Penser en mangeant, ou manger en pensant.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

« Cette taverne est réputée pour son ambiance agressive, mais je ne connais pas d'autres endroits où se nourrir. »

Un peu plus et la petite ange remerciait le démon de l'avoir laissée discuter une peut-être dernière fois à ses parents. Ils étaient scandalisés et son père lui, était furieux en prime. Elle avait tenté de les rassurés en disant que le démon pourra la protéger dans les temps à venir, peine perdue, ses parents ne voulaient rien entendre. Trop émotifs.

Puis ils décampèrent plus loin, toujours à Madorass pour se nourrir quelque part. Seul endroit connu pour ça : À la panse repue. Taverne grossière où l'ont vendait de l'alcool et un peu de sang, une dent en moins aussi. Certes, outre la violence permanente dans cette taverne, Nephthys n'avait aucune l'intention de se battre, seule inquiétude : son ''maître''.

Ce qui la fit tiquer, c'est qu'elle était maintenant l'une de ses propriété. Une vraie insulte. Elle qui l'avait remit sur pieds. Elle n'osait pas trop s'approcher du démon, ni d'ouvrir la bouche. Encore méfiante, apeurée et hésitante, elle était pour la plupart silencieuse.

Sauf qu'elle était certaine qu'un jour, son caractère allait prendre le dessus. Pour le mieux et pour le pire, mais pas avant longtemps.

Les deux jeunes gens entrèrent dans la taverne, pour le moment, c'était calme, mais l'ambiance était froide et serrée. Une bataille ne tarderait pas à éclater.

« Je crois que vous devrez rester tranquille, ici. »

Annonça-t-elle, les yeux ronds. Après-tout, elle devait le calmer.

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" Je connais cet endroit. "

Bien sûr qu'il le connaissait. Depuis des siècles que Dassyldroth arpentait le monde de Feleth en vagabond solitaire, il avait probablement foulé ce sol avant que ce tripot ne soit construit. Probablement après aussi. Oui, en définitive, il était déjà venu ici, la dernière fois il y a quatre ou cinq ans, à quelle occasion? Cela il ne pouvait s'en rappeler, un détail aussi futile que ça ne pouvait rester longtemps dans sa mémoire. Quelque part, c'était là un des inconvénients d'être si vieux. A la manière où les vieux humains se mettaient à radoter, lui, ne pouvait s'empêcher de reconnaître tel ou tel endroit.

Mais ce n'était pas ce qui importait aux yeux de Dassyldroth pour le moment. Non, à vrai dire, être déjà entré ici, il n'en avait absolument rien à faire, puisque à cet instant précis, toute son attention était rivée sur son nouveau trophée, son nouvel objet, sa nouvelle chose.

Nephthys.

Une jolie créature aux cheveux d'or et à la peau d'ivoire, descendue du ciel pour tomber dans ses griffes. Dommage pour elle, tant mieux pour lui s'ils s'étaient rencontrés. Il aurait pu lui trancher la tête, mais elle l'avait supplié de ne pas le faire, et pour une fois dans son existence, il avait écouté. Quelques moments plus tard ils étaient ensemble dans cette taverne bruyante, et Dassyldroth avait faim.

" Va chercher à manger, petit ange. Pour nous deux. Et prends moi une bière, tiens, voilà dix pièces. Je vais chercher une table. "

Il lui tendit alors une poignée de sous d'or qu'il avait sorti de sa bourse, et les mit dans la douce paume de Nephthys. Au moment où le bout de ses doigts frôlait les mains de la belle, il marqua une pause. Il ne pouvait s'empêcher d'apprécier le contact entre son épiderme corné et rugueux et la soyeuse peau de sa nouvelle propriété.
Quels chanceux ces anges.
Quelques secondes plus tard, il reprit le cours de son mouvement, et parvint à trouver une table en bois flotté pourvue de deux tabourets bancals en guise de sièges. Rien de bien faste, qu'importe.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Le bout des doigts rugueux du démon chatouillèrent la paume de sa main. Ses doigts bougèrent dans un tic nerveux au moment où elle prenait possession des dix pièces. Dans le même temps, elle fila au comptoir pour payer les repas ainsi que les boissons. Pour monsieur - oui, elle appuya bien sur le mot - elle commanda une bière et pour elle, une simple chope d'eau qu'elle rapporta à table.

Puis après attente de plusieurs minutes, elle rapporta également la nourriture qu'elle servit devant le démon et devant son siège à elle. S'installant sans se faire prier, affamée. Ça ne lui prit pas une seule seconde qu'elle attaquait poliment son plat. Oui parce que, elle n'était pas du genre à manger voracement, affamée ou non.

Puis une chope se renversa au sol, suivit de deux types qui se poussaient ici et là, jusqu'à en être à proximité de nos deux héros. Première réaction de Nephthys fut : arrêter de manger et s'enfoncer dans son siège. Peine perdue, cela n'empêcha pas à l'homme de renverser sa bière sur l'ange, de l'épaule jusqu'à son torse. Ce qui lui arracha un petit cri, maintenant trempée d'alcool froide, bien qu'elle était normalement tiède, pour sa peau tempérée, c'était congelé ! Ce n'était pas tout, la boisson froide avait provoquée de grands et désagréables frissons, mais aussi un changement soudain et physique au niveau du torse recouvert du fin tissu...

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Le peuple qui fréquentait cet établissement n'avait rien de particulier. Des soûlards, des tapins, des filous, des brutes, tout ce que la société humaine avait de pire était là, planté comme le décor de la scène, autour des deux comédiens, Nephthys-quoique cette dernière eut plutôt l'impression de jouer dans une tragédie- et Dassyldroth, en train de pratiquer leur art. C'était ainsi que le Seigneur voyait les choses, puisque de toute évidence, eux seuls étaient les personnes qui sortaient du lot. Le reste n'était que d'insignifiants figurants à peine au courant qu'ils jouent dans la pièce du siècle.

Pas de place pour les parias au devant de la scène.

Malgré tout, Dassyldroth ne détestait pas les humains. C'était une race jeune encore incapable de palper sa futilité afin d'en échapper et de s'élever au rang des engeances plus importantes. Leurs défauts s'expliquaient ainsi, à commencer par leur ego. Insupportable, inexcusable abus de personnalité, les humains s'aveuglaient eux mêmes sans se soucier du reste en suivant la ligne de conduite qui allait satisfaire leur fierté mal placée. Heureusement que des races plus matures existaient. Les démons, par exemple.

Et les anges.

