Le rituel funéraire d'Abou [réservé aux (futurs) membres de l'Arcane XIII]

Œil Noir ________________ ________________

Petite musique d'ambiance pour ceux qui le souhaitent bien sûr

Alors que le soleil descendait son propre chemin, Awena avançait vers le Mausolée. La cérémonie aurait lieu à la tombée de la nuit. Elle espérait que les disciples les plus proches d’Abou, le mage noir, avait réalisé la quasi-totalité des préparatifs et qu’ils avaient pensé à bien nettoyer le mort.

Elle s’approcha du bûcher et vit au pied tout un tas d’objets qui avait appartenu à Abou. La plupart des personnes ici croyaient que la mort était une délivrance et que si le rituel était bien réalisé dans les moindres détails alors le défunt arrivait dans un nouveau monde où il profitait de ses effets personnels. Ce nouveau monde pour la plupart était le Vein, Awena, dans son intérêt, avait volontairement préservé ses croyances et les avaient amplifié.
Elle vérifia que les pieds étaient bien en direction du seuil du manoir, puis suréleva un peu plus la tête. Elle prit trois pièces en or de sa poche et les déposa dans la bouche du défunt dont une qu’elle glissa sous la langue. Cet argent permettrait de payer le voyage à travers le fleuve démoniaque et de conduire Abou en lieu sûr.

Elle regarda autour d’elle et aperçut le Messager qui disposait les bougies et allumait les torches. Elle s’approcha de lui et tapota son épaule, il sursauta et la regarda. À l’aide de ses mains et en articulant lentement. Elle lui demandait où étaient les fleurs. Le Messager montra un seau au pied d’une colonne à l’extérieur de la salle. Elle sortit et prit le bouquet dans ses mains des gouttes tombaient sur le sol, mais avec la chaleur que provoquerait le bûcher, bientôt il n’y en aurait plus aucune trace.

Awena retourna vers le centre de la pièce, et déposa les Asphodèles tout autour du corps.

Spoiler:

La nuit venait de tomber, quelques disciples habillés de longues capes arrivèrent. Awena se faufila et posa la main dans le dos de Cassius, le meilleur ami d’Abou. Elle le fixa longuement puis vit qu’il avait pleuré, mais il ne voulait montrer cette faiblesse devant les autres. Awena murmura à son oreille.

«- Harriet Beecher Stowe a dit une fois; les larmes les plus amer que l'on verse sur les tombes, viennent des mots que l'on n'a pas dit et des choses que l'on n'a pas faites.»

Awena ne lui en dit pas plus et le laissa seul face à ses pensées. Elle se dirigea vers l’autel et sortit un poignard de sous sa cape, elle frappa légèrement dans ses mains afin de demander le silence. Elle attendait d’avoir toute l’attention avant de prononcer son discours.

À sa droite se tenait le Messager qui lui portait la torche avec laquelle tout s’enflammerait et sa gauche se tenait un disciple qui jouerait ce soir le rôle du « libatium ».
Ce rôle n’était jamais tenu par la même personne mais c’était un honneur de l’être. Soit le défunt avait choisi cette personne soit c’était elle-même qui s’en chargeait. Et cette fois-ci, c’était elle, Abou était jeune et ne pensait pas mourir de si tôt. Elle aurait pu choisir Cassius mais vu sa détresse, elle avait peur qu’il laisse s’échapper l’offrande. Tiens en parlant d’offrande, qu’avait-il trouvé aussi rapidement ?
Elle regarda et vit une jeune fille enchaînée et apeurée, elle ne pouvait hurler car le « libatium » l’avait bâillonnée et sûrement légèrement droguée. Elle devait à peine avoir 16 ans. Encore une âme qui allait permettre à l’Arcane XIII de s’élever à nouveau un peu plus haut et Abou de retrouver force et jeunesse.

Tout le monde avait les yeux braqués sur elle, Awena prit alors la parole.

« - Mes chers disciples ou futures… comme vous le savez, nous sommes réunis ici ce soir pour honorer la mort de notre grand mage noir, le dénommé Abou. Il est tombé au combat cet après-midi face à un praticien de la science… »

Awena continua sa longue tirade, sur les qualités d’Abou, ses défauts qui avaient contribué à sa perte et expliqua comment elle l’avait repéré et amené à eux, comment il avait lutté pour leur cause et comment il continuerait de l’autre côté.

