[PV Krocq] « nous sommes si accoutumés à nous déguiser aux autres qu'à la fin, nous nous déguisons à nous même »

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Le Messager buvait tranquillement son quatrième air pendant qu’un espèce de courant d’air quasi constant soufflait sur son oreille droite. Mais il était borgne, et il voyait rien de son œil droit, il n’avait donc tout simplement pas remarqué que le balayeur était de retour et essayait de lui parler.

* Non mais boudiou, c’est quoi cet air froid. *

Le Messager secoua la main dans le vide pour chasser cet éventail imaginaire qui lui soufflait de l’air froid. Mais il ne cessait de souffler, il poussa un profond soupir et regarda vers la porte. Non elle était toujours fermée, d’où pouvait bien venir ce courant d’air ? Encore de la foutue magie, il en avait plus que marre de ce bled, rien ne tournait rond ici.

* Fichtre, il est temps que je parte de toute façon.*

Le Messager paya l’addition puis quitta la taverne. Mais il avait le pressentiment d’être suivi en permanence, il accéléra le pas et quitta au plus vite la ville. Une fois sur les chemins, il avait toujours cette étrange impression, il sortit sa dague et se retourna. Personne. Il fit un tour et tomba nez à nez avec le balayeur.

* Mais qu’est ce qui fou là celui là ? C’était donc lui le courant d’air depuis toute à l’heure ?*

Le Messager le regarda attentivement pendant de longues minutes, il tourna la tête et fixa la direction du Manoir. Ils étaient à peine à une heure de marche du manoir. Il repensa à l’Œil Noir et frissonna en imaginant les châtiments qu’elle allait lui infliger pour ne pas avoir convaincu le mage et si en plus, elle s’apercevait qu’elle ramenait un bon à rien avec lui…
Il regarda à nouveau le balayeur. Quel était son nom déjà ? L’avait-il su ? Il fallait lui faire comprendre qu’il ne pouvait plus le suivre ainsi, qu’il était une personne non grata au manoir. Il allait lui dire de dégager quand une idée germa dans son esprit. Et s’il arrivait à le faire passer pour le Mage ? Il fallait qui monte un plan, il fallait cacher la vérité.

Le Messager se pencha vers le sol enleva l’herbe puis prit un bâton et écrivit ceci :

«Je suis sourd et muet, si toi vouloir travail, toi doit te faire passer pour mage, toi comprendre ? »

Il était temps de monter un plan en béton car si l’Œil Noir découvrait le pot rose, sa vie en était finie.

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L'épée n'arrêtait pas de rire depuis qu'ils avaient quitté la ville. Cela dérangeait un peu Solin qui ne comprenait pas les causes d'une telle hilarité. Il avait la curieuse impression que l'arme se moquait de lui, ce qui était bien vrai, mais pas que.

Voilà qu'ils se trouvaient maintenant sur les chemins; la lande se mêlait à l'horizon discontinu des plateaux de lune et, bien qu'ils aient fait peu de route, le démon qui se cachait dans le fer reconnaissait parfaitement ce paysage. Il y avait déjà traîné des siècles auparavant dans des mains guerrières et se souvenait y avoir fait bon festin une fois la lune venue. Il ne pouvait plus s'empêcher de rire en imaginant la nuit tomber et les êtres rois de cette région accourir de toute part pour les attaquer. Il n'y tenait plus. Il voyait très bien la tête des vampires se décomposer lorsqu'ils découvriraient celles des deux humains qui se promenaient-là. Jamais des vampires ne s'enticheraient de tels débris.
Ils avaient bon goût, après tout.
Dans tous les sens du terme.