Son ange à lui, elle arrivait près de la table. De toute évidence, elle ne s'était pas encore faite à l'idée qu'elle allait continuer son existence à son service. Plutôt logique. Elle avait ramené ce qu'il avait demandé. A boire, et à manger pour eux deux. Lorsqu'elle posa l'assiette sous le nez de son maître, elle avait l'air de craindre qu'il la morde. Il la terrorisait. Bon signe selon lui. Allait-il déserrer la vis peu à peu afin de lui accorder de plus en plus de libertés au fur et à mesure qu'elle deviendrait docile? Pour le moment, il se voyait en train d'exploiter la terreur qu'il lisait dans les yeux de la belle créature, s'en nourrir pour, le moment venu, rappeler à tous pourquoi il était roi.

A peine avait-il commencé à se repaître d'une fade bouillie à moitié tiède qu'un des figurants renversa le contenu de sa chope sur Nephthys. Cette dernière ne disait rien, subissait le breuvage froid qui imbibait ses habits, les rendant transparents ça et là. Faiblesse d'ange.

" Hé! Désolé la gueuze, j'tôvais point vu! O' r'marque, maint'nant c'toi qu'on voit bien héhé... "

Gueuze? Encore une preuve de l'ego mal placé des humains, toujours à se croire supérieurs aux autres. Il avait gagné sa leçon d'humilité. Sans mot dire, Dassyldroth se leva et vint face à ce soûlard dont l'haleine empestait le malt et la vinasse. Il lui saisit alors le poignet, pour le serrer, serrer...

Serrer... serrer.. Le Seigneur n'entendait plus que ce mot, rien d'autre. Contrairement aux autres, il n'entendait pas le vieux pochtron hurler de douleur au fur et à mesure que son poignet se brisait. Lorsque Dassyldroth lâcha prise, le pauvre bougre avait déjà cessé de hurler. Peut être s'était-il évanoui, et par effet de nerfs son corps restait debout. Peut être était-il mort. Quoi qu'il en soit il s'écroula dans un vacarme qui mit fin au brouhaha ambiant. Enfin, Dassyldroth se rassit, essuya sa main avec le bord de sa cape, et reprit son repas. Il posa le regard sur Nephthys, dont le corps était de plus en plus dévoilé par le tissu désormais plus qu'humide. Il n'y avait désormais sur le torse de l'ange que peu de place pour l'imagination du démon, qui se voyait d'ores et déjà y prendre ses aises.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Elle tremblait à la vision épouvantable du saoulons et de Ars. N'empêche qu'elle était clouée à son siège, non pas par la peur, mais bien parce qu'on voyait TOUT, absolument TOUT ! En prime la texture des deux petites pointes érigées qui poussait contre son tissu devenu transparent. La pauvre femme trembla d'abord, puis un grognement sortit de sa gorge, couvrant sa pauvre poitrine dévoilée.

« Ne regardez pas. »

Cet être diabolique, malsain et sans âme n'avait pas le droit de voir, non. Même si elle était sa propriété. Pour ce qu'il avait fait - même si son intention était bonne, plus ou moins. - il méritait la solitude, pour longtemps !

Coupée d'appétit, la petite femme ne toucha plus à son repas à moitié entamé. Elle n'osait pourtant pas partir, aux risques de subir les foudres du démon, et au risque de montrer à tout le monde l'une de ses parties intimes. Bras croisés, elle leva un regard embarrassé au démon.

« Vous n'aviez pas à faire ceci. Merci d'avoir prit ma défense, mais... »

En fait, elle ne croyait pas réellement qu'il avait prit sa défense. Il s'amusait juste à torturer ces pauvres terriens.

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Une petite chose trempée de bière qui couvrait ses appas. Voilà ce qui venait d'employer l'impératif envers Dassyldroth. Une petite chose trempée de bière qui couvrait ses appas par embarras avait donné un ordre au Seigneur de la Fin des Temps. La chose était presque drôle. S'il avait été humain, il en aurait ri. Mais s'il avait été humain, tout cela ne serait jamais arrivé. Un simple rictus sortit de ses lèvres. En guise de réponse, le démon croisa son regard, et la fixa de ses prunelles rougeoyantes pour voir au plus profond d'elle. Il expulsa un léger soupir, but une gorgée de cet immonde ale, et après avoir reposé la chope, continua d'oppresser Nephthys de son regard rigide.

" Comprends bien une chose, petit ange. Tu es vivante parce que je suis curieux et capricieux. Ton ennuyeuse existence vient de prendre un tournant inattendu grâce à moi. Je t'autorise à être ingrate pour le moment, mais je continue de t'observer. Je vois des choses en toi, et parmi ce que je vois, il n'y a rien qui ne m'impressionne. "

Sur ces mots, Dassyldroth détacha sa cape de son armure, et la tendit à l'ange afin qu'elle puisse se couvrir plus décemment. Hors de question que ces tas de viandes puissent voir l'intimité de ce qui lui appartenait. Il avait appris l'humilité à l'un d'eux, mais cela ne l'avait nullement amusé. Ce qu'il avait fait était tout simplement un recadrage de sorte à rappeler qui avait le pouvoir de vie et de mort, et qui subissait. La routine pour Dassyldroth.

" Couvre-toi. Je ne veux plus t'entendre employer ce ton, et je ne veux pas non plus te mutiler, petit ange. "

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Elle se tut en grinçant des dents, fixant son assiette encore pleine pour ne pas croiser son regard lourd, intimidant. Ce grand salaud osait dire que sa vie était minable et ennuyeuse. Parce que quoi ? Elle n'avait pas tué elle ? Elle n'avait pas cherché à avoir le pouvoir ? Ce type était un porc, un sadique, un monstre. Sa vie avait été palpitante, même sans lui ! Même que, depuis sa présence, elle vit un ENFER. Bien heureuse qu'il ne puisse entendre ses pensées, car en cas contraire, sa tête aurait roulé.

Au bout d'un bref moment, couverte, elle recommença à manger. Terminant sans le moins encombres sa nourriture. Elle vida également sa chope d'eau. Toute cette agitation l'avait assoiffée.

« Quand pourrons-nous partir ? »

Questionna-t-elle, quasiment impatiente. Le temps qu'il termine, elle se réchauffait dans la cape, frissonnant des diverses températures qui fouettait sa peau sensible. Emmitouflée sous le large tissu, elle fixait sans scrupule le démon terminer sa nourriture.