« - Quelque soit celui qui verse le sang de l'homme, par l'homme sont sang sera versé. Il est temps de procéder au sacrifice.»

Awena donna le poignard au libatium et récupéra une immense jarre qu’elle plaça devant la jeune femme. Le libatium répéta plusieurs fois son sermon puis taillada les poignets de l’offrande. Il récupéra le sang dans la jarre, puis lui trancha le coup pour récupérer l’intégralité du précieux liquide. Il se recula et porta ensuite le corps en dehors du mausolée, là où des démons arcaneux s’en serviraient pour bien des choses.

Awena servit du sang dans une coupe puis la fit boire au défunt. Elle reposa ensuite la coupe près de la jarre. Cassius la rejoignit afin de l’aider à porter la jarre et déversa le reste du contenu sur Abou. La jarre fut jetée dans le tas d’objets.

Awena reprit le poignard qui avait servi à tuer la jeune femme et se coupa une mèche de cheveux, qu’elle déposa sur les mains repliées d’Abou.

« - C’est par ce geste que nous rendons honneur à Abou et symbolise qu’en le perdant aujourd’hui, nous avons tous perdu une partie de nous même.

Awena tendit le poignard au Messager qui coupa juste un cheveu (à dire vrai, il en avait déjà pas beaucoup) puis le passa un autre et ainsi de suite.
Une fois que chacun eut présenté ses hommages au défunt, Awena prit la torche des mains du Messager et mit feu au bûcher. Plus le feu durait longtemps, plus la vie du défunt serait belle dans l’autre monde.

Awena regarda chacun des disciples présents et les salua, elle partit ensuite dans la nuit noire en direction du Manoir. Demain matin, elle partirait à l’aube, elle avait eu un étrange message d’un membre de la Rébellion qui devait être destiné à cette crétine d’Awi qui partageait son corps. Elle devait mettre fin à tout ça et une chose est sûre si elle éliminait toutes les personnes qui essayaient de la contacter alors petit à petit elle aurait plein pouvoir.

Suite

________________ ________________

Le Messager était avachi sur son matelas et dormait à poing fermé. Pendant la nuit, des cauchemars monstrueux l’avait tiré de son sommeil. Il s’était revu, lui séquestré et torturé par les hommes de main de l’Œil noir puis... cette femme qui paraissait si jeune, si innocente et si généreuse, elle qui l’avait soigné, qui lui avait appris à récupérer de ses blessures, à devenir plus fort de jour en jour, mais elle aussi qui l’avait manipulé et l’avait entrainé dans cette galère.
Avant de se réveiller, il avait revu ce terrible papier qu’il avait découvert un jour « par hasard », il doutait que ce soit réellement par hasard ; ce papier qui lui avait fait comprendre que tout venait d’elle, qu’elle était manipulatrice et dangereuse mais envers qui malheureusement, il avait une dette.
Les phrases qu’il avait lues, ce jour-là, résonnaient encore dans sa tête quand il prit la direction de son atelier de potions.

« Perfide mais agile, fourbe mais posé, taré dans le sens barré, court-circuité mais en même temps intelligent. De nature aigri et renfermé, il n’aime pas côtoyer ceux de son espèce, un point de plus pour lui. Il semble attiré par tout ce qui brille, voir tout ce qui peut lui donner une sorte de supériorité. J’ai l’impression qu’il éprouve une haine sans fin envers ce monde du moins tel qu’il est aujourd’hui.
Hyper bizarre, trainant dans des lieux peu recommandables pour se procurer ses doses (des produits rares coûtants bien plus qu’une simple poignée d’or), il semble avoir développé une addiction à tous ces produits, le rendant encore plus étrange aux yeux de tous. Certains changent même de trottoir pour ne pas avoir à faire à ce « pauvre fou », à ce « vieux fou », à ce « pestiféré ».
Il sera aisé de lui faire rejoindre notre cause et après une petite leçon, il sera un parfait messager… il sera notre messager, le messager de l’Arcane XIII »

Une fois, devant son atelier, il prit une bouteille et ajouta de la poudre et un étrange liquide, il secoua le tout puis but d’une traite la mixture.

* Aaaahhhh voilà qui va déjà mieux, agissez petits poisons, embellissez mes rêves et faîtes durer ma nuit*

En s’aidant des meubles, il retourna vers son lit et s’effondra sur le matelas. Il n’eut même pas le temps de remettre la couverture sur lui, que les drogues faisaient déjà effet. Et puis, dans son malheur, il avait quand même un avantage, il était sourd alors ça n’allait sûrement pas être le bruit qui allait troubler son sommeil.

