interlocutrice. Il avait vu juste au moment où il l'avait vu, où il avait entendu sa mélodie. Elle venait de la terre première, ce monde terrible, si changeant que tout ce que l'on y avait trouvé, pouvait avoir disparu quelques minutes après. Ce monde glauque, accueillant parfois ces tableaux de douceur. Le petit rayon de soleil. Encore et toujours, tout revenait à lui, lorsque le Faux Parleur pensait au Vein. Comment l'oublier...
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MessageSujet: Re: Un petit coin de Vein [PV Silas]   Un petit coin de Vein [PV Silas] EmptyMer 26 Juin 2013 - 23:01

Silas... Avec concentration, la Syrinx fit rouler le nom sur sa langue. Il avait la saveur du Vein, presque palpable, tangible, caressant de ses lettres ses petites dents nacrées, sa langue rose, son palais délicat. *Les politesses des Humains ont donc bien un sens, finalement...* Son propre nom, nom d'emprunt ou de scène suivant les points de vue, n'avait pas ce goût irrésistible, piquant et amer, âcre et doucereux, comme l'odeur trop lourde de la pourriture qui envahit les sens jusqu'à ce qu'il n'y ait rien d'autre que la mort et la chair en décomposition. Elle retrouvait dans ce mot le parfum originel de la parcelle de Noir qui leur avait donné la vie, affleurant bien plus en eux que chez les Humains. Peut-être était-ce, en réalité, ce qui se rapprochait le plus d'une âme que quoi que ce soit d'autre qu'il lui serait donné d'effleurer de toute sa courte vie.

Cependant, ses réflexions étaient toujours perturbées par ce qui émanait du Démon. Elle l'avait pourtant senti se relâcher, vu ramener ses mains devant lui, posées désormais à plat sur la table, comme s'il avait renoncé à toucher une arme, comme s'il n'en avait plus besoin... Une fois encore, elle était sous-estimée, alors même que presque la totalité de son empathie emplissait la pièce comme une boue glacée et collante. Quelques secondes, elle songea à densifier cette impression, à l'intensifier, la faire peser comme une chape de plomb sur les épaules de celui qui, peut-être sans le vouloir, l'insultait de telle manière.

Elle n'en fit pourtant rien. Elle était bien plus prudente que cela et le relâchement face à une femme ou à un être à l'allure si peu malfaisante lui avait parfois sauvé la vie, et avait parfois prolongé son plaisir dans un torrent de souffrance teintée d'incrédulité. Mais Silas n'était toujours pas totalement rasséréné, ce qu'elle ne comprenait pas. Depuis qu'elle avait laissé de côté le masque habituel d'Yse, elle se sentait enfin calme, à un niveau inconnu jusqu'alors. Elle était, tout simplement, sans remord, dans son indifférence glacée. Rien ne semblait pouvoir l'atteindre, et ce qui avait été perçu comme de l'arrogance n'était en fait que la seule façon qu'elle connaissait de s'exprimer à la fois vrai et verbalement.

Elle n'était pas curieuse, simplement attentiste. Et le Démon ne perdit pas de temps à tourner autour du proverbial pot. Ainsi donc, il ne lui faisait pas confiance. Ce n'était ni une nouveauté, ni une surprise. Elle ignorait les fondements d'un tel sentiment, et si elle l'avait su et pu, elle en aurait été effrayée. Cependant, elle ne pu que secouer la tête, les mains tendues, paumes vers le sol, en un geste d'incompréhension, sa pipe toujours fumante tenue délicatement dans sa main gauche.

Elle relâcha l'air longtemps contenu dans ses poumons, expirant ces senteurs du Vein qu'elle avait voulu retenir, et murmura son nom comme s'il s'était agi du dernier filin la reliant au Noir. Elle ferma vivement les yeux pour se reprendre, puis rouvrit lentement les paupières pour fixer ses prunelles argentées sur le visage incertain qui lui faisait face, prononçant sa sentence de sa charmante voix inflexible et monocorde:



"A qui donc serais-je censée dévoiler ces informations? A un Humain qui ne comprendrait pas ce que je lui dirais, qui me prendrait pour une gentille marionnette, stupide et obéissante? Oui, peut-être le pourrais-je... Je n'ai pas souvent besoin de raisons pour faire quoi que ce soit, mais..."