« Avez-vous une maison ? Une toit ou dormir ? Quels sont les grands événements ? »

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Quelque part, Dassyldroth percevait en son nouveau jouet quelque chose qu'il n'avait pas encore vu. Elle qui jusque là s'était montrée douce comme une biche, d'abord par bonté, ensuite par volonté de survivre, il existait pourtant une facette de sa personnalité qu'il n'avait pas encore observée. Elle serrait les dents. Etait-elle contrariée? Probablement. Qui ne le serait pas ? Dassyldroth le serait, dans son cas. Mais il n'aurait jamais été dans son cas. Le Seigneur était différent de tous les autres. Anges, démons, humains, personne ne le comprenait. Et personne ne le pouvait.
Quoi qu'il en soit, quelque chose dans le comportement de l'ange commençait à agacer le démon. Lui aussi s'était mis à serrer les dents. Quelque chose d'anormal lui saisissait le coeur, et une sensation inconnue se lançait à travers sa poitrine.

"Qu'est-ce...."

Cette vague de nature totalement nouvelle pour Dassyldroth le perturbait hautement. Elle avait pour résultat de l'agacer encore plus, et ainsi, il grinçait des dents de plus belle désormais. Il y avait fort à parier que le moindre morceau de viande entre ses mâchoire aurait été déchiqueté en un bref instant à ce moment précis. Le Seigneur ignorait tout de ce qui lui arrivait, sinon que ça le rendait nerveux. Lui qui avait l'habitude d'être rompu à tout, et blasé de voir les mêmes choses jour après jour, le voilà qui était servi, et bien malgré lui. D'ordinaire impassible, il peinait à retenir ces contractions au niveau de la poitrine. Au même moment, la migraine de son début de journée refaisait surface, et lui bombardait le crâne. Ce concert de sensations disparates eut pour effet de raidir Dassyldroth, et désormais il avait ses doigts crispés sur le bois.

"Hnnngggghhh.... "

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Irritée, elle n'en pouvait plus d'attendre. Elle s'entait l'alcool, la bière. Odeur particulièrement désagréable. La fatigue la pesait. Le froid, elle avait froid. Ce bouffon qui souhaitait tout contrôler. LA contrôler. Elle tremblait, elle avait le cœur lourd, le souffle difficile.

Une chope s'écrasa sur le sol, ce qui lui arracha un sursaut, de quoi l'énerver d'avantage. Tout en fixant le démon assit devant elle. Elle continuait de grincer des dents.

« Je vous ai posé une question. »

Il l'ignorait.

Mâchoire serrée, elle attendit qu'il termine son assiette pour frapper dans la sienne. Sous l'impact, le pauvre couvercle craqua en éclats, ce qui donna une petite mélodie au silence soutenu et gênant. Bien qu'elle soit constituée d'une faible corpulence, elle était un ange. Elle possédait une force remarquable, même si médiocre lorsqu'on la comparait à n'importe quel démon ou ange.

En relevant sa main, elle sentit et vu ce gros morceau de bois fin et pointu, plongé dans sa chair pâle. Une lignée de sang traçait ses veines pour venir atterrir sur les restes de nourriture. D'un grognement rauque, elle retira le morceau, bougeant ensuite sa main le temps que sa plaie se referme.

Puis elle avait remarqué l'air du démon.

« ... »

Elle cacha sa main sous sa cape. De petits yeux ronds.

« Pardonnez-moi. »

L'air piteux, elle regardait maintenant son couvercle craqué et taché de sang.

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Dassyldroth dût prendre une petite minute pour reprendre ses esprits. Il avait été bombardé de sensations et douleurs inconnues au niveau de la poitrine, et ce pour une raison tout aussi mystérieuse. Lui qui avait horreur des intrigues, cette situation lui déplaisait fortement. Une chance pour tout le monde qu'il était impossible de l'énerver vraiment. Au prix de lentes respirations successives, il était parvenu à court-circuiter ce moment de déséquilibre, et lorsqu'il avait retrouvé un état normal, certains changements avaient eu lieu autour de lui.

En face de lui, il y avait la belle Nephthys. La contrariété de cette dernière était toujours là, et à vrai dire, il allait devoir faire avec pendant un certain temps. Non, ce qui avait changé, c'était le contenu de son assiette. Il y avait du sang dedans. Du sang d'ange. Facile pour le Seigneur Démon de distinguer du sang humain du sang d'ange. Il avait vu des quantités incalculables des deux, et ces perles rouges qui flottaient au dessus de la bouillie qu'on leur avait servi était du sang d'ange, le sang de Nephthys. En relevant le regard vers son visage, elle portait toujours cette expression à mi-chemin entre le dépit et la fureur, et cela lui allait bien, trouvait Dassyldroth. Cependant, ce n'était pas le visage de sa belle prise qui l'intriguait, mais bel et bien sa main droite, qu'elle dissimulait dans la cape qu'il se rappelait lui avoir donné quelques secondes plus tôt.

" Montre-moi ta main. "

Comme il n'avait pas l'habitude d'attendre qu'on lui obéisse, le Seigneur Démon avait pris l'initiative de saisir Nephthys par le bras pour descendre jusqu'à sa main et mettre cette dernière au bord de la table. Rien de bien grave, à vrai dire ce n'était qu'une grosse écharde, et selon ses souvenirs l'ange était capable de se soigner elle même. En utilisant la magie. Et c'était hors de question.

Avec son autre main, Dassyldroth se mit à fouiller dans sa besace. Il y avait rangé des onguents et des cataplasmes qu'il avait lui même confectionnés. D'un mouvement de doigt il parvint à ouvrir une pochette de cuir contenant une pâte à la texture épaisse, et plongea son index dedans pour ensuite l'appliquer là où l'ange s'était fait une écharde. Non pas qu'il craignait que cette égratignure ne s'aggrave, mais il ne pourrait supporter de voir la peau diaphane de Nephthys se couvrir de vilaines traces. Il prit quelques minutes pour masser silencieusement la minuscule plaie du bout de son index, tout en tenant la main entière avec la sienne. A une autre époque, Dassyldroth aurait voulu la dépecer pour toujours garder avec lui cet épiderme soyeux, mais aujourd'hui il savait que les peaux dépecées à la hâte ne se conservaient jamais longtemps, et nécessitaient un traitement fort ennuyeux. Rien que cette pensée lui donna envie de soupirer, ce qu'il fit.

