Fréquemment il lui arrivait de fuguer, reprenant pour quelques lunes sa liberté, jadis tant chérie. Mais la fatigue et la faim la reconduisaient inlassablement au manoir. Jamais la jeune humaine ne l’avait questionnait sur ses sorties quelques peu atypiques. La démone mettait à contribution ses talents, et l’humaine ne la tenait pas en laisse. L’équilibre c’était ainsi imposé. Ses fugues sanglantes étaient salvatrices, faisant ressurgir son instinct animal… Tous ses sens s’éveillaient alors, élevant ainsi la tiffeline au rang de prédateur.

Les portes du manoir à peine franchies, l’éclaireuse s’élança tête baissée dans la foret. La belle avait laissé place à la bête. A l’abri des regards humains, elle pouvait avancer sous son vrai visage. Le quadrupède n’avait aucun mal à se frayer un chemin dans les ténèbres de la jungle, bien au contraire. Elle s’y sentait à l’aise, son corps fin et puissant entrait totalement en phase avec l’environnement. Chïra cheminait à vive allure, le nez en l’air à l’affut d’un quelconque gibier. La sauvageonne avait les crocs et le fait de côtoyer quotidiennement une humaine n’arrangeait en rien les choses. Jour après jour elle contenait sa haine envers cette race, attendant avec impatience ces soirs de liberté. Le chien de l’arcane venait de prendre la fuite..

Ses narines en alertes, elle détecta ce qui semblait être un humain égaré, le dîner allait être servi plus tôt que prévu. La tieffeline se laissa tout naturellement guider par les effluves que dégageait son repas. La simple pensée de sentir la vie quitter le corps de cet humain suffisait à lui faire oublier les frustrations du manoir.. Elle se sentait bien ici.. Elle n’était plus qu’a une centaine de pas de lui quand brusquement, elle perdit sa trace.

*Encore cette odeur ..?*

Un parfum pestilentiel, dont les flagrances lui retournaient l’estomac, venait de lui barrer la route. Il lui était impossible en présence d’une telle émanation de se concentrer sur une autre trace. Ainsi un séraphin était venu se perdre sur Feleth ? Cette idée lui hérissa les poils.. L’œil noir l’avait mise en garde sur cette race aux antipodes de la sienne. La main devant le nez, elle alla voir ce qui se tramait. Pas de doute, elle était bien sur la bonne voie, les hauts le cœur se faisaient de moins en moins espacés. Comment un être pouvait il dégager une telle odeur ? Prudemment elle chemina dans sa direction, en quelques minutes elle trouva l’individu qui était la cause de tout ceci. Elle hésita un moment, mais le séraphin semblait s’être endormi ce qui la poussa à aller de l’avant. Les seuls être de son espèce qu’elle avait croisé avait fini déchiqueté par Uridan, c’était là une occasion en or que d’en voir un en vie. A pas feutrés elle s’approcha autant que ses narines le lui permettaient. Rien ne le distinguait d’un humain, ni même d’un démon sous forme humanoïde. La jeune humaine lui avait enseigné l’histoire des trois mondes et de leur lutte. Sa conscience, si tant est qu’elle en ait une, lui soufflait de mettre un terme à cette rencontre. Relativement bien cachée derrière son buisson, elle se mit en tête de prendre la voie des airs.

CRAC

Les sens brouillés par la puanteur ambiante, elle venait de louper sa prise. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Plaquée contre le buisson, elle ne respirait même plus afin de ne pas attirer l’attention. La jeune démon craignait que cette erreur ait pu réveiller le séraphin. Elle n’osait même plus sourciller. La tieffeline venait de laisser passer bêtement sa chance.

- Fausse alerte.

Ce fut un soupir de soulagement que la jeune femme poussa. Elle se pensait déjà tiré de ce merdier, mais c’était sans compter sur l’acharnement de l’individu. Chïra eu à peine le temps de dire « ouf » qu’elle se prit un coup dans la mâchoire. La situation venait de dégénérer en quelques secondes. Dans l’incompréhension la plus totale, elle se retrouva à terre fermement maintenue par les cornes. Il n’aurait même pas eu besoin d’user de la force pour la terrasser, l’odeur venait d’atteindre son paroxysme.

- Mais c'est quoi ce truc ? T'es qui et tu sors d'où ? Et qu'est-ce que tu fiches ici ?

