''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
Diogène le cynique
 
''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
Auteur inconnu
 
''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]

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Narydia Ventari

La lame flamboyante

________________

Narydia Ventari
________________


Race : Séraphin
Classe : Ensorceleuse
Métier : Eclaireuse
Croyances : Aucune
Groupe : Anges

Âge : 426

Messages : 141

Fiche de Personnage : Come here.



Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyDim 5 Jan 2014 - 16:47


Le froid. Et le noir. Une obscurité parfaite, envahissante que rien ne venait perturber. Et la douleur. Celle du corps engourdi par le froid, et celle des blessures. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Narydia ne vit d’abord rien. Un silence macabre régnait sur les lieux… mais quels lieux ? L’ange ne distinguait rien dans l’ombre. Le sol lisse sur lequel elle était étendue était glacé, sans doute constitué d’une quelconque roche polie. Les paupières à présent parfaitement ouvertes, l’ange eu la vague impression que l’endroit lui était familier. Elle tenta de se redresser mais une douleur fulgurante l’assaillit dans son dos et son épaule, la clouant un instant au sol le souffle court. Lentement, elle refit une tentative et s’assit sur le sol glacial. Elle tenta alors de se remémorer les évènements. Le démon, son acolyte et elle avait subi l’attaque surprise d’une meute de loups affamés un moment plus tôt. Desmond avait disparu. Et Synëal… elle ignorait ce qui avait pu lui arriver. La lutte avait été rude, et la jeune femme se souvint de l’attaque qu’elle avait lancé qui avait achevé de l’affaiblir considérablement. La suite, elle ne s’en souvenait pas.

L’ange tenta de discerner les lieux, mais encore une fois sans grand succès. Pourtant, ce sol… Sa réflexion fut interrompue par un frissonnement qui la parcourut toute entière. Elle n’avait jamais froid. Jamais. Et la dernière fois… La situation avait été critique. Manipulée par un démon et privée de sa magie, elle s’en était sortie de justesse. Cette chance ne se reproduirait pas une deuxième fois, pas alors que sa magie lui était plus vitale encore que son sang. L’ange grimaça et passa sa main sur son épaule. On lui avait retiré le haut de son armure, ne lui laissant que la chemise qu’elle avait l’habitude de porter sous le léger plastron. Ne distinguant rien dans ce noir total, la jeune femme se concentra sur la plaie infligée par le croc de l’un des loups. On l’avait bandé et Narydia remarqua soudain que son torse aussi avait été complètement bandé pour dissimuler les écorchures sur son dos. Leurs hôtes (le terme était sans doute très inapproprié au vue de la situation) avaient au moins eu l’amabilité de s’occuper un minimum des plaies qui recouvraient son corps, ce qui pourtant la gênait considérablement. La simple idée qu’on ai pu la manipuler pendant son inconscience la débectait, et cela plus encore lorsqu’elle pensait à ce qu’ils avaient pu avoir le plaisir de découvrir dans son dos.

Soudainement, la jeune femme eu un choc à à l’idée qu’elle venait de se faire de ce lieu qui lui semblait si familier depuis le début. Les geôles. La tour de garde en bordure du Massif des Cieux. Sa principale destination lorsqu’elle parcourait le monde en sa qualité d’éclaireuse et qu’elle y faisait parvenir rapports de toute sorte quant à l’activité alentours. Sonnée, Narydia réalisait qu’ils venaient de se faire prendre au piège par ceux qui étaient devenus désormais ses ennemis sans doute les plus mortels : les anges. Ils n’auraient pas pu tomber dans une pire situation… Et d’ailleurs, qu’avaient-ils fait de Desmond et Synëal ? La séraphine n’entendait pas un bruit, signe qu’elle était probablement seule…Qu’avaient-ils pu leur faire ? Avait-on retrouvé Desmond ? Et le démon était-il au moins sorti vivant de l’attaque de la meute ? Ce fut au moment où toutes ces questions se bousculaient dans l’esprit de la jeune femme qu’un bruit de ferraille la tira de ses pensées.

Elle se leva et fit quelqu’un pas dans le noir, avant de se heurter à des barreaux. Elle les agrippa et perçu aussitôt une énergie magique circulant tout autour. Une barrière… de celles qu’on utilisait pour bloquer la magie de celui se trouvant à l’intérieur de la cellule. Narydia en connaissait bien le principe pour l’avoir elle-même déjà utilisé… sur ces mêmes cellules. Seulement, ce sortilège-ci était bien plus fort qu’habituellement. L’ange passa sa main le long de la barrière invisible pour en jauger la puissance et les éventuelles failles. Le sortilège était doublé… doublé d’un autre qui absorbait la magie. Les anges l’avaient reconnue. La séraphine à la chevelure de feu et marquée à vie par cet élément était bien connue et recherchée pour ses actes. Et la cicatrice que l’ont murmurait l’oeuvre d’un démon l’avait trahie. Rageusement, Narydia frappa contre les barreaux, avant de faire quelques pas en arrière. Une lumière éclairait les lieux et bientôt, une silhouette tenant une torche se dessina dans l’encadrement du couloir. Le sang de l’ange se glaça dans ses veines lorsqu’elle reconnu le lieutenant de Klein, le séraphin qui avait déjà tenté de l’anéantir dans le Vein, par soif de pouvoir. Ainsi donc, son malfrat de sbire continuait le travail… Voilà donc la preuve qu’elle avait souhaité avoir : ils n’avaient pas tenu parole. Quelque chose remua un peu plus loin, dans ce qui semblait être la cellule d’à côté. Distraite de ses pensées, elle profita de la lumière générée par la torche pour observer les gêoles. Elle nota la présence d’une silhouette dans la cellule d’à côté. Mais l’ange n’eu pas le temps d’en voir davantage puisque le lieutenant venait se poster devant elle, un sourire machiavélique sur les lèvres. C’était lui. Il l’avait reconnue et avait renforcé les défenses en conséquence. Et la présence d’un démon, s’il s’agissait bien de Synëal (Desmond aurait été reconnaissable à sa carrure de géant or à cet instant, l’homme avec la stature d’un homme de taille normale), était un danger supplémentaire qu’il fallait enrayer aux yeux des anges. Le sourire du lieutenant se fit narquois, comme le rire qu’il lâcha :

– De mieux en mieux… Tu cherches à prouver ton allégeance en l’Empereur quitte à y laisser la vie à chacune de nos rencontres.  Et dès que nous nous croisons… tu pactises avec nos ennemis. Ou devrais-je dire Adyril, puisque tu n’en es plus… C’est définitivement fini. Peu importe ce que défendras, les preuves sont contre toi.

L’ange ne répondit rien, bien consciente de la vérité qu’il énonçait à cet instant. Peu importe la trahison révélée de l’officier qui avait tenté de l’éliminer pour s’emparer du pouvoir… Sa seule présence aux côtés d’un démon lui faisait perdre toute crédibilité, ses actes associés à ceux d’une trahison. Elle se contenta de soupirer et se rapprocha de lui, saisissant les barreaux dans ses mains glacées par le froid qui s’intensifiait à mesure qu’elle s’approchait trop près de la barrière. Mais peu importait. Elle voulait des explications.

– Qu’est-ce que tu veux ? Puisque tu me considères comme une traîtresse, pourquoi suis-je toujours vivante ? Et pourquoi avoir fait ça ?

D’un signe de tête, elle désigna les bandages qui s’enroulaient autour de son torse, sous sa chemise. Le lieutenant eu un nouveau sourire. Visiblement, il se réjouissait de sa position.

– Ce n’est pas aussi simple. Tu as raison : je veux ta tête. Mais ce serait du gâchis que de t’éliminer en toute discrétion et à l’abris du regard de notre Empereur. Je veux te remettre à lui, je veux lui détailler tous tes faits et gestes depuis que tu as quitté ton poste. Ta cohabitation avec un exilé dont la tête était mise à prix, les meurtres de plusieurs de nos frères, ta transaction douteuse avec cet officier du Vein… et cet autre démon. D’ailleurs, que fait-il là ?

Et sur ces mots, il jeta un oeil à l’autre cellule, faisant quelques pas vers lui, sans se départir de son sourire. Narydia avait donc une confirmation quant à l’occupant de la cellule voisine. Il s’agissait bien de Synëal qui, elle l’espérait, n’était pas en trop mauvais état.  Deux gardes armés apparurent dans l’encadrement de la porte, comme pour prévenir d’un danger imminent. La situation était encore une fois inattendue. Encore une fois, la séraphine ne devrait pas compter sur le soutien de ses semblables pour s’en sortir… Elle observa le lieutenant progresser dans la direction du démon. Évidemment, une pièce de choix qu’il ne tarderait sans doute pas à envoyer avec elle aux pieds de l’Empereur, fier de sa capture. Mais quelque chose lui disait que le démon ne serait pas prêt de laisser cet infortuné lieutenant de pacotille lui dicter sa conduite…
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Synëal Muspell

♘ | le Botaniste Ardent

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Synëal Muspell
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Race : Syrinx
Classe : Ensorceleur
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Fiche de Personnage : Le Botaniste Ardent


Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyDim 5 Jan 2014 - 20:41

Mes paupières, comme des portes d'acier, peinèrent à s'ouvrir. Le nuage brillant des rêves était encore vivace, mais la lueur devint vite floue avant de se ternir d'une obscure noirceur. Je m'armai enfin de courage pour ouvrir mes yeux. C'est à ce moment-là que la douleur choisit de prendre, tel une vague d'épées qu'on encourageait à m'enfoncer tout le long de ma cervelle, de la nuque jusqu'au front, jusqu'à exploser en gerbes insupportables dans les tempes. Ma mâchoire criait à la révolte, immobile et tout aussi souffreteuse. Mon ossature complète émit un craquement sonore lorsque j'esquissai mon premier mouvement. Je devais être resté allongé ici depuis des heures...Tout d'abord, ma gorge se bloqua. Ma glotte était elle aussi paralysée par l'abcès de douleur dans ma tête. Lorsque je plissai les yeux en espérant que cette torture ne cesse, des milliers de points blancs dansaient devant mes paupières, comme des lucioles en plein ballet. Puis je les rouvris, me rendis compte que rien ne se passait et un geignement de frustration s'échappait de mes lèvres. C'était bien pire qu'une cuite. Il devait y avoir quelque chose qui rendait mon état aussi lamentable. Je poussai de ma main par terre et étouffa un autre cri surpris, me mordant la lèvre à sang.

Elle avait été bandée soigneusement, mais une tâche cramoisie écrémée s'étalait sur le dos du tissu. La sensation de l'air filtrant à travers ma main était à la limite du supportable. Me forçant à penser à autre chose, je me servis de l'autre bras et de mon épaule pour me redresser, tentative difficile mais abordable à condition de glisser très vite mon genou. Je finis par me lever d'une traite, mais j'employai tellement de force à l'exercice que je chancelai et heurtai le mur. La migraine s'amplifia au contact.

« Oh bordel...par toutes les putes de Venill... »

Je donnai un coup de talon furieux dans la paroi, mais le son qu'elle me renvoya en retour m'interloqua. De ma main valide, je palpai la surface plane. Trop plane. Je n'y voyais goutte et c'était encore plus énervant. Cependant, quelques secondes m'avaient été nécessaires pour comprendre où j'étais. Amusant, ils ne m'avaient pas tué, et qui plus est, ils avaient préféré m'enfermer dans un cachot très propre, très sain, avec une atmosphère respirable, sans rat, ni autre parasite. Je fis le tour de la cellule, et il fut très rapide. Je m'arrêtai devant les barreaux et perçut un bruissement à ma droite. Narydia sans doute. Sa rétention était plus compréhensible que la mienne.

Quelque chose d'autre attira mon attention : une couche semi-lumineuse courait sur les barreaux de bas en haut, et renvoyait un son imperceptible, un son que je saisis pourtant de mon ouïe de démon. Ce n'était pas une faille des échelons, c'était un avertissement. Je reculai et inspectai l'ensemble, avant qu'une nouvelle pulsion de douleur transperçât mon crâne qui me fit grimacer jusqu'aux zygomatiques. J'envoyai ma tête dans les barreaux, bien conscient que cela n'arrangerait rien et repartit dans un coin pour me laisser m'y effondrer.

Nous ne nous étions pas trop mal sortis, l'angelette et moi. Nous étions en vie, nous avions certes été kidnappé par des crapules pour d'obscures raisons – peut-être celles d'avoir détruit plusieurs emplumés – mais nous n'étions pas ligoté. Par contre, l'absence de serrure sur ces barreaux emprunts de magie me laissait un arrière-goût de malfaisance. Comment nous avaient-ils fait entrer ici, et comptaient-ils nous en libérer un jour ? Nous laisser mourir de faim et de soif serait sans doute la meilleure des tortures. Du moins, c'est ainsi que j'aurai procédé. Je frottai mon front et mon visage dans le creux de ma main avec véhémence, mais l'impression d'avoir un casque chauffé à blanc dans mon crâne était plus persistante et rien ne pourrait la soulager. A moins de mettre fin moi-même à mes jours. Mais de cela, il n'en était pas question. Je frictionnai mes paupières de la paume de ma main et appuyai sur mes yeux endoloris en gémissant.

Cette migraine atroce n'était pas non plus commune. Je soupçonnai le son impérieux des barreaux d'y être pour quelque chose. Ou même, des sons encore plus infimes qui viendraient de toutes parts pour rentrer dans ma cervelle et la hacher en petits morceaux. Quelle foutue situation. Je grognai férocement en appuyant de nouveau sur un œil, ruminant la douleur et à la fois cette impuissance de devoir resté coincé ici.

Espéraient-ils me rendre fou ? J'éclatai d'un rire franc et nerveux. J'étais déjà fou.

Mon cerveau tenta de m'envoyer d'autres signaux de détresse, mais je n'y répondis pas cette fois. Attendons de voir si je tiens le coup. Si c'était un sortilège, il y avait bien une faille, je devais juste y réfléchir, avoir le temps d'y réfléchir...trouver une solution...dormir...souffrir...dormir...

Mon corps tressauta sous une violente vibration viscérale. Je jetai un coup d'oeil béat autour de moi. J'étais encore dans cette prison, rien n'avait bougé. Avais-je dormi ? Le temps était si court qu'il en était long. Mais non, ce n'était qu'un effet sadique de mon imagination. Qu'est-ce que le temps au juste ? Depuis qu'on a créé les horloges, personne ne se demandait ce qu'était le temps ? Une énergie incommensurable qui faisait défiler les nuages et les saisons ? Qu'est-ce qu'une seconde ? Un repère graduel posé à un certain point, qui en rejoignait un autre, puis un autre ? J'étirai une jambe, mais les tendons mirent un temps avant de répondre. Pour la chose, ils me donnaient l'impression de n'être que des cordes effilochées et fragiles, usées par le temps, et flasques surtout.

La migraine semblait s'être apaisée, même si le terme était encore faible. Elle était simplement plus accommodante. Elle était devenue une amie agaçante, quelqu'un à qui je souhaitais ne pas avoir affaire, mais qui me suivait tout de même partout. Je posai lentement l'arrière de mon crâne contre la paroi et inspirai doucement, cherchant la juste harmonie dans ce mélange de malaise et d'asthénie. A nouveau, les lucioles se mirent à danser, mais dans un ballet plus régulier et plus lent. Elles faisaient d'étranges spirales dans un sens, puis dans un autre. Lorsque je bougeai l’œil, elles partaient tous de l'autre côté, et recommençaient leurs arabesques.

Quel divertissement pitoyable.

« Desmond ?...Desmond ?... » Je me dressai, les jambes flageolantes comme des draps secoués par le vent, m'appuyai contre le mur et appelai plus fort mon compagnon. Je l'interpellai plusieurs fois mais aucune réponse. « Desmond ! Rapplique ici, c'est un ordre ! Depuis quand tu te défiles, gros bouffon ? Ramène ta face que je l'écrase sous ma botte ! Viens me SAUVER, c'est un ORDRE ! » Je détestais qu'on m'ignorait délibérément,

Je le cherchai dans la cellule, au cas où il se terrerait dans un coin. Je fis plusieurs fois le tour, me retournant parfois afin de voir s'il ne me suivait pas en calquant ses pas sur les miens, mais il n'en était rien. « Je sais que t'es là, gros balourd, sors de ta cachette que je t'étripe, espèce d'idiot décérébré. »

« Oh il est par là »

Au moment de bifurquer à un coin, je trébuchai de tout mon long. Mes jambes venaient de se dérober d'elles-mêmes. Je les ramenai à moi et les frappai mais je ne sentis rien, absolument rien, si ce n'est la sensation que ma chair était de bois. Pris de panique, je remontai confusément le bas de mon pantalon jusqu'au genou.

« Oh non... »

« Oh si »

Cela n'avait pas que la dureté du bois, c'était du bois, un bois lisse et dénudé, comme celui du cœur d'un arbre sans son écorce.

« Non pas ça...Pas maintenant... », soufflai-je, la voix vibrante d'angoisse.

« Oh si » me répondit l'écho improbable.

Je me lovai en boule et me mordit le poignet. Non, non, non.

« Non ! »

Non, ce n'était qu'un rêve. Desmond...Narydia...Vous...Vous allez me laisser crever ici, c'est ça ? Sales crevures ! Je vous aurai, je vous...Une quinte de toux m'interrompit et mes dents me mordirent plus fort. Le sang baigna ma langue. Mes jambes tressautèrent. Je baissai lentement les yeux vers elles, la peur m'étreignant le ventre comme un étau d'acier, et je crus les fermer par lâcheté. Mais je devais regarder, je devais voir le résultat.

Un bout de chair normale s'étendait entre mon pantalon et ma botte. Je n'aurai su trouver les mots pour expliquer mon soulagement à ce moment. Je poussai un long soupir et fit mine de nettoyer mon front d'une pellicule de sueur imaginaire.

« Tu es fou. »

Je le suis déjà.

« Tu l'es devenu, ici. »

Ferme. ta. Bouche. L'écho ne répliqua pas, et je vis dans son abandon une sorte de victoire.

« Démon ! », m'apostropha une voix grave. Je baissai les yeux et vis une silhouette dans l'ombre des barreaux. Une parcelle de lumière criarde s'étalait derrière lui en un triangle parfait, découpée par deux autres formes sombres.

« Quoi ? Je suis pas Démon, j'ai un nom, bougre d'idiot!

-Et quel est-il?

Ce n'était pas un être issu de mon imagination, il était plus réel que l'écho de ma conscience. Avec sa présence, je retrouvai un gain de lucidité. J'avais enfin du temps à tuer avec quelqu'un.

« Restons-en à Démon, ça me convient très bien. Cela me flatte gaiement. Les démons sont les seuls êtres qui en vaillent la peine, très cher ! 

-Pensiez-vous êtes important? », me répondit-il simplement.

Il était bien trop calme, cet ange. L'arrogance guindait sa voix avec un ton légèrement élevé, mais il était serein. Se croyait-il vraiment en sécurité derrière ces barreaux ? J'aurai tellement voulu lui prouver le contraire...Je le fixai longuement, en attente d'une révélation, essayant de déterminer ses traits sans m'approcher, mais l'évidence me frappa aussitôt. C'était ce couard qui avait fui depuis la puissance de Desmond. Un sourire fendit mes lèvres.

« J'aurai du te tuer. 

« Mais tu ne l'as pas fait. Je viens de parler avec Narydia, sais-tu. Elle m'a avoué qu'en fait, tu n'avais aucun pouvoir. Tu n'étais qu'un petit démon de rien du tout » rien du tout... « et c'est pour cela que tu n'as rien fait lorsque j'ai pris la fuite. Alors permets-moi de te corriger : tu n'aurais pas pu me tuer », finit-il avec suffisance.

La haine que je ressentais à l'ouïe de ses trois mots me donna envie de bondir sur lui, de le saisir à travers les barreaux et de l'y plaquer de toutes mes forces pour lui broyer les os.

« Quand à ta grosse brute, je crains devoir t'annoncer qu'elle a été réduite en miettes par cette meute de loups. Navré de te l'apprendre. » Il n'avait rien de compatissant mais plutôt d'ironique et de satisfait.  « Elle, par contre, avait réellement de la force, de la puissance ! Elle aurait pu me tuer, je dois l'avouer. Mais je n'aurai plus l'occasion de me battre en duel avec lui. », s'excusa-t-il en haussant les épaules.

Tranquillement, oubliant la démesure de mon corps effondré, je me redressai en me hissant contre le mur. Il me lorgna par-delà la barrière protectrice, camouflé dans l'obscurité comme un renard.

« Bats-toi contre moi. », crachai-je.

Il ricana ouvertement. « Avec toi ? Mais pourquoi faire ? Tu n'es qu'un résidu en Adiryl. Je pourrais t'écraser sans même avoir à bouger. C'est risible, allons. Que ferais-tu à ma place?

« Je me suiciderai. », gloussai-je, reprenant le malin plaisir des réparties acides. Et chose prévisible, il esquiva ma réplique.

« Tu vas mourir ici, dans nos geôles. Narydia va mourir pendue, disséquée, ou écartelée, qu'en sais-je encore, et tout le monde sera content, tout le monde vous oubliera. Et j'étais venu pour te l'annoncer. »

Il me cachait quelque chose en réalité. Saisissant le peu de forces que mon corps m'accordait, je bandai les muscles de mes jambes et approchai des barreaux dans la posture la plus droite possible. Je n'étais qu'à moins d'un mètre de lui.

« Quoi d'autre...Petit chérubin? Je connais pas tous tes petits projets d'emplumé d'aristocrate. Tu peux faire ce que tu veux de l'angelette, ce n'est pas ce qui me préoccupe. Mais tu n'es pas seulement venu m'annoncer la date de ma mort. Ça, n'importe quel roublard peut la prévoir, il suffit qu'il te plante le bide. Tant que tu es là, pose-moi tes questions »

Il cilla, je ressentis en moi le spasme tant attendu de la satisfaction de mener enfin la conversation. Il poussa un léger soupir, et baissa la tête.

« Tu as raison. Tu es fort, en fin de compte. Dommage que ton corps misérable ne te suive pas...Tu as raison, je suis venu pour te poser quelques questions. Comment se fait-il qu'une ange te suive ? Comment cela se fait-il que vous ne vous soyez pas entre-tué ? Quand vous avez combattu les loups, je t'ai vu lui sauver la vie...qu'est-ce qui vous motive ? Je sais qu'elle a rejoint un camp qu'elle n'aurait pas du rejoindre, que sa vie est fichue en l'air depuis des années, mais là, c'est vraiment le comble. Alors dis-moi, Démon, de quelle façon lui as-tu retourné le cerveau ?

« Crois-tu que je lui ai retourné seulement le cerveau, mon beau ? », répliquai-je, grivois. « Je sens dans ta voix la convoitise et la jalousie. Avoue que tu en pinces pour la donzelle. Tu l'as capturé, tu lui as laissé une chance d'être en vie, et tu prétends vouloir la tuer ? Mais regarde-toi. Tu es simplement frustré de ne pas avoir eu ton compte, de ne pas lui être passé dessus ! Tu es comme tant d'autres hommes ! Oh...Et tu as vraiment raté quelque chose, crois-moi !

- LA FERME ! 

-Oh j'ai tapé dans le mille. », achevai-je gaiement.

Il se détourna alors et repartit vers la lumière, en lâchant au passage. « Vous mourrez tous les deux, foi d'Adiryl. »
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Narydia Ventari

La lame flamboyante

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Narydia Ventari
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Race : Séraphin
Classe : Ensorceleuse
Métier : Eclaireuse
Croyances : Aucune
Groupe : Anges

Âge : 426

Messages : 141

Fiche de Personnage : Come here.



Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyDim 5 Jan 2014 - 22:33


Alors que le lieutenant s’était détourné d’elle, la séraphine recula dans le fond de sa cellule et s’appuya dos au mur. Elle se laissa glisser jusqu’au sol et souffla de dépit face à la situation hasardeuse. Bientôt, elle entendit la voix du séraphin s’élever à l’intention de Synëal. Rapidement, la discussion vira à la confrontation, sans grande surprise. Les deux hommes avaient un caractère trempé et dès le début, la jeune femme comprit qu’ils ne parviendraient à rien. Elle ne se mêla pas de leur différend mais n’en pensa pas moins lorsque le lieutenant imbécile se permit d’inventer des mots qu’elle n’avait pas prononcés pour déstabiliser son adversaire. Une tentative stupide et ô combien désespérée. S’il croyait pouvoir déblatérer des mensonges aussi facilement et tromper son interlocuteur avec une attaque aussi basse… Narydia soupira et tendit que la conversation pour le moins animée se poursuivait, elle étudia la situation afin de commencer d’or et déjà à établir un plan d’évasion. Du moins… ce qui pourrait y ressembler.

La jeune femme était désappointée d’avoir perdu sa toute nouvelle acquisition : son épée aux vertus magiques, que les élus n’avaient pas du se priver de dissimuler aux regards de ceux qui pourraient la convoiter. Il fallait dire qu’il s’agissait là d’un petit trésor et surtout de la seule chose lui appartenant vraiment désormais. Se voir dépossédée de son seul bien avait quelque chose de frustrant, bien que l’arme ne lui soit pas tant nécessaire, sa magie lui suffisant amplement pour mener un combat. Pourtant, elle aurait pu lui être utile, à présent que l’ange se voyait dépourvue d’une once d’énergie, parfaitement incapable d’utiliser correctement les éléments. Et cette barrière qui n’arrangeait rien… Pourtant, la solution était simple : une fois détruite, elle ne lui poserait aucun problème. Le feu ferait le reste. Mais comment, comment désamorçer cette magie alors qu’elle se sentait aboulent vidée de ses pouvoirs ?

L’ange replia ses genoux contre elle et se prit la tête entre les mains. Elle était tout bonnement incapable d’annuler un sortilège de cette ampleur. Au moindre contact, il lui absorberait sa magie… mais il n’y avait aucun autre moyen. Et ensuite ? Synëal était sans doute aussi amoché qu’elle, voire plus. En tant que démon, ces terres devaient l’affaiblir considérablement. Serait-il capable de livrer combat, dépourvu d’armes, face à des élus, guerriers entraînés et comptant de nombreux mages chevronnés parmi eux ? Au moins assez pour concevoir un sortilège aussi déroutant ? La jeune femme souffla, dépitée devant cette absence de raisonnement. Les idées se bousculaient dans sa tête, incohérentes. Le dialogue tout près la tira finalement de ses pensées. Visiblement, la tension était à son comble entre l’ange et le démon. Cet ange qui avait ces mots amers et mensongers, parfaitement indignes du rang qu’il occupait… Il n’avait aucune prestance, aucune réelle autorité et son titre de lieutenant devait en faire jaser plus d’un. Un moment, l’idée de forcer ses hommes à la mutinerie l’alimenta, avant de disparaitre tel un coup de vent… juste le temps de lui arracher un sourire. Narydia était certaine que cet homme ne menait ses hommes que grâce à la peur, d’ailleurs, les menait-il seulement ? Perturbée par ces idées superflues, l’ange en revint finalement au duel verbal qui se poursuivait tout près.

Les menaces volaient à profusion, une vraie joute semblable à une démonstration de force. Le lieutenant questionnait à présent le démon sur les raisons de leurs agissements, et Synëal tourna la situation en dérision, prétextant des émotions animant l’ange, ce qui manqua de la faire rire ouvertement. Et ce qui fonctionna, puisque le séraphin s’éclipsa, la colère teinte dans ses yeux. Déçue de ce manque de répartie, la jeune femme le regarda s’éloigner, suivi de ses deux hommes de main, les laissant à nouveau dans un silence de plomb. Et le sérieux reprit le pas, la ramenant durement à la réalité. L’ange pensa un instant à Desmond. Elle avait décidé d’ignorer les termes du lieutenant : il n’était pas mort, elle en était certaine. Ses mensonges n’étaient qu’une méthode misérable pour faire flancher ses adversaires, rien de plus.

Après un long soupir, la séraphine se releva doucement. Sa douleur à l’épaule la fusilla de façon fulgurante, l’immobilisant parfaitement. Comment pourraient-ils donc se battre ainsi ? Même s’ils parvenaient à sortir, comment s’extirperaient-ils de cet endroit, bastion de la garde de la région, indemnes ? C’était peine perdue… mais elle ne pouvait pas mourir ici. C’était hors de question. Avant cela, elle avait des comptes à régler. Et le premier sur la liste était cet exécrable séraphin, suivi de son supérieur qui lui avaient gâché sa vie. Ces deux là, elle allait les tuer. Leur arracher les viscères, les piétiner et les jeter aux loups avant de cracher sur leurs restes. Un élan de colère et de haine la saisi tout à coup, lui faisant oublier la douleur et la souffrance qui l’assaillaient depuis son réveil. Elle se dirigea une nouvelle fois vers la grille et en passant sa main sur la barrière, lança à Synëal qui elle le savait, l’entendait parfaitement :

– Je suis désolée de t’avoir entraîné dans cette histoire. Tu n’y es pour rien, ce fourbe de séraphin m’en veut pour des raisons que moi-même j’ignore. A vrai dire, il a une argumentation aussi pitoyable que le discours qu’il t’a tenu.

Sa voix était sèche mais déterminée, brûlante d’un désir de vengeance imminente. Elle retira précipitamment sa main et déclara, d’une voix plus basse et moins assurée :

– Je ne sais pas quoi faire vis à vis de Desmond… Cependant je suis certaine d’une chose : il n’a proféré que des mensonges et je suis persuadée qu’il est vivant. Nous le retrouverons. J’ai une dette envers vous deux, à présent.

L’ange fit quelques pas dans sa cellule, tournant encore et encore, rassemblant ses idées avant d’annonçer son projet à Synëal.

– Les barreaux sont liés à une barrière, tu as du le remarquer… si nous la brisons, le reste sera un jeu d’enfants. Je connais ce sortilège pour l’avoir moi-même déjà pratiqué, sur ces mêmes barreaux. C’est ironique… Je serais apte à le détruire s’il n’aspirait pas toute la magie que je dégage. Ce qui est un problème puisque j’en suis presque totalement constituée… autrement dit si je m’en approche trop longtemps, il me videra. Complètement.

Le feu qui l’alimentait était sa seule garantie de survie. Sans cela, elle n’était plus qu’un cadavre. Rien d’autre. Les élus avaient joué de son point faible. Déroutée et ne parvenant à se maîtriser davantage, elle éclata et donna un nouveau coup dans les barreaux, quitte à réouvrir sa blessure à l’épaule… ce qui se produisit. Le liquide écarlate rougissait déjà la chemise autrefois immaculée. Mais elle se moquait éperdument de la douleur. Dépitée, la jeune femme se laissa tomber contre le mur attelant à la cellule du démon. Sa voix auparavant teintée d’une grande détermination se fit fragile, à la limite de se briser

– Écoute… Je ne sais pas comment sortir d’ici. La solution que je te propose demande énormément d’énergie, et à moins de se reposer un long moment, je ne vois rien d’autre… Et nous n’avons pas le temps.

Elle voulait lui arracher le coeur, et n’en pouvait plus de rester là, faible et incapable, attendant l’heure de la sentence comme une condamnée. Et plus elle parlait au démon, plus elle se sentait coupable face à cette situation qu’aucun d’eux n’avait voulu. Synêal ne lui avait rien fait, il s’était même montré plus intègre que ces ordures de séraphins, et voilà qu’elle le condamnait avec elle, pour des raisons qu’il ignorait et qui ne le conçernait pas. Avec une amertume prononcée, elle reprit doucement :

– Je suis vraiment désolée…
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Synëal Muspell

♘ | le Botaniste Ardent

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Synëal Muspell
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Fiche de Personnage : Le Botaniste Ardent


Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyLun 6 Jan 2014 - 1:44


Pitoyable, lamentable, lâche. Tels étaient les adjectifs qui me vinrent en tête lorsqu'il me tourna le dos. Cependant, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une rage inextinguible. Rester coincé ici sans rien pouvoir faire était la pire des tortures. La haine culminait désormais à un point que je n'avais jamais connu auparavant. J'approchai de la grille et saisit les barreaux à pleine main. Je ressentis toute la magie angélique qui coulait le long de l'acier, cette magie qui aspirait toute mon énergie de vie. Qu'elle la prenne toute entière, donc, qu'elle essaye simplement de me venir à bout juste en me dérobant quelque chose. Ce n'était pas un vrai sortilège, ce n'était qu'un vulgaire tour de passe-passe dans lequel l'oiseau disparaissait dans le chapeau, et adieu. Je secouai les barreaux en priant l'enchantement de continuer à se nourrir tant qu'il voudrait si ça lui chante, car je me promis que je n'allais pas me laisser défaire par une prison...pas tant que je lui aurai arraché toute la chair à vif pour le jeter au milieu d'une place publique.

