Neige sur la jungle [PV: Longshark de Winshter III & Rodany Bleinzen]

Dérangé ________________ ________________

Le bruit silencieux des pas de Nakor se répandait dans l’air d’une opaque transparence de la jungle. La lumière, assombrie par le feuillage dru des nombreux arbres, se réfléchissait dans la neige, qui couvrait d’une épaisse couche duveteuse le sol et les arbustes. Les arbres montaient en flèche vers le ciel, mais semblaient être freinés par leurs feuillages respectifs et respectables. Les sourdes voix des animaux qui n’étaient pas en train de roupiller étaient renvoyées par l’étroite profondeur de la jungle, semblant se répondre à elles-mêmes. Un craquement retentit, diffusant l’écho de son faible volume sous les voûtes enneigées de la cathédrale de bois. Une grenouille croassa. Le bruit rauque et doux se répandit comme une flèche de fumée enfumée et enrouée par la rudesse de l’hiver présent.

Si vous n’avez rien compris à la description qui précède, rassurez-vous, c’est parfaitement normal. Moi-même, je ne suis pas sûr de tout comprendre, il se passe des choses étranges dans mon cerveau, parfois… Revenons donc à un style plus classique pour la suite.

Nakor marchait, tel le cavalier solitaire, sauf qu’il n’était pas à cheval. La question est: le fait qu’il soit ou non à cheval affecte-t-il sa ressemblance avec le cavalier solitaire ? Probablement pas, puisqu’il s’agit d’une comparaison, utilisant le mot «tel» comme comparant, et jouant sur l’image du cavalier solitaire, silhouette sombre se découpant devant un paysage à couper le souffle, souvent une plaine éclairée par un soleil couchant d’un rouge ardent. En l’occurrence, le paysage à couper le souffle était une jungle, couverte d’un manteau blanc de neige, qui aurait pu la faire passer pour un assassin du Roi. Les arbres étaient givrés. Toujours à boire, ces sacrés arbres… Et puis, le paysage coupait littéralement e souffle, puisqu’il fallait monter les genoux aussi haut que le bassin le permettait pour réussir à avancer. Au bout de quelque pas, on a donc, effectivement, le souffle coupé. C’est là que Nakor, le cavalier solitaire, regrette de ne pas avoir de cheval. En effet, s’il avait eu un cheval, il l’aurait enfourché, et c’est le cheval qui aurait dû monter les sabots, et donc qui aurait été fatigué… Considérons cela comme un vice de l’être humain, qui préfère que les autres se fatiguent (que ces «autres» soient humains ou animaux), prenons pour exemples l’esclavage, les cavaliers solitaires, et tout un tas d’horreurs qui seront - peut-être – un jour abolies. J’écris, j’écris, et me rend compte que mon paragraphe est une immense digression partie des faits et gestes de Nakor. Pour ceux qui n’ont pas suivi, je résume: Nakor marchait dans la jungle enneigée, et regrettait l’absence d’un cheval sous ses fesses. Au bout de plusieurs heures de marche, Nakor trouva enfin un rocher où poser lesdites fesses, et y alluma un feu (sur le rocher).

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Les formes voluptueuses d'une fumée blanche s'échappant dans le ciel. C'était simplement ce qui avait retenu l'attention de Rodany.
Après quelle idée avait elle encore eu de s'y rendre? Hein dites moi? Simple curiosité mal placée, un esprit trop borné, peut être parce qu'elle avait un poil froid? Allez donc savoir !
Tout ce que je peux vous affirmer c'est que dans une tenue dès plus légère elle se trouvait là, à mener un lutte acharnée contre la neige pour avancer un tantinet. Il était désespérant de voir à quel point il fallait se démener pour faire quelques mètres.

