Aah… il faisait frais ce soir là. Très frais même. Les sous-sols se couvraient d’une magnifique couche de givre, cristallisant l’humidité ambiante. Pas un bruit, pas un souffle ne venait perturber le doux son de l’eau usée des nombreuses maisons ruisseler le long des couloirs humides des égouts. Hum ? Qui je suis ? Oh, je n’existe pas, enfin, on m’appelle un Narrateur ! Je vais conter votre histoire ! … Comment ça vous ne voulez pas ? Ah ? Tanpis, il vous fallait lire les petits caractères en bas de la feuille. Ah vous ne savez pas lire ? On ne signe pas quand on ne comprend pas voyons ! Reprenons… Ah, oui ! Là, dans le renflement d’un mur se trouvait l’entrée secrète d’un groupe de malfrats. Une porte forgée dans un acier lourd gardée par un portier. Ce portier avait la lourde tâche d’éliminer quiconque s’aventurerait dans les parages sans lui donner le mot de passe approprié. Il faut dire que les occasions sont rares en ces lieux pestilentiels et qu’il s’ennuyait souvent, tous comme les quatre autres portiers des quatre autres entrées. M’enfin, c’était toujours mieux qu’être « Là-Bas ».


« Là-bas » était le nom de code des membres de ce groupe pour désigner le cœur même du quartier général de leur organisation. Il était situé sous la cathédrale, bien en dessous, sous ses sous-sols même. Pourtant, on entendant tout de même l’orgue et les chœurs chanter là haut. Une musique appréciée et douce, dans ces lieux silencieux et peu accueillants. Un orgue, il y en a un dans la salle réservée au Maître. Mais il ne produit aucun son. Aucun professeur n’a jamais pu terminer de donner des cours au concerné… Il perdait trop vite patience. Mais d’autres fois, ce sont des hurlements qui brisent le silence. Ils font froid dans le dos, même aux brigands qui habitent les lieux.


Reprenons la visite, voulez-vous ? Au son de vos pas, je peux en déduire que vous êtes passé par le portier et que vous êtes toujours en un morceau. Bien ! Parfait ! Continuez par ce couloir, oui celui à votre droite. Certains couloirs de ce labyrinthe vers le Cœur son des pièges, des culs de sacs avec des oubliettes. Vous feriez mieux de ne pas tomber dedans, vous risqueriez de servir de jouet au Maître. Ce serait idiot de mourir si jeune, voyons ! Et ce serait tellement bien si vous restiez avec nous au moins jusqu’à la fin de la visite, jeune novice !


Pas à pas vous progressez… et une nouvelle porte s’offre à vous. Un second mot de passe vous est demandé ? « Chocolat à la menthe », c’est celui de cette semaine. Moui, pas très sérieux mais c’est le Maître qui choisi après tout… ne lui dites pas que j’ai dis cela, d’accord ? La porte s’ouvre, nous entrons dans la grande salle. C’était en réalité une ancienne immense cave à vin, utilisée par des fraudeurs pour cacher leurs fûts durant les périodes de saisies massives… elle a été reprise comme une grande salle commune où les malfrats se retrouvent pour parler de leurs aventures ou pour boire un verre. Prostituées, fraudeurs, passeurs, assassins, mercenaires, escrocs, trafiquants… tout ce beau monde est réuni là à rire et à parler ! Pendant ce temps, les Grands, eux, discutaient certainement de votre venue dans la salle de réunion. La salle de réunion c’est l’endroit le plus silencieux de ces soubassements. Ils ne discutent qu’en chuchotant, qu’en parlant à voix basse. Parfois, on entendait le ton monter mais le Maitre réussissait bien vite à remettre ses sous-fifres en sourdine par un mélodieux « FERMEZ VOS GUEULES ! ». Oui, il aime la poésie.