Mes jambes semblaient retrouver une stabilité correcte, mais la migraine ne disparaissait pas. Elle était dans mon crâne, comme un surplus de chair incommodante, envahissante et brûlante. Je devais admettre qu'elle ne limitait aucune réflexion alors il n'y avait nul besoin de m'en inquiéter. Je posai mon front entre deux barreaux froids et l'ange se mit à parler.

Je n'écoutai pas tout de suite, puis je tendis l'oreille. Je n'avais que faire de sa rancœur vis-à-vis de cet énergumène à plumes, mais ses excuses m'intéressaient particulièrement. Que gagnait-elle à s'excuser maintenant ? Se sentait-elle vraiment concernée par le sort de Desmond, ou se mettait-elle délibérément à se moquer de moi puisque notre heure était venue ? Je me tus, laissant son débit de parole couler à flots. Je sentis une sorte de point au niveau de l'estomac sous ses mots, mais je n'en dis rien, baissant la tête pour mieux l'écouter. Sa stratégie me semblait triviale – briser les barreaux et s'occuper de la barrière magique – mais nous n'avions rien d'autre à tenter. Notre énergie diminuait en effet, mais pas aussi vite que je ne l'aurai escompté. La barrière elle-même était faible. Ou alors nous étions tous les deux possédés par un pouvoir plus important que les anges n'auraient pu se douter.

Je pris enfin la parole.

« La barrière magique est fine. Elle est constituée de la magie du feu et de la terre. Un peu comme la vôtre. Vous constaterez la couche de quelques millimètres autour des barreaux, c'est ça qui nous affaiblit. Du moins, qui vous affaiblit. Sur cette terre, je perds déjà la moitié de mes capacités...Mes jambes ne me tiennent plus, ma tête explose à chaque minute...je ne connais déjà plus la sensation de la magie qui coule dans mes veines. Cela ne m'arrange pas du tout, parce que ça n'attaque pas que mes capacités. J'ai...failli perdre ma lucidité tout à l'heure, avant que ce bouffon ne fasse son spectacle. « 

Je poussai un long soupir. J'en venais à parler presque normalement avec elle. Cela n'engageait à rien, évidemment, mais je ne voyais pas en quoi nous pourrions nous rapprocher et nous faire amis en cet instant. Le tintement de mon ongles sur un barreau résonna. « Nous en viendrons à bout...et je vous promets que je vous laisserai une part du repas... », grognai-je avant de dire tout de go. « Vous savez, j'étais vraiment prêt à rejeter la faute sur vous. Après tout, si vous n'aviez pas couru après le démon, vous n'en seriez pas là et moi non plus...j'aurai récupéré mon tube et tout serait rentré dans l'ordre. Qui sait, je me serai même trouvé un autre volontaire et j'aurai accompli ce que j'ai à faire sans me faire retarder. Mais passons. Cela est révolu. Je suppose qu'ils vous ont retiré tous vos effets et qu'ils ont trouvé ce tube à l'heure qu'il est...Cela m'apprendre à convoiter des choses que je n'aurai jamais. Ts. Foutus emplumés. Quant à son argumentation, je suis d'accord, c'est vraiment pitoyable. Le fait qu'il n'ait jamais tenté quoique ce soit avec vous par peur de se faire rejeter...tss, c'est vraiment trop flagrant.»

Inconsciemment, je me mis à faire les cent pas. Et je ne me posai même pas les questions quant à notre évasion désespérée. Narydia avait cultivé ce don de me prendre au dépourvu et cela m'inquiétait. Si elle avait été en face de moi, je lui aurai craché au visage à quel point c'était futile de maudire la fatalité, mais hélas, c'était vain.

« Je suis désolée... »

Je plissai les yeux hargneusement, m'empêchant de me mordre le poing. Comment pouvait-on être aussi affable et désespéré dans un moment pareil ? Je me retournai et flanquai à mon tour un coup de pied dans la grille en écho au sien.

«  Cessez de vous lamenter, crénom de bouse! Ne croyez-vous pas que ce chérubin pompeux se gausse déjà de notre condition ? Ce n'est pas le moment de pleurnicher, ça ne les fera que plus rire, ces enfoirés ! J'ai déjà la tête en bouille, ce n'est pas la peine de me la bourrer avec vos jérémiades ! J'imagine qu'ils doivent déjà penser à nos têtes au bout d'une pique, et ils ne voient pas d'autre scénario pour nous...parce qu'on est prêts à se résigner!. Je n'aurai jamais penser le dire un jour, mais bordel, si je le tiens entre mes mains, je vais lui faire regretter de ne pas s'être étouffé dans son sommeil. Maintenant, relevez-vous, réfléchissez avec moi ! On n'ira pas se vider de notre énergie, pas question de faire quoique ce soit de ce genre alors qu'on aura besoin de toutes nos forces pour s'échapper !»

Je saisis à nouveau les barreaux à pleines mains, et à nouveau, un léger fourmillement me parcourut les avant-bras.

« Si je pouvais juste...savoir comment ça marche... »

Je tins la tige pendant quelques instants, jusqu'à sentir des démangeaisons autour du poignet ainsi qu'au creux de ma main. Je fixai songeusement ma main mais ne vis pourtant pas de transformation particulière. « La terre renforce... ». Je fis tinter mon ongle contre la grille, écoutant attentivement le son aigu qu'il me renvoya. « Le feu détruit... ». Je serrai le barreau jusqu'à ce que ma main blanchisse. « Je me suis trompé...ce n'est ni du feu ni de la terre dans cette magie ! Ce son-là, ce n'est pas un son grave comme l'aurait laissé supposer une structure renforcée. Et quand vous tenez la grille – essayez -  vous ne sentez rien d'autre qu'un infime courant froid dans vos veines, ainsi cela n'a rien à avoir la magie du feu qui aurait été simplement moins supportable au contact. Nous avons ici...l'air et l'eau. »

Je secouai la grille en serrant les dents, priant pour qu'elle cillât sous mes assauts répétés. « Bouge, satanée grille, bouge! » J'attaquai la cloison à l'aide de coups de genoux et de coups d'épaule véhéments, mais je ne percevais que le grincement des gonds fermement fixés.

Le visage singulier du séraphin goguenard me revint en tête. Des traits harmonieux mais avec des pommettes tombantes, ainsi qu'un nez presque aquilin. Je me mis à nourrir le fantasme de l'imaginer exsangue, me suppliant de le laisser l'épargner, chose que je ferai volontiers mais pas sans séquelles tellement profondes qu'elle lui causerait une mort lente, très lente, et irrémédiable. Mais ça ne se réalisera pas tant que je serai ici...mais il fallait que ça se réalise. L'envie me dévorait tellement que cela en était obsessionnel. Et je ne voyais pas d'autre but que de le faire souffrir atrocement.

Un son sourd retentit à l'extérieur. Il paraissait lointain mais extrêmement proche en même temps « Vous avez entendu ? »

Un filet de poussière chuchota quelque part. Le bruit se reproduisit, toujours sur la même tonalité. Un concert de voix étouffés démarra et les détonations augmentèrent en fréquence. L'ambiance changea du tout au tout. A la place du silence, soufflait un air agité. Il se passait quelque chose à l'extérieur. La pièce se mit à vibrer sous un écho beaucoup plus important, faisant vibrer nos grilles d'un chant métallique. Je songeai tout d'abord à une tempête mais le cri derrière la porte me convainquit du contraire.

Celle-ci se désintégra brusquement en des blocs d'acier épars qui voltigèrent au travers du corridor. Un rai de lumière s'ouvrit sur nos cellules et je dus réfugier mes yeux dans ma manche tant il m'aveugla. Quelque chose fracassa la porte de la cellule de Narydia avec une simplicité extraordinaire, puis ce fut au tour de la mienne. Deux mains imposantes saisirent les barreaux et arrachèrent la porte comme un simple panneau de bois.

La lumière du jour était atroce pour mes yeux accommodés à l'obscurité, mais la vision d'une lame dépassant au-dessus du rayon lumineux finit de parachever cette délivrance.

« Je le savais que t'étais increvable. »

En me tirant vers lui, j'aperçus sur le buste de mon compagnon des dizaines de cicatrices toutes causées par des coups de griffes. Même en lui transperçant la poitrine, il était tout bonnement impossible de le tuer. C'était le seul Séraphin capable de guérir à une vitesse prodigieuse.

« Tu peux parler, sale ordure. Tu es immortel, toi, Desmond.»
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Narydia Ventari

La lame flamboyante

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Narydia Ventari
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Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyLun 6 Jan 2014 - 16:55


Le démon s’était penché sur une observation de la barrière, tentant d’en déterminer la nature et donc, de la détruire. Synëal n’avait absolument pas compris ce qui l’avait poussé à cet état de regret, seulement provoqué par la culpabilité de l’avoir entraîné dans cette histoire. Il croyait qu’elle baissait simplement les bras, découragée par cette prison… mais s’il savait qu’elle bouillonnait de rage à cette idée, peut-être aurait-il changé de discours. Non, elle se sentait mal vis à vis de lui, mais après tout, rien ne servait à se morfondre et aussitôt, la jeune femme se redressa pour examiner les barreaux de plus près. Une fois cette satanée barrière brisée, il ne lui resterait qu’à les fondre. Un tâche enfantine, mais restait ce problème… Synëal remuait le problème dans tous les sens et parvint même à une conclusion que l’ange ne jugea pas dénuée d’interêt. Cependant, ce qu’il avait énoncé précédemment n’avait rien de rassurant. Il avait avoué ressentir une faiblesse démesurée dûe à sa présence sur les terres adyriliennes, ce qui n’annonçait rien de bon. Ils avaient besoin de toutes leurs forces pour s’extirper de cette situation, et bientôt, ils retourneraient sur Feleth. Il n’en serait pas autrement. Du moins… L’ange avait encore des affaires à régler sur Adyril. Et en réalisant la supercherie concernant le tube, le démon allait sûrement la maudire et reprendre sa route sans sa compagnie…

La réflexion de la jeune femme fut interrompue par des bruits de fracas à l’extérieur. Bien sûr qu’elle l’avait entendu… qui ne l’aurait pas perçu ? Visiblement, les gardes avaient décidé de s’en donner à coeur joie sur le carnage. Cela ressemblait davantage à un véritable tremblement de terre qu’à un simple petit duel improvisé. Et tout cela était rassurant sans l’être. D’un côté, la jeune femme se réjouissait du chaos qui semblait s’abattre sur la garde et de l’autre… ignorer la raison de cet incident n’était pas rassurant. L’ange sursauta lorsque la porte vola en morceaux, laissant entrer une silhouette immense qu’elle reconnu aussitôt. Et bien, cet ancien séraphin ne mentait pas sur ses capacités tout simplement effrayantes. Narydia se demandait d’ailleurs à quelle occasion lui et Synëal avaient pu se rencontrer et surtout, ce qui les avaient poussé à s’entendre. Le démon s’était trouvé un allié de choix, sans aucun doute. Et pourtant, Desmond conservait toujours cette soumission qui n’en était pas vraiment une, dûe au respect qu’il semblait éprouver pour Synëal. La séraphine ne l’avait pas tout estimé, mais réfléchissait tout de même à l’étendue que pouvaient être ses pouvoirs si un gabarit et une force brutale tels que ceux de Desmond ne pouvaient rivaliser.

Ce fut donc songeuse qu’elle mit un pied hors de la cellule, un peu retournée mais les évènements mais assez réjouie de voir le géant indemne. Elle le remercia d’ailleurs et après l’échange furtif entre les deux hommes, elle prit la parole :

– Je connais ce lieu et je sais où ils entreposent les affaires de leurs prisonniers. Venez avec moi.

Et sans un mot de plus et surtout sans attendre, la jeune femme prit la porte que Desmond avait fracassée quelques instants plus tôt. Etant donné le vacarme qu’il avait produit et son passage pour le moins « forcé », les gardes allaient sans doute débouler d’une seconde à l’autre. Et elle les entendait déjà s’activer au dessus de leurs têtes. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas emprunté les couloirs de cette tour de garde, mais elles les guida instinctivement. Cependant, ils allaient devoir se confronter à leur assaillants dans un face à face, ceux-ci empruntant le seul escalier qui menait aux geôles. Narydia stoppa le pas, attendant que les gardes dont le pas précipité raisonnait sur la pierre rentrent dans son champ de vision. Ce qui ne tarda pas. Trois gardes apparurent dans les marches, s’activant à toute allure et armés jusqu’aux dents. L’ange eu un sourire non dissimulé lorsqu’elle les vit s’arrêter, hésitants. L’affronter elle, alors qu’ils la connaissaient particulièrement, affronter un démon qui ne devait pas manquer de ressources et surtout ce colosse sans nom qui avait dû piétiner plusieurs de leurs camarades… Ce moment d’hésitation fut leur perte et Narydia se contenta de reçevoir le premier sur elle, pivota sur le côté pour éviter sa lame et le saisit sans ménagement à la gorge, calcinant instantanément sa chair et lui arrachant un cri de souffrance. L’instant d’après, il gisait dans les marches, la gorge en lambeaux, fondue comme l’aurait été n’importe quel métal.

L’ange était enragée mais se retenait bien de le montrer. Sa magie bouillonnait en elle comme un volcan avant l’explosion, démultipliant la température de son corps et la chaleur qui pouvait se dégager d’elle. Une lame aurait été bien inutile à cet instant, son corps s’étant mué en instrument mortel. Le second fut un peu plus avisé et ne chargea pas sans réfléchir. Un mage et élémentaliste, comme elle. Finalement, ils n’envoyaient peut-être pas les pires dans les garnisons de campagne… Le garde projeta une onde de feu vers elle, ce qui la fit éclater de rire. Un rire pourtant macabre, accentué d’un regard empli de sauvagerie. L’ange n’avait plus l’impression de contrôler quoi que ce soit. Le feu qui arrivait sur elle s’évapora sans qu’elle eu bougé un cil. Et le mage la regarda sans comprendre. De nouveau, elle se mit à rire ;

– Qu’est-ce-qui se passe ? On ne t’as pas donné de fiche me concernant ? Eh bien tu diras à ton compagnon mort si stupidement qu’il s’est frotté au feu d’un peu trop près. C’est étrange, on recommande habituellement de m’éviter…

Elle pu l’entendre grinçer des dents et avant qu’il ai fait un autre geste, la séraphine déploya ses ailes et s’élança sur lui pour lui envoyer son poing dans la figure, lui fracassant une partie du visage au passage. Le troisième soldat en avait profité pour se risquer vers le démon et son acolyte, croyant certainement limiter les dégâts. S’il savait… Le mage avec lequel elle était aux prise tenta une nouvelle attaque magique, la repoussant d’une violente bourrasque mais la jeune femme la dissipa aussitôt et lui envoya cette fois son poing dans le ventre, avant de plaquer sa main sur son coeur, lui infligeant le même sort qu’à son compagnon. Le sang ne coula pas, cautérisé aussitôt. Au moins avait-il gardé son coeur dans sa poitrine, même si la jeune femme ne doutait pas de l’état dans lequel il devait se trouver. Sans jeter un regard en arrière (le silence était revenu, signe que le troisième n’avait pas fait plus long feu que ses camarades), elle reprit son avancée, enjambant les cadavres et parvint enfin en haut de l’escalier. Là, le couloir s’ouvrait sur une petite pièce où d’autres gardes se massaient, prêts à en découdre. quoique. Leur visage était tordu d’effroi devant Desmond. Narydia se questionnait quant au lieutenant qui n’avait pas daigné se montrer depuis leur libération. Était-il donc si lâche pour envoyer ses hommes se salir les mains à sa place ?

Il aurait été simple de réitérer un petit tremblement de terre pour mettre rapidement fin à ce carnage, mais la séraphine ne pouvait se permettre de se vider de son énergie. Il lui faudrait s’entraîner un long moment pour retrouver ses capacités d’antan quant aux éléments de la terre, de l’air et surtout de l’eau. Pour autant, elle conservait quelques petites parades en cas de mauvaise posture. D’un geste, elle brandit son bras vers les gardes qui furent tous projetés d’un côté ou de l’autre de la salle, se heurtant les uns les autres. Déterminée et avec un sourire, elle lança à Synëal et au colosse à ses côtés :

– Voilà. Je pense que c’est équitable.

Et sur ces mots, elle s’élança sur la première moitié, projetant une onde de feu sur les quelques soldats assez stupides pour se jeter sur elle, une simple arme à la main. Incontrôlable, l’ange joua de son agilité pour dévier les coups de ses attaquants, qui lui causaient quelques éraflures mais jamais de sérieux dommages. Ce lieutenant avait échoué. Incapable et inconscient, il avait cru pouvoir les plier à ses désirs, il avait cru pouvoir les contenir… grossière erreur. Et c’était sans compter sur Desmond, terreur de ces gardes. Narydia ne réfléchissait plus et se contentait de frapper, tantôt à mains nues, tantôt s’armant de sa magie. Certains des soldats étaient plutôt bien entraînés, mais aucun d’eux ne fut assez expérimenté pour lui barrer le passage. La raison en était bien simple et ils la connaissaient autant qu’elle. Son ancien grade l’avaient confronté à ces hommes pendant quatre siècles. Elle avait vécu avec eux, et connaissait leurs méthodes, leur entraînement, leurs pratiques… A ses yeux, ils étaient tous les mêmes. Des pions qui exécutaient les ordres d’un malfrat sans vergogne. Un triste destin. Pour une vision des choses trop simples. Finalement, la dernier homme présent dans la salle tomba, laissant un silence de plomb s’installer dans la tour. Mais ce n’était pas terminé. Le lieutenant les attendait… et cette idée fit sourire la jeune femme.

Elle observa ses deux alliés, constatant que le travail n’avait été rude pour personne, et s’empressa de gagner un renfoncement dans la salle, où étaient entreposées une multitude d’armes. Rapidement, l’ange fouilla dans les caisses qui débordaient sur le sol, et finit par dénicher sa propre lame , soigneusement rangée dans son fourreau. Elle l’accrocha à sa ceinture avant de revêtir le plastron et la cape qu’on lui avait ôtée. Après quoi, elle se tourna vers Synëal, le sourire aux lèvres :

– Je vous propose que nous allions faire honneur à la promesse qui nous lie à ce lieutenant. Je pense savoir où il se trouve. Une fois cela fait, j’ouvrirai une faille pour nous renvoyer sur Feleth. Alors, qu’en dites-vous ?

Son regard alla de l’un à l’autre, cherchant leur approbation.
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Synëal Muspell

♘ | le Botaniste Ardent

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Fiche de Personnage : Le Botaniste Ardent


Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyLun 6 Jan 2014 - 19:29

Il y avait désormais quelque chose de plus motivant que de ruminer ma haine au fond d'un cachot. Aux côtés de Desmond, j'avais désormais la possibilité de donner libre cours à ma colère. Cependant, il n'était pas question que je la fasse exploser maintenant. J'avais tout intérêt à la conserver pour le moment propice, mes forces diminuaient et il n'était pas question de gaspiller le restant de mon énergie à me défouler sur des sous-fifres.

Narydia passa devant, elle nous avoua connaître les lieux et cela ne m'étonna même pas. Nous nous laissâmes simplement guider dans l'escalier en colimaçon qui s'élevait après la porte des geôles. Les gardes s'activaient dans les étages supérieurs. Avec un coup d'oeil en coin vers mon compagnon, je le questionnai.

« Qu'est-ce qu'il t'est arrivé après que j'ai crié ton nom plusieurs fois ? Comment es-tu venu jusqu'ici, sans aucun repère ? »

Le colosse souffla, hésitant sur ses mots. « Je suis tombé dans une sorte de fosse marécageuse avec deux loups. L'un d'eux était déjà sur moi et me labourait l'échine. Celui-ci, je lui ai tordu le cou, mais l'autre a sauté sur mon bras pour me le déchirer. J'ai du lui écarter la mâchoire en deux pour qu'il me lâche. Au moment où tu as crié, j'étais assailli par deux autres bestioles. Elles venaient de partout, je pouvais pas les compter... »

Quelques gardes surgirent soudainement devant nous. Je vis notre guide s'avancer vers l'un d'eux, esquiver son assaut et lui faire fondre sa gorge. J'haussai un sourcil d'un air appréciateur. Je n'aurais pas pensé à me jeter de suite sur la carotide de quelqu'un, ils méritaient une mort plus atroce, mais c'était tout de même assez spectaculaire pour faire ciller les autres pions. Le second propulsa un jet de flammes brûlant sur Narydia, qui l'accueillit dans un nuage d'étincelles inoffensif. Elle se rua sur lui, et lui décocha un fulgurant coup de poing dans la figure. Le troisième se risqua à notre rencontre, levant d'abord l'épée en tremblotant, puis pris de l'assurance en se jetant sur moi comme un enfant hargneux. Je le saisis par son bras armé et par le cou et le plaquai violemment contre le mur. Desmond le broya simplement en lui enfonçant le genou dans la cage thoracique.

« ...J'ai du finalement faire le mort dans la vase pour qu'elles me laissent tranquille. Au bout d'un moment, elles se sont toutes enfuies la queue entre les pattes », reprit le colosse, tandis que nous gravissions une nouvelle volée de marches. « Je suis remonté, et vous n'étiez plus là. Par contre, j'ai bien vu les traces de leur convoi, elles finissaient dans le vide, et il m'a pas fallu longtemps pour comprendre qu'ils avaient emprunté un portail. »

Nous débouchâmes alors sur une pièce, où se tenaient là une grappe de chérubins mi-effrayés, mi-consignés par les ordres. Ils regardèrent d'abord Desmond avec méfiance, tendant leurs épées devant eux en position de combat, puis notre compagne de route. Leur regard changea, sans doute espéraient-ils être plus à l'aise en duel contre elle plutôt que contre nous, parfaits étrangers. Les plus téméraires s'avancèrent, l'épée le long du corps, mais Narydia expulsa le groupuscule à l'autre bout de pièce d'une onde de choc invisible.

« Tout à fait équitable », lui répliquai-je dans une grimace amusée.

Desmond et moi nous jetâmes en mêlée en parallèle de la séraphine aux cheveux ardents. Le colosse saisit le premier venu par le cou, le souleva et lui asséna un coup de masse de son poing fermé sur son crâne, lui enfonçant la tête entre les clavicules. Dépourvu d'arme, je me jetai néanmoins sur le bras armé d'un ange mais celui-ci fut projeté au sol par le corps envoyé par Desmond. Je lui adressai un regard de reproche, arrachai l'arme des mains du malheureux bloqué sous son camarade et les empalai tous les deux d'une seule traite, laissant trôner le pommeau de l'épée comme une stèle. Le mercenaire me couvrit d'un nouvel assaut, repoussant d'un revers de l'avant-bras la lance d'un ange avant de la saisir et le tirer vers lui. Paniqué, le soldat tenta de soustraire son seul espoir de survie des mains du colosse mais en vain. Il broya la hampe dans sa main et le saisit par la tête. « Syn. » appela-t-il. Arrivé à hauteur de sa victime, je lui ouvris le ventre en glissant le fil de la lame sur sa chair. Une flaque d'entrailles gluantes coula de son abdomen, mais je fus déçu qu'il ne criât pas. Il s'était déjà évanoui sous le choc. J'avançai déjà sur un autre pion qui fit tomber sa lame sur moi. D'un simple mouvement d'épaule, je l'esquivai, le saisit par le visage et le fit tomber de tout son poids en arrière. « Desmond. » Le mercenaire surgit au-dessus du soldat et sa tête disparut sous le poids de la botte imposante dans un craquement dégoûtant.

Le colosse s'occupa de deux derniers gardes pendant que je rejoignis Narydia qui s'en était visiblement donné à cœur-joie. J'enjambai plusieurs monceaux de cadavre, calcinés ou pas avant d'entrer dans la pièce dans laquelle elle était entrée. J'y trouvai ma besace jetée négligemment sur un table contre un mur et la poupée fétiche de Desmond, que je lui remis en main propre lorsqu'il arriva.

J'enfilai la bandoulière et répondit à la séraphine. « Une promesse est une promesse. Allons-y. Cependant, je ne relevai pas le fait qu'elle puisse ouvrir une faille...Je demandai à voir, cela était vraiment fort intéressant. Le tube perdu, je n'avais plus qu'à me servir de son don, si tant est qu'elle le possédait vraiment. Mais son sourire n'était pas trompeur, elle ne mentait pas et m'avait bien regardé dans les yeux. Elle en était vraiment capable.

Pour l'instant, je ne précipitai pas la réflexion avec d'autre stratégie. Notre unique but commun désormais était de faire payer à ce lieutenant son arrogance et son attitude hautaine et supérieure. J'en salivai d'avance.

Nous quittâmes la salle et obliquèrent vers un nouveau corridor par lequel un filet d'air frais soufflait dans nos cheveux. Nous atteignîmes la porte et n'eûmes plus qu'à la pousser. Le spectacle fut fulgurant. Desmond n'était pas visiblement venu seul. Ci et là, gargouilles et démons assaillaient les anges, en leur jetant des pierres, en les égorgeant ou en s'attaquant en masse à des groupes isolés. Des séraphins qui auraient du être initiés au combat contre des démons se trouvaient presque débordés. Le colosse nous fit d'ailleurs la réflexion. « L'un d'eux m'a aidé à trouver un portail vers Adiryl, c'était pas vraiment difficile. Ces crétins en ouvrent trop souvent, et ça laisse des traces. » Mais je l'avais à peine écouté. Au loin, un démon presque aussi grand que mon camarade bandait un arc presque aussi long qu'un humain, et décochait des flèches ressemblant par leur taille à des lances.

« Attention ! » cria alors le colosse. Il se jeta devant nous et Narydia sans que je n'eus le temps de réagir et une déflagration le heurta à la poitrine dans un éclat assourdissant. « Desmond! », criai-je dans le vacarme. J'avais reconnu l'auteur de cette explosion, ce n'était autre que celui qui avait désintégré ma coque de protection, qui m'avait transpercé la main, emprisonné et nargué. Lui. La fureur se dressa en moi comme un serpent réveillé dans son nid. Il avait si facilement défait le mercenaire...

Planté dans son armure d'argent robuste, la cape claquant dans son dos sous la brise du combat, il se tenait à quelques mètres de nous, droit, ne se contentant que pincer les lèvres devant mon compagnon étendu à terre, inconscient. Il secoua la tête, et fit siffler son épée hors de son fourreau. Elle était d'un éclat malsain, dont il ne fallait mieux pas en être la victime. Ce n'était pas la même que celle qu'il avait employé contre moi, ce n'était pas de l'acier, ou un quelconque alliage.

« C'était lui le plus fort ? Mille excuses mes amis. J'aurai peut-être du te pulvériser d'abord, Démon. On commence toujours par le plus faible, comme on commence toujours par une entrée.

Mes poings se crispèrent, mes ongles pénétrèrent ma paume, mon corps trembla comme une marmite sous pression. Puis j'éclatai de rire. Il arbora une mine feinte de surprise, continuant à jouer son rôle de parfait salaud.

« Cela te plaît-il d'avoir été épargné, mon grand ? » Il se tut, mais j'étais pris d'un fou rire incontrôlable. Il y avait quelque chose d'immensément comique dans cette situation. Il n'était pas le couard qu'il paraissait être, puisqu'il se tenait là devant nous, avec une épée presque magique. De plus, il s'était réellement trompé sur notre compte. Nous n'allions pas mourir, car nous nous étions échappé. Et sa vie à lui n'était plus qu'une question de minutes, car je ne comptais pas partir tant qu'il était là sous nos yeux.

« Mettons les choses au point, petit puceau. De une, tu ne connaîtrais jamais mon nom. De deux, je ne suis pas un démon. »

Il étendit ses bras, haussant une épaule. « Qu'es-tu alors ? Dois-je te rebaptiser de détritus ? De cafard ? 

-Rien de tout ça. Ton ignorance te perdra. Je suis un Syrinx. 

« Jamais entendu parler. 

-C'est bien ce que je disais... »

Pendant notre échange, une flopée de Séraphins avait jailli d'une entrée de l'avant-pour et courait à notre rencontre. Ils allaient sans doute mettre à mal le colosse tant qu'il était vulnérable. « Laisse-le moi, Narydia. Comme promis, je te laisserai un morceau. » C'était la première fois depuis notre première conversation que je la tutoyais, mais cela m'était venu inconsciemment. Alors que le groupe militaire convergeait sur nous, j'avançai sur le lieutenant.

« Comment te nommes-tu, toi ? Histoire que je puisse écrire ton nom avec ton sang sur la terre de tes aïeuls.

Sans se départir de son sourire confiant, il susurra. « Adenäel. Ne retiens que ça, ce sera suffisant pour ton dernier soupir d'agonie.

Je me ruai sur lui tel un taureau. L'éclat argenté de sa lame fendit l'air, une douleur cisailla mon épaule mais j'étais déjà sur lui, l'enlaçant dans mon assaut et le projetant sur le dos de tout mon poids en poussant un cri d'effort. Je me redressai en m'appuyant sur son épaule, et lui flanquai le premier coup de poing. Il tenta un revers de son épée, mais je saisis son poignet de mes deux mains et le cognai à terre afin qu'il lâchât prise sur la garde. Il grogna, me repoussa mais sans succès, je m'appuyai contre lui, les mains nouées sur la sienne et la lui claquai à plusieurs reprises sur le sol pour lui faire lâcher prise. Mais son poing valide rencontra ma tempe, mon oreille se mit à bourdonner et mon œil gauche s'obscurcit. Il renouvela l'attaque mais j'écrasai mon front contre son nez avant qu'il puisse m'atteindre. Sa plainte s'étouffa sous le deuxième coup de tête qui, cette fois-ci, lui fit rompre le cartilage. Sa bouche s'emplit de sang et il gémit, sans toutefois se démunir de ses forces. Ses doigts étaient inextricablement attachés à la poignée de son épée. Pour éviter toute autre attaque assommante, il passa son bras autour de ma nuque et me plaquai contre lui dans une position où je n'y voyais presque rien. Puis il fit quelque chose d'imprévisible. Il lâcha son arme, et referma ses mains sur ma gorge. Il poussa un grognement de colère et appuya sur ma trachée impitoyablement. La strangulation me fit monter les larmes aux yeux et j'employai à lui lacérer les mains de mes ongles acérés. Je les enfonçai le plus profondément dans sa chair, jusqu'à l'arracher presque de ses os, mais il ne lâcha pas prise, déterminé à en finir le plus rapidement possible. Alors qu'il tenta de me faire basculer de côté, je profitai de cette libération sommaire pour le maintenir au sol en appliquant mon genou contre son ventre. Fort de cette nouvelle supériorité, j'esquissai un sourire et tendis la main vers son épée, mais dans notre étreinte où la position avait de peu changé, l'arme était hors-atteinte.

Il ne manquait pourtant que quelques centimètres...Quelques centimètres et je l'éviscérais totalement, je le découpais en morceaux et je les mangeais moi-même. Je levai la tête à nouveau, malgré sa prise et la fit tomber à nouveau sur son visage sans le moindre ménagement, manquant de me briser le nez à mon tour. J'en profitai pour écarter ses mains d'un geste sec et inspirai avant de lui cracher au visage.

«Je crois que l'expression ''casser la figure'' n'a jamais pris autant de sens que maintenant. 

