''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
Diogène le cynique
 
''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
Auteur inconnu
 
''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All']

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Allaster Daraïn



________________

Allaster Daraïn
________________


Race : Humain
Classe : Chevalier
Métier : Ombre et Chevalier Errant
Croyances : Dieu de la Guerre
Groupe : Alliance des Ombres-Confrérie des Ombres

Âge : 58 ans

Messages : 26


Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All'] _
MessageSujet: Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All']   Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All'] EmptyVen 28 Oct 2011 - 5:01

- Aidez-moi ! Je vous en supplie !

Elle courait à en perdre haleine. Ses pieds se perdaient incessamment dans ses jupes trop longues. Des jupes qui n’en finissaient jamais d’agripper tantôt une racine trop grande, tantôt une pierre trop pointue.
Ses poumons crachaient un souffle blanc dans cet air froidement matinal. Ses joues s’empourpraient malgré la poudre blanche qui s’y étalait. Ses cheveux, regroupés dans un chignon complexe, laissaient peu à peu la folie les guider, s’agitant d’une façon plus qu’hasardeuse à chaque enjambée.
Elle était une dame. Une dame qui fuyait le long du chemin. Son cou était taché d’un sang frais. Mais ce n’était pas le sien. Cette pensée tirailla les traits de son visage d’une nouvelle expression d’horreur.

- A moi !
souffla-t-elle beaucoup plus bas qu’elle ne l’aurait voulu.

Elle découvrit un cavalier au loin qui chevauchait un vieil hongre. Si elle criait plus fort encore, il devrait l’entendre. Elle emplit ses poumons de cet air glacial, cet air qui lui griffait l’intérieur de sa poitrine tant la différence de température était saisissante.

- Chevalier ! Je vous en conjure, aidez-moi !

L’homme qui la poursuivait se rapprochait dangereusement. Oh, il était encore assez loin, mais ces affreuses jupes de noble orgueilleuse la ralentissaient sans commune mesure. Le chevalier, à son grand soulagement, l’aperçut. Déjà s’était-il lancé dans un triple-galop héroïque pour venir à sa rencontre.
Ajoutant un surplus de détresse à la situation, la pauvre dame trébucha telle une vieille bourgeoise. Ses jambes, trop graciles, ne la soutinrent pas. Les talons de ses bottines ne l’aidèrent pas non plus, se chamaillant sas vergogne avec l’irrégularité du sol. Dans un déchirement de tissu, elle se vautra sur le chemin. Le chevalier – les dieux mineurs et majeurs en soient loués - approchait déjà. En un rien de temps, il sauta de sa monture avec une fougue des plus chevaleresque et saisit le bras dénudé de la dame. Il l’aida à se relever, s’empressant ensuite de dégainer et de protéger la pauvrette de son corps. L’agresseur n’allait pas tarder à parvenir à leur hauteur. Il tenait avec férocité un cimeterre dont l’acier était gorgé de pourpre, ce qui en disait long sur les évènements qui venaient de se tramer là. Tout en découvrant le vieux chevalier qui s’interposait entre lui et sa proie, il ralentit le pas, adoptant peu à peu une position plus défensive.

- Que les dieux en soient remerciés, souffla la dame. Ces bandits ont attaqué ma calèche. Ils ont tué mon pauvre mari devant mes yeux… Sieur, débarrassez moi de ces vermines et je jure devant les dieux de vous couvrir de gloire et de richesse.

- Le combat n’a pas encore été mené, ma dame,
lui rappela le vieux chevalier d’une voix métallique. Ne crions pas victoire trop vite…

- Grand dieu ! s’exclama la dame soudainement. Vous êtes… vous êtes sieur Daraïn Allaster, ancien chevalier du Royaume et Fils de sieur Daraïn Helvien lui-même ?

Allaster, qui lui tournait le dos pour faire face à l’agresseur, répondit d’un bref marmonnement positif. Le fait d’être reconnu par une femme de noblesse semblait l’avoir pris de court et ce grognement en guise de réponse n’augurait rien de bien enjoué. A croire que seule la discrétion pouvait lui aller.

- Elle va fermer sa grande gueule enfarinée la putain, oui ? lança le brigand. Il serait temps que je rosse le vieillard. Pis j’ai pas toute la journée !

Allaster n’était plus qu’une statue de métal, les muscles rigidifiés par la peur et l’excitation du combat futur. Seules ses articulations lâchaient du leste, souples telles les lanières de cuir qui lassaient son baudrier. Sa concentration n’était rivée que sur le bandit à la manière de la pointe d’une flèche en quête de la jointure de l’armure ennemie.
Allaster ne remarqua donc rien.
Il ne vit pas la dame, dans son dos, qui plongeait la main sous les maintes couches de vêtements. Il ne vit pas la fine aiguille qu’elle fit émaner d’un flacon au liquide jaunâtre. Il ne vit pas non plus cette même aiguille plongée dans son cou avec une douleur si brûlante et si précise. Il ne comprit que trop tard – lorsque les silhouettes s’épaissirent et que les paysages dansèrent devant ses yeux – qu’un poison avait plongé au creux de ses veines violacées.
D’une manière pathétique, il s’effondra, inerte.

Une lueur complice embrasa les prunelles de la dame, de la fausse dame.
Elle échangea un regard empli de malice avec le brigand, le faux brigand. Ce regard s’éternisa, dévoilant peu à peu la sournoise vérité. Puis, finalement, ils partirent tous deux dans de grands éclats de rire victorieux et l’homme parla :

- Tu joues bien les jeunes dames en détresse, Elina.

