''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
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''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
Auteur inconnu
 
''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 Un corps au fond de l'eau [ Darion ]

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Synëal Muspell

♘ | le Botaniste Ardent

________________

Synëal Muspell
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Race : Syrinx
Classe : Ensorceleur
Métier : Botaniste
Messages : 174

Fiche de Personnage : Le Botaniste Ardent


Un corps au fond de l'eau [ Darion ] _
MessageSujet: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyMar 29 Jan 2013 - 14:33

Il faisait vraiment un temps de chien. Et ça durait depuis plusieurs jours. Les plantes adoraient ça en général, et il m'arrivait d'y trouver un certain réconfort quand j'étais d'humeur massacrante – autant dire que c'était habituel. Mais là, je trouvais que c'était beaucoup trop. À force de boire, on finit par se noyer. Proverbe d'un pêcheur entendu par hasard lors d'une promenade. J'étais plus ou moins d'accord avec cette idée, tant qu'elle ne s'appliquait pas à moi. Il paraissait que se noyer était une mort vraiment longue et douloureuse. On pouvait toujours tester sur un citoyen, cela ne coûtait rien.

Le pauvre individu étalé à mes pieds, ligoté et baillonné, constituait un test de choix. Il était robuste, de la carrure d'un guerrier alors qu'il n'était qu'un manant parmi tant d'autres. Par contre, il gigotait beaucoup, c'en était navrant. Pourquoi ne se laissait-pas simplement aller docilement? Il allait être le sujet d'une de mes expériences après tout. Comment boire la tasse, par Synëal Muspell. Il n'aurait pas rêvé mieux pour se faire une renommée dans la région. Je griffonnai ses caractéristiques en notant sa taille, sa couleur de peau, de ses cheveux, ainsi que la mesure moyenne de sa corpulence. Je ne m'attardais pas sur les détails comme par exemple ses yeux larmoyants, ses spasmes de terreur. C'était une réaction tout à fait typique devant l'inconnu.

« Quel est ton nom, brave homme?

-Mmmmmh mmmmh !

-Tiens, c'est curieux, j'ai connu d'autres personnes qui s'appelaient ''Mmmh mmmmh ! '', fis-je en tapotant mes lèvres du bout de ma plume.

Il voulut rouler vers moi en espérant me faire trébucher avec le choc de son corps contre mes jambes mais je le stoppai en posant mon pied sur son épaule, et je lui enfonçai dans le dos d'un coup violent. Je l'entendis pousser un cri étouffé en se cambrant sur lui-même.

« Bien fait. », minaudai-je. « Tu sais, si tu cherches à te débattre, je peux encore te faire beaucoup de mal. »

Nous étions seuls, au fond d'un grand bosquet qui bordait un étang vaseux. Le rideau de pluie soulevait une légère brume au-dessus de l'eau croupie. Des crapauds croassaient çà et là, et prêtaient à peine attention à ce que nous faisions. De toute façon, nous ne pouvions pas les voir. Ils étaient trop craintifs. Lorsque je m'approchai de l'eau pour vérifier la profondeur, ou lorsque je resserrai les noeuds de la camisole improvisée de mon captif, je les voyais partir dans des bonds affolés, en plongeant bruyamment dans l'eau épaisse ou en disparaissant dans les roseaux. Derrière nous brillaient encore dans la lumière crépusculaire, les ronds de lumière dégagés par les lanternes du village. Nous étions à une distance raisonnable de la civilisation, et même lorsque je le jetterai à l'eau, personne ne l'entendra.

Mon prisonnier, qui était resté plutôt calme ces dernières secondes, se mit alors à gigoter violemment dans tous les sens, en espérant que sa manoeuvre fasse céder ses liens. Je l'incitai doucement à se calmer, mais il continuait à remuer dans tous les sens, en mordant dans son baillon pour le déchirer, en secouant ses poignets dans le bas de son dos et en courbant le bassin pour exercer une pression sur les cordes. Je le regardai remuer inutilement comme une vulgaire fourmi prise dans une toile d'araignée, puis sentis la moutarde me monter au nez alors qu'il commençait à montrer des signes de fatigue.

« MAIS TU VAS CESSER, OUI, ESPÈCE DE CHIEN GALEUX?! », hurlai-je en le rouant de coups de pied dans le dos et dans tout ce qui passait à portée.

Il se cotorsionna dans tous les sens, à la fois pour tenter d'éviter les coups et aussi pour empêcher qu'ils n'atteignent les points sensibles. Il éclata alors en sanglots, ce qui ne fit que décupler ma rage. Je frappai avec des intervalles plus longues mais je frappai avec encore plus de force, bien décidé à lui rompre les os. Et ça marcha. Je sentis une de ses vertèbres inférieures craquer sous mon pied déjà endolori, et cessai en remettant mes cheveux en ordre. Et, sans aucune autre forme de procès, je le poussai sans ménagement dans l'eau. Il disparut dans l'eau sombre sans même avoir réussi à émettre de cris de détresse ou de pitié.

Je soupirai de soulagement, ressortit mon calepin, et observa son corps descendre dans les limbes stagnants de l'étang purullent. Ma respiration hoquetante m'accompagna dans le silence funèbre qui suivit. Mais bon sang, que m'étais-je imaginé? Que j'arrivais à voir un traitre instant du moment où il allait se noyer? La mare était trop profonde, je ne le voyais plus ! Rah, mais quel gâchis. Je rangeai furieusement mon carnet dans ma poche, et alla récupérer mon couvre-chef qui trônait jusque là sur une bûche à portée.

Et on dirait qu'on m'avait repéré. La disparition d'un humain ne passait jamais inaperçue, dans quelque village que ce soit. Des aboiements de chiens se rapprochèrent, ainsi que les craquements des branches provoqués par des bottes qui se frayaient un chemin déterminé dans ma direction. Le bosquet n'était plus très dense à ma position, et ils allaient sans doute m'ordonner de me rendre lorsqu'ils m'apercevraient. Ils me demanderont de rendre des comptes. D'un côté, il n'y avait plus de traces de ce qu'ils cherchaient. Aucune indice sur mon fait malsain. J'affichai mon sourire le plus avenant possible et les laissai approcher. Je faillis me déconfir lorsque j'entendis un étalon surgir dans la clairière, surmonté par un garde imposant, affublé d'une armure de plaques, d'où pendaient sur chaque épaulière des griffes de prédateur réunies entre elles par une simple ficelle. Le cheval ralentit et s'arrêta à quelques mètres de moi, et son cavalier descendit à peine sa monture arrivée. Il saisit les rênes de son étalon et approcha de moi.

« Toi là ! Tu n'aurais pas vu Thonar?

-Si, si, il est en train de se noyer là. J'ai tenté de le sauver, mais il a dit que l'eau était bonne, alors je l'ai laissé faire. »

Un long silence tomba sur l'assemblée de chiens et de gardes. La bouche du cavalier, celui qui semblait être le chef de la milice locale, s'ouvrit lentement et béatement. Je les dévisageai chacun leur tour. C'était risible. Ils étaient partagés entre l'horreur et le doute. L'un d'eux ressemblait à une petite souris qui se recroquevillait devant un chat. Savaient-ils tous au moins se battre? Que se passerait-il si je me défoulais tout à coup? Un autre avait porté la main à la garde de son épée, et la caressait du bout des doigts. La chérissait-il autant en temps normal, ou alors se rendait-il compte que l'aura que je dégageais n'avait rien d'une hallucination? Je haussai les épaules et ajoutai.

« Tout ce qu'il a dit après était ''bloup''. »

Je m'esclaffai alors en me tenant le ventre comme si j'avais partagé une bonne blague et que je m'attendais à ce qu'ils en riaient aussi. J'essuyai la larme fictive au coin de mon oeil.

« Si vous...

-Où est-il, raclure? Qu'as-tu fait? On nous a dit avoir aperçu Thonar dans le bois et tu es là ! », m'interrompis l'officier en pestant. « Tu es un suspect, alors, tu vas nous suivre à la caserne, ou alors, tu réponds ici à ma question et les Dieux décideront de ton jugement en ce lieu. Où est-il? »

Je plissai les yeux en plongeant mes yeux ambrés dans les siens. Ils n'avaient pas du tout le même sens de l'humour que moi. Ça va faire mal.
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Darion Sombrelame

Régent du Crépuscule | L'Ombre

________________

Darion Sombrelame
________________


Race : Demi-démon : Ombre humaine
Classe : Éclat-d'ombre
Métier : Chef de l'Ordre du Crépuscule ( L'Ombre )
Croyances : Nuit étenelle
Groupe : L'Ordre du crépuscule

Âge : 40 ans (apparence physique)

Messages : 180

Fiche de Personnage : Juste derrière toi...


Un corps au fond de l'eau [ Darion ] _
MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyMar 29 Jan 2013 - 16:17

Darion avançait dans les collines, assis de côté sur le dos de son loup géant.

Les évènements de Béolan résonnaient encore dans bien des villes et les actions qu'il y avait entrepris également. Son ordre était maintenant reconnu, bien plus qu'après la forêt et cette chère Eloa...

Non là au moins on reconnaissait le symbole de l'ordre et on apprenait à le craindre. Tout n'était maintenant qu'une question de temps. Darion fixa sa faux, qu'il avait fait forger peu après son retour, lassé de toujours devoir la faire apparaître par les ombres. Au moins là, elle était bien réelle et toujours présente.
Il stoppa sa monture aux abords d'un petit village, et mit pied à terre. L’intérêt qu'il portait sur la zone habitée était médiocre, aussi décida-t-il de ne pas y déployer son voile. Il avança un peu dans la forêt, observant les alentours et la qualité de la faune locale. Sa main passa naturellement sur une des lanternes accrochées à sa ceinture où brillait difficilement une petite flamme, gênée par la forte pluie qui tombait sur la région.

Blasé, l'Ombre souffla la flamme et continua son chemin, autant épargner le feu. Un oiseau se posa sur le bout de sa faux, ce qui provoqua sur son visage un sourire amusé. La nature elle, ne le haïssait pas, malgré les ombres qui l'entouraient. Il s'arrêta au abords d'un petit bosquet ou de l'eau ruisselait Il s'assit sur le bord de la rive et observa l'eau glisser le long de sa route tracée, imperturbable.
L'Ombre y jeta un cailloux, observant le trouble que cela provoqua sur le flot d'eau, avant de voir le courant reprendre ses droits.

* Tout n'est question que de puissance comme je le pensais... Tuer quelqu'un affectera son entourage quelques temps mais au final la vie continue... *

Il remonta finalement la rivière, jusqu'à sortir de la forêt et observer à nouveau le village. De là où il était, il ne voyait que de petites formes vaguer à leurs occupations. Des toutes petites personnes couraient ici et là, des enfants jouant au chat et à la souris probablement... Quelques cris parvenaient jusqu'aux oreilles de l'Ombre. Principalement des échos du marché du village, où les paysans tentaient d'y vendre leurs poissons et leurs pains.
Fermant les yeux, Darion sentit le souffle du vent emporter sa cape, et faire bouger sa tenue. Mais comme à chaque fois, il ne se sentait pas en vie... Il rouvrit ses paupières, et observa l'oiseau qui était sur sa faux s'envoler pour repartir vers le village. Suivant la bête, Darion marchait doucement, foulant le sol avec précaution alors que des bruits proches se faisaient entendre.
Traversant un buisson, il se retrouva devant une scène amusante.
Un homme, dont l'aura dégageait la même couleur que celle d'un démon, se trouvait face à des gardes. Darion, masqué par les ombres, n'était pas visible ni par l'homme, ni par la "police" locale.

- Si, si, il est en train de se noyer là. J'ai tenté de le sauver, mais il a dit que l'eau était bonne, alors je l'ai laissé faire.

Un sourcil se leva sur les yeux de l'Ombre, l'homme se moquait des gardes ? Amusant, voyons la suite...

- Tout ce qu'il a dit après était ''bloup''.

Un large sourire s'étira des lèvres de Darion, révélant ses dents à la nuit. Il ne portait plus son masque depuis Béolan, seulement un voile qui masquait une partie de son visage, l'autre étant cachée par la capuche de sa cape...
Les gardes ne semblaient pas très... Heureux de ce qu'ils venaient d'entendre. Darion s'entoura d'une aura d'ombre, afin de ne pas être visible pendant toute la scène de "combat".

* Alors, homme à l'aura étrange, montre moi que tu es aussi drôle contre ces minables que tes paroles ne le montrent... *
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Synëal Muspell

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MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyMar 29 Jan 2013 - 21:40

Dieux.

«Dieux? Où sont vos Dieux? Dîtes-moi? Oh excusez-moi, ils ont sans doute invité votre homme à leur banquet céleste », dis-je en levant solennellement les mains, le visage vers le ciel.

Je baissai les bras et les observai dans l'ensemble. Rien que des gardes qui avaient du passer plus d'une vingtaine d'années dans le même village sans n'avoir jamais vu un meurtre, dont la seule mission importante qu'ils avaient pu remplir était de stopper une rixe de taverne. Ils me fixaient avec incrédulité et hésitation, se demandant sans nul doute s'il fallait me sabrer le cou maintenant, ou s'en aller en reprenant leurs activités comme si je n'avais été qu'un ivrogne aux propos débiles et incohérents. La nervosité les gagnait comme un frisson général, comme si des insectes grouillaient sous leur peau. Et leur chef n'en démordait pas envers moi. Il me posa une suite de questions tout aussi insipides les unes que les autres, en mélangeant les menaces et la négociation. Et pendant qu'il parlait, je montrais les dents, plus par dégoût que par agressivité. Je me penchai pour saisir mon chapeau. Une épée fut dégainée avec un sifflement crissant. Le fourreau était encrassé, pour sûr. Je vissai mon feutre sur mon crâne, laissant juste l'encadrement de mes cheveux de feu dépasser de son bord.

« Dîtes-moi où sont vos Dieux, et je vous répondrais où est ce Chonar. »

Ils gesticulèrent, mal à l'aise, et je me demandais si l'injure proférée volontairement avait eu l'effet escompté. Je plantai mes yeux dans chacun des leurs, malgré qu'ils tentaient de se détourner des miens sous leurs casques. L'officier se mordit la lèvre inférieure et sortit son épée à son tour avant d'avancer d'un pas résolu vers moi.

« Alors je vais me faire un plaisir de te les faire rencontrer, mon brave. Tu vas tâter ma lame. »

Je m'amusais. Vraiment. Il était prêt à perdre son calme, prêt à rompre ses principes, tout ça pour un inconnu aux cheveux roux et impie par-dessus le marché. Au fond de ses yeux d'humain naïf, brûlait le bûcher dans lequel il m'aurait jeté sans remords. Je soutins son regard, le plongeant dans le vide de mes yeux dorés, la mine impassible. Il allait tomber dans ce gouffre et se briser les os. Je le tuerais ensuite lentement après m'être occupé de ses camarades. Je tuerais tous ceux qui viendraient m'importuner avant que je n'eusse achever ses jours.

Il lança sa première attaque, un coup d'épée vers le haut, signe du vétéran qui ne manquait pas de confiance. Un coup de taille ne m'aurait pas laissé d'opportunité d'esquive, cela aurait donc été trop facile pour lui. Soit il voulait me donner un handicap, soit il était sûr de faire mouche. La douleur me cisailla aussitôt la main, mais elle aurait pu être pire si je n'avais pas saisi sa lame. D'un geste sec, je le désarmai et envoyai valdinguer sa lame dans les fourrés. Je tendis mon poing et le percutai contre son torse, de la même main blessée. Il tomba les quatre fers en l'air dans la boue, et deux hommes se ruèrent sur moi, les dents serrées, le regard dur. Visiblement, c'étaient ses deux soldats favoris. La magie gronda dans mon bras, et une pointe de bas à la pointe affilée surgit de ma paume comme une lame secrète. Je la fichai dans le cou du premier après un bref mouvement d'épaules pour éviter son épée. Il émit un gargouillement surpris en tombant à genoux. Le second s'était jeté sur moi, mû par la volonté de me planter tout autant que de me rentrer dedans avec une bourrade sans se soucier des conséquences. Réfléchissaient-ils au moins avant d'attaquer? Peu probable. Je tournai sur moi-même et décocha le revers de mon poing exsangue dans son visage. Le faible cartilage de son nez craqua, et le choc résonna dans son casque. Il glapit comme un chiot alors que je le saisis par une oreille, et je lui déchiquetai la trachée en y logeant mon poignard. Je levai les yeux.

Il y avait là un chêne, très vieux, très ancien, avec des racines si puissantes qu'elles puisaient leurs ressources sous la profondeur-même du lac, là où même les roseaux n'avaient pas accès. Aujourd'hui, il allait se repaître de sang. Son écorce était affaiblie par les siècles, mais elle était soulagée par la présence de ce fluide singulier dans les doigts de sa souche. Ses rhizomes s'abreuvaient de celui-ci avec une ignorance non feinte. Le raisiné apaisait la lassitude de ce vieillard séculaire.

Lève tes racines. Lève-les pour moi. Bois leur sang. Reprends vie, mon vieil ami, et je soignerais toutes les blessures qu'ils ont pu t'infliger. Je soignerais par la vengeance la perte de tes proches.

