Al'jin - Merci Monsieur !

Le sourire radieux du petit mendiant avait de quoi réchauffer les cœurs. Non pas qu'il y en ai besoin : le soleil se chargeait déjà très bien de cuire tout impudent qui oserait s'exposer à ses rayons top longtemps. Le jeune garçon compta les quelques pièces qui étaient réparties entre le sol et ses doigts. Il avait de quoi manger ce soir, c'était une bonne nouvelle. Si il faisait encore un effort, il pourrait peut-être même trouver un lit pas trop mité. Mais le soleil, justement, commençait à tourner sur l'horizon.

Se levant complètement, l'enfant à l'accoutrement étrange commença à déambuler sur les docks. L'odeur du poisson, accentuée par la chaleur, le prenait à la gorge, alors même qu'il pensait qu'il s'y été habitué depuis les heures qu'il passait à faire la manche. Il s'enfonça vers le centre de la ville, cherchant à fuir l'odeur tenace, qui devenait de plus en plus insupportable au fur et à mesure qu'il cherchait à lui échapper.

La ville était très abîmée. Même Al'Jin, du haut de ses huit ans de naïveté, pouvait parfaitement le voir. Les traces du conflit marquaient encore le sol et les bâtiments. Le petit mage noir n'avait aucune idée de ce qui s'était passé, il n'écoutait pas vraiment quand les adultes parlaient de choses sérieuses. Lui, il écoutait quand on parlait de gens disparus ou retrouvés. Qui sait, il retrouverait peut-être Alen'Di à cause d'une conversation ?

Al'jin louvoyait entre les passants, qui au fur et à mesure qu'il s'enfonçait dans la ville, étaient plus nombreux, et plus incommodés par l'odeur de poisson qu'il convoyait. Il fit finalement halte devant un vieux panneau de bois, redressé à la hâte sur une place spacieuse où tous les citadins passaient régulièrement. De nombreuses affiches y étaient placardées, affichant orgueilleusement leur message hermétique au jeune homme. S'il avait su lire, peut-être aurait-il apprit quelque chose sur Alen'Di ? Pourquoi est-ce que c'était si difficile de le retrouver ?

???♂ - Pousse-toi gamin, tu bouches le passage !

Le propriétaire de la voix bouscula l'enfant qui semblait ne plus tout à fait en être un, et se mit à se caresser le menton devant ledit panneau. Une carrure imposante, une lance à la lame incroyablement large sur le dos, qui semblait peser plus que lui-même. Une tenue de cuir judicieusement ajustée pour le protéger, conserver la pudeur de tous sans l'étouffer sous la chaleur, et des muscles qui roulaient sous sa peau. Son visage, aux traits droits et expressifs, était orné d'une barbe drue et peu entretenue, et encadré par une tignasse brune mi-longue qui n'osait pas descendre devant ses yeux noirs, protégés par une paire de sourcils proéminents et broussailleux. Le géant n'accordait pas un seul regard à Al'Jin, qui était tombé à terre sur le derrière.

???♀ - Laisse-moi te relever. Il faut l'excuser, il vient de perdre notre paie au jeu, alors il essaie de se racheter en trouvant un nouveau contrat. Tu ne t'es pas fais mal ?

C'était une jeune femme. De taille moyenne et élancée, ses longues oreilles trahissaient sa nature elfique. Comme la plupart des membres de sa race, elle était assez fine et élancée, et surtout d'une beauté saisissante. Blonde, yeux verts doux et chauds, sa peau pâle ne semblait pas souffrir que les rayons du soleil lui impose le moindre bronzage ou coup de soleil. Elle portait une longue robe verte et bleus brodée de motifs dorés hermétiques, robe qui ne savait masquer entièrement la volupté de sa poitrine et de ses hanches. Un grimoire était raccroché à sa ceinture via une chaînette, et elle arborait un petit sceptre doré dans la main droite, entrelacs complexe de courbes tout aussi ésotériques que les motifs de sa robe. Elle tendait la main à Al'Jin, visiblement pour l'aider à se lever.

Celui-ci rougit un peu, avant de saisir la main. La demoiselle fronça un peu le nez lorsque l'effluve aquatique vint lui chatouiller son petit nez délicat, mais garda son sourire rassurant.

???♂ - Là ! Un bateau de marchands du désert s'est échoué non loin. Récompense pour qui ramène une partie de la cargaison, et va sauver les marins ... ou rapatrie ce qui reste d'eux pour identification. Pourquoi des gens qui vivent toujours dans les sables s'amusent-il à essayer de naviguer ?

???♀ - Pour la même raison que des paysans essaient de jouer les gros bras avec une arme trop grande pour eux.

Le ton de l'elfe s'était fait taquin, et Al'Jin vit clairement le visage du colosse devenir aussi rouge qu'il possible de l'être. Cependant, ce n'était pas ce détail qui avait retenu son intérêt. Bientôt l'homme sentit quelque chose tirer sur son bras, en baissant enfin les yeux, il rencontra les pupilles rouges d'Al'Jin. Il y avait cet espèce de supplique dans ce regard, cette impression que celui qui vous regarde ainsi est perdu, et que vous êtes la seule chose à laquelle il peut se raccrocher.

Al'Jin - Laissez-moi venir.

Les gens du bateau venaient du désert. Ils connaissaient peut-être Alen'Di. Peut-être même que son frère avait décidé de faire route avec l'expédition maritime lors de l'une des escales. Si c'était le cas, il était en danger, et il fallait aller l'aider. Ces deux gens faisaient des contrats tout le temps, c'était la dame qui l'avait dit, non ? Ils devaient pouvoir sauver Alen'Di. Et après, Al'Jin pourrait le ramener à la maison.

Al'Jin - Je paierais ma nourriture, je vous ralentirais pas, je vous laisserai faire sans vous gêner s'il faut se battre, et je vous aiderais à porter ! Mon frère est peut-être là-bas !

L'elfe sembla interdite, mais l'homme se contenta de soupirer. Il pointa son pouce vers son torse, avec un large sourire.

Brolf - Je m'appelle Brolf, chasseur de prime. Tu peux toujours essayer de nous suivre, mais nous ferons comme si nous étions seuls.

Anasthia - Et bien moi, je suis Anasthia, et je te promet de faire en sorte que tu rentres chez toi, ou que ce balourd ne te sème pas. Nous allons dans un endroit dangereux, nous n'aurons pas le temps de nous occuper de toi.

Al'Jin - Moi c'est Al'Jin ! Et promis, je vous embêterais pas !

Brolf - Alors en route ! Ah, un dernier détail ... Je ne suis pas un balourd !

L'elfe pouffa, alors que le colosse se contenta de grommeler. Ces gens avaient l'air gentils. Ils avançaient d'un pas vif et sûr, une allure soutenue que le petit mage noir avait du mal à suivre. Mais malgré l'odeur de poisson, malgré la chaleur, malgré la fatigue et le point de côté qui commençait à lui vriller les côtes, Al'Jin souriait : il allait peut-être retrouver son grand frère !