« - Alors raconte… Ça c’est passé comment avec… Allez… Tu sais qui ? »

La voix haletante d’un homme parvint aux oreilles du borgne. Levant le menton en arquant un sourcil, il jaugeait le temps présent. L’air était particulièrement calme auprès de la cathédrale, chose amusante. Les gens ne savaient que très peu qu’il y’avait un parc très agréable a quelques dizaines de mètres du cimetière. Après tout, se dit Slade, les rampants de cette ville ne savent même pas respecter le silence dû aux défunts. Portant un bandeau sur l’œil droit, comme toujours lorsqu’il ne se cachait pas alors que sa tête était déjà bien mise a prix. Mais malgré tout, dans les ruelles de Madorass et dans la ville en général, le crime faisait plus la loi que les forces du Roi, ça, Slade l’avait compris et il s’était assuré d’avoir une place importante dans le réseau criminel, une place très importante même.

Dans la ville plusieurs explosions inexplicables avaient eue lieues, plusieurs personnes n’ayant pas pris le temps de respecter les demandes et leurs contrats avec le borgne.

« - Et bien t’vois… Elle me disait qu’on n’pouvait pas t’vois ? Qu’les ruelles étaient sale et tout. Dit un homme a la voix grasse en riant. Alors j’l’ai plaquée contre l’mur alors qu’elle g’missais en f’sant semblant d’v’loir fuir. Le rire de l’homme irrita Slade qui grimaça en tirant le visage sur le côté. ‘Lors j’ai glissé m’main sous sa jup’ en ‘trainant l’siennes sur m’braies. »

Finalement réellement agacé par le discours du gros lard qui avait surement plus commis un viol qu’eu une partie de jambe en l’air avec les filles frivoles de Madorass. Il grimaça en croisant les bras sur son torse. Portant comme toujours une simple tenue de cuir bouilli sur une cotte de maille d’une rare excellence. Son épée a la ceinture et son bâton d’argent derrière la nuque, ces deux mains sur les extrémités du bâton. Un léger ricanement sorti d’entre les lèvres du borgne. Il devait surement ressembler, a voir la pose, a un de ces pauvres hères qui sont mis au pilori pour le plaisir malsain de quelques gueux passant par là. Mais il n’en était rien, Slade était paisiblement assis sur un banc de pierre, adossé a un arbre. Regardant cette magnifique journée se dérouler devant ces yeux. Malgré les lourdes responsabilités et les dangers que lui offraient une vie fortement mouvementée, Slade lui étais paisible en ce jour. Rien ne pouvait réellement lui gâcher la journée, pas même le fait d’être forcé d’égorger une ou deux capes blanches qui l’auraient reconnu par hasard.

« - Alors… A c’m’moment là j’vois l’sergent qu’s’approche m’pointant d’la vouge en m’gueulant d’ssus, Ivrogne ! Ivrogne qu’il criait. Un rire dédaigneux sorti de ces lèvres. Il c’mmence a m’donner un coup du plat d’la vouge t’vois ? ‘Lors j’lui mets un pain dans l’mâchoire et il tombe raide t’vois ?

- T’crains pas qu’les capes blanches te tombent d’ssus ? S’inquiéta l’autre, perdant le ton excité qui semblait être caractéristique. Il avait peut-être de l’esprit.

- Nan, j’crains pas l’capes blanches, trop occupées ‘vec l’autre Lion-noir.

- Ouais m’quand même. T’sais ‘sont choppé des gars derrière l’marché aux ‘sclaves.

- Baaaaaarh ! Racontars ! S’exclama l’énorme tas de graisse.

