Ich bin der Doktor Kalbert Kamembert ! [Clos]

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Extrait de note n°22.

... Je n'arriverai jamais à comprendre comment et pourquoi les évènements se produisent-ils ainsi et pas autrement. Le hasard n'est vraiment pas une explication convaincante à mes yeux et je suis presque certain que derrière l'apparence anodine que prennent les choses qui nous arrivent, il doit se cacher une mécanique on ne peut plus logique et rigoureuse. En fait, notre existence toute entière n'est qu'une pièce de théâtre déjà écrite et terminée, nous ne sommes que des acteurs et nous nous contentons de jouer le script mais, pour quel public ? Ça, je n'en sais encore rien et il faut croire que nous jouons dans le noir. Ce dont je suis sûr, en revanche, c'est que le dernier acte n'as pas encore sonné et que mon propre rôle ne fait que commencer ...

[...]
Le bailleur lui avait enfin remis les clés du bureau et de la porte de service bâtiment administratif dans lequel ce dernier se trouvait. Alekseï avait eu les plus grandes difficultés à convaincre cet homme de le lui louer. En effet, pour lui, Rytchkine était un parfait inconnu et son alibi tenait encore moins la route. Cependant, un loyer revu à la hausse pour devenir deux fois plus cher, c'était un argument de poids et il avait finalement cédé à la demande. Ce jour-là donc, Alekseï récupéra les clés, le salua et referma la porte derrière-lui quand ce dernier quitta les lieux. Il déposa ensuite son imposante malle sur le sol poussiéreux et se dirigea vers la fenêtre d'où il s'assura bien que le propriétaire des lieux s'en était réellement allé. Chose faite, il se retourna ensuite vers l'office et, affichant un sourire malicieux sur le coin de ses lèvres, il entama le grand nettoyage de cette pièce qui n'avait apparemment pas servis depuis très longtemps.

- Ça commence.

Dit-il avec une voix très basse, comme s'il ne voulait pas que quelqu'un l'entende. Cet endroit était la pièce maîtresse d'un plan machiavélique qu'il avait préparé depuis des semaines et s'il y avait bien une chose sur laquelle il ne fallait pas se rater, c'était celle-ci. Mais avant de continuer, il serait bon de revenir un peu en arrière et de comprendre les raisons de sa venue ici.

En fait, tout ceci était parti d'un rien. Il y a très exactement deux mois, Rytchkine s'était rendu à Madorass et plus particulièrement, dans les quartiers défavorisés de la capitale. Il ne quittait normalement jamais sa tanière mais, parfois le besoin de retourner en ville ne se faisait que trop important. Cette fois-ci, il était à la recherche d'une drogue en particulier et avait prévu d'aller rencontrer Jack, un important dealer avec qui il avait l'habitude de commercer, un homme ivre de vices et d'immoralité mais, qui était aussi un homme d'affaires aiguisé dans le marché de l'information. Le problème, c'est que ce n'avait plus ce que Alekseï lui demandait. En revanche et dans un soucis de chiffre, il lui informa qu'il détenait une nouvelle qui pourrait beaucoup l'intéresser et que ça serait bien sûr en échange d'une somme qu'on pouvait qualifier de grasse et rondelette qu'il était prêt à la lui révéler. Bien évidemment, il n'avait aucune raison de lui faire confiance mais, dans le métier, il valait mieux ne pas avoir trop mauvaise réputation ... Et puis Rytchkine aurait vite fait de lui trancher la gorge.

Cette information donc, c'était une rumeur naissante à propos d'une jeune fille de dix-huit ans répondant au nom de Camelle Elwhang. Elle aurait des longs et délicieux cheveux noirs aux reflets violacés, des yeux qui, à la Lune, prendraient une couloir miroir et un étrange tatouage tribal sur son dos qui partirait de ses reins jusqu'à ses épaules et même jusqu'à son cou selon certains témoignages. Par ailleurs, la rumeur affirmerait qu'elle n'aurait pas de parents ou que son tatouage serait en fait une marque de naissance. Pour certains, ça ne serait que de l'excentricité, pour d'autres, ça n'aurait rien d'extraordinaire et pour Alekseï, ça serait tout simplement impossible. En effet, un humain ordinaire ne pourrait disposer de telles caractéristiques, cela ressemblait plutôt à ce qu'il avait l'habitude de voir sur Adiryl et plus particulièrement au niveau de la gente féminine. Quant au tatouage tribal qu'elle avait sur le dos, ce type de marque ressemblait étrangement à celles que portaient souvent les démons. Par conséquent, la rumeur serait en train de parler d'un hybride parfaitement stable et réussie or, pour lui, l'existence d'un tel être remettrait non seulement en question l'incompatibilité absolue des énergies blanches et noires entre elles mais également leurs rapports de force. Par conséquent, soit il se trompait, chose qui n'était que bien peu envisageable, soit il s'était passé quelque chose avec cette fille lors de sa conception qui aurait permis la fusion des deux énergies, ce qui lui ouvrirait donc une nouvelle piste exploitable dans sa quête d'éradication des ténèbres.

Mais, que faire d'une simple supposition ? Presque rien en effet et il fallait qu'il l'étudie en profondeur pour pouvoir réellement se prononcer à ce sujet. Et pour l'étudier, il ne pouvait pas se permettre de la capturer et de l'enfermer dans son laboratoire comme il aurait procédé avec n'importe quel autre créature car, le problème n'est pas vraiment d'étudier son physique mais surtout son psychique. Et le meilleur moyen pour qu'elle livre tous ses secrets sans la moindre retenue serait de la mettre en confiance, de la mettre en confiance en la confrontant à quelque chose qui serait tellement imprévisible à ses yeux qu'elle ne pourrait se permettre d'émettre le moindre doute sur son authenticité. Elle n'avait pas de parents ? C'était le moment de lui en trouver. Et voilà comment toute cette histoire a commencé, Alekseï avait ensuite passé plusieurs semaines à préparer son plan.

Il fallait qu'il se fasse passer pour un généalogiste et qu'il lui fasse miroiter la possibilité de retrouver ses géniteurs. Pour cela, il s'était beaucoup documenté et avait préparé son rôle avec minutie, après tout, rien ne pressait. Lorsqu'il fut fin prêt, il retourna à Madorass pour installer son faux cabinet dans ce bureau de location et mettre à exécution sa machine diabolique sous la fausse identité d'un généalogiste au nez fort, à la bedaine conséquente, à la barbe grise et aux cheveux dégarnis.

La première étape était simple et elle consistait en une lettre qu'il lui avait fait porter. Une lettre on ne peut plus officielle, tamponnée et scellée dans une enveloppe portant une discrète mention en italique indiquant, par la rétention de son attention, que ce courrier lui était destiné. L'écrit en lui-même était sobre et bien aéré, l'identité de l'expéditeur était clairement précisée en haut à gauche, un certain Kalbert Kamembert. Le nom du destinataire était aussi mentionné, l'objet de la lettre parlait d'une histoire d'éclaircissement généalogique sur lequel il aurait été mandaté par les autorités et enfin, le corps du message, bien que correctement rédigé, n'expliquait pas vraiment le problème et restait très flou. Cela dit, il laissait sous-entendre qu'il y avait un énorme héritage en suspend et que le temps pressait. Le papier se terminait par la fixation d'un rendez-vous en début d'après-midi avec ce fameux généalogiste, dans les quartiers bourgeois de Madorass et plus précisément, à l'administration annexe. Il restait maintenant à savoir si elle allait mordre à l'hameçon.