- Le rôle de bandit te sied assez bien aussi, Finigan.
- Ah oui ? Ca t’émoustille ce côté rustre, sauvage et musclé ?
- Oh non, j’pensais plutôt au fait que le côté gueux sans cervelle te va à ravir…
- Tu es trop bonne… ironisa-t-il. N’empêche, c’est le Gros Mésignan qui va être ravi. On a chopé un homme de plus. Encore une petite poignée et la liste est bonne.
- Oui, je crois que les deux prochaines victimes sont des femmes. Il faudra sans doute faire preuve de plus de subtilité qu’aujourd’hui… Le coup de la jeune noble en détresse suffit à piéger un vieux bouc de chevalier, mais ça ne prendra sans doute pas avec les prochaines…

Elina, de son véritable prénom, déplia un papier qu’elle avait enfoui dans les confins immémoriaux de ses jupes. Elle lut brièvement.

- Oui, reprit-elle en agrippant la sangle de l’hongre du sieur. Ce sont bien des femmes. Une dénommée Kara Bawen, et une autre, Melpomène d’Ambre. Assez connues pour leurs capacités aux combats au corps à corps.
- J’me demande comment le Gros Mésignan fait pour avoir vent d’autant de noms, avoua-t-il tout en hissant péniblement Allaster sur son épaule. Certains sont de purs inconnus au bataillon.
- Mésignan a ses informateurs. Il a le bras long. Et ils disposent de suffisamment de rats à sa solde pour avoir vent de toutes les rumeurs du Royaume.
- Sans doute… M’enfin quand même…

Les deux compères remontèrent lentement le chemin, revenant à leurs deux montures respectives.
Elina en profita pour changer de vêtements, troquant ses jupes pour des vêtements plus amples et plus confortables pour la chevauchée.

- Il va falloir que je trouve de quoi me laver. Je ne vais pas rester avec ce sang sur la gorge. Ca fait mauvais effet tout de même.


Finigan se mit à rire fortement au sarcasme de sa camarade.

- Ca ne fait pas plus mauvais effet que de trimballer un chevalier drogué en travers de sa monture, rétorqua-t-il.
- Certes, Finigan, concéda-t-elle avant de changer de sujet. La prochaine fois, épargne-moi ton sens du réalisme. Egorger ce petit lapin pour me barbouiller de sang a peut-être rendue la scène plus crédible, mais même sans ça, le vieux Daraïn n’y aurait vu que du feu… ce pauvre petit lapin ne méritait pas ça.
- Chaque détail compte ma belle, chaque détail… répondit-il dans un sourire.
- Même le fait de m’insulter de "putain" était un détail qui comptait ? cingla-t-elle.
- Évidemment ! Et avoue, ça ne t’a pas déplu ce petit côté vulgaire, hein ?

Elina lança un regard de travers vers son compère, laissant ses lèvres s’étirer dans un sourire en coin. Elle lui offrit une réponse des plus insondable :

- Ta gueule, Finigan… Ta gueule.
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Kara Bawen



________________

Kara Bawen
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Race : Demi-Élu
Classe : Guerrière
Métier : Aucun de stable
Messages : 310


Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All'] _
MessageSujet: Re: Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All']   Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All'] EmptyDim 30 Oct 2011 - 4:03

Rude bataille à mener que l'éradication d’auréoles mousseuses séchées depuis des heures, si ce n'était des jours.
Arc boutée sur la même table depuis une dizaine de minutes, la jeune femme sentait grandir une rancœur sourde à l'aune de cette fine de pellicule de sueur s'installant sur son front, gageure de ses efforts. Travailleuse elle l'était, privilégiant les travaux honnêtes lorsque la nécessité de remplir sa bourse se faisait sentir à l'attrait de l'argent facile ; à d'autres les chasses à l'homme, il y avait suffisamment de mercenaires pour cela. Pour autant il y avait une différence notable entre travailler honorablement et être la bonniche de service, ce pour quoi il lui apparaissait de plus en plus distinctement qu'on la prenait ici. Détestable impression d'être la seule en ces lieux à avoir encore le goût du travail bien fait.
Dans son dos une entrée fracassante, où donc étaient elles ces bécasses qui lui faisaient normalement office de collègues, voir de supérieure ? Se retournant, c'est d'une voie chargée de lassitude qu'elle s'apprête à éconduire les soûlards retardataires :

« C'est ferm... Hey ! Qu'est ce que vous faîtes ? »

Trois hommes étaient entrés. L'un d'eux apposait consciencieusement l'imposante planche de chêne en travers de la porte principale, tandis que les deux autre s'avançaient avec assurance en sa direction, ce n'était pas à proprement parler un comportement habituel...

Dérisoire arme qu'elle se trouvait là, mais si la situation était telle qu'elle l'analysait, tout serait bon à prendre. La bouteille d'alcool fort qui traînait encore sur la table débarrassée plus tôt des précédents cadavres chu sciemment sur son chiffon, incident rendu invisible aux importuns par le voile de son corps.