Ah ? Le Maitre ? Comment est-il ? Mmmh… A peu près un mètre et une trentaine de centimètres, petit donc. D’apparence chétive, il n’est plus aussi musclé qu’avant. Comment ça, comment ce fait-il qu’un nain soit à la tête de cette organisation ? Ce n’est pas un nain voyons ! C’est un enfant ! Pire vous dites ? Attendez de le voir à l’œuvre avant de parler, jeune freluquet ! Cet enfant a vécu déjà trois fois votre âge et est aussi vicieux et sadique que toute l’organisation au complet. Ce n’est point parce qu’il a un visage innocent d’enfant qu’il l’est réellement. Avez-vous entendu parlé des combats d’esclaves ? Non ? Mmmh… vous êtes peut-être trop jeune. Bien, il était le Champion incontesté. Il obtenait la victoire en arrachant les membres de ses rivaux. Comment ça j’essaye de vous faire peur ? Attendez qu’on vous appelle, vous pourrez certainement voir par vous-même le monstre splendide qu’il est. Il aime beaucoup « jouer » avec ses prisonniers. Non ? Toujours pas impressionné ? Je vous aurais pourtant prévenu…


Ah, vous vous faites des amis ? Vous parlez avec eux ? Amusant, vraiment. Peut-être vous planteront-ils un couteau dans le dos plus tard, au sens propre de l’expression. Les rixes entre membres et les assassinats perpétrés par quelques rancuniers sont monnaie courante chez les petits pillards que vous êtes. Méfiez vous de tout et de tout le monde. Oh, un des sbires du Maître arrive ! Il est certainement là pour vous emmenez voir les hauts gradés et le chef incontesté de cette bande de malotrus. Effectivement, c’est bien lui qu’il vient voir. Vous le suivez, vous tremblez un peu. Vous voilà dans la Salle des Décisions. Généralement on l’appelle plutôt salle de réunion mais ça en jette moins, non ? Ils sont parfaitement alignés à leurs places, en une allée parfaite vers un trône de pierre où est installé un ... petit homme ?


Ce dernier porte un masque blanc où l’on a percé uniquement des trous pour les yeux. Il discute avec son bras droit qui est assis à sa droite, logique. Il est vêtu d’une lourde cape noire avec un col en fourrure blanche, le Maître. Cette couleur s’accorde parfaitement avec ses cheveux en bataille, d’ailleurs. Pourtant, ce n’est pas lui qui vous fait dégagé cette odeur de peur et d’angoisse, n’est-ce pas ? Ne serait-ce pas plutôt l’homme à ses pieds ? C’est un prisonnier, le jouet du soir de Monsieur. Nu et à genoux sur des bris de verres, il a les mains liées dans le dos et les épaules posées sur un socle de bois. Il sert de pose pied au Maître. Son baillon de cuir l’empêche de parler alors que ses yeux bandés l’empêchent de voir quoi que ce soit. Il ne peut qu’entendre et attendre. Attendre oui car le jeune Maître s’est amusé à poser des pièges tout autour de lui et le lui a bien signalé. Une bougie était allumée sous son nez, dans une coupole remplie de cire chaude. Si il basculait en avant, son visage s’y retrouverait baigné. Une série de pieux était posé sous son ventre ; si il venait à tomber, il y finirait empalé. Finalement, si il arrivait par miracle à basculer en arrière, un pieu judicieusement placé lui entrerait dans un endroit peu recommandé.


Vous ne me croyiez pas quand je vous disais qu’il était impitoyable ? Ahah ! Qui est celui qui a une envie folle de mouiller ses pantalons à présent ? L’enfant, les pieds posés sur le dos de l’homme harnaché comme si c’était la chose la plus normale au monde, s’intéressa enfin à vous. Il soupire et envoie un coup de pied dans le flanc de son prisonnier, le faisant basculé sur le coté gauche, indemne. Il n’était pas d’humeur à l’achever ce soir, apparemment. Il fait un signe de tête à un de ses gardes qui emmène alors le pauvre bougre dans sa cellule. Le calme revint enfin dans cette salle des Décisions. Un long soupire s’échappe de sous le masque.


