Quelques emplettes de fin de journée [PV Oliana]

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SUITE DE RENCONTRE SUR LES DOCKS

Citation :: « Vous êtes quelqu'un de bien, Aerandir. Votre gentillesse est grande et je me sens coupable d'en avoir abusé. Vous vous êtes confié à moi de façon spontanée, mais je ne le méritais peut-être pas... Je suis une démone comprenez-vous ? Cela m'empêche de vous remercier comme je devrez le faire, comme une personne normale saurait le faire et comme je ne le sais pas... »

« Dites moi....Croyez vous que les assassins soient forcément des gens mauvais ? Je ne dis pas que j'approuve le fait d'assassiner les autres mais...Je ne pense pas qu'ils le fassent simplement par plaisir. Peut être certains y sont ils contraints ? »

« Bonjour Messire »

« Bonjour petite demoiselle. Dis moi, cet éventail, il est à combien ? »

« Pardonnez cette audace, ma chère Oliana mais il m'avais semblé vous entendre dire que vous désiriez un éventail en dentelles noires et rouges de forte qualité. Je viens juste d'apercevoir une jeune demoiselle qui tenait une étale, non loin de là et je me suis permis de faire cet achat. J'espère qu'il vous plait »

Celle d'ailleurs ________________ ________________

Sur les longs chemins qu'elle suivait aux côtés d'Aerandir, Oliana regardait course du soleil qui descendait toujours plus vers l'horizon. À la voir un court instant on aurait pu croire qu'elle était d'une lenteur exagérée, comme si l'astre avait été suspendu au bout d'un fil sans plus vouloir bouger. Mais selon la démone, il n'en était rien, cette longue trajectoire curviligne, elle l'avait suivie toute l'après midi, et elle pouvait affirmer avec force qu'elle était loin d'être si lente qu'elle pouvait le paraître au premier abord. À force de réflexion elle la trouvait même rapide, un peu trop rapide, ne lui laissant même pas le temps de profiter de ce qui s'avarait être la fin d'une bonne journée. Au fond d'elle, elle aurait bien aimé voir cet astre emmêlé dans un fil pour qu'il reste coincé assez haut dans le ciel un long moment encore, mais elle savait bien qu'elle n'avait en rien le pouvoir de changer ce que la nature avait créé.

