Incident diplomatique - Privé Shaaïro

Sujet: Incident diplomatique - Privé Shaaïro Mer 12 Mar 2014 - 23:55

Décrite par d'innombrables voyageurs comme le joyaux du royaume, Madorass étais a leurs yeux un havre de paix et de vie en cette période d'épidémie et de famine. Là-bas, les fontaines ne crachaient pas de l'eau, mais de l'or. Là-bas, le blé poussait sans que l'on ait a se soucier de son entretiens, là-bas, la plus infâme des pitances avait le gout de l'ambroisie et l'eau la plus croupie faisait pâlir de jalousie le nectar que buvait Solstice lui-même. Tant de mensonges répandus dans la population pour asseoir un pouvoir qui se mourrait de jour en jour, les habitants des quartiers les plus délabrés de cette glorieuse cité s'amusaient a plaisanter a ce sujet. Les dieux devaient bien être des entités qui se contentaient d'un rien pour que l'on puisse qualifier la pitance journalière comme étant divine. Cela faisait des années que les fontaines ne crachaient plus l'eau aussi claire que le ciel, c'est a peine si a ce jour, elles vomissaient avec peine de l'eau croupie que même un chien des rues ne boirait pas de peur de mourir empoisonnés.

Les demeures n'avaient rien des habitations faites d'un marbre aux veines d'or, mais ressemblaient plus a des amas de bric et de brocs faits a la va-vite dont les murs étaient rongés par l'usure des éléments. Les rues qui étaient disait-on pavée d'albâtre aux bords décorés de statues de bronze n'avaient l'air que de chemins de campagne et les rares statues qui avaient subsisté au ravage des pillages étaient couverte de mousse et particulièrement endommagée. Seuls quelques quartiers où de nobles citadins se réfugiaient et le palais royal lui même étaient proches des louanges qu'on leurs accordait.

Il ne faisait pas bon de vivre dans cette ville, mais c'étais ici que les affaires florissaient le plus et ça, le Lion-Noir l'avait compris. Il y'a trois ans de cela, il installa un puissant réseau criminel spécialisé dans l'espionnage, le meurtre et le recel. Cependant, Slade savait très bien que si son identité étais révéle, elle nuirait profondément a sa réputation auprès de ses frères de la rébellion, c'étais cette inquiétude d'être démasqué qui l'avait rendu si habile dans l'art de dissimuler sa véritable identité, si proefficient dans le meurtre de ses opposants et qui l'avait propulsé aux sommets de la hiérarchie du monde criminel de Madorass, néanmoins, il restait encore de nombreux quartiers qui avaient leurs propre petite « famille » dirigeante. Mais il fallait avant toute chose gagner le coeur des habitants et cela faisait des mois, que le Lion-Noir travaillait a l'amélioration des conditions de vie des quartiers sous sa tutelle et détournait d'énormes quantité de nourriture et de biens pour aider ses... Vassaux.

Dans son bureau, loin du commandement de son Ost et de ses responsabilités de commandement, Slade gérait les affaires de son petit royaume sous-terrain et examinait avec attention une pléthore de papiers et documents qui lui avaient été transmis par ses divers lieutenants. Son visage étais dissimulé sous un masque de fer plat, dont les seules ouvertures étaient sur son oeil gauche et ses lèvres. Ce masque étais peint de manière symétrique. Une partie étais peinte dans des teintes métalliques, l'autre elle, étais peinte d'un rouge écarlate, cette manie qu'il avait de dissimuler son visage lui avait octroyé un surnom simple, mais que le seigneur du crime appréciait particulièrement. Masque rouge.

Ce fut le martèlement d'un poing contre la porte de son bureau qui le tira de ses pensées.

« - Entrez. Répondit-il a cette agression sonore tandis qu'un homme, les yeux révulsés et visiblement paniqué pénétrait son bureau si bien ordonné.

- M-Monsieur ! Il.. Il... »

Absorbé par son travail, Slade releva le visage vers l'homme et le fixa avec insistance, déjà fatigué par le ton qu'il employait. Encore une fois, il y'avait un problème. D'un mouvement de poignet en sa direction, il lui montra une petite table sur laquelle reposait une bouteille de liqueur avec un service de plusieurs verres, son interlocuteur inclina la tête et alla prendre la bouteille, la vidant en quelques gorgées au grand désarroi de son employeur. En un soupire, il pencha la tête vers ses documents et trempa sa plume dans l'encrier.

« - Prends-ton temps et surtout calme-toi Frédéric. Explique moi tout dans le détail. »

Lâcha Slade sur un ton des plus neutres tandis que Fred' releva le visage et se massa la mâchoire avant de tousser, la liqueur passait mal visiblement.