Ils se jetèrent ensemble sur moi comme des hyènes. Je dus exécuter quelques sauts de fortune pour leur échapper et je levai mes deux mains devant eux pour leur intimer d'arrêter. J'affichai un sourire égrillard, et je songeai que cela les provoquait plus qu'autre chose. Néanmoins, je calmai la situation en les tenant en respect, la pointe de bois dressée devant eux et ma main dégoulinante comme seuls moyens de défense. Je fis quelques pas lents en arrière, mesurant chacun d'eux pour ne pas m'embourber malencontreusement dans une flaque de boue qui puisse me faire perdre l'équilibre. Un chuintement sinistre se fit entendre mais les gardes n'y prêtèrent pas attention. Ils avaient envie de m'écarteler, purement et simplement. Mais peut-être cela allait-il leur coûter la vie. Personne ne m'avait jamais essayé de me tuer, personne. Peut-être Gigantus, oui. Mais c'était un cas à part, j'en conviens.

Quelque chose de terrible leur arriva. Des griffes terrestres s'extirpaient du sol, en s'agitant comme les pattes d'une araignée prise dans son propre piège. Elles se hissèrent à la surface encore et encore, et révélaient alors de longues tentacules boisées qui se dressèrent dans un mouvement reptilien derrière la troupe de soldats. Ils ne s'aperçurent de leur présence seulement quand l'un d'eux se fit empaler sans pitié, l'empennage acéré d'une branche dépassant de son estomac. La pauvre victime ouvrit la bouche dans un cri muet, les mains sur son ventre. Le deuxième fut fauché aux jambes et deux racines se fichèrent dans ses épaules. Il poussa un cri affreux aux sonorités mélodieuses. Le petit aurait pu faire barde en d'autres circonstances. Je vous présente la balade de Synëal Muspell, rédigée par...par...oh par le Vein, je ne connaissais même pas son prénom à ce pauvre garçon. Une troisième tentacule lui ouvrit le ventre, d'autres le saisirent par les pieds et le suspendirent dans les airs pendant que ses entrailles glissaient dans un bruit flasque dans la boue. J'éclatai de rire. On m'avait dit que les tripes d'un humain étaient longues de plusieurs mètres, mais elles étaient tellement bien tassées à l'intérieur que je refusais d'en croire un mot quand on me l'avait appris...Et finalement, il avait eu raison. Cela devait mesurer dans les sept ou huit mètres à tout casser. J'eus droit à un coup d'oeil saisi de la part d'un des derniers miliciens avant que cet oeil ne sautât de son crâne. Une épée tomba dans un cliquetis. Le dernier survivant était désormais à la merci des racines meurtrières qui lui avaient entravé chacun de ses membres, n'attendant plus que ma sentence.

J'allai ramasser son arme, et la lui remis dans sa main, et reculai doucement.

«  Allez, mon petit, montre-moi ce que tu sais faire...Vas-y! »

Il m'obéit aussitôt en décrivant des moulinets minables avec son cure-dents inutile.

« Bon, qu'est-ce que tu attends? Attaque, attaque! On te l'a jamais appris ça? Attaque le chien, grrr, montre les dents ! Ouaf, ouaf ! », le taquinai-je en prenant une expression animale.

Je sautai à quatre pattes et fit des petits bonds devant lui. « Rouaf ! Ouaf, ouaf ! Ouuu-af ! ». Je me relevai en soupirant, et lui arracha l'épée de la main. « C'est même pas drôle. Tu fais même pas ''ouaf, ouaf''' »

Il se mit à sangloter, et bredouilla qu'il était prêt à faire ouaf ouaf.  « Bon sang, pas ça...Tu fais pitié, mon enfant. Sois digne, sois un homme ! , l'invectivai-je d'une voix mielleuse, en agitant sa lame sous son nez.

Je plissai d'ailleurs le mien en fronçant les sourcils. Je humai l'air, puis mes aisselles. « Ça refoule le mort, ici. ». Cependant, même avec ma remarque légère et distraite, il n'arrêtait pas de pleurer comme une fillette, comme une femme qui venait de se faire battre par son homme, et ça commençait franchement à me taper sur les nerfs. Et d'un mouvement négligent de l'épée vers les racines, je leur dis : « Allez, tirez. ».
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Darion Sombrelame

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MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyMer 30 Jan 2013 - 17:15

Darion pleurait de rire en voyant l'homme à l'aura étrange massacrer ses pauvres gardes. Tentant de maintenir le silence que sa bulle d'ombre lui apportait, il observa la scène en essuyant ses larmes.

Un humour noir, voila ce qui décrivait cet homme. Il était sadique, vicieux envers ses victimes. Tous ce qu’appréciait Darion.
Il joua avec sa faux, la bougeant de droites à gauches alors qu'un homme venait de se faire vider de ses entrailles.

* Hum... Ça va attirer les bêtes ça... OH MINCE!! *

Il plaça sa faux devant son visage, bloquant un jet de boue sanglant suite à l'impact du gros intestin sur le sol.

* Amusant, mais salissant le monsieur. *

Un autre homme tomba, mort sur le sol.

* Pouvoir sympa, et très intéressant... La nature semble se plier à sa volonté. Ça doit être pratique pour dormir la nuit en forêt... Oh mais suis-je bête je m'en moque, j'ai plus besoin de dormir... *

La fin du combat semblait proche, car l'homme à l'aura se donnait en spectacle, face à la jeune recrue tenue par les liens de l'arbre. L'officier semblait encore sonné par sa chute et assista impuissant à la mort de l'un de ses hommes écarteler par la nature elle même. Un cri rauque et particulièrement angoissé s'échappa de sa gorge lorsque le rouquin se retourna dans sa direction. L'officier rampa comme une larve, cherchant à sauver sa vie en tentant d'attraper son épée. Il saisit sa lame mais tituba en se relevant, encore sonné par le coup et trébucha en direction de Darion, rentrant dans le bosquet où il était caché.

* Ah non hein! Tu vas pas tout gâcher ! *

Les liens d'ombre de Darion repoussèrent l'officier en avant et le forcèrent à se mettre ventre à terre sur le sol. Allumant ses lanternes. Darion se releva et quitta le bosquet, se révélant aux yeux du rouquin.

- Alala... Même plus capable d'observer un homme distingué massacrer des péons dans le calme... Salutations, je suis l'Ombre, peut-être as-tu entendu parler de moi ? Ou pas, et peu importe en fait. Ce gros tas est venu tout foutre en l'air, je suis un peu dégoûté.

Darion fixait le roux derrière sa capuche et ses bandeaux. Seuls ses yeux rouges étaient visibles au travers de la nuit et des ombres que renvoyaient ses lanternes. Sa faux se planta juste à côté de la tête de l'officier, et avant même que l'homme à l'aura ne réponde quelque chose, des pics d'ombre empalèrent l'officier aux mains et aux pieds, avant de former une longue chaîne qui se termina dans le dos de ce dernier et de former une énorme serrure. Une clé d'ombre fit alors son apparition à la ceinture de l'Ombre qui ricana, déclarant.

- Muhihihihi, on peut donc dire de cet homme que son sort est scellé ! Dommage que ce soit une ombre qui le scelle pour lui...

Se rapprochant en marchant sur des petits ponts d'ombres pour ne pas se salir avec le sang et la boue sur le sol, et sautant sur le dos du garde, Darion pressa sa tête contre la boue, le forçant à faire des gazouillis ridicules alors qu'il tentait de la relever et reprendre sa respiration. Quelque longues secondes passèrent alors que la force du crâne de l'officier se faisaient de plus en plus petites. Les gestes s'arrêtèrent alors qu'il semblait ne plus pouvoir respirer autre chose que la boue et le sang. La mort l'avait étreint pour de bon, la vie s'étant écouler en dehors de lui. Darion n'entendait plus aucun battements de coeur à l'intérieur de son corps. Cette capacité troublante lui était venue suite à la bataille de Béolan, et ce que lui avait dit ce maudit mage, juste avant que Darion ne lui arrache la tête... Il entendait les battements de coeur de tous les hommes et humanoïdes vivants sur Feleth, mis à part les anges et démons dont il entendait aussi le battement, mais de manière bien plus faible. Il fallait cependant qu'il soit proche de ces personnes, et qu'elles soient sur le point de mourir. Cette empathie, était savoureuse, il prenait un malin plaisir à le ressentir, puis une profonde mélancolie une fois l'arrêt du coeur. Un peu comme il ressentait pour cet officier. Laissant le crâne inerte tomber sur le sol, Darion se releva et fit un petit bond en arrière tout en attrapant sa faux, qu'il avait nommé " Moissonneuse ", et d'atterrir sur un trône d'ombre, les jambes en tailleur et la faux passant entre ses jambes.

- Voila comment se noie un homme moyen dans environ quarante centimètres de boue ! Muhihihihihi Alors? Satisfait le curieux ? Dis dis ! C'est quoi ton nom ?

Le ton de Darion était étrangement amusé, sa personnalité changeait de jour en jour, et Béolan et les multiples âmes qu'il y avait collecté n'aidaient pas à arranger son état...
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Synëal Muspell

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MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyMar 5 Fév 2013 - 21:22

Lentement, je m'étais retourné vers l'inconnu, et n'avait pu que constater son allure singulière et son petit rire sardonique, emprunt d'une sorte de puérilité feinte.

L'officier était le seul encore vivant, et en le voyant ramper comme un chien apeuré, j'avais lu dans son regard une sorte d'espoir, l'espoir de fuir, et s'en aller le plus loin possible de moins, en faisant confiance à son endurance et sa rapidité pour me distancer. Et il avait déguerpit comme un rat. Mais il s'était aussitôt pris dans un autre piège. Quelque chose l'avait plaqué sur le sol et l'avait empalé dans les mains et les pieds. L'humain avait poussé un cri de douleur affreux en se cambrant sur lui-même. Je supportais mal ces cris d'agonie. Parfois, ils tenaient à de la vraie comédie et il n'y avait rien de pire pour m'agacer. J'avais été bien tenté de mettre fin à ses jours, mais celui qui se présenta comme l'Ombre en décida autrement.

Il le coinça dans des chaînes formées par des entrelacs magiques et sombres, encore plus sombres que la Nuit elle-même. Démon? Il en avait l'allure, certes, mais son comportement était tout autre. Il n'était pas un monstre d'origine. Ses bandages et son accoutrement camouflaient quelque chose de plus terrible et il était certain qu'il garderait ses petits secrets même si je le harcelais de questions. Sans mot dire, j'écoutai son conciliabule, mon sourcil droit se haussant de plus en plus. Il traitait avec moi d'égal à égal. Ainsi, le massacre que j'avais perpétré avait quelque chose de terriblement familier pour lui, et il se pourrait même qu'il se délectait souvent de ce genre de spectacle et au vue de son air avide et de sa voix exaltée, il semblait avoir trouvé en moi un nouveau compagnon de jeu.

Marchant élégamment sur ce qui semblait être des reflux magiques sombres qui formaient des aqueducs miniatures au-dessus de la boue, l'inconnu alla saisir la tête du malheureux officier et la lui planta dans la vase. Il se mit aussitôt à se débattre mais avec un verrou dans le dos gros comme une tête, c'était difficile de faire quelque chose d'efficace pour s'enfuir. Alors je le regardai s'étouffer, je le regardai avaler stupidement la boue qui lui bloquerait l’œsophage, je le regardai gesticuler, pendant que son sang giclait de ses mains et de ses pieds. Le carmin coulait dans le miasme, et se fondait avec, le rouge devenait noir et la vie de l'officier s'éteignit en même temps que toute volonté de résister. Je relevai la tête vers l'Ombre Sournoise, et hochai la tête d'un air perplexe, alors que tout bruit et toute chose s'étaient tus.

« Qui êtes-vous? ». Avant de me rendre compte dans mon hébétude, qu'il m'avait posé la même question. Je me ressaisis et jaugea le cadavre du milicien comme s'il était soudainement plus intéressant que cet énergumène sur son trône flottant. En fait, j'étais surtout troublé. ''L'Ombre'' était-ce un pseudonyme, l'un de ces fameux noms de scène que certains saltimbanques aimaient à se donner pour se cantonner dans un rôle plus crédible? Était-ce réellement son nom? En tous cas, il aurait pu trouvé mieux. Bon d'accord, je n'étais pas mieux loti avec le ''Botaniste Ardent'', d'autant que les paysans et autres mulets le déformaient par le ''Botaniste Argent''. Ça ne voulait strictement rien dire et ça perdait tout son sens. Je suis roux, par tous les Dieux ! Comment pouvait-on se tromper sur mon surnom ?

Et puis, en remuant ma question dans ma tête, et en mélangeant mon étourderie à ma malice habituelle, je réussis à me rattraper, afin de ne pas me faire passer pour un gros idiot.

« Je suis Synëal Muspell... », et avec un instant d'hésitation, «  le Botaniste Ardent. C'est un sympathique petit pouvoir que vous avez là. Je n'avais jamais vu personne d'autre l'utiliser. ». Et j'en revins à ma question première. « Êtes-vous un démon? »

Voilà, je ne m'en étais pas trop mal sorti. J'y avais mis un ton curieux et méfiant, ne laissant aucunement présager que je convoitais un pouvoir légèrement similaire. Les ronces, les pointes, les graines, tout ceci étaient fort jolies et donnaient des effets spectaculaires quand je les couplais tous ensemble ; mais alors ces ombres vicieuses, obéissantes à la volonté de leur propriétaire, c'était quelque chose d'absolument redoutable. Que pouvait-on faire contre elles? Rien, à part les regarder s'immiscer dans notre monde et tout broyer sur leur passage. J'émis un léger soupir, puis m'éclaircis la voix.

« Nous ne devrions pas nous attarder ici, et encore moins à proximité de ce village. Venez, venez, je connais un coin plus tranquille. », susurrai-je d'une voix roucoulante en lui tournant le dos et en lui faisant signe de me suivre.

J'ouvris la marche et m'enfonçai dans le bosquet. Nous finîmes par mettre une large distance avec le village et la végétation fut de plus en plus dense, mais elle nous cachait heureusement aux éventuels poursuivants. Mon nouveau compagnon ne semblait pas être importuné par les ramifications compactes, chose qui ne devrait pourtant pas être étonnante. Il ne devait pas avoir plus de consistance que la brume qui s'élevait et glissait entre les troncs. Une chouette lointaine se mit à hululer, et je sifflotai un air, tout en enjambant les myriades de racines. Tout n'était pas vraiment silencieux. Des insectes grésillaient çà et là, et c'est à peine s'ils remarquaient notre présence. J'entendis d'autres bestioles ramper, grimper et fouler le sol, qui se cachaient dans les bois, avec une aura menaçante qui perçait mon être de part en part. Mais ce n'était pas la peur qui m'étreignait le cœur. Non, c'était la curiosité. J'amenais l'Ombre aux confins des collines, dans la nuit, afin d'en apprendre plus sur elle.

Nous débouchâmes sur un autre étang, et à peine arrivés dans son périmètre, que des animaux sauvages s'enfuirent à notre approche. Je distinguais les rameaux d'un daim, et la fourrure argentée d'un loup qui avait abandonné sa chasse devant nos deux silhouettes singulières. De l'autre côté de l'étendue miroitante, se dressait une modeste cabane de bois, dotée d'une aile percée sur son flanc par une simple fenêtre. Une faible lueur en émanait et jetait un rai lumineux sur les timides buissons tapis dans le noir. Je guidai l'Ombre vers l'habitation isolée et ouvrit simplement la porte lorsque nous fûmes arrivés à sa hauteur. Elle n'était pas verrouillée, c'était tant mieux. J'avais peur qu'il n'oublie mes fréquents passages ici bas. C'était un coin perdu, un petit lopin de terre parmi des centaines de kilomètres de lande, mais j'en étais tombé amoureux.

Un feu crépitait déjà dans le foyer. Et tout le confort modeste nous attendait avec ses trois canapés tournés vers la cheminée, sa table de bois décorée de dentelles entourée de ses chaises aux assises molletonnées.

« Prenez vos aises », dis-je en prenant place sur le canapé à la gauche du feu. « Et racontez-moi donc. Que faisiez-vous près du petit bourg d'Amelnestre? »
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Darion Sombrelame

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MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyJeu 7 Fév 2013 - 17:29

- Êtes-vous un démon?

Cette question faisait sourire Darion. Il allait répondre quelque chose, quand son cerveau crut bon de partir sur un débat spirituel sur le "qu'est-ce que je suis réellement?"

Synael lui demanda de le suivre, et l’entraîna dans des petits bosquets touffus, et au plus profond de la végétation. Darion ricana en passant dans les branches, se servant des ombres pour les traverser, donnant l'illusion de n'être que de la brume noire.
Le roux l'amena finalement au abords d'une maisonnette au bord d'un lac, forte charmante il fallait l'avouer. Darion suivit son hôte et le regarda s'asseoir près du feu dans un des deux canapés.

L'Ombre hésita un instant, ne sachant pas s'il devait faire comme chez lui ou non, malgré ce qu'avait dit Synael. Finalement, il se contenta de passer dans les ombres pour ressortir de devant le feu, et s'asseoir en tailleur sur le fameux fauteuil.

- Et racontez-moi donc. Que faisiez-vous près du petit bourg d'Amelnestre?

Darion ricana un petit moment, puis déclara sur un ton amusé.

- Déjà, il faudrait que je répondes à ta première question non ? Je ne suis pas un démon, mais je ne suis pas un humain non plus, je ne peux t'en dire plus. Ensuite, je me baladais à vrai dire, je n'avais même pas connaissance de l'existence de ce village. Ma cible est un plus au nord, un assez gros village dont je ne connais pas vraiment le nom. Et il m'importe peu en fait. C'est là que se trouvent mes nouveaux disciples, même s'ils ne le savent pas encore. C'est mignon tout plein ici, bon, ce n'est pas aussi spacieux que dans la forteresse de mon ordre mais c'est déjà pas mal !

Un sourcil sembla se lever sur le visage du roux, ce qui fit encore plus rire Darion, qui connaissait à apprécier la curiosité du Botaniste Ardent.