La route avait été silencieuse sous la lumière du soleil. Elle ne savait plus très bien comment ils en étaient arrivés à partir ensemble de la sorte. En fait, il n'y avait même pas eu de concertation. Ils étaient partis... c'était tout. Oliana n'avait eu qu'à suivre Aerandir qui la fit sortir de la ville pour la mener à Madorass, où elle pourrait finir d'acheter ce que son maître lui avait demandé. Leur dernière discussion jusque là remontait au moment où ils étaient assis sur le banc de pierre. Elle avait bien pensé plusieurs fois à lui demander s'il allait mieux, mais s'était à chaque fois retenue, comme si elle craignait de rompre le silence.
Néanmoins au moment où ils allaient entrer dans la grande ville, elle s'émerveillant comme à chaque fois qu'elle y venait de la grandeur de la citée et des lumières qui s'allumaient de part et d'autres en prévision de la prochaine disparition de la lumière le temps d'une nouvelle nuit, il lui posa une question qui la surprit un peu. Les assassins étaient-ils forcément mauvais ? Elle n'avait jamais songé à se le demander. L'intérogation avait des accents capitaux dans la bouche de l'elfe, ce pourquoi elle ne voulait pas lancer une réponse à la légère. Elle songea à l'assassinat en lui-même, eut un frisson qui n'avait rien à voir avec de la peine pour la victime ou avec du dégoût. Il fut plutôt destiné à l'assassin. Que ressentait-il à cet instant décisif ? Et pourquoi tuait-il ? Là résidait la clé de la réponse à la question d'Aerandir. Il fallait ainsi admettre qu'il y avait plusieurs catégories d'assassins. Ceux qui tuaient pour le plaisir d'abord, par envie, pour le bonheur de faire du mal... Bon, ces personnes-là entraient dans la catégorie des mauvais assassins. On pouvait peut-être ensuite voir ceux qui tuaient par... nécessité, ou sous une pulsion incontrolable, criminels malgré eux. Et puis il devait y avoir de "bons" assassins... néanmoins elle ne voyait pas lesquels. Ou peut-être, ceux qui tuaient... pour défendre un idéal. Mais un idéal bienfaisant. Ce qui combattaient le mal... par le mal ? Pourquoi pas, ce n'était qu'une hypothèse.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans les rues bordées de boutiques, les cris des vendeurs résonnèrent une fois de plus autour d'eux. Elle chercha des yeux ceux qui pouvaient détenir des produits qui l'intéresseraient, jusqu'à ce qu'Aerandir s'excuse avant de s'éloigner. Elle le suivit un instant des yeux avant de se retourner vers les passants autour d'elle. Elle se surprit à les observer qui marchaient, sans faire attention à elle. Cette occupation la perturba un peu, toutes ces personnes lui semblaient étrangères en tout point après ses courtes réflexions sur le banc de Venill, alors pour se changer les idées, elle se précipita vers un étal quelconque, et acheta un premier article de ses courses.
Sans réflechir à ses mouvements, trop accaparée par ce sentiment étrange de ne pas être là où elle le devrait, elle regarda ainsi à travers plusieurs vitrines de boutiques sans s'apercevoir qu'elle avait raté l'un des articles, jusqu'à voir le retour de l'elfe. Il jeta un oeil aux marchandises environnantes qu'elle suivit d'un regard distrait. Sa concentration était mise à mal par le tourbillon de ses pensées, qu'elle ne parvint à stopper que lorsque Aerandir lui tendit un objet qu'elle ne reconnut d'abord pas. Puis ses réflexions pertubatrices s'arrêtèrent net et elle découvrit l'éventail, avec un regard de stupéfaction non feint.
Avec un sourire qu'elle trouva merveilleux, il lui annonça l'achat de l'objet. Ainsi sa proposition de toute à l'heure n'avait pas été une plaisanterie... Elle le fixa plusieurs secondes durant, incapable de dire quoique ce soit ni même de bouger. Que faire ? Elle regarda l'éventail avec attention. Il avait l'air de très bonne qualité, et les dentelles qui l'ornaient lui firent ouvrir de grand yeux.

Vous n'auriez pas dû ! ... Il a dû vous coûter très cher... je ne sais si je peux accepter un tel présent !

Néanmoins, pouvait-elle refuser un pareil cadeau ? Le sourire de l'elfe avait l'air de l'encourager à accepter, et elle ne se sentait pas le courage de lui dire non. Elle saisit donc l'objet, l'ouvrit pour l'admirer davantage, sourit.

Je ne sais comment vous remercier... ! Il me plaît énormément. Je le garderai toujours avec moi. Merci... merci beaucoup !

Comme elle ne savait quoi ajouter elle se tut, son sourire s'élargissant de seconde en seconde. Elle ne put retenir un éclat de rire court mais heureux, et prit finalement Aerandir dans ses bras, ce qui était sans doute la seule façon pour elle de le remercier vraiment. Lorsqu'elle le relâcha, joyeuse comme jamais, elle ne put s'empêcher d'inaugurer son cadeau. Elle savoura la fraîcheur du vent qui caressa son visage, et sourit une fois de plus, d'un sourire enfantin. La journée lui avait encore réservé une surprise, et elle se demanda si sa rencontre avec le jeune elfe était dûe au pur hasard ou à la volonté d'un Dieu quelconque auquel elle n'avait jamais cru. Si c'était le hasard en tout cas, il faisait bien les choses.
Puis la question d'Aerandir lui revint en mémoire, et elle se décida à y répondre, avant d'oublier :

Au fait, vous m'avez posé une question tout à l'heure à laquelle je n'ai pas répondu. J'ai bien réfléchi et je pense que ce qui détermine si un assassin est mauvais ou non provient du but dans lequel il tue. La plupart des assassins sont ainsi dépourvus de valeurs et tuent simplement pour tuer. Il peut y avoir de rares cas dans lesquels ils font aussi cela dans la contrainte. Mais je pense que l'on peut aussi envisager des assassins qui font le bien.Elle baissa la voix pour conclure. Prenez ceux qui aident la rébellion à renverser le pouvoir de Kaul Hendenmarck. Peut-on vraiment considérer qu'ils soient mauvais ? Je ne pense pas.