« - Monsieur, on a un gros problème, y'a neuf de nos hommes qui s'sont fait massacrés sur la place de Sainte-Rhénanie ! C'est les gars du masque de porcelaine ! »

Relevant le visage, Slade déposa sa plume soigneusement sur la droite du parchemin qu'il étais entrain d'écrire et croisa les mains sous son menton en s'installant plus confortablement sur son luxueux siège. Il inspira longuement avant d'expirer en un soupir lourd de lassitude.

« - Explique-moi tout dans le détail, tu étais sur place ?

- Oui monsieur. Répondit Fred'.

- Qui a attaqué en premier ?

- Je... C'étais les gars du masque j'en suis certain ! Mais c't'étrange, on avait jamais eu d'emmerdes avec eux, ils baignent pas dans l'même commerce que nous !

- Je suis plus qu'au courant des activités du masque de porcelaine, Frédéric. Donc nos hommes ont été attaqués, ils y'a eu des morts chez les hommes du masque ?

- O-oui, dix en tout. Répondit-il.

- C'est mauvais. Conclut Slade. Autant lui que moi ne pouvons nous permettre d'enter en guerre l'un contre l'autre. Il n'auraient pas ordonné que l'on tue mes hommes en pleine journée inutilement, ça ne colle pas. Le masque est un excentrique, mais il n'est pas stupide a ce point. Prépare mon escorte et un gage de ma bonne volonté, nous ne voulons pas créer des hostilités inutiles. »

Un grognement naquit dans la gorge du Lion-Noir qui sembla entrer en profonde réflexion, d'un mouvement du poignet, il invita Frederic a sortir du bureau tandis qu'il allait réfléchir sur la suite des actions. Quelques heures plus tard a peine, il prenait le chemin du quartier général du gosse au masque de porcelaine, l'esprit aussi calme que détendu. Après tout, il fallait bien ça pour éviter de froisser ce nouvel acteur du royaume sous-terrain de Madorass.

Le Masque de Porcelaine ________________ ________________

- DIX ?! DIX DE MES HOMMES ?! TUÉS ?! BANDE DE BONS N’A RIEN !! Hurla la frêle silhouette du Maître face à ses sous-fifres.

Ils n’osaient dire mot, et il valait mieux ainsi. Voyez-vous, malgré son apparence enfantine, Shaaïro Shvaarn, le Masque de Porcelaine et aussi le chef du Nid n’était pas quelqu’un qui fallait prendre à la légère. Il pourrait vous faire vivre un enfer avant de vous achevez pour l’avoir contrarié d’une quelconque façon. Comme ne pas avoir ramener de raisin, son dessert favori. Ou encore avoir salit ses beaux tapis.
Mais au jour d’aujourd’hui, il n’était pas contrarié, non. Il était fou de rage. Il se tourna alors lentement vers ses sbires et les fixa intensément avant de s’asseoir sur son trône.

- QUI était responsable de cette mission ? QUI a attaqué en premier ? JE VEUX UNE REPONSE IMMEDIATEMENT ! Ordonna-t-il, hors de lui. Ou je vous arracherai à chacun les yeux pour le temps que vous m’avez gâché. Menaça-t-il.

Alors là, aussi, les menaces n’étaient pas à prendre à la légère, évidement ! Le jeune petit vampire prenait un malin plaisir à blesser, tuer, et mutiler les êtres vivants. C’était son passe-temps favori. Et c’est qu’il est inventif ! Un jour il a… non, vous avez raison, une autre fois. Revenons à nos moutons. L’un de ses sous-fifres se leva alors, paniqué.

- C’est Terance, Maître ! Il était chef d’escouade, et il a attaqué le premier ! Il… il nous a ordonné de le faire ! Que c’était le plan ! Que c’étaient vos ordres ! Beugla-t-il, entre deux hoquets de sanglots.

Les yeux de l’enfant devinrent rouges. La fureur avait atteint un niveau des plus élevés, et ça ne sentait pas bon pour les chefs des escouades. Il se leva, et si minuscule soit-il du haut de son mètre cinquante, il dominait largement ces humains sales et répugnants qui lui servaient de pions. Il caressa doucement la joue de Lawrence, dit « Le Pied Fou » parce qu’il boitait. Rien ne laissait penser que ça allait mal se passer pour lui, après tout c’était peut-être une faveur de son chef ?
Il lâcha un soupire.

