Ce n'est pas encore terminé. [PV Eldareth et Narydia]

________________ ________________

Le retour vers Madorass ne fut pas très difficile pour eux. Certes, ils avaient fait en sorte de rester le plus discrets possible et d'emprunter des chemins détournés pour rejoindre la capitale mais, ils n'avaient quand même pas pu se permettre de pénétrer la ville en passant par les entrées "conventionnelles". La nouvelle de l'attaque s'était répandue bien vite et il y avait beaucoup d'agitation autour de la capitale. Avec deux grands et lourds sacs remplis d'or, il leur aurait été difficile de ne pas éveiller les soupçons lors du contrôle de vérification. La solution était très simple, les égouts, encore une fois ! De cette façon, personne ne pourrait les contrôler et, en pleine nuit, il serait encore plus difficiles pour les gardes de les remarquer.

La première chose qu'ils firent fut de se rendre à l'auberge de la panse repue. Alekseï était un client discret mais habitué de ces lieux et il s'entendait bien avec le patron. Bien sûr, il lui fut pas facile d'expliquer la présence d'autant d'argent avec lui mais, il lui fut bien plus facile de calmer sa curiosité à l'aide un supplément. Il loua une chambre relativement petite et pas tout à fait en état. Située tout au fond de l'établissement, personne ne viendrait l'enquiquiner. Ils y restèrent quelques jours, le temps que la pression retombe un peu puis, il fit envoyer une lettre au général Eldareth, une lettre tamponnée bien sûr, qui mentionnait un point de rendez-vous, une heure très tardive, peut-être même matinale, la somme qu'il lui apporterait et, surtout, une demande un peu particulière ... Un permis de construire.

Bien que Narydia était au courant de l'attaque du convois, elle n'était pas au courant de son accord avec le général et justifier la disparition de la moitié de la somme lui fut difficile. Bien qu'il avait envoyé la lettre dans son dos, il lui avait expliqué que, par remord pour Weed et ses hommes, il avait décidé de céder la moitié de la somme à l'organisation démocratique qu'il présidait. Avec de tels fonds, ils pourraient facilement se soulager de la perte de leur meneur et renforcer leur influence de telle façon que la balance pencherait en leur faveur, renversant ainsi les royalistes qui menaient la danse à l'heure actuelle. Ca ne lui faisait pas plaisir de lui mentir mais, c'était nécessaire.

Ce soir là, donc, il avait invoqué mille et un prétexte pour qu'elle ne l'accompagne pas. Il avait réussi, finalement mais, il s'en était fallu de peu. Le point de rendez-vous n'était autre que la maison de Weed, désormais vide. Personne n'était là pour la garder, ses hommes ayant été éliminés jusqu'au dernier. Décidément, les choses n'étaient vraiment à son honneur, bien loin de là même. Il se disait que ce n'était qu'un mauvais moment à passer et qu'après, il pourrait reprendre ses activités en toute tranquillité. Il n'avait apporté qu'un seul sac, soit la moitié du butin, comme convenu. Assis sur l'un des trois fauteuils du salon, face à celui où s'asseyait son ami auparavant, il attendait patiemment l'arrivée du général, qui était bien sûr censé venir seul.

~ Le Purificateur ~ ________________ ________________

Pacte

"L'intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé."

La rochefoucauld

Eldareth s'était déjà absenté de Feleth pendant quelques bonnes dizaines d'heures, pour des raisons qui restent inconnues pour ses hommes. Mais l'attente d'avoir des nouvelles d'Aleksei à son retour ne fût guère longue. Outre les rumeurs délirantes, on lui adressa une lettre de lui en plus de sa position, où figurait un point de rendez vous, une heure et une date, en plus d'une demande de permission pour construire. Ce n'est pas vraiment l'argent qui intéressait le Général, mais plus ce qu'était capable de faire ce mystérieux scientifique et les risques que cela entraînerait. Après tout, de l'argent, il pourrait s'étouffer avec.