- On parie... ? Soupira Slade en un léger sourire »

Slade regarda une silhouette portant une hermine blanche, masculine et visiblement agacée, le glaive au clair. Elle montais par l’est et donc ne pourrais pas voir Slade qui lui étais orienté vers l’Ouest, ce qui fit sourire l’homme alors que dans son dos un cri de terreur surgit, suivit de bruits de luttes et d’un son très connu aux oreilles du rebelle. Celui de la chair tranchée par un glaive. Surement une main, la justice expéditive ils connaissent bien les capes blanches. Le bruit d’une troupes s’approcha aussi. Le criminel en profita pour peaufiner son ouïe, d’après le vacarme ils étaient une dizaine. Tous en armure lourde, surement un haubergeon, un pavois et des casques. Ils portaient un fourreau a entendre le claquement reconnaissable de ces derniers. L’équipement de la garde comprenait aussi une lance. Souriant, l’homme a l’œil d’or se retourna et se réjouit de voir qu’il avait eu raison. Finalement, il patienta a nouveau sous cet arbre, les fesses posées sur ce banc a observer cette journée qui étais plus que magnifique. Tout se déroulait comme un charme dans le petit havre de paix de la cathédrale.

« Je suis le péché, je suis la lame qui découpera ta chair avec délectation. Oui tu vas souffrir, dans des jouissances que seule, moi je comprendrais. » Souffla Eden dans un murmure presque inaudible… Comme une menace silencieuse.

Elle était là derrière un arbre, ses griffes dans l’écorce de l’arbre, souriant. Elle observait la scène, en laissant simplement la trace de son passage sur l’arbre. Elle voulait du sang, elle voulait voir des cœurs mourir, et Pandora qui se morfondait à la voir ainsi… Eden finit par se retourner, collant son dos contre le tronc. Ses cheveux bruns parsemaient son visage, l’encadrant avec douceur, malgré ses yeux ambre emplis de violence… Elle fixait calmement l’arrivée des capes blanches, ne paraissant pas méchante dans sa cape brune, aux bordures de fourrure mais en dessous… Le mal y régnait. Elle paraissait innocente…. C’est alors qu’une cape blanche l’interpella. Elle se décolla de l’arbre et se mit bien en face de lui.

« Je vous arrêtes ! »

Eden ne comprenait pas. Elle soupira, pour une fois qu’elle n’avait rien fait…

« Non ! »

Elle tendit sa main vers lui, poing fermer en penchant la tête. La cape blanche s’approcha pour voir… Arme à la main.

« Suivez-moi ou je vous tue ! »

Eden ignora les paroles, et ouvrit soigneusement sa main. Un petit scarabée noir titillait ses antennes. Le scarabée fixa l’homme en sautillant sur les bouts des doigts d’Eden… La démone esquissa un sourire sadique.

« Bon appétit ! »

Le scarabée sauta sur la cape blanche, s’infiltrant sous ses vêtements puis sous la peau… se faufilant dans la chair. La cape blanche se dandinait dans des cris douleurs atroces. Eden jubilait, Pandore la sermonnait… Cela l’amusait. L’homme essaya de la frapper mais ne put la toucher, s’écroulant sous les douleurs. Il crachait même du sang… Telle une poupée voulant vivre, il combattant le piège d’Eden qui s’en allait en marchant …

Elle devait disparaitre vu que les capes blanches accouraient vers elle encore… Mais comment… Elle regardait autour d’elle voyant des soldats attrapaient des hommes, et un autre sur un banc… Puis s’échappant entre les arbres du lieu, il y en avait quelques un quand même… Elle laissa Pandora prendre place. Pandora avait beau protester, ne voulant pas être la victime de la folie d’Eden encore une fois… Cela ne marchait pas.

Pandora apparut avec son bandeau sur les yeux, vetu d’une cape noire à fourrure, en dessus, elle avait un pantalon et des ballerine, et un simple haut… Elle avançait dans Madorass… Sans dire un mot en écoutant la terre. Elle la sentait l’alerter. Quelques capes blanches la planquèrent contre le mur, l’accusant d’avoir tuer un homme, elle se débattit… Il la plaquèrent contre le mur violement, sa tête heurtant les briques du mur, et un filet de sang coula le long de son front.
Pandora ne cria pas, resta silencieuse, ne montrant que la douleur sur son visage.