- Tu sais, Lawrence, je n’aime pas l’expression « être un rat » … les rats sont des animaux magnifiques. Ils vous surpassent, vous les humains. Mais trahir ses petits camarades en les dénonçant ce n’est définitivement pas assez beau pour être associer à ces magnifiques rongeurs. Susurra-t-il avec un sourire mutin.

Il fixa le petit idiot d’un regard malsain, mauvais. Voir même euh… gourmand ? Oui on pourrait aisément le qualifier de cette manière. Il aimait beaucoup jouer. Trop peut-être. Et ce petit cafardeur allait très vite le savoir. Soyez bien attentif, c’est un conseil d’ami… Moi j’ai déjà vu ça plusieurs fois, ça ne m’intéresse plus vraiment.

- Tu n’es pas du genre à avoir la langue liée n’est-ce pas ? Susurra-t-il. Mais presque au même moment, avec un très léger décalage, un écho se fit entendre. Mais il disait tout autre chose : [Arrache toi la langue, maintenant !]

La pauvre victime, apeurée, ne put que voir sa propre main plonger dans sa bouche déjà grande ouverte et extraire le muscle charnu de la cavité buccale. Il hurla de toutes ses forces mais rien n’y fit. Le morceau de chaire humaine se trouvait maintenant dans sa main, encore palpitant, alors que son propre sang emplissait sa gorge. Aaaah… vraiment, il avait le don de trouver des punitions à la hauteur des trahisons ! Vous ne trouvez pas ? Le jeune vampire éclata d’un rire sinistre et joyeux à la fois qui lui était si propre. Alors que le premier traite se vidait de son sang par la bouche, tâchant le sol de pierre, le Maître se tourna vers Terance.

- Alors ? C’est donc toi qui m’a trahi ? Tu as osé parler en mon nom alors que je ne t’avais rien demandé ? Murmura-t-il.

Il marmonnait et pourtant on entendait dans sa voix la lourde menace d’une lente agonie. Il avait ce don là, le petit, de vous faire frissonner de peur, à la limite de souiller votre caleçon. Surtout quand on sait de quoi il est capable. Moui, mieux valait ne pas l’emmerder j’vous l’dis…
Le pauvre mollusque qui était censé être un être humain rampait à ses pieds, sanglotant misérablement pour implorer son pardon, pour se justifier. Ne savait-il pas que ça ne servait à rien ? Il était condamné de toute manière, quel idiot !

- Mon Seigneur… ayez pitié ! Je ne pensais pas mal faire ! Je pensais agir en votre noble nom ! J’ai été… il m’a dit, LUI, que c’étaient vos ordres ! LUI ! Bredouilla-t-il, pointa du doigt quelqu’un juste à côté du trône.

Shaaïro se tourna doucement dans cette direction. Il haussa un sourcil, dubitatif.

- Käalev? Tu en es certain ? Demanda-t-il d’un ton posé.

L’espoir revint alors dans les yeux de l’interrogé, comme une nouvelle lueur de vie.

- Oui ! Oui mon Seigneur ! Il est fourbe, Maître ! Il complote contre vous… C’est pourquoi il a ordonné une escarmouche de la sorte ! Il va …

Mais le Seigneur ne l’écoutait plus et avait rejoint son trône où il s’était à présent assis. Il restait pensif, puis fit venir à ses côtés un des gardes de la pièce. A côté de lui, son bras droit, accusé de complot et de sabotage semblait nerveux. Oh, ce n’était pas une nouveauté, cela fait maintenant longtemps qu’il essayait de prendre la place du vampire. Seulement… le principal concerné ne semblait pas s’en rendre compte. Qu’il était naïf…
Terance eu alors le malheur de voir approcher deux autres gardes qui le maintinrent dos au sol, alors qu’un troisième lui ôtait ses frusques. Ce dernier se munit ensuite d’une pince des plus impressionnante. La suite allait être, à mon humble avis, des plus douloureuses… Pauvre Terance.

- Je n’aime pas les menteurs. Ricana alors l’enfant, par delà les hurlements du présumé traitre.

Sujet: Re: Incident diplomatique - Privé Shaaïro Jeu 27 Mar 2014 - 15:10

« - Et qu'est-c'qu'vous foutez là vous ? »

Hostiles, vraiment hostiles. Les hommes de son jeune concurrent n'étaient visiblement pas de bonne humeur et n'appréciaient pas vraiment de voir le chef des hommes qui avaient massacrés dix de leurs gars. Visiblement ces derniers avaient oubliés que lui même avait perdu neuf des siens et que sa présence ici n'étais probablement pas de l'ordre de la provocation.

