Quelle piètre idée. Faire confiance à une espèce de vieux débris... Alen'Di avait croisé ce dément croulant quelques jours auparavant, alors qu'il arpentait les rives du lac d'Ascelnoth. Ce dernier l'avait aussitôt invectivé, lui parlant d'un grand trésor caché dans les marais. Une proposition qui puait le piège à plein nez, presque autant que l'eau marronnâtre dans laquelle il pataugeait désormais. Car oui il avait accepté d'écouter son histoire... Après tout, les environs de la cité en ruine étaient connus pour abriter toutes sortes de vestiges du passé. Et comme se plaisait à le dire le Mirage, c'était dans le passé que l'on trouvait la puissance. Farfouillant dans ses amples poches, le jeune homme finit par en sortir un petit carnet, à l'intérieur duquel il gribouillait les informations qu'il glanait de ci de là. Et quelques lignes au-dessus des élucubrations du vieillard, un ancien poème recopié d'un livre de contes. Une petite histoire dans laquelle un esprit des eaux envoûteraient les voyageurs pour les noyer dans la vase, en soufflant dans une petite flûte en bois.

- Hum... Tellement désespéré que je me mets à croire aux contes de fée.

Mais toutes les légendes avaient un fondement et puis... Il n'avait nulle part où aller. Sa patrie l'avait rejeté, à juste titre, et le reste du monde lui semblait bien trop froid pour qu'il y accorde un quelconque intérêt. Non cette existence de vagabond lui plaisait bien. Au moins les jours ne se ressemblaient pas, au moins sa vie avait un intérêt. Et cette soif qui lui dévorait les entrailles semblaient le rendre plus vivant chaque jour.

C'était donc ainsi que le jeune Alen'Di se retrouva perdu dans le marécage, ses pieds nus enfoncée dans une boue répugnante, une eau putride lui battant les mollets. La saleté maculait son corps et l'environnement rendait son avancée bien difficile. Mais avait-il une destination au moins ? Ce devait être pour cette raison qu'il s'était égaré... Un petit rire s'échappa de sa gorge alors qu'il abattait Lenaa sur une pauvre grenouille qui avait osé croasser. Bon ok il était légèrement de mauvaise humeur. L'eau était froide et tellement de sangsues lui pompaient les chevilles qu'il risquait de se vider de son sang dans quelques heures. Qui plus est, à part des arbres, de la boue et de la flotte sale, rien à l'horizon. La nuit était tombé depuis quelque heures maintenant, mais le jeune homme continuait à errer la main sur la poignée de son sabre. Ses pas troublaient à peine l'onde et il était aussi silencieux qu'une ombre... Soudain un son fissura la quiétude, vers sa droite. D'un mouvement rapide il se tourna dans cette direction, les sens aux aguets.
C'est alors qu'il aperçut ce qui lui semblait être comme un miracle. De la lumière. Une lumière chaude et envoûtante, la lueur de flammes dansantes. Sans quitter un instant sa posture de prédateur, Alen'Di se dirigea vers la vie.

Alors que la jeune femme jonglait nerveusement avec ses deux courtes lames, le marais changea. Les lieux restèrent les mêmes, la nuit était toujours aussi noire, les eaux toujours aussi nauséabondes. Mais la vie semblait brutalement se réveiller, et d'une manière absolument pas naturelle. Un bourdonnement s'éleva tout autour des deux humains, et s'intensifiait à chaque seconde. Un juron s'échappa des lèvres du jeune homme, alors qu'il brandissait Lenaa au-dessus de sa tête. Pas une seconde il n'avait craint les habitants du marais, du moins pas jusqu'à maintenant. Car il avait compris ce qui était en train de se réveiller, et cela le fit frissonner. Des suceurs de sang, des moustiques. Des nuées de millions de moustiques qui vrombissaient autour d'eux... Elisabeeth regarda autour d'elle d'un air inquiet et se rapprocha du dos de l'épéiste qui était prêt à combattre. Sans départir de son ton ironique et moqueur, le Danse-Lame murmura :

- Très chère Elisabeeth. J'aimerais conclure un contrat... Je m'engage à vous protéger, quoiqu'il advienne, des périls de ce marécage putride. En contrepartie, j'aimerais que vous me disiez absolument tout ce que vous savez sur les ruines d'Ascelnoth et les légendes qui l'entoure. L'étrange créature que vous avez mentionné m'intrigue au plus haut et je crains, hélas, que j'ai réveillé une entité similaire.