- Et toi, Synael... Qu'est-tu ? Je sens en toi un fort pouvoir magique, et une aura spéciale... Savoureuse... Tu sembles commander à quelques parts de la nature, s'en pour autant la maîtriser totalement. Voila qui est curieux. Mais ton aura... Elle a la même forme et couleur que celles des démons. J'en conclus que tu n'es pas humain, et fait partie de ces êtres chaotiques. Pourtant, tu parais... Incroyablement ordonné...

Darion ne laissa même pas son interlocuteur prendre la parole, qu'il se téléporta dans le fond de la salle, où se trouvaient quelques bocaux de plantes, de parties humaines, et d'autres plantes.

- Haha ! Tu fais des mélanges d'hommes et de plantes ? T'es un botaniste qui tente de créer des plantes mutantes ? Ou l'inverse ?

Un sourire était présent sur le visage de Darion qui s'amusait à poser pleins de questions à son hôte, certaines étant très ciblées, d'autres plus générales. Finalement, il stoppa net son fou rire et déclara sur un ton plus froid.

- Tu n'as pas semblé plus inquiet que ça en me voyant arriver, et vu ton aura tu n'es pas humain. J'avais vu juste pas vrai ? Tu es un démon ?

Se posant sur un trône d'ombre, Darion attendait la réponse de Synael.

[Hrp] Désolé du petit post, mais j'avais pas trop d'idées en tête x) [/Hrp]
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MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyMer 27 Fév 2013 - 12:33

Le feu crépitait encore dans la cheminée quand nous étions arrivés. Et, autre détail important à noter, une large casserole trônait sur un grand convecteur dans lequel brûlaient des braises rougeoyantes. La chaleur dégagée par les deux foyers simultanés apportait une certaine chaleur confortable en contraste avec la brise du soir. Il y avait de même une légère odeur venant de l'âtre, neutre et chaude, transportant une fragrance infime de cendres et de bûche calcinée qui se mêlait aux effluves naturels de la cabane. Je me vautrais dans le canapé à l'opposé de celui de l'Ombre et joignit les doigts de mes deux mains en la jaugeant du regard pendant qu'elle parlait. Sa première question? Je me souvenais pourtant y avoir répondu par son patronyme d'origine. À moins qu'il ne souhaitait être gratifié d'un autre type de réponse plus spéciale et plus adéquate. Mon sourcil se haussa à sa remarque sur cet habitat, précaire certes. Est-ce qu'il s'était douté que ce n'était pas mon domicile? Je n'étais vraiment pas du genre à être sédentaire, cette idée m'incommodait au plus haut point. C'était auparavant la demeure d'un chasseur qui n'était pas revenu. Qui n'était pas revenu en vie. L'Ombre se déroba alors à ma vue pour apparaître devant les fameux bocaux que j'avais préparé. Ah, ceux-là, j'avais failli les oublier. J'esquissai un rictus, amusé à part moi. J'attendis qu'il fasse un commentaire, puis je levai le visage sur lui, tendant ma main vers une cruche posée sur un guéridon, afin de la refermer sur sa anse.

« On peut dire ça, l'ami...Un mélange de plantes et d'hommes. Sauf que mon but n'est pas d'obtenir un résultat homogène. On ne peut pas parler de mélange dans ce cas-là. Ni de fusion d'ailleurs, ce sera totalement inapproprié et insultant pour les plantes. Je cherche plutôt à faire en sorte que le végétal prenne le pas sur notre chair, qu'il transgresse les lois de la Nature qui ont doté si efficacement les animaux et les Hommes, et qui ont soustrait aux plantes la majorité de leur pouvoir – ne touchez pas à ce bocal. », lançai-je en le voyant effleurer le bocal en question. La chose à l'intérieur tendit une aspérité curieuse en direction de la paroi et l'érafla en produisant un crissement presque imperceptible. « Je m'occupe essentiellement des plantes carnivores. », répondis-je pour toute justification avec un mince sourire entendu.

Je me laissai aller dans mon siège en versant habilement le contenu de la lourde cruche dans un gobelet, faisant couler un curieux liquide ambré, qui prit une teinte ambrée devant la lueur des flammes. J'en versai dans le verre voisin et reposai le récipient. Je ne me sentis absolument pas piqué au vif quand il s'assit sur son trône lugubre, mais je décidai de le laisser aller chercher son verre lui-même. Je n'étais pas garçon de salle. Je goûtai une lapée de mon breuvage et relevai la tête, prenant un petit air méditatif.

« Un monstre ne devrait pas avoir peur d'un autre monstre. Il est certes commun d'en voir certains s'entretuer avec le simple motif de la gloire qui pourrait ressortir de la mort de l'un d'eux, mais il subsiste encore en moi des restes de civilisation. Un peu comme vous, j'imagine. Tandis qu'à ma nature... ». Je fis attendre la suite la plus importante de ma réponse en tirant vers moi un coffret que j'ouvris d'un simple coup sec du doigt sur le loquet qui le maintenait fermé, et triai les différents sachets qui s'y trouvaient. J'en sortis un, l'ouvrit et en versa la poudre dans le gobelet, et soufflai sur la surface du liquide qui prit une teinte bleuâtre. « Poussière d'orchidée, c'est très rare. Les orchidées ont des pétales très fragiles, encore plus que des ailes de papillon. Avez-vous déjà saisi les ailes d'un papillon entre vos doigts? Ce qu'il reste, ce sont ses écailles. Il s'agit du même principe pour l'orchidée d'aphrysium. Vous ne devez sans doute pas la connaître. ». Je vidai le verre cul-sec, poussai une exclamation de satisfaction, et raclai ma gorge. « Je suis un Syrinx, un démon-plante. Cela devrait vous éclaircir sur certaines choses maintenant. Quelque part dans le Vein, un Nécromancien est mort et a laissé sa magie sinistre se répandre comme du sang sur un bosquet. Et il s'avérait que c'était un bouquet de chardons qui but toute son essence. Sa puissance magique de son vivant était telle qu'elle coulait dans ses veines, tout comme son sang. Ainsi, elle contaminait les chardons et ils me mirent au monde. C'est ainsi qu'on exprime la façon de naître chez les humains... »

Je poussai un soupir et le regardai. «  Trouves-tu cela toujours aussi savoureux, mon ami? Cela dit, si tu es avide de goût de pissenlit, ou de mangrove, tu ne seras pas déçu. Mais que veux-tu dire par...ordonné? Cette notion d'ordre m'échappe pourtant complètement. »

Je passai un doigt sur mon menton. « Ou alors essayes-tu d'insinuer que j'ai une façon de vivre plus sophistiquée que la plupart de nos confrères? Si c'est cela, alors, oui, je suis ordonné. Pas dans ma façon de tuer cependant! Ça non...Mais disons qu'en règle générale, je me contente de faire des recherches de mon côté, et elles restent des plus secrètes possibles. Et je suis assez fier d'affirmer que certaines se déroulent à l'insu de tous ces mortels ignares. Ces expériences sur les plantes carnivores ne sont qu'un début, parce que ce n'est pas ce que je recherche justement. Imaginez... »

Je me redressai de mon siège, les deux mains levées vers mon interlocuteur pour capter son attention. »Imaginez une plante capable de posséder un corps, et de puiser dans ses ressources pour en repousser ses limites. Et alors, ce qui en résulterait serait... ». Je refermai mes mains. « Secret. », ajoutai-je avec un large sourire.

Je reculai et me laissai retomber sur la chaise, en dévisageant mon compagnon de route. Allait-il montrer la curiosité nécessaire pour tenter de m'arracher les vers du nez? Peut-être allait-il juger que ça ne le concernait pas? J'étais surtout presque certain qu'il allait chercher à en savoir plus sur ma nature de Syrinx. Quel genre de sorcier était-il après tout? Il n'en était pas moins obscur dans sa façon d'agir et cela m'intriguait aussi.


« Que peux-tu me dire sur toi, l'Ombre? Si tant est que cela est ton vrai nom. »

La seconde qui suivit, un individu plutôt grand franchit la porte, la tête penchée pour éviter l'encadrement. Sa tête, réfugiée sous sa capuche, se révéla lorsqu'il la rabattit en arrière. De longues tresses sombres couraient de son front à l'arrière de sa tête, toutes tendues sur son crâne, et retenues à l'arrière par un nœud de tissu improvisé. Il avait une peau mâte, et deux petites cornes couleur d'os saillaient de son front. Il émit un grognement à mon intention, puis un autre, interrogateur celui-là, envers l'Ombre. Il porta la main à son dos et ce n'est que là que je remarquais qu'il traînait encore son gigantesque espadon dans son fourreau. De toutes façons, il n'aurait pas pu le dégainer dans un espace aussi exigu que notre cabane, et encore moins le manier devant l'étranger.

« Ah tiens, Desmond, installe-toi ! J'ai un invité ! Je pense que vous vous entendrez bien ! De plus, il s'intéresse à mes recherches, tu crois qu'il pourra nous aider? »

Le dénommé Desmond haussa les épaules, et alla s'installer dans le siège du milieu, comme s'il avait deviné que l'autre était destiné à l'Ombre, puis tendit les mains vers le feu pour se les réchauffer.

« Il est un peu timide. », fis-je en tournant la tête vers l'Ombre avec une moue contrite.
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Darion Sombrelame

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Darion Sombrelame
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MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyDim 3 Mar 2013 - 12:16

Darion fixait son interlocuteur et allait lui répondre alors qu'un invité surprises faisait son apparition. Un homme, grand, la peau mate et surtout, des cornes sur la tronche.

L'Ombre l'observa un moment, et lorsqu'il porta la main à son dos, les ombres commençaient à se mouvoir, prêtes à frapper en cas de danger. Finalement, il n'alla que s'asseoir sur le fauteuil vide du milieu. Darion les observaient maintenant tous deux. Passant de Synael à l'autre inconnu.

- Il est un peu timide.

Cette remarque fit ricaner Darion qui étendit cependant son aura, afin de sentir celle du nouveau venu. Celle-ci était incroyablement bien camouflée, mais l'Ombre en devinait cependant la nature. Une magie noire et chaotique, typique des habitants du Vein. Il porta son attention sur les deux cornes situées sur le front de l'arrivant et avait envie de les toucher, juste pour voir. Il retint cependant cette envie enfantine et reporta son attention sur Synael, qui attendait probablement des réponses.

- Et bien... Tout comme toi, il y a des choses que je suis dans l'obligation de garder le secret, sous peine de devoir vous tuer ton ami et toi. Et je n'en ai pas envie. Seuls mes alliés les plus proches connaissent ma véritable histoire, et encore... Je suis le co-dirigeant de l'Ordre du crépuscule. Une milice dont le but n'est autre que de répandre les ténèbres sur ce monde. Nous allons du simple massacre et pillage à la conversion de villages entiers grâce à mes pouvoirs. La magie noire coule dans mes veines, au sens propre. Mon sang est totalement corrompu, et je n'ai plus de coeur. Mes pouvoirs se manifestent de bien des manières, et tu n'en as vu qu'une infime partie. Concernant mon véritable nom, je pense que je peux te le donner. Je me nomme Darion Sombrelame.

Il observa un instant le visage de son interlocuteur pour y observer la moindre informations, puis celui de Desmond. Ce dernier fixait toujours le feu, comme s'il se moquait du dialogue entre Synael et Darion. Un nouveau rire s'échappa de la gorge de l'Ombre alors qu'il se levait en s'étirant. Le siège d'ombres disparut lui aussi alors qu'il déclarait.

- Quoiqu'il en soit, saches que je suis un être capable de corrompre les autres, et les rendre plus puissants. Cela au prix de n'être qu'un renfort pour mon propre pouvoir. Même si tu ne sembles pas en avoir une utilité immédiate, cette information peut-être utile pour tes travaux futurs. Egalement, si tu montres que tu ne risques pas de te retourner contre moi, je pourrais te faire visiter Rempart Nocturne, notre repaire, et te montrerais le laboratoire de recherche qui se trouve dans l'Aile de la foudre... Enfin, ceci n'arrivera peut-être pas.

Il commença à tourner en rond dans la cabane, faisant passer entre ses doigts des petits serpents d'ombres de manière plus ou moins rapide. Retournant finalement s'asseoir sur le siège qui lui était réservé et attrapa le verre qui contenait la liqueur. Il en identifia le contenu et y injecta quelques ombres, afin d'être sûr qu'il ne contenait aucun poison. Même s'il ne pouvait pas en mourir, vérifier l'intégrité des personnes qui l'entourait était une chose nécessaire. Il but finalement le contenu du verre et le reposa sur la petite table, et déclara avec un sourire amusé.

- Bien... Très cher. Quelle est la suite du plan ? Vais-je entendre la voix de ton ami ? Ou allons-nous faire autre chose ?
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Synëal Muspell

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MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyJeu 7 Mar 2013 - 13:05

Un silence s'ensuivit après la prise de parole de Darion.

Finalement, tout s'était bien passé, et Desmond n'avait rien à ajouter. D'ordinaire, il réagissait d'une manière ou d'une autre, en dégainant ou pas son espadon. Et il le dégainait rarement – surtout dans ma résidence d'emprunt, où je lui avais fait juré de ne pas s'en servir ici, le temps que je trouve un habitat plus adéquat. Cependant, il avait un tempérament lunatique, chose sur laquelle j'étais très prudent. Durant la tirade de l'Ombre, je les avais regardé tour à tour, et j'espérais que le colosse ne se vexâ pas du regard curieux et inquisiteur de notre invité. Son regard était seulement profondément plongé dans les flammes crépitantes, dont la lueur dansait follement dans ses yeux sombres. Je ne l'avais jamais connu aussi passif et distrait. Je ne pouvais pas mettre cela sur le compte de la timidité, cette fois. Il était...ailleurs. Et mon inquiétude naissante faillit me faire oublier la présence toute proche de Darion, qui s'était enfin installé là où je l'avais prévu. Il arborait un large sourire, et semblait s'abreuver de notre compagnie, autant la mienne que celle de Desmond, aussi muet fusse-il. Je m'aperçus de l'intensité de son regard avec un soubresaut intérieur. Il attendait une réponse. Je fouillais rapidement dans ma mémoire pour me rappeler de ce qu'il avait dit, n'osant pas lui demander de répéter, sous risque de passer pour un impoli étourdi, et mit enfin le doigt sur sa question qui flottait là. Et j'en fus très perturbé.

« Pardon? Le plan? La voix de Desmond? ». Je ne saisissais absolument pas le rapport. J'avais la désagréable impression d'avoir raté plus quelques mots. En l'invitant ici pour en apprendre plus sur lui, ne me retrouvais-je pas de ce fait cobaye de ses propres interrogations? Cela suscitait chez moi autant de frustration que d'admiration. Il était à la fois avide de savoir, et aussi très malin. Deux qualités à ne pas sous-estimer lorsqu'elles étaient couplées ensemble. Je le savais pertinnement, car j'en étais aussi dôté. Et, en réassemblant ses propos quant à sa volonté de m'aider dans mes recherches, je compris enfin où il voulait en venir. Diable comme j'étais perdu. Avec un regard en coin vers Desmond, je relançai aussitôt. « Notre ami ne semble pas vouloir piper mot pour l'instant. Il faut l'en excuser. D'autant qu'on ne peut pas le forcer à parler, ça pourrait méchamment tourner en notre défaveur, croyez-moi. Parlons, parlons, il interviendra quand il en aura envie. ». Je fis un geste vers Darion pour attirer son attention vers moi. «Alors. Bien que votre quartier général porte un nom très mignon, je ne sais pas du tout où il se trouve. Voyez-vous, mes recherches exigent que je reste aux alentours de cette cabane. Je suis obligé de consulter régulièrement mes travaux – ce que j'ai fait dans la mare là-bas n'était qu'un passe-temps, je l'avoue – et je dois les faire garder. Desmond n'est qu'un mercenaire que j'ai engagé. Un mercenaire avec des dons spéciaux. Il a un gros cure-dents mais il est capable de bien plus. Cependant, malgré ce que je lui ai promis, il n'est pas très docile. Hum...c'est sans doute lié au fait qu'il n'a pas encore vu les espèces sonnantes et trébuchantes de notre accord...Bref. Si je pars d'ici trop longtemps, rien ne l'oblige à rester aussi. »

J'achevai ma tirade par un soupir. Je n'avais fait preuve d'aucun zèle pour exprimer ce qu'était Desmond devant lui. Et de toute façon, il assumait pleinement sa condition. Être un mercenaire ne signifiait pas avoir mains et pieds liés par la loyauté. Je me demandais encore maintenant pourquoi il revenait tous les jours, chaque soir, monter la garde auprès de ces précieux bocaux. Et aussi pourquoi il ne se retournait pas simplement contre moi et essayer de me faire cracher où se trouvait mon éventuel butin. Éventuel, car rien ne disait que j'étais effectivement en possession d'or. Le cas échéant, il devra se contenter de ma mort ; une bien piètre consolation après tous ces jours de service. Un soupir monta aussi des tréfonds de la chair épaisse de mon garde, et se transforma en grognement ostensible quand il fut aux bords de ses lèvres. J'eus un regard perplexe vers Darion puis vers Desmond. Celui-ci avait tourné la tête vers moi. Ce fut comme si j'avais raté une marche. Sa moue était une expression complexe d'indifférence, de déception et de soulagement. J'ouvris de grands yeux avec un regard qui l'incitait à prendre la parole, et fit un léger mouvement de tête vers notre invité, pour lui faire comprendre qu'on était même deux à souhaiter l'entendre parler. Décidément, il avait le don indéniable de me prendre au dépourvu. Ce grand barbare était-il donc capable d'éprouver de la colère envers moi? Ça serait une grande première ! Je me retenais de rire, tant j'imaginais le colosse muet s'émouvoir d'un comportement exécrable de ma part. Prenant sur moi-même, je finis par le haranguer un peu.