Elle laissa sa phrase en suspense, se demandant comment la conclure et surtout comment faire passer son message. Elle ne désirait parler à personne de cette rencontre parce que, effectivement, ils n'en saisiraient ni les implications ni l'attrait. Malheureusement, elle connaissait les Hommes et leur cruauté, elle savait ce qu'ils feraient de la beauté malsaine de ce Démon et de ce lieu de pourriture. Parfois, elle regrettait que la mesquinerie des Felethiens les empêche de comprendre la magnificence et le plaisir d'une mort ou d'une torture sans objectif préalable, sans enjeu, sans préméditation, sans raison, simplement pour le geste.

Mais ils ne le pouvaient pas, et cela, elle le comprenait à un niveau instinctif. Cependant, dans son esprit, rien n'était verbalisé de telle façon, rien n'était réfléchi ou exprimable. En un sens, elle se sentait désemparée. Enfin, elle entrevoyait le Vein, et il lui était impossible de communiquer avec son représentant! Elle y réfléchit encore et encore, laissant la braise de sa pipe mourir dans un chuintement au cœur de son tube de métal, laissant le silence s'éterniser et peser, laissant la menace de Silas circuler en volutes dans l'air confiné, s'enroulant indifféremment autour de l'un ou l'autre des interlocuteurs.

Elle se demanda un instant pourquoi personne ne faisait jamais l'effort de concilier et de la convaincre comme elle était en train de le faire. Ce n'était pas de l'auto-apitoiement, pas vraiment, mais elle n'avait aucun exemple, et son esprit si logique peinait à imaginer et concevoir une issue faisant sens. Avec un soupir, elle baissa donc les bras, hésitant entre deux possibilités probablement aussi mauvaises l'une que l'autre. Pourtant, elle ouvrit sa bouche chanrue et laissa échapper d'une voix déjà résignée:


"La forme ne vous avait peut-être pas convaincu, Silas, mais le fond était vrai. Tout était vrai..."

Elle hésitait encore à recourir à la seconde méthode, à l'amadouer par des fragments de sentiments, des souvenirs du Vein, car les siens n'étaient que violence et majesté, qui pouvaient influencer de bien des façons. Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument, mais il n'est pas le seul. Alors elle s'avança, presque jusqu'à le toucher, pour que seule la table sur laquelle il s'était penché les sépare, pour que son propre parfum de fleur l'atteigne, pour que la pression de ses tentacules se fasse moins inquisitrice.

Là, ses belles mains blanches aux longs doigts fins presque perdus dans ses manches se posèrent à côté des siennes, ni menaçantes ni inquiètes. Elle hésitait à s'étendre suffisamment pour l'effleurer, même si la tentation était bien présente. Elle était encore en retenue, un rôle d'un autre genre, en quelque sorte, où elle le laissait prendre la décision, elle qui n'avait jamais eu d'autre Maître que le Noir. Et donc, attentive aux moindres émotions, aux moindres mouvements de ce corps élancé, aux moindres expressions de ce visage magnifiquement marqué, elle patienta, son propre visage ne reflétant que le vide qui l'habitait, uniquement animé par les flammes orangées dansant dans ses prunelles d'acier.
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Silas Miscarcand

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MessageSujet: Re: Un petit coin de Vein [PV Silas]   Un petit coin de Vein [PV Silas] EmptyJeu 27 Juin 2013 - 14:13

Une fumée l'entourait continuellement, comme pour montrer à quel point tout était trouble. Troubles, et incompréhension. Silas avait beau réfléchir, et réfléchir, il n'arrivait pas à la cerner. La conversation ne menait à rien, cela l'agaçait. Il avait des choses à faire, et il devait rentrer chez lui. Pourquoi restait-elle là, planter comme un radis à faire macérer le silence... Fumant cet objet de métal qui brûlait le Primevère et la pulpe d'Ancolie sans pitié. Rependant leur deux parfums mélangés, ce qui donnait un fumet plutôt écœurant, en fin de compte. Depuis quand fumer t-on des fleurs ? Cela le dépassait. Et interrompant ses pensées, sa voix sucrée refit surface.