« J'insiste, que voulez vous, le salon est fermé, nous ne servons plus d'alcool et il n'y a pas de chambres ici. »


« Rho ben zut alors » Rire gras concluant cette réponse aux accents exagérément mijorés. Explication plus concrète de son acolyte, vendue par un sourire bon enfant tandis qu'il arrive face à elle:

« On a comme qui dirais un petit besoin de liquidité, alors fait pas d histoires et raboule la recette ma jolie, ça nous éviteras de brusquer ton joli minois. »

Tiens donc... il ne manquait plus que ça, et toujours aucun mâle protecteur pointant le bout de son nez, sans doute trop occupé dans l'arrière salle a compter la recette ou trousser l'une des serveuses en guise de salaire. Pathétique, mais il fallait voir le bon côté des choses, parfait exutoire à la colère contenue jusque alors.

« Oh... » Mine désolée de la serveuse, baisse et relève la tête feignant gêne, rive enfin son regard dans celui de son principal interlocuteur « Je suis navrée... Mais … Comprenez que de cette recette découle mon salaire... » Ses mains assurèrent leur prise dans son dos tandis que le rictus de l'homme se faisait plus mauvais, l'amorce d'un bras qui se lève, l'heure des palabres cessant au profit d'une rudesse annoncée, qu'à cela ne tienne.

« …Je me vois donc contrainte de refuser! » La première sa senestre se dévoila dans un geste ample, fouettant son agresseur en plein visage de son fichu détrempé au moment ou la poigne du vilain se refermait sur la mâchoire de la serveuse. Surprise et rage tandis que des mains fébriles abandonnaient leur office pour essayer sans y parvenir d’apaiser la brûlure de ces prunelles agressées tant par la flagellation que par la morsure de l'alcool.
Les traits fermés par la concentration la jeune femme abandonna sur le champ l'aveugle pour combler d'un pas l'espace qui la séparait encore du second gorille, dans le mouvement sa dextre apparu a son tour, brandissant elle un litron de verre qui vins se fracasser avec force sur le front de l'assaillant venu en renfort immédiat à son chef. Trois petits éclats tenaces, îlots cristallins au milieu d'une récente mer écarlate inondant désormais ce crâne dégarni dont le propriétaire s'effondrait au sol.

« Enfant de putain ! Tu vas voir c'que tu vas prendre »

La guerrière releva la tête à cette invective, abandonnant la contemplation du vaincu, toujours terriblement efficace le verre définitivement une arme de choix, mais a moins de pouvoir s'approcher suffisamment ce qui n'était pas sans risque au vu de la stature du dernier voleur, il allait falloir trouver autre chose pour celui ci. Enjambant le corps inerte elle bouscula le non-voyant vociférant dans un amoncellement de chaises entreposées, s'assurant ainsi de quelques instants supplémentaires de tranquillité.

Froide et rogue face à l'animal chargeant.

« Répète ça pour voir ? » Au son de sa voix, fierté piquée éventée tandis qu'elle s'avançait sans faillir vers l'homme fulminant.

« Sale enfant... » Le goulot ébréché jeté à sa figure n'interrompt en rien la course du malfrat, mais cela ne déstabilisa en rien la serveuse, ce jet n'ayant eu d'autre ambition que de lui libérer les mains «  ...de pu - OUCH »

Très droite la jeune femme regarda dubitativement le dossier de chaise qui lui restait entre les mains, vraiment de la camelote...Elle s'était littéralement pulvérisée en se fracassant sur le dos de l'homme après une fine esquive, et ce n'était guère à mettre sur le compte de sa force tout féminine, toute guerrière qu'elle soit. Cette caresse n'avait visiblement réussit qu'a l'agacer davantage. Bien changement de tactique oblige, la donzelle pris ses jambes à son cou visant la porte, après tout, la garde n'avait qu'à faire son travail, d'autant que ce dernier oiseau là avait lui, eu le temps de dégainer une épée. Quelques pas encore et ce fut à son tour de se prendre une volée de bois vermoulu en pleine tête, bon pour le coup elle bénit la piètre qualité, s'étalant de tout son long en s'emmêlant avec dans sa course sans se retrouver assommée pour autant. En plus d'être monstrueux et armé, il avait de la répartie l'animal! Aussitôt relevée elle chercha une arme de fortune sur le mur qui lui faisait face mais celui ci était désespérément nu, revenir à l'idée de départ ? Trop tard une main puissante s'abattait sur sa clavicule la broyant au passage. Upercut sans retenue s'en suivant et nouvelle rencontre avec le sol. Relevée aussitôt, ballottée telle une poupée de chiffon, plaquée au mur, nouvelle gifle à essuyer. Enfin, l'erreur qui lui permettrais de reprendre le contrôle avant d'être trop assommée, cette odeur fétide se rapprochant violemment de ses narines, visage tout proche, trop pour être sur la défiance. Les yeux encore fermés tête dodelinante face aux insultes que déjà elle n'entendait plus, exagérant sa faiblesse, feinte rémission, laissant la jubilation de la proche victoire au mécréant tandis que sa senestre remontait à hauteur de taille, le plus discrètement du monde. Elle agrippa sans trop d'errance le manche de la dague repérée lors de son premier examen à la ceinture du colosse et la planta sans hésitation aucune dans le rein, aussi profondément que possible, achevant son geste d'une rotation pour mettre à bas le colosse . Enfin elle retrouvais de l'air, la prise se desserrant tandis qu'il s'effondrait à genou avec un grognement de douleur.

« Par tous les Dieux !! »

Kara leva les yeux au plafond, s' eu été a parier, l'aide après la bataille, la dispensant du loisir de passer à son tour ses nerfs sur ses agresseurs. Avec un soupir blasé la guerrière gifla du revers, poing fermé sur la poignée de la garde le visage tordu de douleur du blessé, le faisant ainsi s'écrouler pour de bon. A l'autre bout de la salle le chef de la petite équipe escaladait toujours vainement l'encombrant mobilier de salle à la recherche d'une sortie, ayant finit par entendre à défaut de voir, que les choses ne tournaient guère en leur faveur.