Elle espéra que personne ne l'avait entendu et jeta un coup d'oeil circulaire pour vérifier. Apparemment, tout le monde était bien trop occupé pour s'attarder à l'écouter.

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« Je suis honoré de constater que ce présent vous plait. J'avais pensé vous l'offrir en remerciement pour le temps que nous avions passé ensemble, tout en sachant que j'en est abusé puisque vous devriez sans doute être auprès de votre Maitre à l'heure qui l'est. Cependant, je tiens également à m'excuser d'avoir été sur mes garde mais....Je ne suis pas habitué à de telles étreintes car je suis plutôt un être solitaire et personne, à part vous, n'a jamais osé avoir de telles familiarités avec moi »

« Je partage entièrement votre point de vue. Je ne pense pas que ceux qui combattent le Royaume soient tous foncièrement mauvais. Moi même je fais parti de ceux qui s'opposent au Royaume. Le problème est que mes motivations sont différentes car elles sont d'ordre personnel. J'espère un jour venger mon Maitre qui est mort, assassiné par le Royaume qui, a présent, me rejette également ce meurtre sur le dos »

Celle d'ailleurs ________________ ________________

Son sourire espiègle toujours peint sur les lèvres, Oliana savait bien que quelque chose clochait mais n'arrivait pas à trouver quoi exactement. Elle eut beau chercher elle dût attendre qu'Aerandir l'éclaire à ce sujet. Elle tenta alors de cacher sa gène en se tournant à demi pour observer les divers marchandises étalées de-ci de-là. Il fallait bien prendre la chose avec humour, ce pourquoi elle répondit :

Vous n'avez en rien abusé de mon temps, au contraire, vous avez réussi à me supporter plusieurs heures durant, et j'ai passé avec vous de très bon moments. Et puis... ne vous excusez pas. Je comprends. Mais vous savez, je ne sais pas très bien y faire avec les gens. J'espère ne pas vous avoir offensé.

Tête en l'air, elle passa devant un nouveau marchand intéressant sans même le voir, se rattrapant dans les quelques mètres qui suivirent en entendant ses cris qui ventaient les mérites de longes très résistantes pour les chevaux. Elle avait en effet coupé accidentellement l'une d'entre elle pendant ses scéances d'entraînement secrètes au couteau, ce qu'Edward s'était empressé de maquiller au maître par une perte inexplicable de sa part. Pauvre palefrenier... tellement naïf. Une fausse larme de culpabilité de la part de la démone, et il n'avait pas hésité à se rendre coupable pour lui éviter la moindre punission. Le maître s'était contenté d'un sermon, heureusement, sinon elle en aurait presque éprouvé du remord, tant Edward pouvait se montrer généreux envers elle...

Venez venez ! Mes articles d'équitation sont les meilleurs ! Solides et souples à la fois ! Venez acheter mes articles d'équitation !

Elle s'efforça de choisir la longe qui conviendrait le mieux, le cheval auquel appartenait celle qui s'était cassée étant assez impétueux. C'est alors qu'Aerandir lui fit part de ses motivations dans les conflits qui pouvaient avoir lieu entre Royaume et Rebelles et elle approuva d'un signe de tête, attendant que le marchand se décide à lui vendre l'objet de sa commande pour lui apporter son avis.

Vous m'avez l'air en effet de n'appartenir à aucun des partis belligérants. Mais votre histoire me pousse à croire qu'une alliance avec les Rebelles vous serait profitable... enfin, ce n'est qu'une supposition. Car je pense bien pouvoir affirmer que les membres de la Rébellion ne sont pas aussi mauvais que ceux qui appartiennent au Royaume, et qui sèment horreur et destruction, partout où ils passent.