« A qui donc serais-je censée dévoiler ces informations? A un Humain qui ne comprendrait pas ce que je lui dirais, qui me prendrait pour une gentille marionnette, stupide et obéissante? Oui, peut-être le pourrais-je... Je n'ai pas souvent besoin de raisons pour faire quoi que ce soit, mais... »

Le démon inclina légèrement la tête, pensif. Elle semblait accorder une certaine importance à quelque chose mais... Pas à l'illégalité de l'endroit, ni à ce qu'il contenait. Tant mieux. Mais Silas restait perplexe et son agacement allait en croissant. Pourquoi parlait-elle de manière aussi évasive ? Si elle ne comptait rien dire, pourquoi restait-elle là.. POURQUOI ?! Serrant les dents, il se retint de taper son poing sur la table. La colère n'était pas un trait de caractère souvent éveillé chez lui. Sauf quand on le perturbait dans ses réflexions ou ses travaux. Là, elle perturbait tout. Même sa solitude.

« La forme ne vous avait peut-être pas convaincu, Silas, mais le fond était vrai. Tout était vrai... »

Tandis que le sens de sa phrase s'imposait doucement à lui, il vit arriver la menace trop tard. Elle s'approchait dangereusement de son visage, apportant avec elle l'odeur des fleurs calcinées. Silas qui était resté penché sur la table se redressa, et espéra ne pas avoir à faire un pas en arrière. Il détestait cette proximité, il n'aimait pas. Elle le touchait presque, son visage de femme du Vein s'imposait à lui, gigantesque. Seul un démon pouvait le regarder d'aussi prés sans trembler. Son visage effrayait la plupart des Autres, avec l'œil noir et les griffures. Mais elle, elle le regardait, elle regardait son aspect brisé sans ciller.

Reprenant ses esprits, il prit une voix calme, tout en restant dur. Séparant bien les mots, il prononça lentement et doucement, cette question évidente :

« Alors, que faîtes-vous encore ici ? » Puis, prit d'un soudain élan de courage, il se pencha à nouveau pour rapprocher encore plus leurs visages démoniaques. « Je vous le demande une dernière fois, Yse... Que cherchez-vous, en ma présence ? »

Sur ses lèvres se dessina un très fin sourire, teinté de ce que l'on pourrait appeler de l'arrogance. Silas ne se reconnaissait même pas. Il ne savait pas comment se comporter face à un démon. Mais ils n'étaient pas tous comme elle. Elle était mystérieuse ? Il le serait aussi. Le temps avait assez filé, bien que le démon ne l'imagine pas. Pour lui, cela avait été très très très long, pour une fois. Alors qu'elle n'était pas là depuis des heures. Ou peut-être que si ? Il n'en avait aucune idée.

Il lui fallait maintenant patienter, encore. Soutenant son regard métallique, de son œil gris. Acier contre fer, le combat était rude. Elle ne détournait pas les pupilles, lui non plus. Elle allait répondre, elle dirait qu'elle ne cherchait rien, et elle partirait. Ainsi, Silas pourrait reprendre le cours de la journée, et oublier cette femme du Vein et son masque nacré, aussi dégoûtant que détestable.

Il attendit.

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MessageSujet: Re: Un petit coin de Vein [PV Silas]   Un petit coin de Vein [PV Silas] EmptyJeu 27 Juin 2013 - 17:11

Il n'avait pas compris. Il s'était reculé. En un sens, cela la blessa, lui fit mal non physiquement, mais quelque part à l'intérieur d'elle-même, en cet endroit éteint qu'elle avait laissé en friche pendant des décennies. Elle le sentait dégouté, énervé, très proche de la rage, même. Elle ne comprenait pas. Elle avait apprécié cette approche, de sentir encore plus proche ces émanations de Vein, mais... Soit elle n'en avait pas assez en elle, soit il s'en moquait éperdument.

Il voulait qu'elle parte, et le lui faisait sentir, non seulement dans ses mots, mais aussi dans les émotions qu'il dégageait. Si elle avait su comment faire, elle aurait éclaté d'un rire terriblement triste et ironique en se rendant compte que son besoin avait été simplement à sens unique. Alors elle laissa échapper un soupir déchirant, expirant directement dans les narines de Silas son haleine de tabac encore tiède, de primevère, d'ancolie et, sous-jacente, cette odeur de sang, d'Aldrovanda et d'eau fraîche qui lui était propre.