« Je vous laisse le soin d'appeler la garde Dame Clève, je pense avoir finit mon service»


Essuyant le filet de sang frais coulant de sa lèvre ouverte, la jeune femme s'engagea vers l'arrière salle, la vieille fripée pouvais bien se charger de ça, pour ce qui était d' hurler elle supplantait largement, c'était bien ce qu'elle faisait le mieux.

« Mais..mais.. où allez vous comme ça ? Vous n'allez pas me laisser seule avec ces ...choses »

Nouveau cri de donzelle effrayée, et enfin la voix rauque du tenancier, fichu pleutre, des bruits de chaises fracassées ne l'alarmait guère mais le cri de sa vieille mégère si ? Las, terriblement las pour ce soir.

« Criez et vous voilà exaucée, vous n'êtes plus seule Dame.. »


« Kara... attendez, j'étais venue vous chercher, il faut absolument que je vous mettre quelque chose dans l'arrière cour, c'est étrange, je vous en conjure, je suis bien consciente que la situation ne s'y prête guère mais... vraiment... Erfid occupe toi donc de ces malotrus, ma chère venez, je vous en prie... »

La jeune femme n'avait plus le cœur à la lutte, quitter les lieux revêtait soudain une urgence absolue, mais pas sans solde, oh combien méritée.

« Bien je viens. » Emboîtant le pas à la tenancière elle n'oublia pas de crier au mari de cette dernière ce qu'elle attendait légitimement de lui « Clève, soyons clairs je veux vous trouvez avec ce qui m'est dû prêt à gonfler ma bourse à notre retour, je quitte votre service ce soir même. » Le ton employé ne soufflait contestation, même la vieille chouette qui lui ouvrait la marche ne trouva visiblement à redire, l'incident lui avait elle permis de gagner un minima de respect ?
Quelques minutes encore et elle serait débarrassée d'eux, des heures qu'elle ruminait en attendant cet instant. L'arrière salle, toujours ce chignon mal agencé dodelinant devant elle. Encore passablement sur les nerfs, il était tentant de l'agripper et laisser libre court à la rancœur enfouie ces derniers jours contre la vieille. La porte de l'arrière cour, que voulait elle lui montrer au juste, encore un gaspillage jugé inutile comme la veille en fin de service ? L'autre avait tout intérêt à être entrain de lui préparer son argent sans quoi elle se servirais elle même et viderais les lieux sans attendre, guère d'humeur à s'expliquer avec la garde. L'air frais enfin, la Clève s'enfonçant dans l'obscurité, qu'elle suivit machinalement l'esprit toujours projeté dans ses projets immédiats, un coup sec et franc sur sa nuque, mille étoiles, de vagues excuses quant à un retard tandis qu'elle s'effondrait mollement avec une ultime pensée *Vieille rombière *

L'homme rangea sa matraque tandis que la femme glissait les piécettes promises dans la paume de la vendue avant qu'elle ne s’éclipse sans demander son reste. Aucune question, tel qu'il était convenu.

Ballottée telle un sac de grain jusqu'à une monture toute proche, Kara n'entendit rien de la discussion de ses ravisseurs

« Dis Finigan, d'abord un vieux, maintenant une serveuse … qu'est ce qu'il a dans la tête le Gros Mesignan ?


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Melpomène d'Ambre

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Melpomène d'Ambre
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Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All'] _
MessageSujet: Re: Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All']   Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All'] EmptyDim 30 Oct 2011 - 17:18

Une nuit froide dans les rues de Madorass. Tous les habitants sont rentrés chez eux depuis belle lurette que j’arpente toujours les sombres venelles en quête d’un amusement capable de me divertir. Les trois mécréants que j’ai laissés sanguinolents sur les pavés n’ont constitué qu’une agréable mise en bouche, telles les prémices à de plus excitantes activités. Il n’y a nul mérite à ôter la vie à des ivrognes, et je n’en ai tiré qu’un plaisir tout limité, accentué pourtant par la jubilation de l’Ebène à cette activité. Insatiable compagne…

Mes talons claquent sur le pavé sans la moindre discrétion, et voilà bien le but de la manœuvre après tout, attirer à moi les marauds de ces environs pour trouver enfin de quoi me satisfaire. Les rues des bas quartiers sentent la misère et la décadence des êtres qui ont tout perdu. Venir les narguer d’une mise impeccable est une activité tout à fait convenable dans ce genre de recherche. Les ombres défilent aux périphéries de mon champ de vision, changeantes arabesques au gré des volontés joueuses des lanternes se balançant sur leurs attaches dans des grincements annonciateurs de mauvais présages. Parfois, le couinement d’un animal que j’ai dérangé dans sa recherche nocturne s’élève dans l’air, aussi ténu que le glapissement d’un rat tout autant qu’expressif comme le grognement d’un chien errant. La pauvreté est la même pour tous, et chacun sauve sa peau comme il le peut, au péril de celle des autres quelques fois.