Narydia était aussi au centre de son attention. Elle menait une relation plus ou moins étroite avec Aleksei, et d'eux deux c'était celle qui lui avait le plus cassé les couilles, si vous voyez ce que je veux dire. Quelle idée de refourguer un Démon comme Alexander à un Ange corrompu ? "Nettoyer" les merdes qu'elle laissait dans son passage n'était pas aisé du tout. Mais comme elle ne figurait pas parmi ses alliés, il ne l'aiderait pas. Alors il avait "oublié" de tuer le nouvel hôte d'Alexander après la difficile extraction de celui-ci. Peut-être n'était-ce finalement pas si bête, car cet homme, "Klein", finira tôt ou tard par devenir une marionnette qu'Eldareth manipulera avec joie, tant la magie d'Alexander est imprévisible et incontrôlable.

Il changea les vêtements utilisés durant son périple précédent, pour en mettre des plus simples et plus légers. Un pantalon de cuir aussi blanc que ses chaussures "italiennes" et que sa veste à capuche , ainsi qu'une chemise rouge. Un ensemble très chic et peu commun. Il avait bien sûr gardé ses lames rétractables et quelques outils sur lui, sans oublier de prendre son Katana outre le permis de construire. Il s'en alla seul, comme demandé sur la feuille. Après tout, avait il vraiment besoin de gardes ? Il est lui même la meilleure défense qu'il puisse espérer.

Capuche rabattue, il se dirigea vers le point de rendez-vous, qui se trouvait être une maison de classe moyenne, située dans un quartier plus calme et vide. Il entra sans toquer, mais ne cherchait pas spécialement à être discret. Le plancher se craquelait sous la pression de ses talons, de façon rythmique et assurée. Il n'y avait aucun signe de vie, ici. Il poussa la porte de ce qui servait de salon et y découvrit Aleksei, pensif jusqu'alors. Sans user de paroles inutiles, il vînt s'asseoir juste en face de lui, le regardant impassiblement. Il n'y avait dans ses yeux, que 2 sentiments : Joie, tristesse. Un beau mélange.
"Je ne pensais pas te voir aussi rapidement. Enfin, c'est peut-être une bonne chose. Comment vont les choses, Aleksei ?"
Il se contenta de lui donner le sac à ses pieds sans répondre. Il avait envie d'en finir. C'était évidant. Eldareth, qui avait parallèlement penché sa tête pour la poser contre son poing gauche, avait tout le temps. Et les choses méritaient d'être claires, maintenant et tout de suite.
""Je veux un droit de veto sur toutes tes créations, et pas de fuite. En aucun cas ce que tu fais doit tomber entre de mauvaises mains, nous irions tout droit vers la catastrophe. Aussi, tu éviteras de balancer des bombes dans la rue et de faire n'importe quoi comme tu l'as fait jusqu'à présent. Mon pouvoir à des limites, je ne peux pas couvrir tout et n'importe quoi. Si tu fais trop le con, je te tuerai et m'enfilerai ta dépouille, Aleksei. T'as capté ?
. . .
Maintenant, tu travailles avec moi. Cela signifie que tu es plus ou moins attaché au royaume. Je ferai en sorte que personne ne te dérange, ni les anges ni les démons, ni même des Dieux en admettant qu'ils existent. Cependant, essaye de ne pas trop provoquer, ça m'arrangerait beaucoup. T'es pas la première perle que je rencontre et je ne suis pas ta mère.
. . .
Enfin, essaye d'être franc et loyal. Je ne suis pas réellement ton ennemi. Ne m'oblige pas à lire en toi à chaque fois qu'on se croise. Je sais très bien que tu ne peux pas accomplir la prouesse de la dernière fois tout le temps. Tu me communiqueras tout ce dont tu as besoin, il sera à toi."
Il s'apprêtait à lui donner le permis de construire, mais se stoppa en plein mouvement pour lui poser :
"Et que comptes-tu faire par la suite, Aleksei ?"