Elle ne s'éloigna pas, pas encore, parce qu'elle ne voulait pas dire à voix haute ce qu'elle avait attendu de lui. Non qu'elle en ait honte, quoique être rejetée de telle façon n'ait pas été agréable, mais parce que le Noir avait des façons de savoir les choses et qu'elle ne voulait pas être renvoyée maintenant. Il avait toujours été beaucoup plus difficile de prendre son temps pour s'amuser, dans le Monde du Dessous. En quelque sorte, lorsqu'elle ne voyait pas d'Humains, elle appréciait Feleth, sa verdure, sa lumière, ses eaux limpides, non turbides, dans lesquelles elle se prélassait parfois. Et pourtant, pourtant... Une pointe de douleur lui fit fermer les yeux. Elle ne savait plus où elle en était et ne pouvait donc que dire la vérité quand elle décida, finalement, de plonger ses prunelles d'acier trop brillantes dans celles du Démon qui lui faisait face, et de laisser échapper, trop vite et presque trop bas pour être entendue:



"Le Vein, Silas... Un aperçu de Vein..."

D'un geste peut-être trop rapide pour être évité, elle effleura son visage du bout des lèvres avant de se détourner, poursuivie par les lianes de son pouvoir. Elle ne s'imposerait pas, elle en avait déjà trop fait. Un tourbillon de ce qui aurait pu être des émotions s'agita en elle, toutes supplantées par une impression de vide creusant son ventre, taillant dans sa vacuité, encore plus profondément. Elle prit une nouvelle grande inspiration, essayant d'oublier ce qu'elle avait senti et effleuré. Sa tête, baissée, se releva et sa voix se fit à nouveau pleine, forte et glaciale lorsqu'elle ajouta:

"Vous avez raison, je n'avais rien à faire ici... Mais soyez rassuré, si vous le pouvez, je ne dirais rien de ce que j'ai pu voir ou entendre ici, même sous la torture..."

Un bruit étrange, semblable à un halètement, lui échappa. Peut-être était-ce un rire, peut-être que cela n'avait simplement aucune importance. Il n'en fut pas moins qu'elle s'éloigna, lui tournant toujours le dos, n'osant pas se retourner. Ce qu'elle n'avait jamais eu conscience d'être un masque, cette apparence glaciale qu'elle avait revêtue depuis sa naissance, s'était fendu et elle n'avait aucune idée de ce qui en résulterait.

Lorsqu'elle atteignit l'arche, qu'elle effleura du bout des doigts, elle se retourna malgré tout. Elle savait ne pas devoir le faire, elle savait qu'elle le regretterait, mais elle le fit tout de même. Elle porta ses yeux scintillants de larmes contenues sur celui qui représentait sa première rencontre ratée avec le Vein depuis bien trop longtemps, ses sourcils froncés en une étrange expression mêlant la nostalgie et la détresse, les lèvres serrées pour retenir un appel venu du fond de sa gorge. Cela dura à peine une fraction de seconde avant que la neutralité ne reprenne le contrôle de son expression et qu'elle ne lui tourne le dos, ses bottes neuves retentissant lentement sur les pavés sous le frottement de sa robe alors que, à petits pas, elle s'éloignait.


Notes:
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MessageSujet: Re: Un petit coin de Vein [PV Silas]   Un petit coin de Vein [PV Silas] EmptyJeu 27 Juin 2013 - 19:42

« Le Vein, Silas... Un aperçu de Vein... »

Sur ces mots, Yse effleura le visage du démon l'espace de quelques secondes. Mais Silas vit la scène au ralenti, ne réussissant pas à éviter son mouvement. Ses yeux se fermèrent à temps pour ne pas voir son visage d'encore plus près. Et pourtant, son souffle transcenda le noir, pour lui montrer une toute petite parcelle d'elle-même, qui s'évadait de par cette peau et ses yeux métalliques. Il aperçut, furtivement, en un temps si court encore, comme un rêve. L'image paraît nette, précise, mais au fond, elle est abstraite, évasive. Tellement que la mémoire ne parvient pas à la graver. Alors l'image se désagrège, disparaît. Comme si elle n'avait jamais existé. Jamais vécu.