Voilà une façon peu commune que d’apostropher quelqu’un. Elle ne pouvait décrocher aucun mot ainsi plaquée au sol. L’animal peu enclin à se faire attraper de la sorte se débattait tant qu’il pouvait. Tel un serpent sa queue s’enroula autour du poignet qui la maintenait au sol, le forçant à lâcher du lest.

-Mais ça ne va pas ?! LACHE MOIIIII !!! Dégage de là le séraphin !

Elle se tortillait comme une anguille afin d’échapper à son emprise. Toutes griffes sorties elle essayait de lui labourer l’avant bras. Il lui donnait la nausée, une main devant sa bouche elle pu se retenir de justesse de ne pas lui vomir dessus. Un dialogue de sourd s’engageait alors, les questions s’enchainaient de chaque côtés sans trouver la moindre réponse.

-Mais putainnnnnn on vous a jamais appris l’hygiène la haut ?

Il osait remettre en cause les capacités de son nez ? Jamais son odorat ne défaillait, c'est donc qu'il lui mentait. Il n'était peut être pas un des leurs mais il était issu de leur espèce, il n'y avait aucun doute la dessus. Néanmoins l’amalgame ne semblait vraiment pas lui plaire. Avait elle touché une corde sensible ? Une corde qu'elle ne manquerait pas de pincer alors...

-Vous sentez le séraphin, vous agissez comme eux....je ne vois pas bien ce qui vous différencie de ses dindes volantes ! AH siiii peut être la beauté...
tu sais tu sais....tu sais beaucoup de choses mais au final ce n'est que du vent ! Je suis bel et bien un être du Vein, mais ne dis pas que tu sais des choses sur nous autres, sinon tu ne serais pas là pour en témoigner !

Après tout il venait d'ouvrir les hostilités..Encore un être dénué de toute intelligence qui en voulait à sa race. Finalement elle ne mangerait peut être pas du gibier ce soir mais plutôt de la volaille. L'un dans l'autre c'était pas si mal. Il lui faudrait tout de même lui extorquer quelques informations avant qu'il ne lui serve de cure dent. L’œil noir n'avait pas su lui expliquer d’où venait cette haine entre les deux races, et ce manque cruel d'origine commençait à lui monter au cerveau.

-La femelle ?

Certes elle pouvait s'apparenter à un animal, mais tout de même, il y allait un peu fort ! Et puis qu'est ce qu'il lui prouvait qu'il était bien un mâle ? D'ailleurs les séraphins ne sont ils pas asexués ?! Voilà un mystère qu'elle ne manquerait pas d'éclaircir ! Mais avant de vérifier l'existence d'un appareil génital, il fallait qu'elle le fasse taire. Oui. Il parlait vraiment trop et son haleine rivalisait avec son odeur corporelle. La jeune femme atterrit lourdement contre un arbre après avoir encaissé le coup du séraphin.

-Humphhh

Sans tarder elle s'empara de la lame qui était venue se planter prés de sa tête. A armes égales elle pu parer le coup suivant. Sa langue lécha lentement sa lèvre inférieure. Il ne fallait pas jouer avec la nourriture...mais la tentation était trop grande, qu'importe ce soir serait une exception ! La tieffeline claquait des crocs dans sa direction afin d'attiser sa rage. L'escrime n'était pas son fort, mais elle ne pouvait pas se rapprocher de sa proie sans cet engin.

-Tu es tombé de ton perchoir ?

La proximité de l'homme avec les terres de l'arcane l'inquiétait... était il au courant ? Cela n'avait pas d'importance, il n'aurait pas le temps de divulguer quoique ce soit. Les pieds bien ancrés au sol, elle préféra ne pas porter le coup suivant...non elle avait une autre idée en tête et comptait que le dindon vienne à elle. S'il venait à s'approcher un peu trop près elle n'en ferait qu'une bouchée. Cette simple idée la faisait saliver..

Voilà un séraphin sans grande maîtrise de soi, s'acharnant tant bien que mal à donner la réplique à chacune de ses piques. Un sourire fiché sur ses lèvres charnues elle écoutait ses sornettes. Ce n'était même plus un combat tant il bavassait. Avec nonchalance elle commença à se curer les doigts à l'aide de l'épée du séraphin. Sûr de son coup le ptit bonhomme lui lança une seconde lame. Voulait il armer des pieds à la tête la tieffeline ? Ne pouvant refuser un tel présent, elle s'en empara à une vitesse fulgurante. Sournoisement sa queue avait réussi à se frayer un chemin à travers les tissus, avançant tel un reptile, elle fendit sur sa proie. A la vue de ce nouveau membre surgit de nulle part, le séraphin parut un instant décontenancé.
Néanmoins, ce petit tour de passe passe ne lui permis pas de parer le coup comme elle le souhaitait. La lame lui mordit le flanc droit comme elle s'y attendait.