« Avoue chienne ! »

Un arracha son bandeau, et le soleil dans les nuages, lui brula les yeux. Elle en pleura. La nature se déchaina petit à petit… Ses yeux sous la lumière, se gorgea de sang… Elle ferma les yeux. Les arbres bougèrent sans que le vent ne les touche, comme prit de colère… Les branches craquèrent avec violence dans un seul bruit.. Les herbes et fleurs bougèrent… Et pourtant aucun des capes blanches ne virent ce changement. La nature se rebellait par la haine que Pandora à envers les Hommes… Elle se fit gifler… encore et toujours.

« Chienne, je sais ! »

Et d’une voix calme et poser, elle baissa la tête.

« Tu ne sais rien, absolument rien… J’y suis pour rien… »

Elle ne pouvait pas se défendre…Coincé entre eux et la nature. Elle haissait les villes, et ses habitants, et ce n’était pas pour rien… Eden avait encore laissé Pandora subir les conséquences.

L’attention de Slade fut accaparée par des mouvements dans les buissons. Un murmure aussi parvint a la fine ouïe du borgne. Il rit un moment, ce n’étaient peut-être pas des mots dirigés contre lui mais qu’importe, il trouvait cette discrète menace des plus risibles. Puis il tourna la tête en direction des capes blanches et du pauvre violeur qui venait de se faire raccourcir le bras. Ce dernier venait de perdre connaissance a cause des pertes de sang. Vraiment, les capes blanches ne savaient pas faire dans la délicatesse. Aucune maîtrise d’eux même, dire qu’ils ont presque tous les pouvoirs, rien ne peux les atteindre a part le Roi, quelle tristesse.

Un bruit de pas feutré l’alarma et il tourna la tête vivement vers l’exact opposé d’où il regardait. De derrières des branches une femme a l’apparence paisible et aux yeux masqués passa devant lui lentement. Il la regarda sous toutes les coutures. Quelque chose dans les réactions musculaires trahissait une anxiété et sa respiration avait une intonation inquiète, bien que ce soit imperceptible pour la plupart des êtres de ce monde, Slade lui, avait su entendre jusqu’aux battements de son cœur en focalisant son attention sur elle et visiblement, le mercenaire n’était pas le seul. Une des capes blanches la regarda passer puis se tourna vers ces frères d’armes. Secouant la main d’une manière peu engageante.

Temps de faire le chevalier servant se dit Slade en se redressant et s’époussetant, il partit a l’opposé de la position des chiens du Roi puis passa sur un muret qui surplombait des toits en contre-bas avec une facilité digne des assassins d’ordres monastiques. Sautant de toits en toits avec une agilité surprenante. Il suivait la personne aux yeux masqués, réellement intrigué par sa présence non loin de la scène du raccourcissement de bras a la sauce Cape Blanche.

Les rues étaient bondées, cependant, Slade ne semblait pas avoir de soucis a garder la piste de la dame aux yeux bandés. Sous ces pas, une dalle céda et vint s’écraser en contre bas, cependant avant même que le morceau n’atteigne le sol, le criminel avais déjà disparu de ce toit et prenait de l’avance sur la trajectoire de la bandée. Au détour d’une rue, comme une gargouille sinistre. Slade regardait la progression de l’aveugle, a un certain moment, l’ancien maréchal remarqua des capes blanches dans la foule. Avant même qu’il ne puisse agir ils l’avaient emmené dans une ruelle sombre. Slade espérait qu’ils allaient juste la secouer, lui faire peur et aucun mal. Cependant, l’espoir fait souvent faux bond et cette fois il se permit de le faire magistralement. Les coups fusaient et la pauvre dame ne se défendait guère, il faut dire souvent se défendre face aux poings des capes blanches c’est signer son arrêt de mort, ne rien faire peut l’être aussi d’ailleurs, dépends de l’humeur du blanchi, le bandeau de l’aveugle venait de se faire arraché alors qu’elle poussa un hurlement, c’était le signal.