" Nous partons bientôt. Dis-moi où tu veux que nous dormions. "

Si Dassyldroth avait pris la peine de demander son avis à l'ange, c'était parce qu'il avait pour habitude de ne pas s'encombrer avec ce genre de de détails. Ainsi, dormir dans la rue ne l'avait pour ainsi dire jamais dérangé. Cependant, cela compromettrait l'état de Nephthys, qui aurait pu se retrouver couverte de terre ou de déchets divers. Une si mauvaise surprise à son réveil aurait promis au Seigneur de passer une journée des plus désagréables.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Un frisson la traversa depuis son bras. Ce qu'il avait la peau rude, elle n'avait jamais sentit ce genre de chose, de ses parents, de son entourage. La sensation de son toucher sur le sien était nouveau et la différence était tellement forte que c'en était devenu agréable. D'une impulsion, elle vagabonda ses doigts de velours sous la manche du démon, chatouillant la peau rugueuse pour son propre plaisir, jusqu'à s'arrêter... Réalisant que toucher un étranger de la sorte en milieu public était quelque chose de tabou, de mal vu.

Elle retira subtilement sa main, jetant un oeil sur la seconde, avant de lever les yeux vers l'homme qui prenait soin d'elle.

« Je ne sais pas ce qui m'a prit. »

Il était enfin le temps de partir ! Nephthys savait déjà ce qu'elle souhaitait, elle en était impatiente. Toute cette bière irritait sa peau sensible. Le désavantage de sa douce peau, c'est qu'elle était extrêmement sensible à tout, absolument tout ! Pourtant, la peau âpre d'Arphoss n'était pas désagréable, lorsqu'on s'y habituait.

« J'ai besoin d'un bain... Sauf que ceux des auberges sont publiques, ça me causerait beaucoup d'ennuis. Je ne peux pas non plus retourner chez moi avec vous. J'opte donc pour les rivières, je trouve cela rafraîchissant, j'en profiterai aussi pour nettoyer mon vêtement. »

Répondit-elle d'un ton neutre, pour exprimer son point de vue sans qu'elle ait l'air de donner un ordre. Il lui avait demandé, après-tout.

Louche.

Un démon et il est gentil. Un démon et il ne lui a jamais fait mal, au contraire il l'a même soignée. Un démon et il ne s'est jamais montré agressif envers elle... Essayerait-il de l'amadouer ? Pour ensuite la soumettre à tous ses désirs ? En cas où, par méfiance, elle se promit de ne pas craquer sous ses yeux de biche, pour le moment...

///

L'air fraîche, la lune qui s'élevait dans le ciel, la nuit tombante. C'était tant agréable de ne plus sentir les fortes arômes de l'alcool, ou du moins, celle qui sortait de la bouche des clients. Néanmoins, vêtue d'un vêtement humide, elle était frigorifié, avec ou sans la cape du démon. En vain, elle se réchauffait sous le grossier tissu, sa peau commençait à chauffer sous l'alcool, à coller. Sensation agaçante qui était sur le point de partir lorsqu'elle plongerait dans l'eau glaciale et grâce au démon, elle pourrait une fois sortie se réfugier sous la cape pour une nuit sous les étoiles.

Le corps attaqué de frissons et de tremblements, l'ange levant les yeux soit sur la lune, sur les étoiles ou sur Dassy, qui marchait à ses côtés. Elle avait la terrible envie de demander quand est-ce qu'ils seront arriver, rien que pour passer le temps. Sauf qu'il avait été suffisamment gentil avec elle pour ce soir, elle ne croyait pas que ceci allait durer bien longtemps.

Finalement, ils arrivèrent à un lac, personne n'y était avant eux, la nuit était tombée et elle mourrait de fatigue. Il était temps pour elle d'aller retirer cette bière puante et déplaisante une fois pour toute !

« Nous pourrions dormir tout près d'ici. Maintenant retou... »

Pas d'ordre.

« Pouvez-vous vous retournez ? Prendre votre cape que je puisse aller me baigner ? »

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Une fois n'est pas coutume, Dassyldroth avait pris la peine de demander son avis à son entourage, c'est à dire Nephthys. Il avait d'ailleurs remarqué que cette dernière, pendant qu'il lui appliquait un onguent à la main, s'était amusée à caresser son bras, pour une raison dont il ignorait tout. Ce n'était pas pour lui déplaire, mais cette manifestation physique lui semblait trop spontanée de la part de quelqu'un qu'il était censé terroriser. Il était désormais convaincu que cette petite sotte lui cachait quelque chose, et il allait bien finir par découvrir quoi.

Mais pas de suite. Pour le moment, il s'agissait de la remettre à sa place. Elle se croyait en sécurité, certes, et elle l'était, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle pouvait se permettre tout et n'importe quoi. Une part de lui se sentait curieuse de savoir ce qu'elle avait en tête, peut être n'était-elle pas si sainte que ça, peut être était-ce cette part d'elle qu'il sentait qu'elle lui cachait. Une autre part de lui était fatiguée de réfléchir, et il s'avéra que cette part avait le dessus. Ainsi, dans sa tête il se répétait:

* Continue et je t'arrache le bras... *

Levant la tête pour croiser son regard, il était sur le point de mettre ses menaces à exécution quand l'ange s'arrêta d'elle même. Sans le savoir, elle venait de sauver son bras. Elle présenta même ses excuses, prétextant ne pas savoir ce qui lui était passé par la tête. Encore un doux mensonge. Une chance pour elle qu'elle était tombée sur Dassyldroth. Lui qui n'était pas le plus tordu des démons se contenta de ne rien dire. Il estimait déjà avoir trop parlé de la journée.

Et voilà maintenant, qu'en demandant l'avis de l'ange, le démon était désormais parti pour une ballade au clair de lune. Rien de pire pour lui, autant regarder les sabots de ce cheval. Il était déjà allé sur la Lune, et l'on pouvait dire une chose, c'est qu'elle était belle de loin, uniquement. C'était une histoire compliquée à raconter, et rien que l'idée de se lancer donnait à Dassyldroth l'envie de soupirer. Ca, c'était à sa portée.

Arrivés près d'un lac qu'il reconnaissait vaguement comme ayant été le territoire de deux soeurs lamia fut-il un temps, le duo fit halte, et la belle blonde descendit de son cheval. C'était donc leur destination? Horriblement ennuyeux. Un truc d'ange, en somme. Cette ambiance morne et inintéressante au possible fut brisée lorsque Nephthys annonça son envie de se baigner, et vint jusqu'à demander à son maître de se retourner le temps qu'elle ne se dévêtisse. La réponse paraissait toute trouvée pour Dassyldroth.