« Mais quoi? Qu'est-ce qu'il ne va pas? On est entre amis, tu peux tout nous dire ! »

Le guerrier haussa simplement les épaules et se tourna vers le feu.

«Grande tour mauvaise. Toi pas aller là-bas. Ennui là-bas. Et puis trésor toujours pas pris. Il faut quelqu'un pour trésor. J'ai pas réussi. J'ai pas réussi. J'ai pas réussi. J'ai pas réu...

- C'est bon, arrête-toi!, m'écriai-je, au bord de l'impatience. Puis reprenant une tonalité normale.De quoi parles-tu? Quelle tour? Quel trésor? »

En prononçant ces deux mots, une pierre me tomba dans l'estomac. Ils sonnaient familièrement à mes oreilles. Ce n'était pas une tour au sens propre qu'il évoquait, pas une bâtisse enchâssée dans un fort. Il s'agissait surtout d'une horloge et nous en avions parlé longuement. Il était convaincu que mon trésor était-là-bas, sous une tour près d'un village dont le nom ne me disait absolument rien. Je jaugeai le grand démon avec circonspection, comme si c'était la première fois que je le voyais. Il remua à nouveau des épaules et se mit à grommeler en grattant son épaule droite avec sa main gauche. Intrigué par ce phénomène, je regardais son autre main. Je n'avais pas fait attention aux éraflures sur celle-ci.

« La tour d'horloger, sur Bourgnestre. Ils y ont planté leur étendard et ils ont fait mal à Desmond. Ils vont sans doute arriver. »

Je n'avais pas saisi le sens de ses premières phrases mais la dernière ne présageait rien de bon. Il laissa volontairement ses propos rester en suspens alors qu'une tension tirait mes entrailles.

« Qui ça, ils? »

Et là, la moitié de la cabane explosa, écrasée par une masse énorme. Nous fûmes projetés au sol, et Desmond faillit heurter l'âtre. Deux ombres gigantesques se découpèrent dans la lumière lunaire, derrière l'ouverture qu'ils avaient ouvert dans mon habitat. Sans reconnaître distinctement leurs traits, leur gabarit ne pouvait pas me tromper. Il s'agissait de deux trolls furieux, des aînés sans aucun doute. Ils dépassaient les trois mètres. Et que dire des massues qu'ils arboraient au bout de leurs bras... Des crânes humains saillaient sur toute la longueur de leurs armes, et celle qui reposait encore sur le parquet était décorée de pointes acérées plantées ci et là. Elles n'étaient pas que menaçantes, elles étaient réellement létales.

Le deuxième aîné se pencha vers nous, sa lourde main se posant sur le toit déjà fragilisé par l'attaque. Il tendit un doigt courtaud vers Desmond et fronça les yeux. Son ami rugit, crachant sur nous bave et haleine putride. Je me redressai tant bien que mal, trébuchai contre mon siège renversé, et cherchai du regard les bocaux. Tous étaient broyés, ou répandaient leur liquide stérile dans les gravats. Quelques plantes étaient mortes sous le choc, gisant là comme des résidus inutiles. Le plus petit des trolls leva sa massue encastrée dans le sol et la dressa au-dessus de lui, prêt à frapper à nouveau...
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Darion Sombrelame

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MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyVen 8 Mar 2013 - 16:28

Darion commençait à se lasser un peu, malgré la grande curiosité qu'il montrait à l'égard de Synael, ils tournaient en rond, et ce Desmond ne semblait pas vouloir communiquer.

Ah, des paroles sortaient de sa bouche, mais elles étaient plus proches du discours d'un mourant que d'informations providentielles malheureusement. Une aura se faisait sentir depuis quelques minutes, quelque chose de gros approchait, et Darion regardait Synael, afin de deviner si celui-ci l'avait remarqué, visiblement non, puisque son visage afficha une mine surprise lorsque la moitié de sa cabane vola en éclat sous le coup de massue d'un vilain troll malpoli. Darion passa dans les ombres, afin de ne pas subir de dommages inutiles, il inspecta les alentours afin de voir si Synael et Desmond étaient toujours en trois dimensions et non pas aplatis comme une crêpe.

Satisfait de les voir bouger, il observa l'un des deux trolls lever sa massue vers le ciel pour se préparer à frapper. Sortant des ombres comme on sort de l'eau, Darion dépoussiéra sa tenue en ricanant devant le troll qui le regarda et hurla de rage.

- Allons allons, je sais qu'on dit qu'il faut frapper avant d'entrer, mais tu y es allé un peu fort non ?

Un nouveau cri, le bras du troll se détendit, laissant tomber la masse sur Darion.
C'est alors que deux gigantesques bras faits d'ombres vinrent stopper le mastodonte dans son geste fou, alors que Darion bougeait son index de droite à gauche.

- Non non non, je t'ai dit de ne pas faire ça!

Les bras se scindèrent en plusieurs lames qui tournèrent autour du bras du troll et le découpèrent en plusieurs morceaux qui tombèrent autours des restes de la cabane lourdement. Darion éclata de rire en voyant le monstre se tordre de douleur comme un enfant alors que son comparse était venue lui bander le moignon qui lui servirait à l'avenir. Heureusement cet avenir ne sera pas long.

Darion fit tourner son bras droit de plus en plus vite, faisant également se mouvoir de nombreuses ombres qui prenaient la forme d'un poing gigantesque. Éclatant de rire, il envoya le poing sur le blessé, le faisant tomber à la renverse sur le sol, la tête arrachée, seulement maintenue par quelques nerfs.
Des fontaines de sang s'échappaient de sa gorge alors qu'il terminait de s'effondrer. L'autre troll jugea Darion du regard, un air apeuré sur son affreux visage, puis décida qu'il était plus judicieux d'affronter Synael et Desmond. Darion se téléporta et injecta ses ombres dans le corps du troll, et se replaça aux côtés de Synael, murmurant.

- Il est empoisonné, et blessé... Vous allez y arriver hein ? C'est aussi simple que tuer un garde après tout, les points vitaux sont les même, juste plus gros, imagine que tu affrontes... Un chêne ?

Ricanant, il disparaissait dans les ombres, afin d'observer les réactions futurs de ses deux compagnons...
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Synëal Muspell

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MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyMer 13 Mar 2013 - 18:46

Sous la lueur de la lune sphérique, ils paraissaient mesurer plus de trois mètres. Mais cette estimation était fausse. Ils en faisaient moins. Pourtant, leur capacité à porter des armes aussi lourde était bluffante. Leur force était bien trop disproportionnée et je doutais que Desmond puisse changer à lui seul l'issue du combat. Seul face à deux, armé de mes pauvres ensorcèlements vicelards, je n'aurai pas tenu plus d'une minute.

À quatre pattes sur le paquet de ma cabane, je ne me souciais pourtant pas d'eux, je ramenai à moi les débris épars des bocaux de mes plantes carnivores. Je savais que certaines ne survivraient pas, mais les autres étaient plus coriaces et, heureusement, plus précieuses. J'entr'aperçus un bourgeon noir parsemé de tâches rougeâtres ramper comme un ver. C'était celle qui résistait au feu. J'esquissai un léger sourire et la repoussai sous une étagère pour qu'elle soit en sécurité. Une autre grimpait sur mon épaule en émettant un petit gazouillis semblable à celui d'un oiseau. Celle-ci avait la capacité de devenir invisible, elle n'était repérable que grâce au son particulier qu'elle produisait. J'allais la déposer à côté de sa congénère, puis jetai un oeil vers Darion. Et j'écarquillai les yeux.

À l'instant où j'avais levé le regard, un poing énorme, épais comme un tronc, décapitait de sa charge massive le premier troll, dont le corps tomba en arrière, les mains encore dressées pour nous attraper. Le son de sa chute fut fracassant, son poids était tel qu'il brisa les couches de sédiment marécageux. Sur ma droite, j'aperçus Desmond dégainer avec fluidité son espadon de son fourreau. Le second troll avait en effet jeté son dévolu sur nous et se ruait vers moi, pauvre maigrelet accroupi dans ce qu'il restait de sa maisonnette. Le mercenaire bloqua son assaut du plat de son espadon, sa campa sur ses talons et repoussa le bloc que formait le poing du monstre. Celui-ci ne se laissa pourtant pas défaire et il fit tomber sa main comme un marteau sur Desmond, qui para à nouveau. La force du mouvement lui planta les pieds dans la boue. Il fit partir le revers de son espadon mais, en voulant prendre son appui dans le sol spongieux, il manqua complètement son but et il ne réussit qu'à tracer une estafilade sur le poitrail de son adversaire. Mais il ne l'aurait pas raté si ce dernier n'avait pas esquivé. Ils n'étaient pas si bêtes qu'il n'en avait l'air. Profitant du déséquilibre passager de Desmond, la créature lui flanqua un fulgurant crochet du poing. Je crus voir une dent se déloger de la mâchoire du colosse.

Je me remis à fouiner dans les décombres, et trouvai alors ce que je cherchais : un noeud compact, avec de curieuses nuances de mauve et de brun, rappelant vaguement un foetus replié sur lui-même. Je me redressai et reçus alors une bourrade violente dans le torse. J'allais m'écraser contre le mur opposé. Sous le choc, le trophée indigné du cerf alla planter ses bois entre mes jambes. Le pas lourd du troll se fit de plus en plus proche alors que je rassemblai mes esprits, avachi contre le mur. Ma main était vide. La douleur lancinante dans tout mon corps ne m'empêcha pas de sourire de triomphe, même quand la poigne robuste et épaisse du troll me saisit par le col et me souleva sans ménagement. Il me plaqua violemment contre la paroi, puis me secoua à m'en casser les omoplates contre le bois. Je crus céder le premier mais ce fut les planches qui craquèrent sous les secousses répétées. Pendant un instant, le troll me fixa de ses petits yeux noirs et stupides, plissés sous la masse graisseuse et écaillée de son front. Je me mis à glousser derrière la cascade de mes cheveux roux éparpillés. Deux bras vinrent alors ceinturer la bête sous les bras qui poussa un grognement frustré. Il gesticula dans tous les sens, mais la prise qu'exerçait son agresseur était trop forte, et presque invincible. Il me laissa choir, et saisit de sa main valide celles qui le serraient avec force. Il émit un son couinant, à mi-chemin entre le grognement et le geignement de douleur, alors que les os de son buste se mettaient à saillir dangereusement.

Je m'extirpai de là en cabriolant à quatre pattes, puis me redressai en contemplant le cadavre du premier troll serrer vigoureusement son camarade entre ses deux bras musculeux. Je remis de l'ordre dans mes cheveux, j'étais très fier de moi. En me faisant rentrer dedans par ce gros bestial, j'avais eu peur de rater mon coup. Mais ma Graine d'Éternité avait atteint son but. En ensemençant un cadavre à sa portée, elle plante ses racines profondément en lui, et réanime ses fonctions nerveuses. Elle n'a cependant aucun effet sur la force vitale, ce qui transforme le macchabée en un affreux pantin insensible. Je m'en étais déjà servi à l'occasion d'une rencontre des plus curieuses avec les dénommés Kyle et Arkan, alors que nous étions aux prises avec des brigands accompagnés de trolls plus intelligents que ceux auxquels nous avions affaire là. J'admirais l'estropié se débattre avec véhémence. Peu importe ses efforts, son ravisseur ne se fatiguerait jamais. Et il finirait très certainement par lui broyer les côtes et lui percer les organes internes en même temps.

Desmond surgit alors dans mon champ de vision, la mine résolue. Ses bottes étaient engluées mais cela ne l'empêcha pas se ruer sur les trolls pour les empaler tous les deux sur toute la longueur de son espadon. Il appuya sur la paume de son épée lorsque le troll emprisonné se mit à glapir, la pointe de la lame dépassant de son dos, laissant dégouliner son sang poisseux. Il arracha enfin sa large épée de la chair des créatures, forçant de son genou sur le dos de la première pour l'extirper avec un affreux son de déchirure. Sa lame retomba lourdement, et il tourna la tête vers moi, le visage indéchiffrable. Il était beaucoup plus amoché que moi, et l'arcade de son oeil droit était cassée, un filet de sang en coulait comme une striure pourpre. Je ne soutins pas longtemps son regard, je me doutais qu'il m'en voulait de l'avoir mis dans une situation pareille, où il avait failli perdre la vie au moment où il ne s'y attendait pas. Je me tournai vers Darion, l'oeil ambré étincelant.

« Hum...Vous n'auriez pas vu mon chapeau?...Bon, ce n'est pas grave. Quoiqu'il en soit...Desmond? Ne me regarde pas ainsi. Ce n'est pas moi qui ait ramené ces trolls ici. Tu ne peux pas m'en vouloir si tes bottes sont dégoûtantes, et si... », je fis un geste autour de mon orbite, « tu as bobo à ton oeil. Darion? Que diriez-vous d'une chasse au trésor? Je n'ai plus de cabane à surveiller, la plupart de mes sujets d'expérience ne sont plus viables, et Desmond a une dette de plus à son ardoise. Alors on peut d'ores et déjà dire que je suis disponible. ». L'intéressé poussa un grognement, grattant son épaule avec un air passager de gêne sur son visage. « Cependant, Desmond a parlé tout à l'heure d'une horloge, alors permettez-vous de vous expliquer brièvement l'histoire. Non loin de Bourgnestre, dans un recoin du village abandonné et oublié par tous, se dresse encore la tour d'une horloge défraîchie. On suppose qu'elle tient encore debout à cause d'une antique magie cachée dans les ténèbres de ses couloirs. Dans ses couloirs, ou même plus probablement, dans ses souterrains. Il s'avère que ses aiguilles tournent dans le sens inverse, et qu'elles s'arrêtent toujours à une heure précise. » Je levai deux doigts en V. « Dix heures dix. Curieux n'est-ce pas? Ensuite, après quelques coups de cloche retentissants jusqu'à Bourgnestre, elle reprend son égrennage étrange. » Pris d'une fatigue qui n'était pas mienne, j'allai m'installer sur un arbre écrasé tantôt par les armes des trolls. « Sa magie fait la convoitise de quelques créatures tels que le joli couple entassé que vous voyez là. Mais ce qui intéressait le plus Desmond...Enfin ce qui nous intéresse désormais, est le trésor que cette magie protège. Et quand je dis trésor, il s'agit bien d'espèces sonnantes et trébuchantes, non pas un quelconque artefact désuet dont on ne serait que faire à part le revendre à des contrebandiers... »

Je laissai le temps à Darion de réfléchir à la proposition et regardai à nouveau le mercenaire. Il était de plus en plus gêné et ne tenait plus en place. Il triturait sa ceinture en jetant des coups d'oeil nerveux de moi à l'Ombre. À première vue, cela ne le plaisait guère de faire intervenir quelqu'un d'autre. Aurait-il voulu n'avoir le trésor qu'à lui par simple cupidité? Si c'était cela, alors il était pire qu'un démon, ce bougre ! Il croisa mon regard et un sourire amusé se dessina sur mes lèvres. Je haussai les sourcils à son attention et il fit semblant de regarder autre part. Mon sourire devint un mesquin rictus. En réalité, par ce geste subreptice, je lui demandai l'autorisation exprésse de faire participer notre compagnon d'infortune. Il l'avait saisi, mais cela lui en coûtait de le faire. J'avais même l'impression de voir les syllabes se former au bord de ses lèvres, avant qu'elles ne se transforment en gouttes de salive qu'il ravala aussitôt en s'essuyant du revers de son bras. Je repris la parole non sans un soupir dépité. La distance qui nous séparait déjà s'était creusée pendant le combat. Je ne lui avais pas porté assistance plus tôt, préoccupé par ma Graine plutôt que par son sort. Il ne devait pas non plus avoir compris la désinvolture exagérée de Darion lorsqu'il nous a laissé nous débrouiller avec l'handicapé.

« Vous m'aviez parlé en plus de votre quartier général. Cela pourra servir grandement pour vos fonds. Vous ne devez pas non plus être insensible à cette femme qu'on nomme l'or. Et puis, Desmond nous aidera dans notre quête, pas vrai mon grand? » Il émit juste un grognement en allant se camper autre part. « Il n'a pas montré encore toutes ses capacités, et je suis déjà convaincu qu'elles vous plairont. Ainsi qu'à moi-même., achevai-je en gloussant.

Mon rire n'échappa pas au mercenaire qui jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule, la lèvre plissée. Il se pencha, ramassa quelque chose, et revint vers moi. Il me tendit mon feutre encrassé et presque aplati. J'eus une moue de dégoût et repoussai mon propre couvre-chef favori. Il m'était triste de le voir dans cet état mais je ne pouvais plus rien faire. Je n'avais plus qu'à espérer en trouver un autre lors de mes aventures futures. J'allai me redresser quand le vertige du combat me saisit en pleine figure et déploya son vide incommensurable en moi. J'enfouis mon visage dans mes mains, attendant que le malaise passe. Ma volonté était de fer lors d'une bataille mais mon corps ne tenait souvent pas le choc, et il me le rappelait alors que tout se finissait. Je n'avais que la constitution d'un homme malade, qui ne profitait jamais du plaisir de la table, qui se laissait aller à de vastes méditations sans se soucier de ses besoins corporels. Je n'étais pas un véritable combattant comme mes deux compagnons.

Je me relevai enfin en poussant de mes mains sur mes genoux. « Bien ! Sans doute allons-nous devoir nous mettre en route ! La nuit se fait plus obscure et nous devrions en profiter pour marcher vers notre destination pendant que nous sommes encore camouflés. » J'adressai un clin d'oeil à Darion, puis me mit en route, en me dévêtant de ma veste embouée pour la passer au-dessus de mon épaule.