________________ ________________

Il y avait un atmosphère fort étrange qui régnait dans la maison de Weed. Silencieuse, déserte et pourtant en parfait état, un contraste qui dérangeait. Alekseï était habitué à la solitude, il aurait normalement dû très bien se sentir ici mais, il n'avait qu'une seule envie, s'en aller. La mort de Papy lui pesait lourd sur les épaules, il le savait mais, ce n'était pas ça le problème, ou du moins, pas que ça. On aurait dit que la solitude lui pesait aussi très lourd. Il prenait conscience peu à peu que, en fait, il ne s'y était jamais habitué mais, qu'à force de la côtoyer, il s'y était résigné. Les derniers événements l'avaient sortit de cet état et, maintenant, tout ceci lui paraissait bien étranger. Un pas en avant, un pas en arrière ? Il ne le savait pas, il ne le savait plus et n'avait pas envie d'y réfléchir maintenant. Il attendait le général et ce dernier, ponctuel, ne fut pas en retard. Mieux encore, il se permettait de lésiner sur la discrétion, étant entrée sans avoir frappé et s'étant habillé d'une façon tout à fait ... Remarquable. Cela étonna d'ailleurs le scientifique de le voir vêtu ainsi, il ne croyait pas capable d'autant de décontraction. Ce personnage était aussi non foutiste et imprévisible que lui ce qui, quelque part, le poussait à se méfier de lui mais qui, d'autre part, le rendait fort sympathique a ses yeux. Il n'oubliait pas qu'il était un démon mais, il était forcé de reconnaître qu'il ne correspondait à l'archétype de son espèce, étudier sa psychologie serait très enrichissant. L'homme vint s'asseoir juste en face de lui, plongeant son regard dans le sien et conservant le silence pendant un moment.

- Je ne pensais pas te voir aussi rapidement. Enfin, c'est peut-être une bonne chose. Comment vont les choses, Aleksei ?

Rytchkine se contentant d'envoyer le sac à ses pieds, c'était un bon moyen de répondre à sa question. Et puis, en tant que télépathe, il devait certainement être au courant de son état d'esprit et son envie d'en finir rapidement. Le général pencha sa tête et la posa contre son poing, accoudé.

- Je veux un droit de veto sur toutes tes créations, et pas de fuite. En aucun cas ce que tu fais doit tomber entre de mauvaises mains, nous irions tout droit vers la catastrophe. Aussi, tu éviteras de balancer des bombes dans la rue et de faire n'importe quoi comme tu l'as fait jusqu'à présent. Mon pouvoir à des limites, je ne peux pas couvrir tout et n'importe quoi. Si tu fais trop le con, je te tuerai et m'enfilerai ta dépouille, Aleksei. T'as capté ?
. . .
Maintenant, tu travailles avec moi. Cela signifie que tu es plus ou moins attaché au royaume. Je ferai en sorte que personne ne te dérange, ni les anges ni les démons, ni même des Dieux en admettant qu'ils existent. Cependant, essaye de ne pas trop provoquer, ça m'arrangerait beaucoup. T'es pas la première perle que je rencontre et je ne suis pas ta mère.
. . .
Enfin, essaye d'être franc et loyal. Je ne suis pas réellement ton ennemi. Ne m'oblige pas à lire en toi à chaque fois qu'on se croise. Je sais très bien que tu ne peux pas accomplir la prouesse de la dernière fois tout le temps. Tu me communiqueras tout ce dont tu as besoin, il sera à toi.

Alekseï se renfonça dans son fauteuil, posant ses deux coudes sur les accoudoirs et croisant les doigts. Il en avait des revendications ... Et c'était tout à fait normal et acceptable. Dans le fond, il n'aurait même pas eu besoin de les lui demander. Il n'avait pas tord non plus quand il disait qu'il n'était pas "réellement" son ennemi, le scientifique ne l'était pas non plus et puis, si ils y trouvaient tous les deux leur compte, pourquoi se faire la tête mutuellement ? Au contraire, un brin de sympathie rendrait les choses tellement plus agréables. Il l'écoutait, patiemment, il n'avait pas l'intention de l'interrompre bien que quelque chose le gêna malgré tout. Il avait un papier dans la main, surement le permis, il se pencha même vers lui pour le lui donner mais, il s'arrêta en chemin.