- Qu-que tu crois, sale... »

Sa main se plaqua contre mon visage et elle se mit à luire de la même lueur que son arme. Je la déviai aussitôt et une explosion fit partir en morceaux le haut de la tour de garde au-dessus de moi. Il se saisit de ma surprise pour me décocher un coup de poing dans la mâchoire, m'empoigna par le col, et bascula sur moi que je ne puisse réussir à le contrer. Il se pencha sur le côté, essayant de s'emparer de son épée mais il rencontra le même échec que moi. Ce fut à mon tour de riposter avec un coup dans son visage, puis un second. Il se mit de nouveau à m'étrangler mais la tentative était futile. Ma pluie de coups lui fit saigner l'arcade sourcilière et le choc dans son œil le déstabilisa. Je me retirai, alors qu'il tombai en arrière, les mains sur son visage tuméfié. J'allais prendre l'épée magique et en finir une bonne fois pour toutes quand un garde me percuta et me fit à nouveau perdre l'équilibre. Son arme glissa sous ma jambe sans m'affecter. Était-ce un suicidaire venu sauver son chef ? Je n'en avais cure car il aura droit au même traitement de faveur. Je heurtai sa mâchoire d'un revers d'un poing, lui encastra la tête dans le sol et griffa rageusement sa gorge, ce qui eut pour effet de lui retirer entièrement le lambeau de chair. Il se jeta en arrière en se convulsant, les mains sur son cou débordant de sang.

Je me jetai sur l'arme magique, me retournai et allai frapper Adenaël quand je me stoppai net. Il n'était plus là. Absent. Disparu. Ou invisible, qu'en sais-je encore ! Mais il était là à l'instant, là !

Décoiffé, épuisé, le visage et le cou exsangues et marqués, je hurlai à mes compagnons. « NARYDIA, DESMOND ? VOUS L'AVEZ VU PARTIR ? IL S'EST FAIT LA MALLE ! IL S'EST ENFUI CET ENFOIRÉ! »
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Narydia Ventari

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Narydia Ventari
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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyLun 6 Jan 2014 - 22:23


Ils sortirent en vitesse de la pièce jusqu’à atteindre la porte d’entrée de la tour. De là, ils débouchèrent sur l’extérieur, et Narydia s’arrêta net lorsqu’elle fit face à un spectacle inédit : des démons et autres créatures que Narydia n’avait jamais vu livraient combat contre les anges, transformant le terrain en véritable champ de bataille. Une fois remise de cette surprise, l’ange entendit les explications de Desmond, mais elle était bien trop concentrée sur la scène pour y prêter attention. La séraphine fit courir ses yeux sur les individus se battant les uns contre les autres et son regard se porta sur Synëal, jusqu’à glisser sur l’objet de sa convoitise. Mais elle n’eu pas le temps de l’observer davantage que la silhouette décocha un trait mortel qui piqua Desmond en pleine poitrine. Sonnée, la séraphine reporta son regard vers l’individu : ce cher lieutenant. Elle esquissa un sourire en coin, pressée de lui faire avaler la poussière. Pour toutes les infamies qu’il avait pu commettre et qui seraient les dernières de sa pitoyable vie.

Il avait dégainé son épée, une lame magique que la jeune femme n’avait jamais vu. Sans doute la réservait-il pour les grandes occasions… Il décocha une plaisanterie de mauvais goût à Synëal et lorsque l’ange riva son regard vers le démon, elle remarqua qu’il semblait plutôt énervé, voire même bouillonnant de rage tant il tremblait. Voilà qui était intéressant. Lui qui lui avait fait une leçon sur le sang froid se trouvait à présent à bout de nerfs, et cela la réjouissait presque… Elle avait le sentiment qu’il voulait paraître insensible et inaccessible en temps normal mais cette fois, il démontrait tout le contraire. Perdue dans ses pensées, elle se ressaisit. Il détournait décidément bien trop son attention. Alors qu’ils réglaient leurs comptes verbalement, l’ange étudiait la situation et reporta son attention vers Desmond, qui avait rapidement ôté la flèche d’une main ferme.

Elle entendit à peine les mots que Synëal lui adressait, préoccupée par l’état de Desmond. A sa stupéfaction, il avait presque perdu conscience. Pourtant, un colosse comme lui… la séraphine décida de prendre sa « semi réanimation » en main et se pencha sur lui. Elle l’appela à plusieurs reprises. Visiblement, Synëal était bien trop occupé avec son interlocuteur pour y prêter attention. L’ange le secoua donc par les épaules, pressée qu’il se relève pour qu’elle puisse enfin livrer bataille. Mais le réveil de ce cher Desmond se faisait attendre, aussi ne passa-t-elle pas par quatre chemins. Elle lui envoya une claque dans la joue, ce qui eu pour effet de lui faire ouvrir les yeux. Rassurée, elle souffla et se redressa, laissant à Desmond le soin de se relever. Narydia n’osa pas lui demander s’il allait bien. A croire qu’il l’avait intimidée… quoiqu’il en soit, le colosse qu’il était n’allait pas se plaindre d’une blessure comme celle-ci, il était un combattant dans le sang, et cette vérité suintait de tous ses pores.

La jeune femme tourna la tête et constata que Synëal était déjà aux prises avec le séraphin, dans un combat qui se révélait être assez brutal. Elle avait déjà remarqué qu’il n’utilisait pas d’armes, ce qui était plutôt étonnant. Elle-même n’en avait pas non plus réellement besoin mais il s’agissait d’un confort qu’elle s’accordait lorsqu’elle ne voulait pas forcer sur sa magie. Quoiqu’il en soit, il s’en sortait très bien, et elle espérait intérieurement que le combat tourne en sa faveur. Le lieutenant était entraîné, et avait l’avantage de sa lame. Un faux pas, et Synëal rejoindrait l’autre monde. Ce fut sur cette pensée qu’elle entendit Desmond se racler la gorge tout près d’elle. Surprise, elle sursauta et reporta son regard vers lui, gênée. Un sourire démesuré sur le visage, il l’observait :

– Eh bien… Vous appréciez la scène mad’moiselle ?

En guise de réponse, la jeune femme dégaina son épée pour couper court à la remarque, interloquée. Puis elle s’écria, feignant l’affolement :

– Desmond, derrière vous !

Le géant se retourna vivement pour faire face au vide et la séraphine eu un léger rire avant de se précipiter sur un ange qui fondait sur elle. Sa lame prit une teinte écarlate, reflet de la magie qui déferlait en elle, et ce fut d’un coup sec qu’elle lui trancha la gorge de la pointe de l’épée, traçant une ligne nette et rougeâtre. Alors qu’elle rejoignait la mêlée, elle entendait les craquements insupportables provoqués par Desmond sur ses victimes. Il y avait de quoi s’en retourner l’estomac, même si elle y était habituée. Et de l’autre côté, Synëal poursuivait sa lutte. Une lutte violente où les coups pleuvaient sans retenue. Elle tenta de ne pas y prêter attention et se tourna vers un élu qui avançait vers elle, visiblement heureux d’en découdre avec celle qui était devenue l’ennemie de son empire. Celui-mà arborait un sourire malsain et bien trop prétentieux. Arrogant, il lança :

– Ils disaient donc vrai. Un séraphin se rebellant contre les siens… et pour ça ?
cracha-t-il avec un rire en faisant un signe de tête vers les deux hommes.

Parfaitement calme, Narydia se contenta de répondre, l’oeil vif et un grand sourire tracé sur les lèvres :

– Je vais t’arracher la langue et les yeux. Ainsi, tu seras aveugle pour une bonne raison et incapable de proliférer de telles imbécillités.

Sur ces mots, elle se rua sur lui et esquiva une attaque au dernier moment. Mais alors qu’elle allait se redresser pour le saisir à la gorge, l’ange lui assena un coup dans l’épaule, à l’endroit même de sa blessure ouverte. Sous la douleur, elle recula et le séraphin profita de cet instant pour lui donner un nouveau coup dans la tête cette fois-ci, qui la fit basculer sur le côté. La vue brouillée, elle fut incapable de parer la nouvelle attaque, mais une silhouette colossale le fit pour elle, dévissant littéralement la tête de son attaquant. La nuque du séraphin craqua dans un bruit impitoyable et il s’écrasa à terre comme un pantin. Narydia se releva et porta une main sur sa clavicule, ignorant pourtant le sang qui ruisselait sur son armure. Elle remercia Desmond d’un sourire, et celui-ci s’empressa de retourner à ses brebis (car c’est bien ce qu’elles étaient, face à ce colosse à la force redoutable). Tout en repoussant un nouvel assaillant d’une vague de feu, la jeune femme espérait secrètement que Synëal vienne à bout du lieutenant. Il s’agissait là du seul moyen de mettre les anges en déroute. Seulement la situation avait l’air de tourner en défaveur du démon, qui semblait se prendre coup sur coup, bien qu’il les rendit gaiement au lieutenant. Le combat s’éternisait et elle ne pouvait détacher son regard du duel, ignorant parfaitement les autres anges.

– J’en ai assez ! rugit-elle.

Et d’un pas décidé, prête à intervenir, elle s’élança vers les deux adversaires. Syneäl avait réussi à arracher l’épée de la main du lieutenant et la brandissait désormais… mais un détail l’interloqua. L’ange avait disparu. Enervée, la jeune femme se tourna vers le colosse qui s’occupait de la carcasse de ce qui un jour avait ressemblé à un élu.

– Desmond ! Nous devons y aller ! Ca ne sert à rien de rester ici.

En disant cela, la jeune femme leur demandait d’abandonner la poursuite du séraphin, chose qui paraissait inconçevable mais nécessaire. Cependant, intérieurement, Narydia savait pertinemment qu’il allait venir à eux. Il la voulait. Il voulait la livrer à son Empereur et reçevoir tous les honneurs, quitte à se priver d’un membre ou deux, peu importait. Il allait venir. Narydia rejoignit Synëal, suivie de Desmond, et lorsqu’ils furent à l’écart du combat, elle les informa . de sa décision à vois basse :

– Écoutez, je vais ouvrir un passage. Filez, je me charge du reste.

Elle tourna son regard vers Synëal et l’accrocha, sentant déjà sa réplique venir quant à leur vengeance. Parfaitement sûre d’elle, elle ne le quitta pas des yeux et renchérit :

– Je ne le laisserai pas filer. C’est à moi de te demander maintenant, de me le laisser. Vous le réceptionnerez à l’arrivée, ajouta-t-elle avec un sourire en coin.

Pendant qu’elle parlait et pour ne pas perdre de temps, la jeune femme promena sa main dans l’air, palpant les énergies invisibles de ce monde, les caressant du bout des doigts, jusqu’à s’arrêter sur une couche de « matière » plus fine que les autres. Concentrant ses efforts, elle fit un geste de la main, geste qu’elle avait pratiqué pendant des siècles un nombre de fois incalculable lors de son activité d’éclaireuse pour le compte de l’Empereur. Une dernière manipulation. Elle dissocia les « couches d’air » avec assurance et les écarta doucement, jusqu’à les agrandir imperceptiblement. L’air se fit plus intense, vibrant d’une atmosphère différente mais qu’elle connaissait bien. Le vent soufflait sur Feleth. Le passage était parfaitement invisible, et seul ce détail pouvait en prouver l’existence. Elle déclara donc d’une voix toujours basse :

– Voilà. Allez-y, je vous suis. Ce n’est pas une demande.

Et sur ces mots, elle les vit disparaître à travers la faille. L’ange se retrouva seule, écartée du combat qui commençait à s’éssouffler non loin. Le lieutenant n’était toujours pas en vue. Avait-il fui ? Rapidement, la séraphine s’éloigna de la faille et s’éleva dans les airs, planant un moment au dessus de la tour, son épée toujours en main. Après plusieurs minutes, elle finit par se poser à nouveau. Les gardes étaient à bout de souffle, à la limite de l’effondrement. Aucun d’eux n’aurait pu tenter une attaque directe à présent. Enfin, ils devenaient raisonnables… L’instant d’après et alors qu’elle contemplait le carnage, le lieutenant apparut, amoché, mais bien vivant, juste devant elle.

– Tiens, tiens… Des retrouvailles. Il était temps. J’en avais assez de régler mes comptes avec ce petit démon alors que c’est toi qui m’intéresse. Ou devrais-je dire tes crimes. Nous allons pouvoir finir ce que nous avons commencé.

Sur ces mots, il s’approcha d’elle, son épée en main. Narydia s’était munie d’un sourire déterminé et le toisait avec répugnance. D’un ton agacé, elle feignit l’indifférence :

– Tes sales coups ne m’intéressent pas. Le cher officier que tu connais si bien, lui en revanche, je meurs d’envie de lui arracher ses tripes. Je t’avais laissé en vie pour que tu ailles lui transmettre mon message, et tu ne l’a pas fait.

Le lieutenant se mit à rire, imperturbable.

– Je me demande bien comment l’Empereur a pu réclamer tes services, avec ta langue un peu trop pendue. Je t’aurais jetée au cachot depuis bien longtemps si j’étais lui.

Le sourire de la jeune femme s’accentua.

– Mais tu n’es pas lui. Tu n’es qu’un lâche ignare qui n’a pas la bourse assez pleine pour capturer une femme et la garder entre ses barreaux. Dis moi, combien de temps as-tu mis avant de me retrouver ? Six mois peut-être ?

Elle éclata de rire alors que le séraphin fronçait les sourcils. Il tremblait de fureur et serrait son épée à s’y imprimer les doigts.

– Je vais te faire taire pour toujours, petite garce.

Et il s’élança sur elle, épée à la main, à une vitesse que Narydia ne soupçonnait pas. Pourtant elle l’esquiva et déploya ses ailes, avant de lancer une nouvelle boutade à son adversaire :

– Allons, tu m’as couru après tout ce temps, laisse moi faire durer ton plaisir…

Sur ces mots, elle fila dans l’air à une vitesse vertigineuse, riant aux éclats. Sans cesser sa course, elle se retourna et envoya un jet de flammes vers son adversaire qui l’esquiva d’une pirouette agile dans les airs. Il ne le voyait pas, mais la séraphine avait une destination bien précise… Le jeu ne dura pas longtemps, afin d’éviter d’éveiller les soupçons, et finalement, la jeune femme s’arrêta près du passage invisible. Le lieutenant fit de même et stoppa sa course aérienne à quelques mètres d’elle, les lèvres retroussées tant l’envie de voir la fin de la jeune femme venir l’excitait. Ils se jaugèrent du regard un instant, avant que la séraphine ne prononce quelques mots pour elle-même, de sorte à ce qu’il ne puisse l’entendre :

– C’est terminé.

Elle leva sa lame et se jeta sur lui, se préparant à esquiver sa première riposte. Et la première ne fut pas la bonne. De nouveau la jeune femme recula, le laissant cette fois venir à elle. L’instant d’après, elle se déporta sur le côté, et laissa son adversaire se précipiter vers la faille. Narydia força le mouvement en utilisant les courants d’airs afin d’influencer sa trajectoire et…

Un cri retentit. Alors que le séraphin avait passé son buste à travers la faille, la jeune femme lui avait fermement agrippé le bassin qu’elle maintenait de ses deux bras, s’aidant de tout son corps pour ne pas lâcher prise. Elle eu un rire victorieux, tandis que les hurlements du séraphin étaient rendus silencieux par le passage refermé sur lui. Elle murmura :

– Synëal… A toi.

Et sans cesser de rire, elle utilisa sa magie pour chauffer à blanc l’armure qui entourait le bas du torse de l’homme, pénétrant le métal jusqu’à la chair. De là, elle sentit cette dernière fondre sous ses doigts, et appuya davantage sur ce qu’il lui restait de chair pour approfondir encore la douleur. Il avait cessé de se débattre, sans doute évanoui par la douleur… et Narydia ignorait bien la façon dont il avait pu être reçu de l’autre côté. Repue de cette victoire, elle le lâcha, et emprunta finalement la faille, pour s’écrouler aux pieds d’un géant et de son acolyte.

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Synëal Muspell

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Synëal Muspell
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Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyMar 7 Jan 2014 - 15:59


Au lieu de m'aider à poursuivre le lieutenant dans les mêlées éparses, elle m'enjoignit complètement à fuir le combat. Évidemment, je ne pouvais pas. Je ne lui avais pas encore fait payer ce qu'ils nous devaient, ce qu'il me devait. Un immondice tel que lui ne devait plus exister et devait subir un châtiment pire que la mort. Je fixai Narydia, prêt à crier sur elle, à déverser toute ma haine sur elle, mais je me contins les lèvres pincées. Je désignai du doigt la tour de garde.

« Je reste ici, partez si vous voulez mais je ne le lâcherai pas ! », éructai-je.

« Je ne le laisserai pas filer. C’est à moi de te demander maintenant, de me le laisser. Vous le réceptionnerez à l’arrivée. » , m'assura-t-elle, avec un léger sourire.

Elle allait ouvrir un passage mais en le traversant, nous nous retrouverions à nouveau dans l'incertitude de ne pas avoir notre dû. Je soupirai, les épaules encore endolories et tremblantes par mon duel à mains nues. Mon corps lui-même avait exécré le contact avec cet ange, mais paradoxalement, il exigeait une nouvelle confrontation dans laquelle il ressentirait la douleur de mon ennemi avec plaisir.

Elle nous ouvrit le passage qui s'ouvrit sur la ruelle vide d'un village. Le vent tiède de Feleth nous accueillit de son souffle incitateur. Je regardai Desmond franchir sans hésitation le passage, puis dévisagea la séraphine à nouveau, le cœur empli d'une colère indicible.

« Voilà. Allez-y, je vous suis. Ce n'est pas une demande. » dit-elle doucement, comme pour m'apaiser de son ordre.

« Vous avez intérêt à revenir. », répondis-je d'un ton égal avant de passer de l'autre côté.

En posant le pied sur le sol felethien, une sensation de vertige s'empara de moi et une vague de force m'envahit en faisant vibrer tous mes organes. Mes jambes se dérobèrent et je me retrouvai à quatre pattes, le soufflé coupé, la poitrine comprimée. Desmond s'accroupit près de moi, posant sa lourde main sur mon épaule, et s'inquiéta de mon état.

« Tout va bien, mon grand, tout va bien. C'est juste que...j'ai recouvré mes forces d'un seul coup. C'est comme si je sortais de l'eau après être resté en apnée. Mais ça va, ça ira. »

Je me forçai à me relever et à ne pas montrer les multiples tremblements qui agitaient mes bras. J'étais comme pris de micro-convulsions dans tous les muscles. Un afflux intense de magie reprenait ses droits et cela ne restait pas subreptice.

Je me tournai vers le portail, mais de ce côté, il restait complètement opaque, ne me donnant aucune idée de ce que comptait faire Narydia. Pendant un instant, voire l'espace d'une seconde, le projet de retourner en Adiryl et de traîner par le col le lieutenant sur Feleth persista dans mon esprit comme la migraine qui m'avait tant fait souffrir. Mais quelque chose d'autre, d'encore subtil et enfoui, me bloqua ici. Bien malgré moi, je patientai. La patience n'était pas mon fort, mais la séraphine avait laissé une empreinte non négligeable dans mon estime, une intuition me soufflait de lui faire confiance. Je n'avais pas d'autre choix en réalité ; revenir dans la contrée des anges équivalait à me jeter encore dans une prison où j'étais privé de toutes mes capacités.

Enfin, je vis Adenaël surgir par le portail, dépassant seulement le buste, les yeux écarquillés par la surprise d'avoir brusquement changé de dimension. J'arrêtai Desmond qui marchait vers lui, et cueillit le lieutenant d'un coup de pied à la figure, arrosant la terre d'une giclée de sang. Il poussa un râle de frustration et entreprit de se relever...seulement il s'en trouva incapable. Quelque chose le retenait de l'autre côté. Narydia. Avec un sourire, je m'accroupis près du séraphin et glissa le dos de mes doigts sur sa joue.

«Et maintenant, que vais-je faire de toi mon beau ? » Puis à l'adresse de Desmond. « S'il vient à faire le moindre mouvement qui me mettrait en péril, n'hésite pas à l'achever. »

Je l'enjambai en me glissant derrière lui, un pied de chaque côté de son corps, et lui bloqua le cou en le tirant vers moi, lui saisissant sa chevelure avant de lui glisser à l'oreille. « C'est maintenant que tu dois pleurer après ta mère. » Je tirai sa mèche de cheveux de toutes mes forces, ce qui lui arracha un cri de protestation. Il se débattit, agita les bras pour attraper mon visage , il y arriva presque mais j'exerçai une traction tellement forte que ses gémissements se prolongèrent. Je l'entendis jurer dans sa langue angélique, il me saisit le bras mais sa poigne était si faible à cet instant...Comment avais-je pu croire qu'il avait une quelconque force alors que qu'il était l'ennemi le plus risible que j'avais combattu ? Sans pitié, inexorablement, je tractai les cheveux de son front jusqu'à ce que sa peau se blanchît, puis rougît. La lutte dura, dura, il tapa du poing contre mes bras, essaya de me mordre, il répétait ses jurons encore et encore, je le sentais se débattre beaucoup trop fort, il s'épuisait lui-même et ce n'était qu'une question de temps avant que je ne le délivrai. Ou pas. « Tu pourras dire adieu à cette délicate crinière avec lequel tu essayais de conquérir ces donzelles... » Je l'entendis murmurer le « non » de supplication entre ses lèvres, il avait compris ce que je comptais faire. « OH SI ! » rugis-je avant de séparer le cuir chevelu d'un geste brutal dans un bruit de déchirement.

Il poussa un tel hurlement de souffrance que cela aurait pu faire grimacer un troll atteint de surdité, le cri aigu d'un oiseau qu'on écrasait délicatement sous sa botte. Et il craqua. Il éclata en sanglots, ses larmes chaudes coulant sur mon avant-bras, se répondant en propos inarticulés noyés dans sa douleur.

« Du calme fillette, chuuut, c'est presque fini, ne t'emballe pas. »

Je jetai son scalp à Desmond, et le lieutenant choisit ce moment pour s'évanouir dans mes bras. Son crâne sanguinolent dodelina contre mon bras. Narydia surgit alors du portail, essoufflée, lapidée, exténuée mais gagnante, elle s'écroula devant nous et le colosse alla lui porter secours. Et le portail se referma derrière elle.

Une gerbe de sang éclata et je reculai de surprise, aspergé sur les jambes du sang du séraphin, désormais sectionné en deux. Une flaque d'entrailles visqueuses s'échappa de son buste amputé comme une confiture périmée. Je clignai des yeux le temps de me remettre de ce spectacle morbide puis éclatai de rire. « Dis donc ! » Ricanant en secouant la tête, encore secoué et excité par ce qui venait de se produire, j'allai récupérer ma besace, tapotant au passage l'épaule de Desmond.

« Occupe-toi d'elle. Je m'occupe de lui offrir un somptueux cadeau. », fis-je avec un sourire goguenard.

Je sortis ma dague et m'approchai du cadavre, le retournant sur le dos avec le pied. Je plantai avec la lame d'un coup sec dans son buste, entrepris de cisailler mais me heurtai à une côte. D'un autre coup, je la fracassai et continuai ainsi à briser autant que je le pouvais les obstacles pour arriver à l'intérieur de sa chair. A chaque saccade, je faisais jaillir le peu de sang qu'il lui restait dans le haut du corps, m'imprégnant les bras et le bas du visage sans que cela ne m'affectât. Ce n'était que du sang d'ange après tout.

Je finis par atteindre son cœur que je décrochai de son corps en tranchant les dernières attaches. Il était encore chaud et palpitait encore timidement, ce serait cependant fini dans quelques secondes.

Alors que Narydia se relevait sous les bons soins du mercenaire, je lui jetai le myocarde dans les mains. « Tenez »

Je m'épongeai sommairement le sang de visage de ma manche et reniflai en regardant au loin. « Je crois qu'on va devoir ficher le camp très vite. »

Un enfant aux vêtements boueux nous fixait de l'autre côté de la ruelle, la bouche bée, tenant son cheval de bois et sa figure de chevalier. « Bouh. » Il déguerpit aussitôt en laissant tomber ses jouets.
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Narydia Ventari

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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyMar 7 Jan 2014 - 21:32


Un peu secouée, la séraphine avait traversé la faille sans aucune grâce pour atterrir face aux deux hommes et à ce qui restait du lieutenant. Narydia lui jeta à peine un regard, se contentant d’aperçevoir une masse sanguinolente à l’odeur insoutenable tout près d’elle. Visiblement, Synëal s’en était donné à coeur joie et le spectacle était répugnant. Ils n’avaient pas menti à son séraphin et la promesse était largement tenue… L’ange se remettait encore les idées en place alors que des cris d’agonie parvenaient à ses oreilles, perçant ses tympans. Desmond s’étaient penché sur elle pour l’aider à se relever, ce qu’elle accepta de bonne grâce. A bout de souffle et surtout épuisée, l’ange observa le cadavre qui gisait éparpillé sur le sol. Un homme qui n’aurait pas été habitué à pareille vision d’horreur aurait eu un haut le coeur dans la seconde, régurgitant ses tripes jusqu’à s’en vider. Mais la séraphine se contenta de grimaçer, à présent peu fière de ce qu’elle avait infligé à cet homme. Après tout, sa bêtise était incontestable, mais il s’était contenté de suivre des ordres aveuglément, un grand tord qu’il avait payé très cher… Extrêmement chère. La rage et la revanche de Synëal étaient dépourvue de compassion. Elle non plus n’en avait pas pour les hommes comme lui, mais elle prenait tout de même soin de ne pas rendre la mort trop lente habituellement.

Mais alors qu’il ne restait plus de lui qu’un amas de viscères sanguinolentes, elle vit le démon tirer une dague et s’approcher du corps. N’avait-il pas encore terminé sa petite oeuvre morbide ? Ils n’avaient pas le temps de se livrer à ce genre d’activités, et devaient au contraire s’empresser de dissimuler le corps. Et là dessus, Narydia avait déjà son idée. Elle haussa un sourcil lorsqu’elle vit Synëal s’attaque à la poitrine du cadavre et jeta un coup d’oeil à Desmond pour jauger sa réaction. Le guerrier ne disait rien, se contentant d’observer. Peu de temps après, le Syrinx détacha le coeur du corps pour lui jeter dans les mains. Surprise par le geste, la jeune femme observa l’organe quelques instants avant de le laisser tomber à terre. Elle dégaina son épée et le transperça d’un coup sec, faisant jaillir le sang pour la dernière fois. Mais alors qu’elle effectuait cette manœuvre macabre, elle leva les yeux pour suivre le regard de Synëal, et constata qu’un enfant les observait, tétanisé. Le Syrinx se contenta de l’effrayer davantage, ce qui exaspéra l’ange qui ne manqua pas de le lui faire remarquer :

– Traumatiser les enfants fait aussi partie de votre vengeance ?

Et sans lui laisser le temps de lui répondre, la jeune femme ouvrit ses ailes et fila à la suite de l’enfant, prenant soin de ramasser ses jouets au passage. Elle vola à toute allure dans sa direction, et lorsqu’elle l’eu rattrapé, l’ange le saisit doucement par l’épaule. Il ne s’arrêta pas, terrorisé, aussi décida-t-elle de l’entourer d’un bras pour ne pas lui laisser l’occasion de filer. Elle le maintint fermement et resta dans son dos. De l’autre main, elle lui glissa ses jouets dans les bras. Il n’était pas question de laisser ce gamin prévenir le village de la vision qu’il avait eu. Deux séraphins, des monstres aux yeux de la populace, de quoi créer une véritable émeute. Un instant, les traits de la jeune femme se durcir et elle du se retenir de ne pas glisser sa main sur sa gorge. Mais finalement, elle se contenta de lâcher un profond soupir, avant de déclarer à voix basse, un main caressant son front :

– Eh bien. Voilà les choses de la vie. Personne ne te fera de mal, et lorsque tu rentreras chez toi, tu n’y penseras déjà plus. Écoute moi bien.

Elle poursuivit ses caresses dans les cheveux de l’enfant, qui tremblait comme une feuille sous l’emprise de son bras. Pourtant, elle se semblait moins terrorisé que quelques instants auparavant. Sa voix s’adoucit davantage, alors qu’elle continuait à son oreille :

– Ne dis rien à personne. Tout se passera bien. Là, reste calme, et rentre chez toi.

Et sur ces dernières paroles, elle le relâcha, doucement, laissant le garçon reprendre son chemin, d’un pas moins précipité. Il jeta un oeil en arrière, inquiet, mais l’ange avait déjà disparu.


Quelques temps plus tard, les trois comparses fuyaient le village dans un silence abyssal. Les rues étaient désertes, et Narydia espérait secrètement que l’enfant n’eu pas regagné sa maison trop vite. A défaut de tenir sa langue, le calme qu’il avait semblé afficher avant qu’elle le quitte serait peut-être la garantie que l’alerte ne soit pas lancée de suite. Aussi, la jeune femme se contenta de presser le pas et resta silencieuse le temps que dura leur fuite. Finalement, ils passèrent les murailles de la ville, jusqu’à parvenir dans la campagne. Ils filèrent encore un moment à travers la plaine qui s’étendait devant eux, jusqu’à parvenir à une région plus boisée et abritée. Sur le chemin, Narydia interpella Desmond quant à son retour en héros dans la prison :

– Ce lieutenant nous a laissé penser que vous étiez mort mais je me doutais bien qu’il n’était pas si simple de vous mettre à terre… Cela dit je me demande bien comment vous avez réussi l’exploit de vous introduire dans la tour et même de nous retrouver si facilement, à croire qu’un véritable lien invisible vous lie tous les deux, ajouta-t-elle avec un rire.

Puis elle se tut, la fatigue prenant le pas sur le reste. Leurs blessures les affaiblissaient tous, et l’ange avait bien remarqué le sang qui ne cessait de ruisseler sur la main de Synëal et le torse de Desmond, là où il avait reçu la flèche. Ses propres blessures guérissaient lentement d’elle-même, grâce à la chaleur naturelle de son corps. Pourtant, même si le sang coagulait plus rapidement, ce qu’elle pensait être une fracture à l’épaule ne s’arrangeait pas. Et cela, la magie ne pouvait le guérir. A n’en pas douter, aucun d’entre eux n’avait de matériel de soin rudimentaire sur lui, aussi la jeune femme leur fit une proposition tout aussi rudimentaire. Elle stoppa son pas brusquement et les fixa avec un grand sérieux :

– Cela ne sert à rien de continuer ainsi. Nous sommes tous épuisés et vos blessures ne vont faire qu’empirer si nous ne faisons rien. Je me demande d’ailleurs comment vous parvenez à faire un pas alors qu’une flèche vous a transpercé il y a à peine une heure, dit-elle avec une grimace en regardant Desmond. Si je peux me permettre, nous n’avons rien pour refermer ces plaies et je n’ai qu’une solution à ma disposition, qui risque pourtant de se montrer radicale…

Etant donné leurs expressions, ils avaient l’air de comprendre ce qu’elle insinuait. Une cautérisation était le meilleur moyen de refermer rapidement leurs plaies, empêchant ainsi une éventuelle infection. Desmond lui adressa un regard circonspect mais finit néanmoins par hôcher la tête. L’ange tenta de lui adresser un regard rassurant, bien qu’il devait pertinemment se douter de la douleur qui allait suivre. Le colosse ôta son gilet en cuir, laissant apparaître sa musculature pour le joint impressionnante. En réalité, Narydia n’avait jamais rencontré d’homme comme lui. Il avait le physique d’un guerrier, en vingt fois plus effrayant. Pourtant elle ne se laissa pas intimider et se contenta de poser l’une de ses mains sur la plaie. Celle-ci était profonde et la tâche serait ardue mais pas impossible. L’ange fit imperceptiblement monter la température qui l’étreignait toute entière, doucement au départ, pour habituer la peau du colosse à ce contact. Elle monta un peu plus, songeant que bientôt la chaleur l’incommôderait sérieusement. Déjà, elle sentait le liquide poisseux sécher sous sa paume, lentement, mais sûrement. Finalement, la jeune femme souffla :

– Je m’excuse d’avance.

Et sur ces mots, la température monta à pic. Sa peau fumait presque tant la chaleur était élevée à travers sa main. Desmond en fut visiblement surpris, et serra le poing contre ses lèvres pour s’empêcher d’ouvrir la bouche. L’opération dura un court moment et bientôt, Narydia s’écarta de lui, satisfaite du résultat. Le sang était parfaitement sec et la blessure n’avait plus si mauvaise mine. Au moins était-elle en bonne voie pour la cicatrisation.

– Je regrette de ne pouvoir vous offrir des soins plus accommodants, mais sans matériel, nous devons nous en tenir à cela.