" Non. "

Après avoir répondu le plus simplement possible à cette jolie tête de linotte, il s'approcha d'un arbre, et s’affala à son pied. Il avait roulé sa cape en boule de sorte à ce que l'ange puisse s'en servir une fois sa baignade nocturne achevée, mais il l'avait posée à ses genoux. A l'origine, il n'avait pas exactement pensé qu'elle aurait à faire quelques pas vers lui dans le plus simple appareil pour aller la chercher, il avait simplement la tête ailleurs. Mais, réflexion faite, cela lui paraissait amusant. De plus, ils étaient désormais seul, il pouvait maintenant profiter de son trophée comme il l'entendait.

" Petit ange, quand tu seras propre, tu prendras dans mon sac la fiole avec le bouchon rouge, et tu me l'apporteras. "

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Elle était condamnée, CONDAMNEE avec ce type. Dans un petit grognement, elle retira sa maigre robe blanche, la jetant avec force contre la pelouse sombre et fraîche. Evidemment, elle était tournée, dos à lui, devant le lac pour conserver un minimum de son intimité. La lune reflétait sur l'eau, ce qui donnait au lac une très jolie vue pour ce soir là. Un sombre soir, son premier en compagnie du démon.

En quatre siècles, c'était sa première journée en enfer, une piètre journée, fatigante, épuisante, horrifiante. Déjà, elle ne se croyait plus capable d'endurer ou de servir le roi des démons, et ce n'était que sa première journée. Sauf que, si elle tentait de fuir, il lui arracherait membre par membre. Elle le craignait et ne voulait pas l'avouer. Après hésitation, elle abaissait lentement son sous-vêtements, maigre tissu taillé grossièrement qui ne servait qu'à protéger son intimité des bactéries, poussières, etc.

Elle avait le souffle court lorsqu'elle retirait son dernier vêtement, sachant qu'une paire d'yeux pesait sur son corps. Elle n'aimait guère cela, elle était pure, quoiqu'il pense d'elle. C'était un ange, une personne pure malgré ses 400 ans sur terre.

Angoisse, peur, frustration. Sa nausée refaisait surface... En plus elle avait besoin de soulager sa vessie, et vite. N'ayant pas prit en compte d'avance ses besoins primaires et humanoïdes, la petite femme dû remettre sa robe en vitesse et se cacher derrière un buisson pour se soulager. Parce que, pas question de souiller l'eau où elle allait se baigner ! À son retour, elle recommença son spectacle, en plus bref. Plongeant dans l'eau pour se couvrir du mieux qu'elle le pouvait, l'eau qui remontait jusqu'à son menton.

L'eau était froide à en rendre sa respiration saccadée. En revanche, ce que c'était rafraîchissant, nettoyer cette bière était une satisfaction, la liberté. Elle plongea la tête maintes et maintes fois pour oublier le roi, s'éloigner au fur et à mesure dans l'eau plus profonde. Passer ses mains sur chaque parcelles de sa peau autrefois salie par la bière. Tête sous l'eau, elle médita un long moment, les poumons au repos.

Puis elle se réveilla.

En sursaut, elle sortit la tête de l'eau, jetant un coup d'oeil au démon au lieu. Un petit rire de la belle résonna dans la prairies, il était loin d'elle ! Elle était libre ! Il ne pouvait RIEN voir d'ici ! Sauf qu'à son retour... Elle sera probablement punie.

Angoisse, peur, frustration. Sa nausée refaisait surface.

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Alors que l'ange était en train de se dévêtir, se préparant ainsi à un bain de minuit, Dassyldroth était confortablement installé contre le tronc d'un arbre visiblement aussi vieux que lui. C'était un saule, le genre d'arbre qui absorbait tellement d'eau qu'il était la raison pour laquelle ce lac avait une taille bien précise. Les branches tombaient à la verticale et semblaient toutes pointer vers le démon, comme si elles l'accablaient. Aurait-ce été le cas qu'il n'en aurait eu rien à faire. Accablez-le, vous l'encouragez.

Reposant son attention sur Nephthys, qui revenait d'un bref aller retour derrière un buisson, il l'observait de loin. Sa silhouette sans défaut se dérobait peu à peu, et bien que l'ange était visiblement pressée de cacher son corps, elle était visiblement prudente quant à la température de l'eau qui devait être glaciale en cette saison. Cela lui convenait, puisqu'il avait tout le loisir de scruter sa chute de reins, son dos, ses épaules. Tout semblait pur, intact, comme si la vie n'avait osé y laisser la moindre trace. Ces quelques secondes furent un réel plaisir pour Dassyldroth, qui avait beau ne pas être le plus pervers des démons, mais qui devait tout de même avouer que quelques idées de comment passer la nuit à deux germaient dans sa tête.

Quand sa nouvelle compagne s'était totalement immergée, il fixa son attention sur une possession, certes moins charmante, mais un millier de fois plus importante qu'elle à ses yeux, son sabre. Lui aussi, mine de rien, recelait quelques mystères. Après plus de deux cents ans passés à faire passer le fil de cette lame à travers os, chair, sang, tripes et autres, elle ne s'était toujours pas émoussée. Un simple entretien, un graissage, un affûtage, suffisait pourtant. Il avait tout le mal du monde à se rappeler où il se l'était procuré. En Feleth, très probablement.

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Perdu dans ses pensées, Dassyldroth ne remarqua l'absence de Nephthys qu'au bout d'un certain temps. Ses habits étaient encore au bord de l'eau, tout comme ses deux dagues, et pourtant, pas la moindre trace de l'ange. Avait-elle fui? Probablement pas, elle n'aurait pas osé. Il aurait été déçu que ça soit le cas. Une si belle créature, réduite en bouillie et jetée à des chiens. Dans ses souvenirs, il avait déjà démembré sans pitié des femmes tout aussi ravissantes, mais cette fois, il s'agissait d'un ange. Il se devait d'être inventif quant aux châtiments qu'il allait lui infliger.

Mais d'abord, une petite sieste s'imposait. Il allait profiter du calme pour fermer les yeux. L'ange reviendrait au bout d'un moment, et lui apporterait son Skooma en le réveillant. Qu'il était gâté.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Elle sortit de l'eau, profitant du sommeil d'Ars pour s'accaparer de la cave et se sécher. Emmitouflée sous le long vêtement. Elle avait scruté d'un oeil vicieux le sabre qui se trouvait à ses côtés. Ensuite elle avait jeté un coup d'oeil au bel endormi. Tant d'idées lugubres se multipliaient dans son crâne, elle avait le loisir d'enfoncer ses deux dagues dans la poitrine de son nouveau compagnon de route. Planter ses lames et lui déchirer ce muscle aussi important. Lui lancer la gorge pour être certaine qu'il n'ouvre pas les yeux. Laissant sa dépouille dans le noir et l'oubli, ou bien l'apporter en tant que trophée à ses parents.