Elle aperçut alors une boutique à travers la vitrine de laquelle on pouvait distinguer tout un tas d'objets étranges. Elle s'arrêta devant le verre, son reflet tout proche l'imitant sans défaut. Elle vérifia la teneur des étagères et sortit le papier sur lequel elle avait écrit sa liste. Après une rapide lecture elle fit un signe à Aerandir et pénétra à l'intérieur de la boutique, chargée de récupérer pour son maître certains articles d'alchimie. Elle ne savait pas vraiment à quoi il les destinait mais n'avait d'autre choix que de les lui ramener. Il était en ce moment penché sur de nombreux ouvrages pendant ses temps libres, ce qu'elle trouvait plutôt bizarre... était-il devenu alchimiste à la solde du Royaume et destinait-il sa commande à une action contre les Rebelles ? Le doute la hanta alors qu'elle passait ses doigts sur une fine couche poussière sur les étagères. Si tel était le cas, elle était elle-même entrain d'oeuvrer contre l'ordre dans lequel elle s'était pourtant engagée. Alors que faire ?

Dîtes-moi Aerandir, j'ai une question à vous poser. D'après vous qu'est-ce qui compte le plus... le maître que l'on sert, ou nos engagements personnels ? Car, je crois que bientôt je vais me retrouver confrontée à ce dilemne.

Oliana chercha le vendeur du regard. Tout petit derrière son comptoir, il lisait un livre pour faire passer le temps. Alors elle rechercha à force d'étiquettes les produits que son maître nécessitait et les acheta. Qu'allait lui répondre l'elfe ? Mystère, mais cela l'éclairerait peut-être.

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« Ne dites pas que je vous ai supporté...Votre compagnie était très agréable, surtout pour un jeune Tigre solitaire tel que moi. D'ailleurs, je tiens de nouveau à vous remercier pour cette journée car j'ai appris que la solitude ne résolvait rien et qu'il était bon d'avoir, quelques fois, quelqu'un avec qui discuter. Encore merci d'avoir été cette personne »

« Voici votre article gente demoiselle et je vous remercie de votre commande tout en m'excusant pour ce retard. N'hésitez pas à revenir me voir, vous serez les bienvenus vous et votre compagnon »

« Regarde Annia ! Tu ne trouves que cette demoiselle à de la chance ! J'aimerais tellement être à sa place ! Je suis si jalouse ! »

« Voyons, Syltia moins fort ! Cela ne se fait pas de dire des choses comme ça ! De plus, tu t'avances peut être trop qui sait ? »

« Non, Annia ! Je sais que je ne me trompes pas ! Mais regarde les ! Ils vont bien ensembles tu ne trouves pas ? »

« Très bon choix d'article gente demoiselle »

« A quoi est destiné ce genre de potion ? »

« Je vois que Messire est également intéressé par cet article. En fait, il s'agit d'une potion de base nécessaire à tout type de transmutation »

« Transmutation animale ou humaine ? »

« Vous faites erreur Messire. Cette potion est destinée aux plantes, pour les alchimistes qui font des essais et qui essaient de trouver de nouveaux croisements »

« Si vous voulez mon avis personnel, je préférerais servir un maitre mais je suis certain que, si vous posez cette question à d'autres personnes, elles vont diront tous qu'il est plus noble de servir nos engagements personnels. Cependant, pour ma part, je sais que mon destin se trouve au service d'autrui donc, quelques soient mes engagements personnels, si je trouve un Maitre, ce sera lui que je servirais en premier »