Quelqu’un fit irruption par la porte, mais bien entendu le Messager ne l’entendit pas. Il dormait profondément, il était en voyage dans un pays rempli de poneys, et d’animaux légèrement plus poilus. C’est alors qu’il sentit quelqu’un le tirer par le bras et le secouer comme un prunier. Par réflexe, il saisit sa dague et visa le cou de son adversaire. Ce n’est qu’en ouvrant son œil unique qu’il comprit sa bêtise. Ce n’était pas un adversaire mais un disciple qui avait du être envoyé par l’Œil Noir pour venir le chercher.

Il regarda l’homme convulser et lui ferma les yeux une fois son dernier souffle rendu.

* Et mercredi ! Comment je vais enlever tout ce sang moi ?! Et puis qu’est ce qu’il me voulait celui là ? Bon de toute façon, il ne pourra plus aller bien loin, il faudra que je trouve un moyen de me débarrasser de ce corps rapidement.*

Le Messager jeta un drap dessus puis sortit de son Pigeonnier pour se diriger vers le manoir. Il semblait y avoir de l’agitation, à en croire ce qu’il lisait sur les lèvres des disciples, un combat avait eu lieu entre mage et un scientifique. Et apparemment, le scientifique avait gagné.

* Il me croit jamais ses tarés quand je leur dit que la magie n’est rien et bientôt elle ne sera présente que dans nos rêves. Ah ah ah, je me demande bien quel tête à ce champion*

Le Messager se dirigea vers la salle d’entraînement et sa bonne humeur disparut d’un coup.

* Non mais regardez moi ce bordel, c’est pire qu’un lendemain de fête chez la famille Curly, oh et je suppose qu’on m’a appelé pour remédier à tout ça. Oh par les couilles de Monsieur Seguin, ils ont explosé le lustre, si je mets la main sur celui qui a fait ça je le saigne !*

Le Messager n’eut pas le temps de s’attarder sur l’ampleur des dégâts que Cassius lui fit signe. Abou était mort, raide comme une planche, les yeux ouverts.

* Ah ah ah ! Que le destin fait bien les choses, ce petit prétentieux, et bien il sera à 4000 pieds sous terre bien avant moi ah ah ah, bon je suppose qu’en plus je dois m’occuper des préparations de la cérémonie !!!!*

[…]

Le Messager avait aidé Cassius, il finissait les préparatifs quand il sentit quelqu’un lui tapoter l’épaule, cette fois-ci, il ne sortit pas sa dague et se tourna. Quand il vit que c’était l’Œil Noir en personne il sursauta.

* Non non non, ce n’est pas possible, elle n’a pas pu voir ma supercherie. C’est moi et moi seul qui est préparé le bûcher, elle n’a pas pu voir que j’y avais mis un autre cadavre en dessous. Et si elle était rentrée dans le pigeonnier, et si elle avait vu le sang ? Oh qu’est ce que je vais pas prendre enfin si elle ne me tue pas.*

C’est alors qu’il comprit qu’elle ne parlait pas de ça, il se retint de pousser un soupir et montra du doigt le seau contenant les asphodèles.

[…]

* Y’a pas plus barbant que ces cérémonies, non mais je vous jure, tout ce tralala pour un bout de chair*.

Lorsque l’Œil Noir lui tendit le poignard, il avait qu’une idée, le repasser à quelqu’un sans abandonner une partie de son précieux couvre chef. Mais voilà, les traditions en avaient voulu autrement. Il prit le poignard et coupa un unique cheveu qu’il déposa sur le cadavre d’Abou. Il évita de croiser le regard désapprobateur de l’Œil Noir et s’en alla à l’abri des regards. Il attendrait la fin du bûcher funéraire et récolterai les cendres pour les mettre dans une urne et les déposer ensuite dans la salle des disparus.

[…]

Le feu brûla longtemps, le jour se levait quand les dernières flammes se mourraient au milieu des cendres. Le Messager devait encore attendre, tout ceci était encore trop chaud. Et dire qu’il allait aussi devoir nettoyer le Mausolée. Alors qu’il allait chercher son balai, il aperçut un mouvement, l’Œil noir quittait le domaine où pouvait-elle donc bien partir de si bon matin ? Après tout, qu’elle aille au diable, il s’en fichait complètement !