-Des supplices ? De là d'où je viens c'est monnaie
courante, ne parlez pas de chose que vous ne connaissez pas....

Cote à Cote, elle pouvait lui murmurer ses quelques mots sur le ton de la confidence. Son souffle chaud venait lécher la peau du séraphin. Ce n'est pas quelques égratignures qui allaient lui faire peur, elle était prête à tout pour atteindre son but, même à souffrir. Tout était pleinement reflechit, ce coup, cette souffrance afin de mieux l'approcher. Maintenant qu'elle était parvenue à son but, il lui serait plus facile de prendre le dessus. La tieffeline claquait des dents dans le vide, ses crocs cherchant à mordre dans la viande fraîche.


-Vous me devez un repas ! Je ne repartirai pas le ventre vide !

Un bras de fer s'interposait entre eux, sa plaie n'était que superficielle bien qu'impressionnante. Jour après jour elle prenait de plus en plus de risque. Non pas qu'elle veuille en finir aussi vite, mais la vie avec l'humaine était si monotone qu'il lui fallait provoquer les événements pour se sentir en vie.
Comme un fouet sa queue s'enroulait autour du poignet de l'homme le forçant à lâcher prise, son épée lui mordant encore la chaire. Aucune souffrance, aucune peur, juste de l’adrénaline. Après tant de mauvais traitements, de torture, elle en redemandait presque...c'était là tout ce qu'elle avait jamais connu, et l'inconnu lui faisait peur.

Il lui martelait le visage sans retenue ni règle, comme aurait pu le faire un pitoyable brigand de bas étage. Même un chien aurait été moins condescendant avec elle. Il voulait jouer comme cela ? Soit ! Les crocs en avant, elle mordait tout ce qui tombait devant son museau. Les babines recouvertes de sang, son œil droit arborait une jolie couleur violette soulignant le bleu azure de ses yeux, elle avait tout d'une folle. Finalement il arrive à prendre le dessus, sa blessure l’empêchant de se défendre plus sauvagement, elle s'avoue vaincue mais n'en reste pas moins digne, lui crachant au visage lorsqu'il se pencha vers elle.
Comprenant peu à peu ou il voulait en venir, elle pensa que finalement tout n'était pas encore finit. Le bout de chiffon flottant devant ses narines, elle leva les yeux au ciel.

-Si tu avais préservé mon visage ….peut être pourrais je t'aider...mais vois tu à part le sang ...je ne sens pas grand chose


Ce n'était pas entièrement vrai, mais son odorat venait de prendre une sacrée claque. Sa situation ne lui offrait pourtant pas trop d'autre choix.

-Ca va ca va....enlève ce truc je ne suis pas une chienne !

Encore à terre, elle le regarda passablement énervée.

-On ira pas bien loin si jreste à terre !

Ceinturée, blessée elle n'arrivait pas à se redresser et le lui fit savoir. Enfin sur ses deux jambes elle exigea une dernière condition avant de se mettre en route.

-A moins que tu veuilles faire seulement 10 mètres...il serait plus sage que tu me laisses me soigner...sinon je n'irai pas bien loin le ventre à l'air..

Allait il tomber dans le panneau ? Elle comptait bien retrouvait sa liberté et lui filer entre les pattes en un rien de temps. Il n'était pas question qu'elle l'aide, d'autant plus qu'il lui demande l'impossible. Livrer un démon était tout bonnement contraire à son idéologie. Elle luttait pour le retour de ses compagnons sur Feleth pas pour leur extermination. Sans se trahir elle arbora une mine soumise accentuant sa souffrance afin de mieux berner l'ennemi.

Tel un vulgaire sac de viande elle gisait sur l'épaule d'Aleksei, les jambes ballottant dans le vide, les traits crispés par la douleur. Chaque secousse lui était insupportable étirant toujours un peu plus sa plaie. Honteuse, elle ne décrocha pas un mot durant le trajet tout comme son geôlier. Les yeux clos afin ne pas endurer la vue direct du séraphin, elle se laissa aller à un sommeil comateux. C'est une gifle magistrale qui la tira de cet état léthargique. A présent son séant reposait sur une chaise en bois trônant au beau milieu d'une pièce semblable à un laboratoire. Des globes oculaires flottant dans du formole ne la lâchaient pas du regard, implorant la jeune femme de quitter les lieux au plus vite. Les étagères regorgeaient de bocaux similaires, où s'amoncelaient des restes organiques.