Celle d'ailleurs ________________ ________________

Au sortir de la boutique, Oliana eut l'impression de devenir paranoïaque. Les gens les regardaient-ils bizarement, elle et Aerandir ? Non... Elle se retourna brusquement, surprit deux jeunes filles qui détournèrent la tête en croisant ses yeux. Elle resta un long moment à les fixer, et ce même avec leur air géné au fur et à mesure que ses regards s'appesantissaient. Si Aerandir n'avait pas répondu à sa question à ce moment-là, elle serait bien restée encore longtemps ainsi, sans bouger d'un milimètre. Mais la réponse lui donna matière à réflexion. Outre le fait qu'elle partageait l'avis de l'elfe, elle songeait toutefois que les convictions personnelles avaient toute leur importance. Car sans cela, elle n'aurait jamais fait partie la Rébellion. Et si elle se retrouvait à devoir lutter contre son maître à cause de ses engagements ? Non, ne pas y penser ! Une boule se forma dans son ventre. Alors elle ne put s'empêcher de faire part de ses angoisses à Aerandir, la voix légérement troublée.

Écoutez... si je vous ai posé cette question, ce n'était pas innoncemment. Je dois vous dire que... mon maître est un citoyen dévoué à Kaull Hendenmarck... En bref, il fait partie du Royaume, et c'est en toute conscience de ce fait que j'ai pris le parti de m'engager chez les Rebelles. Je sais que c'est potentiellement dangereux pour lui... Si j'étais prise à agir contre le Royaume, la faute retomberait forcément sur lui à un moment ou à un autre. Pensez-vous que j'ai eu tort de faire ce choix ? De suivre mes convictions plutôt que de servir efficacement mon maître ?

Un petit rire enfantin retentit dans son dos. Les deux filles de tout à l'heure. Les suivaient-elles ? Une nouvelle fois, lorsqu'elles aperçurent la démone, elle firent comme si de rien était. Mais elle avait bien eu le temps de déterminer leur centre d'intérêt.... Une voiture passa alors entre elle et les Demoiselles, ses chevaux faisant claquer leurs sabots sur les pavés. Elle haussa les épaules. Elle les avait perdu de vue, pas la peine de continuer à se demander ce qui se passait. Plutôt se concentrer sur ce qu'elle avait à faire. Elle ressortit sa liste, remarqua qu'il ne lui manquait plus que quatre articles à acheter.

*Quoi ? Non ? Pas déjà !*

Elle resta près de l'elfe, désireuse de savourer ces derniers moments qu'ils partageaient. Elle leva les yeux au ciel, passa d'étal en étal même si elle savait qu'elle n'y trouverait rien à acheter, commentant au hasard deux ou trois objets. La chaleur de la journée semblait avoir laissé place à une soirée vide d'air. Tout était léger et la température ne se remarquait plus. Elle releva la tête, le ciel était flou. Flou ? Bon, elle devait être un peu fatiguée...
Elle allait et venait, silhouette virevoltante d'un côté à l'autre de la rue. Elle se rendit compte que c'était la deuxième fois qu'elle passait devant la même vitrine. Génée, elle espéra qu'Aerandir ne s'en était pas aperçu, et continua son petit tour de droite et de gauche. Malgré l'air qui avait perdu sa chaleur, elle tira son éventail et s'en servit largement, toujours plus charmée par ses couleurs, la délicatesse de la dentelle. Il serait celui qui rappellerait à sa mémoire le souvenir de cette journée.
Elle tentait de gagner du temps au côté de l'elfe bien sûr, mais cela ne pouvait pas durer éternellement. Il allait forcément y avoir un moment où elle devrait récupérer ce qu'elle avait à acheter et partir. D'ailleurs elle passa devant un marchand de bougies et fut bien obligée d'en prendre trois, comme le lui avait demandé son maître. Mais elle fut distraite par une vision à la périphérie de son regard. Non ! Pas encore ces deux petites !

Aerandir, je crois que ces deux jeunes filles nous suivent... excusez-moi mais je n'en peux plus. Il faut que j'aille leur parler.

Elle fit donc deux pas en arrière et se retrouva, les deux poings sur les hanches, à interpeller les pauvres innocentes avec un air de défi :

J'aimerais savoir pourquoi vous nous suivez de la sorte !