- Et que comptes-tu faire par la suite, Aleksei ?

Rytchkine se pencha à son tour et attrapa le morceau de papier sans pour autant le retirer de la main du général. Il afficha un sourire au coin des lèvres et rétorqua d'un voix calme et amicale.

- Beaucoup de choses. Je dois faire reconstruire mon habitat et lieu de travail dans un endroit isolé et difficile d'accès. Il me faudra être très autonome, c'est pour cela que je dessinerai moi-même les plans de construction avant de l'aménager. J'ai des recherches à faire sur les magies élémentaires, la noire, la blanche et tout ce qui y est lié ... Je ne vais pas accomplir ce qu'on m'a chargé d'accomplir en restant assis sur ma chaise. Bien sûr, il y a tellement d'autres choses à faire avant et je compte bien développer davantage mon outillage, qu'il s'agisse de magie, d'armes, d'appareillages ou même de mon armure. La science est sans limite et je me dois de la faire progresser, les sujets sont innombrables mais, j'en ai une vue d'ensemble et petit à petit deviendra grand. Qui sait ? Peut-être qu'en observant le développement de certaines plantes, je pourrais expliquer le manque de rétrocompatibilité de la magie blanche ? Ou peut-être qu'en étudiant davantage les différents états de l'eau, je pourrais comprendre pourquoi la magie noire ne s'auto-annule pas ? C'est pire qu'un jeu de hasard, c'est de la folie.

Il extirpa finalement le permis et revint se plonger dans son assise.

- Je suis un homme de parole, tout ce que tu voudras, tu l'auras. Pas de provocations, pas de fuite, pas de mensonges et pas de trahison. De la discrétion et de l'intégrité en somme. Malheureusement, il y va y avoir un léger soucis sur la transparence. Comme je te l'ai dit, je ne peux pas me permettre de t'incorporer à mes recherches et je ne pourrais donc pas te divulguer l'objectif de mes travaux. Te tenir au courant des dernières évolutions, pourquoi pas mais, uniquement sur ce qui pourra t'être utile. Tu comprends, il y a des choses qu'il ne faut pas voir et d'autre qui peuvent coûter très cher. Ce soucis de transparence implique un soucis sur le veto, enfin, sur ce qui pourra t'être utile là aussi. Un droit de regard partiel, si on veut mais, un droit de regard très étendu. C'est un paradoxe car, même si j'ai un objectif ultime, sa concrétisation ne représente qu'une infime part de mon travail, étrange non ?

Il ouvrit l'autorisation et se mit à la lire tout en continuant de parler.

- De toutes les façons, qu'aurais-je comme intérêt à essayer de te doubler ? Tu l'as dit toi-même, tu n'es pas forcément mon ennemi et je ne suis donc pas forcément le tiens. Tu m'aides, je t'aide, tout le monde y gagne et on ne s'ennuie pas avec les formalités. Je ne suis pas du genre charognard, un pacte est un pacte, qu'importe la situation. Avec le temps, peut-être qu'on apprendra à se faire confiance, ça ne sera pas plus mal, même si je crains que ça ne sera qu'une apparence, tu n'es pas du genre à accorder ta totale confiance à quelqu'un d'autre que toi-même, je me trompe ? Même à Alexander, vous devez bien vous entendre mais, je suis persuadé que quelque part, il y a un doute, une virgule peut-être mais, un doute quand même.

Enfin, je ne suis déjà pas apte à me comprendre moi-même, alors pour comprendre ce genre de choses ... Comment va-t-il en fait ?