Lorsque le messager s'arrêta enfin, Solin était déjà trop habitué à le suivre, si bien que lorsque le vieux bonhomme se retourna, il se retourna en même temps. Malheureusement le garçon n'était pas assez vif d'esprit pour se tourner une nouvelle fois et échapper à son regard vide. Lorsque leurs regards se croisèrent enfin, le jeune homme de dix-sept ans découvrit pour la première fois réellement son œil de verre et se vit dedans. C'était une impression des plus désagréables qui lui provoqua une grimace bizarre.
Et en même temps, il ne pouvait plus regarder ailleurs.
L'épée se mit à rire de plus belle lorsqu'elle découvrit le visage du messager. On aurait dit un bout de chair coincée dans une dent creuse qu'on découvre deux jours après le repas.
Krocq n'aurait voulu le manger pour rien au monde.
"Qu'est-ce qu'il a écrit ?" demanda-t-il en prenant la voix crissante qu'il se donnait pour mieux jouer son rôle d'épée magique quand le reste d'homme se mit à tracer des traits par terre. Solin baissa la tête sur l'épée et répondit, comme s'il n'y croyait pas vraiment :
"Il dit qu'il est sourd et muet...
- ............ KRIKRIKRIKRIIIIIIIIIIII !!!!!!!
- ... et qu'il veut que je me fasse passer pour un mage...
- .......... KRIIIIIIIIIIIIKRIKRIKRI !!!!!!!!!!!!"

Nouvelle hilarité chez l'épée qui provoqua cette fois-ci un long moment de solitude à Solin. Ce dernier attendit qu'elle eût fini de rire, tout en regardant le messager. Il ne savait pas du tout quoi répondre. Il avait évidemment toujours rêvé de devenir mage; il avait quitté sa famille pour ça mais, malheureusement, quand il était arrivé à Beolan, le seul talent magique qu'on lui avait découvert était celui d'être capable de tenir un balais à peu près convenablement.
Vous connaissez la suite.
"... Pourquoi est-ce qu'il veut que je me fasse passer pour un mage ? Je ne vois pas l'intérêt. Il n'est que messager, qu'est-ce que ça peut bien lui faire ? reprit-il en dévisageant toujours le bonhomme.
- Peut-être qu'il est stupide. Il n'a pas dû voir combien tu étais doué pour passer le balais.... Kriiiikrikrikri !
- Je vais lui dire que ce n'est pas possible..." conclut-il avant d'empoigner l'épée et de commencer à écrire dans la terre : " P...a...r...d...o...n...n...e...z.... m...o...i... j..."

"Attends... attends... Tu n'as pas toujours rêvé d'être un mage ? C'est sans doute l'occasion ou jamais" l'interrompit l'épée. Krocq venait de réaliser que l'occasion de se débarrasser de Solin allait peut-être lui passer sous les crocs. Si Solin refusait... il allait sans doute se faire jeter.
"Maîtresse épée, il y a une différence entre être mage et faire semblant d'être un mage.
- ... Je ne vois pas en quoi. Et puis... tu as volé tellement d'objets magiques, dont moi, qu'il est bien possible que tu sois un mage sans le savoir, non ?" Cette dernière remarque fit réfléchir Solin qui arrêta d'écrire. Il rentra sa langue qui était sortie sous l'effort en même temps.
" Vous le pensez vraiment... ?"
Bien sûr que non ! Krocq ne le pensait pas du tout. Mais il était bon menteur :
"Eh bien... oui. A quoi bon amasser tant d'objets magiques si ce n'est pas pour s'en approprier les pouvoirs, petit homme ?
- ... C'est vrai."
Et pour appuyer cet avis, Solin écrivit finalement : "Je crois effectivement pouvoir répondre à votre demande. Moi avoir collectionné tellement d'objets magiques que je possède beaucoup connaissances à ce sujet j'ai aussi épée magique avec moi. Elle parle..."
"Et est très puissante. Dis que je suis très puissante. Très très puissance. Envoyée des dieux. Oui, oui. Mets-ça. Je suis l'épée des dieux. Vas-y ! Mets-le ! Tu l'as mis ?"