Les deux gamines gloussèrent et se chuchotèrent un ou deux mots avant de se décider à répondre. Et d'après ce que la démone comprit, elles se demandaient, sa soeur et elle, si Aerandir et elle était ensemble, ce pourquoi elles les avaient suivis, hésitant à chaque pas à poser la question. Oliana en resta tellement interloquée qu'elle ne sut absolument pas quoi dire. Pour qui se prenaient-elles ces deux là ? Ce n'était pas le genre de questions que l'on posait... comme ça ! Elle tira Aerandir par la manche, lui expliqua la situation dans un murmure, s'éventa plus que de raison pour éviter d'étrangler les deux imprudentes qui avaient réussi à la géner pour de bon. Elle espéra que l'elfe allait leur répondre, elle n'y arrivant pas.

*Ces deux là ! Quelle idée... ! Avaient-ils vraiment l'air si proches que ça, Aerandir et elle ?*

Alors qu'elle songeait à cela, elle sentit quelque chose d'étrange. L'air s'était fait humide.

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« Pardonnez moi mais, il y a une chose que je ne comprends pas. Comment pouvez vous être rester au service de votre Maitre en sachant qu'il est un partisan du Royaume et vous, d'après vos dires, une partisane du clan des Rebelles ? J'avoue avoir du mal à comprendre vos motivations mais....Après tout, il s'agit de votre choix »

« Pardonnez nous demoiselle mais nous voudrions savoir.... »

« Annia voyons ! Veuillez nous excuser pour ce dérangement gente demoiselle mais c'est ma sœur qui est vraiment trop curieuse et qui... »

« Voyons Syltia ! Ne me dis pas que tu n'es pas aussi curieuse que moi?! Bien euh....Demoiselle, nous voudrions savoir si ce noble sire et vous, êtes ensembles ? »

« Annia !! C'est une question personnelle ! Cela ne te regarde pas ! Rentre à la maison tout de suite petite sœur ! Mère va finir par s'inquiéter. Encore une fois....Pardon gente Demoiselle, notre intention n'était nullement de vous embarrasser... »

« Quelle coïncidence de te trouver ici, mon cher Aerandir »

« Seigneur Klaussman... »

« Tu m'envoie honoré. Je ne pensais pas que tu puisse retenir mon nom avec autant de facilité, surtout après avoir connu, tellement de clients mais passons. Que vois je ? Merveilleux ! Serait ce enfin ton âme sœur ou encore une personne que tu vas honorer de ton corps car, peut être l'as tu oublié, mais tu ne sais faire que cela. Gente Demoiselle, permettez moi de me présenter officiellement à vous : Hyder Klaussman »

« Pardonnez moi de devoir écourter cet échange de politesse, Seigneur Klaussman mais cette demoiselle est pressée »

Spoiler:

Celle d'ailleurs ________________ ________________

Oliana se mordit les lèvres en entendant les remarques de l'elfe. Elle y avait songé maintes fois avant aujourd'hui, mais elle ne pouvait jamais se résoudre à quitter son maître, et ce pour au moins deux raisons : son passé qui avait fait qu'elle s'était retrouvée propulsée dans une faille par une froide nuit d'hiver, et qui l'avait vue être recueillie par son maître actuel, et ensuite à cause du fait que son travail était sa seule source de revenus, et qu'elle ne désirait en rien se retrouver à la rue. Devant elle, les deux jeunes filles s'en allèrent sans obtenir de réponse. Quant à elle, elle était toujours dans le même état de gêne, à présent accentué par les paroles d'Aerandir. Mais il allait bien falloir qu'elle trouve une réponse satisfaisante à lui donner, sauf qu'elle ne savait pas laquelle.
Elle continua à marcher puisque les deux petites ne faisaient plus obstacle sur son chemin. Évacuant ses préoccupations à grand renfort d'éventail. Heureusement qu'il lui avait fait ce cadeau ! Que serait-elle devenue sinon ? Aucun rempart derrière lequel se retrancher et masquer ses pensées. Elle se serait alors montrer ouvertement déconfite, ce qu'Oliana n'acceptait pas. En habituée du mensonge, elle n'aimait pas qu'on sache ce qu'elle ressentait. Ce ne fut qu'une fois arrivée devant un étal où elle dû marquer une nouvelle pause qu'elle se décida enfin à répondre à Aerandir :