Il fallait qu'elle trouve un chemin au plus vite, mais dans la jungle cela existait il au moins?
Avec son sens de l'orientation aiguisé elle avait repéré sans difficulté la direction ou elle devait se rendre alors qu'elle s'enfonçait sous les arbres foisonnant à l'épais feuillages.
Mais si elle commençait à chercher un chemin, elle perdrait surement de vu sa destination.
La jeune femme jura mentalement. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'un chemin miraculeux se dévoile devant ses yeux ébahis. Et... alors que la neige avait totalement trempée ses vêtements, traversant même le gros manteau en peau qu'elle s'était elle même confectionnée, et que les prémices des grelottements se faisaient amèrement sentir, elle aperçut de longues traces déchirant le voile intact que la neige avait déposé sur le paysage. (Oui j'aime les longues phrases interminables...)
Rodany se frictionna les bras et se murmura mentalement qu'elle devrait bien espérer plus souvent.

Une fois arrivée dans les traces précédemment repérées, la pensée évidente qu'elles avaient pu être faite par un homme largement plus grand qu'elle lui traversa l'esprit. Non non, elle n'est pas encore capable de sortir le poids et l'âge mais elle y travaille cependant ne vous en faite pas !
Ayant acquis un peu plus de célérité grâce au travail du précédent voyageur, elle ne tarda pas à le rattraper. Il était assis en tailleurs, là, sur un rocher, où un petit feu crépité ardemment devant lui. Rodany s'était arrêter dans l'ombre d'un grand arbre centenaire, silencieuse. Son coté sauvage ayant repris le dessus, faisant maître mot l'observation.
Les personnes trainant seules dans la jungle en plein hiver sont rarement les personnes les plus saines d'esprit mais surtout rarement les moins dangereuse..
L'inconnu ne bougeait pas. Immobile quand soudain il tourna la tête dans sa direction.
Peut être avait il sentit sa présence, peut être attendait il que la jeune femme fasse le premier pas. Cependant elle ne fit rien. Elle resta dissimuler dans l'obscurité dans son instinct à elle venant de de détecté une seconde présence. Valait mieux jouer la carte de la prudence à celle du confort. Voir comment les choses allaient elles bien tournées... même si le petit feu crépitant au lueur flamboyante la narguait au plus haut point.

Dérangé ________________ ________________

La jungle. Un indescriptible chaos végétal, qui, sous la neige et de nuit, prenait des airs mystérieux. La brume et le blizzard, suintaient, sinuaient, flottaient au niveau du sol, se mélangeaient avec la poussière blanche et glacée au sol, remontaient en tourbillons, et masquaient la lumière. Des arbres, on ne distinguait que les silhouettes élancées mais sombres, comme si le Peintre avait renversé son pot d’encre sur cette partie du Tableau. La lumière, faible et froide, passait avec difficulté entre les arbres pour apporter une clarté diffuse dans l’espace qu’occupait la pierre. Des ombres d’oiseaux et de chauves-souris passaient en hurlant au-dessus de Nakor. La pierre était chaude, et laissait échapper une agréable vapeur autour d’elle, au contact de l’air. Le feu crépitait agréablement, réchauffant l’ambiance, projetant dans la neige alentours des ombres orangées, et la silhouette de Nakor assis. Soudain, un faible bruissement, un halètement sourd, vinrent perturber le silence ambiant. Une présence brisa la tranquille solitude de Nakor. Une femme, il la voyait maintenant. Grande, mince, mais musclée, cependant. Un capuchon était rabattu sur son visage, une épée était fixée dans son dos, une épée à deux mains, vu sa taille. Il s’agissait donc d’une guerrière. Nakor réfléchit longuement. La guerrière l’observait avec attention. Nakor resta immobile, comme assoupi. Il détecta également une autre présence, mais celle-ci semblait plus distante, et s’éloigna après quelques instants. Nakor hésitait encore à parler. Mais, après réflexion, il vaut mieux un dangereux compagnon qu’un ennemi inconnu. Les gens que l’on rencontrait la nuit dans la jungle étaient rarement des gens fréquentables.

-«Venez donc partager mon feu, ma dame, j’imagine que vous cherchez un endroit où vous reposer ?»