Depuis quelques minutes, une appréhension sourde gronde en moi. Mes lames, fidèles décadentes, trépignent d’une impatience qui se répand à mon être avec la voracité de langues de feu, embrasant rapidement mes veines d’une excitation propre à me faire perdre le sens commun des réalités. Je n’en ai que faire toutefois, cherchant à repérer la source de cette agitation chez mes compagnes. Les lieux sont calmes, agités seulement des bruits familiers d’une ville qui sommeille, gros chat endormi sur les genoux d’une matrone prêt à s’enflammer pourtant au moindre dérangement. Les murmures que me portent le vent ne semblent être que les aveux de quelques esprits errants s’affolant dans les coursives, se chamaillant sur l’attitude à adopter. Rien qui m’indiquerait la présence d’agresseurs.

Je poursuis mon avancée sans montrer le moindre signe de ma connaissance de leur présence, pour peu qu’il y ait effectivement quelqu’un et que mes lames ne se soient pas tout simplement laissé aller à des fantasmes communicatifs, ce dont ces étranges entités deviennent capables au fur et à mesure de notre cohabitation, j’en suis certaine… A l’abri sous ma cape sombre, l’extérieur m’est tout autant caché que je m’en suis voilée, mais tous mes sens aux aguets tentent de décrypter le moindre signe suspect, tant mes pérégrinations dans ces lieux m’ont permis d’en avoir une connaissance parfaite. La colère nait dans mes entrailles du fait de ces malotrus qui demeurent cachés, et je lui lâche la bride avec délectation, prête à créer un carnage qui pour longtemps restera dans les mémoires des quelques survivants que je laisserai… La démone blanche court parfois sur certaines lèvres.

Un cliquetis retentit soudain à mes oreilles, suivi d’un claquement de corde. Dans l’instant, j’ai plongé au sol. Quelques roulades et contorsions plus loin, me voilà accroupie dans l’ombre d’un bâtiment alors qu’à peine pourtant la flèche se plante dans le sol. Sa pointe enflammée se coince entre deux pavés irréguliers et déjà les langues avides entreprennent de dévorer l’empennage. Mon regard accroche le parchemin blanc attaché au projectile. En deux bonds, j’ai plongé la main dans le feu bouillonnant pour arracher le papier sur lequel quelques lettres sont tracées d’une élégante écriture. Au moment où j’en prends connaissance, des cris résonnent des deux côtés de la rue où je suis, poussés par des hommes lourdement armés à en croire ma première impression, cris qui donnent soudain tout son sens au message que l’on m’a destiné. Cours !

Une confrontation serait envisageable, mais leur nombre est tout de même impressionnant, et je préfère assurer mes arrières, d’autant qu’un archer n’ayant pas l’air si bienveillant traine dans les parages. Ma main trouve la garde de l’Ebène, l’autre agrippe la Neigeuse. Avec rage, je m’élance sur ma droite, me jetant lames au clair sur les cinq hommes qui arrivent. L’étroitesse du boyau les empêchera de profiter de leur nombre, et l’ire qui m’anime leur fera rapidement comprendre leur stupidité. L’excitation se mêle à la soif de sang, dont le résultat s’avère être un cri dément au moment où je percute avec violence le premier assaillant. Sa lame est écartée d’une facilité déconcertante, glissant le long de mon épée, mon kriss trouve sa gorge. Le sang gicle sur mon visage, son odeur métallique emplit soudain mes narines, me tirant un grognement jubilatoire. Du ventre du macchabé toujours debout émerge une lame qui me manque de peu. Je bascule le corps sur le côté, arrachant du même temps l’épée du malotru peu respectueux des morts qui n’a pas hésité à embrocher son compagnon pour tenter de venir à bout de sa proie.

La rage m’aveugle, l’Ebène et la Neigeuse trouvent seules leur voie, je sens les corps s’effondrer autour de moi, je sens la peur envahir les lieux, j’entends les renforts qui arrivent. En quelques secondes, le chaos le plus total a envahi mon groupe d’assaillants, et ceux qui ne sont pas morts geignent misérablement sur leur fierté disparue, tout comme certains de leurs membres. Poussée par un pressentiment, je ne me retourne pas pour attendre les nouveaux arrivants mais cours dans le sens opposé. Le croisement que j’atteins est bouché sur deux côtés par des colosses à l’allure peu engageante. Avant qu’ils n’aient le temps de réagir à mon arrivée, je pénètre la seule ouverture qui m’est laissée avec le sentiment que cette petite plaisanterie prend étonnamment des allures de chasse à l’homme, ou plutôt à la démone dans le cas présent. Égrenant un chapelet de jurons aux inspirations exotiques, je repère une porte basse alors que les bruits de poursuite s’accentuent derrière moi. Mes armes sont immédiatement rengainées tandis que je me rapproche du panneau de bois, y avisant immédiatement la petite étoile dans le coin supérieur, symbole d’une confrérie disparue depuis longtemps qui avait mis en place un réseau fort intéressant il y a quelques dizaines d’années.

Un coup d’épaule violent enfonce le battant mais je sens les muscles crier sous l’effort et les os se déplacer. Une nouvelle insulte dont j’ai le secret fuse, mais j’ai déjà pénétré dans la mince coursive plongée dans la pénombre la plus complète. De mon seul bras gauche valide, je soulève la planche de bois qui coince la porte, l’installe quelques secondes avant qu’on ne commence à tambouriner dessus avec fureur, hurlant mon prénom à travers la porte. Ce détail perturbe encore plus mes projets et mes conclusions, mais il n’est point temps de réfléchir à tout cela. Je doute que cet obstacle les arrête longtemps.