L’ange se tourna ensuite vers Synëal, dont la main n’avait pas fière allure. Elle était ensanglantée et littéralement transpercée. Finalement, la tâche n’était pas plus simple que la blessure de Desmond. Elle le questionna du regard un instant, se posant tout de même des questions sur sa nature de Syrinx. Il devait très certainement être sensible au feu, mais la chaleur ne devait pas avoir un effet trop différent sur lui qu’un être humain. Aussi, elle n’attendit pas son accord pour saisir sa main dans les siennes. Etonnamment, sa peau n’avait rien de différent de la sienne ou de celle de n’importe quel être constitué de chair. Elle ignorait pourquoi, mais elle avait soupçonné un attribut particulier… mais après tout, elle ignorait tout des Syrinx. En revanche, sa peau était froide, et l’effet fut encore plus flagrant alors qu’elle-même avait les mains brûlantes du point de vue d’un être normal. Pourtant, elle prit garde à mesurer cette chaleur, afin de perçevoir la réaction de sa peau. Si celle-ci se révélait très incommodée et sensible, elle devait être capable de cesser le processus rapidement. Avant de passer à la phase plus douloureuse, elle leva les yeux vers lui pour attirer son regard, et eu un sourire un brin provocant mais à la fois confiant :

– J’espère que vous n’avez pas froid aux yeux et que vous ne fondrez pas comme notre ami de tout à l’heure. Est-ce la crainte qui vous refroidit le sang à ce point ?

Elle se retint de rire et se concentra à nouveau sur sa main blessée, toujours entre les siennes. Les ligaments étaient déchirés et la chair percée. Le processus serait douloureux et il risquait de s’en mordre les doigts. A nouveau, elle lui adressa un regard amusé :

– Je peux toujours demander à Desmond de vous frapper l’arrière du crâne au moment où la douleur arrivera afin de vous distraire, n’est-ce pas Desmond ?

Mais non, elle ne devait pas procéder ainsi. Car en prenant le risque de cautériser la plaie en un instant réduit, elle prenait aussi celui d’endommager sa main. Aussi, elle avança progressivement, élevant la chaleur doucement comme elle l’avait fait pour Desmond, avec encore plus de prudence. Sa main avait l’air de bien réagir à la chaleur et sa peau restait intacte, ne subissant pas l’attaque de cette température très élevée. Elle la pressa davantage entre les siennes, afin qu’elle pénètre bien la chair (ou du moins ce qu’il en restait), et augmenta encore l’attrait de sa magie sur sa main. Bientôt, elle sentit la chair se durcir alors que la chaleur était à son paroxysme, et à ce moment, la jeune femme précipita les choses pour ne pas faire trop durer la douleur.

– Encore un petit effort, souffla-t-elle.
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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyMer 8 Jan 2014 - 18:46

À la remarque de l'ange, qui se voulait raisonnable et exemplaire, je haussai les épaules.

« Il verra pire. », grognai-je, avant qu'elle ne parte le rattraper en voletant au-dessus du sol. Je me tournai vers le mercenaire, un sourire au coin des lèvres. « Malgré tout ça, elle est toujours prête à sauver la veuve et l'orphelin. Je ne comprends pas pourquoi elle n'a pas accepté son trophée. »

Desmond soupira, regardant le coin de mur derrière lequel la séraphine avait disparu. « Je pense qu'elle ne souhaite garder aucun souvenir de lui. Et puis, ce n'est pas exactement le genre de choses qu'on offre aux dames. »

J’emboîtai le pas, suivant les traces de notre amie partie réconforter un enfant qui avait vu le mal l'emporter sur le bien. « Tu sais bien ce que je pense, moi. Ce n'était pas un présent. Je lui rappelai simplement que c'était le sien qui aurait pu être dans ses mains à lui. »

Ces mots plantèrent le mercenaire sur place.

***

L'heure suivante, nous vagabondâmes loin du village, nous enfonçant à nouveau dans la campagne. Les habitations s'étaient clair-semées et la végétation reprenait ses droits là où nous foulions son territoire. Après le court séjour en Adiryl, l'environnement de la Terre du Milieu était tout bonnement une délivrance, un havre de paix où mes forces étaient à leur comble. Cependant, mes blessures m'empêchaient de profiter totalement de cette bénédiction. Je n'osai avouer aux autres à quel point ma main me lançait. C'était comme si l'épée continuait d'aller et venir dans ma chair sans s'arrêter. L'entaille à l'épaule était plus bénigne mais l'arme qui m'avait frappé était magique, mes tissus allaient en garder la tracer pendant longtemps. L'avantage était que je porterai une toute nouvelle marque, la preuve que j'avais défais un ennemi par la seule force de mes mains. Le scalp pendant à la ceinture de Desmond ajoutait davantage de crédibilité à mon triomphe. Je n'étais pas prêt d'oublier la sensation de sa peau se détacher de son crâne comme du papier pourri.

Desmond et Narydia me suivaient et semblaient plongés dans leur conversation – en réalité, il s'agissait plutôt du monologue de mon ami qui racontait sa venue salvatrice. « Comme je le racontais tout à l'heure, j'ai trouvé les traces de la troupe devant un portail. Ces imbéciles ne l'avaient pas fermé. Seulement, je ne pouvais m'y risquer seul. Alors je suis allé chercher du renfort dans le Vein. J'y ai trouvé seulement quelques charognards et des gargouilles en mal de combat et je leur ai promis beaucoup de sang comme récompense. Et voilà, je suis revenu. Ces emplumés ont opposé beaucoup de résistance quand nous sommes arrivés malgré l'effet de surprise, mais je me suis frayé un passage en force. Ces deux faquins qui étaient en faction...ils n'ont pas fait long-feu. D'ailleurs en parlant de feu, j'aime bien votre façon de tuer. C'est rapide, et ils n'ont pas vraiment le temps de souffrir car leur corps les a déjà trahi. » Je sentis son regard dans mon dos. « Tandis que Synëal ...C'est Synëal. » Je lui fus reconnaissant de ne pas en dire plus.

***

Un peu plus tard, nous trouvions un vallon dans lequel nous réfugier et Narydia nous y arrêta afin de s'inquiéter de nos blessures. J'échangeai un regard avec Desmond. Lui-même avait le torse blessé mais il avait arraché lui-même la hampe de la flèche. Son gilet de cuir était désormais en lambeaux après l'attaque des loups, mais sa peau avait déjà cicatrisé par endroits. Évidemment, les griffes de loups n'avaient rien à voir avec les traits angéliques. Desmond se plia à la recommandation de la séraphine et s'installa contre un arbre. Quant à moi, j'allai me trouver un siège végétal assez confortable pour y rester pendant quelques minutes.

Alors qu'elle procédait à un sortilège de cautérisation visant à refermer la vilaine plaie de mercenaire, je ne pus m'empêcher de sourire. Archère, guerrière, elle s'improvisait désormais guérisseuse. Et il s'agissait bien d'une mise en scène car elle hésita devant la sculpture musculeuse de Desmond. Charpenté comme un Ogre dans ses bons jours, il débordait de saillies imposantes. Cependant, elle s'y attaqua avec une audace que je devais bien lui admettre. Je l'observai avec attention pendant qu'elle se concentrait sur sa tâche. Un fumet s'élevait de ses mains jointes posées sur la pluie, mais le colosse ne bronchait pas. Il aurait réagi de la même façon si elle lui avait étalé de l'onguent. Le processus mettait d'ailleurs plus de temps que prévu car la chair coriace du séraphin colossal n'arrangeait pas les choses mais l'ange ne se départit pas de sa détermination. Finalement le géant se montra bien moins insensible, mais fut soulagé de la réparation de sa chair blessée.

Je fronçai les sourcils. Elle appréciait cette grosse brute, c'était certain. Me ferait-elle le même traitement de faveur ? D'un air revêche, je levai les yeux vers elle alors qu'elle s'approchait. Je n'avais rien contre sa présence aussi proche, mais je ne tolérerai pas sa condescendance. Quand elle me saisit la main, ce fut avec fermeté, ce qui ne me fit évidemment pas plaisir non plus.

« J'espère que vous n'avez pas froid aux yeux et que vous ne fondrez pas comme notre ami tout à l'heure. Est-ce que la crainte qui refroidit votre sang à ce point ? » dit-elle ironiquement.

« Vous ne voudriez sans doute pas perdre vos cheveux comme votre ami de tout à l'heure ? », répliquai du tac-au-tac.

« Je peux toujours demander à Desmond de vous frapper l'arrière du crâne au moment où la douleur arriver afin de vous distraire, n'est-ce pas Desmond ? »

Ce gros balourd gloussa en me regardant de ses yeux sombres stupides. Je lui adressai une grimace menaçante alors que l'ange palpait la blessure.

« Au pire, je peux toujours demander à un guérisseur plus compétent de...AAAARG! »

Elle venait de coincer ma main entre les siennes et lâchait un nuage de chaleur. La sensation de chaud traversa mes os en mettant mes nerfs à l'épreuve. Je sentais ma peau se déformer et protester ouvertement contre la température grimpante. Je me mordis les lèvres en étouffant un gémissement, la maudissant intérieurement de ne pas m'avoir prévenu. Serrer le poing aurait été le premier réflexe mais je m'en abstins immédiatement. J'inspirai en me concentrant sur autre chose que la brûlure acide dans ma main, et bientôt l'aura calorifique se fit plus soyeuse et confortable. Mes tissus guéris turent les messages de douleur et le bout de mes doigts rigides me donnait l'impression de les avoir posé sur du velours tiède.

Malgré le contact désormais plus convivial et séduisant des mains de la séraphine, j'extirpai mes doigts et me relevai.

« Je vais aller chercher du bois pour le feu. Je pense qu'on va camper ici le temps de recouvrer nos forces »

Je m'enfonçai dans le bosquet le plus proche en quête de bois sec. Regardant d'un air songeur ma plaie, je dépliai et repliai mes phalanges. Malgré la gêne persistante au travers de mes os, je devais admettre que c'était beaucoup moins pénible.

Desmond s'approcha de Narydia et lui tapota l'épaule. « Je sais ce que vous devez penser en ce moment. Qu'il est malotru, ingrat et profondément irrespectueux. Vous auriez raison. Mais comment dire...Le fait qu'il ne vous remercie pas est une forme de remerciement. » Il se laissa tomber lourdement à côté d'elle pour s'asseoir. « C'est incompréhensible, je sais. Disons qu'il a sa façon d'être et sa façon d'être n'obéit à aucun code ou usage connu. Quand il a vous a donné ce...cœur, je suis convaincu que ce n'était pas pour vous narguer, bien que ce soit très...déplacé et peu ragoûtant. »

Il marqua une pause, regardant mon dos s'éloigner dans les broussailles. « Je ne l'avais jamais combattu avec autant de hargne. Vous l'avez vu, vous aussi, quand il a mis une dérouillée à ce lieutenant. Il était déjà à bout de forces, et pourtant...Il a mis à mal l'un des officiers les plus aguerris de ce corps armé. » Il planta ses grands yeux noirs dans ceux de Narydia. « Depuis que je le connais, il a changé. Du moins, il commence à changer. Il restera toujours un beau salaud, mais au fond, il devient plus sensible. Ou...plus impliqué. Je ne sais pas comment dire cela. » Il haussa ses épaules massives. « Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi je vous dis tout ça, mais s'il nous reste du chemin à faire ensemble, autant que cela se fasse sous de plus meilleures auspices. »

Je revins un peu plus tard vers eux, un fagot de bois sous le bras. Je vis, interloqué, le mercenaire se tailler un arc dans un bout d'écorce. « Qu'est-ce qu'il te prend mon grand ? Les anges t'ont donné tellement d'appétit que tu veux chasser l'oiseau ? » Il s'esclaffa et répondit. « Non. Mais on ne sait jamais. À la prochaine attaque qui se présente, je veux être celui qui attaque en premier. »

Je lâchai le fagot à terre en secouant la tête, ricanant. «Tu n'as jamais su dénoué tout seul ta ceinture, tu veux fabriquer cette chose ? Tu sais ce qu'il faut au moins pour la corde ? «  Le colosse adressa un regard à Narydia. « La demoiselle me le dira. 

-La demoiselle nous fera du feu. Et toi tu devrais nous chercher du gros gibier. », répliquai-je d'un ton raisonnable.

Il posa son prototype en soupirant. « Très bien, très bien. Tu n'iras pas de plaindre qu'il nous aurait fallu un arc. 

-Aucun risque. », assurai-je en le regardant partir à son tour.

J'allai m'asseoir à nouveau sur une souche et scrutai le renflement boursouflé sur le dos de ma main. Une bandelette de gaze aurait été la bienvenue, mais nous n'avions pas encore ce luxe. Tout en observant l’œuvre médicale de la séraphine, je lui lançai.

« Si vous avez encore une once de conscience, on continue notre périple en nous éloignant le plus possible de notre point de fuite, et on atteint directement le but de notre quête. Si vous avez perdu foi en toute notion de bien et de mal après vous êtes frotté avec un salopard d'officier, nous avons la possibilité de piller un noble ou une boutique pour nous trouver des remèdes plus efficaces. » Je haussai les épaules, ramassant dans mes doigts un bout de bois pour l'émietter. « Pour ma part, je suis d'avis de faire les deux. »
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Narydia Ventari

La lame flamboyante

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Narydia Ventari
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Fiche de Personnage : Come here.



Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyVen 10 Jan 2014 - 22:44


La main du démon était crispée par la douleur mais Narydia ne la lâcha pas pour autant. Elle sentait les tissus se reformer et le sang s’assécher sous l’effet de la chaleur. Alors qu’elle procédait, elle n’avait pas manqué d e remarquer le visage peu appréciateur de Synëal mais il le savait bien : il devait souffrir pour guérir. Finalement, la température s’abaissa doucement jusqu’à redevenir à peu près normale, et l’homme retira sa main. Il annonça qu’il allait chercher du bois pour leur futur campement de fortune et la jeune femme hocha lentement la tête. Quelques instants plus tard, le silence était revenu, la laissant dans ses pensées. Ce démon l’intriguait, et notamment cette froideur qui le rendait si distant en tout temps. Il ne souriait presque jamais, seulement par humour ou par provocation. Il n’aimait pas non plus qu’on l’approche et l’ange avait parfois l’impression d’être de trop face à lui. Pour autant, cela continuait de l’intriguer et elle avait envie d’en savoir plus. Le seul moment où il avait parlé de lui était lors de leur altércation, au moment où ils s’étaient rencontrés. Depuis, le démon s’était montré de marbre et Narydia soupçonnait qu’il n’était pas autant insensible que ce qu’il souhaitait montrer. Elle fut interrompue dans sa méditation par Desmond, qui lui avait tapoté l’épaule.

« Je sais ce que vous devez penser en ce moment. Qu'il est malotru, ingrat et profondément irrespectueux. Vous auriez raison. Mais comment dire...Le fait qu'il ne vous remercie pas est une forme de remerciement. C'est incompréhensible, je sais. Disons qu'il a sa façon d'être et sa façon d'être n'obéit à aucun code ou usage connu. Quand il a vous a donné ce...cœur, je suis convaincu que ce n'était pas pour vous narguer, bien que ce soit très...déplacé et peu ragoûtant. »

L’ange sourit et croisa ses doigts avant de les reposer sous son menton. Elle avait l’impression que le guerrier était cent fois plus humain que n’importe quel homme qu’elle eu jamais rencontré. Mais il avait tord, puisqu’elle ne voyait pas Synëal ainsi. Elle le voyait davantage comme un homme secret plutôt qu’ingrat. Il n’était ni ingrat juste irrespéctueux… sûrement juste un peu trop fier. Le simple fait qu’il ai accepté son aide en grimaçant le prouvait bien. Elle se mit à sourire et répondit :

« Je ne le vois pas comme ça. J’ai plutôt l’impression qu’il choisit avec beaucoup de précaution ses alliés. J’imagine qu’il vous accorde une confiance aveugle, et que le temps a du faire son oeuvre pour cela. Et je ne lui demande pas d’être reconnaissant pour pareille futilité. Qu’il l’ai voulu ou pas, qu’il m’ai remercié ou pas, je l’aurais fait. »

Desmond reprit la parole, laissant la jeune femme songeuse. Elle ne cessait de le fixer, et était intérieurement reconnaissante au guerrier de se soucier ainsi d’elle.

« Je ne l'avais jamais combattu avec autant de hargne. Vous l'avez vu, vous aussi, quand il a mis une dérouillée à ce lieutenant. Il était déjà à bout de forces, et pourtant...Il a mis à mal l'un des officiers les plus aguerris de ce corps armé. Depuis que je le connais, il a changé. Du moins, il commence à changer. Il restera toujours un beau salaud, mais au fond, il devient plus sensible. Ou...plus impliqué. Je ne sais pas comment dire cela. Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi je vous dis tout ça, mais s'il nous reste du chemin à faire ensemble, autant que cela se fasse sous de plus meilleures auspices. »

C’était sûr, le démon avait de la détermination et comme elle, le goût de la revanche. Un trait de caractère qui les perdrait très certainement un jour… Ainsi, Desmond approuvait ses pensées. Synëal était sensible sous cet attirail de provocation et de froideur. Évidemment… puisqu’il s’en protégeait. Cela ne faisait aucun doute : les hommes les plus distants étaient ceux qui souvent cachaient le plus lourd passé. Mais cela, elle n’avait pas le droit de lui en parler. Elle ne devait pas se mêler de ce qui ne la regardait pas. Elle fixa le sol et répondit dans un soupir :

« Je comprends ce comportement et cette façon d’être. Et je n’irai jamais à son encontre. J’ai déjà connu cela… »

Son visage se ferma en repensant à ce qui l’avait éloigné de ses terres natales. Ce qui l’avait en même temps libéré et condamné. Elle soupira et reprit la parole :

« Il a juste son caractère, mais une fois celui-ci percé, je ne doute pas de ses qualités. J’ai déjà pu le voir. Il semble intègre et plutôt honnête, en tout cas fidèle et n’hésitant pas à risquer sa vie pour vous. »

Elle tourna les yeux vers lui. Desmond souriait. Elle n’avait même pas remarqué qu’il s’était saisi de quelques morceaux d’écorce qu’il prenait soin de tailler. Quelques instants plus tard, le Syrinx revenait les bras chargés de bois. Il échangea quelques mots avec Desmond et une fois de plus, l’ange fut témoin de leur complicité sans faille. Sans doute avaient-ils partagé des aventures, risqué leur vie ensemble… tant de choses qui avaient pu les rapprocher au point de créer ce lien indestructible qu’elle aurait presque pu déceler à l’oeil nu. Elle sourit lorsqu’ils se chamaillèrent à propos des activités du colosse et préférant les laissant à leur dispute amicale, la jeune femme fit naître des flammes qui vinrent avidement lécher le bois eparpillé au sol. Le silence régnait, à présent que Desmond avait disparu entre les arbres. Synëal était à son tour parti s’asseoir et observait sa main d’un air songeur. Pendant un moment il ne dit mot. Ce fut alors qu’il avait toujours les yeux rivés sur sa blessure qu’il prit la parole. Des mots qui surprirent d’ailleurs l’ange. Déjà car elle ne voyait pas de quelle quête il parlait étant donné qu’ils n’avaient plus le tube. Et ensuite, puisqu’il pensait que ces actes nécessitaient d’avoir perdu tout état d’âme.

« Je n’ai jamais eu foi en une quelconque notion de bien et de mal. Nous avons tous du sang sur les mains, de toute évidence. Un peu plus, un peu moins… Du moment que vous ne me demandez pas d’aller égorger cet enfant. Quant à piller… cela peut très bien exclure une éventuelle agression. Il y a des façons plus diplomates d’obtenir ce que l’on veut, sans passer par un découpage d’organes. » fit-elle avec un léger rire.

Amer, cependant, lorsqu’elle repensait au lieutenant qu’ils avaient massacré.

« Nous pourrions en effet faire les deux. Cela dit nous aurons intérêt à nous montrer discrets. Nous ne comptons pas parmi les personnes les plus rassurantes sur ces terres… Ce qui peut se comprendre vis à vis de vos petites pratiques sadiques. »

Elle eu un sourire en coin à cette idée. Synëal n’avait pas lésiné sur la tâche macabre lorsqu’il avait fallu démanteler l’officier. Et réaliser l’opération en pleine rue ne l’avait visiblement pas dérangé. Là-dessus il avait manqué de prudence, mais l’ange ne fit aucun commentaire. Le silence revint et ils s’occupèrent pendant quelques temps, avant que Desmond ne revienne les bras chargés de lapins. Il déposa ses trophées sur le sol, un grand sourire sur les lèvres, avant de s’attaquer comme à son habitude à leur carcasse. Il s’agissait là d’un vrai rituel et peu de temps après, les animaux doraient, embrochés au-dessus du feu et les faisant déjà saliver. Après cette mésaventure, ils avaient besoin avant toute chose de se requinquer. L’ange mordit à pleines dents dans une cuisse, affamée mais bien vite, son estomac fut repu. Epuisée, la jeune femme sentait son corps chavirer mais tint bon. Elle resta silencieuse alors que les deux hommes finissaient leur repas, se contentant de les observer. La nuit était définitivement tombée, et bientôt le silence se fit complet, seulement bercé par le crépitement des flammes. Desmond roula sur le côté, non loin du feu. Sans doute partageait-il sa fatigue.

Pourtant, l’ange ne parvenait pas à trouver le sommeil. Son épaule la lançait et elle se doutait que la fracture ne lui concéderait pas une seconde de sommeil. D’ailleurs, elle n’avait pas pris garde de s’informer de l’état de ses propres blessures. Ni de ce qu’avaient bien pu faire les élus pour soigner les plaies infligées par les crocs des loups… Même si sa chaleur les avaient sans aucun doute cautérisé, Narydia ignorait l’étendue des dégâts. Sans un mot, elle retira sa légère armure, dévoilant sa chemise encore maculée de sang.  L’emplacement de sa blessure à l’épaule était complètement écarlate mais elle ne s’en soucia guère. Au lieu de quoi, elle tenta tant bien que mal de toucher son dos, s’attardant sur ce qu’elle pouvait atteindre de peau. Elle sentit dans un premier temps la longue cicatrice qui lui barrait la diagonale sur quelques dizaines de centimètres. Rien d’anormal. Puis elle remarqua d’autres estafilades, creusées dans la chair. Au nombre de trois, d’après ce qu’elle sentait du bout des doigts. Elles étaient anormalement ouvertes, là où la cautérisation aurait du refermer les plaies. Et anormalement indolores. Intriguée, l’ange abandonna son dos pour observer sa plaie à l’épaule. Elle rabattit légèrement sa chemise sur le coude pour l’observer, et ce qu’elle découvrit la cloua de stupeur. Un trou béant s’ouvrait sur sa chair, à la texture étonnamment irritée. Elle murmura :

« Qu’est-ce-que c’est que ça… ? »

Elle posa sa main sur la plaie, aidant la chaleur à opérer davantage, mais rien n’y fit. Quelques striures couraient autour de la plaie, indiquant tout sauf une guérison. L’ange eu un rire jaune, et déclara froidement :

« Ce salopard. Il craignait notre évasion, c’est pourquoi il a eu recours à une solution de sécurité. Au cas où je lui échapperais… »

Et d’un geste sec, elle rabattit le chemise sur son épaule pour dissimuler la plaie. Voilà qui était une nouvelle preuve de la lâcheté de cet officier. Alors qu’elle pensait que Synëal ne l’avait pas remarquée, elle tourna les yeux et vit qu’il l’avait malgré ce qu’elle pensait bien entendue. La jeune femme décida de détourner le sujet et reprit précipitamment la parole, à voix basse cependant pour ne pas réveiller Desmond qui ronflait à présent comme un animal sauvage.

« J’aurais une question vis à vis de cette quête dont vous parliez tout à l’heure… A vrai dire, je ne vois pas de quoi vous parlez. Ni ce que je pourrai vous apporter maintenant que nous n’avons plus le tube en notre possession. A présent, notre marché ne tient plus, à moins que vous me demandiez de vous apporter mon aide en l’échange de ma rencontre avec le démon, Alexander. Même s’il est à présent inutile de continuer à me battre pour une terre qui ne veut visiblement plus de moi, je veux au moins avoir le plaisir de me venger de celui qui m’en prive. Alors pour cela, je suis prête à vous aider. »

Elle le fixa un peu plus intensément avant de poursuivre :

« Je crois qu’il va en effet être nécessaire de nous procurer du matériel de soin avant toute chose… »

Sur ces mots, elle grimaça à l’idée du poison ou du sortilège que l’officier avait implanté dans ses veines. Et la jeune femme était finalement bien heureuse de ne pas voir les plaies ouvertes qui s’étendaient sur son dos. A présent, ce dernier ne devait plus ressembler qu’à celui d’une flagellée, mais qu’importait… elle n’avait rien pour le contrer. Elle se rapprocha de Synëal, se demandant si le poison avait eu le même effet sur lui. Sans lui demander son avis, elle prit sa main blessée et l’observa de près :

«  Faites moi voir. »

La peau était nette et lisse, en voie de guérison. Rien d’anormal, aucun signe d’un quelconque corps étranger… Il n’avait pas été touché. La jeune femme secoua la tête et lâcha doucement sa main, le fixant dans les yeux.

«  Je ne comprends pas. En tant que Syrinx, vous n’êtes pas sensible à l’intense chaleur, vous ne craignez pas le poison… qui êtes-vous au juste ? » 
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Synëal Muspell

♘ | le Botaniste Ardent

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Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyDim 12 Jan 2014 - 21:48

Rien que pour me surprendre, elle répondit par l'affirmative. Je la fixai longuement, ne cachant pas une certaine surprise, m'étant imaginé tout d'abord qu'elle réagirait sur la défensive, comme elle l'aurait fait ordinairement. De plus, elle insista bien sur le fait que le bien et le mal n'étaient et ne restaient que des concepts, point sur lequel nous étions enfin d'accord. Je hochai la tête d'un air satisfait tout en ricanant à sa remarque.

« Ce n'est pas sadique. C'est nécessaire. » Desmond surgit avec plusieurs lapins comme trophée. « À la différence d'autres, je ne me contente pas seulement de frapper de mon poing. »

Je laissai en suspension le mystère planant sur cette réplique, complimentant le colosse sur sa prise et sur la taille des lapins. Il ne faisait pas de doute que le Séraphin allait s'en réserver deux ou trois. Il retira les peaux selon une opération bien précise, et ce fut qu'une question de minutes avant que les civets ne soient prêts sur leurs broches improvisées. Le fumet de gibier émoustilla aussitôt mes papilles et je fus le premier à me saisir de la première portion, décrochant une cuisse de la viande roussie. Narydia m'imita et mangea de bon cœur. J'étais prêt à lui dire que je retirai ma réflexion à propos de ses manières guindées d'ange, mais je m'en abstins. Notre joute m'avait diverti, il n'était pas question de revenir sur un amusement. De plus, elle m'observait pendant le repas, ce qui m'empêchait d'avancer une quelconque répartie sur son comportement. Qu'avait-elle donc à me lorgner ainsi ? Je soupçonnais mon loubard de compagnon d'y être pour quelque chose. Je risquai un regard dans sa direction en saisissant une broche complète. Elle avait plutôt l'air exténuée que pensive, du moins je l'espérai...Desmond de son côté s'était laissé aller en arrière, les mains sur son ventre gonflée, la bouche béate dans un gémissement muet. Sans un mot, il se redressa brusquement comme un pantin sorti d'une boîte et alla tasser sa masse de muscles sur un sol plus confortable, nous tournant le dos.

Je visai le foyer avec les copeaux de bois qu'avait taillé Desmond quand la séraphine attira mon attention. Gesticulant bruyamment à côté de moi, elle palpait son corps. Perplexe, je la regardai tenter d'atteindre les cicatrices de son dos, sous ses ailes, dans un endroit presque inaccessible pour ses mains, à moins d'être contorsionniste. Ce n'étaient pas des blessures dues à un passage scabreux dans la forêt sauvage, elle m'avait donc caché qu'elle s'était battu contre le lieutenant avant de franchir le passage. Voilà pourquoi je n'avais pas compris qu'elle était si malmenée à son retour auprès de nous. Sans l'approcher, j'analysai de loin ses plaies, plissant les yeux pour mieux cerner l'anormalité des rayures irritées qui couraient sur son dos et son épaule. Et mon œil dériva particulièrement sur sa peau nue et découverte. Elle semblait si douce...

« Ce salopard. Il craignait notre évasion, c'est pourquoi il a eu recours  à une solution de sécurité. Au cas où je lui échapperais... »

Elle me surprit, mais fort heureusement, rien dans mon regard ne trahit une quelconque équivoque sur mes pensées. Elle changea d'ailleurs rapidement de sujet, afin de balayer la gêne provisoirement qui faillit couper court à un autre échange.

« J'aurai une question vis-à-vis de cette quête dont vous parliez tout à l'heure...A vrai dire, je ne vois pas de quoi vous parlez. Ni de ce que je pourrai vous apporter maintenant que nous n'avons plus le tube en notre possession. A présent, notre marché ne tient plus, à moins que vous ne me demandiez de vous apporter mon aide en échange de ma rencontre avec le démon, Alexander. Même s'il est à présent inutile de continuer à me battre pour une terre qui ne veut visiblement plus de moi, je veux au moins avoir le plaisir de me venger de celui qui m'en prive. Alors pour cela, je suis prête à vous aider. »

Ah oui, cet Alexander. J'avais failli l'oublier. En vérité, seul Desmond connaissait le dernier endroit connu où pourrait être ce fieffé démon. Ce ne serait qu'une question de temps avant qu'il ne lui donnât l'information. Il était trop gentil avec elle. Me prenant à nouveau de court, elle se glissa à côté de moi et prit ma main dans la sienne. C'était une curieuse habitude chez elle de ne pas demander mon autorisation pour être aussi tactile. Cependant, ce contact n'était pas désagréable, et s'il l'avait été, elle aurait déjà perdu ses doigts. Elle me fit part de son étonnement quant à ma résistance au poison. J'avais effectivement ressenti un affaiblissement de mes tendons mais je ne soupçonnais pas encore la présence de matière parasite dans mon organisme.

« Je ne comprends pas. En tant que Syrinx, vous n'êtes pas sensible à l'intense chaleur, vous ne craignez pas le poison...qu'êtes-vous au juste ? 

« Je ne sais pas comment le prendre exactement. Comme tout le monde, je suis sensible à une intense chaleur, ou même à un froid intense. Ou alors vous ne comprenez pas encore tout à fait ce que je suis. Je suis fait de chair et d'os, tout comme vous. Le feu produit les mêmes effets que s'il s'agissait d'un autre humain, il n'est pas question de...d'auto-combustion », expliquai-je en gloussant. « Est-ce que je ressemble tant que ça à un monstre de foire ? Nous avons certes une magie très particulière, et développons une affinité si proche avec notre plante de naissance que nous finissons par partager ses faiblesses. Cependant, elles ne nous sont pas fatales...Elles sont juste plus...»

Je lui adressai un simple sourire en guise d'évidence. Puis je joignais mes mains sur mon genou.

« La quête, vous dîtes ? A vous entendre, notre escapade a quelque chose de chevaleresque... Vous savez. Depuis notre rencontre, je suis resté convaincu que vous me serez utile, et il s'avère que j'avais raison, avec ou sans tube. Au début, je devais simplement vous demander votre aide, car vous avez des pouvoirs somme toute conséquents et j'ai besoin d'une réserve de magie supplémentaire. Mais désormais...je me dis que cet artefact n'est qu'une babiole. Il avait de la valeur, mais il est remplaçable. »

Je pris le temps de peser mes mots avant d'attaquer le noyau de notre entraide, ce pourquoi elle avait risqué sa vie.   « Adiryl n'est plus votre terre d'accueil. Le fait qu'ils vous aient aperçu en ma compagnie n'arrange pas votre cas, peut même être considéré comme un malentendu. Mais je pense que dans tous les cas, même si nous ne nous étions pas connu, votre destin était tracé depuis que votre passé...vous a fait défaut. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé, mais je peux - du moins, je veux vous donner une chance de vous venger de cette bande de dégénérés. Et en particulier, de lui. Mais ce sera à ma façon.»