Là est bien le problème, et la raison pour laquelle je vous avais posé ma première question. Je faisais au départ partie du Royaume, comme mon maître et toute sa propriété. Mais au fil du temps mes opinions ont divergé des siennes, et je me suis retrouvée à intégrer la Rébellion... À présent j'hésite à quitter le service de cet homme. Mais je n'ai nulle part où aller et je ne possède rien à part deux ou trois affaires sans importance et quelques économies. Et puis... ce qui me fait le plus douter sur la conduite que je dois suivre reste que mon maître m'a recueillie lorsque je n'étais encore qu'une petite fille même pas en âge de marcher. J'étais alors... tombée du ciel en quelque sorte. Elle eut un rire amer. Disons que j'avais passé une faille qui m'a propulsée à Feleth, seule et abandonnée... Sans mon maître je serais morte de froid dans la neige.

Alors que le soleil baissait de plus en plus, du monde se pressait encore dans les boutiques. Certaines femmes sortaient avec un air ravi de l'une d'entre elles au bras d'un homme, avec une nouvelle tenue exquise pour leur garde robe, deux vieillards se chamaillaient avec un marchand de fruits et légumes,.. bref, la vie battait son plein. Les lumières de la ville continuaient de s'allumer un peu partout, rappelant toujours plus à la démone que son temps en ville était compté.
Mais c'est alors qu'une chose étrange se déroula. Aerandir se figea sans qu'Oliana ne put en déterminer la cause. Elle fouilla la rue du regard, ne distinguant toujours que ces pauvres passants enfermés dans leur petite vie effémère. Néanmoins un homme finit par s'approcher d'eux et lia conversation. Il semblait connaître Aerandir mais cela n'empêcha pas la démone de le scupter tout le long de la discussion. Ses vêtements et les paroles de l'elfe lui laissaient à penser qu'il était noble, même si elle n'en avait aucune preuve.

Le discours que tint le nouveau venu la surprit. Il se disait être un ancien client d'Aerandir et le déclarait incapable, conjecturant au passage qu'Oliana était l'âme soeur, ou une cliente de l'elfe, ce qui la crispa. Comment pouvait-il s'avancer dans des hypothèses pareilles et surtout, insulter implicitement Aerandir ? Il trouva alors le moyen de se présenter à elle. Son nom était donc Hyder Klaussman... Elle eut beau chercher dans les connaissances de son maître, elle ne trouva nulle mention d'un tel personnage, ce pourquoi elle fit telle réponse qu'elle devait, à savoir un mince salut accompagné d'un : "Enchantée" plutôt circonspect.
Oliana s'attendait à ce que l'elfe dise quelque chose du comportement de cet homme, mais il se contenta d'écourter la discussion et de se placer entre elle et lui. Elle le fixa un court instant avec surprise, légèrement tendue par la réserve dont faisait preuve Aerandir. Elle ne savait comment s'était soldée leur relation, mais elle pensa qu'à la place de l'elfe, elle se serait grandement énervée des propos que le Seigneur Klaussman venait de tenir. Que comptait-il faire à présent ?

Que se passe-t-il Aerandir ?, chuchota-t-elle discrètement.[i] Si j'ai bien entendu, cet homme vous a insulté... vous ne comptez tout de même pas le laisser dire !

[i]Elle se sentait perdue par l'attitude des deux hommes face à face devant elle. À ce moment, elle aurait bien aimé savoir de quoi retournait la situation. En tout cas elle croisa les bras et ne bougea plus, attendant de recevoir plus de détails d'un ou l'autre des deux partis. Et si le Seigneur Klaussman continuait de médire impunément, elle avait bien l'intention ce lui répondre. Autant lui faire savoir qu'on ne parlait pas ainsi aux gens.

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