Posant la main gauche contre le mur, laissant l’autre bras pendre misérablement le long de ma hanche, j’avance le plus vite possible vers ce qui doit comporter une sortie. Plusieurs fois, je percute des objets dans le noir, sent des ossements craquer sèchement sous mes pieds, mais peu importe tout cela. Une sourde angoisse broie désormais ma détermination alors que l’idée de la traque grandit en moi. De tels individus plaisantent rarement… S’ils sont là, ce n’est pas pour mes beaux yeux, mais plutôt pour me ramener, et que je sois morte ne semble pas leur importer plus que ça considérant qu’aucun n’a retenu ses coups. Dans ce boyau vide pourtant où le fracas régulier d’une goutte d’eau tombant sur une surface métallique est ma seule compagnie, ma frayeur se mue peu à peu en colère, une rage dévorante propre à me faire commettre des actes d’une rare violence si l’un, ou plusieurs d’ailleurs, de mes agresseurs venaient à se trouver devant moi. Mon épaule blessée me fait souffrir, je l’ai probablement déboitée, mais je n’ai pas les compétences nécessaires à la remettre en place. Je connais un vieux rebouteux que j’irai consulter dès que cette histoire sera tirée au clair.

Mon esprit tente d’analyser les raisons qui auraient pu pousser à lancer une telle chasse à mon encontre, mais rien ne me vient. Ambre n’aurait pas agi ainsi, et en conséquence je ne connais personne d’autre qui m’en veuille à ce point… Pourtant peu importe, je sens le boyau qui remonte sous mes pieds. Peut être des heures que je marche, tout se brouille. Un fin filet de lumière apparaît, irréel, dans l’obscurité, m’indiquant que je m’approche de la sortie, dans un quartier à mon souvenir plus animé dans lequel je pourrai me fondre dans la populace. Arrivée à la porte, je pose ma senestre sur le battant, y plaque mon oreille pour tenter de percevoir l’extérieur, mais aucun bruit ne me parvient, probablement étouffé par l’épaisseur du bois. Commençant à me sentir assez mal à l’aise dans le noir et l’étroitesse, je manque probablement de prudence, mais l’idée de goûter à l’air frais après le renfermé des lieux est si tentante que je pousse le panneau avec confiance.

Un violent coup dans le ventre me plie en deux tandis qu’on agrippe mes bras, me faisant hurler de douleur. Mes yeux habitués à l’obscurité peinent à s’acclimater à la lumière, la violente gifle que je reçois ne m’y aidant pas plus.

« Garce ! Salope ! Trois hommes tu entends ?! Trois hommes tu m’as tué ce soir ! Est-ce que tu as conscience de ce qu’il m’avait coûté ? Tu crois que ça nous amuse de te courir après, chienne ? »

Je parviens enfin à stabiliser une image un peu floue sur l’homme qui éructe sa colère ainsi, image qui se trouble rapidement sous le nouveau coup qu’il me porte au visage. Ma lèvre éclate, répandant un goût délicieux sur ma langue, mais la douleur vrille mon esprit, me laissant échapper une plainte gémissante. Je tente de me redresser, le défi dansant au fond de mes prunelles, arrêtée pourtant dans mon intention par l’homme qui me maintient l’épaule droite d’un vicieux mouvement qui m’oblige à serrer les dents pour ne pas me plaindre de nouveau. La situation tourne mal, m’échappant complètement, et je vois mal le moyen de m’en sortir.

« Et nous faire courir toute la ville pour arriver ici ? Comme si nous n’avions que ça à faire ! Catin ! Gouge ! Si tu crois être la seule à connaître les lieux ! Je m’en vais répandre tes boyaux jusqu’à ce que tu me supplies d’en finir ! »

Un nouveau coup s’abat sur ma mâchoire, suite auquel je reste impassible malgré la douleur cuisante qui m’envahit encore. Cet état de fait plonge dans une rage plus intense encore mon tortionnaire qui dégaine sa lame soudain avec une expression avide sur les traits. Interrompu bien trop tôt à son goût je le crois par une voix féminine.

« Finigan, il suffit ! Je t’avais dit que ton idée de recourir à la force était stupide. Si tu m’avais laissé régler ça, on se serait épargné bien des soucis, mais ton orgueil mâle ayant parlé, tu assumes désormais ta stupidité chronique. Il nous la faut entière. Messieurs, désarmez-la, on la ramène au Gros Mésignan. »

Je tente de voir le visage de celle qui parle, mais des points blancs dansent devant mes yeux, rendant toute concentration difficile, voire impossible. Le nom qu’elle prononce ne réveille pas d’étincelle de lucidité, ce qui ne m’évoque rien qui vaille. Avant que je n’aie eu le temps d’imaginer une solution pour me tirer de ce mauvais pas, la brute à ma droite ose soulever une remarque.

« Madame, euh, j’crois qu’elle a l’épaule fichue, elle couine bizarrement quand j’la secoue la femelle. »

Avant que la dame en question ne puisse répliquer, le fâcheux enragé a franchi la distance qui nous sépare et teste mon épaule avec une connaissance certaine mais une volonté évidente de se montrer le moins délicat possible. Je serre les dents pour ne rien laisser paraître, mais le sourire que je crois le voir arborer en dit long sur ce qu’il pense. Un cri de victoire lui échappe alors qu’avec violence, il replace mon bras. La douleur fulgurante annihile toutes mes capacités de réflexion. Un grognement rauque déchire mes poumons tandis qu’un voile noir recouvre mes yeux. Mes jambes cèdent, je m’effondre, je m’oublie.