Ses tremblements ne me trompèrent pas, le lieutenant avait bien dosé son poison. Cela ne la tuerait pas immédiatement. Au vue de l'empreinte de ses blessures, ce n'était pas une recette fatale. Et elle, plus que moi, en avait reçu une plus grande dose, ce qui lui causerait à long terme des lésions internes problématiques. « Permettez. »

Je passai le doigt sur la plaie qui dépassait du col de son armure et le portai à mes lèvres.

« Hum, je vous ai donné une fiole il y a quelques temps pour vous guérir. L'avez-vous encore ? Elle pourra dissiper le poison dans votre sang. » Je la dévisageai longuement, attentivement, et avant de lui  prêter des critères de beauté incommensurable, j'ajoutai. « Je vous ai vu ouvrir un portail. Il faut réunir beaucoup de magie pour cela. J'ai...ou plutôt, nous , vous et moi, avons besoin de cette énergie pour mettre à mal celui qui vous a causé tous ces torts. »

Mon regard dut me trahir, car je songeais désormais à ce que j'allais pouvoir faire subir à un autre ange – si tant est qu'il s'agissait bien d'un ange, et cela me procurait un sentiment précoce de satisfaction. Je jetai un œil à Desmond, qui ronflait désormais comme un soufflet de forge et m'enquis auprès de la séraphine. « De plus, je suis curieux. Que vous-a-il fait exactement ? Cet homme qui vous a privé d'une vie d'abnégation et de chasteté ? Une fois que je saurai ça, cela me donnera une idée de projet à son égard, si vous voyez ce que je veux dire.»

Le mercenaire s'agita dans son sommeil, levant brusquement le bras pour chasser une guêpe imaginaire.
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Narydia Ventari

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Narydia Ventari
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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyLun 13 Jan 2014 - 15:49


« Je ne sais pas comment le prendre exactement. Comme tout le monde, je suis sensible à une intense chaleur, ou même à un froid intense. Ou alors vous ne comprenez pas encore tout à fait ce que je suis. Je suis fait de chair et d'os, tout comme vous. Le feu produit les mêmes effets que s'il s'agissait d'un autre humain, il n'est pas question de...d'auto-combustion. Est-ce que je ressemble tant que ça à un monstre de foire ? Nous avons certes une magie très particulière, et développons une affinité si proche avec notre plante de naissance que nous finissons par partager ses faiblesses. Cependant, elles ne nous sont pas fatales...Elles sont juste plus...»

L’ange remarqua son sourire et ne tarda pas à l’imiter, bien consciente qu’elle n’avait à l’évidence aucune idée de la nature du Syrinx. Elle n’avait jamais entendu parler des démons comme lui et son imagination avait sans doute pris le pas sur une explication plus sensée. Tout cela restait un grand mystère pour elle et il fallait dire que son interlocuteur ne l’aidait pas vraiment à y voir plus clair. Il ne voulait réellement pas se dévoiler, ou bien se réjouissait-il de la mettre dans le trouble, la forçant à se poser des questions et tirer des conclusions parfaitement superficielles et dénuées de sens. Le démon changea rapidement de sujet, abordant la question plus sensible de la quête.

« La quête, vous dîtes ? A vous entendre, notre escapade a quelque chose de chevaleresque... Vous savez. Depuis notre rencontre, je suis resté convaincu que vous me serez utile, et il s'avère que j'avais raison, avec ou sans tube. Au début, je devais simplement vous demander votre aide, car vous avez des pouvoirs somme toute conséquents et j'ai besoin d'une réserve de magie supplémentaire. Mais désormais...je me dis que cet artefact n'est qu'une babiole. Il avait de la valeur, mais il est remplaçable. »

Narydia resta songeuse un moment, lorsque le démon lui fit part de ses projets la concernant. Ainsi donc, il l’avait gardé à ses côtés pour des raisons pratiques, ce dont elle s’était doutée depuis le début. Pourtant, ses explications ne furent pas davantage précises et l’ange se mit à douter. Avait-il seulement besoin de sa magie ? Et surtout, pourquoi ? Il avait décidé de ne pas en dire plus à ce sujet, et la jeune femme n’avait aucune idée de ce qu’il comptait faire. Ce qui était inquiétant sans vraiment l’être puisqu’à présent, elle n’avait plus d’alliés à protéger des démons ou d’autres créatures maléfiques. D’ailleurs, les anges se plaçaient désormais davantage comme ses adversaire que les deux hommes présents à cet instant même. Alors qu’elle réfléchissait, Synëal repris la parole en enfonçant le clou sur sa situation déplaisante. Mais il avait parfaitement raison, et il ne servirait à rien de se voiler la face. Après tout, qu’avait-elle perdu ? Un peuple qui ne l’avait jamais considéré comme l’une des leurs, un Empereur qui avait toujours été satisfait de ses loyaux services et qui avait fusillé tout son honneur le jour où il avait décidé de croire en les mensonges d’un traître. Il avait balayé de la main tout ce qui avait auparavant été sa raison de vivre. Mais à présent, elle était différente. Ce recul qu’elle avait pris pendant des mois vis à vis d’Adyril lui avait ouvert les yeux à de nombreux sujets. Cette terre n’était pas pure et terre de justice comme elle voulait bien le paraître. Synëal l’avait lui-même compris : tout était tracé bien avant leur rencontre. Mais pourtant, l’ange ne regrettait absolument rien. A présent qu’elle connaissait la vérité, elle ne souhaiterait plus jamais se remettre au service d’un homme aussi corruptible et lâche.

La tirade du démon devint encore plus intéressante lorsqu’il lui proposa de participer à sa vengeance. Peu importait sa « façon », seul le résultat comptait. Elle voulait voir ce lâche retourner à la poussière.

En discutant, la jeune femme en avait oublié le poison qui s’insinuait dans ses veines, et en s’approchant d’elle, Synëal lui it remarquer ses propres tremblements. Elle sursauta, et le laissa faire lorsqu’il passa son doigt sur la plaie avant de tenter d’en connaître la nature. Décidemment, il n’avait peur de rien. Mais ce geste l’étonna par son authenticité : pour une fois, il ne semblait pas être sur la réserve.

« Hum, je vous ai donné une fiole il y a quelques temps pour vous guérir. L'avez-vous encore ? Elle pourra dissiper le poison dans votre sang. »

Narydia se trouva stupide de ne pas y avoir pensé plus tôt. Elle haussa les sourcils, laissant transparaître l’évidence de ce qu’il venait de déclarer. L’ange remarqua qu’il la dévisageait sérieusement, et elle se demanda un moment à quoi cela pouvait-il être dû. Peut-être était-il simplement fatigué pour se perdre ainsi dans ses pensées. Quoiqu’il en soit, elle resta immobile, tentant de dissimuler son gêne devant l’insistance de son regard. Mais finalement, il rompit de lui-même cet instant d’égarement.

Voilà donc la raison qui le poussait à avoir besoin d’elle. Et la jeune femme se doutait que sa vengeance personnelle n’était pas la seule raison. Sans doute voulait-il utiliser sa magie pour d’autres choses… mais il restait décidément trop secret sur ses intentions.  Pourtant, l’ange eu un petit sourire à l’idée de voir mordre la poussière à l’infâme séraphin qui l’avait jetée dans cette situation critique. Synëal lui lança un regard avant de poursuivre :

« De plus, je suis curieux. Que vous-a-il fait exactement ? Cet homme qui vous a privé d'une vie d'abnégation et de chasteté ? Une fois que je saurai ça, cela me donnera une idée de projet à son égard, si vous voyez ce que je veux dire.»

Narydia ne prit pas la peine de jeter un oeil à Desmond, qui semblait pourtant préoccuper le démon. La question de Synëal remuait dans son esprit et la jeune femme perdit doucement son sourire en repensant au moment où tout avait commencé. Le début de la fin, de sa fin sur Adyril. Malgré le ton ironique de Synëal, l’ange ne put s’empêcher de retrouver son sérieux et se rassit. Elle le fixa un instant puis commença :

« Les évènements ont débuté d’une façon tout à fait banale. Comme je l’ai déjà dis, il y a encore un an, je travaillais à la solde de l’Empereur en tant qu’éclaireuse. Ces broutilles que vous trouvez fascinantes, à l’image de l’ouverture d’un portail, sont devenues des banalités pour moi. L’instrument de mon travail et je dois admettre que je ne comprends pas votre motivation à ce sujet. En quoi le fait d’ouvrir un passage peut autant vous intéresser ? »

La question n’en était pas vraiment une et rapidement, Narydia poursuivit, sans une once d’amertume ou de rancoeur dans la voix :

« Puis un jour, en faisant ma patrouille habituelle, je suis tombée sur un Élu, exilé depuis un moment d’Adyril. Les raisons ne nous intéressent pas, je vais rapidement en arriver au fait. Nous nous sommes battus et j’ai été grièvement blessé à l’aile, tout simplement incapable de faire marche arrière et de retourner sur mes terres dans cet état. Nous avons donc parcouru Feleth quelques temps, dans l’attente que cette blessure guérisse et que je puisse rejoindre l’Empereur pour reprendre mes services. »

Elle s’interrompit un moment avant de soupirer.

« Ce fut une première erreur. Dès lors, je fut considérée comme une traîtresse, pour avoir partagé deux ou trois aventures avec un exilé. Et là arriva ce cher Séraphin qui me précipita dans votre terre natale. Le Vein. Un piège me fut tendu et je fus attirée par mon ami de longue date et ce séraphin sur ces terres hostiles, rendue à l’état de proie. Leur but était très simple : m’éliminer pour obtenir les éloges de l’Empereur lorsqu’ils auraient tué une traîtresse. Pourtant, je n’avais alors commis aucun acte contre Adyril… J’en réchappai de justesse, et je continuai ma route sur Feleth, sachant ma situation en Adyril préoccupante. Le sort s’acharna et je tombai sur un officier du Vein, qui me captura pour des raisons que je garderai pour moi… disons simplement qu’elles étaient parfaitement futiles. Ce même démon, Eldareth, a à son tour tenté de me tuer, aidé par son serviteur, Alexander. Encore une fois, j’en ai réchappé mais au lieu d’éliminer le démon, il a gagné mon corps, me condamnant à le supporter en moi jusqu’au moment où je parviendrai à l’en éjecter. »

L’ange s’arrêta un instant et se mit à sourire en pensant à ce souvenir.

« Ce que j’ai réussi à faire, puisque je l’ai marchandé à l’homme qui m’avait propulsé dans le Vein, en l’échange de sa parole. Il devait me promettre qu’il n’interviendrait plus sur mon chemin et surtout qu’il rétablirait la vérité aux yeux de l’Empereur, lui faisant comprendre que je ne l’avait jamais trahi. A vrai dire, j’ai toujours su qu’il ne tiendrait pas parole, pourtant, j’étais tellement rassurée de voir ce démon extirpé de mon corps que cela ne m’importait que très peu. Et voilà où j’en suis. »

Elle se releva et fit quelques pas pour s’approcher du feu. Lorsqu’elle fut tout près, les flammes s’intensifièrent d’elle-même, comme si elle avaient répondu à un appel muet. Elle dansèrent quelques secondes, avant de s’atténuer à nouveau. Narydia eu un léger rire et reprit, sans se départir de son sourire, les yeux rivés vers Synëal.

« Je suis tombée sur vous alors que je m’apprêtais à regagner Adyril pour me venger. Ou du moins pour tenter d’obtenir une audience avec l’Empereur afin d’éclaircir ma situation. Désormais, je sais qu’il est trop tard et que le message de ma trahison a parcouru les terres adyriliennes. Je suis à présent accusée d’avoir pactisé avec un démon, Alexander. Et à présent vous. Mais peu importe, plus rien ne m’attend là-bas. La seule chose qui m’intéresse désormais est de faire tomber la tête de celui qui m’a précipité ici. »

La jeune femme inspira doucement et accentua son sourire.

« Vous savez tout désormais. Je suis prête à vous suivre et à vous aider avec ma magie, si vous m’aidez à arracher la vie d’un autre séraphin. La méthode que vous utiliserez m’importe vraiment peu… En revanche, je vous signale que vous n’êtes pas très bavard lorsqu’il s’agit de parler de vous… »

Elle avait rajouté ces derniers mots avec une teinte d’humour espiègle. Mais elle détourna bien vite les yeux, afin qu’il comprenne qu’elle ne lui demandait pas d’en dire davantage s’il ne le souhaitait pas. Elle-même n’appréciait pas de parler de ces histoires, mais ces derniers évènements l’avaient convaincue que Synëal était sûrement plus digne de confiance que n’importe qui d’autre en ces temps troubles pour elle. Qu’il partage ou pas cette pensée, elle comprenait sa décision d’être si discret.
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Synëal Muspell

♘ | le Botaniste Ardent

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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyJeu 16 Jan 2014 - 19:12

J'étais certain qu'elle allait trouver curieux que je parlai du portail. Avait-elle deviné mes intentions ? Non ce n'était pas possible. Plusieurs hypothèses pourraient découler de ce simple terme, et je ne pensais pas qu'elle puisse avoir mis à jour aussi facilement mes projets. Cependant, si cela devenait trop délicat, je pourrais toujours lui mentir et lui faire part d'une autre escapade risquée en Adiryl. Elle finit par se distraire elle-même dans le synopsis de son histoire, chose que j'attendais avec impatience depuis qu'elle s'était confiée à Desmond, cette grande brute obtuse. J'essayai d'abord d'imaginer son parcours mentalement, mais j'abandonnai au bout de quelques instants. L'empathie n'était décidément pas dans mes capacités. Alors je me contentai de l'écouter attentivement, car j'étais sûr qu'elle ne réitérerait pas ton récit ultérieurement si je le lui réclamais.

« Les raisons ne nous intéressent pas, je vais rapidement en arriver au fait. »  C'était à moitié vrai, car je devais avouer que la curiosité me démangeait. « Tomber sur un Élu » impliquait une forme de hasard, mais je ne croyais pas en ce concept. Qui serait assez naïf pour croire aux coïncidences ? Le fait qu'ils se battirent tous les deux me laissa perplexe et douteux, mais je finis par comprendre que si elle l'avait croisé, ce n'était pas pour un rendez-vous galant.

« Nous avons donc parcouru Feleth quelques temps... » Je haussai un sourcil. Ne s'étaient-ils pas battus, je le supposais, à mort ? J'attendis simplement qu'elle finit de conter avec passion son récit pour soulever cet épineux problème de cohésion.

« Un piège me fut tendu et je fus attirée par un ami de longue date et ce séraphin sur ces terres hostiles... » Le Vein n'avait rien d'hostile. Inhospitalier était le mot adéquat, puisque que ce soit là-bas ou sur Feleth, le danger rôdait partout. Aucun territoire n'y faisait exception. Il s'agissait d'une question d'habitude et d'adaptation en milieu difficile. Disons cela comme ça. « Leur but était très simple : m'éliminer pour obtenir les éloges de l'Empereur lorsqu'ils auraient tué une traîtresse » Pourquoi n'étais-je pas étonné ? La trahison de ceux qui souhaitaient condamner d'autres soi-disant traîtres, la théorie du complot, le coup monté vicieux de certains instances pour obtenir crédit auprès d'une autorisé suprême, tout cela en camouflant la vérité, c'était si vil. Et prévisible. Étaient-ils réellement des anges ?

À nouveau, elle garda le secret quant aux intentions d'un officier du Vein qui l'avait capturé. Des raisons futiles, mais pour qui au juste ? Tant de mystère attisait mon intérêt plus que je ne l'aurai pensé. Et tout me prêtait à penser que tout le monde voulait la tuer. Je commençais à saisir pourquoi : son comportement indomptable devait en frustrer plus d'un. Je pensai à ce regretté Adenaël, menteur jusque dans la mort. Elle se leva, se soulageant ainsi du poids de son passé qui refaisait surface au fur et à mesure de sa tirade, et s'approcha du feu. Celui-ci se mit à danser devant elle. Je plissai les yeux en contemplant les flammes agitées. La possession était une chose horrible, je le concevais. Je savais certains démons capables d'employer telle pratique, mais ces êtres-là y perdaient leur dignité. Quel intérêt y-avait-il à prolonger sa vie en vivant par le biais d'un autre corps ? Elle poursuivit impassiblement son histoire en accrochant mon regard. 

«  Je suis tombée sur vous alors que je m'apprêtai à regagner Adiryl pour me venger » Regagner Adiryl et au passage, traquer un de mes sbires, pensai-je avec aigreur.

Le reflet des flammes sur son visage avait quelque chose de mystique qui m'empêcha de réfléchir. Et son sourire offrait un douloureux contraste avec la peine qu'elle avait montré. Les vies des gens normaux, de ceux qui sont nés au sein d'un fœtus, qui avaient connu le confort d'une chaumière ou d'une prison, étaient des plus compliquées. Un jour ou un autre, ils avaient connu le bonheur d'être eux-même et d'être restés en vie, et en s'accrochant à cette idée, ils en oubliaient que tout peut s'effondrer. J'avais toujours trouvé navrant que ces individus ne faisaient que reposer sur leurs acquis...Narydia en faisait partie, bien malgré elle, mais l'estime que je commençais à porter pour elle m'incita à ne pas faire d'autres commentaires.

Je lui rendis son sourire, mes yeux éclatant d'une lueur malicieuse et sinistre. « Il vaut mieux être victime de la vie, plutôt que de la mort, n'est-il pas ? Vous devez être terrifiée chaque jour de devoir affronter chaque jour un destin qui n'est pas le vôtre. », susurrai-je, sarcastique. Malgré tout, je cachai une vérité universelle dans mes propos. Le destin n'appartient à personne, et celui qui prétend en être le maître n'en est que le pantin.

Je réfléchis en me balançant doucement d'avant en arrière, les mains toujours croisés contre mon genou. Je conservai un regard lointain avant de lâcher simplement. « Je ne parle pas de moi parce qu'on ne me le demande pas, voire jamais. En outre, vous êtes l'exception. » Je soupirai, ne cachant pas ma réticence à devoir raconter des faits comme elle l'aurait fait. Des événements isolés n'étaient pas suffisants pour raconter toute une vie. Je me penchai et ramassai une pincée de terre que je déposai dans mon autre ma in. Je la levai à hauteur de mon visage, et regardai avec un léger sourire. Il n'y eut tout d'abord aucune réaction, mais je pris la parole au milieu de son crépitant des flammes désormais calmes.

« Je suis né ainsi. » Une feuille émergea des cailloux, lentement, péniblement, puis elle se développa soudain en se dressant. « Je n'ai jamais réellement su pourquoi j'étais là. Mais le fait est que j'étais là. » Une tige poussa la feuille en hauteur. «  Tout ce que je sais, c'est qu'une plante nommée chardon, a été imprégnée d'une magie si lourde de corruption qu'elle a germé d'un individu au cœur sombre, d'un individu aussi vil que la magie qui l'a enfanté. » Le bourgeon grandit encore, mais ne dépassa pas la taille de mon pouce. « Peut-être comprendriez-vous mieux ce que je signifie lorsque je dis être la haine. C'est la mort qui m'a fait naître, alors que tous les mortels s'accordent à penser que seul le résultat de l'amour peut aboutir à une naissance. Mon existence est un affront à tous les préceptes de votre univers. Pour être plus clair, un nécromancien est venu passer ses derniers instants dans le Vein, pourchassé par des Élus. Ils ont bien évidemment fini par l'achever, et il a perdu la vie, plein de remords, de regrets, mais il est surtout mort dans l'oubli. Je crois avoir hérité de toute la colère qu'il a purgé au moment de quitter son enveloppe corporelle. Elle fait partie intégrante de moi désormais, et je la transporte en sa mémoire. » Je secouai la tête, toujours avec un rictus. La germe fanait déjà sur son piédestal de terre. « Et savez-vous pourquoi il est mort ? Ce sagouin cherchait une façon de faire revenir à la vie ses parents décédés pendant un raid des démons. La nécromancie étant formellement interdite par les établissements de ce monde, il est devenu un criminel dangereux alors que la seule chose qu'il avait détruit était sa propre âme...Quel idiot. Son altruisme et sa gentillesse l'ont jeté au plus profond des abîmes du désespoir. » Je laissai choir le plant en basculant ma main. « Il m'a raconté tout ça dans un rêve. C'est assez fou. Ou du moins incongru. Parce que je suis fou - je serai toujours fou de rage - mais il m'est réellement apparu dans mes songes et l'entretien paraissait presque réel...comme si...comme s'il était en face de moi. » Les mots manquaient mais l'explication ne pouvait aller plus loin. J'époussetai mes mains.

Je marquai une pause, ne sachant qu'ajouter de plus. Desmond ronflait toujours. Des insectes crissaient dans l'obscurité et un oiseau nocturne lançait son trille sinistre dans l'attente d'un écho de ses congénères. « Pour le reste que dire... J'ai erré ci et là dans le Vein, en quête de réponse sur la signification de l'existence de toutes choses, jusqu'à accompagner un démon moitié animal, moitié humain en dehors, sur Feleth. Et je me suis mis à tuer. Pour le simple plaisir d'arracher des vies, de leur arracher l'espoir et toute possibilité de destin. Eux qui songeaient à la grandeur ou au bonheur, je leur ai tout enlevé. Avec du recul, j'ai fini par me dire que je tuais dans l'attente de voir une victime s'opposer à moi et m'empêcher de la tuer avec la seule force de ses convictions. Mais c'est impossible. La conviction n'est pas une arme, n'est pas une magie, ce n'est qu'une pensée, un conditionnement mental qui dicte une conduite, qui dicte un comportement pendant plusieurs années. La conviction évolue en même temps que la capacité de réflexion. Les convictions ne resteront jamais que des mots, et tant que ces imbéciles ne le comprendront pas, je continuerais à les tuer. Jusqu'à ce qu'ils me prouvent que la foi change tout. »

Je pouffai par le nez et la regardai avec amusement, la mine éclairée. Mais passons, je pense deviner ce que vous souhaitez savoir exactement » Le dos du colosse se fondait désormais tellement dans le décor qu'il donnait la vision d'un énorme rocher poli. «  Ma rencontre avec Desmond ! On peut dire que c'est le pivot de ma vie. Tout comme il y a des anges corrompus et avides de reconnaissance, il y en a d'autres qui souhaitent s'émanciper de l'institution plus qu'hasardeuse d'Adiryl. Desmond faisait partie d'une escouade de patrouille, un peu comme vous, et un jour, leur escouade trouva un hameau désolé, où résidaient encore quelques forces démoniaques. Les gens y étaient devenus fous et restaient reclus chez eux, en attendant de guérir du mal qui les dévorait de l'intérieur. Son chef soupçonna la présence d'un démon du Vein dans l'enceinte du village. » Je m'esclaffai. « Ah ! Il ne croyait pas si bien dire. J'avais empoisonné l'eau de leur puits afin de tester les effets d'une décoction qui créait un sentiment proche de la paranoïa. » Je me frottai le menton en gloussant. « J'en ai fait des choses décidément, et celle-ci figure parmi les plus marquantes. Ils ont donc mené leur inspection, sans toutefois se pencher sur leur diététique. Ce qui était dommage puisqu'ils auraient du commencer par là. Ils ont décidé d'approfondir leur enquête, et ont donc établi un campement non loin, afin de ne pas rester à vue des villageois qui auraient tôt fait de les chasser, craignant que ces créatures venues d'un autre monde soient hostiles. Desmond monta la garde la première nuit, laissant donc vos chers compatriotes baigner dans un doux sommeil. J'approchai de lui et jouai la carte du villageois méfiant qui avait osé quitter sa maison. Je l'invectivai aussitôt en lui criant de déguerpir, le village n'avait que faire d'inconnus et il deviendrait menaçant s'ils ne quittaient pas impérativement les lieux. Ma comédie sembla fonctionner, il me confondit vraiment avec un manant. Il fit quelque chose d'étonnant cependant. Il me poussa en arrière en grognant que c'était leur travail de nous apporter la sécurité. Et de peu, il manqua de faire échouer mon plan, car ma couverture ne prévoyait pas un comportement aussi agressif. Je revins donc à la charge, feignant vraiment d'être en colère, mais il ne réagit pas comme un soldat l'aurait fait. Il me flanqua d'une bourrade au sol...Il n'était pas aussi grand qu'il l'est maintenant mais sa force lui permettait de renverser un cheval. Imaginez donc ma douleur. Et la suite devient intéressante, restez attentive. Le chef arriva et conseilla à Desmond de me tuer, ce qu'il ne put évidemment faire car il ne s'en prenait pas aux innocents. Et au moment où cet ange allait me tuer, Desmond l'en empêcha et le frappa...Notre cher Desmond était vraiment empli de principes...et je crois que seul moi-même avait vu dans son regard sa vraie nature...Il voulait rendre justice mais cela cachait un trop lourd secret. Il s'est donc fait immédiatement radié de son unité, chose qu'en réalité, il attendait depuis longtemps, et il m'a suivi, car je lui ai dit que je comptais quitter ce village condamné. »

Un sourire glissa vers le colosse ronflant. «  Ce n'est que plus tard que je lui ai avoué être un démon, et vous savez ce qu'il m'a dit ? Il m'a d'abord regardé de ses grands yeux stupides, vous voyez, ceux qu'il fait lorsque vous lui expliquez quelque chose de simple et il a répondu avec sa grosse voix : ''Avec ou sans toi, ce hameau était condamné. Ce n'est pas toi le vrai démon. '' Je plaquai mes mains sur ma tête, pour mimer ma surprise à ce moment-là. « Je n'en revenais vraiment pas. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid que je sois un démon. Quand je lui ai annoncé, j'imaginais déjà un combat dantesque dans lequel je n'en ressortirai pas indemne, mais au final...il l'a plutôt bien pris ! »

Je gloussai en secouant la tête, les yeux levés au ciel, puis reprit un air sérieux. « Par contre, je n'ai toujours pas compris pourquoi il a dit que ce n'était pas moi le vrai démon. J'ai pourtant été d'un machiavélisme sans borne, j'ai tué des dizaines, voire des centaines d'humains...Si ce n'est pas ça être un meurtrier, alors … ! »

En évoquant moi-même les mots du colosse séraphin, je fus à nouveau plongé dans le mystère de ses propos. En effet, que cela cachait-il ? Je savais que lui n'était pas du tout pur, qu'au fond, il n'avait rien d'un séraphin. Parlait-il de son passé ou d'un autre concept manichéen qui m'échappait ?
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Narydia Ventari

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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyVen 17 Jan 2014 - 16:31


Synëal avait souvent ce regard malicieux dans les yeux, signe qu’en dépit des apparences, il était intéressé davantage qu’il ne voulait bien le faire croire.

« Il vaut mieux être victime de la vie, plutôt que de la mort, n'est-il pas ? Vous devez être terrifiée chaque jour de devoir affronter chaque jour un destin qui n'est pas le vôtre.»

L’ange sentit bien la pointe de provocation dans sa voix et y répondit par un sourire en coin. Cet homme là aimait jouer, ce qui n’était pas désagréable. Elle rétorqua toutefois :

« Je ne cherche pas à manipuler mon destin ni à le changer. Ma vie évolue, simplement, et je ne regrette rien du passé. Et je ne vais certainement pas reculer car un autre que moi l’a décidé. »

Son interlocuteur semblait réfléchir et son attitude se fit lointaine, jusqu’à ce qu’il prenne la parole.

« Je ne parle pas de moi parce qu'on ne me le demande pas, voire jamais. En outre, vous êtes l'exception. »

Voilà qui était plus qu’étonnant… Le démon était très intriguant et cultivait son mystère. Comment ne pas vouloir en savoir plus sur lui ? A moins qu’il n’ai pas eu l’occasion d’en arriver là… Sans doute fallait-il parvenir à l’approcher, ce qui n’était pas simple. Et l’ange elle-même s’étonnait qu’il lui déclare ce genre de chose. Son soupir confirma ses doutes : il n’aimait définitivement pas parler de lui, mais qui l’en blâmerait ? Elle l’observa ramasser de la terre qu’il éleva devant ses yeux en souriant. Son élément. L’ange pensait comprendre le lien qui les unissait l’un à l’autre, comme celui qui la liait elle-même au feu. Elle fixa la feuille qui grandissait dans sa main, inlassablement. Était-elle dotée de la vie comme n’importe quel autre plante ?

La séraphine n’avait jamais entendu parler de ce phénomène… une plante germant d’un individu, voilà qui était assez exceptionnel et surtout très difficile à concevoir. Elle remarqua que le démon associait son existence directement à ce nécromancien. Ce qui était sans aucun doute justifié mais pourtant…il avait l’air de penser que leurs deux êtres étaient fondamentalement les mêmes. Ne comprenait-il pas qu’il était une personne différente ? Narydia n’avait pas la vision qu’il avait lui-même de lui. Elle ne le voyait ni comme un être haineux, ni colérique. Certes, il avait quelques tendances un peu plus poussées que la normale, comme il le lui avait prouvé avec le lieutenant, mais cela était propre aux démons. Au delà de cela, il était doté d’une conscience, d’émotions et de sentiments bien réels. Et même s’il ne les voyait pas, l’ange les avaient remarqué depuis le début. Déjà parce que n’importe quel démon haineux ne lui aurait pas laissée la moindre chance à leur rencontre. Il lui aurait pris la vie, par pur plaisir. Et l’attachement qui le liait à Desmond était une preuve encore plus forte. S’il pouvait éprouver de la haine envers ceux qu’ils voulaient éliminer légitimement, Narydia se doutait qu’il n’oserait jamais s’en prendre à un être cher, comme Desmond. De la haine oui, comme n’importe qui. Mais il y avait aussi autre chose.

L’ange ne l’interrompit pas et écouta attentivement son récit. Ses certitudes s’éfritèrent lorsqu’il lui parla des vies qu’il avaient prises pour le plaisir, mené par la haine. Ou plutôt par ce qu’il croyait être. La jeune femme en était persuadée, il n’était pas si mauvais qu’il le prétendait. D’ailleurs, il ne lui avait rien montré de tout ce qu’il pouvait dire.

Alors qu’il poursuivait, l’ange finit par se rasseoir et posa ses mains un peu derrière elle, levant les yeux vers le ciel obscur, songeuse. La nuit était silencieuse que seule la voix de Synëal venait perturber. Du coin de l’oeil, elle l’observait raconter son histoire, sourire au coin des lèvres. Il semblait absorbé par le récit, n’hésitant pas à pouffer de rire lorsque l’occasion se présentait, arrachant un large sourire à l’ange qui ne comprenait pas forcément les circonstances mais qui avait presque envie de rire rien qu’en le voyant.

Leur histoire à tous les deux n’était pas si surprenante, et l’ange avait l’impression de se voir par l’intermédiaire de Desmond, lorsqu’il s’était dressé contre les principes de leur terre natale. Tous les deux avaient été déçus par ceux qui avaient autrefois été leurs frères. Rien ne la surprenait dans cette histoire.

Narydia manqua vraiment de rire lorsque Synëal lui fit part de son incompréhension face à la réaction de Desmond. Il n’était vraiment pas perspicace… Elle tourna la tête vers lui et lui lança un sourire :

« Et vous allez me faire croire que vous êtes un homme sans principes, chargé de haine et dénué de sympathie ou que sais-je encore… »

Cette fois, elle ne pu retenir son rire.

« Vous avec une conception bien manichéenne du monde. Croyez-vous vraiment que les anges sont le bien, et les démons le mal ? Croyez-vous que vous êtes né mauvais, engendré par la haine ? Non. Vous êtes vous même. Et ce nécromancien est ce qu’il est. Du moins était. Vous êtes deux personnes différentes et vous (elle appuya sur ce mot) êtes un être à part entière. »

Sans se départir de son sourire, elle enchaîna sans le quitter des yeux :

« Vous pensez que je suis effrayée par un destin qui n’est pas le mien, mais vous vous trompez. Je l’ai choisi et il n’en pas autrement. Même si on ne peut le contrôler, vous pouvez au moins décider de mener le vôtre, plutôt que de mener celui de l’homme qui fut votre créateur. Un homme que vous ne serai jamais parce que vous ferez votre propre choix et que vous avez votre propre personnalité. Quant à Desmond, son attitude ne m’étonne pas. Il a préféré prêter son existence à un homme qui, à défaut d’avoir les mains blanches, est honnête et assume ses actes. »

Elle soupira et son regard dévia vers les flammes qui ne cessaient de crépiter près d’eux, leur dispensant une douce chaleur qui réconfortait son corps entier. D’une voix plus basse, elle reprit :

« Ce que j’aurais également fait face à ces menteurs abjectes, qui se prétendent défenseurs de la justice mais qui ne sont qu’un ramassis d’hypocrites sans cervelle. Voilà ce qui vous aveugle face à Desmond : vous pensez à ce qu’il a perdu, mais vous ignorez ce qu’il a gagné en faisant route avec vous et en délaissant sa terre. Il s’agit de ses valeurs et de son honneur, qu’il n’a pas souhaité bafouer ce jour là. »

A nouveau elle se tourna vers lui pour l’observer :

« Il n’a pas jugé vos actes, mais ce que vous avez dans le coeur.»