- Il était ennuyeux celui là… Je pensais qu’il aurait flanché au bout d’un moment… Il est tenace, le petit bourgeois. Peut-être que si je remplaçais les bris de verres il cèderait plus vite ? Se plaignit-il. Il se tourna vers son bras droit. Kaalev ? Tu en penses quoi ? Ca serait amusant, tu penses ?


- Pour ma part j’aurais plutôt remplacé les bris de verres par des rats et ajouter des poids à ses genoux. Ainsi, il ne pourra bouger dans les rats dévoreront ses chairs et il sera tellement paniqué qu’il s’effondrera sur l’un de vos pièges, Monsieur. Enonça le plus simplement du monde le serviteur.


L’enfant lâcha un rire cristallin, innocent… Il vous fait froid dans le dos, pas vrai ?


- Tu es un génie Kaalev ! Vraiment ! J’aime ton idée ! Je ferais donc ça demain ! On va s’amuser…


Il se tourne vers vous pour de bon, cette fois. Vous avez peur ? Oui, je le sens. Rassurez vous, il ne tue personne le premier soir !


- Oh ? Un nouveau…

Il vous regarde ? Oui ? Oui ! Il s’est intéressé à vous ! D’habitude, ça prend parfois plusieurs heures avant qu’il ne daigne regarder le nouvel arrivant ! Ou vous lui avez tapé dans l’œil, ou il est vraiment sur les nerfs et a envie d’expédier au plus vite cette affaire et aller dormir. En tout cas, mieux vaut pour vous qu’il s’agisse de la première solution. Oh ? Ooooh ! Il ôte son masque ! Vous allez voir son visage ! Vous allez LE voir ! Comment ça je suis excité comme une pucelle ! Vous devriez l’être aussi ! Ou être apeuré, car une fois qu’on a vu son visage, ou on meurt ou on est enrôlé. Vous n’avez plus le choix maintenant. Comment ça j’aurais dû vous le dire ?

Chut ! Trève de bavarage ! Il va parler…



- Aah… tu es bien chétif, petit nouveau. S’amuse-t-il. Tu souhaites te joindre à nous c’est ça ? Mmmh ? Tu sais ce que nous faisons ? Nous tuons, pillons, éventrons, saccageons… Tu veux toujours nous rejoindre ? Demande-t-il. Tu n’as guère le choix de toute manière. Alors…

Il tend son pied vers vous. Une chaussure en cuir vernie le recouvre, le pied, et scintille de mille feu. Il y a plusieurs boucles dessus et il est dirigé vers le sol.



- Tu sais ce que tu dois faire, je suppose ? A genoux.


Penchez vous ! Qu’attendez-vous ? Agenouillez-vous ! A quoi pensez-vous ? Comment ça vous n’avez pas envie de vous abaissez à ce niveau ? Vous n’avez plus le choix mon ami. Vous allez devenir un de ses hommes, un de ses soldats. Vous devez lui obéir et ce toute votre vie. Même à votre mort vous aurez à pensez à lui ! Si vous n’étiez pas prêt à vous lancer dans cette aventure, il fallait y penser avant. Il joue de ses ongles contre l’accoudoir de son trône. Il s’impatiente ! Dépêche-vous ! Dépêchez-vous ! Bien, vos lèvres se posent contre son cuir. Il ricane. Vous l’amusez, c’est bon signe. Oh ? Il lève sa chaussure, vous montre la semelle. Ben quoi ? Léchez pardi ! Comment ça c’est dégoûtant ? Ce n’est pas la dernière chose peu hygiénique que vous verrez ici, croyez moi. Oh ? Vous l’avez fait ? Bieeen ! Il retire son pied. Il est satisfait.


- Tu comprends vite. Mais je sens la peur en toi. Tu as peur de moi… ? Demande-t-il, avec un sourire mutin. Tu as peur de moi ? Dis-le. Je veux l’entendre. Dis-le. Vas-y.


Vous bredouillez un petit « oui » à peine audible. Le sourire de l’enfant s’étire d’avantage.