Slade étais venu presque seul, uniquement avec un de ses hommes de main qui tenait entre les siennes un coffret un peu volumineux, un gage de sa bonne volonté. Le masque-pourpre s'étais bien habillé pour cette rencontre et avait mis un point d'honneur a être le plus conciliant possible, bien que sa frustration étais grande et son envie de vengeance palpable, il n'avait pas le droit de risquer une guerre ouverte, ce n'étais ni le moment, ni l'instant pour. Puis, les deux avaient peut-être des territoires qui se chevauchaient, mais leurs fond de commerce étais souvent fondamentalement différent.

« - Je suis venu parler a ton seigneur, me refuserais-tu une entrevue, toi son servant et son portier ? »

Croisant les bras en fixant l'homme a travers son masque, Slade patientait et attendais une réponse. Il n'étais pas aussi physiquement impressionnant que le portier, bien qu'étant un homme parfaitement musclé et doté d'une force non-négligeable, il n'avais pas une masse corporelle aussi... Protubérante, oui, c'étais le terme le mieux adapté pour décrire le physique de son interlocuteur.

Ce dernier, se gratta l'arcade sourcilière avant d'hausser l'épaule et de se tourner vers la porte, de toquer un certain nombre de fois dans un code très rapide et saccadé pour que « l'invité » ne reconnaisse pas les coups, bien que Slade le mémorisa presque machinalement, trois coups rapides, deux lents, trois rapides, un lent, deux rapides, trois coup saccadés, deux lents. Haussant le sourcil, le portier s'adressa a voix basse a un homme a l'intérieur et quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit et ce fut non le masque qui l’accueillit ou un portier, mais un homme a l'apparence assez ambiguë. Il étais bien coiffé, mais ses cheveux étaient affreusement gras. Il avais un visage plus ou moins soigné, mais sa barbe étais mal rasée et quelques traces de crasses étaient visibles sur son front. Il portais un parfum élégant, mais sa puanteur n'étais que faiblement masquée. Richement vêtu de frusques luxueuses dans un état pittoresques, Slade ne savait pas vraiment ce a quoi il avait a faire.

« - Ah, c'est donc vraiment vous, vous ne manquez pas de cran pour venir ici après ce que vous et vos hommes ont fait. »

Haussant le sourcil sous son masque, un petit sourire vint se dessiner sur les lèvres du Lion-Noir qui le fixa avec insistance, comme pour tester sa résistance. Clairement, le Lion-Noir n'étais pas un homme a sous-estimer et visiblement, son interlocuteur l'avais-fait. Il s'en rendais compte, a voir le mouvement de pupille et la très discrète moue qui vint faire trembler ses lèvres l'espace d'un battement de cœur. Sans le quitter du regard, Slade lui répondit avec une voix rauque et grave, bien que douce et amicale.

« - Je ne suis responsable que d'avoir envoyé mes hommes là où ils étaient habitués a servir. Ce n'est pas moi qui porte la mort de dix-neuf jeunes sur mes épaules, pouvez-vous en dire autant ?

- Je... Commença son interlocuteur avant d'être coupé sèchement par Slade.

- Je suis venu pour régler un incident avec ton maître, pas pour débattre d'affaires diplomatiques avec un sous-fifre. Amène-moi a ton seigneur, serviteur. »

Dans un geste forcé, l'homme inclina la tête et l'invita a entrer, tout en bloquant le passage a l'homme qui accompagnais le Lion-Noir. Fixant « l'invité » du jour, il repris la parole avec un sourire narquois, provocateur au possible.

« - Il n'est pas la bienvenue ici, il n'entrera pas. »

Haussant les épaules, Slade s'approcha de son camarade et pris le coffret de ses mains en le remerciant et lui demandant de l'attendre dehors, se tournant a nouveau vers l'intérieur, la porte se ferma derrière lui et il étais seul dans l'antre de son collègue. A vrais dire, il y'avait un peu de tout, même si certains cris se faisaient entendre d'un genre de bureau vers lequel les deux se dirigeaient, Slade n'y prêta guère attention. Une fois qu'il fut invité a entrer dans la salle où se trouvait Shaaïro, Slade entra et inclina la tête vers son interlocuteur avant de prendre la parole.