Non loin de nous, le cadavre du troll au bras coupé produisit un gargouillement écoeurant et se perça de part et d'autres d'orifices où suinta un fluide liquoreux nauséabond, en émettant un soupir sifflant...

La route jusqu'à notre prochaine aventure n'était pas longue, mais elle coupait plein nord à travers les marais. Nous pourrions faire le détour afin de ne pas nous retrouver dans la mangrove locale, et déranger les quelques êtres hostiles qui y séjournent, mais cela nous obligerait à revenir sur Amelnestre, qui devait être en train de grouiller de la milice locale. Dans mon état, je préfèrerais éviter un nouvel affrontement, même si Darion et Desmond auraient pu assurer à eux seuls une situation explosive. Je les guidai plutôt donc à travers la tourbière. Une brume bleutée se mettait à stagner sur le sentier, émanante du sol gelé par la température ambiante. Le soleil avait disparu depuis longtemps, et la lune nous éclairait comme un phare malade. Les branches des arbres souillés se penchaient sur nous telles de griffes avides, et il nous semblait entendre les grincements frustrés de leurs écorces recouvertes de mousse. Je reniflai avec mépris. Ces végétaux avaient faim et non pas d'eau. Il y avait longtemps qu'ils avaient abandonné leurs ressources essentielles au profit d'une autre beaucoup plus rare. Le sang. En progressant plus loin, au milieu des mares d'où s'échappaient une vapeur dont il fallait se méfier, nous croisâmes quelques squelettes, les mâchoires béantes dans une dernière grimace d'agonie. Le buste de l'un d'eux dépassait de la surface d'eau croupie, et tendait son bras vers une branche salvatrice. Mais il était déjà trop tard pour lui. Je devinai sans mal les mille souffrances qu'ils avaient du subir en s'égarant en ces lieux. Et je n'eus nul besoin de regarder Desmond pour le sentir frissonner rien qu'à l'idée des châtiments infligés aux âmes perdues. Je ne savais que pensait Darion, et je n'aurai pas été étonné de le fureter ci et là pour en apprendre plus sur les conjonctures qui ont amené ce marécage à devenir si malveillant.

Enfin, nous aperçûmes le toit d'un clocher pointu, sous lequel brillait vivement l'arrondi d'une horloge dont les aiguilles étaient bloquées, formant un V. Nous débouchâmes sur une lande déserte, où poussaient péniblement des tailles dénudés de leurs feuilles. Je fus pris d'un frisson incontrôlable, en essayant de me souvenir d'avoir franchi cet endroit auparavant avec le mercenaire. Non, je ne me souvenais pas. La tour était pourtant bien là, comme dans ma mémoire, immense clou noir planté dans un sol flétri. J'avançai désormais avec beaucoup moins d'assurance. Je ne savais ce que je craignais mais l'angoisse frappait à la porte de mon esprit en me narguant. De plus, quelque chose se déplaçait dans l'obscurité. Lorsque je me retournais brusquement, le bruit de course s'arrêtait, et ne reprenait que lorsque je remboitai la marche. Il me venait l'idée stupide que nous serions plus en sécurité une fois arrivé à la tour, alors que la zone manifestement la plus dangereuse était la grande bâtisse de pierres noires.

« À compter de cet instant, cher ami, considérez-vous comme en danger de mort. J'ai vu l'étendue de vos pouvoirs, mais croyez-moi, il n'est rien de plus redoutable qu'une entité jalouse de ses possessions. Elle serait prête à se détruire elle-même si elle pouvait nous emporter dans sa déchéance... ». Nous parvînmes à hauteur d'un muret de pierre qui quadrillait l'espace. Un simple portique de bois, pas plus haut que nos genoux, nous adressait la bienvenue, grand ouvert. « Quand un arbre meurt, la mousse continue de pousser..., ajoutai-je amèrement à voix basse, en passant le portail.
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Darion Sombrelame

Régent du Crépuscule | L'Ombre

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Darion Sombrelame
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Un corps au fond de l'eau [ Darion ] _
MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyVen 22 Mar 2013 - 11:01

Ainsi, ils avaient survécus... Darion n'avait pas levé le moindre doigt pour les aider au cours de la bataille contre ses trolls, afin de les juger, savoir s'ils étaient des bons alliés, et surtout, savoir si en cas de pépins, ils pourraient les tuer facilement. Toujours se méfier quand on rencontre quelqu'un.

Ils avaient quitté les restes de l'ancienne cabane, pour se rendre vers le domicile du trésor. Ils se retrouvèrent on ne sait comment dans un espèce de marais où il était curieux de sentir une présence qui les épiait. Darion, canalisa un clone d'ombre pour continuer avec Synëal tandis qu'il inspectait la zone, analysant les cadavres, et étendant son aura pour trouver cette entité qui les observait.
Un sourire s'étira sous ses bandages, les cadavres... Leurs restes débordaient de magie, et ce n'était pas de la bonne magie. Ils avaient dut souffrir le martyre avant de périr dans ces eaux troubles.
Il sentit une puissante aura se jeter sur lui, se retournant vivement, il eut juste le temps de contrer une lance faite... D'ombres ?

* Ainsi notre magie est copiée... Intéressant... *

La zone entière semblait vouloir leur mort, et se nourrir de leur sang, malheureusement, le sang de Darion n'aurait en rien nourrit leurs écorces et leurs branches... Il les auraient abattus, au mieux.
Une autre ombre se jeta sur lui, c'était quelque chose qui semblait être... A vrai dire l'Ombre n'en avait pas la moindre idée. Il lui jeta de multiples liens qui la força à disparaître à nouveau. Il reprit donc finalement la place de son clone, et entendit Synëal déclarer quelque chose à propos de la zone, et du fait qu'il n'y avait rien de pire qu'une entité jalouse. Amusé, celui-ci murmura.

- Tu n'as même pas idée.

Ils passèrent le portail, et alors qu'ils s’apprêtaient à rentrer, Darion leva le bras, les stoppant.

- Attendez... Cette porte... Elle est piégée.

Il fit apparaître plusieurs liens d'ombres qui se jetèrent sur la porte, la découpant en plusieurs morceaux alors que des gouttes, semblables à de l'acide tombaient sur le sol. L'Ombre leur jeta un regard amusé avant de s'avancer, prenant la tête du groupe.

- Je pense qu'il vaut mieux que je prenne la tête, comme je peux sentir les pièges magiques et esquiver les normaux, je pense que c'est l'option la moins risquée.

Une fois à l'intérieur, ses deux compagnons allumèrent des torches, bien que Darion n'en avait pas vraiment besoin, avoir de la lumière pouvait être aussi avantageux pour remarquer les potentielles menaces. Ils traversèrent plusieurs pièces, et à première vue semblaient s'enfoncer sous terre, ce qui n'avait pas l'air de rassurer ses amis.

Se grattant les cheveux alors qu'ils arrivaient à un carrefour, Darion étendit ses ombres pour savoir quel chemin était le plus sûr. Ils tournèrent donc à droite, car Darion avait senti bien moins de danger sur la gauche, et les trésors n'étaient pas gardés par quelques monstres mais par la meilleure protection possible. Il désactiva avec l'aide de ses compagnons de nombreux mécanismes mortels continuant d'avancer.
A une autre embouchure, ils tombèrent nez à groin avec des monstres qui semblaient mi-homme, mi-sanglier. Darion n'attendit pas la moindre réaction qu'il tranchait la tête du premier monstre alors que ses amis attaquaient le second. En quelques minutes, les ennemis n'étaient plus que des jambons. Prenant un petit repos, ils se remirent en marche assez vite. Darion avait un peu de mal à se reposer, car il n'en avait pas vraiment besoin, sa condition lui donnant une régénération hors du commun, mais il s'était habitué depuis qu'il avait rencontré Sorince à prendre de multiples pauses, quitte à lâcher deux trois remarques de temps en temps histoire de plaisanter.

Une ou deux heures passèrent avant qu'ils ne tombent à nouveau sur un groupe n'ennemis, cette fois-ci un peu plus coriaces. Il s'agissaient de bestioles, semblables à des fourmis de la taille d'un homme et se tenant sur deux pattes. Au cours de l'affrontement, une lance se ficha dans le ventre de Darion sous les yeux inquiets de Synêal. L'Ombre arracha la tête du monstre et alors qu'ils avaient battus leurs ennemis, il enleva la lance laissant son sang noir tomber sur le sol. La plaie se refermait rapidement et disparaissait comme s'il n'y avait rien eu devant ses camarades qui ne semblaient pas en revenir.

- Quoi? Vous pensiez que j'étais assez faible pour mourir d'une simple lance, et ici ? Allons, soyez réalistes...

Ricanant il se remit en marche comme si de rien était, alors que ses ombres formaient un nouveau bandage. Ils empruntèrent un énième escalier et se retrouvèrent finalement dans une salle plus grande que les autres. Une grande statue se tenait en son centre, et représentait une femme à la poitrine nue et tenant une épée dans une main, et un fouet dans l'autre. Ses yeux étaient masqués par un bandeau et ses cheveux de marbres tombaient en cascade dans son dos. De la magie en émanait, aussi Darion la pointa du doigt.

- Ce truc, va sûrement se mettre à bouger quand on va passer à côté ! Haha, ce sera mon premier tête à tête avec une dame de cette stature ! Espérons que nos charmes ne la laissent pas... De marbre !

Se préparant au combat, Darion attendait une réaction de Synëal et Desmond, où ils combattraient, ou bien ils tenteraient de passer à côté, risquant une attaque surprise, le choix était leur désormais...

[Hrp] Voila, j'espère que ça te plaira ! Et t'as vu cette magnifique blague à la fin ? xD [/Hrp]
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Synëal Muspell

♘ | le Botaniste Ardent

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Synëal Muspell
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Un corps au fond de l'eau [ Darion ] _
MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyVen 5 Avr 2013 - 23:53

J'admirai silencieusement la témérité et la célérité de notre nouveau compagnon de voyage. Il était d'une audace et d'une puissance qui dépassait toute mesure connue. Il ne serait pas étonnant que ses ennemis fuyaient à la seule vue de sa silhouette.

Après qu'il eut arraché sans ménagement les portes de la tour comme du carton, nous le suivîmes dans les méandres poussiéreux et labyrinthiques de notre nouveau lieu de découverte. Une puissante odeur de moisi et de renfermé nous saisit aussitôt aux narines, et Desmond leva son avant-bras à hauteur de son nez. Nous venions de pénétrer dans un immense hall dont le plafond qui nous semblait aussi lointain que le ciel était soutenu par d'immenses poutres fissurées et dévorées par les âges. Elles étaient enlacées par des écharpes de lierre qui remontaient tout le long en finissant par disparaître dans les ténèbres. Un souffle s'élevait des nimbes obscures qui nous entouraient, et nous encerclait, à la fois comme un guide, à la fois comme une escorte menaçante, pour nous amener inéluctablement dans les boyaux infâmes de cette tour sordide.

Une volée de marches avait été creusée sous le pan de mur qui nous faisait face, mais elle s'abîmait dans des ombres encore plus épaisses. Desmond jeta un oeil autour de lui et alla se trouver un morceau de bois parmi les décombres des derniers bancs gisant là. Je le laissai se débrouiller pour allumer un feu dans ce réduis sombre et humide, et joignit mes pas à ceux de Darion qui s'avançait sans prudence dans le corridor qui s'enfonçait dans les racines de la tour.

La descente ne présenta pas de difficultés particulières, cela était dû au fait que les marches étaient comme qui dirait entretenues et taillées afin que leurs bords ne s'émoussent jamais. Cela supposait un passage fréquent de créatures ou d'une entité dont nous ne connaissions encore rien. Le premier souterrain ne laissait voir que des murs unis à la lueur de la torche du mercenaire, dont la mine s'assombrissait au fur et à mesure des minutes qui s'égrenaient lentement comme des grains de sel épais dans un sablier. Il me cachait encore quelque chose, et ne me le dirai sans doute qu'au moment venu. Son attitude soulevait en moi une frustration qui m'était étrangère. Je n'étais d'ordinaire jamais curieux des secrets sur lesquels je n'accordais pas d'intérêt, mais Desmond était en possession d'informations cruciales et les cachait si bien que je n'avais pas pris le temps de m'y intéresser en temps normal ; c'était encore pire maintenant que je m'étais laissé embarqué dans son aventure et que j'avançais à l'aveuglette.

Plus tard, nous débouchâmes sur un grand palier, qui s'avérait être en réalité une salle désertée, où la poussière était encore plus présente, comme un nuage invisible. Elle encombrait nos narines, sans pour autant nous faire éternuer, et nous laissait un goût acre et sec dans le fond de la gorge. Dans un coin éclairé partiellement par la lueur de la torche, j'aperçus un cadavre plié en deux. Seulement, sa position n'avait rien de naturelle. On aurait dit qu'un géant avait saisi ses extrémités et l'avait cassé comme une baguette. Un peu plus loin, lorsque la flamme lécha le mur, elle dévoila les contours d'un trou dans les pierres, comme si elles avaient été enfoncées par un pied forcené. Des ossements jonchaient l'alcôve que montrait l'orifice. L'évidence me frappa alors de plein fouet comme un seau d'eau qu'on me jetait à la figure. Nous étions dans des catacombes. Cela n'avait rien à voir avec une bâtisse ordinaire, érigée là pour guider les voyageurs.

D'autres marches nous attendaient au fond et nous les empruntâmes elles aussi, bien que nous n'ayons pas trop le choix. D'autres paliers se succédèrent, toujours plus lugubres, toujours plus nauséabonds. Le silence, simple absence de bruit, était devenu une réalité, une créature tapie dans le noir, qui se déplaçait à nos côtés à pas feutrés sans jamais se montrer. C'était le chat noir qui épaississait encore les ténèbres et qui se gaussait de la piètre lumière que dégageait le flambeau de Desmond. Je devais sans doute me sentir rassuré que nous n'ayons pas encore rencontré de résistance dans ce cimetière souterrain mais il n'en était rien. Un sage de Madorass disait toujours qu'il fallait se méfier de l'eau qui dort. Or, ici, les pierres elles-même dormaient d'un sommeil séculaire, voire millénaire. À chaque instant, il me semblait que quelque chose nous épiait entre les minces interstices des parois et surveillait notre progression. Mais lorsque je m'en inquiétais trop, cette impression disparaissait et rendait mes pas plus légers. Ce brusque sentiment qui soulageait mes épaules me rappelait celui d'un sortilège pernicieux. Quelque soit ce qui nous attendait ici bas, ça voulait qu'on continuait encore sans s'arrêter.

Le corridor rectiligne que nous suivions se détacha soudain en trois embranchements, dirigés vers les trois directions d'une boussole. Notre compagnon chercha un instant le meilleur chemin à suivre et nous entraîna vers l'est. Son instinct était encore plus affûté que je ne l'aurai cru, car il nous fit arrêter juste avant une ligne de dalles dont les teintes étaient plus que suspectes. Desmond prononça quelque chose comme ''piège'', et me jeta un regard d'avertissement. Je ne cillai même pas et laissai notre nouvel ami tâtonner les murs et désenclencher habilement les mécanismes enchâssés dans les parois poussiéreuses. Dans un grand claquement, les dalles s'ouvrirent puis se refermèrent aussitôt, et le son d'une clé qui se tournait retentit dans le couloir. Darion prit aussitôt la tête de notre défilé, suivi de près d'un Desmond un peu plus méfiant et de moi-même qui faisait curieusement confiance à l'Ombre sans raison particulière. En réalité, je ne me souciais guère de connaître ses motivations. Peu importe lesquelles étaient-ce, elles ne me regardaient pas. Je savais seulement qu'il était intéressé par ce trésor autant que nous, et si jamais il essayait de nous duper, Desmond remplirait son rôle comme il l'avait toujours fait. Avec un regard en coin, je le dévisageai longuement, lui et son visage bougon, son nez replié comme celui d'un sanglier en proie au danger, les yeux plissés sous ses lourdes paupières en deux fentes sombres. Il n'était pas le gros barbare que son étiquette empruntait à son apparence. Et peut-être même que l'Ombre le découvrira.

La suite de notre cheminement s'avéra tout à coup beaucoup moins ennuyeuse, mais aussi plus dangereuse. Au détour d'un autre carrefour, nous tombâmes sur une embuscade de créatures mi-hommes, mi-cochons qui bondirent d'abord sur Darion et Desmond. Ombres et reflets argentés se mêlèrent pour frapper en travers les monstres qui ne cessaient de s'agglutiner dans le corridor. Leur sang imprégna aussitôt les dalles et les pierres des murs alors que leurs brefs cris d'agonie et autres borborygmes s'éteignaient dans le désert du labyrinthe souterrain. L'un d'eux réussit à passer outre le déluge de coups qu'offraient généreusement mes deux compagnons de route et se rua sur ma gorge en tendant vers moi ses mains garnies de griffes en fer. Je l'esquivai aussitôt, le saisit à la nuque et lui fit rencontrer brutalement la paroi dans un craquement sinistre. Il coula vers le sol, un morceau de langue glissant entre ses dents serrées...Un autre atterrit alors sur mes épaules, et me mordit à la nuque, en y enfonçant profondément ses chicots pourris. Je hurlai de rage plus que de surprise, et fit saillir une énorme pointe de mon épaule pour la ficher en travers de son crâne malformé. Je m'ébrouai pour me débarrasser de son corps mou, et lançai aussitôt un fulgurant direct du poing dans le groin d'un troisième agresseur. Ses mains s'envolèrent sur son museau dans un juron étouffé, mais mon pied le cueillit à l'entrejambe. Alors qu'il louchait sous la douleur, l'espadon de Desmond virevolta et le détailla de l'épaule à la hanche opposée. Ce qui semblait être au début le remous puissant d'ignominies malodorantes, ne fut plus que têtes et tronçons de corps épars. Je portai une main à la morsure douloureuse de mon cou. Heureusement, il n'avait pas percé d'artère, mais je risquais fort de développer une méchante infection due à leurs mâchoires aussi entretenues que des croupions de rats. Desmond posa une main sur mon autre épaule et souffla qu'ils allaient se reposer un moment, ici-même. J'étais plutôt d'avis de poursuivre encore notre route mais je ne discutai pas leur décision.