- Bien, tu es docile, j’aime beaucoup. A partir de maintenant, tu es des nôtres. Tu m’appelleras Maître et tu ne parleras de cet endroit à qui que ce soit sans mon accord. Si tu veux me voir, tu devras passer par les sous-fifres de mes hommes, tu as compris ? Si c’est une chose urgente que tu as à me dire, tu en parleras à Kaalev et il jaugera si cela est vraiment urgent ou pas. Si tu viens à me déranger pour des broutilles, cela pourrait très mal se passer. Tu me suis, j’espère… ?


Acquiescez. Oui voilà, comme ça. Vous êtes prié de sortir par le chef et vous ne traînez pas vos pieds dans cette salle pleine de tordus. Alors, ça va mieux ? Vous avez digérez toutes ces informations j’espère ? Bien, allez donc boire une bonne pinte dans la salle commune pour vous remettre de vos émotions et faire connaissance avec votre nouvelle bande d’amis ! Ils ont tous des surnoms ; vous en aurez un aussi quand vous aurez réalisé un exploit marquant.

Y’a « Flammèche» par exemple. Il a fait brûler une grange d’un grand exploitant agricole de la région de Venill qui avait osé dénoncer le groupe qui était chargé de saccager les récoltes de son rival afin de ne pas payer. Ca a fait un de ces feux de joie, je ne vous dis que ça !

Puis aussi « Main de fer ». Il a atteint son septantième étranglement la semaine passée si je ne m’abuse… Mais comme le dit son petit nom, il ne le fait pas avec une corde ou un quelconque ustensile, nooon monsieur ! Il ne le fait qu’avec la force de ses bras et sa poigne de titan !

Y’a aussi « Troisième Bras ». Lui je suppose qu’il ne faut pas que je vous fasse un dessin pour comprendre comment il a obtenu ce titre, me trompe-je … ? Généralement il est là pour l’intimidation… Vu sa tête de dégénéré un peu obsédé, ça marche généralement très vite.

« N’œil- N’œil » est un barjot qui a une fâcheuse tendance à énucléer ses victimes quand il a le droit de les abîmer un peu. ‘Paraîtrait qu’il en fait une collection en les enfermant dans des bocaux remplis de formol. Ca les conserve, m’voyez ? Ben quoi ? Chacun son hobby.

Puis après y’a les fins, les distingués… « Nobliau » par exemple. Lui il a pour habitude de se rendre dans les maisons de bourges et de s’y installé jusqu’à ce que les gens paient. Il est propret et passe son temps à couvrir son nez d’un mouchoir de soie blanche parfumé. Quoi ? Ca vous fait rire ? Attendez qu’il vous ouvre la commissure de chaque lèvre, ça vous fera moins rigoler.

« Bel Ami » qui est le gigolo de service. Beau et bien entretenu, propre sur lui, il séduit les vieilles femmes seules pour pouvoir leur retirer le lourd poids de leur héritage quand elles disparaîtront de ce monde. Autant dire que souvent, elles finissent par tomber du haut d’un balcon, se ramassent un lustre sur la tête ou finissent empoisonnée, quand elles sont plus coriaces. Aaah, quel charmeur celui-là… Quoi ?

Puis il y a le petit « Monture ». Ce petit gars est une pointe en matière d’assassinats sur l’oreiller. Bah oui, comme la conversation sur l’oreiller quoi… Comment ça vous croyiez que c’était une femme ? Non, non, c’est bien un garçon. On l’envoie à des clients … particuliers, obsédés sur les bords et il les assassine au lit. Il est redoutablement beau, n’est-ce pas ? Et redoutable tout court…


Enfin, soit, il y en a encore quelques-uns, mais ils ne sont pas là ce soir, ils sont en plein travail je suppose. Je vous les présenterais un autre jour. Pour ce qui est de ce soir, vous allez allez vous coucher. Les dortoirs pour les simples membres sont au fond, à droite et à gauche. Ce sont des chambres communes, il y en a quatre par couloir. Quand vous aurez un surnom, vous serez le sous-fifre d’un des sous-fifres du chef et vous aurez des chambres communes de trois personnes. Quand vous serez un sous-fifre direct du chef, vous aurez une chambre à vous tout seul. Il est interdit de vous balader dans les couloirs après le couvre feu. Alors… bonne nuit ?