"... très très puissante, envoyée des dieux mais y a que moi qui peux l'utiliser elle est à moi à personne d'autre ok ?????"

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Le Messager regardait le jeune garçon attentivement, allait-il rentrer dans son jeu ou repartir ?

*Après tout, s’il m’a suivi aveuglement, il est pas prêt de retrouver son chemin le petit bonhomme. J’ai pas l’impression qu’il ai la lumière à tous les étages. Et puis, il a que la peau sur les os, il sera mort de faim avant d’avoir atteint une ville. Au moins, il nourrira un peu les vampires du coin, j’ai l’impression qu’ils sont affamés en ce moment et peut-être bien sur les dents. Ah ah ah sur les dents, qu’est-ce-que je suis drôle ! *

Fini de rire, le bambin semblait concentrez et commença à écrire à l’aide de son épée.

* Non mais regardez le moi celui là, qu’est-ce-qu’il pouvait bien y avoir dans son cerveau ? Qui à part ce gamin crasseux pouvait avoir l’idée saugrenue d’utiliser une épée comme balai puis d’énorme crayon ? Comme dirait ma regrettée mère, si un gamin ne casse pas trois pattes à un canard c’est qu’il a un problème de circuit dans la bouloche.*

Le Messager se pencha doucement vers le sol et commença à lire ce que le gamin avait écrit. Par bonheur, il semblait savoir lire et écrire, sinon, il aurait été plus que difficile d’échafauder un plan qui tienne la route.

« Je crois effectivement pouvoir répondre à votre demande. Moi avoir collectionné tellement d'objets magiques que je possède beaucoup connaissances à ce sujet j'ai aussi épée magique avec moi. Elle parle... »

*Une épée qui parle ? Par la barbe du vieil oncle sam’, j’espère que le petit n’a quand même pas abusé de substances illicites ! *

« ... très très puissante, envoyée des dieux mais y a que moi qui peut l'utilisée elle est à moi à personne d'autres ok ????? »

Le Messager hocha la tête, de toute façon, qui aurait besoin d’une épée toute émoussée ayant servi de balai pendant une longue période ? Par contre, ça allait paraître étrange à l’Œil Noir, un mage d’habitude avait un bâton magique pas une épée magique, mais après tout, ça pourrait accentuer l’originalité du personnage. Et puis son accoutrement ? Il fallait remédier à ça !

Le Messager reprit son bâton et se mit à écrire :
Musique Maestro !!!!
D’accord, une épée magique, c’est déjà ça. Bon, on est d’accord sur le principe maintenant je vais t’expliquer notre mission, si toutefois tu l’acceptes.
1) à 18h45 précise nous passerons la porte du domaine des Davallons.
2) à 19h, nous pénétrons dans la grande salle
3) à 19h05, nous nous engagerons dans les souterrains. Là va falloir faire attention, surtout ne parle pas, laisse moi gérer les illuminés
4) à 19h30, nous arriverons prêt du dortoir, c’est là que nous devons agir rapidement et efficacement. Nous volerons les affaires d’un des mages parti en voyage. Une cape, un chapeau pointu, bref tout l’attirail
5) On remonte illico presto, à 20h précise, on attendra dans la grande salle, là je ferais venir l’Œil Noir, notre chef, c’est elle que tu dois convaincre d’être indispensable, mais fais gaffe petit, au-delà des apparences, c’est une femme dangereuse …

Alors tu as compris ?

Le Messager se redressa et attendit que le gamin lise tout, il attendait la main tendue vers lui.

* Allez tope là gamin, en acceptant tout ça, tu nous sauves la vie ! *

Le Messager fit un semblant de sourire pour l’encourager à accepter. Dès qu’il serait prêt, ils mettraient à exécution leur méga super plan de la mort qui tue.

Et par ici la suite : https://feleth.superforum.fr/t3036-si-l-habit-ne-fait-pas-le-moine-le-chapeau-fait-il-le-mage

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