Sans un mot, il se laissa glisser le long d’un mur en se retenant a l’aide de ces doigts qui, sous le frottement avec la roche, fis un léger bruit qui sembla tel celui d’un serpent aux aguets, mais bon, qui aurais l’ouïe assez fine pour entendre ça alors que des capes blanches se mettent a rire alors que leurs poings ravagent le visage d’une personne qu’ils n’ont probablement jamais rencontré avant, faut dire que la violence ça apporte toujours une certaine satisfaction, parfois d’ordre sexuel a voir l’impression de l’un d’entre eux. Un joli tas de dégueulasse. Glissant telle une ombre derrière l’un d’entre eux et dégainant une pointe en fer, s’approchant du plus près de lui et appuyant avec au niveau de sa nuque. Impulsivement la cape blanche se tétanisa et se prépara a dégainer mais son mouvement fut bloqué, comme paralysé alors que la pointe traversait sa première couche de peau avant d’entamer son cou musclé et ressortir par la trachée en un gargouillis qui arrêta le poing de son compagnon.

La cape blanche commençait déjà a convulser alors que sa peau palissait et ces lèvres ainsi que ces yeux prenaient une teinte violacée. Se redressant et regardant l’autre cape blanche. Il haussa les épaules avec un léger sourire, ce dernier rua sa main a sa garde et s’approcha de Slade l’épée au clair, levée au ciel comme une lame de Damoclès au-dessus de l’assassin.

Le mouvement ralenti et Slade réfléchi un léger instant qui étais très long pour lui mais pour les autres n’était que l’espace d’un clin d’œil. Se penchant en avant comme pour faire la figure connue sous le nom de « Petit-pont », le mercenaire donna une impulsion de ces pieds pour revenir a la verticale, frappant le menton et la gorge de la cape blanche au passage. Ce coup était plus que suffisant pour tuer des gens de ce gabarit. Il retomba par terre en crachant une impressionnante gerbe de sang.

Se remettant sur ces pieds, il s’épousseta puis se craqua la nuque avec une moue ennuyée puis il regarda la femme aux fermés. Grommelant il ramassa le bandeau de la main tétanisée du bleui puis s’approcha de l’aveuglée, lui repassant le bandeau sur les yeux puis posant une main sur son épaule.

« - Vous avez de la chance, jeune fille. Vous n’avez rien de.. »

C'est a cet instant que Slade remarqua l'étrange activité de la nature autours de lui, il se redressa et regarda les plantes se mouvoir sur le sol pavé de cette ruelle alors qu'un amas de lierre commença a ramper vers les corps inanimés, une longue branche de lierre se noua autour du cou d'une des capes blanche, appelons le... « Celui qui vois la vie en bleu » et un bruit, tel celui d'une corde qu'on serre, se fit entendre suivit d'un craquement sonore.

« -... cassé ? Qui êtes vous ? »

Pandora voyait la nature se levait dans une colère rouge. Etait –elle donc si précieuse à mère nature ? Eden lui demandait même d’échanger de place pour qu’elles ne meurent pas. Seulement Pandora refusa, elle aurait pu appeler l’eau à sa rescousse, cependant un homme borgne l’empêcha. Il s’occupa de toutes les capes blanches, laissant Pandora et la nature en colère sans moyen de se calmer…

C’est là qu’il toucha son bandeau pour lui remettre, elle se colla contre le mur. Elle ne supportait pas qu’on touche son bandeau, son visage, surtout pas d’un Homme. Elle s’immobilisa, figée par ce qu’il avait fait… Elle secoua la tête, et repris ses esprits, elle alla vers lui, et le gifla.

« Ne me touche pas ! »

La nature voletait de haine même après la gifle. Pandora n’était pas une fille violente, elle haïssait juste les humains, ou tout être humanoïde… Tous pareils pour elle. Tous destructeurs de vie et de rêve.

« Ne me touche pas ! » Répéta – t- elle.

