Elle marche, une promenade. Une démone qui se détend dans les bois de Feleth. Chose très surprenante, mais dans le fond elle n'avait pas grand chose du démon. Plutôt jolie, féminine et gracieuse, une femme qui attirait l’œil sans être vulgaire. Elle déambulait soigneusement sur le sentier, sa cape l'enveloppant totalement, le rouge de celle-ci au milieu de cette masse verte la rendait assez voyante, elle était toujours voyante d'ailleurs. Mais cela ne semblait pas la déranger, elle écoutait attentivement les sons de la nature. Une découverte assez surprenante qui l'émerveillait. Le bruissement des feuilles soulevées par le vent, légèrement ou non, le son variant avec l'intensité de souffle. Le piaillement des oiseaux, le clapotis de l'eau du ruisseau, le vol intempestif des insectes, une si jolie mélodie chantant aux oreilles de la jeune femme. Ses pas créaient un rythme décalé et totalement en désaccord avec tout le reste, pourtant elle souriait à chaque pas qu'elle faisait. Un sourire franc. Un sourire enjôleur. Elle voulu découvrir la nature, dans toute sa grandeur et pour ça elle décidait de prendre de la hauteur.

Un arbre, un chêne surement là depuis très longtemps. Le tronc abimé par le temps mais robuste pour avoir jusqu'ici survécu. Il lui plaisait. Elle s'approcha doucement et l'enlaça. Une douce étreinte, comme un remerciement pour ce qu'elle s’apprêtait à faire. Elle escaladait l'arbre avec agilité et souplesse, puis se perdit dans son feuillage. Elle passa d'arbre en arbre autant que possible. Autant que la nature lui permis en lui indiquant ainsi le chemin à suivre. Oyara sa Corneille, virevoltait non loin d'elle, se posant sur une branche en l'attendant de temps à autre. Parfois même elle disparaissait de la vue de notre démone pour réapparaître un peu plus tard. Drôle d'oiseau !
Elle continuait son ascension, elle redescendait parfois pour trouver une meilleur prise mais elle admirait le paysage vu de la haut. Elle avait toujours aimé les hauteurs.

Oyara se mit à croasser. La jeune femme se positionna de façon à ne pas être repérée trop facilement. Elle était en alerte. Le croassement de son volatile était différent, plus léger. Elle tenta de la suivre quand celle-ci s'éloigna d'un seul battement d'aile. Elle tomba sur une clairière. Oyara trônait sur la souche d'un arbre mort auprès d'une silhouette. Un homme à première vue, une chevelure sombre, brune. Une silhouette bien bâtie, musclée mais sans être extrême. Un homme de carrure. Elle observa silencieusement, perchée sur son arbre. La corneille s'était prise de passion pour cet homme car il chantait... elle n'arrivait pas clairement à distinguer les paroles de ce chant mais il plaisait à Oyara. Elle espérait bien qu'elle ne reviendrait pas vers elle, ce qui l'obligerait à se monter, à descendre de son arbre pour finalement aller se présenter à lui. Satané volatile qui allait la mettre dans l'embarra. Elle se pencha légèrement en avant pour mieux le voir. Elle manqua de tomber et se redressa tandis qu'Oyara se livrait à un accompagnement plutôt rudimentaire mais assez harmonieux pour une corneille.

Elle décida de rester là. Le dos contre le tronc, les jambes pendante de chaque côté de la branche sur laquelle elle s'était assise. Elle ferma les yeux pour se laisser bercer tranquillement par le chant de l'homme. Le temps... il défilait plus vite que prévu. Elle s'endormit. Quand elle rouvrit les yeux, l'homme semblait avoir sympathisé avec Oyara, elle était pourtant peu sociable envers les inconnus. Un pouvoir dans sa voix ? La capacité de charmer ? Peut-être, elle n'en savait rien. Elle irait surement se renseigner plus tard. Soudain, l’œil sombre d'Oyara se posa sur elle, puis elle déploya ses ailes sous le regard horrifié de la demoiselle masqué. Un masque rouge, allant avec sa cape. Rouge et noir pour être exacte ! Oyara se posa juste entre ses jambes, elle vint déposer une caresse sur le plumage de l'oiseau... Ne baissant pas son regard sur l'homme, espérant qu'il ne la verrait pas... elle pouvait toujours espérer et rêver.

Mais Oyara la fixa. Un regard malicieux. Elle donna un bref coup d'aile sans s'envoler mais suffisant pour déséquilibrer notre danseuse. Elle bascula. La chute était inévitable. Sa main s’agrippa à une branche en contre bas, elle se balança, descendant progressivement. Comme si voulait cette rencontre. Elle tomba accroupie sur le sol humide, sa cape se déposant sur elle comme un voile. Elle n'avait plus le choix. D'entre ses lèvres sortit une formule de politesse :

-Bonjour. Excusez Oyara pour le chant... c'est une tête de mule.

[c'est nul je sais, il était 5h quand j'ai écris ça]