L’ange eu un léger rire et se redressa, un peu nerveuse.

« Ne croyez pas que je dis cela pour vous faire plaisir ou que je vous juge trop vite, car vous êtes un démon haineux et un meurtrier après tout… »

L’ironie était perceptible dans sa voix et ne pouvant tenir en place, l’ange se releva et fit quelques pas près du feu. Après plusieurs secondes, elle porta la main à sa ceinture et en retira la minuscule fiole qu’il lui avait donnée le premier jour. Elle la tourna entre ses doigts et la désigna de la tête au démon.

« Vous auriez pu me tuer cent fois, mais vous ne l’avez pas fait. Oui vous avez besoin de moi, mais je suis certaine que quelqu’un d’autre vous aurait apporté bien plus de satisfaction. J’ai rencontré des démons. De ceux qui torturent pour le plaisir, pour leur satisfaction personnelle. J’aurais très bien être une simple prisonnière que vous auriez considéré plus bas que terre, mais non. Rien de cela. Le seul lien qui vous lie à la haine dont vous parler, est une poussière infime qui vous obscurcit les pensées et vous empêche d’être celui que vous souhaitez. La question est là : le souhaitez vous ? Souhaitez-vous être un homme meurtri par la haine et la culpabilité, les regrets et la souffrance ? Vos rires me prouvent que non, vous n’avez pas un mauvais fond, et vous ne voulez pas de cette vie. Vous êtes peut-être un démon, mais s’il y a bien deux races qui portent mal leur nom sur ces terres, ce sont bien les nôtres. »

Elle en disait trop et en avait bien conscience. Il pourrait choisir de lui faire payer ses paroles au prix fort… mais c’était bien plus fort qu’elle. Elle ne cessait de l’entendre tenir ce discours depuis leur rencontre, de manière infondée. Il avait l’air de subir son destin, sa naissance, son existence, mais pourquoi ?
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Synëal Muspell

♘ | le Botaniste Ardent

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Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyVen 17 Jan 2014 - 20:15

Le silence tomba comme un couperet. Installé comme je l'étais, j'avais cependant l'impression qu'un étrange vertige me tirait en arrière. J'eus du mal à soutenir son regard et elle-même parut gênée après son discours.

Il y avait de quoi. Elle venait de mettre le doigt sur des parcelles de mon âme camouflées et renflouées au fond de moi. Des émotions contradictoires se bousculèrent. Qu'étais-je au juste devant elle ? En quelques instants, elle venait de me faire la révélation que je n'étais pas mauvais, et à quelques phrases près, on aurait dit les propos de Desmond il y a quelques mois. Ne l'avais-je pas insupporté durant toute la première moitié de notre voyage ? Avant l'attaque des loups, elle était prête à en finir. Et je devais avouer que l'idée de l'achever sans autre forme de procès m'avait traversé plusieurs fois l'esprit. Je soupçonnai qu'elle vit la mort d'Adenaël comme une forme de service que je lui aurai rendu. Pourtant, le visage qu'elle avait affiché lorsque je lui ai remis son cœur n'était pas trompeur, elle se serait bien passé d'un tel présent. Ses principes l'interdisaient sans doute de cautionner ce genre de pratiques brutales.

Pourtant, ce fut un littéral coup de pioche en plein dans la carapace qui me laissa coi de stupeur, alors qu'elle enchaînait les allusions à certains actes de bravoure, et certaines attitudes qui laissaient penser que j'étais comme qui dirait, une personne de confiance.

«... est honnête et assume ses actes. ». Honnête. Avais-je bien entendu ? La mine aussi tombante que celle d'un idiot, je la dévisageai, les yeux dans le vague. Honnête. Ce mot se répéta dans mon esprit comme un écho. Et quelque chose hurlait en moi, comme si elle voulait se libérer. Ça luttait et ça se débattait pour se libérer des entraves qui étaient là depuis des décennies. Mais pourtant, je ne laissai rien paraître de cette subreptice lutte intérieure.

J'étais tout simplement stupéfait qu'elle puisse arriver à un constat tel que celui-ci. Et ce n'était pas totalement fallacieux d'annoncer que j'avais mon propre destin. Et je le savais parfaitement. J'avais cependant choisi de promouvoir la rancœur de ce brave magicien noir, car elle ne m'avait pas été imposé...Clignant les yeux comme si une bourrasque me frappait le visage, je commençai à prendre la parole d'un ton neutre et creux, en hochant la tête.

« Vous avez raison. Je suis ce que je suis. Mon destin m'appartient et je dois mener la vie que j'ai choisi. » Je reniflai en regardant ailleurs. « Mais vous avez tort et vous êtes peut-être un peu à côté de la vérité sur certains points. J'ai vraiment besoin de vous pour cette quête, vous savez. Je me permettrai de tout vous expliquer après, puisqu'il est clair que vous avez fait un choix entre votre vie angélique et votre vie d'exilée. Je vous dois bien cela. » J'inspirai brusquement en gonflant mon torse, essayant de conserver mon assurance. « Je tue et j'ai tué pour le plaisir. J'ai torturé, pillé...Je n'ai jamais violé, peut-être faudrait-il que je tente si l'envie me prend un jour. J'ai toujours éprouvé le simple plaisir d'ôter une vie. C'est comme se débarrasser d'une croûte gênante. Cela vous procure un court sentiment de soulagement mais c'est tellement bref que c'en est frustrant. Alors on recommence, et on recommence. J'ai tué par haine aussi. Adenaël en est la preuve. » Je lorgnai mes mains tristement pâles, et non rouges comme je m'y attendais. « Et j'ai été engendré par la haine, je pensais avoir été clair dessus. » Je frappai mon torse. « La haine de ce type m'habite, elle fait partie intégrante de moi. C'est comme ça. Et le pire dans tout ça, c'est que je n'ai absolument rien contre le fait qu'elle m'envahisse, rien. J'appuyai ces mots en la regardant dans les yeux, avec une expression certaine. «  Je souhaite être ainsi. »

Je poussai un autre soupir sonore, et me redressai en m'appuyant sur mes genoux. Je fixai un point au loin, plongé dans mes pensées, cherchant les mots qui se rapprochaient le plus de ce que je ressentais, tout en essayant de ne pas blesser une personne si intelligente qu'elle s'était subtilement glissée derrière mes défenses.

« Je ne suis pas meurtri par la haine, je ne suis pas rongé par la culpabilité et les remords, je ne suis pas affaibli par la souffrance. Bien au contraire, Narydia. Ces vices me rendent plus fort, plus robuste. À l'instant, vous venez simplement de me rendre plus vulnérable en mettant en avant tout le bien que j'ai pu apporté à ce gros abruti. Ou même que j'ai pu vous apporter. Je n'ai pas demandé à ce qu'il me suive tout d'abord. » dis-je en pouffant du nez de dépit, secouant encore la tête. Il me fallut tout le courage nécessaire en pressant mon cœur de toute la force de ma volonté pour ajouter. « Mais je ne sais pas ce que j'aurai fait sans lui. »

Et voilà, Synëal, tu viens de révéler l'un de tes plus gros points faibles devant une femme que tu as rencontré il y a deux jours. Il fallait que je reprenne le contrôle, que je ne perde pas la consistance de toute cette colère qui me permettait de me protéger d'individus comme ces anges qui nous ont traqué. Je me retournai brusquement vers elle en haussant la voix

« J'ai besoin de cette haine ! »

Je prenais beaucoup trop de recul. Ses paroles s'étaient immiscées tellement profondément en moi que je voyais désormais par les yeux de la séraphine : un démon aux cheveux ébouriffés, les yeux fous, brillant de leur éternel éclat doré impersonnel, la veste déchirée, avec juste une langue trop bien pendue. Je trouvai enfin une piste de réflexion relative pour ne pas perdre le contrôle et reprit d'un ton plus calme.

« Je ne vais pas vous demander de vous méfier de moi parce que je risque de vous faire du mal, mais parce qu'il est impossible de faire confiance en qui que ce soit. Croyez-vous que toutes ces pulsions sont gratuites ? Pensez-vous réellement que je cherche à échapper à un quelconque salut ? Je suis certain que vous commencez à penser la même chose que moi...Un peu de haine protège. »

Je me laissai tomber sur la souche qui faisait office de siège précaire. Me frictionnant les mains, je me rendis compte de l'emportement qui avait eu raison de moi. Pourquoi étais-je énervé subitement ?

« Je ne sais plus trop quoi penser, en réalité. Vous avez raison. Quelque chose obscurcit mes pensées. Cette rage est intrinsèque et par moments, j'ai l'impression qu'une autre entité agit à ma place. Ou presque. Car j'y suis aussi consentant.»

Je soufflai doucement, histoire de remettre de l'ordre dans mes pensées. À cet instant, je ne voulais pas paraître plus fou que je ne l'étais. Elle avait presque tout deviné. Je ne pouvais plus cacher certaines raisons, certains motifs. J'en avais décidément trop dit, mais il était clair que cela devait arriver. Oui, cela devait arriver, car si je n'arrivais pas à tuer une personne dans les premières minutes qui suivent la rencontre – et qu'en plus, je partageais des heures de compagnie avec elle – cela finissait par une discussion tournée vers moi. Plus que pour toutes les autres personnes que j'avais croisé durant ma vie, j'avais aussi le sentiment d'être un mystère déterré que Narydia tentait de résoudre. Je tapotai mes genoux de mes doigts, réfléchissant à nouveau péniblement, puis ajoutai sans préambule.

« J'ai besoin de vous pour ouvrir un portail aussi grand qu'un village entre le Vein et Feleth. Des démons se rueront évidemment dans ce monde, mais ce n'est pas le but. Je compte absorber la magie dégagée par l'ouverture de ce portail pour la transfuser dans une graine. Cette graine contiendra assez d'énergie pour qu'elle puisse me permettre, après ingestion, de devenir immortel. »

Je levai les mains, exaspéré, évitant soigneusement de la regarder. « Je suppose qu'il s'agit-là d'une belle preuve d'honnêteté, n'est-ce pas ? » Le ton n'était pas au sarcasme, il était emprunt d'une tristesse que je ne soupçonnai pas. Et je ne pouvais décidément plus me plonger dans ses yeux limpides sans que je sentis ce fulgurant vertige me frapper de nouveau au creux du ventre.

C'était une ange tout ce qu'il y a de plus surprenant, et elle était d'un genre épanoui qui ne me déplaisait pas du tout. C'était aussi une femme de caractère qui n'avait jamais baissé les yeux devant moi, qui m'a toujours résisté jusqu'à susciter chez moi un sentiment proche de l'admiration. Inaccessible et proche de moi en même temps, l'idée de lui tenir la main ne serait pas suffisante pour que je puis appréhender complètement ce qu'elle était.

« J'ai juste une question...Que pensiez-vous que j'ai dans le cœur ? »
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Narydia Ventari

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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyVen 17 Jan 2014 - 21:29


L’ange observait sa réaction, redoutant déjà des étincelles. Mais à vrai dire, le démon semblait davantage cloué sur place, le regard vide, qu’en proie à une violente colère. Ses convictions sur sa haine la surprirent et la jeune femme fut rapidement prise au dépourvu. Pourtant et malgré tout ce qu’il disait, Narydia était persuadée qu’il ne tuait pas son raison. Mais que pouvait-elle savoir après… elle le connaissait si peu. Sans doute s’était-elle trop avancée sur des terrains laborieux et douloureux. Elle n’avait pas son mot à dire et avec le recul de l’instant, elle se sentait même très mal à l’aise vis à vis du démon qui semblait agité par tous ces propos.

Elle comprenait pourtant son point de vue lorsqu’il lui avouait que les pires sentiments le grandissaient. Elle aussi, c’était la souffrance et les regrets qui l’avaient forcée à se battre, qui l’avaient rendue plus forte. Et lorsqu’il fit allusion à Desmond, elle comprit. A ses yeux, le lien qu’il avait développé avec Desmond et l’entre-aide qu’ils avaient partagés étaient contraires à ses « principes ». Narydia se remémora leur première altércation et une phrase lui revint en mémoire. Il avait dit apprécier la solitude… C’était évident. Cet homme s’était forgé une carapace derrière le crime, la violence et la haine. Parce que derrière cette façade qu’il entretenait, malgré cette distance qu’il gardait face à l’adversaire, il était fragile. Et il se protégeait. Son attitude à cet instant le prouvait. Il était désorienté face à elle, alors qu’elle avait tenté d’ouvrir un passage pour déceler le vrai du faux, l’apparence de la réalité. Il n’avait de démon que le nom… pour le reste, il débordait d’humanité sans s’en rendre compte. Et il parvenait à lui dévoiler cela, à l’approuver sur certains points, sans tenter de la rejeter ou simplement de l’envoyer s’occuper de ses affaires.

Quelque part, l’ange n’en revenait pas. Parler avec lui, de lui, était soudainement devenu naturel et elle ignorait elle-même comment elle avait pu déclencher pareille conversation. Mais elle se demandait surtout comme il était possible qu’elle soit encore vivante, tant est qu’il était plein de haine, selon ce qu’il disait… Il aurait aussi bien pu l’écorcher sur place alors qu’elle venait de sérieusement l’embarrasser. Mais au lieu de cela, il avait décidé de rentrer dans le jeu.

Un moment interloquée, l’ange hocha doucement la tête lorsqu’il lui confia qu’il lui était impossible de faire confiance à autrui. Et il confirma ce qu’elle pensait, de lui-même, la surprenant une nouvelle fois. Voilà qu’il lui avouait ses faiblesses, sans remords, et sans retenir ses mots. A présent il se frictionnait les mains, froid ou nervosité, elle n’aurait su le dire, mais elle n’osa pas approcher.

Lorsqu’il reprit la parole, les éléments de ce puzzle compliqué s’assemblèrent d’eux même. Oui, il supportait la haîne qu’il pensait être celle du nécromancien. Il la supportait pour mieux la dresser autour de lui comme une barrière. Alors qu’elle l’écoutait, l’ange contemplait la fiole sans réellement la voir. Les mots du démon s’entrechoquaient dans son esprit, et à l’annonce de son projet, elle sentit son corps se raidir. Elle détourna les yeux vers lui, paralysée par la stupeur. Pensait-il réellement ce qu’il disait ? L’ouverture d’un portail entre Feleth et le Vein assurerait un chaos innommable. Et même s’il lui assurait que son unique but était de trouver l’immortalité, avait-il seulement conscience de ce que cet acte engendrerait sur le monde ? Bien-sûr, il en avait conscience… Mais alors pourquoi ? Allait-il encore s’appuyer sur l’argument de la haine ? Comme il le disait lui-même, quelque chose ne tournait pas rond.

« Je suppose qu'il s'agit-là d'une belle preuve d'honnêteté, n'est-ce pas ? »

L’ange secoua la tête, dépitée. Il venait de faire tomber en quelques phrases le sens qu’elle essayait de donner à ce comportement. Mais c’était à ne plus y rien comprendre. Elle ne pouvait pas le laisser mener une telle entreprise, et encore moins y prendre délibérément part. Là dessus, il lui fallait une explication. Mais avant cela, Synëal reprit la parole :

« J'ai juste une question...Que pensiez-vous que j'ai dans le cœur ? »

La question la surprit et un instant, elle en fut déstabilisée. Voilà qui avait fait s’évaporer presque aussitôt l’animosité qu’elle avait senti grimper en elle à l’annonce de son projet. Que voulait-il savoir exactement ? Était-ce un moyen pour lui de la tester, d’essayer de déceler une forme de naïveté ? L’ange inspira puis déclara d’une voix neutre :

« Je ne suis pas encore en mesure de répondre à cela. »

Sa voix se fit lointaine tandis qu’elle poursuivait, en prenant garde à ne pas le fixer trop intensément.

« Mais je pense que vous avez édifié une protection autour de vous, un mélange de haine et de méfiance, peut-être de solitude et de souffrance, afin de ne pas être blessé. Vous vous êtes dis à peu près insensible, supportant tout sans rechigner lorsque nous nous sommes rencontrés. Eh bien je crois que cela ne peut signifier qu’une chose : la peur. Vous souhaitez contrôler les choses et vous avez horreur qu’elles vous échappent. Comme maintenant. Vous êtes déstabilisé par ce que j’ai pu vous dire car comme vous l’avez dis, personne ne vous a jamais interrogé sur vous et je suppose que personne n’est parvenu à comprendre une parcelle de vous. Je n’en ai pas l’ambition et je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas… simplement, je tente de comprendre ce qui vous pousse à penser cela et à agir ainsi, comme si vous étiez un être infâme alors que ce n’est pas le cas. »

Elle se garda bien d’ajouter qu’elle le voyait bien davantage comme un humain que comme un démon, mais mieux valait ne pas trop attiser le feu. Elle en avait déjà trop fait et se réjouissait intérieurement que son intrusion ne lui ai pas valu un sérieux règlement de compte.

Mais d’autres choses pressaient. Les traits de son visage se durcirent alors qu’elle repensait au projet de Synëal. Elle comptait bien lui faire part de son point de vue et surtout, lui faire comprendre qu’elle ne participerait pas à cette fin du monde qu’il prévoyait. Quant à l’immortalité… l’ange ne comprenait pas qu’il puisse la désirer. N’était-ce pas suffisant de vivre une vie normale, sans devoir affronter les maux du monde et les infamies pendant des siècles ? Ses yeux s’assombrirent légèrement et elle fit quelques pas dans sa direction, s’arrêtant devant lui. Malgré son visage un peu dur et ses yeux étincelants, elle adopta une voix proche de la douceur, afin de lui faire comprendre qu’elle ne cherchait pas à se lancer dans des hostilités.

« Vous êtes conscient de ce qui se passera si vous ouvrez cette faille. Des démons en sortiront, certains civilisés… et d’autres, de véritables bêtes sauvages. Souhaitez-vous vraiment voir la fin de Feleth arriver ? Que ferez-vous, lorsque le monde sera détruit par des créatures immondes, que ferez-vous alors de votre immortalité ? L’immortalité… »

Elle secoua la tête, dépitée.

« L’immortalité, à quoi cela peut-il servir… voir le chaos défiler sous vos yeux pendant des siècles, les guerres, voir les gens périr tout autour sans rien pouvoir y faire… »

L’ange soupira et remarqua que nervosité était à deux doigts de fracasser le flacon entre ses doigts. Elle soupira et tenta de refouler l’afflux d’animosité qui la gagnait progressivement, lorsqu’elle pensait au massacre à venir. Elle jeta son regard dans celui du démon et reprit cette fois-ci avec assurance :

« Ne me dites pas que votre haine couvrira votre culpabilité lorsque vous aurez sur les mains le sang de, non pas des centaines, mais des milliers d’innocents. Pensez-vous qu’il vous plaira de demeurer, immortel, au milieu d’un chaos sans nom engendré entre les mondes ? Je ne peux pas cautionner cela. Et je ne peux pas non plus vous aider. Vous vous êtes attaché à Desmond comme un frère. Je ne peux pas croire que vous commettrez ces crimes sans état d’âme. »

Narydia le fixa un moment dans les yeux, tentant de déceler des motivations qu’il gardait pour le moment muettes. Il était le seul démon qu’elle eu connu en quatres siècles, le seul qui fut capable de projeter une quelconque réelle amitié pour une personne. Un séraphin, qui plus était. Cet homme là était doté d’autant d’émotions qu’un humain. Il n’avait rien avoir avec les bêtes sanguinaires qui peuplaient le Vein et qui elles, commettaient des crimes abjectes sans réaliser ce qu’elles faisaient vraiment. L’ange secoua doucement la tête, nerveuse, et lâcha :

« Vous valez mieux que cela. »
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Synëal Muspell

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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyLun 20 Jan 2014 - 15:21

Il eut été évident qu'elle ne cautionnât pas un tel projet.

Et pourtant, pendant un bref instant, j'avais osé l'imaginer prendre part à mes opinions. N'était-ce pas elle qui voyait ses congénères se retourner contre elle suite à un malentendu, eux-même qui la considéraient tout autant que si elle était une démone ? Le désir de revanche devait être plus fort que de si basses considérations quant à l'ouverture d'un portail.

Elle répondit d'une façon distante sur l'image qu'elle avait de moi. Je fus à la fois déçu et exaspéré. Déçu de ne pas avoir entendu ce qui m'aurait permis de franchir cette barrière invisible même à mes yeux, et exaspéré car j'avais prévu ce léger retournement. Qu'avais-je donc pu attendre ? Et du même temps, pourquoi avais-je senti quelque chose se craquer en moi ? Je la regardai sans mot dire, l'oeil vide. Elle ne m'avait pas vraiment dit ce que j'étais à ses yeux, contrairement à ce que j'avais pu attendre. Elle s'était juste contenté de me considérer d'un œil objectif...Du moins, s'il était subjectif, cela était encore plus navrant. Dans son expression, je lisais cependant de l'hésitation mais sa source exacte m'était encore tout à fait inconnue.

« Simplement, je tente de comprendre ce qui vous pousse à penser cela et à agir ainsi, comme si vous étiez un être infâme alors que ce n'est pas le cas » J'en étais un, vraiment, mais devant elle, je perdais mes moyens, voilà la vérité. Si je l'avais agressé dès mon arrivée sur Feleth, cela aurait tout changé. Y compris le fait que nous ne serions sans doute pas là à discuter. Alors, quelle aurait été la meilleure chose à faire ? Lui prouver que je n'attendais rien de plus de la part des autres individus, ou la laisser me convaincre que je ne faisais que me protéger devant tous ces maux ravageurs dont souffraient les mondes. Comment lui faire comprendre qu'elle devait absolument se méfier de moi car un jour, ce ne seront pas que de simples menaces ?

Simplement, je ne pouvais pas.

Je me dressai en poussant un long soupir, m'écartant d'elle pour garder les idées claires. Sa présence aussi proche me perturbait. C'était d'ailleurs inhabituel que quelqu'un s'approchât autant de moi. À ce moment-là, les idées s'entrechoquaient dans ma tête, et le choix de mes mots influerait sur la suite de notre alliance – si toutefois était-elle encore enclin à poursuivre le reste du chemin avec nous. Plaquant mes mains sur mes hanches, j'évitai soigneusement de croiser son regard.

«  Qui ne rêverait pas d'immortalité ? Pouvez-vous me le dire ? Qui n'a jamais essayé d'effleurer l'existence d'une divinité? Ou quelque chose qui s'en rapproche ? » Mon assurance reprenait ses droits au fur et à mesure du discours. « Ah oui, sans doute les anges ! Bien à l'abri dans leur monde du Dessus, surplombant le reste des mondes d'un œil bienveillant ! Qu'ont-ils à envier aux autres ? Je me pose bien la question ! » persiflai-je d'un ton acide.

Je secouai la tête, irrité, mais je me savais à court d'arguments pertinents, surtout pour lui faire changer d'avis. De plus, ma déception se mêlait à mon impatience, ce qui n'arrangeait pas la confrontation de mes idées face aux siennes. Elle avait tant percé à l'intérieur de moi que je m'en sentais diminué, et dans tout ça, je n'arrivais toujours à me mettre en colère. Je m'en voulais même de ne pas avoir levé ma garde plus tôt. Le poing crispé par une émotion étrangère, je laissai sur mon visage le masque du mépris.

« Peut-être que je souhaite contempler le monde s'effriter le chaos. Ou peut-être même, que je serai l'instigateur de ce chaos ! Avec ce pouvoir, j'écraserai des vies, comme il me chantera, sans crainte de représailles, ni d'y perdre la vie. J'écraserai ceux qui veulent écraser, et ce sera d'autant plus satisfaisant car ils se croient encore les plus scrupuleux, alors qu'ils ne font pas de zèle avec l'existence de ceux qu'ils jugent inutiles.» Et d'un ton plus caustique et vif « Sans doute que vos amis ont très bien compris comment ça fonctionnait, ainsi, ils n'ont plus peur de personne. » Je m'approchai d'elle, plantant mes yeux dans les siens, mon doigt dans son épaule, mes mots dans son âme. « Et c'est pour cela qu'ils se sont permis d'anéantir votre vie ! Parce que personne ne s'oppose à eux ! » Je repris le contrôle de ma respiration et articulai lentement. « Je les écrabouillerais dans le creux de ma main. Je déracinerais tout ce qu'ils ont pu construire. C'est aussi simple que ça. Voilà à quoi me servira l'immortalité. »

D'un bruissement de manteau, j'allai regagner l'endroit où était fixée la souche. «  Et il n'y a pas qu'eux. Il y a ces humains, ces parasites, ces cafards qui rôdent partout. Il y en a tellement que ça me fait tourner de l’œil. Ils ont besoin de cette terre, mais ils ne font que s'en servir. Et ils ont autant d'égard envers les leurs qu'envers les insectes...Oh ça, par contre, vous seriez loin de comprendre tout le dégoût qu'ils m'inspirent. »

Je n'avais toutefois pas envie de m'étaler sur ce sujet. Afin de marquer l'ennui de poursuivre le débat, j'inspirai profondément et me laissai choir mon séant sur la souche.

« Je ne prétendrais jamais valoir plus que ça. Je ne revendiquerais jamais une place supérieure, que ce soit en terme de corruption ou de vertu. Que dois-je valoir au juste ? Ai-je quelque chose à prouver à ce monde ? Qu'il est aussi pourri qu'une pomme tombée de son arbre des jours plus tôt. Vous savez ce qui se passe, d'ailleurs, si on la laisse pourrir ? Si vous la jetez ailleurs, rien ne se passera. Les choses resteront les mêmes, quoiqu'il arrive. D'autres pommes continueront de tomber et il y aura toujours un fermier pour se débarrasser des pommes gâtées. Tandis que si vous la laissez là, à la merci des rongeurs et des oiseaux, la fermentation de son cœur créera des bactéries nécessaires à la fertilisation du sol. C'est curieux, n'est-ce pas ? C'est ce que je compte faire ici. Ce sera un mal pour un bien. Donnez-moi une valeur quelconque, je n'ai que faire de critères quantitatifs, je sais ce que je fais. »

Et je me rappelai d'autres de ses mots, il y avait décidément trop à rétorquer. Si je n'avais pas toute ma lucidité à ce moment, je n'aurai su que répondre.

« Vous me parlez de crimes ? Mais qu'est-ce par rapport à toutes ces morts par jour ? Qu'est-ce que le sang de milliers d'innocents quand des rois, ou des empereurs, ont causé bien plus que cela ? » Je hochai de nouveau la tête avec dépit et circonspection. « De plus, l'ouverture de ce portail ne causera pas tant de morts que ça. Je ne comptais pas l'ouvrir en ville mais non loin d'ici, à quelques lieues, près des ruines d'Ascelnoth. Et l'absorption de la magie qui s'en dégagera sera tellement rapide que les démons du Vein remarqueront à peine son activité... », lâchai-je dans un souffle. «  Tu parles d'une catastrophe... Vous vous emballez trop vite pour pas grand-chose. Il n'y aura sans doute aucune victime, et qui sait, s'il y a effectivement des démons qui en sortent, ils nous couvriront au cas où vos amis emplumés daignent nous empêcher dans notre entreprise. »

J'étais las d'avoir à justifier mon projet. Et je me trouvai d'une stupidité sans borne de lui avoir fait part de mon idée avant même que nous arrivions sur les lieux. D'un autre côté, la petite voix de ma conscience me chuchotait que tôt ou tard, je devrais la convaincre, et à part en minimisant la portée de notre intervention, je ne voyais pas trop comment la forcer à nous suivre. Je ne sais quel élan de naïveté m'avait pris. Je me frottai le visage de mes mains, laissant les courants de réflexion se mélanger dans ma tête pour trouver une solution. Je devais anticiper le refus définitif de sa part. Je devais m'en tenir à ma devise, on n'était jamais si bien servi que par soi-même, comme à chaque fois. Et je devais surtout arrêter de croire qu'une aide pourrait être confortable pour cette quête malsaine.

« Je me débrouillerai seul. annonçai-je tout à coup. « Tout au moins, j'irai avec Desmond. Si vous ne voulez pas tremper vos plumes dans cette affaire, je comprends tout à fait. Nous n'avons pas les mêmes principes. » Je levai la tête vers elle, sans une ombre de dérision. « De plus, il ne faudrait surtout pas abîmer un si joli visage. »
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Narydia Ventari

La lame flamboyante

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Narydia Ventari
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Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyJeu 23 Jan 2014 - 20:56


Alors que Synëal répliquait face à ses remarques, l’ange ne su si elle devait perçevoir sa réponse comme de l’ironie ou non. Lorsqu’il évoqua l’immortalité, son visage s’assombrit. A l’écouter, la vie sur Adyril relevait de l’existence parfaite. Pensait-il vraiment qu’il s’agissait de la vie rêvée ? Non. Décidemment, la jeune femme ne comprenait pas son désir de gagner l’immortalité. Mais après tout, dans sa position, elle ne pouvait imaginer les raisons qui l’y poussaient. Si elle avait été mortelle, sans doute aurait-elle eu les mêmes aspirations… Elle se contenta donc de le laisser poursuivre, sans chercher à s’opposer davantage à son point de vue.

Le démon semblait irrité, dérangé. Et les traits de son visage n’affichaient rien de bon. L’ange soupira doucement lorsqu’il lui fit part de ses projets. Il s’imaginait bien comme l’initiateur du chaos, et la jeune femme se doutait qu’il s’agissait encore d’une ruse pour dresser des barrières autour de lui. Alors que croire et à quoi se fier ? Ses mots ou bien son comportement ? S’il avait été l’homme méprisant, empli de haine, qu’il disait être, il lui aurait sauté à la gorge depuis bien longtemps après ses provocations. L’ange avait bien compris ses intentions, son caractère même si elle n’en avait eu qu’un faible aperçu. Elle comprenait parfaitement qu’il haïsse les anges qui depuis toujours prétendaient représenter la justice, alors qu’en réalité… Mais ce dont Synëal n’avait pas l’air de se rendre compte, c’était qu’il crachait sur ce qui pouvait rendre les êtres méprisables. Etait-ce cela qui était censé le rendre hostile et « démoniaque » ? L’ange ne savait vraiment plus quoi penser. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’il était bien plus « humain » qu’il ne voulait le faire croire. D’ailleurs, il avait beau être de la race des démons, il n’en avait presque rien du caractère et de la mentalité. Sa race le représentait très mal…

En effet, la jeune femme ignorait tout de son projet et il marqua un point lorsqu’il souligna le fait qu’il comptait exécuter son plan dans un endroit très reculé. Après tout, les chances qu’un démon en sorte à ce moment précis étaient minimes, et qu’un flot de créatures se déverse sur Feleth était encore plus improbable… Elle s’était sans doute effectivement emportée et n’avait pensée qu’au pire… sans penser au « meilleur ». Mais l’immortalité, c’était-ce vraiment ce que désirait Synëal ? La prise de risque n’était-elle pas risquée pour un projet dont l’issue était si incertaine ? Etait-il au moins sûr de gagner l’immortalité ainsi ? Mais après tout, s’ils mettaient tout en oeuvre pour ouvrir le portail dans un endroit le plus reculé possible, ils devraient pouvoir se débarrasser assez facilement des quelques démons qui pourraient en sortir… à condition qu’il s’agisse de démons assez communs et faibles… sans quoi, la tâche risquerait d’être compliquée.