Elle se décolla du mur, levant la jambe au-dessus des corps. Elle faisait ça avec habilité, comme si elle n’avait pas de bandeau sur les yeux. Pandora passa à côté de l’homme à l’œil mort avec ignorance. Eden déçut de ne pas avoir contribué à cette hécatombe supplia Pandora de la laisser s’occuper du borgne… Pandora refusa, tout ce qu’elle voulait, c’était de partir. Elle faisait dos à l’autre sans rien dire d’autre. Elle avança entre les tombes, calmement… Marchant dans l’herbe qui se voulait accueillante et reposante. Elle avait oublié un instant bref ce qu’il venait de se passer… Pour se diriger vers le cimetière près de la cathédrale.

La terre lui cria dans son cœur « Ils sont là… » Qui était là ? Est – ce des fantômes ? Ou des rêves ? Des êtres oubliés ? Elle se souvient de son père, de sa mère, de sa sœur comme un puzzle ou il manquerait une pièce… La tristesse marquait son visage. C’est la première fois qu’elle venait et Eden avait été odieuse… En ce jour sinistre, elle ne haïssait plus que tout Eden qui comprit que pour se faire pardonner, elle devait se taire. Pandora était enfin seule avec sois mienne, n’ayant plus les pensées sanglante de la démone.

Son bandeau toujours sur les yeux, elle passa sa main sur les tombes. Pandora glissait ses doigts sur le dessus de trois tombes en particulier ou la nature avait marqué son territoire… Les larmes de tristesse marquaient ses joues dans les traces de sang qu’il restait. La terre s’apaisait dans sa souffrance. Pandora s’assit contre la tombe de son père, se reposant du côté droite contre la stèle, tête se reposant dans des larmes silencieuses. Elle passait ses doigts sur les lettres qu’ornait la pierre… Son corps tremblait dans des souvenirs qui étaient si flous… C’était, il y a longtemps… C’était la nuit ou son monde changea pour toujours. C’était le début de la fin pour une petite fille, qui connaissait que les bras réconfortant de ses parents… Qui était sa seule sécurité… Elle s’en rappelait comme d’un couteau planté dans le cœur, et qui ne se délogera jamais.

Alors que ses doigts dessinaient les lettres, la végétation qui avait poussé, retourna à la terre doucement, pour libérer de son étreinte la dernière demeure d’une famille qui n’avait rien demandé… Elle se demandait ou ses parents, et sa sœur étaient, la voyait telle comme elle est ? Prisonnière d’une démone sanglante ?

Elle se mit à chanter, une chanson que sa mère lui soufflait pour dormir. Il fallait une bonne oreille pour l’entendre et voir que le cimetière n’était pas vide. Elle devait s’y rendre, après tant d’hésitation, tant de culpabilité ressentie… Pourquoi tout cela est arrivé, se demanda – t- elle, alors que les mots sucrés de sa chanson voletaient dans l’air macabre du lieu. Un corbeau croassa sur la branche d’un arbre, la fixant. Le monde n’existait finalement plus pour elle, à ce moment-là.

Slade sentit soudainement une main venir lui caresser vigoureusement la joue, pour ne pas dire, lui foutre une baffe mémorable. Repoussé un peu en arrière par ce coup, il se tint la joue en voyant fuir l’aveugle. Il ne comprenait pas, il n’avait pas tenté de lui faire du mal, le mercenaire n’avait voulu que lui remettre son bandeau sur les yeux. N’abandonnant pas aussi facilement, Slade entrepris de la suivre, au cas où d’autres capes blanches rappliqueraient. D’un pas sûr, il avançait non loin d’elle, ne la quittant pas des yeux malgré les rues bondées de Madorass. Etonnement, elle revint au cimetière où il l’avait vue pour la première fois.