J'allai m'appuyer contre un pan de mur où dépassaient les pointes de racines d'arbres. Ils devaient être très âgés pour que leurs sources aillent chatouiller les fondations aussi profondes de la tour. Je les effleurai des doigts tout en plongeant sans m'en rendre compte dans le tumulte de mes pensées. Dès lors que je croisais des végétaux, je m'éloignais de la perception de la réalité pour m'enivrer des bribes d'histoires que ceux-ci avaient à me confier secrètement. Sa souche avait vu des batailles autour de la bâtisse à la surface, elle avait vu des guerriers aux visages improbables, semblables aux hommes-cochons, essayer de défaire en vain une horde de créatures protégées par des cuirasses en fer. Mais les arbres ne discernaient pas nos apparences comme nous. Ce qui étaient des armures auraient pu être aussi la chair-même de ces étrangers, qui seraient alors presque invincibles. Les guerriers avaient du battre en retraite dans leurs retranchements, et plus loin, dans le passage secret que nous avions emprunté. Mais leurs poursuivants étaient rusés et ils avaient débusqué l'issue très rapidement avant de se remettre en chasse...En chasse de quoi? Le végétal ne le savait pas. Je m'extirpai de ces visions ténues et jetai un oeil à mes compagnons. Je décidai de leur parler de tout ceci quand la nécessité se présenterait. Ils n'avaient pas encore besoin de savoir que des monstres cuirassés comme des scarabées nous embusqueront peut-être aussi.

Sans piper mot, l'Ombre se remit en chemin mais sans marquer son empressement, il nous attendit pour que nous marchâmes à sa hauteur. J'avouais que cette expédition commençait à me lasser. Le même décor s'ouvrait à nous à chaque nouvelle arcade, à chaque nouveau palier. Les quelques gravures que nous puissions voir étaient trop érodées pour que nous puissions deviner à quel événement, clan, ou direction elles faisaient allusion. Elles étaient totalement imperméables à toute analyse approfondie. Je ne sus dire quel laps de temps exact s'était écoulé depuis notre rencontre impromptue, mais cela nous semblait paraître à tous comme une éternité. Si j'avais vu le fil d'un sablier s'écouler paresseusement et très lentement, je n'aurai pas été étonné. Mes pas me semblaient lourds, comme si je marchais dans une mare, mon souffle discret se perdait dans l'immensité ténébreuse. Le tintement d'une goutte d'eau qui s'écrasait quelque part marquait un étrange contrepoint avec le bruit de nos pas étouffés dans l'épaisse couche de poussière.

En ruminant sur le trajet que nous avions parcouru, je ne m'étais pas rendu compte que je prenais de l'avance sur les deux autres. En débouchant sur une autre division de chemins, quelque chose me heurta de plein fouet dans sa course. Je faillis trébucher mais me rattrapa au coin de mur. La silhouette aux détours hétéroclites fit volte-face vers moi et leva alors une lame en se ruant sur moi. Plissant la lèvre supérieure de dégoût, je me détournai de son attaque et l'envoyai d'une bourrade aux prises de mes compagnons. Mais l'ennemi n'était pas seul. Le trot de plusieurs autres arrivants monta crescendo. Finissant d'étrangler sa proie, Desmond s'avança en brandissant son épée en me poussant gentiment dans la retraite, avec un bref grognement qui signifiait qu'il ne pourrait manier son arme sans me blesser. Je jetai un oeil à mon agresseur ; mi-homme, mi-insecte cette fois-ci. Mais il n'avait encore rien à voir avec les inconnus des fragments erratiques de mémoire émis par l'arbre. Cela ne fit que soulever une autre chape d'interrogations en moi. Mes deux compagnons engagèrent le combat chacun de leur côté, émiettant et détruisant toute tentative de débordement de la part de nos curieux assaillants. Ils s'effrondraient les uns après les autres sans réussir à entamer leur défense. Cependant, l'un d'eux se montra plus audacieux, et, lançant en avant sa hallebarde d'acier rouillé, perça le poitrail de Darion, qui ne s'en vit pas perturbé outre mesure. Il n'eut d'ailleurs qu'un ricanement ravi et ses ombres caracolèrent sur le corps de l'impudent avant de lui dévisser la tête en émettant un chuintement atroce. Il glissa une remarque à mon intention que je n'eus pas le loisir de relever car, une fois de plus, on me prit à parti pour une lutte féroce pour mon sang. Deux soldats se ruèrent sur moi en brandissant rageusement leurs glaives. Le premier fut écrasé et terrassé par une attaque de mon dévoué Desmond mais le deuxième se jeta sur lui d'abord pour jeter ses pieds contre son torse, rompant toute tentative de contre-attaque en l'envoyant contre le mur. Je couvris ma main d'épines et de pointes désordonnées et l'attaqua alors qu'il était au sol. Il repoussa mon assaut du plat de sa lame et se jeta dans mes jambes comme un forcené, visiblement peu soucieux du sort qu'il aurait pu se voir infligé à son dos découvert. Il ne manqua pas son entreprise et me fit chuter lourdement au sol alors qu'il me ceignait les jambes en poussant un couinement d'effort et de triomphe. Sa joie fut de courte durée. L'espadon transperça son corps frêle de part en part et le combat prit fin à ce moment-là.

S'était soigné avec ses propres sortilèges, Darion partit comme si de rien n'était avec un sourire goguenard sous ses mèches sombres. Desmond m'aida à me relever d'une empoignade et nous reprîmes le voyage, laissant derrière nous plus de cadavres que je n'en avais fait dans toute ma vie. Le mercenaire me fit remarquer que ce Darion ne nous ménageait pas, qu'il oubliait sans doute qui l'avait conduit jusqu'ici. Attendant que le dos de l'Ombre fut à plus de quelques mètres, je lui murmurai.

« Il s'en souviendra quand on aura touché le fond de ce trou à vers.

-Trou à vers? Tu trouves que ces guignols avaient vraiment l'air de vers? », grogna Desmond en montrant du pouce le chemin inverse.

« Pour lui, c'en était., fis-je simplement. Il dut comprendre à mon expression que je ne tolérerais plus aucune autre remarque sur notre invité.

Finalement, nous commencions à voir le but de notre expédition infortunée. Après une énième suite de marches, nous parvînmes dans une gigantesque salle dont les éléments semblaient avoir été conservés malgré les époques qui s'étaient écoulées à la surface. L'architecture était sensiblement différente des couloirs que nous avions franchis. Ici et là gisaient des pans de plafond qui n'avaient pas survécu à l'érosion progressive des fondations du sommet de la salle. Cependant, aucun d'entre eux n'avait touché la divine statue qui trônait au centre de la pièce, dont la lueur dorée se reflétait sur les boucliers de cuivre qui ornaient les larges murs. La pierre des parois semblait briller irrégulièrement, comme les aspérités d'une émeraude taillée abruptement sous le soleil. Les armes dont étaient parées la représentation féminine d'albâtre avaient quelque chose de moins belliqueux qu'elles n'auraient du l'être ; une épée dans une main et un fouet dans l'autre. Son allure n'était pas menaçante. Toutefois, elle dégageait une aura d'autorité impassible. Un bandeau de pierre lui cachait notre présence, et je me demandais si elle n'eût été jamais aveugle dans sa vie charnelle, ou si c'était son choix. J'avais déjà eu connaissance de prêtres qui obstruaient volontairement leur vue afin de protéger leurs regards de l'abus des apparences. Je m'approchai de son socle en enjambant avec précaution les rocs qui jonchaient le sol comme des gardes paresseux, et fut alors pris d'un frisson incontrôlable.

« De la magie... », susurrai-je pour moi-même. Et soudainement, je m'esclaffai joyeusement à la réplique de l'Ombre, le premier vrai rire depuis longtemps. « Elle pourrait bien me chevaucher que cela ne me dérangerait absolument pas! », répondis-je. Un sourire égrillard se dessina sur le visage de Desmond, qui se laissa aller provisoirement à la plaisanterie. Je fis un geste de traction de mes bras en tirant vers mes hanches, ce qui finit par déclencher l'hilarité du mercenaire. Les yeux brillants, avec une voix paillarde, j'ajoutai. « Nan mais regardez-moi cette paire de mamelles! Qui ne s'y vauterai pas sans avoir le jonc tendu comme une perche?  »

Une détonation retentit. Le plafond libéra une pluie de poussière sous le choc. Nos rires se turent aussitôt. Et comme s'il avait déjà pressenti un quelconque danger, Darion se mit en position d'attaque, prêt à en découdre avec la prochaine hostilité. Je jetai des regards pressés autour de moi, cherchant l'origine du bruit, mais il fut évident que le son venait d'un étage que nous ne voyons pas. Du moins...pas encore. Il y eut une autre secousse, aussi brutale que la précédente, et je cessai de réfléchir. Parfois, les rouages de mes méninges n'étaient tout simplement d'aucune utilité. Des lézardes se mirent à courir au-dessus de nous, en produisant d'infimes craquements, prémices d'une plus grande catastrophe. Je reculai instinctivement. Desmond dégaina son arme et marcha jusqu'aux côtés de Darion. Je me fis alors l'effet d'être une demoiselle qu'ils devaient protéger. Je chassai aussitôt cette pensée dégradante de mon esprit, aidé par un nouvel impact sourd contre le plafond. Un vagissement guttural résonna, et la paroi supérieure se creva alors dans une gerbe de débris qui plurent sur le sol. Une gigantesque masse chuta à la suite de l'éboulement, atterrisant dans un bruit tonitruant de dalles brisées et de roulements de pierre. La chose surgit de la brume de poussière soulevée par son fracas et se rua en avant, démolissant la statue d'une bourrade et freina juste à quelques mètres de nous, nous surplombant éminemment de toute sa hauteur.

La chimère de pierre nous jaugea de ses rubis oculaires, ses griffes impressionnantes labourant le terrain, et elle tendit son museau comme pour humer notre odeur – bien que je doutais qu'une créature de roc puisse faire une telle chose. Elle dressa la gueule et poussa un long hululement proche de celui d'un loup, puis courba l'échine en penchant sa tête vers le bas, afin d'arriver à notre hauteur. Je n'exagérerais pas si j'estimais sa taille à celle de la tour. Je fus le seul à chercher une retraite stratégique au fond de la salle, alors que les deux autres restaient immobiles, comme s'ils la défiaient délibéremment. Là, la patte de la créature décrivit un arc et Desmond se retrouva projeté au loin comme une poupée de chiffon. Je le vis disparaître derrière un amas de pierres, alors que l'une de ses jambes formaient un angle improbable pendant son vol plané.

« Nom de nom de pute borgne!, m'exclamai-je en partant à la rescousse du mercenaire.

Je ne sus ce qui pouvait se passer désormais. Darion avait-il la puissance nécessaire pour venir à bout de ce monstre de cauchemar? Si ce n'était pas le cas, alors nous pourrions toujours compter sur nos pouvoirs conjugués. Mais au fond de moi, je sentais que c'était perdu d'avance. Malgré son sort, je maudis Desmond de s'être penché de trop près sur cet endroit de malédiction, je me maudis de m'être trop approché de cette magie volatile qui émanait de la sculpture, et je maudis la créature faite de roc. Si nous n'en arrivions pas à bout, nous essaierons au moins de lui détacher quelques parties.


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Darion Sombrelame

Régent du Crépuscule | L'Ombre

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Darion Sombrelame
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Un corps au fond de l'eau [ Darion ] _
MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyVen 31 Mai 2013 - 11:54

Tout était allé si... Vite.

En quelques instants, ils étaient passés du rire à la pression du combat. Darion avait esquivé tous les coups du géant de roc en passant dans les ombres, mais il vit Desmond voler un peu plus loin et Syneal aller à sa rescousse.

Deux choix s'offraient à lui : laisser ses compagnons mourir et continuer seul, ou bien tenter de les sauver. Même si Carl aurait lui choisit la première option, Darion se serait ennuyé pour la suite du voyage et décida donc d'aider le botaniste ardent. Sortant des ombres, les cheveux de Darion se mirent à vibrer, de la fumée noir remplaçant désormais sa chevelure d'ébène.

- Et bien... En voila un défi intéressant...

musique d'ambiance:

Stoppant l'un des poings de la créature à l'aide de puissants liens d'ombres, Darion observa un temps son adversaire. La magie l'animait, mais il sentait quelque chose, une chose étrange. Et il connaissait cette magie. Faisant vibrer l'air de sa magie, l'Ombre se jeta en avant, courant sur le bras de la créature en partie entravée par les ombres. Une main de pierre tenta de le chasser tel un moucheron, mais c'était sans compter les réflexes du dirigeant de l'Ordre du crépuscule qui esquiva d'un bond la nouvelle attaque de la créature.
Il arrivait maintenant à l'épaule, et rappela toutes les ombres qui maintenaient le bras à lui, les transformant en une faux géante, qui sectionna en un cou habile le bras droit du monstre. Poussant un cri terrifiant, celle-ci s'effondra sur le sol alors que Darion retombait devant elle, transformant ses ombres en un arc. Bandant ce dernier, il décocha une flèche qui vint se planter dans la gorge de son ennemi. Un nouveau hurlement retentit alors, la bête se relevant soudainement alors que son bras se reformait, faisant grogner l'Ombre.

- C'est bien ce que je pensais... Magie des ombres...

La créature lança alors un nouvel assaut, son bras à peine reconstituer. Darion dut esquiver chacun des coups en passant d'ombres en ombres. Lassé et agacé, il décida de passer à la contre-attaque. Stoppant à nouveaux les bras du monstre, il tendit ses paumes vers son adversaire, formant à nouveau un arc d'ombre.
Un rire amusé sortit de sa gorge alors qu'il lançait une salve de flèche sur son ennemi, les flèches se multipliant de façon exponentiel une fois décochées, ce qui donna l'impression que l'Ombre en tirait des centaines. Blessée, la créature hurla de nouveau, tentant de briser ses chaînes d'ombres. Darion en profita alors, stoppant l'attaque à l'arc pour déployer deux grandes ailes d'ombres. Il s'envola soudainement, se retrouvant au dessus de son opposant, pour fondre sur lui une faux d'ombres dans les mains. Lorsqu'il toucha le sol, il fut accompagné de la lourde tête de la bête. Le corps de cette dernière s'écroula ensuite, provoquant l'effondrement du sol, ce qui l'ancien monstre dans des profondeurs inconnues. Darion volait alors encore grâce à ses ailes d'ombres et s'avança doucement, se dirigeant vers Syneal, ses cheveux toujours en fumée noire, lui donnant un air d'ange du chaos.

- Comment va-t-il?

Il n'eut pour réponse qu'un regard "inquiet" de Syn et se posant à ses côtés, inspecta le mercenaire. Ses ailes étaient toujours présente, bien que repliées comme si elles faisaient réellement partie de son corps, et il se demanda un moment si Syn n'allait pas croire qu'il était maintenant sous sa véritable apparence ce qui, en soit, n'aurait pas été loin de la vérité.

- Je pourrais soigner ses blessures temporairement en lui injectant un peu de mon pouvoir, mais si il n'est pas assez fort, cela le transformera et il sera entièrement en mon pouvoir. C'est comme tu le souhaites, si tu ne trouves aucun moyen pour l'aider... A part ça, la créature que je viens d'abattre, n'est autre qu'un pantin animé par de la magie des ombres, la même magie qui coule en moi. Elle est certes moins puissante, mais suffisante pour créer un golem fait d'ombres et de pierres... Ce qui signifie qu'il y a quelqu'un, ou quelque chose, qui a copié mon pouvoir et qui tient à ce qu'on parte d'ici. Personnellement, ce truc m'a énervé, alors, tu continues avec moi, ou tu profites de la faille que cette bestiole a faite pour partir?

La question était un peu ironique, car c'était Syn et Desmond qui l'avaient conduit ici, donc au final, Darion connaissait un peu la réponse, même s'il pouvait être surpris. Un large sourire s'afficha pourtant sur son visage, aujourd'hui il tuera peut-être un ancien éclat-d'ombre...

Hrp:
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Synëal Muspell

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Un corps au fond de l'eau [ Darion ] _
MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyVen 5 Juil 2013 - 11:03

Résumé des épisodes précédents...

Oh et puis non, en fait.