Dit-il en relevant la tête vers le général.

~ Le Purificateur ~ ________________ ________________

Terminus.

"L'homme croit souvent se conduire lorsqu'il est conduit, et pendant que par son esprit il tend à un but, son coeur l'entraîne insensiblement à un autre."

La Rochefoucauld.

"Et que comptes-tu faire par la suite, Aleksei ?"

Rytchkine se pencha à son tour et attrapa le morceau de papier sans pour autant le retirer de la main du général. Il afficha un sourire au coin des lèvres et rétorqua d'une voix calme et amicale.

"Beaucoup de choses. Je dois faire reconstruire mon habitat et lieu de travail dans un endroit isolé et difficile d'accès. Il me faudra être très autonome, c'est pour cela que je dessinerai moi-même les plans de construction avant de l'aménager. J'ai des recherches à faire sur les magies élémentaires, la noire, la blanche et tout ce qui y est lié ... Je ne vais pas accomplir ce qu'on m'a chargé d'accomplir en restant assis sur ma chaise. Bien sûr, il y a tellement d'autres choses à faire avant et je compte bien développer davantage mon outillage, qu'il s'agisse de magie, d'armes, d'appareillages ou même de mon armure. La science est sans limite et je me dois de la faire progresser, les sujets sont innombrables mais, j'en ai une vue d'ensemble et petit à petit deviendra grand. Qui sait ? Peut-être qu'en observant le développement de certaines plantes, je pourrais expliquer le manque de rétrocompatibilité de la magie blanche ? Ou peut-être qu'en étudiant davantage les différents états de l'eau, je pourrais comprendre pourquoi la magie noire ne s'auto-annule pas ? C'est pire qu'un jeu de hasard, c'est de la folie."

Sareth s'était enfoncé un peu plus dans son siège. Etudier le fond de la magie ? C'est fou, effectivement, car le domaine est vaste et incompréhensible, surtout pour un être mortel qui n'en n'a même entièrement vu la forme. Eldareth savait que la magie a donné il y a longtemps la vie aux premiers démons, et que tous les êtres présents descendent forcement d'eux. Ensuite, elle a créé les mondes. D'abord il y a celui d'origine, le Vein. Ensuite est né Adiryl, puis Feleth. Pour Eldareth, ces mondes vivent, pensent et sont liés en permanence, malgré leurs différences. Savait-il cela, au moins ? Peut-être que oui, peut-être que non. Dans tous les cas, Eldareth n'avait pas envie de déclencher une discussion sur le sujet. Cet homme, Aleksei, découvrira tôt ou tard cette forme avant d'en comprendre le fond. Aleksei extirpa finalement le permis et revint se plonger dans son assise :

"Je suis un homme de parole, tout ce que tu voudras, tu l'auras. Pas de provocations, pas de fuite, pas de mensonges et pas de trahison. De la discrétion et de l'intégrité en somme. Malheureusement, il y va y avoir un léger soucis sur la transparence. Comme je te l'ai dit, je ne peux pas me permettre de t'incorporer à mes recherches et je ne pourrais donc pas te divulguer l'objectif de mes travaux[...]

Encore heureux, ce serait trop simple pour lui. Un Objectif ? Le général ne mettrait pas longtemps à le savoir. Pour lui, Aleksei n'était qu'un enfant, un enfant intelligent qui se pose des questions. Et lorsqu'un gamin se pose des questions, il est facile pour un adulte de savoir "pourquoi" et où il veut en venir". Aleksei avait encore du chemin à faire et Eldareth ne serait qu'un spectateur, jugeant objectivement ce qu'il fait. Un spectateur qui a déjà vécu sa vie et qui s’intéresse à celle des autres. Un spectateur qui, d'un coup de main, peut tout changer.

[...]Te tenir au courant des dernières évolutions, pourquoi pas mais, uniquement sur ce qui pourra t'être utile. Tu comprends, il y a des choses qu'il ne faut pas voir et d'autres qui peuvent coûter très cher[...]