« Vous avez raison, je n'avais rien à faire ici... Mais soyez rassuré, si vous le pouvez, je ne dirais rien de ce que j'ai pu voir ou entendre ici, même sous la torture... »

Le soulagement apparut mais Silas était trop concentré à tenter de réunir l'image dans sa tête. Il était à deux doigts de la revoir telle qu'elle avait été. Éclatante, magnifique. Un souvenir hypnotique, un tableau d'horreur et de merveilles. L'image était Elle. Elle était cette image. Il pouvait réussir à la comprendre s'il parvenait à reconstituer ce souvenir qu'elle lui avait partagé, sûrement involontairement. Mais les fibres de ce monde semblait parfois agir contre le gré de sa peuplade. Ainsi, ce petit geste, ces lèvres charnues pleurant ce souffle du Vein avait projeté cette image dans l'esprit du Faux Parleur. Chaque énigme est une serrure. Chaque serrure a une clé. L'image était la clé. Yse était l'énigme.

Il releva la tête, tout en continuant de réfléchir, aussi fort qu'il le pouvait, pour redessiner l'image dans sa tête. La femme du Vein se dirigeait vers la sortie. Chose qu'il avait espéré. Mais il fallait trouver l'image. Il avait envie de lui dire d'attendre, encore quelques minutes, mais tandis que son regard restait rivé sur elle, il ne parvenait pas à articuler le moindre mot. Toute sa force était réunie dans sa tête, comme toujours.

Lorsqu'elle se trouva sous l'arche, à nouveau elle l'effleura, avant de se tourner vers lui. Il était figé, son corps, ici, son esprit, loin. Cela arrivait trop souvent ces derniers temps. Mais malgré sa profonde absence, il vit ce regard. Ce regard faible, et triste, qu'il lui arrivait parfois d'avoir. Il vit à travers ce métal humide, des parcelles d'images. Et soudainement, elle lui revint. Des plantes de sang, enfouies sous l'eau. C'était ça ! Elle était de ces démons qui naissaient des plantes.

En quelques secondes, tout se bouscula. Ses paupières clignèrent, sa bouche s'ouvrait pour la retenir, et lorsque ses yeux purent à nouveau voir, elle était partie. Le démon resta abasourdi un moment, clignant bêtement des yeux. Comme s'il sortait d'un long sommeil. Il n'arrivait déjà plus à se remémorer entièrement son visage.

La colère le gagna. Les choses lui filaient entre les doigts, il ne parvenait pas à contrôler quoi que ce soit. Depuis plusieurs jours, tout semblait s'écrouler autour de lui. Il devint comme frénétique. En l'espace d'à peine quelques heures, il accomplit le travail pour lequel il se donnait des jours entier. Il empaqueta chaque commandes dans des sacs, et accrocha des morceaux de parchemins avec les noms ou les faux noms des commanditaires, et les entreposa à l'endroit de rendez vous habituel. Puis, il jeta un œil par la bouche d'égouts, constatant qu'il faisait nuit noir dans la ville. Il se changea, enfilant une tenue noir, son manteau et rabattant sa capuche, puis prit un sac et s'en alla.

S'extirpant des égouts, Silas se dirigea directement vers la boutique de l'apothicaire où il était allé au matin. Géré par l'homme qui ne connaissait même pas l'Harrada. Le plus discrètement possible, il défit la serrure et entra, prenant dans son sac tous les livres de l'homme. Pour la plupart, des livres sur l'alchimie et les plantes guérisseuses. Il reconnut même certains titres. Passant l'arrière boutique, il récupéra les livres plus précieux, rangés dans des vitrines qu'il était aisé de forcer.

Le sac par dessus l'épaule, il sortit de la boutique et s'apprêta à sortir de la ville mais une voix l'interpela. Elle s'adressait à lui, un homme l'avait vu sortir.

« Monsieur Direndess ?.. » demanda t-il, la voix pleine de doutes.

Le démon ne perdit pas de temps, et continua sa route, ignorant l'homme qui bientôt, parla d'une vois plus forte et audible.

« Mais.. Vous n'êtes pas... Voleur ! Voleur ! »

Silas fit l'erreur de se retourner pour tenter de faire taire l'homme grâce à un sort, mais le temps de faire monter la magie noire du Vein en lui, d'autres hommes arrivèrent, et il fut forcé de partir. Son visage n'était pas couvert. Ils l'avaient vu. Encore une fois, le sol croulait sous lui. Le démon courut aussi vite qu'il le pouvait, aidé par sa petite carrure, et se dirigea aussi loin que possible de cette ville, gardant l'image d'Yse, bien en tête....

* * *

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