« - Mon cher ami, pardonnez-moi de venir vous interrompre alors que vous vaquiez a vos occupations surement des plus importantes. Mais mes hommes m'ont rapporté un terrible incident qui a eu lieu plus tôt dans la journée, je pense qu'il s'agit d'une méprise, nous avons toujours été en bon termes avec vous et j'ai mis un point d'honneur a ne pas empiéter sur vos territoires. Et pourtant, ce matin, dix de vos hommes sont venus attaquer un groupe des miens, j'ai perdu neuf des miens et vous dix des vôtres. Je crains qu'il ne s'agisse que d'une terrible méprise et je suis venu en ce jour pour vous assurer mon amitié. Je regrette immensément cet incident, peut-être ce gage de paix et de respect pourra apaiser la colère qui gronde entre nos deux organisations respectives ? »

Conclut-il en venant déposer son coffret devant le jeune homme. C'étais un coffre fait d'ébene décoré de fines dorures, il y'avait une glorieuse scène gravée dans le bois et immortalisée grâce a des incrustations d'argent. A lui seul, le coffre valait une fortune inimagineable, son contenu lui, valait encore plus.

Pierres précieuses, quelques ducats d'or, une bouteille d'un des plus savoureux nectar et quelques autres cadeaux qui, assurément, n'étaient rien d'autres que des gages de paix de la part du Lion-Noir.

Le Masque de Porcelaine ________________ ________________

Un cadeau, voilà qui était intelligent.
Oui, même très malin, parce le Maitre aime les gentilles attentions comme celles-ci.

Un jour, un groupe avait tué sa cible, et il s’était retrouvé très contrarié. Tout le monde craignait ses représailles, parce qu’il était courant d’entendre ses hommes parler des châtiments qu’il réservait à ceux qui se mettaient en travers de sa route. Le bonhomme, pas idiot, s’était alors présenté avec un coffre rempli de joyaux et de pièces d’or. Et quels joyaux ! Brillant de mille feux sous la danse des flammes des torches éclairant la pièce. Le jeune Maitre s’était tellement pris à leur beauté qu’il en oublia même d’en vouloir à son rival, et lui offrit sa protection, le ralliant à sa cause. Aaah, un des rares jours paisibles qui peuvent arriver dans ces égouts malfamés. Mais je m’égare, revenons à nos moutons ! Quel Conteur je fais, vraiment…

Le Monstre prit l’une des pierres précieuses du coffre, une pierre d’un vert d’eau sans défaut, entre ses griffes et la passa à la lumière des flammes, admirant son éclat. Il en fut comme hypnotisé et oublia même un instant de remercier son « invité ». Il fit de même avec les autres pierres, heureux de recevoir de nouveaux « qui-brillent ». Il se racla ensuite la gorge, revenant à la réalité, et referma le coffret.

- Je vois que vous avez de bonnes manières, Monsieur Masque Rouge. Ricana-t-il. Vous n’êtes pas venu ici les mains vides… Et votre présent me plait beaucoup ! J’aime ces pierres, elles… brillent tellement…

Machinalement, perdu dans ses pensées, il passa doucement ses griffes sur le front de son masque de porcelaine, et planta son regard d’un bleu perçant, hivernal, cruel, dans celui de son rival. Se levant, il claqua des doigts et Käalev s’approcha, la mine sombre. Il lui ordonna alors d’aller quérir un cadeau dans la salle des coffres pour le Masque Rouge. Ah, vous verriez sa tête. Il semblerait que son plan n’ait pas marché comme prévu. Les laisser s’entre-dévorer pour profiter de la confusion et prendre la place de Shaa’ ? C’était assurément son plan, moi je vous le dis ! Il s’éclipsa alors et, descendant les marches de son trône, il s’approcha de son hôte.

Il ne lui arrivait qu’à la taille, et pourtant, il ne fallait pas se fier aux apparences. Petit, juvénile, il n’en restait pas moins un monstre dans le corps d’un enfant d’apparence innocente. Il a certainement tué bien plus que certains tueurs activement recherchés. Mais il ne s’en cachait pas. Il avait lourdement corrompu les gardes des territoires qu’il maitrisait, assez pour qu’ils ne s’arrêtent même pas pour lui quand il se balade en ville. Il ne fallait pas le sous-estimer ; il était redoutable, en dépit de son petit corps fragile.

Mais son hôte sembla incommodé par sa présence, quelque peu agité. Il le remarqua et lui tendit la main.

- Nous n’avons qu’à dire que cet incident est clos. Pour cette fois. Mais cela va s’en dire que si cela recommençait… Nous serions obligé d’entrer en guerre.