Ces mots sont plus que risibles.

[...]Ce soucis de transparence implique un soucis sur le veto, enfin, sur ce qui pourra t'être utile là aussi. Un droit de regard partiel, si on veut mais, un droit de regard très étendu. C'est un paradoxe car, même si j'ai un objectif ultime, sa concrétisation ne représente qu'une infime part de mon travail, étrange non ?"

Eldareth haussa le sourcil. Alors Aleksei ne cherchait pas qu'à comprendre (à moins que cela soit son Objectif), il essayait de trouver ce qui semble être similaire à une "solution". Mais nous ne trouvons de "solution" que lorsqu'il y a un problème. Quel était le sien ? Que voulait il faire ? Il ouvrit l'autorisation et la fixa tout en continuant de parler :

"De toutes les façons, qu'aurais-je comme intérêt à essayer de te doubler ? Tu l'as dit toi-même, tu n'es pas forcément mon ennemi et je ne suis donc pas forcément le tiens. Tu m'aides, je t'aide, tout le monde y gagne et on ne s'ennuie pas avec les formalités. Je ne suis pas du genre charognard, un pacte est un pacte, qu'importe la situation. Avec le temps, peut-être qu'on apprendra à se faire confiance, ça ne sera pas plus mal, même si je crains que ça ne sera qu'une apparence, tu n'es pas du genre à accorder ta totale confiance à quelqu'un d'autre que toi-même, je me trompe ? Même à Alexander, vous devez bien vous entendre mais, je suis persuadé que quelque part, il y a un doute, une virgule peut-être mais, un doute quand même. Enfin, je ne suis déjà pas apte à me comprendre moi-même, alors pour comprendre ce genre de choses ... Comment va-t-il en fait ?"

Le général se redressa, planta ses yeux dans les siens avant de répondre :

"Il dort."

Le scientifique le regarda, perplexe. Eldareth, n'ayant guère envie de s'enfoncer dans les explications, rétorqua impassiblement :

"Comme tu l'as dit plus tôt, il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas savoir, Aleksei."

Il enchaîna :

"Nous nous ne attardons pas sur des sentiments humains et inutiles comme le doute. Et à ce stade de notre existence, le doute n'est plus toléré ni même possible. Nous sommes une unité, et ce depuis bien longtemps."

Il ne s'attarda pas pour développer. Bien que la relation Sareth/Alexander était différente de celle Sareth/Aleksei, elles avaient toutes deux des points communs. Eldareth se leva pour aller se coller devant la fenêtre. Il pouvait y observer le soleil s'extirper des vieux bâtiments de Madorass, éclairant cette ville noire comme l'histoire.

"Ce que tu as sacrifié pour parvenir ici avec ce sac d'or, n'est rien comparé à ce que tu sacrifieras pour parvenir à ton objectif, Aleksei. Et lorsque tu auras tout perdu, alors uniquement à ce moment, tu nous comprendras. C'est ce que tu deviendras et ce que tu seras capable de faire qui m’intéresse, Aleksei. Bien plus qu'un pauvre sac d'or."

Il avait deviné quelque chose, mais quoi ? Après tout, Aleksei comme Narydia n'avaient pas du tout été discrets et recoller les morceaux était plutôt simple. En ajoutant le fait qu'ils soient passés à la pense repue ~qui est étroitement surveillée par les espions d'Eldareth~ avec deux gros sacs d'or, la conclusion est facile. Il tourna les talons pour aller saisir ce sac, puis, d'un geste lent, poussa le vidé de son index. Un bruit strident, puissant, lourd. Une fissure. Puis... Quelque chose d'indescriptible. Comme si une bouche sans lèvres s'ouvrait devant eux, renfermant en elle un néant infini. Eldareth s'avança devant elle, mais avant d'y pénétrer, posa :

"Si tu as quelque chose à dire ou à demander, c'est maintenant."

________________ ________________