... Pourquoi n'avait-elle pas le courage de le tuer ?

La lame sous la gorge, elle fixait sa proie endormie pendant un long moment. Les yeux fixaient, mais le cerveau lui ne voyait pas. Au bout d'un bref moment, elle planta sa dague au sol et se mit à sangloter silencieusement. Ceci l'agaçait profondément. Elle était lâche, elle n'était même pas capable de le faire pour elle. Elle se sentait si faible.

Si elle fuyait maintenant, il la retrouverait avant qu'elle n'aille le temps de remonter à Adiryl et lui ferait passer ses pires et dernières heures de sa vie. Sang de dieu, Adiryl lui manquait cruellement. Diable qu'elle était malheureuse.

D'un mouvement lourd, elle ramassait la fiole et attrapa sa deuxième dague, ne soupçonnant rien tandis qu'elle déposait le petit contenant sur les cuisses du démon, s'éloignant ensuite un peu plus loin pour sangloter silencieusement et défouler sa haine et sa rage sur quelque chose : elle. Au moins la cape était pratique, elle cachait ses actes. Ses pupilles blanchirent de nombreuses fois pour guérir sa torture, jusqu'à la fatigue mentale et physique.

Elle sombra dans le sommeil, dague ensanglantée dans la main.

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Il pensait être réveillé par Nephthys lui apportant son Skooma, il n'avait qu'à moitié raison. Lorsque Dassyldroth ouvrit les yeux, c'était bel et bien son ange qu'il avait dans le champ de vision, mais elle s'était déjà acquittée de sa tâche. Désormais elle était un peu plus loin, recroquevillée, et il l'entendait sangloter. Ce genre de nuisance sonore l'insupportait au plus haut point, n'avait-elle pas compris qu'il aimait le silence? Apparemment non. Il allait devoir le lui apprendre.

En se levant, le démon fit attention à la précieuse fiole qu'il allait devoir réserver pour plus tard. Celle ci était de provenance différente de la précédente, il allait sans doute l'apprécier davantage. Dassyldroth prenait toujours le soin de se rappeler des bonnes provenances, et lorsqu'il tombait sur une d'elles, parmi ce qu'il achetait, il en réservait toujours une, la mettait de côté avec d'autres au cas où les suivantes le décevraient. Cette organisation dans la régression lui réussissait plutôt bien.

Lentement, le démon s'approchait de sa petite chose, qui s'était tue. Sans doute avait-elle entendu le bruit de ses pas. Elle était peut être plus perspicace qu'il l'avait pensé. Un bon réflexe de sa part, mais ce n'était pas assez pour éviter la sanction à venir. La douleur était plus efficace que la peur lorsqu'il s'agit d'apprendre quelque chose, il allait s'assurer qu'elle ne l'oublie pas.

Maintenant qu'il était au niveau de ce petit corps frêle, il se pencha et lui saisit le bras, histoire de lui arracher un ou deux ongles. Cependant, il fut surpris de découvrir que pendant sa sieste, la petite Nephthys s'était elle même infligée des blessures. En effet, des taillades se présentaient des poignets jusqu'aux coudes de l'ange. Dans son autre main, elle avait toujours une de ses dagues, elle s'en était servie pour se scarifier. Quelle idiote.

Il allait devoir remettre la sanction à plus tard. L'heure était aux soins. Encore une fois, rien de bien grave, mais l'ange devait comprendre que son corps ne lui appartenait plus. Il la saisit par la taille alors qu'elle dormait encore, et la souleva pour la porter jusqu'au pied du saule. Là, il la posa dans l'herbe, et fouilla à nouveau dans son sac, pour sortir le pot d'onguent qu'il avait utilisé plus tôt. Après une application sommaire sur les plaies, il rangea l'onguent pour ensuite sortir un cataplasme qu'il avait mis dans un pot en terre cuite, et le disposa sur les bras de l'ange. Ses connaissances en botaniques lui avaient permis de sélectionner pour la confection de ses remèdes des plantes et des huiles qui assuraient une guérison sans la moindre cicatrice.

Une fois ceci fait, Dassyldroth posa l'ange près de lui, se saisit de la fiole qu'elle lui avait apporté, et en vida le contenu doucement. Il allait faire de beaux rêves, mais avant de quitter la réalité il pensa à saisir fermement la cuisse de l'ange. Même dans un état second, si elle bougeait, il le sentirait, et bien qu'il ne serait pas capable d'agir à l'instant, il aurait tout le loisir d'imaginer ce qu'il ferait subir à cette petite idiote.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Lendemain.

Elle se réveillait aux petites heures du matin, étourdie. Elle sentait l'haleine putride du démon. Probablement par sa boisson. Ce qu'elle sentit aussi, fut la main de ce dernier agrippée à sa cuisse. D'un coup, elle agrippa les griffes du démon et les éloignèrent de sa jambe, se libérant de sa prise pour s'éloigner. Depuis quand était-elle aussi près de lui ? Beurk. Il sentait mauvais en plus.

Rien qu'en pensant leur proximité durant la nuit, elle frissonnait de dégoût. C'était pour ça, qu'elle n'avait pas eu froid. PLUS JAMAIS ! Il n'a pas le droit de faire quoique ce soit d'elle durant son sommeil... Au fait, qu'avait-il fait cette nuit là ? ... Une main sur sa cuisse, de la substance collante sur sa peau. Oh non !

Elle retira la cape et plongea dans l'eau au plus vite pour retirer la mixture étrange et inodore, prenant conscience du cataplasme sur l'une de ses plaies qu'elle retira. Il l'avait soignée et ensuite... En avait probablement profité. Un peu plus, et elle rejetait toute nourriture présente dans son estomac. À sa sortie, elle se sécha et enfila ses vêtements, maintenant propres et sèches. (Oui j'ai oublié de mentionné qu'elle les avait nettoyés) Se posant finalement devant le démon, en attente qu'il se réveille.

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" Si tu es d'humeur à te faire lacérer les bras, je peux te rendre ce service. "

Dassyldroth gardait les yeux clos, mais il ne dormait pas pour autant. A vrai dire, il n'avait pas dormi de toute la nuit. Pris dans un piège psychotrope, il avait passé la nuit à méditer sur des visions aléatoires qui lui venaient à l'esprit. Des visions du futur, du passé. Des choses qui s'étaient déroulées, des choses qui ne s'étaient pas encore déroulées, et des choses qui ne se dérouleraient jamais. Décroché de la réalité, c'était ainsi qu'il arrivait encore, après sept siècles d'existence, à vivre de nouvelles sensations. Si le Skooma tuait son esprit, c'était une mort douce, et ça lui convenait.