Il avait prononcé cette dernière phrase avec un sourire mutin aux lèvres, dissimulé sous son masque. Ses yeux, eux, étaient identiques à ceux d’un gros chat ayant trouvé une souris particulièrement dodue et juteuse. Autant dire que son invité avait plus qu’intérêt à peser ses mots…

« - Une guerre ? »

Lâcha Slade sous son masque écarlate, souriant en dessous. Il soutenait le regard du petit-être qui lui tenait tête. Les deux se jaugeaient, s'estimaient silencieusement. Pour des gens n'ayant pas l'habitude des manières des maîtres de la pègre, ils ressemblaient un peu a deux statues qui se fixaient. Après quelques instants de discussion muette entre les deux seigneurs du crime. Il finit de nouveau par prendre la parole en inclinant la tête, le couvrant sous le voile d'un air des plus insidieux et menaçant.

« - Une guerre serait fort déplorable. Ne pensez-vous pas, cher ami ? Mais vous avez raison. Si un tel incident venait a nouveau a se reproduire... Nous serions obligés de régler celà avec des manières qui, vous en conviendrez, seront moins agréable et cordiales. D'ailleurs. »

Il leva la main et fit un mouvement de l'index, invitant son suivant qui se trouvait désormais dans son dos a s'approcher. Ce dernier vint se mettre a ses côtés, attendant les ordres de son Seigneur.

« - Mes hommes vous on pris dix des vôtres, pour seulement neuf des miens. Voilà mon second présent, mon bon ami. La vie de cet homme vous appartiens. Faites en ce qui vous plaira. »

Levant le visage, l'intéressé fut attrapé par deux des hommes de mains de Shaaïro alors qu'il commença a se débattre furieusement, uniquement pour voir ses sens se faire balayés par une paume énorme. Peu de temps après, un lourd silence s'était installé dans la salle tandis que les deux discutaient, voyant une table et deux sièges, il tendit la main vers ces derniers en se contenant d'un.

« - Asseyons-nous, voulez-vous ? »

Dit-il, enjoignant le pas au masque de porcelaine tandis que les deux s'installèrent face-à-face. L'homme au masque écarlate ne tardis pas a reprendre la parole.

« - Une vie donné pour une vie prise. Nous voilà donc quittes. Peut-être pourrions nous traiter d'affaires désormais ? »

Lâcha Slade sur un ton des plus amicaux, joignant les mains sous son menton en détaillant tout les gestes, tout les mouvements musculaires, n'importe quel changement dans la taille de la pupille de Shaaïro. Lisant en lui comme dans un livre ouvert. Un sourire étira son visage, sourire des moins sympathique heureusement dissimulé sous la plaque d'acier qui dissimulait son identité. Ceci dit, il étais clair que la rencontre des deux hommes d'affaires ressemblait a un jeu subtil de menaces sourdes et tout les mots étaient judicieusement choisis. De cet échange pouvait sortir soit une paix prospère pour les deux, soit une guerre sanglante qui ravagerais la capitale, bien que Slade le souhaitais, il avait besoin d'un financement régulier pour sa guerre.

C'est a ce moment que Käalev réapparu, avec entre ses mains un vulgaire collier d'argent serti d'une pierre de jais de mauvaise facture. Il la déposa devant Slade qui souleva le bijoux en prenant la chaine entre son index et son pouce. Un léger rire s'échappa de ses lèvres.

« - Vous seriez bien avisé de surveiller le comportement de votre second, mon bon ami. D'autres que moi n'auraient su apprécier un tel... Présent a sa juste valeur. Mais je conçois qu'il peux être dur de se séparer d'un tel objet. J'espère que mes joyaux et mes ducats sauront satisfaire le vide que laisse la disparition de ce magnifique bijoux. »

En signe de sincérité, Slade le passa autour de son cou avant d'écarquiller l'oeil, chose que tous auraient pu percevoir. Passant la main sur la pierre de Jais, il haussa un sourcil en soupirant un « Intéressant. » très discret, étonné.

« - C'est un magnifique présent, en toute honnêteté. Vous êtes bon seigneur, je saurais m'en souvenir. Donc. Pour éviter de tels incidents, si vous m'énonciez certains quartiers, protectorats marchands et possessions terrestres que nous pourrions nous céder mutuellement pour définitivement enterrer cette colère qui anime les plus retors de nos serviteurs... »

Proposa Slade en fixant de son oeil valide Käalev, lui faisant comprendre rapidement la situation dans laquelle il s'était mise.