-Enfin parmi nous ?

La tieffeline devina un léger sourire sadique aux coins de ses lèvres, le bougre jubilait de lui dévoiler sa collection. Elle pouvait se passer d'explication...elle venait de tomber avec un maniaque de la découpe. Chaque bocal était méticuleusement étiqueté ainsi elle pu lire qu'il ne s'agissait là que de ses semblables. Loin de se dégonfler, elle bomba sa poitrine prête à lui faire front. Il se déplaçait avec aisance dans ce terrain familier allant d'un bout à l’autre de la pièce, il revint vers elle avec un sourire on ne peut plus grand. Nez à nez, il la scruta avec attention, puis ses doigts attrapèrent le recoin de sa tunique, il voulait épier la moindre de ses réactions. Le visage clos elle ne lui donnerait pas ce plaisir. Lentement et dans un silence de marbre il remonta sa tunique dévoilant sa blessure, mais quelque chose sembla l'intriguer. Les yeux du séraphin pénètrent son regard, la jaugeant au plus profond d'elle même.

-Que caches tu là ? Une abomination ?

Sans la ménager il lui ôta entièrement sa tunique, les lèvres scellées la tieffeline du se retenir de crier. Des bandages parcouraient tout le haut de son corps cachant par la même occasion ses formes féminines.

-Tu as perdu la parole... ? Ou alors tu as perdu quelque chose de plus....précieux ?

C'est à peine s'il n’avait pas de la bave à la commissure de ses lèvres tellement la folie le gagnait. Tout son corps convulsait sous cet élan sadique qui le parcourait. Précipitamment il se dirigea dans ses grimoires les feuilletant avec acharnement, quand il eu trouvé la réponse il se retourna face à elle.

-Des ailes ! ?

Il la secouait violemment par les épaules tentant de lui extirper plus d’information.

-ahhhh

A la vue du sang il sembla se radoucir et se rappela pourquoi ils étaient venus ici.

-Reste là


Alekseï revint avec des soins plein les mains. Il comptait visiblement soigner la démone qu'il avait lui même abimé un peu plus tôt.. Ce poltergeist avait beau être fort, il n'en était pas moins stupide…Le centenaire s'assit sur un petit tabouret en prenant bien soin d'être à bonne portée des crocs de la sauvageonne. Il commença à la questionner sur son passé, comme si de rien n'était. Il baissa les yeux une fraction de seconde, sélectionnant un onguent qu'il venait d'apporter. Puis l’appliqua non sans force sur la blessure. D’un coup de dent sec il sectionna un tissu et s’en servit comme d’un bandage. Ainsi parée la démone semblait sortie d’un sarcophage. Ayant terminé il baissa les yeux pour con-templer son travail. C’est à ce moment qu’il leva son index preuve qu’il venait de rattraper un souvenir puis se leva.


-Hmmmm

Enfin rafistolée, la tieffeline profita de son absence pour tenter de se carapater. Les mains toujours fermement maintenues dans le dos, elle arriva du bout des doigts à se saisir de sa statuette qui aussi tôt se métamorphosa. L’aigle paru un instant interloqué de voir sa maitresse dans une telle situation, puis comprit quel était sa mission et s’y escrima. Il ne lui fallu que quelques secondes pour délier les poignets de la sauvageonne, son bec crochu venant à bout de la boucle de ceinture. Enfin libre elle en profita pour dénouer sa queue.

*PLONC*

Au bout du couloir l’homme la regardait avec des grands yeux ahuris, comprenant la situation il s’élança vers elle. Durant ce laps de temps la Tiffeline surgit sur l'homme avec une rapidité démen-tielle. Ses gants en métal qu'il avait pris le soin d'enfiler ne lui servirent a rien... les griffes acérées de la démone étaient déjà encrées dans son visage formant un sillon sanguinolant. Les rôles s'étaient inversés, la victime était maintenant bourreau. Chïra était possédé, l'humiliation que lui avait fait subir l'ancêtre venait de la faire passer dans un état second.. Ses yeux étaient maintenant semblables a de la braise.. Sa bouche autrefois si sensuelle laissait alors place a une rangée de dents, aussi tran-chantes et dangereuses que des lames de rasoir... A terre, Alekseï ne distinguait plus qu'une forme noire qui arborait deux gigantesques cornes a son sommet, et deux yeux rouges au centre.. C'était la vision même du diable auquel était confronté le poltergeist... A laquelle s’ajouta l’obscurité..
Avec rage une nuée d’explosions venaient de s’abattre sur le sol du repère.