L’inconscience…
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Allaster Daraïn



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Allaster Daraïn
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Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All'] _
MessageSujet: Re: Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All']   Egouts, Dégoûts et Goûts de Mésignan [PV: Mel', Kara & All'] EmptyMar 20 Mar 2012 - 21:45


    De la mélasse.
    De la foutue mélasse qui vous colle, vous agglutine, vous embourbe, vous alourdit, vous tue.
    Une masse innommable, de surcroît invisible, pesait sur le corps du vieux chevalier. Une masse qui n'en finissait pas de l'étouffer, de le plonger dans ce sommeil visqueux qui n'avait absolument rien de naturel. Cet aigrefin de poison n'y était pas pour rien, tudieu ! Même ses satanés paupières pesaient bien plus à elles seules que toutes les putasses de Madorass réunies. Quand parfois, des lueurs étranges coloraient le noir de ses paupières, ces enflures d'étaux broyaient son crâne sans commune mesure. Mordiable ! Qu'on éteignît ces chandelles tortionnaires ! Mais lorsqu’Allaster tentait de protester, seule une voix grave et gluante émanait de ses lèvres asséchées. Et la vicieuse mélasse, encore une fois, l'engloutissait.

    Il arriva tout même un moment – quoique goguenard celui-là – où les effets commencèrent à s'effacer, emportés par les vents que soufflait le temps. La vieillesse n'aidant en rien, sieur Daraïn peinait à émaner d'une léthargie bien pire que celles affligées par les bitures de lendemains victorieux. Chacune de ses articulations étaient douloureuses, comme si ces crétines s'étaient essayées à d’improbables contorsions pendant sa poisseuse inconscience. Ventre-Dieu ! Si la souffrance se targuait d'être là, irrémédiablement, la conscience aussi !

    Allaster, pendant ses moments fugaces de lucidité, avait cette furieuse impression qu’un individu était assis non loin de lui, au bout même de son lit. Un lit ? Sornettes ! Ses derniers souvenirs le plaçaient en pleine errance sur des sentiers voisins de Madorass. Que pouvait-il alors bien foutre sur un lit ? Mais le fil de ses réflexions était déjà happé par le néant. Un néant, cependant, au voile de plus en plus fébrile.

    - Sieur Daraïn ? Il va falloir songer à vous sustenter un peu. Allons... Réveillez-vous.

    Quel était ce crétin qui pensait que le réveil était chose aisée ?
    La lumière creva ses yeux lorsque les paupières s’entrouvrirent. Des couleurs acerbes venaient picorés ses iris comme tant de becs de corbeau. Les formes s'affolaient sous son regard hagard, pareilles à un millier d'ailes agitées. Et cette voix qui venait de lui déchirer les tympans, en piaillant, le ramena aux serres acérées de la réalité.
    Sans savoir véritablement d'où il puisait cette force, il parvint à s'asseoir maladroitement. Quelques minutes s’égouttèrent encore, diluant le poison dans les flots du passé. Ses esprits, fort heureusement, revinrent plus vite qu'escomptés.

    Un homme lui sourit.
    Drapé dans des atours nobles sans être exagérément dispendieux, Allaster en déduisit qu'il s'agissait là d'un domestique. Sa silhouette longiligne faisait de lui un être discret aux allures frêles et peu charismatiques. La pâle blondeur de ses cheveux courts soulignait cette impression effacée, de dirigé plus que de dirigeant. Le sourire, lui aussi, se voulait respectueux et conciliant, bien loin du vulgaire pincement sardonique de certains lords. Mais la sempiternelle haine glaciale d’Allaster n’en fit que peu de cas, revenant déjà au triple galop.

    - Qu’est-ce donc que toute cette couillonnade ?!
    - Sieur Daraïn, je vous prie… Calmez-vous…
    - Me calmer ? Cessez-donc de vous foutre de moi…

    L’étau se resserra sur son crâne, l’aveuglant quelques secondes. Putain de poison ! Les contours, devant ses yeux gris, se mirent à vibrer d’une vibration déchue d’un autre monde : celui de l’inconscience. Le vieil homme cligna plusieurs fois des paupières, le regard brusquement absent.

    - Sieur Daraïn, vos nouveaux amis vous attendent dans le Grand Salon. Sustentez-vous un peu. Regagnez quelques forces. Il vous faudra également vous vêtir.

    Le vieux chevalier accepta à contre cœur. Au fond, il ignorait tout de sa nouvelle condition et ce n’était très certainement pas alité dans un lit à baldaquins qu’il pourrait exiger quoique ce fût. Il mangea donc frugalement, puis se rafraîchit le visage près de la bassine de bronze qui trônait sur la coiffeuse d’acajou. Diantre ! Ces meubles étaient issus d’une sacrée ouvrage ! Le commanditaire de son enlèvement avait du goût. Un goût des plus riches qui plus est. Il avait également le don de la mise en scène, sans conteste…

    Allaster enfila le pourpoint ocre qu’on lui avait obligeamment préparé. Il lassa les aiguillettes pour qu’il tînt à ses chausses couleur d’olive. Il enfila également des souliers d’un cuir joliment travaillé et, ainsi paré, attendit que le domestique le guidât.

    - Jeune homme, lança Allaster froidement, comment dois-je vous nommer ?
    - Tobias, Sieur Daraïn. Maintenant, si vous le voulez bien, il vous faut rencontrer quelques nouvelles personnes, répondit-il poliment en désignant la porte de la main.
    - Cette comédie va-t-elle cesser ?
    - La décision ne m’appartient pas, sieur. Vous vous en doutez très certainement.