Alors ? Vous avez bien dormi ? Bon il est vrai que dormir avec une vingtaine de personnes à l’hygiène douteuse ne doit pas être fort agréable mais après tout, vous êtes aussi pouilleux qu’eux si je ne m’abuse, ah-ah ! Bon, bon, trêve de bavardage, tout le monde s’apprête alors vous feriez mieux d’en faire de même. Tous le monde sort du dortoir et va dans la salle commune attraper un bout de pain à grignoter et les chefs de groupes vont voire « Qui-sait-tout ». C’est le type en charge de distribuer les ordres de missions pour la journée. Allez le voir il va certainement vous assigner un groupe. Il se tourne vers vous et vous fixe de son unique œil. Il vous demande votre nom. Ralph ? Vous vous appelez Ralph ? Ah-ah-ah ! Quoi ? N’ai-je point le droit de rire ? Ralph… Votre mère devait vraiment vous aimer, vous ! Bien. Il vous a assigné un groupe ? Parfait ! Votre chef de bande est… « Ké-pas-bô ». Un demi-orc celui-là, toujours de mauvaise humeur. Prenez le donc avec des pincettes, c’est un conseil que je vous donne.


Alors qu’y a-t-il au menu d’aujourd’hui ? Oh du sabotage ! Ca promet des aventures palpitantes, n’est-ce pas ? Je suis tout émoustillé à l’idée à l’idée de conter vos périples, mon cher Ralph ! Comment ça, qu’est-ce que ça veut dire « emoustimachin » ? … Je vous expliquerais plus tard, jeune ami. Il serait temps de vous inculquer quelques notions de vocabulaire, à vous. Comment ça vous n’allez pas vous laisser vous faire enfiler ? … Inculquer pas … Roh, laissez tomber. Allez plutôt donc rejoindre votre groupe de joyeux lurons. Ils ont commencé à picoler sans vous !


L’heure tourne, tourne, mais personne ne se bouge. C’est quand les sous-fifres du Maître viennent vous engueuler que vous vous décidez enfin à vous bouger le troufion pour aller réaliser votre tout premier travail : saboter les tunnels d’une mine en faisant exploser une artère plutôt … productive. Votre travail consiste à faire exploser l’artère de manière à ce que le passage soit complètement bouché, empêchant le travail des mineurs. Et en en enfermant quelques-uns dans le fond de la grotte, ce qui les conduira à une mort certaine, bref. Vous devez vous rendre à l’armurerie, qui est dans le couloir à côté du cellier. Oui oui, je sais, beauuuucoup de couloirs ! Dépêchez vous donc un peu !


Oh ? Vous maniez les dagues et les arbalètes ? Sympathique… Bon, demandez un équipement standard. Quoi ? Vous n’avez pas trop aux grandes armures. Un casier vous est attribué avec dedans un vieux plastron de cuir, des bracelets de cuir, une côte de maille en fer et des jambières de seconde main. Vous pensiez réellement qu’on finançait vos armures ? Petit naïf ! Bref, attraper tout votre bardât et suivez votre chef de groupe. Ce dernier transporte une caisse pleine de fioles explosives alors ne dites rien tout le long du voyage, il ne faudrait pas qu’il la fasse tomber, n’est-ce pas ?