[Je précise juste, à l’intention de Long que nous continuons sans lui, mais qu’il peut s’incruster quand ça lui plaira… Et, à l’intention de celui qui lira ceci, que le «ma dame» n’est pas une faute de français, mais la forme originelle de «madame», bien que cette considération puisse paraitre inutile…]

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L'inconnu l'avait repéré. Elle voyait son regard observant dans sa direction. Il ne bougea pas d'un poil cependant. Rodany en fit de même. Un long moment mettant la jeune guerrière à l'épreuve du froid s'écoula interminablement. Soudain se fut sa voix qui coupa le silence emplit d'une assurance qui surprit la jeune femme. Une simple invitation à s'asseoir avec lui et se réchauffer un peu. Proposition alléchante.
Devait-elle lui faire confiance? Cela n'était-il pas un subterfuge pour la faire sortir de son guêpier?

La Louve resserra autour d'elle son manteaux de peaux, une légère brise glacial venait de se lever.
De toute façon qu'avait à y perdre? Elle était exténuée. Elle ressemblait à un animal blessé. Elle avait besoin de cette chaleur bienveillante.
Doucement elle s'extirpa de sa cachette et s'avança prudemment vers l'homme. Elle n'avait pas prit là peine de lui répondre et ne cessait pas de soutenir son regard. Ses yeux reflétaient son âme sauvage, brillaient de méfiance. Elle n'avait pas besoin de mot pour traduire le langage de son corps, il était bien assez expressif comme ça.
Elle s'arrêta soudainement à une bonne distance de son interlocuteur réfléchissant une dernière fois à ce qu'elle faisait. Elle eut comme un mouvement de recule puis reprit son avancé. Elle ressemblait à une drôle de bête craintive qu'il fallait apprivoiser. Une animal partager entre deux sentiments totalement opposé. Elle jaugea le rocher et grimpa sans aucune difficulté. Des gestes rapide, précis. Elle ne s'assit pas mais s'accroupit près de la bénite source de chaleur. Elle était prête à bondir au moindre doute. La lueur du feu faisait naitre sur son visage jeu d'ombre qui renforçait son air bestial. Son coté sauvage.

Elle se sentait tendue et ne profitait pas comme elle l'aurait voulu de cette source de bienfait. A travers les flammes elle plongeait toujours son regard de braise dans les yeux indifférents de l'homme. Et toujours aucun son ne s'était échappé de ses lèvres.
Elle inclina doucement sa tête en signe de remercient. Une action simple, discrète mais sincère. Puis elle se mit à attendre. Elle n'était pas très bavarde et pas forcément de bonne compagnie mais Rodany se contentait d'observer, d'analyser. Elle n'était pas se genre de personne à poser mille et une question sur des sujets qui ne la regarde pas. Non, elle est le genre de personne qu'on finit souvent par oublier. Le genre de personne qui font juste office de présence. Le genre personne qui préfère le silence pour mélopée de leur cœur solitaire.
C'est ainsi qu'elle laissa coulé le temps profitant simplement du crépitement amoureux du feu tous ses sens en alerte toutefois.

Dérangé ________________ ________________

L’inconnue s’assit à côté de Nakor. Elle semblait tendue, le feu la réchauffait, mais elle était prête à sauter sur lui à la moindre alerte. A la vue de son épée, Nakor avait compris qu’elle exerçait la noble profession de guerrière.

-«Qu’est-ce qu’une jeune femme sans défenses comme vous fait dans la forêt à une heure aussi tardive?»

Il savait pertinemment qu’elle n’était pas une jeune fille, pas plus qu’elle était sans défenses, mais il aimait énerver ses interlocuteurs, ils commettaient alors des erreurs, et parlaient sous le coup de la colère plus encore sous le coup de la boisson.

-«Vous auriez pu faire une mauvaise rencontre, vous savez?

-Heureusement que vous m’avez croisé.»

Il sourit, et ce sourire dévoila ses dents jaunies, cassées ou inexistantes.

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