« - J'aimerais aussi, si vous le permettez, que votre second ne participe pas a cet échange. Il n'est pas aussi rusé qu'il le crois et il ne saurait probablement saisir la complexité et la subtilité d'un échange verbal entre deux hommes aussi dangereux que vous et moi. »

Le Masque de Porcelaine ________________ ________________

Le Masque de Porcelaine était plus qu’intéressé par cet homme si mystérieux. Il semblait à l’aise et pourtant, il pouvait sentir sa peur, ou tout du moins son anxiété. Le Maitre savait ces choses. Il les sentait, comme une bête. Et son rival-quoi-que-futur-allié n’était pas ce qu’il y avait de plus détendu. Vous voulez des détails de la suite ? Oh je vous préviens elle n’est pas spécialement sympathique à entendre…. Bon, puisque vous insistez. Shaaïro ricana derrière son masque. Un ricanement enfantin mais qui glaça le sang de tout homme dans la salle. Il claqua des doigts et Kaälev s’inclina face à lui, marmonnant un « MonSeigneur » à peine audible.

- Rends-toi donc utile, et vas donc nous chercher de quoi boire ! Quelque chose de valeur, de gouttu ! Même si je ne peux réellement juger ce genre de nourriture… Les autres, bougez aussi ! Je ne veux personne dans cette salle ! … Hormis lui.

Il pointa son doigt fin et griffu vers le prisonnier. Les gardes, un peu réticents, finirent par quitter la salle. Il demanda alors, d’un air impérieux, au Masque Rouge d’ordonner à ses gardes de faire de même. Bientôt, ils se retrouvèrent seuls, avec quelque victuaille qu’avait apporté Kaälev. Etonnamment, le Masque de Porcelaine ne but pas de son vin. Le Masque Rouge n’y toucha pas non plus. Son hôte le remarqua.

- Vous pouvez y aller, ce n’est pas empoisonné. Si ça peut vous faire plaisir, je peux boire dans votre verre. Je n’aime pas ce genre de boissons. Je préfère... quelque chose de plus chaud. Alors qu’il prononça ces mots, ses iris virèrent au rouge, pour retourner à leur bleu glacé d’origine. Si vous n’aimez pas, ne vous forcez pas. Hm. Vous aimez les spectacles ?

Sans attendre de réponse de son invité, il se leva et parcouru la salle jusqu’à l’autre bout, sa longue cape et les empilements de manteaux qui composaient sa tenue trainant derrière lui. S’il n’avait pas attendu la réponse du Masque Rouge, c’était simple : il s’en fichait, en fait. Oh je suis depuis bien assez longtemps le Narrateur de ses aventures pour vous le dire. Il voulait jouer, voilà tout, comme un môme devant un nouvel amusement. Même si j’ose croire que tous les enfants n’ont pas ce genre d’occupations… Il sorti une scie manuelle, visiblement rouillée et très probablement émoussée d’un coffre. Il la jeta aux pieds du coupable qui n’était encore qu’à moitié conscient, puis il retourna s’asseoir à sa place.

Il enleva son masque, chose qu’il ne faisait jamais, de peur que son identité soit connue lors de ses sorties en ville. Si il l’enlevait en face de quelqu’un, on pouvait être sûr de deux choses : Soit il faisait confiance à cette personne et le considèrerait à présent comme un allié. Sinon… Cette personne ne reverrait jamais la lumière du jour, condamné à pourrir dans les eaux croupies des égouts de Madorass.

Le malaise du Masque Rouge s’accentua, et il lui lança un petit sourire pour le rassurer. Peine perdue, vu que le Maitre était incapable de sourire sans dévoiler ses rangées de crocs pointus et sauvages. Enfin, il se tourna vers sa victime.

- Sers à quelque chose et amuse nous donc, péon ! Ordonna-t-il sèchement. Au même instant, un écho résonna dans la pièce, grave et sombre, murmurant une phrase peu avenante : [Sors toi donc les tripes avec ça]. Ses yeux changèrent à nouveau pour devenir violets, brillant dans la semi obscurité de la pièce.

Le pauvre homme n’eut d’autre chose que d’empoigner la scie à deux mains et commencer de lents vas-et-viens contre son propre abdomen. Bien qu’émoussée, la scie faisait déjà des ravages et bientôt, le sol fut baigné du sang du prisonnier. Il hurla jusqu’à s’en briser les cordes vocales mais dû continuer, son corps ne lui répondant plus. Oh vous savez c’est toujours pareil : Il ne tint pas bien longtemps après ça, se vidant complètement de son sang, et je pourrais dire tant mieux pour lui, au moins il n’aura pas souffert bien longtemps. Y’en a qui ont vu bien pire… Comment ça vous me trouvez cruel de dire ça ? Oh c’est l’habitude qui fait ça…

Mais attendez, le Maitre bouge. Oui, oui. Il se lève et va à la rencontre de son rival.
Va-t-il l’achever alors qu’ils sont seuls ? Il pourrait faire en sorte qu’il arrache son dernier œil, ça pourrait être distrayant… Oh mais attendez, que fait-il ? Est-ce que… ? Oui… !
Le Maitre s’installa sur les genoux du Masque Rouge, face à lui, se blottissant contre son torse et écoutant son cœur qui battait la chamade. Il ricana et planta ses yeux dans ceux de son nouvel associé et posa ses mains sur son masque, l’intimant à l’enlever.