Cette nuit il avait même subi l'expérience de projection astrale. Il s'était vu, au pied du saule, près de Nephthys qui avait l'air de dormir paisiblement, la chanceuse. Il avait pu tournoyer autour des deux corps, les observer sous toutes les coutures. Rien qu'il n'avait pas déjà vu.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, Dassyldroth ne se sentait pas fatigué, curieusement. Merci le Skooma, il se sentait même reposé, presque disposé à converser.

" Tes sanglots d'hier m'ont donné envie de t'arracher les ongles. Je vais me répéter petit ange, et c'est la dernière fois, sers moi convenablement et tu seras heureuse, c'est pourtant simple. D'autant plus que si tu m'écoutes, plus rien ni personne ne t'atteindra. Je t'ai épargné, ne me fais pas regretter de t'avoir laissé vivre. Sois raisonnable, parce que je ne le suis pas. "

Tels étaient les capacités de persuasion du Seigneur des Démons. Nul doute qu'avec un tel talent pour la conversation il allait ranger de nombreux sujets de son côté. Quoique pour le moment, sa première fidèle n'était ni un démon, ni fidèle par choix. A vrai dire, dans l'esprit du Seigneur, elle allait servir de test. Et si le test était concluant, elle vivrait. Il en avait décidé ainsi.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Elle grinça des dents, il ne la lâcherait pas avec ses idioties et elle allait probablement sombrer dans une profonde dépression.

« Je vous ai servis. »

Comment des sanglots peuvent rendre les gens agressifs ? Le démon avait certainement un problème psychologique, pour sûr. Il l'agaçait au plus haut point, plus les jours avançaient.

« Mes sanglots vous o... »

Elle entre-ouvrit la bouche, les yeux écarquillés. Elle tremblait, la rage la faisait trembler. Puis elle resta de marbre, retenant ses larmes de tomber. La petite chose pure en elle lui disait de tout abandonner, d'effacer toute sa haine.

Puis au bout d'un moment, elle ne se sentait même plus en colère. Calme, son poids se dissipa de sur ses épaules. Si calme qu'elle ne pensait même plus à pleurer, qu'elle avait pardonné le démon, qu'elle flottait maintenant sur un petit nuage blanc. Il n'était pas né dans le Vein pour rien et elle à Adiryl. Dans un petit soupire, elle leva les yeux vers le démon, toujours de marbre. Prenant le temps de se lever et de se mettre debout devant lui.

« Que puis-je faire pour vous, mon seigneur ? »

Elle s'agenouilla et posa ses mains sur ses propres cuisses, le fixant de son regard perçant.
L'ange était si calme qu'elle pourrait en devenir contagieuse.

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Définitivement, Dassyldroth n'était guère un homme à se lever du bon pied. Lui même pouvait l'admettre, il avait fait fort ce matin, avec les reproches à Nephthys. Pourtant, il ne regrettait rien de ce qu'il lui avait dit, et ne risquait pas de s'excuser. Même s'il l'avait voulu, ça lui était impossible. Il n'était pas encore sur ses deux jambes que son humeur faisait des émules. Enfin, si ça permettait à l'ange de devenir docile un peu plus vite, était-ce vraiment un problème? Apparemment non, puisque cette petite tête blonde se présentait face à lui, à genoux, en faisant preuve du respect qui lui était dû. Erreur de débutante cependant, puisque le Seigneur était un être des plus contradictoires. Lui qui nourrissait des ambitions de conquête, il n'aimait pas vraiment qu'on l'appelle par son titre. Dans le pire des cas, "maître" lui paraissait convenable.

Il se leva et s'approcha de l'Oracle. Elle n'était déjà pas bien grande, mais maintenant qu'elle était à genoux, elle lui arrivait au bassin. Il n'avait plus envie de la dominer, pas du regard en tout cas. Ainsi, Dassyldroth fléchit les genoux, et adopta une position étrange, à mi chemin entre le genou à terre et la position d'un animal prêt à bondir.

" Premièrement, pas de "mon seigneur", je déteste ça. Ensuite, arrête de grincer des dents, je n'aime pas ça non plus. Tu es supposée me divertir, petit ange, pas m'apporter des ennuis de plus. Je veux que tu restes calme, imagine que tu es avec moi jusqu'à ce que je décide de mettre fin à ta vie, alors préserve-toi. Je pourrais me servir de toi comme certains se servent des belles femmes, pourtant je ne le fais pas. Tu n'as pas la moindre idée de ce que ce serait si je décidais de mal te traiter. Maintenant, puisque tu aimes tant pleurer, je vais te laisser faire. Pleures autant que tu le souhaites. Si tu veux me frapper, me planter avec tes dagues, me cracher dessus, fais-le. Hurles, pleures, gémis, fais ce que tu veux, mais fais-le vite, petit ange. Je ne rendrai pas les coups. Allez. "

Sur ces mots, Dassyldroth saisit Nephthys par dessous le bras, et la fit se relever, pour ensuite faire un pas en arrière. Il desserra les poings, et tenta de déceler dans les prunelles de l'ange la flamme de la haine. Il la sentait monter.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

Elle le fixait, ni en colère, ni triste, ni heureuse. Neutre, elle était la sérénité incarnée. Lorsqu'il la souleva, elle l'aida à la relever, puis patienta, fixant le démon qui se tenait droit devant elle.

« Mais je n'ai pas envie de vous frapper. »

Elle fit quelques pas en avant, levant la main dans les airs pour doucement venir frôler la joue rugueuse du démon, la rabaissant par la suite.

« J'étais en colère, je ne le nie pas. Mais sans cette haine et cette colère, je n'aurais pas la force de vous supporter. Ce n'est pas la dernière fois, mais je suis un ange et je suis beaucoup plus raisonnable que vous. »

Nephthys prit une longue inspiration, s'éloignant une fois de plus du seigneur pour ramasser ses choses et se préparer à la route.

« Ma colère s'est dissipée et, contrairement aux démons, je n'ai nullement le besoin de passer ma colère sur quelqu'un ou quelque chose. Vous savez, sans la haine, il n'y a pas d'amour. »

Près de son cheval, elle caressa celui-ci, collant son nez contre le sien. Elle remerciait l'animal pour le voyage qu'il lui avait permit de faire, montant ensuite sur la monture.