Le jeune homme n'attendit pas sa réponse et il fit appel aux pouvoirs de sa délicieuse lame. Fort heureusement, la jeune avait choisi le bon endroit pour s'établir : l'îlot était sablonneux, au moins au niveau des berges. Un sable humide et lourd, mais c'était suffisant pour le djinn qui résidait au sein de l'épée... Ce dernier s'envola brusquement et se mit peu à peu à tournoyer tout autour des deux jeunes gens, les enveloppant comme dans un cocon protecteur. A travers le rideau salvateur, Alen'Di voyait les nuages noirs de moustiques qui bourdonnaient de rage. Les quelques insectes qui tentaient de pénétrer la barrière était pris dans le flux et rapidement broyé entre les grains minéraux. A chaque seconde qui passait, la tempête de sable s'intensifiait et n'épargnait plus vraiment les deux humains... Un sourire confiant sur les lèvres, le sabreur intima à la personne qu'il avait décidé de protéger de se baisser, ce qu'elle fit sans rechigner.  C'est alors qu'Alen'Di commença à danser. Pas après pas, il déplaçait ses pieds avec grâce suivant un complexe schéma connu de lui seul... Et c'est alors que son corps se mit à tournoyer, avec une vitesse et une trajectoire qui semblaient extraordinaire pour un simple humain. Mais c'était là tout l'art du Danse-Lame. Alen'Di raffermit sa prise sur Lenaa et tranchait l'air horizontalement, avidement, férocement.
Un oeil avisé aurait vu tout le pouvoir magique qui suintait du tranchant, une magie qui prenait la forme de grains de sables fins et acérés. Lorsqu'elle le désirait, l'épée pouvait libérer un sable magique, temporaire, mais tout à fait tangible. La tempête de sable était telle que bientôt ni Alen'di, ni Elisabeeth ne purent entendre le rugissement des moustiques. Mais en contrepartie de fines plaies commença à consteller le corps du jeune homme... Puis il effectua un dernier tour sur lui-même, plus rapide et plus sec et le mugissement de sa tornade cessa. Les grains de sables furent brutalement projeté tout autour de l'épéiste. Les insectes étaient tués par milliers, broyés par la puissance de Lenaa et d'Alen'Di. Ce dernier laissa échapper un rire jaune en constatant que l'essaim semblait se reformer, comme si l'attaque était passé au travers... Les bestioles voraces étaient trop nombreuses pour lui. De simples insectes... Mais la force du nombre n'avait aucun égal. Comme étant mus par une seule volonté communes, les moustiques fondirent sur les deux pauvres humains qui n'étaient plus protégés par le mur de sable. Une grimace de dégoût passa sur le visage du jeune homme alors qu'il sentait les dards s'enfoncer sous sa peau, son propre sang lui être dérobé...
Non sans avoir à nouveau apposé un masque serein sur ses traits, le Danse-Lame se tourna vers la jeune Elisabeeth de Beaufort.

- Désolé je n'ai rien de mieux à faire... Toutefois, je n'ai pas spécialement envie de me voir dévoré par un essaim de moustiques frénétiques, aussi il ne nous reste qu'une seule solution. On plonge ?

Désolé,je suis de retour :

[HRP] Il y a beaucoup de faute, pas eu le temps de corriger, je repasserais le faire. [/HRP]

A nouveau les ténèbres s'étaient emparés du marais. Lorsque le jeune avait ressorti sa tête de l'eau, il avait aspiré goulument autant d'air que possible avant de se réfugier à nouveau sous la surface. Il répéta l'opération plusieurs fois, jusqu'à ce que la nuée de moustiques ne finisse par s'en aller. Mais, il ne s'était pas rendu compte qu'il avait beaucoup nagé, s'étant éloigné de la jeune femme. De plus, maintenant qu'elle avait éteint le feu, il ne voyait aucun moyen de la retrouver. Alen'di se sentit quelqu'un peu coupable, il avait dit qu'il la protégerait, et désormais elle se retrouvait seule. Un frisson agita les épaules de l'épéistes. Oui il avait froid, mais c'était bien la peur qui l'agitait. Au loin, il entendait encore le nuage d'insecte bourdonner... C'était sans aucun doute lié à un artéfact magique. Alen'di ne pouvait pas concevoir la possibilité qu'autant de moustiques se soit alliés et mis à chasser ensemble.  
Malgré la situation qui était tout sauf bonne, le jeune homme ne put réprimer un petit sourire. Il n'était pas venu pour rien au moins. Quand à savoir si c'était la flûte qu'il recherchait qui était à l'origine de cela, il verrait bien en mettant la main dessus. Alors il nageait péniblement vers les racines d'un palétuvier, il se mit à vaciller. Ses mouvements étaient plus hasardeux, il avait l'impression que ses bras étaient de plomb. Il avait l'impression de se vider de son sang... Les moustiques ? Non impossible, il ne les entendaient plus désormais. Le banni des sables pâlit en comprenant à quel point il était dans une mauvaise passe. Les insectes suceurs de sang étaient les premiers, mais non les derniers à s'attaquer à lui ! Usant de ses maigres forces, le chercheur de trésor parvint à se hisser sur les racines de l'arbre, puis entreprit de l'escalader en s'aidant de ses nombreuses branches. Une fois qu'il se retrouva suffisamment au dessus de l'eau, il s'accorda une petite pause et laissa courir ses mains sur ses jambes. Sous le tissu de son pantalon, ce n'était pas sa peau qu'il sentait mais une masse grouillante et visqueuse... Sans hésiter il déchira la soie avec sa lame et poussa un juron en constant que ses membres inférieurs étaient complètement recouverts d'horribles sangsues noires, qui palpitaient au fur et à mesure qu'elles le vidaient de son propre sang. Une colère s'empara du bras d'épée d'Alen'di, qui se mit alors à taillader sans relâche les affreuses bestioles. Le sang coulait à flot, le tronc ne tarda pas à se teinta d'un rouge sombre évocateur. Une victoire amère, car c'était bien le sien de sang qu'il répandait en fin de compte.
Il lui semblait que tout le marais se rebellait contre la pauvre Elisabeeth et lui même... A moins que ce ne soit que les nuisibles ? Car après tout il n'avait pas vu de gros animal pour le moment. Quoiqu'il en soit, il devait faire part de tout ça à la jeune femme. Mais comment la retrouver ?