Elle marchait au milieu des tombes lentement et Slade, assis sur une gargouille bordant le clocher. La regardait faire et aussi étonnant que cela puisse paraitre, le cœur de pierre de Slade s’attendrit en la voyant s’effondrer face a une tombe, même si l’intelligence de Slade lui permettait souvent de deviner les émotions des gens, il ne fallait pas avoir de pouvoir spéciaux, de talents de magie ou d’espionnage incroyables pour savoir ce qu’elle ressentait. La perte de proches, Slade ne savait pas ce que c’était de perdre quelqu’un de sa famille. Il avait toujours été orphelin et avais vécu seul, mais il savait très bien ce que l’absence de liens et d’attaches familiales peuvent créer, il en était un excellent exemple se dit-il. Un homme froid et calculateur mais en ce jour, cet homme, aussi manipulateur, fourbe et pragmatique qu’il était, se retrouva un instant attendri par cette femme qui l’avait pourtant giflée il y’avais a peine quelques instant.

Il la laissa a ces pleurs puis descendit de la gargouille, atterrissant avec une agilité féline et se déplaça entre les rangées de tombes pour la plupart couverts de noms qui n’évoquaient rien pour le mercenaire. Slade se retrouva bien rapidement a côté de Pandora, il avait les mains dans les poches de ces braies, la regardant sans aucune hostilité voir même avec un peu de regret a devoir l’ôter de son deuil.

« - Je me disais bien que je vous trouverait ici. Dit-il d’une voix douce. Excusez-moi pour ce que j’ai fait toute a l’heure, je ne pouvais savoir, je voulais vous protéger de ces hommes. »

Voyant l’absence de réponse de la part de l’apparente aveugle, il sourit légèrement. Se remémorant l’habilité avec laquelle elle avait enjambée les cadavres des capes blanches, peut-être n’était-elle pas si aveugle que ça l’aveugle. Il restait les mains dans les poches, paisible. Slade ne voulait pas de combat, juste discuté calmement avec cette jeune femme qui avait réussis a attendrir un court instant son cœur de pierre.

« - L’homme est bien une créature pathétique, n’est-ce pas ? Voyez comment ils traitent leurs morts. Les laissant dans des tombes abandonnées aux ravages du temps. Souffla-il sur un ton étonnement paisible. Nous sommes pire que des animaux sauvages, notre infamie tout comme notre bonté peuvent être démesurée, irréfléchies. Il n’y’a qu’a voir ces hommes qui détruisent et vident l’intérieur des montagnes pour quelques inutiles diamant ou ceux ravageant la terre, laissant de sanglantes cicatrices sur son visage avec des guerres stupide entre seigneurs jaloux. »

Slade eu un sourire a peine imperceptible. Un sourire marqué d’une pointe d’ironie, lui-même avait du endosser le rôle d’un seigneur et combattre les ennemis du royaume pour assurer sa survie pendant un certain temps. Puis il souffla et sourit a la femme aux yeux bandés et se présenta.

« - Je me nomme Slade. On me surnomme le Lion-Noir a cause de l’emblème de mon ancienne famille et je vous représente mes excuses pour avoir touché votre visage tout a l’heure, je voulais juste vous épargner d’autres souffrances a cause de la luminosité. »

La mélodie s’échappait de ses lèvres, caressant la terre désolée de douceur. Elle se reposait dans les bras de ses pierres tombales, voulant ne pas entendre le bruit destructeur de l’Homme sur le Madorass. Ses doigts glissaient sur la tombe avec lenteur. Quand la terre soufflait des mots dans son esprit… Le loup rôde, elle le savait. Pandora resta méfiante. Alors que les paroles de se musique prirent fin dans un murmure triste, elle essuya des larmes. Son battait fort en pensant à eux… Ses premiers pas dans ce monde furent avec eux, avec cette famille que la jalousie d’un lui a enlevé.