-La dissection ne sera pas pour tout de suite !!!

Plongée dans la fumée prodiguait par les fumigènes, elle se dirigea vers la sortie – non sans dévaster tout ce qu’elle trouvait- en remerciant son don de nyctalope. Une fois dehors, elle en profita pour prendre une bonne bouffée d’air frais, mais ne s’attarda pas non plus sur le pallier. Elle réussit à parcourir un bon kilomètre évitant ça et là les pièges qui jonchaient le sol. Mais alors qu’elle prenait un peu trop d’assurance elle ne vit pas ce dernier…Rapidement la corde se referma sur sa cheville la soulevant d’un coup sec hors du sol. Pendant telle une saucisse la tête à l’envers, elle essaya de se rehausser afin de section les liens, mais sa blessure l’élançait tellement qu’il lui faudrait un certain temps…

Les coups pleuvaient, martelant tout son corps déjà endolori. D’abord vivace sous les chocs elle se laissa lentement tomber dans une douce léthargique. Plus aucune souffrance, plus aucune question, juste le baiser de la mort qui embrasait tout son corps. C’était calme, une bulle de confort dans un monde constamment cruel. Tout lui paressait si lointain, si futile, non elle ne voulait pas sortir de cet état, il faisait si bon ici. Un cocon protecteur, comme un ventre maternel, enfin un endroit ou elle se sentait en sécurité, rien ne pouvait l’atteindre ici, pas même cet Aleksei. Emmurée dans son coma, le scientifique attendit plusieurs heures qu’elle daigne reprendre conscience. Ouvrir les yeux était un supplice qu’elle n’était pas prête à affronter. Combien de temps s’écoula avant que le scientifique perde patience ? Certainement des heures, ou petit à petit elle plongeait toute entière dans la mort. Toute couleur avait quitté ses joues auparavant si rosées, son pouls n’était plus qu’un faible battement déréglé.

Boum…boum…………..boum……..boum…………………………………boum……..boum………………………..boum

Agacé, il tournait tout autour d’elle se demandant s’il ne venait pas de briser son jouet. Tel un enfant capricieux il attrapa le corps de la démone devenu froid avant de le balancer sans cérémonie dans une fausse à l’arrière de sa tanière. Comme un déchet, elle gisait parmi les corps putréfiés de ses compagnons démoniaques. Attirée par la chaire encore fraiche de la démone les charognards pointèrent le bout de leur nez à la tombée de la nuit. Leurs truffes chaudes parcouraient son corps, se demandant par ou commencer. Le plus téméraire de la meute plongea ses crocs dans les entrailles de la tieffeline. Revigoraient par cet élan de bravoure, le reste de la meute s’avança, chacun cherchant à avoir sa part du gâteau. Soudainement, les loups semblèrent apeurés, le désordre régnait dans leur rang. Bientôt même le mâle alpha fut obligé de battre en retraite.

L’animal qui se dressait devant le cadavre venait de mettre en déroute toute une meute de loups. Lentement il se pencha sur la tieffeline l’examinant sous toutes les coutures. Dans les buissons des yeux brillaient se demandant si le nouvel arrivant allait prendre part au diner ou bien délaisser le gibier. Les prédateurs étaient encore là prêts à revenir pour finir ce diner si bien commencé. A la lueur blafarde de la lune, le griffon attrapa la jeune femme avec délicatesse. Dans son bec se trouvait un bout de chaire sanguinolant..il était difficile de distinguer clairement ce que c’était…un attribut masculin ?
Ayant placé le corps sans vie de la tieffeline, le griffon pris son envol en direction du manoir dans le silence de la nuit. Le vent frais caressait le visage blanchâtre de la sauvageonne. Il faisait bon, très bon même, elle volait, c’était agréable cette sensation. Ses lèvres bleutées sourirent à la mort une dernière fois. Et puis ses paupières se rouvrirent…la lune était belle ce soir…