« Je suis prête. »

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Dassyldroth s'attendait à voir le petit ange s'effondrer dans un torrent de larmes, puis hurler au malheur. Il la voyait déjà s'agiter, allant d'émotion en émotion pendant le temps qui lui était imparti. Au lieu de cela, Nephthys lui expliquait comment elle avait besoin d'être en colère permanente afin de le supporter. Si cela paraissait clair pour la petite blonde, le démon, lui, avait l'impression qu'on lui parlait dans une langue totalement inconnue. Elle était en train de comparer l'amour à la haine, et disait que les deux étaient indissociables. Il avait déjà entendu ce genre de choses sortir de la bouche d'un ange, mais n'avait jamais vraiment cherché à comprendre.

Peut être était-ce mieux ainsi. Au moins il la supportait telle qu'elle était. Pour être honnête, il aurait très vite regretté ces cinq minutes si l'ange les avait consacrées à pleurer toutes les larmes de son corps. De plus, elles auraient été horriblement longues. C'était définitivement mieux comme ça. Moins elle pleurait, plus elle était heureuse. Ou quelque chose comme ça.

" Nous ne partons pas tout de suite. Je ne veux voir personne aujourd'hui petit ange, descends de scelle et viens. "

A vrai dire, le démon n'avait pas prévu de passer une journée à rien faire. Il avait en tête de nombreuses choses, il voulait retourner dans le Vein, montrer son monde à sa nouvelle servante, et pourquoi pas la présenter à d'autres. Mais la réaction de Nephthys lorsque Dassyldroth lui avait demandé de se lâcher avait chamboulé son mode de pensée. Certes, c'était une réaction typique de la part d'un ange, mais il y avait tout de même un sacré écart de comportement entre celui d'hier et celui d'il y a quelques instants.

Lui qui était encore près du saule, il se remit là où il avait passé la nuit, et observa l'ange qui venait à lui.

Fleur Anesthésique ________________ ________________

« Où allons-nous dans ce cas ? »

Posa-t-elle à Ars, que voulait-il ? Que souhaitait-il faire ? N'avait-il pas des projets à concrétiser ? Au moment où elle pensait s'asseoir, elle fut repoussée par l'odeur âcre du démon. Ça ne sentait pas bon et elle ne savait pas en plus où il avait traîné.

« Si je peux servir de conseillère, un bain vous ferait du bien. »

Puis elle s'assit, plus loin.

Le vent froid la fit frissonner, bien appuyée contre le tronc d'arbre pour se réchauffer. Du moins, essayer. La cape était humide et elle ne lui appartenait pas. Curieuse, elle posa son regard pâle dans le sien, l'air bien plus enjouée et expressive qu'il y a à peine quelques minutes.

« Le Vein, il fait chaud là bas ? Comment y allons-nous ? »

Un bruit de craquement retentit, le petit bout de femme avait sursauté, la peur aux yeux jusqu'à voir un vulgaire écureuil sauter d'arbres en arbres.

« Sang de dieu... »

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Apparemment, et à en juger le regard de Nephthys, le Seigneur Démon exhalait une odeur des moins agréables. C'était le genre de détails auquel il ne prêtait aucune attention. Il était vrai cela dit qu'il avait pu remarquer chez certains humains des propensions à la crasse. Ainsi, se laver pourrait empêcher quiconque souhaitait l'agacer de lui trouver un point commun avec ces vermisseaux.
Cet argument aurait pu avoir la moindre valeur si Dassyldroth se souciait de ce qu'on pouvait penser de lui. Il se trouvait donc face à un dilemme des plus affreux; confirmer l'hypothèse comme quoi il faisait certaines choses en étant soucieux de montrer aux autres qu'il n'était pas soucieux de ce qu'on pouvait penser de lui, ou bien continuer d'agir comme il l'avait toujours fait, et ainsi donner raison à ceux qui pensaient de lui qu'il était prévisible, tout en sachant qu'il ne l'était pas.

Tout ça pour dire qu'il puait.

Il s'était décidé. Il allait se tremper. La dernière fois qu'il avait mis les pieds ici, il n'avait à vrai dire pas vraiment pris le temps de se désaltérer. Il ne le prenait jamais. Une fois n'est pas coutume, il allait essayer. Le démon se leva, posa son sabre au bord de l'eau, et commença à se déshabiller. Avant de rentrer dans l'eau cela dit, il eu la précaution d'y tremper la dernière phalange de son index, de sorte à appliquer sa technique des mains du vide. Hors de question de se faire surprendre par quelque magie que ce soit. Il était maintenant prêt à se tremper, et il le fit.

" Pourquoi voudrais-tu savoir quoi que ce soit sur le Vein? Le froid et le chaud, c'est trop concret pour le Vein, petit ange, ca n'a rien à voir. Tu comprendras le jour où je t'y emmènerai. "

L'eau n'était pas si froide, après tout. C'était même agréable. Il n'avait pas nagé depuis tellement longtemps qu'il était allé à l'eau sans se demander s'il allait se noyer ou non. Visiblement, aucun problème de ce côté là, il se déplaçait sans grâce particulière, mais sans tares non plus. En revanche, il n'allait pas mettre la tête sous l'eau de suite. Plutôt, il se tourna vers Nephthys qui était restée au bord.

" Où étais-tu tout à l'heure? "

Fleur Anesthésique ________________ ________________

La petite femme s'était retournée pour regarder ailleurs, laissant seul le démon avec lui-même. Elle restait dos tourné, méditant le temps qu'il prenne son bain.

« Neh ? »

Ça lui prit au moins trois minutes pour oser se retourner. Jetant un bref coup d'oeil sur son compagnon de route. Il n'y avait rien à voir, de toutes façons, puisqu'il était immergé par l'eau.

« Sous l'eau, dans les eaux profondes, beaucoup plus loin. »

Elle pointait devant Ars, un petit sourire aux lèvres. Avait-il envie d'y aller lui aussi ? Faudrait pas qu'il se noie, parce qu'elle même avait eu des misères pour revenir. En plus, maintenant qu'il était dans l'eau, elle avait envie de le rejoindre, pas pour l'accompagner, mais pour nager.

« Vous voulez y aller ? C'est glissant, faites attention. »

Si, son cœur d'artichaut, c'est lui qui parlait. Dassy pouvait la gifler, la fouetter, la frapper, la mutiler, elle sera toujours assez folle pour s'inquiéter d'un être vivant, car outre leurs différences, ils étaient liés quelque part. Ce n'était pas non plus un hasard qu'elle croise Ars.

Elle se pinça la lèvre inférieure, de l'eau, elle aussi voulait en profiter ! Contrairement à ce type, elle n'était pas blasée de la vie !

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