Tout le long du voyage vous ne dites rien, hormis à votre voisin de marche qui vous raconte qu’il s’est trouvé une fiancée il y a quelques temps et qu’elle est très amoureuse de lui. Il vous dit aussi qu’il compte se marier avec elle. Intéressant, une union entre paysans bouseux, ça doit être des plus… délassant ? Un autre des types vient vous demander ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce merdier. Vous répondez que vous voulez de l’argent. Oh comme c’est étonnant, je ne l’aurais pas deviné moi-même ! Bon, l’orc commence à s’énerver alors vous vous taisez. Que vous êtes bien élevé ! Dressé à la baguette ? Bref bref… Grouillez vous le popotin, on a pas toute la journée ! Enfin, allez donc plutôt aider les deux idiots ivres à l’arrière.


Vous voilà arrivés à la mine en question. Il n’y a encore personne sur le chantier, c’est bien connu, les mineurs ça ne commence à travailler que l’après-midi, comme ça ils ont l’estomac bien rempli ! Bande de lopettes oisives… De mon temps on… ‘fin ça sera pour une autre fois. Vous vous glissez tous à l’intérieur de la mine, tranquillement. Il n’y a que deux ou trois mineurs dans le fond de la mine. Trois de vos collègues se lancent à l’assaut et les assomment avant de les entasser dans un coin. Vos amis sont à l’entrée en train de surveiller l’arrivée d’éventuel enquiquineurs de première. Le chef vous tend plusieurs fioles et vous invite à faire exploser la roche de la veine la plus productive. Et vous vous y donnez à cœur joie qui plus est ! Vous êtes vraiment un monstre ! Je vous envie…


Malgré les cris des travailleurs coincés derrières ces tonnes de roches, vous fuyiez car le plafond menace de s’effondrer sur vos têtes. Vous arrivez à sortir sain et sauf avant que l’entièreté de la caverne de s’écroule, un éboulement qui ne sera pas pauvre en perte humaine : aucun mineur ne survivra, laissant des familles sans leur père ou leur mari… qu’à cela ne tienne, il est temps de faire péter les boutons de votre pantalon en remplissant votre bedaine d’alcool et de victuailles ! On fête votre premier coup !

Depuis qu’on vous a donné votre surnom, maintes saisons ont passées. Vous voilà dans la bande depuis bientôt trois longues années. Vous avez été des plus serviables et vous êtes devenus un modèle de fidélité envers votre Maître. Mais ce dernier se trouve troublé ces temps-ci. Que voulez-vous donc ? Il a des affaires importantes à régler ! Comment ça vous ne pensez pas qu’il s’agit de cela ? Oh peut-être est-ce aussi à cause de ces complots incessant qui se trament derrière son dos ? Vous pensez bien que beaucoup de monde apprécierait de voir sa tête rouler sur le sol, à ce petit gamin ! Mais vous ne faites pas partie de ces gens là. Vous vous êtes quelqu’un de bien, quelqu’un d’honnête. Enfin, si je puis dire … D’ailleurs, je pense que ce petit vous apprécie beaucoup. N’avez-vous point remarqué qu’il vous appelle souvent pour des missions délicates ? Des missions qu’il ne confie même pas à son bras droit ?

D’ailleurs en parlant de ce gars là, vous feriez mieux de surveiller vos arrières quand vous le croisez. Pourquoi ? De un parce que vous êtes en train de lui piquer sa place de petit chouchou et de deux parce qu’il est pas net, ce type. Si, si, je vous assure, je parie mon chapeau qu’il est derrière toutes ces mutineries ! Comment ça je suis parano ? Vous verrez ce jour là… vous verrez. M’enfin ce n’est pas le moment de papoter sur ces affaires fâcheuses ! Le Maitre vous a demandé de ramener tous les mauvais payeurs d’une grande ferme dans les environs non ? Alors remuez un peu vos hommes, ils sont à la traîne aujourd’hui ! Et le morveux n’est pas de bonne humeur… Quoi ? Je l’appelle comme je veux, il me voit pas !

Vous mener vous-même le chef de famille devant votre grand Patron. Il est dodu, il a de l’or moi j’vous le dis ! Encore faut-il qu’il retire les crabes qu’il a dans les poches pour payer ce qu’il doit à cette compagnie… Je me demande comment il peut encore y avoir des gens assez fous que pour ne pas payer… avec tous ces corps marqués au fer par le Maître lui-même, les gens devraient pourtant être dissuadé de telles vilénies, non ? Enfin bref, les gens sont cons, on ne les changera pas !