- Ne me faites-vous pas confiance, Masque Rouge ? Moi je vous fais confiance… Vous avez peur, je le sens, j’aimerais que vous vous apaisiez… Ce bâttement frénétique dans votre poitrine me donne faim, j’aurais presque envie de vous l’arracher… Il ricana, amusé de sa propose suggestion. Je n’en ferai rien. Nous sommes amis maintenant, n’est-ce pas … ?

- Charmante démonstration, mon jeune ami.

La voix de Slade venait de s'élever tandis que son « présent » s'ouvrait frénétiquement l'abdomen en poussant des hurlements emplis d'une gaie souffrance. En toute franchise Slade n'appréciait pas ce spectacle, mais les règles du respect des hôtes étant ce qu'elles sont, il se contenta de feindre un léger rire avec perfection.

Le jeune homme avait un visage presque... Poupin, marqué d'une effrayante innocence quand on avait assisté a ses accès de sadisme. Il se redressa et s'approcha de Slade qui se crispa et se préparait a bondir, son instinct presque léonin lui faisait sentir un danger puissant, ses réflexes de survie lui intimèrent l'ordre d'attaquer mais son esprit, toujours aussi calme et posé n'en eu cure. Alors que le jeune garçon agrippa son manteau pour se hisser sur ses genoux, ce dernier l'enlaça dans un geste d'une tendresse déconcertante.

L'enfant posa ses mains sur le masque que le Lion-Noir portait, ce dernier ne résista pas quand il le lui ôta et dévoila son visage laconique. Son œil d'un bleu profond le fixait tandis qu'un petit sourire vint fendre ses lèvres.

- Vous êtes bien le premier a avoir ôté ce masque sans perdre votre vie. Commença-il sur un ton presque paternel. Nos visages sont bien la seule garantie de notre confiance mutuelle renouvelée, n'est-ce pas ?

Slade leva la main en venant flatter la chevelure de l'enfant sans la moindre ambiguïté. Les deux semblaient graver dans leurs mémoire tout les détails du faciès de l'un comme de l'autre. Après un petit sourire lorsqu'il devina les canines prononcées de son interlocuteur, il invita l'enfant a retourner s'asseoir avec politesse.

- Mon cœur, hélas, est bien plus appréciable lorsqu'il est logé dans ma poitrine. Cependant, je crains que mon présent soit encore relevé du gout de la naïveté et de l'innocence, un véritable drame qu'il se soit effondré si tôt. Vous sembliez bien apprécier la saveur de sa douleur, n'hésitez pas a presser son palpitant dans un verre, son sang saura vous satisfaire. Néanmoins je dois bien me plaindre d'une seule chose, mon doux ami, votre subordonné ne semble pas être des plus dégourdis, nul doute que votre réserve de breuvages doit être prestigieuse. Peut-être ne dispose-il pas des capacités nécessaires pour être échanson après tout.

Le jeune enfant alla s'installer a la table, presque comme si ils attendaient un repas. Slade se lissait la barbe en souriant, bienveillant envers l'enfant pour qui toute trace d'anxiété avais étrangement disparue. Du moins, la perception de son inquiétude face a ce vampire étais désormais trop subtile pour être découverte aussi facilement.

Slade décida de se redresser et de prendre un verre, au grand étonnement de son hôte et s'approcha du cadavre encore chaud du présent éventré. Se baissant, teintant le tissu de son pantalon du liquide écarlate et posant le verre loin de la tâche de sang, le Lion-Noir plongea sa main dans la plaie béante et s'agrippa a la cage thoracique. Dans une démonstration de force, il arracha le sternum du cadavre dans un craquement aussi sinistre que jouissif. Après s'être un peu essuyé les mains sur le visage tâché de larmes et de sueur du cadavre. Il en extirpa le cœur alors que les diverses veines, artères et l'aorte lâchèrent dans un claquement presque élastique puis, comme un maître d'hôtel particulièrement macabre, vida le ventricule gauche dans le verre sans en perdre une seule goutte. Se redressant, il alla déposer le verre devant le masque et retourna s'asseoir, ôtant un mouchoir de sa poche pour nettoyer ses mains.

- J'espère que mon présent vous plaira, sincèrement j'ai rarement connu de jeunes gens aussi naïfs. Dit-il avec un grand sourire.

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