Le ton qu’il prit pour lui annoncer qu’il comptait se débrouiller seul n’annonçait rien de bon, et la perspective de voir leurs chemins se séparer l’agaçait déjà. Sans l’accord qu’elle avait conclu avec Synëal, rien n’avait plus de sens. Elle ne pouvait se venger de l’officier sans son aide. Elle eu un sourire crispé à la dernière réplique du démon. Se moquait-il d’elle ? Elle lisait du sérieux dans son regard pourtant… les paroles sonnaient acides. Voilà qui terminait de la prendre au dépourvu, la faisant complètement douter sur tout ce qu’elle venait d’énoncer. L’ange prit une grande inspiration et planta ses yeux dans les siens pour rétorquer :

« Vous n’irez nulle part sans moi. Je vous rappelle que nous avons conclu un marché et je compte bien qu’il soit respecté. Mais simplement à la condition que, comme vous le dites, j’ouvre le portail dans un endroit parfaitement isolé. Cependant nous devrons nous préparer dans l’éventualité ou des démons en sortiront… »

L’ange avait un air à la fois résigné et pincé. Elle ignorait si l’entreprise était vraiment risquée et surtout, elle ignorait pourquoi elle se portait volontaire pour aider le démon. Elle avait certes besoin de son aide, mais son goût pour la vengeance n’était pas prononcé au point d’y faire passer des vies innocentes. Sans doute lui faisait-elle assez confiance pour le croire… mais tout de même. Elle n’y comprenait vraiment plus rien. L’ange resta un moment à le fixer, sans savoir quoi ajouter. Mal à l’aise, elle se rapprocha du feu et s’accroupit tout près, profitant de la chaleur réconfortante de l’âtre. Elle avait remarqué que le sujet agaçait Synëal et elle-même ne souhaitait plus en parler. Aussi, elle reprit doucement :

« Je pense qu’à présent cette affaire est réglée. De toute évidence je n’ai plus rien à perdre et je n’ai plus qu’un but. Si vous pouvez m’aider à l’atteindre, je me dois de vous aider en retour. Et puis après tout… en y pensant, c’est quelque chose que j’aimerais voir. »

L’immortalité… elle ignorait qu’on pouvait la gagner d’une autre façon que par le sang. Mais si cela fonctionnait vraiment, cela valait certainement le coup. Le temps était venu de clore le sujet, afin de ne pas amorcer un débat inutile et désagréable. Elle décida donc ce dériver sur un sujet très différent, qui lui était encore bien inconnu et qui l’intéressait particulièrement. L’ange tourna les yeux vers Synëal et prit la parole, légèrement nerveuse :

« Vous savez, pas rapport à la question que vous m’avez posée tout à l’heure… Je pense vraiment tout ce que je vous ai dit. »

Elle se redressa et se figea pour l’observer, le plus sérieusement du monde.

« Je ne vous ai pas dit cela par compassion, par gentillesse ou je ne sais quoi d’autre. C’est simplement que… vous me donnez l’impression de ne pas être comme les autres. Qu’ils soient démons ou anges, qu’importe. Les séraphins peuvent être de la pire espèce, à vrai dire, le seul ami que j’ai jamais pu avoir m’a forcé à lui passer ma lame sous la gorge… C’était lui ou moi. Et les autres que dire de plus… L’Empereur a réclamé mes services des siècles et qu’importe ma situation à présent. Que ma tête soit mise à prix ne lui importe guère. Je ne les ai jamais considéré comme mes frères et désormais, ils commettent des abominations dignes des plus vils démons. Les démons qui torturent sans raison et se repaissent de la faiblesse de leurs ennemis, n’éprouvant aucun attachement pour personne. »

Elle insista bien sur ces dernières paroles, avec la ferme intention de lui faire comprendre qu’il avait beau se qualifiait comme tel, un argument faisait toute la différence. Narydia secoua la tête, chassant ses remarques d’avance.

« L’attachement que vous avez pour Desmond, il dépasse de loin ce qu’un démon ordinaire peut ressentir à l’égard de l’un de ses alliés. Je pense parler en connaissance de cause. J’ai vu comment les puissants démons traitent leurs frères : pour eux rien ne compte si ce n’est d’arriver au plus haut, qu’importe les moyens employés. Qu’ils sacrifient leurs alliés, qu’importe… En réalité, les démons et les anges sont très similaires de ce point de vue. »

Son visage se ferma quelques instants à cette pensée mais tout aussi rapidement, elle reprit contenance et baissa les yeux vers la fiole qu’elle tenait dans sa main. Elle ignorait quel était son contenu et croyait Synëal lorsqu’il lui annonçait qu’il s’agissait d’un remède. Là encore, sans doute était-elle imprudente et trop naïve… Mais si lui la trahissait, qu’allait-il lui rester ? D’un geste, elle déboucha le flacon et avala le liquide d’une traite. Le goût n’était pas trop désagréable, bien qu’avec une pointe d’amertume et d’acidité. Elle reprit ses esprits et repensa alors aux blessures du démon. L’ange s’approcha de lui, n’osant cependant pas se montrer trop entreprenante, et observa sa main.

« La douleur s'est-elle apaisée ? »
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Synëal Muspell

♘ | le Botaniste Ardent

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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyVen 24 Jan 2014 - 20:49

Encore une fois, je la laissai parler. Elle avait décidément le don de me toucher dans l'âme, la partie le plus vulnérable de mon être, une partie scarifiée et meurtrie par les meurtres, écorchée à vif et encore exsangue. Le seul problème restait de ne pas montrer cet aspect-là. Aussi psychotique fus-je, je craignis qu'elle ne me tournât résolument le dos en apprenant ce que je cachais au fond. Narydia était le genre de personne qui se fiait essentiellement à ce que les actes et les pensées puissent engendrer. Mais dans mon cas, un autre facteur rentrait en ligne de compte, une facette que je dissimulai jusqu'à voir où nous menait notre partenariat. Méditant sur la future marche à suivre, je l'écoutai néanmoins exposer les raisons qui la poussaient à penser que j'aurai pu être autre chose qu'un démon. Quelque chose remua à nouveau en moi lorsqu'elle affirma tout haut qu'elle n'avait plus rien à perdre. Je restai silencieux, mais les mots étaient au bord des lèvres. Qu'avons-nous à perdre si ce n'est la vie ? Le reste n'est que broutilles et futilités, poids et encombrements pour rendre la mort plus salvatrice. Le fait est que je ressentis autre chose que du mépris pour cette séraphine, bien différente des anges que j'avais pu rencontrer. D'ordinaire arrogants et endoctrinés, elle était une ange qui camouflait sa fierté derrière un caractère combatif.

« C'est simplement que...vous me donnez l'impression de ne pas être comme les autres. » Était-ce là une forme maligne de flatterie ? J'en vins à sourire et pensai qu'il était ironique que je songeai la même chose à son propos. C'était même un comble.

Elle parla alors de l'ami qu'elle avait du passer sous le fil de sa lame. Mon expression s'assombrit et le voile de la nostalgie douloureuse tomba sur mon visage. Le reste de sa réplique ne parvint pas à mes oreilles, tous mes sens étaient bloqués dans la vision d'une silhouette qui se dressait sur un nuage de spores malodorants, aux senteurs de mort.

  « ...pour Desmond, il dépasse de loin ce qu'un démon ordinaire peut ressentir à l'égard de l'un de ses alliés. » Je levai les yeux et la vit avec surprise vider la fiole d'une seule traite dans sa gorge. Je la dévisageai un moment, et finit par m'esclaffer, ce qui me fit oublier momentanément le fantôme de mon passé.

  « Vous êtes surprenante. »

Je secouai la tête et me tapai le genou du plat de la main, toujours en riant. « Je ne peux pas prétendre vouloir vous tuer en effet. » Je me relevai et lui fit face, un sourire en coin dessiné avec malice. « Le fait que vous soyez ce que vous êtes est la première raison qui m'a incité à ne pas vous inciter la vie. Le fait que vous soyez ce que vous êtes est la seconde raison. » Un tic du cou m'avertit que je venais de faire une réitération dénuée de sens. « Vous voulez la vérité ? J'apprécie votre allure, votre attitude. Vous débordez d'une assurance qui vous rend quasiment intouchable. Je ne peux plus cacher que je vous admire pour cela. Sachez aussi qu'elle est irritante. Chercher à me mettre à nu – pardonnez-moi l'expression – n'est pas foncièrement une bonne idée. Quoique j'aurai bien voulu en faire autant avec vous... » Je marquai une pause, levant les yeux au ciel. Oubliez cela. Ne prenez pas non plus vos arguments comme acquis. Je peux me révéler être une toute autre personne dans d'autres circonstances. »

Je réfléchis un instant, essayant de me mettre à sa place l'espace de quelques secondes.

« De plus, il faut avoir un certain culot pour m'annoncer directement que tous mes crimes ont une raison d'être. Parce que c'est ce que vous essayez de faire, non ? Je ne suis pas pire que certaines de vos connaissances, mais je ne suis pas meilleur. Pensez-vous réellement que mon lien avec Desmond puisse me rendre moins...effrayant ? Pensez-vous même que ça puisse ressembler à de l'amitié ? » Je plongeai mes yeux rieurs dans les siens, dans le seul but de la déstabiliser, ce qui ne fonctionna évidemment pas et je repris mon sérieux. « …Vous le pensez vraiment. Je vois. En fait, vous avez peut-être raison sur ce point-là. Peut-être. Desmond m'a sauvé la vie des centaines de fois et pour cela, je lui dois au moins la gratitude éternelle. Je suppose que certains anges viennent à s'entre-aider parfois aussi, n'est-ce pas ? C'est intéressant de penser que nos deux races puissions être similaires. Dans les extrêmes, nous le sommes en effet. Mais je reste sur ma position : nous n'avons pas les mêmes principes. Vous, vous avez eu l'audace de créer des lois. Chez les démons, il y en a qu'une. La loi du plus fort. C'est la seule qui nous maintient en vie.» Je désignai Desmond du menton. Il a été le premier à l'agréer à ma grande surprise.

Je me penchai pour saisir une branche sèche et m'approchai du feu pour la laisser choir dedans. Les flammes maigres se jetèrent dessus. « Et on peut dire que je l'ai subi à mes dépens. » Le feu venait de se raviver pour dévorer ce morceau de bois qui n'avait aucune chance. Son écorce vira progressivement au noir, ses rainures se parcoururent d'un rouge brillant et se recouvrirent impitoyablement de flammèches. L'ange s'approcha de moi et s'enquit de l'état de ma main. À vrai dire, la douleur qui suppurait de ma chair m'était égale. Elle m'aidait à ne pas oublier que j'avais tué un de ces anges retors.

« Elle va bien. Mieux. Grâce à vous . », susurrai-je. Elle ne serait que la deuxième personne en qui j'aurai une espèce de dette. « Je vous rassure, il m'en faut beaucoup plus pour m'avoir. »

La silhouette dressé sur le mont fumant de mort réapparut. Elle se tournait désormais vers moi, et un sourire blanc cisaillait son visage plaqué de noir. L'image ne fut que brève mais lorsque le feu reprit ses droits dans mon champ de vision, je crus avoir été absent durant plusieurs minutes.

« Vous me demandiez pourquoi choisir l'immortalité ? Pourquoi choisir le chaos ? Au final, c'est assez risible comme explication. Tout comme vous,...j'ai été trahi. Par l'un des miens. Pas par un démon. Par un Syrinx. » lui glissai-je avec un sourire. Accentuer la différence sur ces deux mots revenait à remettre en cause sa théorie, et cela m'amusait d'observer le changement sur son visage lorsque je la contredisais. « Alors que j'étais encore un tout jeune plant, sans presque aucune capacité mentale ni physique, je fus accueilli par un autre Syrinx, fort, imposant...Non en fait pas du tout. C'était véritablement l'individu le plus chétif qu'il m'eut été donné de voir. Et pourtant, il brillait d'intelligence. Je ne connaissais pas encore sa nature, mais rien qu'en voyant son allure, sa peau, sa carrure, il était évident qu'il n'avait rien de commun. A l'inverse du commun des Syrinx, il n'avait pas de marque, mais sa peau avait quelque chose de spécial. On aurait dit qu'il était ridé, vous voyez, mais il n'était pas vieux du tout. Quoiqu'il en soit, il m'a appris à me battre en m'enseignant les rudiments du combat au corps-à-corps. Cela est rapide, vous me direz, je le rencontre, et il m'apprend des choses, et ce en quelques temps, mais cela s'est vraiment déroulé comme ça ! Il ne me connaissait ni des airs ni des mers, qu'il m'avait déjà pris sous son aile. Peut-être s'était-il reconnu en moi...Je vais vous éviter la narration fastidieuse et ennuyeuse des années passées avec lui, car la période cruciale commence par le jour où une troupe de démons nous a attaqué dans notre antre, pour des raisons obscures – ce n'est que plus tard que j'ai su pourquoi – et nous nous sommes défendus en les massacrant. Leurs renforts sont arrivés mais mon mentor avait disparu... »

Je soupirai longuement, ma poitrine se gonflant subrepticement sous l'assaut d'un souvenir douloureux, empli de rancœur. « Je n'étais préparé à aucune épreuve, et encore moins à celle d'être délaissé par celui qui se revendiquait comme étant mon maître pour les années à venir. Ces démons ne m'ont pas tué, mais ils m'ont enfermé dans une cage puante, pleine de défections. Durant toute ma séquestration, j'ai eu tout le temps de découvrir toute cette haine qui bouillonnait en moi depuis ma mise au monde. J'ai eu le temps de ruminer, de chercher les réponses qui ont poussé ce Syrinx à me laisser capturer par ces bestioles dégueulasses. Mais je n'en ai trouvé aucune, si ce n'est que j'allais devoir lui faire payer au prix fort. Je ne sais pas combien de temps j'y suis resté et franchement, ça n'a aucune importance. Le plus drôle dans tout ceci, c'est que j'ai pu me libérer en découvrant quelque chose de...surprenant. Mes épines. Elles sont très efficaces pour crocheter et exploiter les failles d'une cage. Je me suis fait un plaisir en massacrant ces démons, qui n'étaient au final pas si redoutables que ça. »

J'observai la plaie de ma main et ouvrit ma besace d'un coup sec, en sortant un rouleau de gaze. J'entrepris de le dérouler et le glisser autour de la blessure, saisissant l'extrémité entre mes dents. Je finis de donner une allure plus correcte à l'allure de ma main avant de reprendre.

« Je pensais avoir à retourner le Vein pour retrouver ce mentor, mais c'est lui qui est venu à moi. Lui et moi savions ce qui allait se passer. Il savait qu'il m'avait trahi, et je savais qu'il allait se défendre. Et nous nous sommes rentrés dedans comme des bêtes sauvages, nous nous sommes battus comme des brutes, des voyous. On s'est arraché les cheveux, on a essayé de s'étrangler, on s'est jeté des pierres à la tête. Et j'ai fini par lui montrer ce que j'avais découvert dans cette cage. J'ai mis tellement de haine dans ce combat que je l'ai percé de toutes parts, si bien que même lorsqu'il agonisait dans son sang, je continuais de le transformer en gruyère. » Un étrange sourire planait sur mon visage à l'évocation de ces souvenirs scabreux. Mais une ombre vint le ternir à nouveau. « Alors que je pensais en avoir fini avec son cadavre, je l'ai entendu me parler...Ce faquin n'était pas mort ! Il est resté allongé là et m'expliquait que peu importe combien de fois je le tuerais, il se relèverait toujours. Il se vantait d'être le Syrinx ultime, que ma haine seule ne suffirait pas à le vaincre, et qu'il me faudrait un millénaire de plus pour le vaincre. Je pouffai d'un rire nerveux. « Six années ! Six années de recherche pour comprendre qu'il était le fruit d'un pissenlit, que son corps générait de nouvelles cellules à chaque instant. En fait, non elles ne se régénéraient pas...elles copulaient entre elles pour en créer de nouvelles et ce processus était plus efficace en cas de blessure. Ses cellules fonctionnaient comme des spores, sauf que cela fonctionnait au niveau interne... »

Je levai les yeux vers elle, mes yeux ambrés luisant comme jamais à la lueur des flammes. « Si j'arrive à le vaincre avec cette graine d'Éternité, je me débarrasserais certainement de la haine qu'il a fait grandir en moi. » Je reniflai bruyamment. « Je sais ce que vous allez me dire. Mais ça débarrasserait ce monde d'une autre vermine. » Je continuai d'observer Narydia, dans ce qui semblait être un duel de regards sans en être un puis je demandai doucement.

«  La potion fait effet ? Je vous préviens, vous risquez de vous sentir un peu pantoise pendant quelques minutes. C'est là son seul effet secondaire, mais je vous rassure, ça passe relativement vite. » J'attendais réellement de la voir faiblarde. Le remède contre le poison laissait un odieux sentiment de vertige ainsi que celui d'avoir les membres aussi souples qu'un ruban en crin de cheval.

D'autres branches et racines vinrent rejoindre le foyer en crépitant de protestation. Le silence prit ses aises après que je me fus rassis. Un sanglier trottina tranquillement en débouchant d'un fourré, attiré par l'odeur encore présente de la nourriture cuite. Il poussa un grognement curieux et leva ses yeux stupides et curieux vers nous.

« Fiche le camp, malpoli ! Je suis en pleine discussion avec une demoiselle ! », lançai-je à l'animal en désignant Narydia.

Un chevreuil franchit alors la clairière en quelques bonds et disparut dans la nuit dans un bruissement de feuilles. Je haussai un sourcil étonné. « Cela devient animé par ici, dis donc. »
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Narydia Ventari

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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyMer 5 Fév 2014 - 19:11


Le discours du démon arracha une mine étonnée à Narydia. Elle resta dubitative lorsqu’il lui parla de son assurance. Intouchable ? Cela non, elle ne l’était absolument pas… Et l’admiration que lui confiait Synëal était encore plus étonnante. C’était la première fois qu’on lui disait cela, et que cela vienne d’un homme qui lui semblait indifférent et insensible à ce qui l’entourait était encore plus surprenant. Elle eu un sourire pincé lorsqu’il lui fit part de son attitude irritante. Elle le comprenait parfaitement mais après tout, elle avait toujours agi ainsi, malgré elle. C’était dans sa nature de ne pas s’arrêter à l’image que voulait bien lui donner d’eux les individus qu’elle rencontrait. Elle voulait se forger sa propre opinion, et ne pas se contenter de la vision de la personne en question. Que cela puisse agaçer le démon, elle s’en moquait bien. Et la preuve était là : ils avaient une discussion qu’elle n’aurait jusqu’à présent jamais soupçonnée. Et le ton qu’il employait pour lui répondre, ajouté à ses fréquents rires, montraient bien qu’en effet, il semblait irrité et surtout gêné. Embarrassé qu’elle veuille franchir quelques limites quitte à frôler l’impertinence afin de le connaître davantage.

L’ange observait silencieusement la branche que venaient lécher les flammes, alors que Synëal poursuivait son discours. Ils avaient tous deux vécu une expérience assez similaire, bien que le contexte ai été très différent. Et tous deux avaient gardé et nourri cette même amertume. Il semblait penser qu’elle prônait la vie avant tout, même pour les « vermines » dont il parlait, mais l’ange était loin d’être si naïve. D’ailleurs comment pouvait-il croire cela, alors que quelques heures auparavant, elle avait pris tant de plaisir à achever l’un de ses ennemis ? Non, la compassion n’était définitivement pas pour elle. Pas avec ceux qui ne montraient pas un semblant d’estime.

Elle comprenait davantage ses ambitions vis à vis de cet homme que sa recherche d’immortalité. Et si Synëal se croyait foncièrement mauvais, il avait encore une preuve contre lui. S’il désirait vraiment se débarrasser de cette haine, la jeune femme avait bien vu juste. L’ange ne répondit pas et se contenta d’étudier les émotions qu’elle pouvait lire sur son visage, très laborieusement… Ce contraste entre l’air rieur qui le prenait si souvent et les mots de vengeance qu’il prononçait était déroutant. Narydia avait l’impression qu’il tentait avant tout de dédramatiser ces paroles, afin de ne pas laisser entrevoir ses sentiments à ce sujet. Ou peut-être était-il d’un naturel enjoué lorsqu’il s’agissait d’aborder les sujets graves, tout simplement… Mais l’ange fut interrompue dans son flot de pensées et se sentit bientôt fatiguée, comme si le sommeil venait précipitamment la trouver.

« La potion fait effet ? Je vous préviens, vous risquez de vous sentir un peu pantoise pendant quelques minutes. C'est là son seul effet secondaire, mais je vous rassure, ça passe relativement vite. »

Voilà qui expliquait cette sensation. Mais il n’était pas temps de dormir. Elle secoua doucement la tête et répondit d’une voix assurée :

« Ca va aller. »

Elle le regarda lancer de nouvelles branches dans le feu crépitant, sans vraiment les voir. Un son lointain parvint jusqu’à elle, tout comme la voix grave qui vint s’y mêler. Les yeux rivés vers les flammes dansantes, Narydia sentit la sueur perler sur son front, qu’elle essuya du revers de sa main. Ses jambes se firent pantelantes mais elle se concentra afin de rester droite sur ses deux pieds. Ce qui s’avéra rapidement compliqué. Elle avait l’impression que la potion bouillonnait dans son sang, alimentant sa magie comme l’aurait fait un tisonnier avec un brasier. La chaleur était désagréable, ce qui n’arrivait jamais en temps normal. Quelques secondes plus tard, le vertige s’intensifia, la dissuadant complètement de lutter. L’ange ne prit pas la peine de regagner son siège de fortune et se laissa tomber à terre, près du feu. Les bras enserrant ses genoux, elle évita du regard les flammes qui dansaient, se mouvant sans aucune docilité et se multipliant sans relâche. Sa vision flouée, l’ange ferma les yeux et pencha la tête sur le côté, un sourire moqueur sur les lèvres.

« Avouez plutôt qu’il s’agit d’un prétexte pour profiter de la situation. Que disiez-vous tout à l’heure… Ah oui. Vous apprécieriez de me « mettre » à nu. »

Elle se mit à rire puis s’affaissa un peu plus, laissant libre court au vertige qui ne lésinait pas quant à réduire ses facultés physiques. Elle détendit ses jambes et soupira un instant. Narydia rouvrit les yeux et les leva vers le ciel couleur d’encre, avant de reprendre d’un ton plus sérieux :

« Je me suis permise ce discours car vous m’intriguez. Et j’ai bien fait. Je ne souhaitais pas m’arrêter à ce que vous souhaitez projeter de vous. Je serais passée à côté de quelque chose… Mais je ne comprends pas ce qui peut me rendre presque « intouchable » à vos yeux. Depuis notre rencontre, je n’ai fais qu’alimenter mon envie de vengeance afin de cicatriser une plaie qui ne se refermera sans doute jamais. C’est pourquoi je pense être très loin de la définition que vous donnez. J’ai juste appris qu’il ne servait à rien de se lamenter ou de regretter. C’est prétentieux, mais c’est selon moi la meilleure façon d’avancer au milieu des obstacles qui s’amoncèlent sur la route. »

A nouveau elle eu un rire léger et souffla un moment, humant l’air frais de la nuit. Sa tête lui tournait, et elle sentait le contrôle de son corps l’abandonner. Les alentours semblaient agités, bien que les bruits paraissent très loin, comme des murmures… Narydia referma de nouveau les yeux, rassurée par la proximité du feu. Elle avait l’impression d’être à des années lumières de là. Elle tenait en horreur ce qui pouvait lui faire perdre le contrôle d’elle-même, mais le repose était finalement tellement le bienvenue qu’elle ne cherchait plus à lutter. Elle reprit d’un ton plus joueur, loin du sérieux qu’elle avait affiché précédemment bien que ses mots soient sincères :

« Parlons d’autre chose. Je ne vais pas vous enquiquiner plus longtemps avec mes questions… mais le mystère autour de vous m’y incite. Je ne vous empêche pas de faire de même avec moi, je ne vais pas vous poser de barrières, pas après les révélations que vous venez de faire. Vous n’avez qu’à demander. Je suppose que vous ne parlez pas de vous ainsi très souvent… en fait je suppose que c’est assez exceptionnel. Alors je dois être une privilégiée, même si le chemin fut rude, vous n’avez pas été très coopératif… ce que je comprends très bien. »

Elle lui envoya un sourire avec ce qu’il lui restait de contrôle d’elle-même, avant de replier ses ailes autour d’elle. A présent, elle avait étonnamment froid. Toujours avec humour, elle reprit la parole :

« Vous auriez pu trouver une autre méthode pour en profiter, pas besoin de me mettre dans cet état… Et comment faisons-nous si une tribu de sangliers furieux nous tombe dessus ? Vous comptez utiliser vos branches pour les paralyser ? Quoique ça nous ferait un bon repas… »

L’ange sentait ses forces l’abandonner de plus en plus, et elle se retrouva bientôt allongée, enroulée dans ses ailes. Elle ne parvenait pas à garder les yeux ouverts tant son vertige lui faisait tourner la tête, rendant le décor instable. Sa voix se faisait un peu plus faible, mais elle ne voulait pas tomber dans le sommeil. Pas encore.

« D’ailleurs je n’avais jamais vraiment entendu parler des Syrinx avant de vous rencontrer… Je suppose que votre « don » s’assimile à ce qu’est pour moi ma magie qui n’en est plus vraiment d’ailleurs. C’est plutôt intéressant. Cela dit, ce qui m’intrigue le plus, c’est votre création, si je puis dire… je n’arrive pas à me l’imaginer. C’est très étrange… ainsi que ce lien de parenté inhabituel. Voilà pourquoi je me pose tant de questions à votre sujet. Tout cela n’est pas conventionnel et sort de l’ordinaire. J’ai eu des parents autrefois, je pense savoir de quoi il s’agit exactement, ce sentiment d’avoir été engendré par quelqu’un… en réalité je pense que j’aurais eu la même conception des choses que vous, à votre place. »

Elle s’interrompit pour plaquer une main sur son front encore trempé de sueur. Narydia ouvrit un oeil pour jauger la situation, et rapidement, son regard glissa vers le démon. Vraiment, elle détestait cet état dans lequel elle se trouvait. Elle glissa dans un murmure :

« J’ai l’impression d’avoir trop bu… »

Et les yeux complètement ouverts, bien que que vision soit toujours proche de celle d’un nouveau né, elle reprit avec un sourire :

« Combien de temps est-ce que cela va durer ? Je vous préviens, si on nous rend une visite surprise… Je n’ai pas l’habitude d’avoir aussi froid.»

Et comme pour se maintenir dans un état de bonne conscience, elle se redressa un peu et s’appuya sur un coude, avant de river ses yeux vers l’âtre qui ne cessait de crépiter. Sans crier gare, elle retroussa la manche de sa chemise et plongea son bras dans les flammes, qui parcoururent sa peau pour la couvrir d’une délicieuse chaleur. L’ange soupira d’aise, à deux doigts de s’y précipiter toute entière. Mais elle résista à la tentation et se mit à jouer avec les flammes, les faisant grandir puis diminuer, danser et jaillir dans un feu follet qu’on aurait pu croire vivant. Mais c’était ce qu’il était… vivant. A cet instant il était même son double, son extension. Ce qui lui procurait la vie et l’énergie qui coulait à flot dans son corps. Aucun autre élémentaliste n’aurait pu en sortir indemne. Le contrôle des éléments ne permettait pas ce genre de chose. Seul un « don » lui accordait ce droit. Au lieu de la brûler, le feu la revigorait. Il s’agissait là des mystères de la nature, comme la terre qui avait fait de Synëal son « extension ». Reconfortée, l’ange se redressa et tenta de replier ses jambes contre elle. Elle tourna les yeux vers Synëal et le fixa sans se départir de son sourire.

« En réalité, je crois que j’ai bien fait de m’égarer un jour sur ces terres, devant cette faille… »

Elle ignorait pourquoi elle avait prononcé ces mots mais pourtant, elle ne les regrettait pas. Et sans s'en rendre compte, elle ajouta sans le quitter ses yeux :

« Vous êtes un peu comme ce feu… dangereux, incontrôlable et réconfortant à la fois. »
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Synëal Muspell

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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyJeu 6 Fév 2014 - 23:27

Nous n'avions pas encore eu d'accalmie comme celle-ci depuis le départ de notre aventure, mais celle-ci était bienfaitrice. Le monde semblait nous avoir accorder un répit provisoire, une sorte de pause compatissante à notre quête. Mon halte en prison aurait pu être considérée comme telle si je n'avais pas failli perdre la raison à l'intérieur.

Suspicieux, je la vis se lever et s'approcher du feu. En réalité, elle ne semblait pas aller si bien que ça, et préférait le cacher derrière un visage au premier abord fermé. Le foyer crépitait lui apportait l'énergie pour ne pas défaillir. Je retins un sourire entre mes lèvres. J'avais sans doute trop relevé la potion avec des herbes, sans compter que l'un d'entre elles venait du Vein, d'où l'effet rapide et surpuissant.

« Comme vous dîtes, ça va aller. Mes potions ont juste la particularité de se diluer dans le sang à une vitesse impressionnante. », dis-je d'une voix lourde et songeuse.

  « Avouez plutôt qu'il s'agit d'un prétexte pour profiter de la situation. Que disiez-vous tout à l'heure...Ah oui. Vous apprécierez de me « mettre » à nu. 

« Je serai fou de ne pas vouloir le faire. », avouai-je avec un demi-sourire.

Elle répondit par un rire, ce que j'interprétai comme un bon signe en ma faveur et m'expliqua son intention d'en connaître plus sur moi. Il y avait tant de zones d'ombre en moi qu'elle devait s'en sentir troublée et je me faisais l'effet d'être un fantôme qui ne cessât de la suivre tout en lui apportant une compagnie qui ne la dérangeait pas. Je m'accoudai sur mon genou et la scrutai attentivement, la laissant déblatérer et se justifier sur ce qu'elle était. Elle cherchait réellement à corriger mon point de vue sur elle, et en définitive, cela était bien mon intention. Qu'elle ne se lamentât ou ne se plaignit plus était la chose que je voulais entendre. Loin de vouloir ressentir de la fierté à son égard, j'avais toutefois la sensation qu'un pan de mon être tendait à se raccrocher à ce qu'elle était. C'était quelque chose sur lequel je n'arrivais pas à mettre les mots. Ce qui était certain, par contre, c'est que mon jugement était totalement différent.

« Vous auriez pu trouver une autre méthode pour en profiter, pas besoin de me mettre dans cet état… Et comment faisons-nous si une tribu de sangliers furieux nous tombe dessus ? Vous comptez utiliser vos branches pour les paralyser ? Quoique ça nous ferait un bon repas… »

J'éclatai franchement de rire. Je pressentis comme un clin d’œil à mon propre humour. Il y avait dans ces mots une ironie spontanée qui m'amusait outre-mesure. Elle commençait à comprendre la meilleure façon de me prendre à revers sans toutefois se montrer agressive. Je songeai déjà à répondre que je la vis tanguer et s'allonger. Je haussai un sourcil sceptique. Je ne me souvenais pas avoir pris en compte ce genre d'effets secondaires. La fatigue était évidemment la première chose évidente, mais ce qui l'était moins est qu'elle frappât aussi fort.

« La viande de sanglier n'est pas fameuse, et elle est trop grasse pour vous. Cela élargirait vos formes. », répondis-je en allant m'installer près d'elle, la regardant sans la toucher comme un guérisseur qui observerait un malade contagieux. Elle ne m'avait pas entendu car elle enchaîna sur d'autres questionnements, sur ce que j'étais et comment je l'ai été.

« Ne réfléchissez pas trop à cela. Imaginez simplement une plante qui pousse, mais avec une forme humanoïde. » Elle me coiffa au poteau en soulevant la réalité de la chose. J'avais été engendré, mais pas pas d'autres individus. Est-ce cela qui me rendait différent et méprisant ? Il s'agissait là d'une belle piste de réflexion à exploiter. Une méditation que je me garderais bien de faire seul. Mais ce qui me pris de court était évidemment le fait qu'elle cherchât absolument une justification à mes meurtres...Qu'elle admette qu'elle agirait de la même façon si elle était née dans les mêmes circonstances me laissa coi, la main en suspension au-dessus de son épaule. J'eus voulu croire que cela était du à la fièvre mais son regard était des plus sincères, tout autant que sa voix, atténuée mais convaincue. Ce fut à mon tour d'être dans une sorte de torpeur durant laquelle mon corps restait pantelant alors que quelque chose se cristallisait dans ma poitrine en laissant une vague impression de chaleur se diffuser alentour.