Toujours avec son masque inexpressif sur le visage, l’enfant prend un ton grave en voyant arriver tout ce petit monde. Il ouvre grands les bras, se réjouissant à l’avance de ces nouveaux jouets. Tous frais. Vous vous inclinez bien bas, comme à votre habitude. Sobre, loyal, respectueux. On vous aime pour ça vous savez ? Il se lève alors, théâtral, et ôte son masque. Aucun d’entre eux ne partira, aucun. Pas après avoir vu le visage du Démon.

- Vous avez osé ne pas me dédommager pour les précieux services que je vous ai offerts, Monsieur. Souffla-t-il. Vous en paierez les conséquences.

L’homme ventru que vous avez ramené plus tôt frissonne, tétaniser. Il en vint même à uriner sur le sol, frôlant la syncope. Il sait que sa fin est proche. Cet enfant respire la mort, après tout. Tout en lui laisse présager le plus mauvais des sorts, rien qu’en croisant son chemin. Bref, ils étaient mal barrés. Tous. Autant la vieille dinde que les trois rejetons. Enfin, tous… tous n’étaient pas de cette famille. L’une des six personnes agenouillées n’était pas comme les autres. Mal habillée, maigrelette, sale… une esclave sûrement. D’ailleurs, le petit vampire semble l’avoir remarquée. Il s’avance vers elle, et la force à le regarder dans les yeux, relevant son menton.

- … Es-tu une esclave ? Tu ne sembles pas faire partie de cette bande de parasites… T’ont-ils frappée ? Ont-ils été méchants avec toi ?

La petite ne semblait pas comprendre la question ni savoir comment y répondre. Sûrement avait-elle peur d’être punie en retour d’une mauvaise indication… ? Le Maitre sourit, avenant. Enfin, autant qu’on peut l’être avec des canines plus grandes que la moyenne.

- Ne t’en fais pas, tu sais. Ils ne valent plus rien. JE suis le seul Maître ici. Et je t’ai posé une question, à laquelle tu es priée de répondre… ?

Elle acquiesça alors frénétiquement la tête, encore trop chamboulée que pour pouvoir prononcer la moindre syllabe. Il désigna alors la gamine à son bras droit, lui demandant de l’amener dans une chambre d’hôte, de lui trouver de jolis vêtements « comme les filles elles les aiment » d’après ses mots et de l’apprêter à souper avec lui. Ah, qu’est-ce que je vous disais ? Des esclaves enfants, il en avait accueilli beaucoup. Mais tous ont fini par être tués… en voulant le tuer lui. En effet, même si ils sont des « invités », ils n’ont pas le droit de sortir. Et peu d’esclaves sont assez fous que pour devenir vraiment amis avec lui. D’où le fait que, justement, des amis, il n’en a pas.

Le bras droit vous délègue alors cette tâche, vous demandant d’aller faire le marché pour trouver de jolies robes. Comment ça vous ne savez pas ce qui est joli comme robe ? Et bien, pour une demoiselle, elle sera de préférence couvrante, sans décolleté et de couleur pastel, je suppose. Allez donc chercher tout ça ! Je vous attends ici.

Quoi déjà ? Vous avez été rapide. Vous vous rendez dans la salle de réunion, où le Maître est seul, à lire des papiers. Même son bras droit n’est pas là. Par contre il y a du sang à terre, c’est qu’il y a eu de la casse. Il sourit en voyant les robes que vous amenez à sa nouvelle protégée. Il vient même les voir de plus prêt, avant de vous sourire.

[color=cadetblue- Cafard, tu es quelqu’un de gentil, je t’aime bien.[/color] Vous dit-il. Tu sais, il y a de la place pour un autre haut gradé, hein ? Ca t’intéresserait peut-être ?

Une promotion ! Chic ! Et ça sera quoi la suite ?