Elle s’en veut, elle se maudissait d’avoir eu ce don… Elle aurait aimé grandir avec eux, découvrir le monde avec sa sœur, connaitre l’amour, les amis et même l’école… Seulement tout ce qu’elle a eu, ce fut des instants de torture, des instants d’haine, et si la terre n’avait pas été là, elle serait morte sur cette table dans cette pièce noire, sans que personne ne sache la vérité… Elle souffla, regrettant quand une voix arriva à ses oreilles. Elle ne bougea pas mais si Pandora avait entendu des pas fracassé le sol. Pourquoi venait – il à sa rencontre ? N’avait – il pas fini leur entrevu ?

Pandora toucha son bandeau du bout de ses doigts, pour s’assurer qu’il est là et qu’il y restera. Elle ne répondit pas à l’homme. Elle voulait qu’il s’en aille et que plus jamais, elle ne le revoie. Cependant, il partit dans un discours écologique qui donnait la nausée. Il faisait partie de ses monstres et il osait les critiquer… Pandora leva la tête, évaluant son visage par les échos du monde, et vit que l’œil mort était plus censé que lui… Et vit ce sourire à peine visible d’une ironie dégoulinant d’horreur…

« Ne sois pas le loup de tes propres moutons et alors tu pourras peut-être en souffler mot. Cependant tu sens le sang que tu tentes de cacher de ton sourire ironique. Tu me dégoutes, va – t- en… Tu salis cet endroit. »

Pandora parlait doucement mais se voulait associable. Elle ne voulait pas l’écouter. Et c’est là qu’il se présenta… Elle s’en moquait fixant le sol de la tombe qui fleurissait de petites fleurs blanches, assez vite, alors que ses doigts caressaient la terre.

« Je me moque de savoir qui tu es. Et on NE touche PAS mon visage. Je suis assez grande pour le faire moi –même. »

Le temps se couvrait. Quelques nuages gris se présentaient annonçant la pluie. Une pluie qui ne tardera pas.

« Il va pleuvoir… Part, je ne veux pas te voir une minute de plus. »

Pandora se blottit contre la pierre tombale comme si il n’existait pas. Tellement que des lianes prirent Slade par les jointures de son corps, serrant fort. Dès que c’était fait, les lianes le tirèrent violement contre une statue d’une divinité.

«- Je suis un lion parmi des chiens, voilà qui je suis en réalité. »

Le rebelle croisa les bras sur son torse. Se penchant légèrement en arrière, appuyé sur son talon. Il écoutait la réponse, bien que douce, agressive de la dame aux yeux bandés. Malgré tout humain, Slade était de notoriété un homme haïssant sa propre race, qui n’avais aucune considération pour les autres membres de la société et qui se servait d’eux comme outils involontaires de ces propres desseins. Comprenant néanmoins la peine de se retrouver sur la tombe de ces parents, le criminel éprouva un sentiment de négation en l’entendant parler de la désacralisation que constituait sa présence sur le lieu consacré qu’était le cimetière.

Les croyances des hommes n’étaient pas celle de Slade, qui lui ne pensais qu’aucun des dieux de qu’importe quelle contrées ne constituaient qu’une énorme mascarade destinée a contrôler plus facilement les gens. Choses que Slade avait, par le passé, eu l’occasion d’utiliser afin de sauver sa propre peau ou de renflouer ces caisses qui avaient été vidées par différentes opérations peu légales.

Le ciel se couvrit, chose que Slade perçu non avec son œil mais avec un hérissement de sa peau, il leva le regard afin de confirmer ce sentiment. Il y’avait quelque chose qui dérangeait intérieurement le Lion-Noir, qu’étais-ce ? Il ne pouvait décrire cette impression d’un danger imminent qui l’alertais, au fil de nombreuses années de cavales, le criminel avait appris a faire confiance a ces impressions et a accorder de l’attention a son instinct de prédateur. Lâchant un souffle dissimulant une inquiétude croissante. Il baissa les yeux vers la jeune fille quand elle s’expliquait et assurait qu’elle était assez grande pour s’occuper de son bandeau, bien sur qu’elle l’était, mais étais-ce si étonnant de croire que l’action de Slade partait, pour une fois, d’un bon sentiment ?