Devant moi, sans avoir prêter attention à ma main flotter comme un fantôme près d'elle, elle se redressa et tendit les mains vers le foyer. Je ne pouvais fermer les yeux sur les tremblements qui harcelaient son corps, cela en devenait inquiétant. Et puis l'angoisse m'amena à penser que les plantes employées dans ma potion devaient accentuer l'effet du poison. C'était du poison de séraphin, qui pouvait prédire quels composants l'avaient créé ?

Il se produit alors une réaction étrange. Les flammes se tendirent timidement vers l'ange tels des bras incandescents et translucides puis vinrent lui lécher la peau simplement en l'effleurant. Narydia arbora une expression soulagée et je partageai avec elle le frisson de satisfaction alors que la chaleur du foyer, intensifiée par le phénomène, caressait mon visage. Bientôt, la calorification prit une brillance surnaturelle et le feu se chargea de faisceaux transitant des bûches jusqu'à ses bras et inversement. Le tout était emprunt d'une aura magistrale que je n'avais encore jamais vu, dont le son émanant était proche du trille discret d'un oiseau. Je levai ma main à mon tour, mais l'effet fut radicalement différent. La surface ténue des flammes trembla en crépitant et se mit à siffler en guise d'avertissement. Je repliai les doigts, constatant la tache noircie indolore sur mes phalanges.

Alors elle accrocha mon regard. « En réalité, je crois que j’ai bien fait de m’égarer un jour sur ces terres, devant cette faille… » Elle marqua une courte pause, le temps suffisant pour que ces mots pénètrent en moi aussi profondément que cela puisse être possible.   « Vous êtes un peu comme ce feu… dangereux, incontrôlable et réconfortant à la fois. »

Le mouvement en mon sein me donna l'impression d'avoir raté la marche d'un parvis. J'eus même peur d'avoir saisi trop tôt le sous-entendu, j'eus même peur de l'avoir interprété comme mon imagination l'aurait souhaité. Mais l'intensité de ses phrases était bien réelle. La sensation déchirante dans mon buste reprit de plus belle et des idées futiles comme celle de la prendre dans mes bras m'accablèrent d'images répétitives qui tournaient en boucle inlassablement en me présentant toujours cette scène où je venais à l'étreindre. Penser à autre chose était impossible. Il y avait aussi ses lèvres qui m'appelaient, qui envahissaient mon champ visuel alors que le décor vacillait.

Oui, pour la première fois, j'avais peur. Vraiment peur. J'étais effrayé des conséquences. Le spasme incontrôlable de mes membres en devenait presque pitoyable, tant je ne me reconnaissais plus dans cette peur de l'inconnu.

Mais il y avait autre chose de plus fort. Il y avait cette pulsion, ce semblant d'élan qui me poussait à aller vers elle pour une raison totalement obscure. Il y en avait d'ailleurs aucune. Sa vulnérabilité aurait été un bon frein pour ne pas profiter de la situation – comme elle le disait. Mais vulnérable ou pas, il était certain que je n'avais plus cela en tête et qu'aucune excuse n'était valable.

Soutenant toujours son regard, tout en laissant mon corps agir, mes lèvres frôlèrent les siennes. Ce simple contact m'électrisa et ma bouche rencontra la sienne. Ma main se leva à hauteur de sa joue et s'y posa délicatement. La sensation était tout bonnement inattendue. La texture de ses fines lèvres, plus fines que ce à quoi je m'attendais, m'était déjà addictive. Son souffle tiède galvanisa la chaleur qui se répandait en moi et j'approfondis le baiser en l'attirant lentement tout contre mon buste afin de pouvoir ressentir toute l'entièreté et la réalité de son corps contre le mien. Entre mes bras, elle était aussi délicate qu'une pétale.

Les yeux fermés pour mieux apprécier l'instant, je ne réfléchissais vraiment plus. Il n'y avait plus que nos lèvres scellées et une palpitation enthousiaste au fin fond de mon âme sèche. Un ruisselet d'abord, un écoulement puis une rivière bouleversa mes dernières barrières. Et bientôt, je ne fus plus vraiment un démon. Une chose insoupçonnée, enfouie et enterrée sous des gravats de rancœur et de haine, cherchait à se réveiller au milieu de cette étreinte.

Lentement, je m'écartai. Son visage était d'une couleur candide, à peine souillée par le reflet hâlé des flammes devenues dociles dans leur foyer. Ses yeux étaient profonds et brillaient presque d'ardeur si je ne m'y trompais. Je me penchai à nouveau, mon nez frôlant la surface soyeuse et polie de sa joue et je vins souffler à son oreille.

« Je crois que c'est vous qui me rendez incontrôlable. » Ma voix s'enroua en plein de la phrase, tant j'avais le souffle comprimé dans ma gorge. Et je souris largement, les yeux pétillants de malice. «À vous de juger si cela est toujours aussi réconfortant. » 

Puis j'embrassai son corps du regard. « Vous avez l'air de ne plus trembler. Je crois que la purge du poison est finie... À vrai dire, je craignais que cela ne soit irrémédiable, étant donné que je ne connaissais rien de cette chose. » Je caressai son épaule du plat de ma main. L’exaltation procurée par ce moment de partage s'était atténuée mais il en subvenait quelque chose proche de la somnolence, sans comporter toutefois l'envie de sommeil. « Je suis rassuré que ce ne soit pas le cas. »

La tempête qui avait fait rage en moi pendant deux siècles venait de se calmer et son extinction laissait une empreinte résonnante d'allégresse. Ce mot qu'on définissait comme euphorie était plutôt fidèle à ce que je ressentais. Il m'était difficile de détacher mes yeux d'elle, et sans une intervention extérieure, je ne serai pas prêt de le faire.

  « Si j'avais su... », dis-je simplement, en taisant intérieurement un propos qui m'aurait éloigné de cette félicité. Puisque nous en étions là, je comptais tirer parti le plus longtemps possible de cette nuit afin de découvrir ce sentiment étranger et il n'y avait pas de meilleur endroit que celui-ci.

« Si vous souhaitez comprendre pourquoi j'étais ainsi...Essayez de deviner ce qui va me pousser à changer. », lui soufflai-je avec un sourire entendu.

Au fond, je pressentis que le changement allait être très rude, autant pour elle que pour moi. Car, même si l'ouragan se dissipait, il avait causé sur son passage des dégâts que des lustres avaient laissé s'accumuler. Ce n'était plus qu'un nuage dans l'horizon mais un nuage qui risquait de revenir, poussé à nouveau par les vents revanchards. Cependant, elle était l'astre qui se chargerait d'écarter toute menace de rechute, aussi redoutable fusse-t-elle.
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Narydia Ventari

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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyVen 7 Fév 2014 - 20:09


Un moment, l’ange se répéta intérieurement les mots qu’elle venait de prononcer. Avait-elle vraiment dit cela ? Visiblement cette potion lui jouait des tours en la rendant bien trop bavarde et lui arrachant des mots qu’elle se serait bien gardée de faire partager. Et d’après son expression, le démon semblait aussi dérouté qu’elle. Pire encore, il avait l’air parfaitement abasourdi.  Les effets secondaires du remède s’étaient comme envolés, tant la jeune femme se sentait dans une position délicate. Elle en avait vraiment trop dit, et ce depuis le début de cette conversation. Synëal lui avait clairement expliqué qu’elle ne devait pas le voir ainsi, ni lui prêter les qualités qu’elle lui trouvait, mais elle n’avait fait que doubler d’arrogance, cherchant toujours plus à lui faire comprendre sa vision à elle. Elle avait bien compris qu’il refoulait tout forme de compliments ou de parole aimable, et que faisait-elle ? Exactement cela. Sans doute était-elle allée trop loin.

Seulement, les traits de son visage semblaient signifier autre chose. Il ne répondit pas, se contentant de poursuivre cet échange de regards. L’ange ne lui connaissait pas cette expression qui n’avait rien de commun à ce qu’elle avait déjà pu remarquer chez lui depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Mais elle ne parvenait pas à en saisir le sens… De l’appréhension mêlée à une lueur d’intérêt… Narydia imaginait déjà une remarque piquante et acide pour la dissuader d’aller plus loin. Cependant il n’en fut rien. Elle avait remarqué que le démon s’était rapproché d’elle précédemment, sans doute afin de s’inquiéter de son état. Mais le voir aussi proche était aussi une expérience nouvelle, comme le regard qu’il lui adressait à cet instant.

Au fur et à mesure des secondes, l’ange sentait son estomac se serrer et la sueur gagner ses mains qui serraient fébrilement la terre sous ses paumes. Elle ne comprenait pas sa propre réaction ni l’étrange tournure qu’avait pris la situation. En revanche, elle se rendait bien compte qu’elle réfléchissait trop. Ses pensées s’estompèrent instantanément lorsqu’il posa ses lèvres sur les siennes, l’enveloppant d’une douce chaleur. La douceur de sa main contre sa peau la rassura, lui arrachant un léger tremblement tant son geste la prenait au dépourvu. Elle était affreusement bien contre ses lèvres, et l’ange le laissa la guider contre lui sans aucune retenue. Son esprit s’était embrouillé face à ce flot de nouvelles sensations, ces émotions qui avaient jailli dans un brasier incandescent et qui la clouaient désormais dans ses bras, sans aucun désir de s’en détacher. Ses doigts glissèrent sur le cou du démon, qui n’en avait comme attribut plus que le nom, découvrant à nouveau sa peau comme elle découvrait la saveur de ses lèvres. En dépit des effets de la potion, jamais elle ne s’était sentie plus éveillée. La douceur dont faisait preuve Synëal la décontenançait, et alliée à l’étonnement qu’il lui avait provoqué, Narydia ne parvenait plus à réfléchir. Elle caressa un instant son visage, se rendant compte qu’il s’agissait bien de la réalité, et non pas d’un tour que lui jouait le remède. Son envie grandit alors qu’elle se laissait aller contre lui, partageant son souffle et ses émotions.

Il se recula pour l’observer et l’ange cru lire de la curiosité dans son regard. Encore déboussolée, elle ne le quitta pas des yeux et sourit à la remarque qu’il lui glissa à l’oreille. Elle reconnu ce regard malicieux qu’il lui adressait souvent en gage de complicité, et lui répondit par un simple sourire. Il était inutile de lui apporter une autre réponse, ses yeux parlaient d’eux-mêmes. Comme ceux de Synëal, terriblement insistants.

« Vous avez l'air de ne plus trembler. Je crois que la purge du poison est finie... À vrai dire, je craignais que cela ne soit irrémédiable, étant donné que je ne connaissais rien de cette chose. »

Le ton qu’il employait pour s’adresser à elle était calme, doux. L’ange prit dans sa main celle qu’il avait posé sur son épaule et en redessina les contours du bout des doigts. Ses yeux étaient rivés vers le feu alors que le démon occupait toutes ses pensées. Que s’était-il passé exactement ? Pourquoi ce changement de comportement si soudain ? A présent, elle se rendait compte que tout ce qu’elle pensait à son égard se confirmait : quoiqu’il dise, il n’avait rien de démoniaque. Bien au contraire. Son regard était doux et intense à la fois, dépourvu d’une quelconque lueur de haine.

« Si j'avais su... »

Narydia se questionna un moment suite à cette remarque, tentant sans succès de percer sa signification. Mais Synëal ne lui en fit pas part, et resta muet, la laissant dans l’ombre. Mais elle n’insista pas, préférant ne pas gâcher ce doux bien-être qui les avaient gagné un instant.

« Si vous souhaitez comprendre pourquoi j'étais ainsi...Essayez de deviner ce qui va me pousser à changer. »

Une fois de plus, la surprise l’étreignit. Narydia pensait comprendre l’allusion et n’eu pas à réfléchir bien longtemps pour lui répondre avec sérieux :

« Je ne veux pas que vous changiez. »

Elle capta son regard afin de lui prouver sa sincérité, puis l’ange eu un sourire qui éclipsa doucement la gravité qu’elle avait laissé paraître sur son visage, afin de se radoucir.

« Vous ne devez rien changer, vous avez déjà tout. Je ne veux pas vous pousser à quoi que ce soit ou m’imposer. C’est inutile, ne le voyez-vous pas ? »

Et par cela, elle sous-entendait bien les gestes qu’il venait d’avoir à son égard. Elle évita pour la première fois son regard, gênée par cette pensée. Et c’était là la première fois. La première fois qu’elle détournait le regard ou même que cette situation la déstabilisait autant. Afin de dissimuler son dépourvu, bien que la tentative soit perdue d’avance, elle poursuivit avec un sourire :

« Je vous remercie pour cette potion. Je crois que les effets sont passés et que… vous m’avez aidée à les accélérer. Bien que par surprise… »

L’ange ne pu retenir un sourire teinté d’humour, léger cependant. Pouvait-elle seulement lui dire que ce moment lui avait tout simplement retourné le coeur et l’esprit ? Qu’à présent, elle avait la preuve de tout ce qu’elle avait avancé ? Elle ignorait la raison, mais elle ne parvenait simplement pas à lui avouer ce qui l’avait traversé tout entière à cet instant. Cette sensation de bien-être et de chaleur… Elle ne parvenait pas non plus à réfléchir correctement. A vrai dire, tout tentative de réflexion lucide semblait vouée à l’échec. L’ange secoua doucement la tête, comme pour chasser ces pensées désordonnées de son esprit chamboulé. Pourquoi donc était-elle aussi confuse ? Pourquoi son regard la déstabilisait-il tant ? Il lui fallait oublier son gêne et comprendre la situation. Sans quoi, elle aurait l’impression de devenir folle.

Narydia se redressa doucement vers lui et posa délicatement sa main sur son cou, son visage tout près de celui du démon. Elle ne cilla pas et se concentra un moment sur le souffle chaud et rythmé qui caressait sa peau, une invitation muette qu’elle espérait sincère. Les yeux fermés, elle ne bougea pas pendant quelques instants, bien consciente que plus elle attendait pour franchir le pas, plus l'envie grandissait. L’ange caressa délicatement ses lèvres des siennes avant de les embrasser, se remémorant le trouble qui l’avait envahie lorsqu’il en avait prit l’initiative la première fois. La surprise passée, elle pu se concentrer avidement sur son goût, son souffle, sa peau, parcourant sa gorge de ses doigts sans cesser de le découvrir un peu plus. Car elle voulait le découvrir, plus que jamais. Il était doux et précautionneux, mais sans doute l'ignorait-il lui-même. Elle se détacha pourtant de lui et murmura, les yeux rivés dans les siens :

« Une façon de vérifier que je n’étais pas assoupie. Je suis désolée. La prochaine fois je me méfierai des potions inconnues et de ceux qui les concoctent… bien qu’à votre égard, je n’ai plus aucun doute. »
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MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyMer 12 Fév 2014 - 22:12

Le temps était comme suspendu.

Ou alors il s'écoulait si rapidement qu'il échappait à toute conscience. Dans mon cas, c'était ma dernière préoccupation. A ce moment-là, l'univers ne s'était réduit qu'à une petite clairière isolée dans un bois où tout se déroulait avec indifférence par rapport au monde extérieur. J'avais été transporté à mon insu dans un lieu le plus dur et coriace de mon être s'était évaporé. J'étais devenu vulnérable et du même temps, protégé par quelque chose, une sorte de voile éthéré échaudé qui m'enveloppait.

Nichée dans mes bras, s'étant rapprochée de moi pendant le premier échange de saveurs, l'ange me dévisageait avec sa surprise habituelle, la même surprise avec laquelle elle m'avait vu arracher le cœur d'Adenaël mais avec une lueur sensiblement différente. Je soutenais son regard, attendant une répartie cinglante, un trait d'esprit visant à me remettre là où j'étais, c'est-à-dire loin d'elle. Mais les mots qui sortirent des lèvres que j'avais embrassé avant tant d'envie portèrent en eux un gage de douceur et de réconfort. Le cynisme tinta fort en moi telle une cloche discordante. Elle s'était laissée embrasser par un démon à fort caractère dangereux, et elle ne s'enfuyait pas par curiosité quant aux événements à suivre. C'était cependant sans prudence ni retenue qu'elle assurait que je n'avais pas à changer pour elle. Cela provoqua en moi des sonorités incongrues alors que la tumeur viscérale de la passion enflait en repoussant tout ce qui aurait pu être le Synëal vil et fallacieux.

Le mutisme ne me seyait guère. Et pourtant, elle continuait de me surprendre dans ses propos, argumentant avec sincérité. Il était très difficile de répondre sur une réplique pleine d'honnêteté. La colère et l'anxiété étaient des supports faciles pour mon verbe glacial et mordant, que faire face à des paroles légères et chaleureuses ?

  « Ne pas changer ? Vous prenez beaucoup de risques en me disant cela. Vous en êtes consciente ? 

-Vous ne devez rien changer, vous avez déjà tout. Je ne veux pas vous pousser à quoi que ce soit ou m’imposer. C’est inutile, ne le voyez-vous pas ? »

Je n'avais tout bonnement rien à redire. Il y avait une réponse en suspens dans mon esprit, mais elle ne serait pas pertinente au vue ce que ce qui se développait entre nous. Cette sensation en devenait aussi palpable que ses doigts fins qui couraient sur mes joues.

«  Je vous remercie pour cette potion. Je crois que les effets sont passés et que… vous m’avez aidée à les accélérer. Bien que par surprise…  

« Par cela, vous sous-entendez que je peux guérir un autre mal... », soufflai-je dans un ton interrogateur dissimulé.

Contre toute attente, elle se redressa, plongeant ses yeux si profondément en moi qu'ils me paralysèrent. L'instant dura une éternité mais fut à la fois péniblement court. Son haleine aux promesses suaves se promena sur mes lèvres par pure provocation, et à nouveau, l'état intérieur de ma poitrine bondit lorsque sa bouche se scella à la mienne avec cette lenteur précautionneuse, presque curieuse. Je découvrais une nouvelle fois la sensation galopante qui me poussait à la serrer contre moi jusqu'à fondre d'émotion et c'est ce que je fis, mes mains se posèrent sur ses épaules avant de glisser dans son dos. Transporté par le délice de cet échange, mes yeux se fermèrent d'eux-même alors que ses doigts se déployaient sur ma gorge dans de langoureuses caresses délicates. Il était peu dire que j'étais fou de ses lèvres et je ne me voyais pas m'en séparer à moins d'en être rassasié.

Cependant, elle rompit le baiser et me dévisagea à nouveau, annonçant avec une certaine ironie qu'elle devrait se méfier de « ceux qui concoctent » les potions. J'eus un léger sourire.

« Comment vous assurer que ce n'était pas le but voulu ? J'en perdrais toute crédibilité en voulant me justifier. Maiiis je crois bien avoir forcé la dose sur cette fiole, je le conçois. »

Ma main caressa sa joue à plusieurs reprises. Puis j'ajoutai, la voix agitée par un trémolos d'amusement.

« Doutez au moins de mes intentions. Elles ne sont jamais très saines venant d'un démon. Bien que...vous soyez convaincue du contraire. C'est étonnant que vous puissiez m'accepter tel que je suis, après...tout ce que vous avez vu. Peut-être suis-je loin d'être le démon que je prétends être, peut-être n'en porté-je que le nom, peut-être devrais-je me contenter du titre du Syrinx. Mais je ne suis pas non plus un humain. Ou quelque chose qui s'y rapproche avec son lot de pulsions et besoins. »

Je soupirai et tendit le bras vers ma besace non loin. En grognant, je parvins à la hisser vers moi. J'y fourrageai ma main et en sortit une plus grosse flasque d'un brun salissant qui avait pris presque toute la place.

« Mais je suis sûr d'être botaniste, voire alchimiste. Ceci, mademoiselle, est une fiole d'Encens. Elle va camoufler pendant un temps notre présence ici. J'en ai répandu dans la zone pendant que j'allais chercher du bois. Ceux qui s'approcheront du camp auront l'impression d'avoir autre chose à faire et se détourneront donc, qu'ils aient vu notre feu ou pas. »

Je lui souris longuement, lui laissant le temps d'apprécier cette nouvelle rassurante qui cachait en elle un sous-entendu plutôt tendancieux. La nichant au creux de mes bras avec une audace et un à-plomb qui m'était jusque lors étranger, je me perdis momentanément dans son regard. Je n'étais pas seulement égaré, je partageais avec elle la torpeur d'un rêve terriblement envoûtant avec l'angoisse d'en être arraché d'un moment à l'autre. Il était effrayant d'imaginer qu'en réalité, quelque part, le vrai Synëal Muspell s'était assoupi après avoir trop mangé.

Pourtant, sa fragrance délicatement accentuée par notre course en Adiryl, assourdie par la poussière virevoltante de la forêt, enrichie par son parfum naturel finissait de me convaincre que tout ceci ne pouvait être que vrai. Mes lèvres se posèrent dans un baiser muet sur ses cheveux. Sans qu'elle eut à remuer, son ardente crinière caressait mon visage.

Au fond de moi, des fréquences malsaines cherchaient à étouffer les palpitations de mon cœur nouveau mais en vain, mon corps tout entier était entré dans la danse de l'exaltation.

« J'aurai d'ailleurs une grande question à vous poser. » Je marquai une pause, évacuant un insecte posé sur le bras de Narydia comme prétexte pour réfléchir. « Pensez-vous que je cache ma véritable identité dans la vie de tous les jours...Ou alors que je ne change que grâce à moi ? Voilà qui mérite réflexion, n'est-ce pas ? »

La fiole d'Encens avait un défaut à ne pas ignorer, elle ne repoussait pas le froid. Ou alors mon organisme réagissait d'une curieuse façon à qui se déroulait ici, au milieu d'un espacement de buissons qui ne bronchaient point. Je gesticulai afin de mieux faire circuler la chaleur entre nous.

« Ce monde entier porte un masque. La question que je me pose sans cesse est : combien y'a-t-il de couches ? Portez-vous vous-même un masque ? »
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Narydia Ventari

La lame flamboyante

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Narydia Ventari
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Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] _
MessageSujet: Re: Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal]   Quoi de pire qu'un ange ? [Synëal] EmptyDim 16 Fév 2014 - 0:52


Chacun des sourires du démon était comme l’apparition d’une étoile au milieu d’un ciel obscur. Ils avaient toujours été rares, légers, mais francs. A présent, il semblait qu’un barrage ai cédé dans son âme, ne lui interdisant plus de s’exprimer avec chaleur et humour, sans ce cynisme qui lui était si familier. La caresse qu’il déposa sur sa joue, aussi douce et légère qu’une plume lui arracha un frisson. Comment un homme ayant vécu si longtemps parmi le crime et la souffrance pouvait-il se révéler si attentionné et doux ? Synëal ne cessait de la surprendre et chacun de ses sourires, de ses gestes tendres, la laissait rêveuse tant celui qu’il lui montrait était différent sans vraiment l’être du démon qu’elle avait toujours connu. Ou de celui qu’il lui avait toujours montré de lui-même. Et s’il voyait cela comme un changement, l’ange l’imaginait comme une des extensions naturelles de sa personne. Il était certes violent lorsqu’il le souhaitait, mais sa faculté à se montrer sensible et doté d’émotions qu’il n’avait sans doute lui-même, jamais soupçonné, prouvait qu’il était simplement ainsi. Cet état d’âme et d’esprit faisait partie de lui. Sans doute ignorait-il cette facette si particulière de sa personnalité…

L’ange partagea son sourire amusé lorsqu’il lui fit part de ses « intentions n’étant jamais très saines », si propres aux démons. Mais elle n’avait jamais eu l’impression de faire face à l’un des leurs. Les démons qu’elle avait rencontré avaient toujours clamé haut et fort leur appartenance et leurs viles intentions, leur attachement à la douleur et leur supériorité manifeste et indiscutable. Or Synëal, même s’il était l’un deux, n’avais jamais usé de cette excuse pour justifier ses actes.

Perdue dans ses pensées, Narydia le vit à peine se saisir de sa besace pour en sortir un ustensile qu’il lui désigna d’un sourire. Qu’il fut botaniste ne l’étonna guère, en raison de ses origines directement liées à la terre. Cependant, elle ne s’attendait pas à ce qu’il eu lui même concocté le breuvage. Elle l’écouta attentivement lorsqu’il lui expliqua la nature du liquide qu’il tenait entre ses mains. L’ange ignorait que ce genre d’encens puisse exister et les effets semblaient d’ailleurs très intéressants. Son sourire lourd de sous entendu ne lui échappa pas et elle le lui rendit franchement. Mais la jeune femme n’eu pas le temps de se perdre davantage dans son regard qu’il la rapprocha un peu plus de lui, la serrant doucement dans des bras. L’ange ne fit pas un geste pour l’en empêcher et son regard croisa le sien pour s’y perdre inlassablement. Ses yeux reflétaient une couleur ambre peu commune, vive et luisante d’intensité. Elle pouvait y lire toute l’intelligence et l’audace qu’il démontrait en tout temps et un long moment, l’ange s’y perdit sans pouvoir s’en détacher. Il ne prononça plus un mot et ils se contentèrent de prolonger cet échange muet, sans éprouver le besoin de venir le troubler d’une parole inutile.

Après quelques instants, elle le vit se pencher sur elle pour déposer ses lèvres sur sa chevelure. Un geste simple mais qui retourna une fois de plus son coeur, ne cessant de le mettre à l’épreuve tant ses attentions se démultipliaient sans cesse à son égard. Sans même y prêter attention, l’ange se serra un peu plus contre lui, désireuse de lui signifier que ses gestes étaient appréciés à leur juste valeur et au delà encore.

« J'aurai d'ailleurs une grande question à vous poser. »

« Je vous écoute. »

Narydia avait bien remarqué qu’ils ne s’étaient pas laissés aller à la familiarité coutumière entre deux individus dans ce genre de situation, mais cela lui était bien égal. Elle n’avait pas besoin de se montrer plus proche dans son langage, tant elle sentait une complicité évidente naître et grandir naturellement entre eux. Au contraire, elle ne pouvait s’empêcher de lui montrer son respect et son estime, mais si cela induisait de laisser quelque distance entre eux.

« Pensez-vous que je cache ma véritable identité dans la vie de tous les jours...Ou alors que je ne change que grâce à moi ? Voilà qui mérite réflexion, n'est-ce pas ? »

L’ange allait lui fait part de ses pensées lorsqu’elle sentit Synëal remuer contre elle, comme si quelque chose le tracassait. Elle glissa doucement sa main jusqu’à la sienne, et remarqua le froid qui étreignait sa peau glacée.

« Ce monde entier porte un masque. La question que je me pose sans cesse est : combien y'a-t-il de couches ? Portez-vous vous-même un masque ? »

Sans pour le moment prêter garde à ses questions, la séraphine se retourna pour lui faire face et remarqua ses tremblements incessants. La terre ne lui procurait-elle donc pas sa chaleur maternelle ? Il lui restait tant de choses à apprendre sur les Syrinx… et sur cet homme. Elle prit ses mains dans le siennes et les réchauffa quelques instants de sa propre chaleur, qu’elle sentait grimper au fil des secondes sous sa peau. L’ange baissa les yeux pour observer les frissons qui le parcourait. La nuit se faisait froide, glacée même et si elle n’avait jamais eu besoin de vêtement particulier pour lui tenir chaud, elle ignorait comment le démon parvenait à maintenir son corps à une température raisonnable vêtu comme il l’était. Doucement, elle passa ses mains le long de ses bras, les couvrant de sa propre chaleur qu’elle diffusait à présent de tout son être, comme un doux feu vivant. Puis la jeune femme tendit le bras vers sa cape jonchant le sol, avant de s’allonger sur le côté. Elle fit signe à Synëal de l’imiter et les recouvrit de l’épais vêtement. L’air frais se heurtait à présent à la cape, mais l’ange ne manqua pas de se rapprocher du démon pour lui communiquer sa propre chaleur. Sans cesser un seul instant de le fixer, elle passa doucement ses mains sur sa chemise, puis les glissa sous le fin tissu afin de caresser plus à même sa peau lisse et fraîche comme le marbre. Narydia lui adressa un léger sourire :

« Vous-même semblez porter le masque de l’hiver… à première vue.»

Et cela au sens propre autant que figuré. Désireuse de sentir à nouveau sa proximité et de le réchauffer au mieux, l’ange se serra doucement contre lui, persistant dans ses caresses et découvrant ses contours sans cesser de lui transmettre le feu qui brûlait en elle. Elle eu alors une mine songeuse, repensant à la question qu’il lui avait posé. Ainsi dissimulés en partie sous le vêtement, elle appréciait cette intimité, propice aux confidences. Mais que lui apprendre qu’il ne savait déjà ?

« Je crois avoir jadis porté un masque, lorsque ma vision du monde était flouée par ce que je croyais être juste et bon dans ces mondes. Je n’étais alors que l’instrument d’une volonté qui n’était pas la mienne, et je n’agissais que pour un but qui n’était pas le mien. Sans doute cela correspond-t-il à la définition du « masque » dont vous parlez… Quant à savoir si je dissimule un trait de ma personnalité derrière une façade… Je dirais que j’ai toujours eu pour habitude de défier ceux qui se présentaient à moi comme des obstacles, comme si jamais ils ne pourraient m’atteindre. C’est ce que j’ai ressenti lors de notre rencontre. Je ne comptais pas me laisser impressionner par un démon, aussi puissant fut-il, bien qu’en réalité je n’ai jamais été complètement rassurée. »

Elle détourna son regard, sans pourtant effacer le sourire qui persistait sur ses lèvres. Ses yeux glissèrent sur les traits de son visage, jusqu’au creux de sa gorge qu’elle se mit à fixer sans vraiment la voir.

« Vous voyez, c’est cela que j’entendais lorsque j’ai tenté de vous contredire sur le fait que vous me trouviez « intouchable ». Je dissimule mes craintes derrière une provocation souvent injustifiée. Pourtant et j’en ignore les raisons, je ne parviens plus à édifier ce « masque » face à votre honnêteté et votre franc-parler. Sans doute car j’ai pensé pendant tout notre voyage que jamais vous ne vous dévoileriez comme vous venez de le faire. Et… je dois dire que cela me trouble. »

L’ange eu un léger soupir et ferma les yeux pour éviter son regard.

« Quant à votre identité, je pense simplement que vous l’avez dissimulée très longtemps derrière un visage au premier abord indéchiffrable et solennel, qui se révèle finalement pourvu d’une sensibilité impropre aux démons et aux mots que vous employez pour vous présenter. »

Tandis qu’elle parlait, la jeune femme sentait la fatigue ramper progressivement le long de son corps et son esprit. Ce fut d’une voix déclinante qu’elle poursuivit :

« Dans nos deux cas, je crois qu’il s’agit d’un voile posé sur nos yeux que nous n’avons jamais souhaité ou osé lever. Par commodité ou peut-être par peur… »

Et sur ces mots, l’ange sombra lentement dans le sommeil tout contre Synëal, apaisée et confiante comme elle ne l’avait pas été depuis ce qui semblait une éternité.





Son réveil fut radieux, bercé par une nuit douce et reposante qui l’avait pleinement rasséréné. A sa grande surprise, elle fut la première levée, tandis que Synëal n’était pas encore sorti d’un profond sommeil et que Desmond n’avait cessé de rythmer l’atmosphère de ses ronflements. Pourtant, Narydia comprit rapidement la raison de ce réveil subit. L’ange se glissa de sous la cape et constata que la lumière du jour n’était pas encore levée. Les rayons du soleil ne perçaient pas encore l’horizon et la nuit se faufilait à peine derrière les arbres avant de laisser sa place à l’astre lumineux. Les sons se faisaient de plus en plus précis, indiquant l’approche d’une petite troupe à proximité. Voilà qui était mauvais signe. Secrètement, l’ange espérait que l’encens diffusé par Synëal diffusait encore ses effluves à travers la clairière, les dissimulant des yeux importuns. Mais il avait mentionné un effet à durée limitée, et cela l’inquiétait profondément. Aussi préféra-t-elle le réveiller pour s’en assurer.

Elle s’accroupit à ses côtés et remua doucement son épaule afin de l’éveiller sans brusquerie.

« Synëal… Nous ne sommes plus seuls. Réveillez-vous. »
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