    Allaster cracha un juron, bloquant sa mâchoire à s’en briser les dents.
    Il s’avança au-devant de la porte et en actionna la poignée pour se retrouver dans un couloir tout aussi richement décoré. Un détail, que le vieux chevalier n’avait point encore remarqué jusque-là, le frappa soudain.

    Aucune fenêtre, se dit-il. Aucune foutue fenêtre. Se peut-il que nous soyons dans un manoir soumis à une quelconque lubie architecturale ? Ou, plus crédible encore, se peut-il que nous soyons dans quelques caves aménagées ou quelques oubliettes revisitées ? Crétinerie que tout ceci !

    Le couloir, aux maintes portes, mena finalement sur une vaste salle. Cette dernière était habillée de nombre peintures aux encadrements surfaits dont les dorures gueulaient leur faste. Canapés et fauteuils de velours. Tables basses, malles, armoires et coffres de bois d’acajou. Chandeliers, lustres et statues de bronze. Opulence, opulence, opulence…
    Quelques individus, aux origines pour le moins hétéroclites, patientaient dans le dit Grand Salon. D’aucunes tenaient un verre à la main, d’aucuns un jeu de cartes. Certains fumaient, d’autres lisaient. Quelques-uns s’impatientaient farouchement, le meurtre se lisant à demi-mot sur leur visage impatient.

    Allaster s’approcha de la cheminée dans laquelle l’âtre crépitait exagérément. A croire que tout n’était qu’exagération ici-bas. Ses yeux avaient déjà scruté les moindres détails, comme à l’affût de la moindre possibilité de fuite. N’importe quel endroit que ce fût, c’était là toujours quelque chose qu’il faisait. La vie l’avait plongée dans tant de situations inextricables que l’instinct de survie était farouchement imprégné dans les os de son vieux squelette. Cependant, en cette heure énigmatique, mise à part une grande porte blanche à double battant, dont l’aspect inébranlable vous giflait dès le premier regard, aucune véritable issue ne semblait poindre le bout de son nez. Encore un peu plus, il s’approcha de la cheminée sans quitter des yeux les divers individus qui patientaient.

    Qui sont donc ces gens ? Ne serais-je donc pas le seul à être victime de cette lubie de riche aristocrate ? Ou sont-ce des complices ? A voir leurs airs ils ne semblent pas être mieux lotis que je ne le suis… Mordiable ! Qu’est-ce donc que cette bouffonnerie !

    Tobias, le jeune domestique, se tenait non loin d’Allaster. D’une voix un peu plus forte, il s’adressa à l’assemblée :

    - Mes dames et mes sieurs, je vous présente sieur Allaster Daraïn, ancien chevalier du Royaume et ancienne Cape Blanche. Il vient tout juste d’émaner de son sommeil quelque peu… forcé, je le crains. Comme j’ai peut-être pu vous l’expliquer individuellement, vous voici réuni dans les appartements de Lord Mésignan. Des appartements qu’il réserve à des invités très spéciaux. Comme vous l’aurez peut-être remarqué, six chambres constituent l’aile nord, et six autres constituent l’aile sud. Chaque chambre est individuelle, ce qui porte logiquement le nombre des invités à douze. Vous ne tarderez pas à connaître la raison de votre « invitation ». Pour le moment, Lord Mésignan insiste pour que je vous invite à jouir du confort de ses appartements comme vous le souhaitez. Sachez juste ceci, les six invités des chambres de l’aile nord sont membres de l’Equipe d’Or. Les six invités des chambres de l’aile sud sont membres de l’Equipe d’Argent.

    Quelques clameurs retentirent dans le Grand-Salon. Certains offusqués, d’autres en colère. Allaster fut de ceux que le mutisme enferma dans une boîte exiguë et invisible, le comprimant dans l’étroitesse qu’imposait l’étonnement. Qui était donc ce fameux lord qui usait des individus comme il pouvait user de jouets en bois ?

    Equipe d’Or ? Equipe d’Argent… ?

    Déjà, un homme massif se saisit du tisonnier près de la cheminée, l’air menaçant, s’apprêtant de son autre main à agripper les cheveux de Tobias. Allaster voulut s’interposer. Tobias, même s’il était sous la coupe du dit Mésignan, n’était qu’un domestique, un homme sans importance, il ne devait donc pas recevoir les coups que méritait un autre…
    C’était sans compter sur l’étrangeté de l’événement qui se produisit.
    Une volute de fumée dégringola du crâne de Tobias lorsque l’homme crut se saisir de sa tignasse. D’ailleurs, emporté par son élan, l’impulsif percuta de plein fouet le corps du domestique qui, littéralement, explosa en une gerbe de vapeurs colorées. Les teintes nébuleuses vagabondèrent quelques secondes dans l’air, hagardes, seuls témoins de l’existence de Tobias. Celui-ci reprit forme humaine à quelques coudées de là, aucunement affecté par le choc. Regard impassible. Expression blasée.
    Il parla d’une voix lasse mais audible :

    - Lord Mésigan avait prévu que certains auraient des comportements de ce type. Il vous prie d’être patients. Le pourquoi de votre venue vous sera bientôt expliqué. En attendant, profitez des lieux à votre guise. Je vous souhaite une agréable soirée.

    Puis, comme emporté par un léger souffle de vent, il disparut.



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