J'accourai vers Desmond, qui était une ombre parmi les décombres, comme un pantin qu'un enfant mécontent aurait jeté contre un mur. Plus je me rapprochais de lui, et plus j’entr’apercevais son agonie.  Sans même voir son visage, je voyais presque l'énergie de son corps en train de s'éteindre. Son épée s'était plantée non loin de là, telle un sinistre présage de sépulture. Un curieux calme planait autour de l'endroit où il était tombé, alors que derrière moi retentissaient les premiers assauts de la bataille...J'arrivai à sa hauteur et me jetai à genoux à ses côtés. Il ne broncha pas, la tête tournée de l'autre côté, les yeux encore écarquillés. Un filet de sang coulait timidement de la commissure de ses lèvres. Je posai ma main à l'endroit de son cœur, mais la masse dense de ses muscles camouflait les battements ; alors je portai mes doigts à sa gorge dans un geste précipité et nerveux. Mon propre cœur battait dans mes tympans, il m'était difficile de me concentrer sur le pouls du mercenaire. Je n'osai pas jeter un œil en arrière, de peur de me laisser absorber par le combat entre notre nouvel ami et la chimère de pierre. J'inspirai profondément, et m'ordonnai un calme intérieur exemplaire. Lentement, les battements ostensibles dans mes oreilles s'apaisèrent, et je pus faire le vide complet dans ma tête. Et sous mes deux doigts, je sentis poindre une palpitation. Je crus d'abord à l'effet pervers de mon imagination, mais un deuxième frémissement dans sa carotide me confirma la présence de vie dans son organisme affaibli. Cependant, même si un soulagement singulier libérait mon estomac du poids qui était tombé dedans, je n'avais vraiment aucune idée de comment j'allais pouvoir le guérir. Ses blessures étaient trop graves. Je levai les yeux vers son genou, où l'os de la rotule saillait à travers sa chair exsangue comme une fleur blanche.

Un son caverneux retentit alors et je ne pus m'empêcher de jeter un œil par-dessus mon épaule. Le bras du monstre venait de choir sur le sol dans un tremblement, et la bête essayait maintenant de happer Darion dans ses griffes. Cependant, l'équilibre de ses attaques était faussé par la perte de son membre. Il trébucha et lança sa patte en avant pour atteindre l'inatteignable. Une flèche obscure se ficha dans sa gorge en creusant littéralement dans le roc. Un grognement étrange s'échappa de la gueule graveleuse, le monstre porta sa patte valide à sa gorge, ses pattes labourant le sol en cherchant à redresser le reste du corps. Alors que je me tournai vers l'épée de Desmond tout en me demandant s'il était possible d'aider Darion, les pierres éparses se mirent à rouler sur le sol et à venir s'accrocher à l'épaule en formant d'abord une masse; puis, au fur et à mesure que les blocs s'amassaient, un nouveau membre apparut. À peine fut-il achevé dans sa transformation que la chimère repassa à l'attaque, se jetant sur Darion en beuglant d'une façon terrible. Il était évident qu'on ne pouvait endommager ce monstre sans qu'il ne récidive avec encore plus de ténacité. Les chaînes d'ombre se tendirent alors que la chose tendit ses deux bras sur mon compagnon pour l'attraper. Celui-ci les repoussa à l'aide des flèches lancées telle une pluie dans sa tête et ses épaules, ce qui fit gémir le monstre, pris de désespoir à ne pas pouvoir attraper ce petit insecte brun, puis il s'éleva soudainement dans les airs comme une comète avant de se stopper à plusieurs mètres au-dessus de son adversaire.

Derrière moi, Desmond poussa un gémissement fantomatique. Je me tournai aussitôt sur lui, et sa main rêche se referma aussitôt sur la mienne. Il balbutia quelque chose, ses yeux torves dansant dans ses orbites en regardant le plafond, puis tenta d'accrocher mon regard, la bouche ouverte dans un râle muet. Je le fixai longuement, et m'aperçut que le soulagement que j'avais ressenti à l'instant n'était pas exactement le genre de soulagement qu'un humain aurait senti. J'étais simplement heureux qu'il fusse encore en vie pour nous sortir de ce mauvais pas. Mais désormais, dans son état, je ne lui espérais plus qu'une mort rapide. Ses yeux s'agrandirent. Avait-il lu dans mes pensées? Je tapotai alors sa joue avec un sourire qui se voulut réconfortant, mais je ne fis que découvrir un peu plus mes dents.

Un bruit sourd retentit. La tête du monstre venait de choir et roulait sur le sol, inutile, la mâchoire encore ouverte dans un cri assourdi. Le feulement dans l'air que produisait Darion dans l'air s'approcha de nous; il se posa sur un rocher tout proche, tel un oiseau de malheur sur une tombe. Ses ailes – des ailes comme jamais je n'en avais vu – se replièrent dans son dos, éclipsant l'image d'entité démoniaque qu'il avait prêté à mon regard. Il m'avait semblé qu'il avait soudainement gagné en taille lors de la bataille mais désormais il avait recouvré une attitude normale. Je le jaugeai du coin de l’œil alors qu'il me demandait comment se portait Desmond.

« Eh bien, il...Il a une jambe cassée, des côtes fêlées sans doute, et je crois que le choc lui a broyé le foie. Si on ne fait rien, l’hémorragie s'aggravera et noiera ses poumons dans son sang. »

La prise sur ma main se resserra. Certes, Desmond n'avait pas perdu l'ouïe. Je gardai la tête détournée, et poussai un petit soupir. Mon cerveau bouillonnait de théories et de probabilités sur la façon de ramener Desmond sain et sauf à la surface. Lui qui avait tant fait pour moi sans rechigner, y compris tremper ses mains là où il ne les avait jamais mise avant. Lui qui s'était tellement enfoncé dans les ténèbres que son corps-même en était immunisé. Lui qui suintait d'une énergie écrasante qui intimidait tous ceux qui lui cherchaient les ennuis. Lui qui d'un seul coup de son épée imposante tranchait plusieurs arbres. Un râle guttural venant du fond de sa gorge me tira de mes réflexions. Je me redressai vers Darionch.

« Que comptes-tu faire, au juste? »

Desmond se mit à secouer énergiquement la tête, puis poussa un gémissement, les yeux clos et plissés, se cambrant dans un spasme de douleur. Je lui tapotai l'épaule en lui chuchotant quelques mots pour le calmer, mais il se remit à hocher la tête avec véhémence. À la suite de la réplique de Darion, je ne pus m'empêcher de ressentir un élan de compassion pour le mercenaire.

« Je ne suis pas sûr qu'il... »

Des choses sifflèrent alors autour de nous, et des liens allèrent s'enrouler autour des bras et des jambes de Darion dans un claquement de fouet avant de le tirer dans l'ombre. J'eus à peine le temps de réagir qu'une épée surgit du plafond en filant comme une flèche sur Desmond. L'objet arriva si vite que je ne réussis pas à l'écarter de sa trajectoire. La lame se ficha dans un chuintement au milieu de l'estomac de Desmond qui écarquilla les yeux, crachant aussitôt un caillot de sang. Il tourna lentement la tête vers moi, son visage marbré figé entre la surprise et la douleur. Mes mains palpèrent son torse avec fébrilité, ne sachant que faire. Tout était arrivé trop vite, beaucoup trop vite. Je jetai des coups d’œil nerveux autour de moi alors que le souffle de Desmond s'estompait de plus en plus. Darion avait disparu, happé dans l'obscurité de la salle. De plus, ce qui avait servi à l'entraîner par-delà ma compréhension ressemblait fort aux sortilèges qu'il avait employé tantôt contre les ogres. Mais pourquoi? Comment? Un bourdonnement de questions vibrait dans mon cerveau affecté alors que l'estomac du mercenaire se gorgeait d'acides gastriques.

Le grondement de pierres qui roulaient résonna à nouveau. Le corps de la bête se redressait sur ses pattes antérieures, laborieusement, comme une marionnette qu'on redressait au bout de fils distendus. Je me levai lentement. Des moellons de pierre se mirent à escalader les membres du monstre.

« Tu crèves jamais, toi... » , sifflai-je entre mes dents.

La tête figée fut saisie par des gravats animés de vie et posée sur l'encolure. Elle produisit un son creux à son emboîtement. Et un silence prodigieux tomba. La créature resta immobile, totalement impassible à ma présence, ne montrant plus aucun signe d'hostilité. Desmond geignit, et ce fut la dernière fois. En m'accroupissant, un œil prudent vers la chimère rocheuse, je m'aperçus qu'il n'avait pas résisté à l'appel de la mort. Je n'en fus pas réellement attristé. Peut-être aurais-je dû. J'avais pensé qu'en trouvant un ami, je ressentirai comme la plupart des bipèdes de ce monde ce sentiment d'hébétude et de perdition lorsqu'un être précieux mourait. Mais il n'en était rien. Outre la gratitude envers sa bravoure et son stoïcisme, je ne ressentis rien d'autre. C'était un peu comme avoir perdu un vêtement dans une forêt. L'envie de le retrouver était forte, mais réaliser qu'il n'était pas si nécessaire que cela l'était encore plus.

Puis le hululement graveleux de la créature me ramena brusquement dans ce monde dépourvu de pensées et de réflexion logique. Elle s'ébroua, chassant une pluie de cailloux qui retombèrent en cliquetant sourdement sur les pavés. Je passai une main dans mes cheveux pour les écarter de mon visage et fit quelques pas dans sa direction. Le monstre leva la tête vers le plafond. Je fouillai dans les poches extérieures de ma veste en m'approchant de lui. Je ne savais pas ce qu'il observait exactement, mais je n'en avais cure. Ma main se glissa à l'intérieur de mon manteau, et mes doigts tâtèrent les graines posées au fond. J'avais toujours un atout dans ma manche – ou en l'occurrence dans la poche – et Darion ne pouvait se prétendre être mon défenseur en cet instant. Aussi indestructible qu'était cette bête, je ne la laisserai pas fouler ce sol une minute de plus.

Enfin, la chimère de pierre tourna la tête d'un mouvement brusque dans ma direction, comme un chien qui aurait subitement flairé une proie.

« Viens. » Elle émit un grognement semblable à celui d'un éboulis de pierres. Sa patte se posa lourdement devant elle, elle me jaugea du regard. Elle avait craint Darion à cause de sa puissance démesurée, mais à ses yeux de rubis, je ne devais être qu'un insecte. « Approche. » Elle venait de se reconstituer sous mes yeux, et se conduisait soudainement comme si elle attendait quelque chose. J'arrivai vers elle, et elle me toisait désormais avec une curiosité inexpressive dans ses yeux lisses. Elle pencha même la tête et tendit le museau vers moi. Je sortis une poignée de graines de ma poche et levai le poing. L'une d'elles échappa de mes doigts, roula et disparut entre les dalles. Attendant que le monstre bronchât, mais en vain, je lui jetai alors les semences. La créature eut un mouvement de recul, elle ne s'était pas attendu à ce que je me mis à bouger aussi vivement.

Puis les graines explosèrent en vol et libérèrent une volée de lianes qui gigotèrent à tâtons et saisirent ci et là des prises sur mon adversaire. Avec une rapidité étonnante et curieusement fiévreuse, elles se mirent à se répandre sur lui comme si une araignée invisible se mettait à tisser habilement sa toile. Les doigts filiformes se chargèrent de s'emparer de ses membres en formant des rosaces semblables à des ramures. Le monstre se mit à tituber sur le côté, sans doute interloqué par ce qui lui arrivait, et, alors qu'il levait une patte, il se rendait compte du danger que représentait ce sortilège. Les Graines du Lierre, récupérées soigneusement sur un autre Syrinx, entravaient les mouvements mais avec une force constrictive, pouvaient broyer les choses prisonnières de ses branches. Le craquement successif de plusieurs blocs qui se fendaient se fit entendre. La créature exhala d'un grognement frustré et surpris. Se doutait-elle qu'il s'agissait de mon fait? Elle leva une patte et la porta à sa mâchoire et fit céder quelques ramifications, mais son initiative ne lui permit pas de sauver l'une de ses pattes arrières qui se délabra aussitôt dans un affaissement de l'articulation. J'esquissai un sourire alors que les diverses parties de son corps subissaient leur déchéance progressive. Son dos se mit à se fendre, en craquant d'une façon tonitruante. La patte qui venait de choir se reconstituait péniblement mais le lierre continuait d'attaquer la pierre avec acharnement.

La bête leva les yeux sur moi à ce moment, ayant sans doute pris conscience quelque part au fond de ses conglomérats rocheux que le petit homme qui la contemplait ne pouvait être que l'auteur de cette torture infernale. Elle s'avança en levant ses griffes afin de me réserver un sort plus que discutable, mais sa patte d'appui subit le même sort que sa jumelle et dans son élan, la créature s'effondra loin de sa cible, s'écroulant sur les ruines de la statue. Le choc lui fit perdre aussitôt la majorité de son corps déjà affaibli par les lianes. Le crissement des pierres en train de se frotter les unes aux autres, de se désintégrer par la seule force des graines, se fit entendre dans la salle, alors que mes pas m'amenaient devant la tête de la chimère. Celle-ci tenta de se redresser sur l'un de ses membres amputés, et elle ne fit que perdre un autre morceau d'elle-même, emporté avec le reste dans un tas de décombres informe. Seule l'encolure résistait encore à l'assaut tenace du lierre. Elle était fendue par endroits et ce n'était plus qu'une question de seconde avant qu'elle n'explose comme le reste.

J'attendis donc, planté là devant la créature qui avait tué Desmond. Elle ouvrit la gueule en un feulement grave, comme pour me défendre d'approcher plus. Mais je n'avais pas le cœur à la toucher de mes propres mains. Plus le sortilège la comprimait jusqu'au point de rupture total, plus elle me faisait penser à un renard coincé dans un piège dont la blessure l'entraînait vers une mort inéluctable.

«Toi aussi, tu vas voir ce que c'est de mourir. », crachai-je.

Je me penchai et ramassai la dernière graine logée dans les pavés. Et d'une pichenette, je l'expédiai dans la bouche béante du monstre. Je me détournai simplement et m'éloignai, tête basse, avec une dernière pensée pour le mercenaire qui avait manié son épée dans le couloir comme si elle n'avait été qu'un balai. Regret? Remord? Que venait-il de se passer à l'instant? Quelque chose comme un pincement au cœur venait de me surprendre.

Je levai la main et claquai des doigts. Le crépitement du lierre envahit alors l'immense salle alors qu'il finissait d'achever la créature.
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Darion Sombrelame

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MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyMar 13 Aoû 2013 - 20:11

En quelques secondes, Darion était passé de la compagnie de Syn à un lieu sombre, où son corps fut tranché par de multiples liens noirs. Heureusement, il avait eu juste le temps de s'inverser avec son clone. Observant la scène, l'Ombre sentait que quelque chose était présent autour de lui, et qu'une "aura" s'apprêtait à l'attaquer au moindre faux mouvement...
Ricanant soudainement alors qu'il quittait les ombres, il observa la pièce dans laquelle il se trouvait à présent. Une boite noire, sans fenêtre ni porte, un espace de confinement crée par des ombres peu farouches et assez faibles.

C'était néanmoins un piège mortel pour une personne lambda, mais l'éclat savait qu'il ne risquerait rien, dans cette prison d'ombre.

- Et bien? Tu comptes me laisser là encore longtemps? Ou bien dois-je briser cette supercherie moi-même?
- Tu ne pourras la briser.

Soufflant de lassitude, Darion claqua des doigts, faisant éclater la boite noire en plusieurs petits fragments qui s'éparpillèrent sur le sol, révélant une créture, visiblement un homme portant une lourde armure et dont le visage était partiellement masqué par sa capuche.

L'homme mystérieux:

Il portait une lourde épée ainsi qu'un pavois relativement grand. Sur ce pavois justement était dessinée des symboles bien curieux, qui frappèrent Darion. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vu ces marques. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vu un Héraut des ombres. Après un petit rire, l'Ombre déclara.

- Je vous croyais tous mort... Vous, les hérauts.
- Ainsi tu sais qui nous sommes... Ombre.
- Tous les anciens éclats vous connaissent. Ce n'est pas toujours qu'on rencontre les renégats. Ceux qui ont quittés la secte avant de recevoir le "don nocturne". Ceux qui ont refusé le dernier tournoi. L'ultime épreuve.
- Tu ne sembles pas porter leur symbole pourtant. Es-tu réellement un éclat?

Comme réponse, Darion manipula les ombres pour former diverses formes. Parmi celles-ci figuraient le symbole des éclats, entouré par d'autres motifs plus complexes.

- Le premier-né... Ces motifs, nous ne les avions pas vu depuis des siècles... Ainsi, tu possèdes le cristal de notre ancienne amie... Tu représentes donc ce que les sectaires appelaient le premier-né. "Celui dont le pouvoir pourrait le monde dévorer". Si tel est le cas, alors nous faisions fausse route. Nous n'aurions pas dut fuir et abandonner Drael'Nar par le passé. Contemple ainsi notre malédiction...
- Vous avez été maudit, car à cause de vous, cette dernière est devenue la première éclat-d'ombre. A cause de vous, on lui a implanté le cristal qui se trouve aujourd'hui en moi. Par votre faute, elle est devenue une ombre, elle qui ne cherchait qu'à répandre le bien sur ces terres.
- Elle ne voulait que transformer notre monde en un lieu où sa vision serait omnisciente et où aucun geste ne puisse avoir lieu sans son accord . Elle ne voulait que dominer et écraser, au lieu de préserver et protéger.

Observant les ombres qui gravitaient autour de lui, Darion modifia les motifs pour les changer en l’emblème de l'Ordre. Ricanant doucement, il plongea son regard dans celui du héraut.

- Pourtant, aujourd'hui je reprends son projet. Étrange n'est-ce pas? Peut-être son esprit m'influence-t-il à travers le cristal? Quoiqu'il en soit, je comprends son ambition. Le monde ne peut obtenir de réel justice actuellement. Il n'y a qu'en dominant, en inspirant une peur plus grande que ce que les êtres ont jamais connus, et enfin par un chaos soudain que la vraie justice existe. En "dominant" on préserve, en écrasant les troubles-fêtes on protège les faibles. Telle était sa vision. Tel est mon objectif aujourd'hui. Les ténèbres, recouvriront Feleth.