« - L’ai-je sous-entendu ? Est-ce si étonnant qu’on puisse ressentir de l’inquiétude pour une personne maltraitée par les… Si cordiales capes ? Dit-il en un petit rire dissimulant une multitude de possibles intonations, rendant impossible la compréhension du fond de sa pensée. »

Il va pleuvoir, dit-elle, il va pleuvoir. Ca, Slade l’avait bel et bien compris en relevant les yeux vers le ciel. Ce dernier était chargé lourdement. Et déjà, quelques gouttes tombèrent non loin, les sens aiguisés du criminel lui permirent de tourner légèrement le visage le premier impact de la pluie. Remarquant du coin de l’œil qu’elle se blottit contre la pierre tombale. Le Lion-Noir haussa les épaules, ne décidant pas pour autant partir quand il sentit un mouvement a ces pieds. Avant qu’il ne puisse réagir, ce qui est chose rare, des racines vinrent l’attraper a toute ces articulations et bloquèrent ces mouvements.

« - Qu’est-ce que… Ce n’est pas magique ! C'est... Autre chose ! »

S’écria-il avant de gémir de douleur. Les racines se contractèrent brusquement et firent tomber a genoux Slade. Ce dernier se débattit en relevant le bras droit, sa grande force l’aida a arracher quelques racines mais étrangement, d’autres, plus robustes, vinrent prendre le relais. Bien évidemment, cela venait de la fille mais comment pouvait-il se protéger ? Peut-être qu’en atteignant une des capsules de poison qui étaient attachées a sa ceinture et de la jeter sur la fille ? Non, ce n’était visiblement pas elle qui causait cette attaque, il ne sentait aucune magie émaner d’elle. Il devait trouver la provenance de cette attaque. Son regard détailla le cimetière en l’espace d’un battement de cils, même malgré ces capacités d’observations uniques, il ne parvint pas a trouver la source de cet assaut sournois.

C’est alors qu’une autre racine surgit du sol pour saisir le Lion-Noir par la gorge et de le tirer sur une statue. Alors qu’il fut trainé avec une vitesse brutale, il reconnut la forme d’un dieu mineur, celui de la vie. Cocasse situation, la vie elle-même venait l’attaquer, enfin, la nature, mais c’est a peu de choses près la même chose. Son corps et ces membres furent plaqués contre la statue. Poussant un cri du a l’intense pression qu’exerçaient les racines sur ces articulations. Ces os allaient être brisés si cette situation continuait. Serrant les dents comme une provocation a cet assaut, cherchant toujours du regard l’assaillant mais désormais, Slade savait qu’il n’était plus en position de se défendre, mais il voulait que, qui que ce soit, voit la haine qu’il éprouvait.

Il sentit quelque chose craquer dans son bras droit, ce qui arracha un hurlement de douleur au criminel, qui fut tut rapidement par une racine qui vint s’enrouler autour de la statue afin de se serrer autour de sa gorge et de serrer avec une lenteur. Sentant que sa respiration fut bloquée, il commença a suffoquer, la fin ? Déjà ?

La nature était volage et cruelle. Elle ne voulait pas le lâcher, et Pandora ? Elle s’en moquait. Qu’il meurt, pensa – t- elle. L’étreinte se serrait de plus en plus, puis fini par lâcher. La nature recula dans les bas-fonds de la terre, pour s’endormir.

Pandora voulait partir, disparaitre. Elle fit un bisou sur les trois tombes, en se levant, remit son bandeau correctement. Elle fixa autour d’elle, n’écoutant que son cœur, la vérité de son âme.

Elle soufflait, puis avança, sans rien dire. Elle voulait quitter cette ville, ne plus revoir cet homme, ne plus l’entendre, ne plus le sentir… Eden se serait fait une joie de le tuer, mais la violence ne mène à rien ! Elle se faufila entre les tombes et tourna dans la ville.

Elle a simplement disparu. FIN !