Le héraut bougea alors lentement son arme et la positionna légèrement en arrière, se préparant à l'attaque.

- Tu me rappelles Drael'Nar... Mais, es-tu assez fort? Je ne veux pas te prêter ma force, et accepter de racheter mon honneur pour un pleutre. Viens, transforme toi et montre moi ta vraie forme, enfant des ombres. Délivre moi de ma malédiction.

Sur ces mots, un violent choc projeta Darion en arrière alors que le héraut venait d'abattre son arme sur le sol. De multiples liens vinrent accrocher les bras de l'Ombre qui claqua des doigts, les faisant disparaître soudainement alors qu'il retombait sur le sol. Se relevant, il fit craquer sa nuque en observant son adversaire qui chargeait.
Darion avait beaucoup de mal à esquiver les attaques du héraut, et il sentait que son adversaire gagnait du terrain, et qu'une seule attaque direct risquait de causer bien trop de dégât pour protéger le cristal. Réfléchissant trop, l'Ombre trébucha et s'écroula sur le sol, avant que la lourde épée ne vienne se planter dans son ventre.

- Et bien? Champion des ombres, tu es aussi faible que ça?

Un violent tremblement de terre se fit entendre au loin, Syn affrontant la créature de pierre. Ricanant, la plaie de Darion commençait à se refermer tandis qu'il se soulevait doucement, les ombres l'entourant. Ses traits se déformèrent peu à peu, alors que ses dents pointus s'écartaient dans un rire sinistre.

- Faible? Allons, comment peux-tu me juger après seulement un coup d'estoc? Tu vas voir ce que tu attendais héraut des ombres... Tu vas observer, la puissance du premier-né!

Faisant éclater son pouvoir, Darion acheva sa transformation et poussa un hurlement sinistre alors que le héraut se replaçait à quelques mètres de lui. L'ombre se jeta alors sur lui, accompagné par une vingtaine de liens d'ombres. Le pavois en stoppa la plupart, mais les griffes de Darion se plantèrent dans les bras du héraut. Ce dernier poussa un grognement rauque avant de tenter de s'échapper, du sang noir coulant de ses plaies. Celles-ci ne se soignèrent pas comme s'y attendait l'Ombre.
Quelques longues minutes s'écoulèrent où les protagonistes s'affrontèrent violemment. Finalement, Darion arracha le pavot du héraut et taillada la poitrine de ce dernier, l'ouvrant en deux. Laissant sa carcasse tomber lourdement sur le sol, l'Ombre reprenait sa forme humaine petit à petit, observant des flammes noires consumer le corps du maudit.

- Je suis... Heureux de mourir ici par ta main... Le tombeau de ma vie humaine aura été également mon tombeau final. Dis moi éclat... Quel est ton nom?
- Darion... Sombrelame.
- Et bien Darion... Sache une chose. Nous étions une dizaine autrefois. Je ne me souviens malheureusement du nom que de quatre de mes amis passés. Invar, est actuellement en train d'être défait par ton compagnon. Le pauvre ne pouvait plus quitter sa forme de pierre mais pourra enfin être libéré. Pour les autres... Arvid, Nalara, Dalarian, Ereda. Je ne me rappelle plus du nom des autres, et ne sait même pas s'ils sont encore "vivants". Quoiqu'il en soit, voici ta récompense jeune maître. Dans la crypte de Drael'Nar se trouve une lanterne, accompagnée d'une faux. D'après la légende, cette dernière possède en son sein le démon qui dévorait jadis les cauchemars. Mais surtout, il risque d'y avoir un grand plus pour ta personne si tu t'y rends. Et qui sait, peut-être trouveras-tu sur ta route les autres hérauts... SI tu possède la faux, alors leurs pouvoirs seront à toi.

Disparaissant ensuite dans les flammes, seul un pendentif restait. Ce dernier représentait un fragment de clé. Darion s'en empara et le passa autour du coup, avant de finalement se diriger vers l'ancienne position de Syn. Il avait des plans, pour... Dédommager son ami de la mort du mercenaire. Au vu du personnage, un bordel serait du plus belle effet... Restait à savoir comment son ami d'aventure allait l'accueillir.


Dernière édition par Darion Sombrelame le Dim 2 Mar 2014 - 1:09, édité 1 fois
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Synëal Muspell

♘ | le Botaniste Ardent

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Un corps au fond de l'eau [ Darion ] _
MessageSujet: Re: Un corps au fond de l'eau [ Darion ]   Un corps au fond de l'eau [ Darion ] EmptyVen 18 Oct 2013 - 14:46

Après le déchaînement du chaos, venait le silence de plomb. Une autre façon de dire qu'après la pluie, vient le beau temps. Seulement, il n'était pas question de climat ici. Toute la salle entière donnait l'impression qu'effectivement un ouragan était passé, mais cela était seulement du à la monstruosité affalée, inerte, sur son flanc, amputée de sa tête, dont les débris s'étaient éparpillés aux quatre coins de l'espace après son implosion. Une pluie de poussière glissait entre mes doigts, et bientôt seul un petit tas resta dans le creux de ma main. Je le jetai sur le côté, et serra fort mes mains  l'une dans l'autre.

Je ne pouvais décidément pas me faire à l'idée que l'un des mes plus anciens compagnons avait perdu la vie. Tout comme les choses mortelles, il n'était plus qu'un tas de viande qui n'allait pas tarder à se décomposer. Mais même cette idée pourtant logique et inéluctable m'était insupportable. Son cadavre n'était pas loin, ombre parmi les ombres, poussière dans la poussière, mais mes yeux refusaient de se tourner vers lui. Et sans même m'en rendre compte, je rassemblais de la poussière, la triturais et la laissais courir dans mes mains. La sensation du grain qui irritait mes paumes me donnait encore la sensation d'être en plein combat. Mon adversaire était terrassé mais intérieurement, le conflit se poursuivait. Quelque chose en moi hurlait, quelque chose d'indicible mais de terriblement présent et imposant. De rage, je frappai mon genou, saisit une grosse pierre et la fracassai de toutes mes forces sur le sol. Je la repris et entrepris de la briser en mille morceaux contre la dalle, quitte à écraser mes doigts sur la pierre. Ma gorge se gonfla, se serra, et un cri de rage surgit du fond. Je lançai les débris restants du caillou et allai frapper l'encolure de la chimère du pied jusqu'à ce que mes chausses se déboîtèrent et que mon pied m'élançât. Je n'avais jamais rien connu de tel. Cette haine n'était pas froide et lointaine, elle était en moi et me brûlait littéralement. Je ne calmai seulement pour réfléchir à ce que je devais ressentir en ce moment, mais cela revint comme une vague indomptable qui balaya le fil de mes pensées. J'étais impuissant, je ne pouvais plus rien faire pour me venger, ou pour évacuer...Je me laissai choir sur le séant avec un soupir de frustration, vide de toutes forces.

« Guerrier. »

Une secousse. Une volute de poussière s'échappa du plafond. La salle vibra. Une odeur incommensurable de bois pourri et d'huiles fermentées me fouetta le visage et emplit mes narines jusqu'à me provoquer un haut-le-cœur. Le vent qui s'était levé se calma aussitôt et, silencieusement, une forme dorée et gigantesque se détacha de la carcasse inanimée de la chimère de pierre. Sa silhouette se dessina dans les ténèbres comme un être divin aux multiples nuances de lumières qui le drapaient en virevoltant comme autant de friperies brillantes au gré du vent. Dressé sur deux jambes puissantes, il se voyait affublé d'une paire de bras supplémentaire, qui, non sans lui rajouter une impression de force contrôlée, le rendait légèrement plus redoutable. Un nouveau remous de musc végétal souleva en moi une autre vague de nausée, tandis que la bête mirifique se dégageait lentement de son enveloppe de pierre.

Chimère:

Avais-je bien entendu ? Ce gros balourd m'avait appelé Guerrier ? Il avança l'une de ses jambes aussi épaisse qu'un tronc et finit de s'extirper de la chimère. Il n'était pas un esprit, car les esprits ne pouvaient avoir leur place en ce monde. Ce n'était que sorcellerie dégoulinante de nécromancie. Il s'agissait en réalité de la simple projection d'un corps vivant d'autre fois. La chimère elle-même était un odieux montage d'un sortilège encore plus vicieux. Les mécanismes de ce sort avaient animé quelques débris et avaient emprisonné les dernières émanations de l'entité titanesque qui se tenait désormais debout devant moi. Je n'osai imaginer quelle force possédait-il lorsque ses pas foulaient encore la terre meuble. Son pouvoir se ressentait au travers de son spectre, une chose implacable et impitoyable, féroce comme une cascade déferlante, et tout aussi bruyante.

« Je n'ai jamais été vaincu jusqu'à maintenant » ajouta-t-il en me surplombant de toute sa hauteur. Sa voix avait la rudesse de l'écorce de chêne. » Et nombreux sont ceux qui peuvent se targuer d'avoir essayer.

 »Si vous n'avez jamais été vaincu, comment en êtes-vous arrivé là ? », relevai-je avec perplexité .

Étonnamment, toute ma rage avait été balayée par la vision de cet être incommensurable. Et ma réplique réussit à lui faire garder le silence malgré mon état blasé. L'avais-je offensé ? Pure ironie. Il ne pouvait être ainsi sans qu'on ne l'ait au préalable affaibli jusqu'au point de non-retour. A moins que...

« Tu es comme moi. Et comme moi, tu sais ce qu'il en est. »

Il y avait quelque chose chez cette créature qui n'était pas sans rappeler...La graine que j'utilisais pour contrôler des corps. Du moins, l'expérience n'avait jamais été vraiment aboutie. Il fallait que je sois directement en contact avec le sujet pour qu'il puisse s'animer. En l'occurrence, la chimère avait  une autonomie qui lui était propre...Tout cela me dépassait. Et m'agaçait.

« La Graine d’Éternité ? » , osai-je sans grande conviction. « Êtes-vous un...Syrinx ? »

Sa lourde tête se secoua en guise d'assentiment. « Vous mentez. ».

«  Si je mens, tu mens aussi. » Mais quelle espèce d'égocentrisme  posthume pouvait-il encore se permettre d'avoir. ? Le simple fait qu'il s'adressât à moi comme à un enfant me mettait hors de moi, sans compter l'envie de revanche qui n'en finissait pas de me ronger de son acide. Mais une question continuait de me brûler les lèvres.

« Admettons. Qu'étiez-vous avant ? Avant cela ? Avant que votre soi-disant gloire ne s'effondre ?

Quelque chose émit un craquement sourd, comme une fondation qui s'affaissait très lentement, et je ne me rendis compte qu'ensuite, que la créature se mettait en branle. Elle se laissa tomber sur le séant, sur l'alter-égo de son cadavre. Puis elle leva ses yeux sinistrement luisants dans les miens, ses larges épaules frémissant sous un long soupir profond.

  « J'étais...un messager, en quelque sorte. Un héraut. » Il baissa la tête, et j'eus la désagréable sensation qu'il choisissait scrupuleusement ses mots. Sais-tu ce qu'est l'Ordre du Crépuscule ? »

J'haussai un sourcil et maugréai un « Vaguement » avant qu'il ne reprit. « Souviens-toi juste que l'Ordre du Crépuscule n'est pas ce qu'il semble être, et que le dessein qu'il s'est donné, celui d'asservir le monde entier dans les ténèbres n'était pas le dessein initial. En tant qu'héraut, j'avais un devoir. Mais, il est dur de tenir un devoir quand cela entre en contradiction avec nos principes. D'aucuns pensent que je suis un traître, d'aucuns pensent que j'ai préservé ce monde...Du moins pour un temps. »

Je perdis le fil de ses paroles au milieu de sa tirade. « Attendez. Les ténèbres ? Asservir le monde n'est pas la volonté d'Arphoss, ce godelureau démoniaque ?

L'oeil de la bête étincela et sa voix gronda comme un éboulis de pierre. Tu es bien ignorant, cher Syrinx, pour quelqu'un d'aussi malin. N'as-tu que la fourberie comme talent, et une noisette comme cervelle? L'écho de ses mots et de leur tonalité me laissa pantois « Nous avons été maudit pour avoir déserté et enfreint nos règles. Notre seul..maître ne concevait qu'asservissement et destruction. Le chaos était devenu sa seule raison de vivre. Et pour cela, nous, les hérauts, avions décidé de tout quitter...y compris nos vies. Bien évidemment, nous n'avions plus aucun crédit auprès de la nouvelle génération...Les Éclats d'Ombre sont encore convaincus que nous ne sommes que des couards...mais... ». Il se dressa aussi vivement que sa taille le lui permettait. « NOUS NE SOMMES PAS DES COUARDS! Il frappa son torse imposant de son poing.

Je plissai les yeux. Quelque chose clochait dans son histoire. « Aviez-vous prêté serment avant ou après avoir connu les plans de votre maître ? » La bête garda une fois de plus le silence, et je compris que ce n'était que de cette façon qu'elle marquait son offuscation. J'eus envie de sourire de le voir si dépité. J'avais remporté une nouvelle manche. Une noisette en guise de cervelle ? À d'autres. Alors vous êtes réellement des couards.

Le hurlement de rage précéda le choc. Les oreilles encore assourdies par l'assaut, mon corps engourdi, l'ancien héraut m'écrasait sous son énorme poigne. Je sentais mes côtes s'enfoncer, s'enfoncer, et toucher désagréablement mes poumons. Un feulement de souffrance s'échappa de ma gorge alors que je me voyais déjà réduit en bouillie sous sa masse titanesque. Ses yeux n'étaient plus que des orbites vides et noires. Les enluminures dorées qui parcouraient son corps se mirent à ruisseler comme de l'encre.

« Tu mourras ici, Syrinx, tout comme je suis mort ici ! », vociféra-t-il. Puis dans un gloussement de jubilation « Tu es si faible... Et il n'avait pas tort. Une pression supplémentaire et je ne devenais plus qu'un tas de viande sanguinolent...Desmond.

« T...Tu... Les mots sortiront de ma bouche ou ils ne sortiront pas.  » Tu f...T... » Pression insupportable. Je n'étais qu'une cage d'os sous sa patte. « Tu fais...p...p... J'allais mourir, mourir de honte, mourir sans avoir pu honorer la mémoire de Desmond. «  Je ne t'entends pas Syrinx, tu cries trop bas ! », triomphait la bête colossale. Noire et cendreuse était devenue sa peau. Quelques remous épidermiques donnaient l'impression qu'une chose dégoûtante remuait sous sa peau. Mais il n'y avait qu'un seul endroit qui conservait une teinte luminescente...Un son métallique sonna non loin.

« Tu fais pitié, c'est ça qu'il veut te dire ! »

La chimère détourna la tête, relâchant pour un temps son étreinte. Le visage redoutable de Desmond apparut en haut du crâne de la bête, puis son corps, et ses bras, encore intacts, ses jambes, d'un angle redevenu normal. Et dans sa main, une claymore deux fois plus longue que la moyenne, rougeoyant du brasero infini de la destruction. Il se dressa de toute sa hauteur sur la nuque de la bête et y planta son épée. Une étincelle crépita et une explosion perfora de part en part l'encolure du monstre qui s'effondra lentement dans un hululement d'agonie. Et enfin, je pus respirer, mon corps ayant retrouvé son entière liberté, mes poumons libérés de toute soumission forcée. Je toussotai et crachotai en retrouvant l'air tant espéré.

Le titan mit un temps avant que toute animation ne le quittât. Ses pattes furent pris de soubresauts incontrôlés alors qu'un liquide sombre et épais glissait de sa plaie inexorablement. Bientôt, seules ses paupières clignaient devant ses yeux vides. Peut-être ne s'était-il pas attendu à cette fatalité, car quelque chose le maintenait encore à ce monde. Je m'approchai après m'être relevé tant bien que mal, mon ventre protestant encore contre une douleur tenace.

« Je ne ...voulais pas...Syrinx...J'...j'aurai...tout fait...pour elle...

Un petit éclair brilla subrepticement au coin de son œil avant de s'évaporer.

Desmond était vivant, j'étais vivant, mais une fois de plus, un vide s'instilla en moi en écartant tout sentiment de victoire. Qu'étaient donc les hérauts pour avoir eu à subir un tel châtiment ? Et ces derniers mots torturés...Qui d'autre que cette créature pouvait en saisir le sens ? Je n'avais été qu'un étranger pour lui, mais le temps d'un instant, le temps d'une seconde, il avait voulu me faire partager un brin de son tourment.

«Syn' ? »

Le mercenaire, bel et bien présent en chair et en os, arriva à ma hauteur. Je ne le regardai même pas. Je réfléchissais. Mille questions me traversaient l'esprit en cet instant, et un frisson désagréable saisissait mon cœur de roc.

« La pitié, Desmond. »

Le bout de son épée toucha le sol en une petite trille discrète. « Oui ? »

Je levai les yeux vers lui, conscient que mon expression l'inquiéterait. « La pitié. » répétai-je simplement avant de me détourner et de me diriger vers l'endroit où Darion avait disparu.

J'aurai du m'enthousiasmer de son retour à la vie, alors que j'avais vu la vie le quitter, alors qu'en plein combat, je l'avais entendu pousser son dernier soupir. Mais j'étais certain que Desmond allait comprendre. Le fait est que les choses ne meurent jamais...Elles existent ou elles disparaissent. La vie et la mort ne sont rien en comparaison de cette vérité. Cette créature, cet héraut, était mort bien avant de devenir emprisonné dans son cocon de pierre, mais il existait encore pour son honneur bafoué. Et même encore maintenant, il subsistait. Car il y a eu un témoin.

Ai-je de l'honneur?
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